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décembre 1520, à l'endroit où le réformateur venait tout juste de brûler la bulle papale
d'excommunication et des livres de ses opposants. Un étudiant de Wittenberg, fervent
partisan de Luther, aimait une fille dont la grand-mère refusait cependant de reconnaître
ce dernier. Lorsque les deux femmes se rendirent devant la Elstertor où un tas de
cendres fumait encore, elles rencontrèrent l'étudiant qui racontait avec enthousiasme
comment Luther avait brûlé ces documents. Pleine de rage, la grand-mère enfonça son
bâton de marche dans la terre et déclara que le jeune homme ne pourrait épouser sa
petite-fille que le jour où le bâton commencerait à verdoyer. L'étudiant planta alors un
chêne à cet endroit et, au printemps, alla raconter à la grand-mère le « miracle » du bâton
verdoyant. Les visiteurs actuels de Wittenberg ne peuvent cependant plus admirer le
chêne d'origine, mais un nouvel arbre planté en 1830.
Un autre arbre, authentique témoin de l'époque, est le hêtre Luther à Altenstein,
aujourd'hui Bad Liebenstein : après sa convocation devant la diète de Worms en 1521,
Martin Luther est censé y avoir été kidnappé et conduit, pour sa protection, au château de
la Wartbourg. Cet arbre devint un lieu d'hommage à Luther, particulièrement au XIXe
siècle. En 1841, il fut abattu au cours d'une tempête : son bois servit à fabriquer divers
objets dédiés à la mémoire de Luther qui furent disséminés comme des reliques.
De l'encre pour éloigner le diable
Martin Luther racontait souvent avoir été inquiété par le diable et des mauvais esprits. Au
château de la Wartbourg, où il se fit passer pour un certain Junker Jörg et traduisit la Bible
en allemand, il fut particulièrement en proie à des peurs et angoisses, dans la solitude de
ces sombres murailles. D'après la légende, le diable dérangea en effet Luther en plein
travail dans sa cellule, par des raclements et grattements. Le réformateur agrippa alors
courageusement son encrier et le lança en direction de la figure grimaçante du diable.
Une tache d'encre bleue, près du poêle, est censée en être témoin. À partir de 1650, des
écrits et illustrations évoquèrent la tache que les visiteurs du château avaient le loisir de
constater. Mais que la tache date réellement de l'époque de
Martin Luther
, cela reste peu
probable : cette dernière a été repeinte une demi-douzaine de fois ou a même changé de
place. De nos jours, les visiteurs du château de la Wartbourg ne voient plus, à cet endroit,