autre face, et ainsi réfléchir sur la guerre de
façon moins factuelle, moins abstraite.
Ce qui nous touche dans ces récits est le fait
que malgré le désespoir, l’incompréhension,
la révolte et le sentiment d’avoir quitté
l’enfance trop brusquement, apparaissent
comme des éclats lumineux des petits détails
de la vie quotidienne, des projets d’avenir,
des aspirations, l’espoir, l’humour et même
le jeu. Notre enjeu sera celui de transposer
ces journaux dans une narrative scénique
propre au théâtre. Nous voulons donner corps
et voix aux mémoires des ces jeunes qui
ont trouvé dans l’exercice de l’écriture une
échappatoire aux horreurs de la guerre, dans
un désir violent de communiquer, de penser
que quelqu’un écoute, entend,
comprend. Notre tâche est celle de
s’approprier d’un matériel non-théâtral et
le transformer en objet scénique; raconter
l’Histoire par le biais de récits intimes qui n’ont
pas été écrits dans le but d’être un compte
rendu historique et qui suivent leur
propre voie, humaine et personnelle.
Le travail d’adaptation doit se faire avec
beaucoup de liberté afin de créer une
dramaturgie originale et poétique, organisée
dans des tableaux qui se croisent et
dialoguent. Ce sera également l’occasion
d’approfondir notre recherche esthétique,
abordant toujours le plateau sous le signe
de la choralité et de la multiplicité de voix,
en quête d’un théâtre chorégraphique,
à la lisière de la fiction et de la réalité. Nous
mettrons en place un processus créatif où
la dramaturgie émergera des séances de
répétitions et de moments d’adaptation ou
même de réécriture. Ce projet nous donne
la possibilité de développer davantage
l’acte du témoignage autour de mémoires
politiques/historiques et personnelles, que
nous appuierons cette fois-ci par une place
importante donnée à la création vidéo,
utilisant notamment des images d’archives,
et faisant partie intégrante de la
scénographie.