La situation actuelle des classes sociales et le problème de la lutte

Chine
La
situation actuelle
des
classes
sociales
et le problème
de la
lutte
des
classes
L'ANALYSE
DU
P.C.C.
Vingt-trois ans se sont écoulés
depuis l'analyse des classes sociales
que fit Mao Zedong en 1957. Un
changement en profondeur s'est
produit dans la situation des classes
en Chine.
C'est
ce qu'annonçait le
plus explicitement possible Hua
Guofeng fin juin 1979 au nom du
comité central du parti (28) : les
propriétaires fonciers, les paysans
riches et les capitalistes n'existent
plus en tant que classes organi-
sées...
En effet, parmi eux, la ma-
jorité de ceux qui sont encore
vali-
des sont devenus des travailleurs vi-
vant de leur propre labeur (29).-
,
les décisions du comité central
du Parti communiste chinois, prises
au début de l'année 1979, se
fon-
daient, dans les faits, sur une telle
analyse : la première décision
exi-
geait de réappliquer la politique du
parti envers la bourgeoisie nationale
abandonnée au moment du déclen-
chement de la Révolution culturelle
(politique de rachat, adoption de
méthodes démocratiques à son
égard) ; la deuxième décision sup-
primait les étiquettes politiques at-
tribuées aux propriétaires fonciers,
aux paysans riches, aux contre-
révolutionnaires qui avaient été-
éduqués et leur accordait les droits
civiques. Ainsi ceux qui vivaient à la
campagne devaient être désormais
considérés comme des «membres
de
la commune populaire» et ceux
qui travaillaient en ville, comme des
ouvriers ou autres professionnels
(30).
Examinons de plus près l'argu-
mentation suivie par le Parti com-
muniste chinois pour justifier la thè-
se de la disparition des classes ex-
ploiteuses historiquement organi-
sées et de leurs alliés en Chine :
La
bourgeoisie nationale
Au début de l'année 1979, un dis-
cours de Ulanhu, responsable du
département du travail de front uni,
rappelait la politique du parti à
l'égard de la bourgeoisie nationale :
après la Libération, la bourgeoisie
se distinguait par deux caractères :
d'une part, un caractère d'exploita-
tion car elle continuait à tirer des
profits des travailleurs qu'elle em-
ployait dans les petites entreprises
des secteurs du commerce et de
l'industrie légère ; d'autre part, un
carctère pa*riotique qui l'intégrait au
peuple dans la mesure où elle avait
coopéré avec le parti communiste
pendant la période de démocra-
tie nouvelle.
C'est
en tenant
compte de ce double caractère que
le parti communiste avait, dans
les premières années de l'édification
socialiste, s'efforcer de régler les
contradictions entre la classe ou-
vrière et la bourgeoisie nationale
comme des contradictions au sein
du peuple. Cela se traduisit
de la part du parti par l'adoption
de méthodes démocratiques et par
une politique de rachat à l'égard de
la bourgeoisie nationale afin de l'ai-
der à accepter les transformations
socialistes de la propriété, le but vi-
sé par une telle politique étant l'éli-
mination de cette classe et la trans-
formation de ses membres en
«hommes nouveaux», en travailleurs
vivant de leur propre labeur. Dans
le même discours, il était rappelé
que «du point de vue stratégique de
la
lutte
des classes», si le prolétariat
décide de pa\er à la bourgeoisie na-
tionale le prix du rachat (dividendes,
intérêt fixe et haut salaire), c'est
précisément pour
l'aider
à accepter
graduellement cette transformation
socialiste de la propriété des moyens
24
de production et la rééducation
idéologico-politique (30).
Dans le commentaire récent du
Jiefang
Ribao de Shanghai, il est
même précisé que c'est là une
«for-
me spéciale» de la lutte de classe
que mène le prolétariat contre la
bourgeoisie après la prise du
pou-
voir d'Etat, c'est-à-dire la rééduca-
tion pacifique des capitalistes par la
classe ouvrière (31).
C'est
donc
pour renouer avec l'application
stricte de cette politique qu'au-
but de l'année 1979 le comité
cen-
tral du parti a décidé de rendre aux
anciens capitalistes leurs dépôts
bancaires confisqués depuis le-
but de la Révolution culturelle
pour la plupart des intérêts fi-
xes en stipulant que cette som-
me d'argent ne pouvait être utilisée
que pour leur vie quotidienne afin
de ne pas servir à exploiter les tra-
vailleurs (31).
Et c'est la victoire de cette politi-
que consistant à éliminer par voie
de transformation pacifique la clas-
se des capitalistes qui était annon-
e six mois plus tard par Hua
Guofeng : «Dans les
conditions
his-
toriques
de notre
pays,
les
anciens
capitalistes
font
partie
du peuple de
la République populaire ; notre
gou-
vernement
a adopté à leur égard
une
juste
politique de rachat et réa-
lisé
avec
succès la transformation
de
l'industrie et du
commerce
capi-
talistes
; ainsi, les capitalistes ont
aussi
cessé d'exister en
tant
que
classe.» (PI (1979) N°27-p.10 - 2e
session de l'ANP).
La
petite
bourgeoisie
artisanale
et agricole
Le comité central du Parti com-
muniste chinois, fin juin 1979,
esti-
mait que : «le système de la petite
production
a été transformé.» (Hua
Guofeng - idem)
C'était là mettre l'accent sur la
transformation socialiste des
moyens de production à la campa-
gne et à la ville grâce à la politique
de coopérativisation.
Ici,
une première question se po-
se : s'il est juste d'affirmer que le
système de la petite production est
transformé le parti l'avait,s
1956,
indiqué «transformé
pour
l'es-
sentiel»
,
peut-il être considéré
pour autant achevé définitivement ?
La transformation définitive du sys-
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