Analyse Histoire des arts : Médiathèque Cimendef
Professeurs : Eve Bernard/ Jean-luc Marmoëx.
1/ Présentation :
Médiathèque Cimendef (2015): architecture patrimoniale de la ville de Saint-Paul à La Réunion, France.
Architectes : Emmanuelle MARIN + David TROTTIN + Anne-Françoise JUMEAU du cabinet « Périphériques »
Adresse : Rue Chaussée Royale
Dimensions : Hauteur : 32m, largeurs du cube : 34 mètres de côté sur 3500m2 de surface utile.
Durée des travaux : 29 mai 2013 à juin 2015
Coût des travaux : 13,4 M€ pour la ville + 4,8 M€ de subventions = 18,2 M€
La médiathèque Cimendef se situe à l'entrée de ville de la commune de Saint-Paul, proche de la gare routière et sur
la Chaussée Royale, artère principale, parallèle à la route des Tamarins, à côté de parkings pour que tout le monde
puisse y venir avec facilité. Elle se veut comme un signal fort à la sortie de la route des Tamarins, par sa hauteur
importante comparée aux bâtiments alentours et ses façades contemporaines. Son implantation a été choisie pour le
besoin d’image et d’identi de cet équipement à l’échelle du paysage. Cette médiathèque constitue un repère aussi
bien culturel, par l’information et la formation, que visuel, par son architecture, phare qui éclaire l'esprit des
citoyens. Ce bâtiment contemporain côtoie les bâtiments du 18ème siècle de la compagnie des Indes de la ville de
St-Paul, 1ère capitale de l'île, berceau du peuplement réunionnais. Et c'est grâce à cette cohabitation entre
modernité et passé que la ville de St-Paul a obtenu le label de « ville d'art et d'histoire » en novembre 2011. Un label
prisé qui valorise le tourisme, l'Histoire et la culture de la ville.
Elle porte le nom de Cimendef, un esclave marron légendaire de la Réunion.
Commandée par la Maire Mme Bello, la première pierre a été posée le 29 mai 2013. L'ouverture de la médiathèque
aurait dû se dérouler en avril 2015 si le nouveau maire, Mr Sinimalé, ne s'était pas opposé au projet.
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2/ Analyse descriptive :
Situé entre mer et montagne, le bâtiment prend la forme d’un cube orienté de sorte de contribuer au
développement durable. L’idée de repère urbain est renforcée par une écriture esthétique forte du volume en
relation avec le média « livre » : les façades sont constites d’un empilement de lignes ondulantes en référence à la
structure des pages d’un livre. Ces « pages » sont en réalité des brise-soleil qui permettent de ltrer une lumière
chaleureuse en conservant un confort thermique optimal. Cette architecture est conforme aux exigences PERENE
(Performances Energétiques des bâtiments de la Réunion) : une démarche environnementale, bioclimatique, incluse
dès sa conception pour son économie d'énergie grâce à sa ventilation naturelle par des ombrières an d'avoir
recours le moins possible à la climatisation. Les brise-soleil protègent le timent des rayons solaires et facilitent la
ventilation naturelle traversante. Ses ombrières sont inspirées de la tranche d'un livre, des pages cornées que l'on
feuillète.
Trois façades sur quatre ont des ouvertures en forme d'oeil. La quatrième façade, qui donne côté montagne, montre
deux prols qui ne sont visibles que grâce au décalage des ombrières et, seulement quand la lumière les révèle sur le
côté du bâtiment.
Dans ce « livre », certaines pages souvrent en formant des « yeux » pour marquer des chapitres structurant le
timent : l’entrée de la médiathèque, le jardin, les diérentes terrasses réparties dans les niveaux du haut, forment
de vrais belvédères sur les paysages de lOcéan Indien.
Sur l'esplanade, les îlots plans aux formes organiques délimitent des bancs, incitent à la pause et inscrivent la
médiathèque dans un parcours agréable du quartier. Il était prévu que ces bancs soient recouverts de mosaïque à la
manière de Gaudi.
Composition du bâtiment: 7 étages dont 5 étages d'utilisation fonctionnelle, des mezzanines à chaque étage sont
des niveaux intermédiaires. Tous les niveaux sont desservis par 4 ascenseurs et 2 escaliers et équipés de sanitaires et
locaux de rangement.
Rez-de-chaussée : café-actualités, lieu convivial ouvrant sur les jardins (dès l'arrivée des premiers bus) qui met à
disposition des périodiques et qui fait le lien entre extérieur et intérieur + hall d'accueil (inscriptions, banque de
prêt et de retour, consigne).
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Mezzanine 1 : Section auto-formation, auditorium -un lieu vivant- de 120 places an de velopper l'animation
(rencontre avec un auteur, cours de l'art et du créole, concerts, débats, conférences retransmises via le web), espace
information-citoyenneté, salle d'information, salle de traitement du fond documentaire.
1er étage : Archives, salles de travail.
2ème étage: Section jeunesse (atelier d'expression, salle de travail, espace conte, jeux, marmothèque, terrasse,
nursery).
3ème étage : Section adultes (3 salles de travail, terrasse).
4ème étage : Section adolescents (espace dédié aux mangas, espace musique et animation, coins jeux, cinéma...).
5ème étage : Section Océan Indien (valorisation du patrimoine documentaire) + espace image et son (studio
d'apprentissage et de mixage, atelier communication).
A l'intérieur : Comme des illustrations dun livre, les plafonds des plateaux donnent à lire des images réalisées par
Michel Batory autour du thème des médias et de la Réunion. Le mobilier et les lampadaires design sont déjà
installés ; les livres, les DVD, les CD sont déjà étiquetés : cette médiathèque est prête à l'emploi !
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Les salles de travail auraient comporté des ordinateurs portables. La convivialité aurait été accentuée par le mobilier
composé de places assises en table et sur poufs, de postes de consultation pour la recherche internet, d'une borne
d'écoute musique, d'une zone photocopieurs/imprimantes, d'un espace salon.
« Le mobilier pourrait tout aussi bien être choisi avec la même volon narrative de créer des ambiances entre le
végétal et le minéral prolongeant ainsi la perception des paysages riches de Saint Paul ».
3/ Analyse sémantique :
Nom : La médiathèque CIMENDEF porte le nom d'un esclave marron d'origine malgache qui signie « tsi »
« non » et « mandevi » « esclave » c'est à dire « Non-esclave ». « Selon la moire orale réunionnaise, ce nom
signie aussi “Qui ne courbe pas la tête . Quoi qu’il en soit, le nom que se donne cet homme indique sa volonté de
sister et de vivre libre». Ce nom hautement symbolique a été choisi pour réhabiliter l'identité, la reconnaissance
de cette résistance à l'oppression et l'accès à la liberté. L'accès à la lecture, c'est la prise de liberté de son destin.
Liberté de penser, liberté de choisir et donc de critiquer..
La légende de cet esclave dit qu' il se serait installé dans le Cirque de Mafate avec sa femme Marianne il aurait
fondé une communaude marrons, créant ainsi sur l'île un territoire libre. Ten 1752 par le célèbre chasseur de
noirs marrons François Mussard, Cimendef, par son action courageuse déant les autorités de l'époque pour
retrouver sa liberté, marque l'île de son empreinte.
Ce nom a déjà été donné à un piton à Salazie.
Symbolique de la forme : On entre par le parvis comme dans un livre entrouvert , comme si on mettait la main
dans un livre qu'on feuillette, on ouvre le livre, on entre dedans. Les balcons ou belvédères en forme d'oeil sont
autant de vues sur l'étang, la mer et la montagne. Les yeux dégagés des ombrières sont eux-mêmes une ouverture
vers l'extérieur et aussi, pour l'extérieur une invitation à entrer tissant un lien entre le dedans et le dehors. L'oeil ou
le regard sur la vue, sur la vie du passé, du présent et du futur par le biais de la culture, du patrimoine matériel et
immatériel qui transmet un savoir , d'une ouverture vers le monde, d'une invitation à voyager et à rêver. Les ombres
des lamelles métalliques que produisent le soleil sur le bâtiment en béton transgurent la construction au gré d'une
balade poétique qui dépend de l'intensité lumineuse propice à la rêverie.
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4 / Ses fonctions à visées culturelles et sociales :
Tête de réseau de lecture publique pour alimenter les autres médiathèques de la commune qui devaient être
réhabilitées, la médiathèque Cimendef a pour vocation régionale le lieu culturel le plus grand de l'océan indien,
pour le développement de la culture pour tous : auto-formation, antenne de pôle emploi, pour l'enfant avec lieu
ludique, espace de sociabili (salle de travail, formation des adultes, cours d’alphabétisation pour apprendre aux
adultes illettrés, salle de spectacle). Ces objectifs favorisent la démocratisation de l'accès à la culture, la connaissance
et l'appropriation du patrimoine avec notamment l'usage des nouvelles technologies au service de l'emploi et de la
lutte contre illettrisme. Ce n'est pas qu'un lieu de culture mais aussi un lieu polyvalent qui propose des nouveaux
services, une assistance aux plus démunis : écrivains publics, services sociaux, soutien scolaire, aide aux démarches
administratives, présentation des métiers, atelier de rédaction de C.V.... La culture créole empreinte d'oralité a
besoin de valoriser la culture de l'écrit comme elle a besoin de mettre en lumière sa musique, ses chants et sa
poésie.
Ainsi, cette médiathèque est destinée à tout public avec son fond multi-supports, savant et populaire, riche et varié
et ouverte aux partenariats avec les établissements scolaires. Ouverte 7 jours / 7, ce lieu est propice aux âneries
autant qu'à la transmission du savoir et de la culture. La médiathèque du XXIème siècle a l'ambition de s'inscrire
davantage dans la cité et être proche du citoyen quel qu’il soit.
5/ Projet et nances :
Si la médiathèque change de fonction, les Saint-Paulois devront rembourser l'Etat qui avait alloué une subvention
spécique de 4,4 M€, déjà donnée à cette construction car cette subvention ciblée n'est pas ré-utilisable pour un
autre projet. Il faut savoir que c'est l'Etat qui acquiesce pour un projet d'envergure selon ces critères: rapport de
supercie et de population, besoins culturels de la population, accessibilité géographique (transports) aussi pour les
handicapés, si le projet est socio-culturel et accessible à tous gratuitement. Le ct total est de 18,2 millions d'Euros
dont une subvention de l'Etat prévue de 4,8 M€ , une subvention de la DAC-OI et l'achat pour 896 000€ de livres,
DVD, CD déjà étiquetés, prêts à l'emploi qui dorment dans un local de la municipalité . Cette construction revient
à 25€/ an/ habitant, en dessous de la moyenne nationale en comptant les 45 emplois supplémentaires qu'elle
génèrerait.
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