Stratégies vaccinales Anti-VIH-1/ SIDA : Implication de la sous unité gp41 de
la protéine d’enveloppe du virus
Amadou KONE
GIMAP : Groupe Immunité des Muqueuses et Agents Pathogènes
– Faculté de Médecine Jacques Lisfranc
15, rue Ambroise Paré
42023 Saint Etienne Cedex 02
Tel : (0033) 6 64 41 19 80
Fax : (0033) 4 77 42 14 86
Keywords : VIH-1/SIDA, Enveloppe, gp41, Immunogène, Vaccination
Introduction
Le virus d’immunodéficience humaine de type 1 (VIH-1) est l’agent responsable du syndrome
d’immunodéficience acquise (SIDA) qui est une maladie qui a fait des ravages à travers le monde
depuis son apparition. Les traitements utilisés pour le SIDA sont pour l’instant essentiellement les
antiprotéases (AP), les inhibiteurs de la transcriptase inverse (ITI) ou l’association de ces deux types
de traitement donnant naissance, depuis 1996, à la notion de trithérapie (avec généralement
l’association d’une AP et de deux ITI) ou de multithérapie (la combinaison de plusieurs médicaments
anti VIH). Ces approches tri ou multithérapeutiques sont coûteuses et ne s’appliquent pas à toutes les
souches virales qui développent constamment des résistances à ces médicaments ; en plus, ces
traitements ne permettent pas d’agir en amont, c'est-à-dire empêcher l’entrée du virus dans les cellules.
La nécessité de développer d’autres types d’antirétroviraux est cruciale, notamment des inhibiteurs de
fusion. Le VIH-1 est un virus enveloppé à ARN ayant une protéine d’enveloppe, la gp160, qui est
formée de 2 sous-unités, la gp120 (glycoprotéine 120) qui est responsable de l’attachement au
récepteur CD4 de la cellule cible, et la gp41 qui est responsable de la fusion entre les enveloppes virale
et cellulaire. La gp41 a également deux sous unités : HR1 (Hetad Repeat 1) de son côté N-Terminal
qui s’encre dans la membrane de la cellule cible après le premier contact du virus, et HR2 du côté C-
Terminal de la gp41 qui est proche de la région transmembranaire du virus. Lors de l’infection des
cellules cibles par le virus, ces deux régions interagissent pour constituer un intermédiaire de fusion en
formant un complexe HR1/HR2. La formation de ce complexe HR1/HR2 est une étape essentielle
pour rapprocher les membranes virale et cellulaire qui finissent par fusionner. Il a été démontré que
des peptides inhibant la formation de ce complexe sont de puissants antiviraux. Parmi ces peptides, un
de 36 acides aminés, appelé T20 ou Enfuvirtide ou Fuzéon, représentant une partie de la région HR2,
est utilisé comme antiviral chez les patients infectés par le VIH et a prouvé son efficacité. En effet, les
séropositifs sous traitement avec le T20 voient leur charge virale baisser considérablement. Une
nouvelle classe de médicaments appelée inhibiteurs de fusion est alors née, dont le T20 cité dessus est
le premier membre. D’autres molécules de même type que le T20 sont en cours de développement. Le
mécanisme d’action du T20 n’est pas encore totalement compris, mais est important à connaître car
ces régions sont une cible potentielle pour le développement d’un vaccin.
L’utilisation de tous ces traitements ci-dessus cités suppose que les sujets sont déjà infectés. Il a donc
été nécessaire de lutter contre le virus en amont, c'est-à-dire avant l’infection, en essayant de
développer des immunogènes (molécules vaccinales) capables d’engendrer des anticorps neutralisants
pour empêcher la primo-infection par le virus. L’enveloppe du virus s’impose comme cible naturelle
pour cette fin. La partie de l’enveloppe du virus qui varie peu est la sous-unité gp41 de la protéine
d’enveloppe. Elle devrait permettre la mise au point d’un vaccin anti-VIH. C’est le but de ces travaux
consistant à étudier la formation du complexe de fusion HR1/HR2 en utilisant des protéines
recombinantes exprimant les régions HR1 et HR2. Plusieurs souches virales ont été utilisées pour