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Introduction
«Il y a deux histoires: lhistoire ocielle, menteuse, puis
lhistoire secrète, où sont les véritables causes des événements.»
Honoré de Balzac
Il y a les choses que lon voit et celles que lon ne perçoit
jamais. Dissimulées ou tout simplement invisibles,
elles existent pourtant et inuencent le cours de lhistoire
du monde. Depuis des millénaires, cette histoire secrète joue
un le fondamental dans lévolution des énements. Bien
souvent, la face cachée de lhistoire na pas inuendirecte-
ment son cours, mais elle est intervenue via des sociétés secrè-
tes, des amitiés, des anités religieuses ou des coups tordus
pour orienter quelque peu lhistoire qui s’écrit dans nos livres
et lamener sur une route quelle naurait jamais empruntée
sans ce petit «coup de main» du destin.
Des tyrans sans armée se sont imposés en détournant
secrètement lhistoire. Des empires se sont eondrés non pas
devant la force dun conqrant invincible, mais plus sous la
poussée de puissances souterraines agissant en amont et qui
amena ces empires vers leur décadence, leur ruine. Des phéno-
nes demeurés obscurs, qu’il fallait taire pour en préserver la
force, se mettent en marche depuis des siècles telles des vagues
lancinantes, implacables et que rien narrête, ni les hommes, ni
les rois, ni même les religions. Car, bien souvent, les hommes,
les rois et les religions sont les principaux commanditaires de
ces manipulations, orchestrations et autres complots.
Élaborée au sein de confréries, de sociétés secrètes, de
unions occultes ou même dans les centres du pouvoir bien
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Secrets
identiés de la curie romaine aux palais des rois et autres
assemblées du peuple –, lhistoire secrète demeure oue, car
elle nest jamais totalement identiée. Il ne s’agit que très rare-
ment dune liste, dun plan ou dun texte unique; ce sera plutôt
un conseil, une recommandation non écrite, une attitude ou
un mouvement social non quantiable.
Cette absence de preuves, de traces formelles a nourri tous
les fantasmes, toutes les spéculations, toutes les rumeurs. Mais
lexistence de la rumeur ne prouve-t-elle pas qu’il demeure une
part de véri dans ce qui se trame?
Le problème qui se pose avec lhistoire secrète est vérita-
blement sa part de vérité. Trop souvent exagérés et fantasmés,
ces inuences et événements souterrains sont pour certains un
dogme. Ils examinent lévolution de lhumanité au seul prisme
de ces secrets devenus une véritable histoire permanente du
complot. Pour dautres, trop rationalistes, lhistoire ne sexpli-
que qu’à travers des faits implacables, chirés et datés.
La vérité est bien souvent entre les deux.
Aux grandes évolutions historiques avec ses paramètres
politiques, économiques, sociaux et culturels se sont greés
des mouvements, des comportements liés à des communions
de pensée, des ambitions mesurées ou des passions sexuelles.
Car lhistoire nest pas uniquement constituée de données et
du nombre de boulets de canon, mais surtout de femmes et
dhommes prêts à tout.
Ce sont les hommes qui font lhistoire et non linverse. Et
pour arriver à leurs buts, ils ont souvent emprun un chemin
détourné qui, avant datteindre la gloire, doit passer par l’enfer
et ses vices.
Ce livre est là pour le rappeler.
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La construction
des pyramides d’Égypte
(2670-2450 av. J.-C.)
Les trois grandes pyramides de Gizeh en Égypte, édiées
par les pharaons de la IVe dynastie et que lon consire
comme lune des sept merveilles du monde, ne cessent depuis
leur construction de fasciner archéologues, scientiques, mais
également aventuriers, chercheurs de trésors et passionnés de
sciences occultes.
Car de nombreux secrets restent toujours prisonniers des
murs des pyramides de Khéops, Khephren et Mykérinos.
Personne ne peut dire qu’il na jamais entendu parler des
pyramides d’Égypte, en particulier celles de Gizeh. Devenus
des chefs-dœuvre intemporels célébrés durant l’Antiquité, ces
édices nont cessé dinterpeller, de fasciner. Elles naissent
autour de 2670 av. J.-C. lorsque les pharaons de lépoque, en
particulier Khéops, décident den faire leurs tombeaux pour
rejoindre les dieux de l’Égypte ancienne tels quOsiris ou Râ.
Dès les premières dynasties, les pharaons s’étaient fait édier
des tombeaux, mais ces monuments, appelés « mastabas »,
étaient rectangulaires et plats.
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Secrets
La forme de la pyramide apparaît à partir de la IIIe dynas-
tie (2700-2600 av. J.-C.), mais elle nest encore qu’à degrés, un
peu à la manière de ce que rent plus tard les Mayas. Lidée
vient de larchitecte Imhotep, qui construit la pyramide à
degrés du pharaon Djoser à Saqqarah. Il est le premier à géné-
raliser lusage de la pierre dans la construction des temples et
monuments, et conçoit la pyramide comme un immense esca-
lier menant à Râ, le disque solaire dont la barque conduit le
pharaon au royaume des morts. Également médecin et philo-
sophe, Imhotep a très vite fasciné ses contemporains, si bien
quil est associé à ot, le dieu du savoir, et est même divinisé.
Les égyptologues et autres amoureux de l’Égypte ancienne en
ont également fait un personnage possédant des connaissan-
ces qui allaient bien au-delà du simple savoir.
À partir de 2570 av. J.-C. naissent les pyramides à faces
lisses et à pentes droites telles quon les trouve aujourdhui
sur le plateau de Gizeh, près du Caire. Les pharaons de la
IVe dynastie, Khéops (2551-2528 av. J.-C.), Khephren (2520-
2494 av. J.-C.) et Mykérinos (2490-2473 av. J.-C.), se font
édier ces fameuses pyramides qui atteignent 146 mètres
pour Khéops, 143,5 mètres pour Khephren et 66 mètres
pour Mykérinos. Leur construction dirigée par les princes
Hemiunu et Wepemnofret révèle, dès leur exploration par les
grands savants de l’Antiquité (Hérodote, Pline lAncien) et les
Arabes, puis lors de la découverte de leurs trésors intérieurs au
XIXe siècle, une rare perfection qui cache des secrets mathé-
matiques et astronomiques.
Tout dabord, les techniques de la construction des pyra-
mides de Gizeh nont jamais été montrées avec certitude.
Car comment arriver à un tel degré de perfection avec des
matériaux si imposants, des contraintes physiques consira-
bles et une technologie assez rudimentaire? Depuis Hérodote
au Ve siècle av. J.-C., de nombreuses théories ont vu le jour, des
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La construction des pyramides d’Égypte
machines en bois du savant grec hissant les pierres qui étaient
assemblées par paliers, jusquaux théories contemporaines des
rampes sur lesquelles étaient poussés les blocs, en passant par
les terrasses solubles dans le Nil de Diodore de Sicile.
Une fois construite, la pyramide répondait-elle à une symbo-
lique astronomique? Cest ce que pensent plusieurs égyptolo-
gues qui ont analysé les pyramides de Gizeh à la lumière des
étoiles et ont trouvé d’étranges liens entre le positionnement
de ces monuments extraordinaires et la constellation dOrion.
Les trois pyramides seraient disposées de manre identique
aux trois étoiles (Mintaka, Alnilam et Alnitak), qui forment
ce que lon appelle le Baudrier d’Orion. En outre, selon cette
me idée, le Nil tout proche représenterait la Voie lactée dans
une sorte de miroir du ciel. Les pyramides de Gizeh seraient
ainsi l’achèvement terrestre du royaume des dieux.
En plus de lastronomie, des mathématiciens tentèrent de
décrypter la construction des pyramides. Pour certains, les
dimensions de la Grande Pyramide évoquent le nombre pi,
mais également le nombre dor de Pythagore. La prouesse
des architectes consiste surtout daprès les observations de
l’égyptologue britannique William Flinders Petrie à avoir
ussi à orienter la Grande Pyramide selon les quatre points
cardinaux et à en avoir fait (à 20 centimètres près!) un carré
parfait. D’autres voient dans la pyramide de Khéops un véri-
table observatoire astronomique.
Ainsi, le conduit nord de la chambre furaire du roi partait
vers l’étoile Polaire, qui se trouvait alignée au moment de sa
construction sur laxe de rotation de la Terre; le conduit sud
de la chambre furaire de la reine était, quant à lui, tourné
vers Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel. Pour les mathéma-
ticiens et autres savants qui ont étudié ces corrélations, il ny a
là aucun hasard: le pharaon était le souverain le plus puissant
de la terre, et la reine, la plus belle. Mais cette volonté architec-
turale renvoie surtout à lutilisation par les anciens Égyptiens
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