Lorraine 2020 FAISONS LORRAINE ENSEMBLE Cahier 2 : les propositions Restitution des travaux 21 Juin 2012 2 Respirations littéraires par Jean-Pierre Dodet. 3 Sommaire … 1. La base de notre projet : un diagnostic partagé ..................................... 5 1- Des évolutions nationales, européennes, mondiales qui forment le cadre de nos propositions ........................................................................................................................................ 7 2- Des atouts au service de Lorraine 2020 ...................................................................................... 8 3- Des faiblesses à atténuer ........................................................................................................... 12 4- Des menaces à écarter ............................................................................................................. 15 5- Des opportunités à saisir ............................................................................................................. 18 2. Les cinq enjeux de Lorraine 2020 ............................................................. 21 L’EFFICACITE ECONOMIQUE .................................................................................... 25 RAYONNER : Une région mobilisant tous les leviers de l’attractivité ......................................... 27 ECHANGER : Uné région tirant partie d’une situation géographique exceptionnelle ........... 39 ANTICIPER : Une région s’appuyant sur l’innovation pour créer les conditions du redéveloppement économique ................................................................................................... 47 ENTREPRENDRE : Une région bénéficiant du dynamisme des PME, PMI et ETI ......................... 63 INNOVER : Une économie différente rendant les territoires plus robustes ............................... 71 LE DEVELOPPEMENT SOCIAL .................................................................................... 77 S’ENRICHIR : Des hommes et des femmes solidaires, vers d’avantage d’égalité et de mixité ........................................................................................................................................................... 79 TRAVAILLER : Des hommes et des femmes accédant plus facilement à un emploi .............. 89 L’EXIGENCE ENVIRONNEMENTALE ........................................................................... 97 PERMETTRE : Un développement anticipant le changement climatique, préservant les ressources naturelles et les paysages ........................................................................................... 99 BOUGER : Une optimodalité exemplaire .................................................................................... 111 INVENTER : Un nouveau modèle d’urbanisation ....................................................................... 119 L’ENGAGEMENT CITOYEN ........................................................................................ 125 S’EPANOUIR : Des hommes et des femmes « forces » de développement ........................... 127 AGIR : Des hommes et des femmes engagées ........................................................................ 137 LA DYNAMIQUE TERRITORIALE ............................................................................ 143 VIVRE : Des territoires facteurs du développement social, culturel, sportif, humain ............ 145 MOBILISER : Des territoires creusets du développement économique .................................. 155 ATTIRER : Des territoires renforçant leurs fonctions internationales grâce à la constitution d’un « archipel métropolitain » .................................................................................................... 165 3. La clef de la réussite : l’engagement de tous ....................................... 171 1- Une conception différente du rôle de la Lorraine ................................................................ 173 2- Des citoyens acteurs de Lorraine 2020 ................................................................................... 174 3- Une inscription volontariste dans la Grande Région ............................................................ 175 4- Des modes d’intervention publique revisités ........................................................................ 177 5- Une conférence associant tous les acteurs ........................................................................... 178 4 5 La base de notre projet : un diagnostic partagé La Lorraine est forte de son histoire, de ses habitants, de ses territoires. Elle dispose d’atouts incontestables et de nombreuses opportunités devraient s’offrir à elle. Mais elle souffre aussi de faiblesses, et devra affronter des menaces bien réelles. Pour que la Lorraine que vous voulez devienne une réalité, notre premier devoir est de dresser un diagnostic sans pessimisme excessif comme sans complaisance. Forces, handicaps, opportunités et menaces guident les propositions que vous avez faites, tant en termes d’objectifs que d’actions. Ils traduisent une réalité : vous avez toujours su affronter l’adversité, et surmonter les difficultés pour mobiliser nos atouts. Crédit photo : CRT Lorraine 6 7 1- Des évolutions nationales, européennes, mondiales qui forment le cadre de nos propositions Avant d’aborder les caractéristiques propres à La Lorraine, il est nécessaire de la situer dans son environnement national, européen et mondial dont les évolutions ont et auront un impact sur les décisions qui pourront être prises. Raréfaction des ressources, réchauffement climatique et hausse durable des prix de l’énergie La période d’opulence où on croyait les ressources inépuisables, où tout le monde était persuadé que rien ne pouvait perturber l’équilibre global de la planète, cette période est à présent terminée. Les politiques énergétiques, d’aménagement comme de déplacement doivent prendre en compte deux faits majeurs : D’abord l’augmentation durable des prix de l’énergie, quelles que soient les nouvelles découvertes d’énergie fossile qui pourraient être faites. Ensuite, la réalité du réchauffement climatique, au-delà des polémiques sur la part des causes relevant des activités humaines. Ces évolutions constituent autant des opportunités que des contraintes. Conjuguées avec les contraintes du juste à temps, elles peuvent amener à la relocalisation de la production de tout ou partie de la chaîne de valeur des produitsservices (production, assemblage, distribution, service après-vente,…) Lutte contre le réchauffement climatique et enchérissement des prix de l’énergie peuvent de même favoriser l’agriculture de la région comme des innovations dans la conception de l’évolution des villes ou une approche différente de la mobilité. Plus largement, cette tendance lourde pourrait être l’occasion de faire de la Lorraine un véritable laboratoire des politiques de développement durable. Augmentation de la population mondiale et vieillissement des populations occidentales Il s’agit là d’une tendance de fond de notre société, qui exigera de nouvelles solidarités. Les pages qui suivent précisent les contraintes que cela impose à la Lorraine, mais aussi l’opportunité que cette tendance pourrait constituer pour créer de nouveaux services. Accroissement des échanges, globalisation, mondialisation et métropolisation La mondialisation des échanges est un fait, quoi qu’on pense de ses conséquences sur notre économie. Toutes les expertises menées au niveau européen ou mondial démontrent qu’elle survivra à l’enchérissement des coûts de l’énergie. Mais la mondialisation ne signifie pas que les politiques publiques perdent toute leur efficacité, bien au contraire. Le coût du travail ne constitue qu’un des critères de localisation des entreprises. Les facteurs d’attractivité d’un territoire sont beaucoup plus nombreux. Certains sont nationaux : la fiscalité, la plus ou moins grande complexité des procédures administratives… Mais beaucoup sont locaux et correspondent à l’action des collectivités locales : accessibilité physique, présence d’équipements 8 culturels et universitaires, qualité de la formation des salariés, savoir-faire des sous-traitants, liens possibles avec la recherche appliquée et tout simplement la qualité de vie. Société de la connaissance, tertiarisation de l’économie, renforcement des cycles courts, développement des activités en réseau et imbrication des industries et des services Dernière révolution et non des moindres, celle qui transforme les liens entre industrie, recherche et services. On a longtemps dit qu’il ne pouvait y avoir de secteur tertiaire sans une base productive. Mais aujourd’hui, la frontière entre le tertiaire et l’industrie est beaucoup moins nette. Il y a quelques années, un grand constructeur automobile se définissait comme créateur de voitures. Aujourd’hui, la définition même de la voiture électrique dépend du développement de nouveaux services : location ou auto partage, recharge des batteries ou centres d’échange instantané… Les exemples pourraient être déclinés à l’infini. Caractère décisif de la préparation de l’économie productive de demain par rapport à la ré-industrialisation, en opposition à l’hyper financiarisation dérégulée. L’innovation sous toutes ses formes est devenue une des clefs du développement des entreprises : En mettant à la disposition des entreprises des technologies émergentes, elle favorise l’adaptation des produits comme des modes de production. En anticipant l’évolution des demandes comme des contraintes de production, elle permet de préparer l’économie productive de demain. Conjuguée aux effets de l’évolution durable des prix de l’énergie, elle peut jouer un rôle beaucoup plus décisif que la seule ré-industrialisation, qui dépend pour les grands groupes du choix d’actionnaires préoccupés de critères purement financiers. 2- Des atouts au service de Lorraine 2020 Beaucoup de régions françaises disposent d’atouts et de faiblesses similaires. Donner à la Lorraine les moyens de construire une nouvelle attractivité et trouver les voies de son (re)développement suppose de définir ce qui la différencie des autres régions. Malgré de réels handicaps, la Lorraine possède de nombreux atouts à valoriser. La qualité des développements récents industriels, universitaires, de R&D, d’infrastructures, de coopération Premier atout, et non des moindres, la dynamique née en région au cours des dix dernières années. La Lorraine a connu des avancées remarquables qui constituent autant des atouts pour le futur que des exemples pour de nouvelles collaborations. 9 Source : CESEL Les caractéristiques « en archipel » de la région La géographie de la Lorraine fait partie de ses atouts. Notre région a hérité de l’histoire une géographie urbaine. En Lorraine, pas de métropole unique souffrant des défauts des trop grandes villes, mais un archipel de villes à taille humaine, proche du modèle urbain rhénan. Cette situation a longtemps constitué un handicap pour le développement régional, tant les deux villes principales peinaient à s’entendre pour développer en commun des fonctions internationales. Elle constitue aujourd’hui l’occasion de privilégier un aménagement du territoire différent, mettant en avant la réalisation de passerelles et de ponts, physiques et politiques, entre grandes villes comme entre grandes villes et villes moyennes ou bourgs ruraux. L’occasion de bâtir une réelle interterritorialité. La position géostratégique de carrefour central et les dynamiques transfrontalières Vue de Paris, la position de la région, à l’Est, au bout du bout, aux marches de la France…, a été souvent perçue comme un handicap. Vu d’ailleurs en Europe, la Lorraine occupe une position géostratégique au cœur d’un carrefour historique marqué par son multiculturalisme, ses dynamiques transfrontalières et ses voies de communication. La vocation de terre d’accueil et de brassage L’histoire notamment économique de la région a fait de la Lorraine une terre d’accueil et de brassage, forte des apports successifs des immigrés italiens, portugais, polonais… Cette histoire nous laisse en héritage une richesse culturelle unique, un atout, là ou d’autres pourraient voir un handicap. Le tissu 10 associatif est ainsi porteur de valeurs et de qualités de solidarité et de cohésion sociale, mais aussi d’un dynamisme économique différent. Le savoir-faire lorrain, le sérieux et les capacités d’adaptation des salariés Parmi les atouts dont elle dispose pour attirer de nouveaux investisseurs, la Lorraine peut mettre en avant le sérieux et la capacité d’adaptation de ses salariés, tout comme un véritable savoir-faire, une culture du travail et de l’effort ainsi que la capacité d’initiative des acteurs lorrains. Une industrie modernisée L’image de la Lorraine s’est souvent confondue avec celle de son industrie lourde, des mines, des aciéries et des fonderies, des hauts-fourneaux et des fumées, mais aussi celle du textile des vallées vosgiennes, de la chimie ou de l’automobile. Mais l’économie lorraine n’est plus tournée vers la seule industrie lourde. Elle s’appuie sur une diversification qui s’est développée sur de nouvelles technologies dans des domaines aussi variés que les matériaux, les fibres, l’eau ou la santé, sur de nouvelles filières, de nouveaux produits. La Lorraine est devenue une terre en mouvement pour son industrie. L’expérience du développement local et territorial L’expérience régionale de création de nouvelles dynamiques attractives a progressivement créé un véritable corpus des bonnes pratiques du développement territorial, grâce à l’investissement des élus locaux, du secteur associatif et des partenaires sociaux. L’émergence de réseaux d’acteurs et d’ingénierie de projet, le développement des intercommunalités et l’organisation des acteurs locaux en Pays avec la mise en place de conseils de développement, ont contribué à faire de la Lorraine une région novatrice en matière de développement local. Une tradition économique et sociale, l’Ecole de Nancy La région a été le berceau de grands courants culturels et intellectuels à l’image de l’Ecole de Nancy, de l’esprit des Lumières au château de Lunéville ou encore des idées sociales issues de l’industrie. Les fondateurs de l'École de Nancy, artistes, architectes et industriels mais aussi philosophes, psychologues, l’ont ainsi défini comme l'alliance des industriels et des artistes décorateurs, s’efforçant de constituer, pour la défense et le développement des intérêts industriels, ouvriers et commerciaux du pays, des milieux d’enseignement et de culture favorables à l’épanouissement des industries d’art . L’Ecole de Nancy était un concept de progrès total de toute la société en s’élevant par la pensée, la philosophie, les arts, l’architecture… Son objectif était de faire rayonner la Lorraine, riche de ses industries et artisanats d'art, à travers un art total faisant collaborer tous les corps de métiers. Une conception particulièrement d’actualité qui constitue encore aujourd’hui un des atouts de la région. Un secteur de l’économie sociale et solidaire important Le secteur de l’économie sociale et solidaire est très présent en Lorraine où il représente 10,8% des emplois lorrains en 2007, soit un point de plus qu’au niveau national. Caractéristique lorraine, héritée de son histoire, les secteurs de l’éducation, de la santé et de la solidarité sont surreprésentés par rapport aux moyennes nationales. Présente dans l’ensemble des territoires, l’économie sociale et solidaire est un atout, vecteur de transmission des savoirs et gage de cohésion sociale, porteur d’une économie différente. 11 La richesse agricole et sylvicole Les activités agricoles et sylvicoles constituent un des atouts essentiels de la Lorraine, avec des fragilités récurrentes mais également des résultats et une diversification prometteuse. Points d’appui d’une industrie agroalimentaire performante, d’un raccourcissement des circuits de distribution des produits frais et demain de filières en émergence, dans le domaine de la chimie verte et de l’énergie. L’agriculture, la sylviculture et la filière bois peuvent prétendre à une place plus importante encore dans le paysage économique de la Lorraine. Le coût modéré du foncier Sur l’ensemble de la Lorraine (à l’exception de la frange frontalière au Luxembourg) le coût du foncier reste particulièrement attractif par rapport à la situation des voisins européens. Dans ce cadre, le développement conséquent de son économie résidentielle est significatif. Le potentiel de R&D publique La Lorraine peut compter sur une recherche publique très présente et en plein essor. Tous les grands instituts nationaux sont représentés par des délégations régionales et interrégionales : Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Institut National de la Recherche en Informatique et en Automatique (INRIA), Institut National de Recherche Agronomique (INRA), Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques (INERIS), Bureau des Ressources Géologiques et Minières (BRGM), Institut National de l’Information Scientifique et Technique (INIST) et Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS)… La structuration des pôles formation-recherche-économie Cette dynamique de la recherche ne peut être dissociée de l’évolution du secteur universitaire, marquée par des succès récents. Citons notamment la création de l’Université de Lorraine, celle de l’institut Jean Lamour, ou encore la reconnaissance de la région dans le cadre des appels à projets « initiatives d’excellence » formulée par les universités lorraines. Il convient également de souligner les efforts engagés sur les pôles de recherche : pôle Sciences et Génie de l’Environnement (SGE), pôle fibres, pôle Modélisation, Information et Systèmes Numériques, pôle de compétence ForêtAgroalimentaire-Biologie-Environnement-LORraine (FABELOR), Par ailleurs, une coopération interrégionale s’est développée en termes de recherche et développement entre les universités de technologie de Troyes, Nancy et Belfort-Montbéliard. Le potentiel culturel, touristique, associatif et patrimonial La région dispose d’un potentiel culturel et touristique si riche qu’il est impossible d’en citer toutes les composantes : le massif des Vosges bien sûr, mais aussi le Centre Pompidou, l’Arsenal et les Musées de la Cour d’Or à Metz, le Musée des Beaux-arts, le Muséum-Aquarium et le Musée de l’Ecole de Nancy, la Cité de l’Image d’Epinal, Longwy, Baccarat, Verdun... On citera aussi la création du pôle lyrique, artistique et symphonique de Lorraine, les Arènes de Metz, le Galaxie d’Amnéville ou encore le Zénith de Nancy… La Lorraine affiche ainsi un potentiel culturel touristique et patrimonial méconnu mais indéniable. 12 La diversité de ses paysages biologiques, énergétiques, minérales… et de ses ressources Les milieux naturels lorrains sont riches et variés (zones humides, prairies, forêts). Les paysages qui fondent l’identité de nos territoires, des plateaux cultivés aux vergers et aux vignes, des côtes de Moselle et de Meuse au Massif Vosgien, des vallées de la Meuse et de la Moselle au Pays des Etangs, présentent une qualité et une diversité remarquables et expriment mieux qu’un discours la relation entre une communauté humaine et son territoire. La Lorraine est également riche de ressources en eau, qu’elles soient issues de formations géologiques aquifères ou dues à la densité du réseau hydrographique. 3- Des faiblesses à atténuer Ces atouts doivent être mis en perspective avec les handicaps de la région, des freins au développement qu’il faudra lever. Un ralentissement sans précédent Les difficultés de la Lorraine ont eu tendance à s’amplifier au cours de la dernière décennie par rapport à la plupart des autres régions françaises. Le poids de la valeur ajoutée de la Lorraine dans la valeur ajoutée nationale est ainsi en net recul dans tous les domaines sauf dans l’industrie automobile et l’énergie. Parmi ces évolutions, le recul de l’emploi industriel a été l’élément le plus marquant. Il a accéléré à partir du deuxième choc industriel, autour des années 2002-2003. L’emploi total dans les secteurs de l’industrie est ainsi passé de 188 600 en 2000 à environ 140 000 en 2011. Le recul du poids de l’industrie n’a pas été compensé par l’émergence d’un tissu tertiaire suffisant en termes d’emploi et de valeur ajoutée. La crise de 2008-2009 est arrivée dans un contexte déjà peu favorable et semble avoir aggravé les phénomènes décrits ci-dessus. Entre janvier 2008 et juin 2011, l’emploi salarié marchand a reculé de 4,5%. Part de la Lorraine dans la France métropolitaine (%) Source : CESEL 13 Evolution de l’emploi salarié du secteur marchand (mars 1997=100) Source : CESEL / Données ACOSS – URSSAF base SEQUOIA La démographie, au cœur des défis de l’attractivité et de l’organisation territoriale La Lorraine a gagné un peu moins de 15 000 habitants entre 2006 et 2010, quand la France métropolitaine en gagnait 1,4 million. Notre région atteint la 18ème place dans le classement relatif à la progression annuelle moyenne de population sur la période 1999-2009. Si les tendances se maintiennent dans les prochaines décennies, la Lorraine atteindrait 2,385 millions d’habitants, quand la population métropolitaine frôlerait le seuil des 71 millions à l’horizon 2040. En Lorraine, la vitalité du solde naturel semble derrière nous. Le poids des naissances lorraines (en 2009) dans le total français n’était plus que de 3,3% pour un poids démographique de notre région de 3,65%. L’image souvent négative Sur un plan général, la Lorraine souffre d’un déficit d’image que vous avez tous souligné. La région reste au mieux peu visible, avec une identité peu affirmée. Au pire la Lorraine est toujours perçue comme la région des mines et des grandes industries sidérurgiques ce qui occulte les dimensions universitaire, culturelle ou touristique qui correspondent pourtant à des atouts incontestables. Des sites de renommée internationale, comme le massif des Vosges, ne sont pas perçus comme situés en Lorraine. Les Lorrains eux-mêmes ont trop souvent tendance à décrier l’image de leur région, par trop grande modestie, manque de confiance, d’ambition voire de méconnaissance. Le manque de convergence des acteurs publics Même si de réels progrès ont été atteints au cours des dernières années, la région souffre encore parfois d’un manque de cohérence dans la gouvernance publique et d’un manque de convergence et d’unité des acteurs publics. Cohérence et convergence sont pourtant indispensables, à l’heure où l’environnement extérieur se fait de plus en plus concurrentiel et où des régions comme la Bretagne ou l’Alsace savent déjà faire preuve de cohésion. 14 L’absence de projet territorial écrit et partagé C’est un autre reflet du manque de convergence des acteurs publics : la Lorraine ne disposait pas jusqu’à maintenant d’un projet territorial écrit et partagé à l’échelle régionale. La mise en place des Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT) se fait également de manière très progressive. L’absence d’un cadre mobilisateur rend difficile la mise en œuvre d’une synergie et de complémentarités dans les interventions publiques. Une insuffisance de dynamique métropolitaine Les fonctions internationales de la région sont restées longtemps réparties entre les deux grandes villes sans que des accords de coopération permettent de les mettre en valeur. Cette absence de gouvernance a longtemps freiné la mise en place d’une réelle dynamique métropolitaine basée sur la complémentarité des atouts et des fonctions de chaque ville. Les contrastes extrêmement forts entre les territoires et le déclin de certains d’entre eux Le déclin de certains territoires dépendant presque totalement d’une mono activité industrielle ou minière n’est pas totalement freiné. Ceci entretient une disparité entre les territoires lorrains, encore accentuée par les contrastes qui opposent non pas villes et campagnes, mais au sein du monde rural des territoires bénéficiant d’un bon niveau de services et d’une dynamique économique et d’autres (heureusement peu nombreux) qui perdent leur population, et, au sein des villes, des quartiers cumulant les risques d’exclusion sociale et le reste du territoire urbain. Une dépendance relative vis-à-vis de l’extérieur La Lorraine se caractérise par une trop forte dépendance par rapport à l’extérieur. La faiblesse du nombre de sièges sociaux et de centres de décision de grandes entreprises rend la région plus sensible que d’autres aux risques de délocalisation. De même la dépendance économique par rapport au Luxembourg, traduite par l’importance des flux économiques transfrontaliers, renforce l’impact des fluctuations de l’économie financière. Une culture de l’assistanat parfois encore présente Cette dépendance vis-à-vis de l’extérieur se double d’une tendance à l’assistanat parfois encore présente, La Lorraine a souffert, la solidarité nationale lui donne le droit de recevoir, plus que d’autres, des aides de l’Etat. Les Lorrains ont souffert, ils ont droit, plus que d’autres, de bénéficier de mécanismes de solidarité. Cet état d’esprit ressurgit encore là où le contexte économique est difficile. La faiblesse des emplois tertiaires et de la diversification Sur le plan économique, la Lorraine, outre son défaut d’attractivité et les difficultés actuelles, connaît une diversification et une tertiarisation insuffisantes. Si les cadres exerçant des fonctions métropolitaines sont en augmentation (+ 24,1 % de 1999 à 2006), leur nombre ne permet pas encore à la Lorraine de figurer en bonne place parmi les régions françaises (15 ème rang national pour le ratio cadres/population totale). 15 Une R&D privée trop faible La R&D privée est soit l’affaire de grandes entreprises (Solvay, Carbone Lorraine, Saint-Gobain-PAM …) soit portées par de jeunes Petites et Moyennes Industries (PMI) en développement : Stabiligen, Syntelor, Genclis, PAT SAS… Mais rapportées au PIB, les dépenses de R&D sont deux fois plus faibles que la moyenne nationale. Au cours des dernières années, la croissance des moyens correspondants a atteint seulement le quart de la croissance nationale. En 2008, les dépenses de R&D privée n’ont représenté que 46% du total lorrain, en-deçà de la moyenne française. Cette R&D privée beaucoup trop faible participe au constat de l’insuffisante prise en compte de l’innovation comme facteur-clé du développement de l’économie. Un tissu TPE et PME trop faible Deux chiffres illustrent la faiblesse du tissu des entreprises de moins de 250 salariés en Lorraine. Au niveau national, elles représentent 63% des emplois. En Lorraine, 38%. Un retard des qualifications de haut niveau La région connaît un retard important concernant les qualifications de haut niveau, notamment chez les jeunes, alors même que les qualifications sont indispensables à la transformation de l’économie. La part des non-diplômés reste importante (22% en Lorraine contre 19% en France) et semble marquer un palier sur la période 1999-2006. De même, en 2006, il subsiste un écart entre la population active lorraine et française pour toutes les catégories (non diplômés : +3 points, BEP-CAP : +5 points, baccalauréats -1 point et enseignement supérieur -4 points). Des disparités sociales fortes et des phénomènes croissants de précarisation La Lorraine est également marquée par des disparités sociales fortes et des phénomènes croissants de pauvreté et de précarisation. En 2008, elle affichait un taux de pauvreté de 13,2% qui la plaçait au 12ème rang des régions françaises. L’intensité de cette pauvreté est plus forte qu’au niveau national. Familles monoparentales et femmes seules sont plus exposées que la moyenne française. La région affiche également des indicateurs plus dégradés concernant les jeunes. Cette situation d’avant crise s’est sans doute encore dégradée, avec les évolutions du surendettement et du chômage de longue durée. Le nombre total de demandeurs d’emploi a en effet cru de 40% depuis juin 2008, contre 34% en France métropolitaine. Les demandeurs d’emploi de plus de 50 ans connaissent la situation la plus dégradée. Sur les 148 000 demandeurs d’emploi lorrains, les plus touchés sont les employés (avec une majorité de femmes) et les ouvriers. 4- Des menaces à écarter Des menaces ont été identifiées qui rendent urgente la mise en œuvre d’une stratégie ambitieuse et volontariste. La poursuite du déclin de l’industrie Après la crise de la sidérurgie des années 1980, la Lorraine connaît depuis les années 2000 une nouvelle période de désindustrialisation. Au total, entre 2000 et 2011, près de 43 000 postes de l’industrie manufacturière ont été perdus. En l’espace de dix ans, leur part dans l’emploi salarié est passée de 24,4% à 17,5%. Ce phénomène s’explique principalement par la forte spécialisation de l’industrie lorraine dans des domaines exposés à la concurrence internationale des pays émergents, voire des 16 nouveaux entrants de l’Union Européenne. S’il n’est pas freiné, la région perdra un de ses principaux atouts, l’expérience et le savoir-faire des hommes et des femmes dans le domaine industriel. L’accentuation du déficit migratoire Dans ses échanges migratoires avec les autres régions, la Lorraine est déficitaire depuis 1990, même si c’est de façon plus réduite au cours de la dernière décennie. Le solde migratoire affecte, de façon significative, les catégories des cadres et des professions intellectuelles mais aussi des professions intermédiaires. On retiendra encore que notre territoire régional a tendance à perdre de la population active, et à perdre encore des effectifs scolaires mais aussi étudiants même si, pour ce dernier type d’effectifs, l’ampleur de la baisse n’est pas aussi marquée que lors des dernières années. Solde migratoire par catégorie socioprofessionnelle entre 2001 et 2006 Source : CESEL / INSEE Population résidant en Lorraine en 2006 et qui résidait en métropole 5 ans plus tôt Le renforcement de la tendance au vieillissement Quel que soit le scénario envisagé, la population lorraine va vieillir. L’âge moyen (35 ans en 2007) passera à 45 ans en 2040. A cette époque, un Lorrain sur trois aura plus de 60 ans. Cette tendance est amplifiée par la baisse du nombre de naissances et le départ croissant de jeunes actifs (chute de 13% des 20-59 ans). Le taux de dépendance (soit la part des moins de 20 ans et des plus de 60 ans par rapport aux actifs potentiels) augmenterait sensiblement en passant de 0,83 en 2007 à 1,14 en 2040, avec un contraste important entre départements (1,04 en Meurthe-et-Moselle et 1,34 dans les Vosges). La croissance des inégalités entre le nord et le sud de la Lorraine Les différences démographiques entre les territoires de la région pourraient être renforcées par l’accroissement des dynamiques économiques entre le développement du nord de la région, tiré par le Luxembourg et l’Allemagne et le reste du territoire lorrain. La poursuite de la périurbanisation et de la rurbanisation Malgré l’atonie globale de sa démographie, la Lorraine voit l’étalement géographique de sa population se poursuivre. Les couronnes urbaines s’étendent en superficie. La déconnexion croissante entre habitat et activités, la facilitation des déplacements par un recours extensif à l’automobile, 17 l’attractivité du coût du foncier hors des villes, la recherche de plus d’espace pour vivre sa résidence et plus généralement la transformation des modes de vie ont tous contribué au phénomène de déconcentration spatiale. Périurbanisation et rurbanisation conduisent à des espaces urbains anarchiques et à un impact paysager négatif. Elles génèrent à la fois une consommation importante d’espaces et une multiplication des déplacements pendulaires (avec de fortes émissions de gaz à effet de serre) et à un accroissement global des dépenses publiques. Evolution de la population dans les communes lorraines selon leur taille entre 1999 et 2009 Source : CESEL / INSEE Le coût croissant des équipements publics lié à l’évolution de la démographie et de l’urbanisation Le vieillissement de la population aura un impact important sur les politiques publiques (prise en charge de la dépendance, accès aux équipements et services en milieu rural, transports, logement), donc sur les dépenses publiques. Cumulé à une absence de maîtrise de l’urbanisation, cette tendance peut avoir un effet dévastateur sur les possibilités d’intervention des collectivités locales : création d’équipements nouveaux pour répondre aux attentes d’une population habituée à un haut niveau de services, développement de nouveaux services de transport, coûts de fonctionnement publics de plus en plus élevés. C’est ce qui a conduit nos voisins sarrois, confrontés à des problèmes encore aigus, à prendre des mesures drastiques de limitation de l’urbanisation. Le poids des administrations centrales sur la décentralisation Dernière menace à ne pas négliger au moment où le gouvernement prépare une nouvelle étape de la décentralisation : que cette dernière ne soit préparée que par des spécialistes des administrations centrales, que transferts de compétences et de fiscalité ne soient pas trop limités et qu’en conséquence les collectivités locales ne puissent avoir les moyens de jouer un rôle qu’elles peuvent jouer bien mieux que l’Etat : être les principaux moteurs d’un nouvel essor du développement. 18 5- Des opportunités à saisir Des opportunités exceptionnelles ont été identifiées comme devant être saisies pour soutenir le développement de la Lorraine. La mise en valeur des flux et de la fonction de carrefour central La tendance mondiale à l’accroissement des flux, conjuguée à la mise en valeur de la fonction de carrefour, bénéficierait directement au développement économique de la région. Terre historique de transition et de passage des voies romaines ou des routes de l’Italie aux Flandres, la Lorraine constitue en effet aujourd’hui un carrefour important pour les déplacements et les échanges tant à l’échelle française qu’européenne, par sa proximité avec les pays voisins (Benelux, Allemagne, mais également Suisse, Danemark ou d’autres pays d’Europe de l’Est). Le développement de nouvelles infrastructures de transport permettrait de capter ces flux et d’en faire un élément de développement économique régional, notamment dans les domaines de la logistique et du commerce. Le développement universitaire et de la recherche et la création de l’Université de Lorraine La Lorraine dispose des atouts nécessaires pour la faire entrer dans la voie de l’innovation. La création de l’Université de Lorraine est dans ce domaine un atout majeur. Ce virage peut prendre aussi appui sur un fort potentiel de R&D publique ainsi que la structuration récente de pôles formation-rechercheéconomie (Pôles de compétitivité, Institut de Recherche Technologique [IRT], …). Le développement universitaire et de la recherche dans les secteurs d’activités ayant fait la force industrielle de la région renforcera la compétitivité des entreprises comme le rayonnement de la Lorraine. Le développement d’une offre multimodale de transports La région dispose de tous les atouts permettant de concevoir une mobilité différente, en créant de véritables chaînes « optimodales » de transports des personnes et des marchandises, en offrant la meilleure combinaison entre tous les modes de transports, en misant sur leur complémentarité et en organisant leur articulation. Le développement d’une économie différente Dans un nombre sans cesse croissant de régions, on voit apparaître de nouveaux systèmes économiques, basés sur des Systèmes d’Echanges Locaux (SEL) ou des monnaies locales. Le développement d’une économie non marchande, basée sur la force de l’économie sociale et solidaire de la région, pourrait accompagner la croissance de l’économie présentielle. Une place accrue pour les femmes et le travail féminin dans la société En Lorraine, le taux d’emploi des hommes est supérieur de 12 points à celui des femmes, la différence la plus forte apparaissant chez les 25-54 ans où elle atteint 15 points, des chiffres à comparer à l’écart national de 10 points. Le taux d’activité des femmes place la Lorraine au vingtième rang des régions métropolitaines. Ce handicap peut devenir un atout : la mobilisation des femmes est un facteur essentiel du nouveau dynamisme lorrain. 19 La naissance d’une culture métropolitaine de coopérations Une culture « métropolitaine » de coopération est en train de naître et de se formaliser, au sein du pôle métropolitain du Sillon Lorrain, de l’Eurodistrict SaarMoselle, du réseau urbain métropolitain polycentrique transfrontalier. Ces coopérations peuvent permettre de renforcer des fonctions internationales aujourd’hui peu visibles parce qu’isolées. La mise en réseau des espaces urbains et ruraux, base d’un nouveau maillage territorial Le caractère récent des coopérations métropolitaines est en lui-même une opportunité : il permet de construire les projets métropolitains non pas en fonction de seuls critères internationaux, ou de la seule prise en compte des atouts des villes membres des réseaux, mais intégrant dès le départ l’ensemble des territoires de la région. Une occasion de mettre en résonnance les villes de la région, les pôles secondaires comme les nouvelles dynamiques du monde rural. La proximité de l’Allemagne, du Luxembourg, de la Belgique Le Grand-Duché du Luxembourg constitue non pas une menace pour les Lorraines et les Lorrains, mais bien une opportunité, même si le dynamisme luxembourgeois est menacé par la crise actuelle. L’Allemagne est un des premiers investisseurs dans la région. La Lorraine entretient des relations privilégiées avec ces deux pays, qu’il s’agisse de l’implantation d’entreprises (IDE), des échanges commerciaux ou de la mobilité de la main-d’œuvre. Le développement de pôles transfrontaliers et plus largement d’accords bilatéraux pourrait renforcer l’ensemble des dynamiques lorraines : économie, université, culture, recherche, création de réseaux urbains. L’émergence d’une Région Métropolitaine Polycentrique Transfrontalière La Lorraine fait partie de la « Grande Région » qui regroupe la Lorraine, le Luxembourg, le RhénaniePalatinat, la Sarre, la Wallonie et la Communauté Germanophone de Belgique. Au sein de cet espace, l’absence de grandes métropoles de taille européenne devient une chance d’agglomérer les villes centre et leurs territoires d’implantation dans un réseau, capable de porter des politiques ambitieuses de développement dans un environnement européen. Ainsi la Grande Région pourrait-elle s’affirmer comme une véritable « Euro région » : un ensemble géographique cohérent choisissant, au-delà des frontières historiques, un développement commun et bénéficiant pour cela du soutien unifié des programmes européens. L’émergence d’une Région Métropolitaine Polycentrique Transfrontalière (RMPT) pourrait tout à la fois renforcer le dynamisme économique de la région, apporter à tous ses habitants le niveau de services correspondant à leurs attentes, renforcer l’attractivité de la région vis-àvis des jeunes et permettre le développement d’une ruralité différente. 20 L’ANALYSE ATOUTS FAIBLESSES OPPORTUNITES MENACES DE LORRAINE 2020 Atouts Faiblesses Les caractéristiques « en archipel » de la région Un ralentissement sans précédent La position géostratégique de Carrefour central et les La démographie, au cœur des défis de l’attractivité et de dynamiques transfrontalières l’organisation territoriale La vocation de terre d’accueil et de brassage L’image perçue souvent de manière négative Le savoir faire lorrain, le sérieux et les capacités d’adaptation Le manque de convergence des acteurs publics des salariés La tradition industrielle L’absence de projet territorial écrit et partagé L’expérience du développement local et territorial Une insuffisance de dynamique métropolitaine Une tradition économique et sociale : Ecole de Nancy, Les contrastes extrêmement forts entre les territoires et le humanisme, … déclin de certains d’entre eux Un secteur de l’économie sociale et solidaire important Une dépendance vis-à-vis de l’extérieur La richesse agricole et sylvicole Une culture de l'assistanat parfois encore présente Le cout modéré du foncier La faiblesse des emplois tertiaires et de la diversification Le potentiel de R&D publique Une R&D privée trop faible La structuration des pôles formation-recherche-économie Un tissu TPE et PME trop faible Le potentiel culturel, touristique, associatif et patrimonial Un retard des qualifications de haut-niveau La diversité de ses paysages et de (biologiques, énergétiques, minérales… ) ses ressources Des phénomènes croissants de précarisation La qualité des développements récents universitaires et de R&D Opportunités Menaces La mise en valeur des flux et de la fonction de carrefour La poursuite du déclin de l’industrie central Le développement universitaire et de la recherche et la L’accentuation du déficit migratoire création de l’Université de Lorraine Le développement d’une offre multimodale de transports Le renforcement de la tendance démographique au vieillissement Le développement d’une économie différente La croissance des inégalités croissantes entre le nord et les sud de la Lorraine Une place accrue pour les femmes et le travail féminin dans La poursuite de la périurbanisation et de la rurbanisation la société La naissance d’une culture métropolitaine de coopérations Le cout croissant des équipements publics lié à l’évolution de la démographie et de l'urbanisation La mise en réseau des espaces urbains et ruraux, base d’un Le poids des administrations centrales sur la décentralisation nouveau maillage territorial La proximité de l’Allemagne, du Luxembourg, de la Belgique L’émergence d’une Région Métropolitaine Polycentrique Transfrontalière 21 Les cinq enjeux de Lorraine 2020 Quelle Lorraine voulez-vous en 2020, en 2030 voire en 2040 ? Quelles sont vos ambitions, pour vous-même, pour vos enfants ou vos petits-enfants ? Comment voyez-vous notre région demain ? Vous avez répondu à ces questions en dessinant non pas une, mais quinze facettes de la Lorraine à venir. Quinze regards, parce que notre région est riche de sa diversité, de sa tradition de terre de brassage des cultures et des hommes. Quinze regards, car votre vision de Lorraine 2020 n’est pas celle d’une addition de projets techniques, mais au contraire une vision humaniste de notre avenir, donnant la primauté aux Lorraines et aux Lorrains. Quinze regards des hommes et des femmes qui font et feront la région, qui en sont les auteurs comme les acteurs. Quinze regards qui se complétent, se répondent, et sont indissociables les uns des autres. Quinze regards pour cinq enjeux … Crédit photo : CRT Lorraine 22 Vous demandez l’efficacité économique. Votre première exigence concerne l’emploi. Vous voyez une région en plein changement, ayant retrouvé toute l’attractivité qu’elle a connu dans le passé et qui a su attirer hommes et entreprises… Des activités fondées sur les savoirsfaire lorrains comme sur nos capacités d’innovation. Une région où petites et moyennes entreprises peuvent donner toute la mesure de leur dynamisme. Une économie différente, sociale et solidaire, moins dépendante des grandes crises financières. Vous voulez un réel développement social. Ce développement de l’économie et de l’emploi sera favorisé par la mise en valeur de la plus importante de nos richesses : vous, les Lorraines et les Lorrains. Vous voyez une Lorraine solidaire, dont la diversité constitue une force exceptionnelle. Une Lorraine où une conception totalement nouvelle de la formation fera de vous les acteurs du développement et les premiers bénéficiaires des emplois créés. Vous assumez l’exigence environnementale. Vous voyez bien au-delà des décennies à venir, et vous voulez inscrire la Lorraine de 2020 dans la vision de celle que vous souhaitez transmettre à nos générations futures. Vous dessinez ainsi une région anticipant le changement climatique, préservant les ressources naturelles et les paysages . Une région où l’on pourra se déplacer plus facilement sans pour autant n’avoir comme seule solution que la voiture individuelle. Vous revendiquez l’engagement citoyen. La Lorraine de 2020 a le visage d’une région où le développement humain est au cœur des politiques de formation et plus largement de l’ensemble des politiques publiques. Vous voyez une région où vous serez non seulement associés aux décisions concernant votre vie quotidienne, mais où vous pourrez être à la fois auteurs des propositions et acteurs des actions faisant le développement régional. 23 Vous misez sur les dynamiques de tous les territoires. Vous dessinez une région où les territoires sont devenus de véritables creusets du développement, à l’attractivité renforcée par l’amélioration de la vie quotidienne : la Lorraine sera une région où les Lorraines et les Lorrains peuvent s’épanouir dans un environnement de qualité. Une région où le développement du territoire sera d’autant plus dynamique qu’il bénéficiera des atouts internationaux des réseaux formés par les villes de Lorraine comme de la Grande Région. Vous avez porté quinze regards sur la Lorraine que vous vouliez. Quinze regards correspondant à cinq enjeux. Mais vous êtes allés plus loin encore. Dans chaque domaine, vous avez esquissé les actions concrètes qui permettront d’atteindre les objectifs que vous avez fixés, indissociables de vos ambitions. Elles sont présentées dans les pages qui suivent. Ces quinze regards sont les facettes d’une seule et même ambition. Ils ne constituent pas des projets indépendants, mais au contraire un cadre d’ensemble indispensable à la cohérence des actions des collectivités de la région comme de l’ensemble des acteurs publics et privés. Le cadre d’une région attractive, capable de séduire ceux qui ne la connaissent pas, et de répondre pleinement aux attentes de ceux qui y vivent. Une région où ponts et passerelles entre villes « différentes » et territoires en archipel rendent ces derniers plus solidaires et plus attractifs. Une région renforçant la qualité du « vivre ensemble ». Une région assumant le mieux-être de sa population. Votre mieux-être. 24 25 L’EFFICACITE ECONOMIQUE Crédit photo : CRT Lorraine 26 « Dans le laboratoire de l’autrement, fondre au creuset d’hier les anciennes alliances pour que chante l’outil nouveau, contemporain écho du marteau, de l’enclume … » 27 RAYONNER 1- Une région mobilisant tous les leviers de l’attractivité La première de vos attentes concerne l’emploi. Pour répondre à celle-ci, vous dessinez le visage d’une région qui a retrouvé son attractivité et qui mise sur l’intelligence pour rayonner dans toute l’Europe. Crédit photo : Pascal Bodez 28 29 La Lorraine est une région triplement européenne : par sa position géographique, par son économie et par sa population. La géographie politique constate les frontières mais la géographie physique rappelle que la Moselle ou la Meuse serpentent dans plusieurs pays. Le Massif Vosgien est autre chose qu’un département. Dans le domaine économique, depuis longtemps déjà, avant même que l’on connaisse la formidable expansion de l’emploi frontalier au Luxembourg, la Lorraine a vécu une « économie de voisinage », principalement avec l’Allemagne et le Luxembourg. De l’époque de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) au premier sommet de la Grande Région en 1995, la dimension économique de cet espace a toujours fait l’objet d’une attention particulière parmi les décideurs politiques et les acteurs économiques. Avec ou sans crise, des mutations aux stagnations puis aux récessions, l’emploi s’est toujours décliné avec sa dimension transfrontalière. Sur le plan humain, notre population est faite d’anciens italiens, portugais, polonais, algériens … Toutes ces caractéristiques fondent notre principal atout : notre région est une des régions les plus européennes d’Europe. Pour en faire une des régions les plus attractives, il nous faudra placer encore plus la région au centre des échanges intellectuels, culturels, touristiques qui façonnent l’attractivité d’un territoire. La Lorraine que dessine Lorraine 2020 mise d’abord sur un de nos principaux atouts, notre arme la plus importante dans le combat de la mondialisation : le développement de l’économie de la connaissance. Développer l’enseignement supérieur, au sein de l’Université de Lorraine comme des grandes écoles Il s’agit du domaine qui a connu ces dernières années, les avancées les plus marquantes. Ce qui semblait impossible est devenu réalité et cette réalité nouvelle a déjà fait sentir ses effets. Le dernier classement de Shanghai, qui compare 1 200 institutions d’enseignement supérieur du monde entier, est révélateur de l’efficacité et de la lisibilité renforcée de l’Université de Lorraine (UdL). Alors que seule l’Université Henri-Poincaré de Nancy figurait dans ce classement, au-delà de la 300ème place, l’UdL fait une entrée remarquée dans le top 300. Dans le même classement, l’Université de Lorraine figure au 12ème rang des universités françaises. L’Université de Lorraine, nos écoles d’ingénieur et plus largement l’ensemble du potentiel académique et scientifique de la région constituent un de nos atouts majeurs. Placer la Lorraine au cœur des échanges intellectuels et des innovations impliquera l’ouverture des formations supérieures à l’Europe et au monde pour attirer matière grise et projets innovants. Il s’agit pour l’Université de Lorraine comme pour les Grandes Ecoles de pouvoir attirer élèves et enseignantschercheurs au-delà des frontières nationales et européennes. L’installation prochaine de l’IRT des matériaux à Metz, conjuguée avec la création des Instituts Jean Lamour à Nancy et Lafayette à Metz, est un facteur supplémentaire d’attractivité et de débouchés pour l’Université Lorraine. Cette ouverture sur l’Europe et le monde signifiera évidemment des relations privilégiées avec nos voisins allemands et l’objectif d’amener le plus de Lorrains possibles à l’enseignement supérieur. Placer la Lorraine au cœur des échanges intellectuels reposera aussi sur une évolution des enseignements dispensés aux plus de 75 000 étudiants qui fréquentent les établissements d’enseignement supérieur de la région. Dans une économie de la connaissance, la création de valeur ajoutée est très liée au développement du secteur tertiaire et aux activités qui sont en amont et en aval de la stricte production de produits (conception du produit et des prestations associées, design, promotion, marketing, commercialisation, financement, assurance, transports, service après-vente, ...). Les opérateurs et cadres de demain doivent par ailleurs être capables de comprendre leur environnement de plus en plus complexe dans plusieurs dimensions (technique mais aussi sociale, juridique, financière, psychologique, ...). Dans un tel contexte, les formations mono disciplinaires sont de moins en moins adaptées aux attentes des milieux socioprofessionnels. 30 L'enseignement supérieur lorrain doit poursuivre sa conversion vers des formations pluridisciplinaires préparant les étudiants à assurer leur rôle d'acteur socio-économique et de citoyen responsable. L'ouverture à l’international, l'acquisition de compétences d’origine pluridisciplinaire, l'aptitude à l'auto apprentissage sont des axes de développement privilégiés, inscrits dans le projet de l’UdL dans le cadre d’une approche intégrée. 31 Le développement de l’enseignement supérieur reposera ainsi sur une approche globale articulée autour de trois axes : Formation : la formation de base s’accompagne d’une formation sur l’entreprenariat, la création de travail et le développement économique, c’est un élément d’attractivité pour les étudiants Recherche : la recherche fondamentale s’accompagne d’une recherche applicative qui trouve des applications immédiates dans la société Développement économique : modèle qui doit articuler le plus d’acteurs possibles (entreprises, collectivités.…). Cette démarche a été mise en œuvre avec une ingénierie qui intègre le système : forte articulation entre l’UdL et les collectivités territoriales, les pouvoirs publics…, intégration des différentes étapes de la conception à la diffusion / socialisation du produit. Forte de cette dynamique d'innovation pédagogique, l’Université de Lorraine pourra conforter son rôle d’exportateur de matière grise au-delà de la région Lorraine et ainsi participer à son attractivité et à son rayonnement. Source : CESEL AXES OPERATIONNELS Poursuite et mise en valeur des récents développements universitaires et de recherche Confortation de l’Université de Lorraine Formation à l’entreprenariat Développement simultané de la recherche applicative et de la recherche fondamentale Implication de l’ensemble des acteurs Ouverture accrue de formations pluridisciplinaires à l’Europe et au monde Accueil d’étudiants et de professeurs étrangers 32 Développer l’Université de la Grande Région Les établissements d’enseignement supérieur de la Grande Région dispensent leurs cours à plus de 380.000 étudiants, sont forts de leur diversité et disposent de compétences clefs. Pour mettre en valeur ce potentiel, la création de l’Université de la Grande Région a permis d’associer les universités de Sarre, de Liège, du Luxembourg, de Trèves, de Kaiserslautern et de Lorraine. Cette mise en réseau universitaire et scientifique repose sur 5 modules de coopération qui couvrent l’ensemble des activités de coopération en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Coordination, l’administration et pilotage stratégique. Mobilité. Education. Recherche. Valorisation et transfert vers l’économie. Cette création a contribué à atténuer les faiblesses dont souffrent les universités de la Grande Région, notamment du fait d’orientations nationales prononcées… Elle a été facilitée par l’implication de l’Université de Lorraine qui a joué un rôle d’accélérateur : Soutien à la mobilité étudiante. Développement des écoles doctorales. Développement des Co-diplômes. … Ces efforts sont cependant freinés par un problème majeur : le manque de pratique du bilinguisme. 600 à 700 étudiants lorrains seulement sur 55 000 suivent des enseignements dans les 2 langues. De plus l’exemple d’un secteur comme la santé permet de mesurer les limites apportées à la coopération grand-régionale du fait d’approches et de cultures extrêmement éloignées. 33 Ces obstacles ne sont pas une raison pour ne pas chercher à aller plus loin. Le renforcement de l’attractivité de la Lorraine reposera aussi sur le développement de l’Université de la Grande Région, en intensifiant les échanges de connaissances et de personnes au sein de la Grande Région, en dépassant la seule existence d’un réseau et en créant progressivement un espace unifié de l’enseignement supérieur permettant aux étudiants, aux enseignants et aux chercheurs d’évoluer entre les différents sites universitaires . Nous proposons pour cela de mettre en place une gouvernance commune, basée sur une structure juridique ad hoc et allant au-delà d’une simple convention. L’effort en faveur de l’enseignement supérieur se doublera enfin d’un effort Grand Régional parallèle dans le domaine de la recherche : soutien des réseaux de chercheurs en Grande Région ; création de bourses de recherche pour accueillir des doctorants ; renforcement du rôle des pôles interrégionaux ; mise en place de synergies interrégionales pour la formation, la recherche et l’industrie et partenariats entre partenaires de la Grande Région et avec les territoires proches pour optimiser les compétences, compléter les atouts et développer une masse critique permettant une visibilité internationale. AXES OPERATIONNELS Structuration de l’UGR Pérennisation des financements de l’UGR Multiplication des diplômes co-validés et harmonisation des diplômes de fin d’études Création d’un « Diploma Supplement » de la Grande Région Soutien à la mobilité des étudiants, attribution, au-delà d’ERASMUS, de bourses et d’aides aux étudiants pour les études suivies dans diverses universités de la Grande Région Lancement d’appels d’offres de recherche de la Grande Région sur les thèmes d’intérêt commun Création de pôles interrégionaux et coordination des programmes de recherche Soutien des réseaux au niveau de la Grande Région Extension du fonds interrégional de la recherche France Luxembourg aux autres partenaires de la Grande Région Mobilisation de l’ensemble des dispositifs européens au-delà des seuls fonds structurels Renforcer l’accès au très haut débit C’est le volet matériel du développement de l’économie de la connaissance : internet est devenu l’acteur majeur des échanges intellectuels et du partage de l’innovation. Tous les habitants de la région sont concernés : les étudiants, les chercheurs, les universitaires, les chefs d’entreprise, les responsables associatifs, les agents des collectivités locales, les Lorraines et les Lorrains. Pour répondre à ce besoin, dans de nombreux territoires de la Grande Région, les acteurs locaux ont construit et mis en service des réseaux publics de télécommunication permettant de bénéficier d’un accès à internet à haut débit de qualité dans les meilleures conditions économiques. Cependant, certains secteurs et certaines technologies trouvent leurs limites en efficacité comme en rentabilité, et la Lorraine est inégalement équipée, ce qui maintient une inégalité réelle dans l’accès au numérique, entre territoires comme entre populations fragiles et catégories socioprofessionnelles supérieures. 34 Le risque d’aggravation de la fracture numérique, entre les différents territoires selon leur positionnement sur le pôle métropolitain du Sillon Lorrain ou non, selon les départements et selon leur éloignement des grandes infrastructures support du réseau, est aujourd’hui réel. Ce risque est aggravé par l’engagement des opérateurs qui laissent à la puissance publique la charge des zones non rentables parce que peu peuplées et très éloignées des zones de concentration. Le déploiement de la fibre optique est pourtant indispensable. Investir dans la couverture numérique de l’ensemble de la région, c’est renforcer l’attractivité, c’est réduire la fracture territoriale. C’est favoriser les projets et les talents existant dans tous les territoires. Les besoins correspondant au très haut-débit sont importants : ils ont été évalués à 900 millions d’euros, chiffre que l’on peut comparer au montant consacré chaque année par le Contrat de Projet Etat Région en Lorraine : 1,5 million d’euros. Pour répondre à cet enjeu, Lorraine 2020 propose de cibler les besoins, dans le souci d’apporter le bon service au bon endroit et d’accompagner les projets des collectivités. Mais aussi de pérenniser et d’accentuer la collaboration entre les collectivités publiques de façon à renforcer l’interconnexion des réseaux et favoriser la diffusion en secteurs excentrés. Cela supposera la mise en place d’une instance régionale de concertation sur l’aménagement numérique du territoire, et l’adoption d’un schéma directeur au niveau régional. Il permettra d’éviter la fracture territoriale, de mettre en cohérence les schémas départementaux, existants ou à l’étude, et l’approbation par tous d’un seuil de couverture minimale du territoire à très haut-débit à l’issue du prochain Contrat de Plan Etat-Région. C’est ainsi que nous pourrons être un des acteurs majeurs du projet national prévoyant une couverture à très haut débit de l’ensemble du territoire national complète dans les 10 prochaines années. AXES OPERATIONNELS Investissement régional dans le très haut-débit Mise en place d’une instance régionale de concertation et de renforcement des usages Fixation d’un seuil de couverture minimale Adoption d’un schéma régional du haut-débit et très haut-débit Développer les atouts culturels La culture est devenue un des plus importants leviers du développement d’un territoire. Ils sont une des clefs de son rayonnement et de la qualité de son image. Ils induisent la création de nouveaux emplois. Mais ils sont aussi et surtout une des conditions de la richesse humaine d’une région. Ils renforcent chez les habitants le sentiment de fierté de leurs territoires. Ils leur ouvrent de nouveaux horizons et contribuent directement à leur évolution personnelle. Fruit de son histoire et de sa position géographique privilégiée, la Lorraine dispose d’un patrimoine culturel dont la richesse porte les traces de plusieurs siècles d’échanges. Cet héritage varié et de qualité souffre encore d’une méconnaissance aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur même de la région (villages lorrains en mal de valorisation, villes de patrimoine et de culture trop peu visitées…). Il nous faut combler ce manque de notoriété. Le rayonnement de la Lorraine sera démultiplié en définissant les éléments culturels qui seront mis en avant, conjuguant le passé patrimonial et culturel de la région avec le XXIème siècle. La Lorraine doit retrouver sa capacité créatrice en faisant une place exceptionnelle aux artistes et en offrant aux futurs artistes des moyens de formation et d'innovation. Le spectacle vivant doit bénéficier d'un soutien en matière de diffusion et de création. Les fabriques culturelles peuvent naître sur les anciennes friches militaires comme on a pu le faire en construisant des résidences universitaires, des 35 établissements scolaires et des logements. Comme il existe des pépinières d'entreprises nous pouvons créer des pépinières de création artistiques. Cette mise en valeur n’oubliera pas les évènements susceptibles d’attirer plusieurs centaines de milliers de visiteurs. : la Saint-Nicolas, le Mondial Air Ballons de Chambley, l’Open de Moselle à Metz, Fantastic’Art à Gérardmer, festival du film italien à Villerupt, du film arabe à Fameck, Fêtes et village du livre (Nancy, Metz, Fontenoy-la-Joûte), théâtre ou animation de rue (Passages à Metz, Renaissance à Bar le Duc, Aux actes citoyens Tomblaine),… Ce développement culturel contribuera directement à la vigueur d’un cadre démocratique propice aux échanges culturels et à l’épanouissement des capacités créatrices qui nourrissent la vie publique. Le temps, l’énergie, les moyens et les talents consacrés à la culture feront de la diversité culturelle de la Lorraine un projet commun renforçant notre attractivité. AXES OPERATIONNELS Soutien de la création artistique et du spectacle vivant Mise en réseau régionale et grand régionale des atouts culturels Mise en avant de thématiques communes Généralisation du 1% culturel sur l’ensemble des projets du Conseil Régional Faire connaître les atouts touristiques Pour consolider le rayonnement européen de la Lorraine les initiatives publiques pourront s’appuyer sur le développement du tourisme, moteur du renouvellement de l’image de la région. La dynamique touristique est le fruit d’une offre Fréquentation de l’hôtellerie en 2010 selon la nationalité touristique et culturelle vaste, diversifiée portée par les acteurs publics et privés. La de la clientèle région connait une croissance de son économie touristique portée notamment par la professionnalisation de la filière. Le tourisme lorrain véhiculera une image forte et positive de la région en mettant en avant des pôles forts et structurants, les destinations phares, et diffusant le développement touristique autour de 13 filières : mémoire militaire, patrimoine urbain et historique, culture et musées, découverte industrielle, métiers d’Art et création contemporaine, bienêtre, montagne, nature, itinérance, gastronomie, évènementiel, tourisme d’affaires, loisirs et sports. Source : CESEL / Observatoire Régional du Tourisme Pour renforcer l’attractivité de la région, Lorraine 2020 multipliera les moyens de promotion : mise en place d’un plan marketing partagé entre tous les acteurs, basé notamment sur des histoires à vivre, sur la mobilisation des réseaux sociaux…. Lorraine 2020 atteindra ainsi un double objectif : le développement de l’attractivité de la région et, par le développement du tourisme transfrontalier, le renforcement du sentiment d’appartenance à la Grande Région chez nos voisins allemands, belges et luxembourgeois. 36 AXES OPERATIONNELS Développement de la promotion autour de destinations phares et de 13 thématiques Mise en place d’un plan marketing partagé Conduire une véritable politique de promotion Toutes vos contributions l’ont montré : les Lorraines et les Lorrains sont trop modestes. Le territoire lorrain est pourtant attractif et a des atouts à faire valoir. La géographie bien sûr : l’atout que représente la position géostratégique de la région devrait être renforcé dans le futur par l’inversion de la courbe des prix des transports. Les qualités régionales, le sérieux des travailleurs, le savoir-faire industriel, la capacité à innover, l’offre de formation, la disponibilité de services doivent être mis en avant. Le dialogue social, la qualité de l’emploi, les compétences et les conditions de travail sont des éléments d’attractivité très forts. Le cadre de vie, l’université, les jeunes et Les investissements étrangers en France en 2011 les étudiants constituent autant d’atouts. La Lorraine peut se positionner comme une région productrice de matière grise, de santé, d’agroalimentaire… Elle n’est plus seulement une terre de grandes industries, mais aussi un territoire de PME PMI innovantes, de sous-traitants des plus grands donneurs d’ordre. Elle porte à l’international une image brillante qui peut permettre d’attirer de nouveaux talents. Le projet d’ambassade de l’Université de Lorraine en Chine pourrait ainsi être utilisé au niveau économique. Beaucoup d’opportunités apparaissent dans les pays émergents, qui peuvent donner à la Lorraine des éléments de visibilité. Les étudiants, entrants comme sortants, sont les meilleurs ambassadeurs de la Lorraine à l’extérieur. Et la proximité de l’Allemagne joue un rôle décisif dans les investissements Source : AFII étrangers en Lorraine. Ces derniers ont participé à la constitution d’un tissu industriel solide dans les années 90. Tous les atouts sont là. Les résultats sont déjà remarquables : en nombre d’emplois, nous sommes en cinquième position en 2011 parmi les régions françaises. Pour faire encore mieux, manque seulement le « Faire Savoir », une mise en cohérence des outils qui pourrait reposer sur la création d’une agence de promotion de la région, souhaitée par la plupart des partenaires, qui fédérerait l’ensemble des acteurs sans se substituer à eux. Elle s’appuierait sur l’expérience des villes et des départements pour développer une communication externe et promouvoir l’image de la Lorraine dans les territoires nationaux et européens. 37 Elle renforcerait les coopérations entre structures pour développer la promotion et la valorisation des atouts de la Lorraine et de leurs spécificités. Elle identifierait pour cela les principaux facteurs d’attractivité, les points forts, pour mieux les mettre en valeur, et les points faibles, pour les atténuer. Elle mettrait en avant les actions de promotion permettant de développer les investissements internationaux. AXES OPERATIONNELS Travail de fond sur l’image et définition des messages portés par la région Mobilisation du nouveau Centre de Ressources en tant qu’agence de Promotion et de Prospection de la Lorraine Renforcement des coopérations entre structures pour développer la promotion des atouts de région 38 39 ECHANGER 2- Une région tirant partie d’une situation géographique exceptionnelle Mieux que beaucoup de Français, vous « vivez » l’Europe. Quoi de plus normal pour une terre dont la tradition d’accueil a permis l’arrivée de familles venues de toute l’Europe ou d’au-delà de la Méditerranée. Ce sentiment d’être profondément européen, vous en faites un atout clef, et vous souhaitez que notre région soit encore mieux reliée aux autres régions européennes, et notamment à nos voisins de la Grande Région, pour pouvoir encore plus échanger avec tous. Crédit photo : Pascal Bodez 40 41 Placer la région au cœur des flux intellectuels européens et mondiaux ne suffit pas : les flux matériels sont tout aussi importants. L’accessibilité internationale d’une région est en effet une des bases de son attractivité. Vous insistez pour cela sur le fait que la Lorraine est au centre de l’Europe historique, d’une Europe puissante sur le plan économique. Elle bénéficie d’une position géostratégique unique pour profiter de la croissance constante des trafics transeuropéens. Son cœur est à moins de 300 kms de Paris, de Bruxelles, de Rotterdam et de Francfort, à moins de 600 kms de Londres, de Berlin, de Prague et de Milan. Si la Lorraine bénéficie de liaisons nord-sud historiques, elle dispose également de liaisons routières et ferroviaires est-ouest de qualité qui lui permettent de bénéficier notamment du dynamisme de l’Est parisien. Pourtant, les axes des principaux flux européens se sont progressivement détournés de la région. La Lorraine souffre de liaisons fluviales incomplètes, de lacunes autoroutières et ferroviaires. Si les liaisons est-ouest sont relativement satisfaisantes, l’axe nord-sud autoroutier doit être complété. Les liaisons ferrées rapides vers le nord sont mauvaises. Vers le sud, la Lorraine manque de débouchés. Autant de handicaps qui n’effacent pas l’atout majeur dont dispose la Lorraine : les évolutions économique et démographique de l’Europe la placent au centre d’un ensemble de « plaques de développement », celles du bassin parisien, des pays de l’arc nord, du sillon rhénan et de Rhône-Alpes, au centre d’un des premiers bassins européens de consommateurs. Pour qu’elle en devienne le cœur, des efforts coordonnés et une plus grande fluidité des hommes et des produits à toutes les échelles permettront d’offrir une alternative aux deux principaux couloirs européens : le corridor Royaume-Uni, Paris, Vallée du Rhône, Méditerranée d’une part ; le corridor PaysBas, Rhin, Italie de l’autre. Une des clefs du développement de la Lorraine repose ainsi sur le développement ciblé d’infrastructures et de services de transports efficaces et durables qui lui permettent de s’inscrire dans le grand Est français, dans la Grande Région et dans l’espace européen, et de renforcer son rôle majeur de carrefour de communication Est-Ouest / Nord-Sud. Une grande partie des projets correspondant pourrait faire partie des Grands Projets d’Avenir proposés par la France à l’Europe. 42 Soutenir les projets ferroviaires Placer la Lorraine au cœur des plaques de développement reposera d’abord, dans le domaine ferroviaire, sur la réalisation de la Gare de Vandières. Ce projet est l’occasion de consacrer l’ambition ferroviaire régionale à travers le combat des dessertes TGV vers l’Allemagne et l’évolution de l’offre TER Métrolor. Cette ambition se construira en lien avec la mise en service de la phase II de Ligne à Grande Vitesse (LGV) Est Européenne. 43 Vers le nord, placer la région au cœur de l’Europe supposera de mieux la relier à Bruxelles d’une part, à Francfort de l’autre. C’est l’objet des projets Eurocaprail, développés dans des axes nord-ouest et nordest. Vers le nord-ouest, il s’agit de la liaison Vandières-Luxembourg-Bruxelles. Vers le nord-est, de la liaison Vandières-SaarMoselle-Mannheim-Francfort. Vers le sud, l’essentiel des efforts portera sur l’amélioration des liaisons entre la Lorraine et la Vallée du Rhône en distinguant : Un volet interrégional, avec l’augmentation des dessertes TER Nancy-Epinal-Belfort, trait d’union entre la Lorraine et la Franche-Comté, et au-delà vers la Suisse et l’Italie. Un projet global de l’« amélioration des débouchés ferroviaires au sud de la Lorraine » vers le bassin rhodanien et l’arc méditerranéen. Ceci nécessitera notamment la réalisation d’un barreau de raccordement Epinal-Besançon à la branche Est de la LGV Rhin-Rhône. Dans le domaine du fret, la région dispose d’un atout presque unique : l’autoroute ferroviaire Bettembourg-Perpignan, mise en service en 2007 qui irrigue la Lorraine. 24 000 semi-remorques ont été transportées entre le Luxembourg et le Roussillon en 2010, soit une augmentation de deux tiers en un an. Cette autoroute ferroviaire n’a pas vocation à rester isolé. Un des enjeux majeurs en termes de fret portera sur la réalisation d’un axe ouest-est reliant la Grande-Bretagne, Calais, la Lorraine et le centre de l’Europe. Parallèlement la transformation en gare dédiée au fret de Louvigny doit être engagée dans une perspective limitée dans un premier temps au fret régional et grand régional. AXES OPERATIONNELS Réalisation et valorisation de la gare d’interconnexion de Vandières Renforcement du rôle de carrefour européen par la réalisation du projet Eurocaprail : Vandières-Sarrebruck-Allemagne et Vandières-Luxembourg-Bruxelles Ouverture vers le sud Développement des autoroutes ferroviaires Reconversion à court terme de Louvigny en fret ferroviaire Consolidation de la liaison avec le Luxembourg Relier la Moselle à la Méditerranée La Moselle canalisée à grand gabarit est navigable jusqu’à Frouard au Sud et permet l’accès à la mer du Nord avec une ouverture sur les grands ports européens. Le trafic fluvial représente ainsi 25% des imports exports de la région, malgré la relative faiblesse du trafic conteneurs. Un développement plus important du transport fluvial et de son économie logistique ne peut s’envisager qu’avec l’ouverture d’une liaison vers le Sud. La réalisation du Canal Moselle-Saône permettra de relier la Lorraine au Rhône et au Sud de l’Europe. La réalisation de la plateforme portuaire lorraine, multimodale et multi sites Illange et Metz au nord et Frouard-Gondreville au sud renforcera parallèlement les accès à cette voie fluviale d’avenir. 44 AXES OPERATIONNELS Réalisation de la liaison Moselle-Saône Développement de plateformes multimodales Coordonner le développement aérien au sein de la Grande Région et avec le transport ferroviaire L’activité de l’aéroport de Metz Nancy Lorraine a été modifiée de façon structurelle depuis la mise en service du TGV Est Européen en juin 2007. Le déploiement du fret est aujourd’hui un des leviers crédibles de développement de l’aéroport, en complément de l’offre de nouvelles destinations régulières et saisonnières. L’aéroport bénéficie dans ce domaine de nombreux atouts : la proximité de la ligne TGV, condition indispensable à l’inscription de MNL dans le cadre du projet CAREX, la qualité des infrastructures, l’ouverture permanente de l’aéroport, le potentiel et la qualité de la main d’œuvre, la zone de chalandise de la Grande Région… 45 Le développement de l’aéroport pourrait être renforcé en complément par une meilleure coordination avec les aéroports voisins de la Grande Région, notamment les plus proches : Luxembourg-Findel, Sarrebruck-Ensheim, Zweibrucken, Francfort-Hahn. Cette concertation pourrait se traduire dans un schéma du transport aérien de la Grande Région qui s’appuierait sur des priorités régionales, inter régionales et grand régionales intégrant toutes les dimensions voyageurs, fret, services et cabotage. Les capacités de rebond de l’activité de MNL sont en effet également à rechercher dans les partenariats en particulier avec l’aéroport de Luxembourg Findel. AXES OPERATIONNELS Développement fret air-fer de MNL Développement concerté des aéroports de la Grande Région dans le cadre d’un schéma du transport aérien Réduire la congestion routière L’A31 s’inscrit à la fois comme élément de structuration régionale et de liaison entre les agglomérations du Sillon Lorrain, tout en constituant le principal accès routier européen à la Lorraine. La saturation du trafic provoque ralentissements et blocages sur la principale artère routière lorraine, autant de facteurs de risques, d’accidents et de pollution. Augmentation du nombre de voies, contournements, aménagements de sécurité mais également solutions alternatives (rail, eau…) deviennent indispensables pour maintenir une bonne irrigation interne et externe de la Lorraine. Le Gouvernement a du reste reconnu la problématique de congestion de l’axe routier principal qu’est l’A31 et a envisagé plusieurs solutions d’amélioration à travers le SNIT (Schéma National des Infrastructures de Transport). L’aménagement de l’axe européen Nord-Sud à 3 voies autoroutières avec voie dédiée aux Poids-lourds et aux transports en commun semble donc indispensable. AXES OPERATIONNELS Passage à 2x3 voies des sections à 2x2 voies de l’A 31 et contournement de Nancy et Thionville Aménagement autoroutier A 30-A 28 (liaison Lorraine – Belgique, barreau d’Arlon) 46 47 ANTICIPER 3- Une région s’appuyant sur l’innovation pour créer les conditions du redéveloppement économique La région est riche de ses traditions industrielles comme de son potentiel de recherche. Conjuguer les deux, c’est préparer l’économie de demain en l’ancrant dans les forces de l’histoire économique lorraine. C’est prendre conscience que nous passons d’un ancien système, fondé sur les grandes entreprises et la mono industrie, à un système nouveau mettant en valeur les technologies émergentes et l’innovation. Telle est la Lorraine que vous dessinez : une région qui se veut en avance sur son temps, qui sait anticiper. Crédit photo : Pascal Bodez 48 49 Notre Région est frappée directement par les grandes transformations économiques qui ne cessent de bouleverser nos références antérieures depuis près de 30 ans. La conséquence est connue : la perte massive des emplois industriels, une reconversion mitigée construite sur l’achat de la paix sociale plutôt que sur l’innovation et le développement des nouvelles ressources et technologies industrielles. Le retard cumulé en matière de qualifications professionnelles et dans l’enseignement supérieur réduit les potentialités de développement scientifique, technique et culturel de la Lorraine. Ce constat chaque fois inscrit dans l’analyse de la situation économique, sociale et environnementale présentée par le CESE de Lorraine montre une fragilité structurelle comparée aux indices d’autres régions et à l’échelle de la nation. Mais malgré ces problèmes la région fait face en diversifiant son économie et en consacrant une part encore importante à l’activité industrielle qu’elle maîtrise avec une main d’œuvre compétente. Les acteurs économiques s’adaptent aux nouvelles situations, des entreprises se créent, des services se développent et les salariés n’hésitent pas à faire des kilomètres pour travailler au Luxembourg et en Allemagne en occupant toutes les fonctions qui couvrent les différents secteurs d’une économie productive et résidentielle. Aujourd’hui, pour aller plus loin, il faut une activité économique tournée vers l’avenir, fondée sur le développement durable, avec des laboratoires permettant la recherche et l’innovation. Dans cette évolution, la Lorraine a déjà su saisir sa chance et faire la démonstration de la qualité de son réseau de recherche et d’enseignement supérieur ainsi que l’excellence de certaines de ses filières industrielles : IRT M2P, Laboratoire d’Excellence (LABEX) RESSOURCES 21, construction d’une unité de production de panneaux isolants en laine de bois à Golbey … C’est en utilisant cette dynamique que l’on pourra répondre à la première préoccupation des Lorraines et des Lorrains : la création d’emplois. Et même si aujourd’hui encore, c’est l’emploi industriel qui souffre le plus dans un contexte de mondialisation, de crise financière et de déstabilisation des marchés, le développement de l’innovation et de la recherche permettra de profiter d’une tendance mondiale incontestable : l’évolution des prix de l’énergie des comportements des consommateurs comme des effets de la législation sur le prix du travail dans les pays comme la Chine ou l’Inde devraient conduire à des relocalisations d’activités. La région dispose d’un atout clef : elle est présente sur de nombreuses filières qui peuvent devenir des filières d‘avenir. Pour mettre en valeur cet atout, il faudra faire des choix et soutenir les filières permettant d’anticiper les mutations économiques, d’être plus forts dans la compétition mondiale, et d’optimiser les effets sur l’économie régionale comme grand régionale. Il faudra s’appuyer sur les atouts lorrains dans les domaines scientifiques et de la recherche. Ces atouts permettent de préparer l’économie du futur, correspondant à de nouveaux produits, de nouveaux concepts, de nouveaux besoins. Les emplois d’hier peuvent et doivent créer les emplois de demain. Donner la priorité à un nombre limité de filières et secteurs d’activités Le Conseil Régional a identifié 12 filières sur lesquelles il a décidé de porter son effort pour renforcer la compétitivité des activités historiques de la région, anticiper les mutations économiques et construire l’unité régionale indispensable pour permettre à la Lorraine de se redresser dans l’économie du XXI ème siècle. Forêt, bois ameublement. Aéronautique. Automobile. Chimie. Agriculture et agroalimentaire. Matériaux et mécanique. Energie, éco construction, éco rénovation. 50 Santé et bio technologies. Tourisme et attractivité. Arts, luxe et créations. Economie solidaire. Filières émergentes. Une filière se veut comme étant la présence sur un territoire de l’ensemble des phases de l’extraction de la matière première au produit fini. Dans ce sens, peu de filières sont présentes en Lorraine. La définition retenue par la Région est plus large : un ensemble d’entreprises dont la part la plus significative de leur activité participe à la fabrication d’un type de produit. De nombreuses entreprises lorraines sont des sous-traitants travaillant tout à la fois pour l’automobile, l’aéronautique, l’éolien ou le nucléaire. L’approche de la Région privilégie les liens entre donneurs d’ordre et sous-traitants, pour avoir des locomotives entrainant les PME de la filière, développer à partir de ces besoins identifiés des plans d’actions qui leur permettront de saisir les opportunités de développement face aux mutations : diversification de marchés, changements technologiques, innovation, formation, encouragement à l’export… Elle vise pour cela à alimenter une base de connaissance partagée : En centralisant et analysant les informations de l’activité économique des territoires. En assurant une veille et une prospective. En détectant les opportunités et les risques d’impacts des mutations sur les territoires. En détectant les projets structurants. Elle permettra d’organiser l’animation des filières : Implication des industriels, pour construire avec les donneurs d’ordres (têtes de filières) les conditions d’une logique de fonctionnement « gagnant-gagnant ». Positionnement des donneurs d’ordres comme « moteurs » de l’accompagnement : mise en place de projets collaboratifs avec les équipementiers, meilleure compétitivité des rangs 2. Création d’une dynamique collaborative sur les thématiques à enjeux. Elle reposera sur une mobilisation conjointe des outils d’intervention publique : Implication des acteurs : donneurs d’ordre, branches professionnelles, acteurs territoriaux, Etat, outils financiers. Mobilisation des dispositifs d’intervention de la Région de manière coordonnée et partagée sur les projets : traitement des dossiers individuels structurants pour le territoire ou la filière, traitement de thèmes transversaux collectifs. Elle se traduira dans une stratégie propre à chaque filière. Cette stratégie permettra d’identifier les technologies émergentes clefs, d’anticiper l’évolution des comportements sociaux et des modes de consommation, de comprendre les besoins nouveaux qui peuvent apparaître dans le futur… Sa mise en œuvre mobilisera l’ensemble des moyens permettant d’adapter l’activité des industries de la filière : coordination des acteurs et des dispositifs, mise en place d’outils de pilotage, mise en commun des informations, transfert de technologies émergentes, intégration dans un réseau et projet coopératif de recherche développement, soutien économique à l‘émergence de projets d’entreprise, formation… Elle s’appuiera notamment sur des liens resserrés avec l’université : développement des masters d’entreprises et de formations en alternance, renforcement de la visibilité des moyens universitaires. Elle sera évaluée par des Indicateurs précis. Création d’emplois dans l’industrie. Développement du chiffre d’affaires des entreprises. Nombre de projets collaboratifs (innovants, développement,…). transfert de technologie, 51 Augmentation du volume des projets structurants (innovants, transfert de technologie, développement,…). Evolution de la place régionale dans la filière nationale. Elle permettra de développer dans chaque filière toutes les dimensions du développement durable. Cela supposera notamment : D’intégrer à tous les niveaux la maitrise de la consommation et des énergies. D’intégrer la dimension humaine en favorisant la formation professionnelle préparant aux métiers de demain Et en rassemblant l’ensemble des acteurs de la formation professionnelle pour organiser la refonte des filières et des contenus. D’utiliser le travail des labos scientifiques de grande qualité en Lorraine pour une pollinisation réciproque science / société. De soutenir la recherche d’intérêt public pour mesurer l’impact des nouvelles technologies sur la santé (nucléaire, OGM, nanotechnologies…). De privilégier le travail en réseaux plutôt qu’en structures. De s’appuyer sur le réseau d’entreprises intermédiaires, l’innovation et la proximité pour revoir le maillage industriel lorrain. De développer l’Economie Sociale et Solidaire dans toutes les filières (ESS). De soutenir une agriculture de qualité qui privilégie la production en réponse aux besoins locaux, saine pour l’environnement et le consommateur, tournée vers le lien social (emploi et rapprochement des producteurs et des consommateurs), solidaire avec l’Europe et le reste du monde. Les Lorrains occupant un emploi industriel en Lorraine par secteur d’activités 52 Aéronautique La filière lorraine peut être présentée en 3 grands métiers : la mécanique de précision, les matériaux (dont le composite) et l’électronique. La nature des entreprises se répartit elle-même en trois groupes : Les maitres d’œuvres : concepteur et assembleur d’appareils ; 4 en Lorraine Sous-traitants groupe 1 : activité aéronautique confirmée ; 24 établissements en Lorraine Sous-traitants groupe 2 : activité aéronautique secondaire, les entrants ou les « apprenants ». 12 établissements Les secteurs d’activité sont particulièrement divers Constructeurs : 3 (Geci Aviation/Sky Aircraft, Humbert, Loravia) Matériaux : 13 Electronique : 10 Mécanique : 18 Autres (services, maintenance, etc.) 12 NC : 6 La taille des entreprises est tout aussi diverse 3 ETI 12 groupes 29 PME 18 TPE L’organisation bénéficie de nombreux outils de transfert technologique : 1 cluster : Aériades (27 entreprises membres) sous forme de société CRT (centres de ressources technologiques) : Institut de soudure ; PPE ; CIRTES (prototypage rapide à St Dié) P2ICM (UHP- labo universitaire)- Supelec – Ecole des Arts & Métiers – Ecole des Mines Nancy – INRIA Pôle de compétitivité Matéralia Trois orientations sont en cœur de la politique de filière Axe 1 Afficher l’ambition aéronautique de la Lorraine et renforcer l’attractivité Valoriser l’image et l’attractivité de la Lorraine pour faire bénéficier aux industriels d’une meilleure visibilité. Attirer des projets industriels sur la région, en mettant en œuvre une action spécifique de promotion exogène. Favoriser les vocations, orienter les Lorrains vers les métiers de l’industrie aéronautique et attirer des compétences sur les territoires Axe 2 Favoriser l’implantation de maîtres d’œuvre Développer un tissu de maitres d’œuvres sur la Lorraine, afin de gagner en visibilité et de valoriser une filière complète. Les maitres d’œuvres sont des entreprises déjà implantées (4 identifiés) et des industriels en recherche de nouveaux sites de production Axe 3 Aider les sous-traitants à proposer une offre globalisée incorporant du développement La Lorraine compte une cinquantaine d’entreprises industrielles ayant une spécialisation dans l’aéronautique. Ce tissu représente un potentiel de relais de croissance pour l’industrie Lorraine. Il convient de le conforter et de le développer 53 Automobile La filière automobile est particulièrement importante en Lorraine Plus de 25 000 salariés en emplois directs avec un important tissu de sous-traitants. Un des premiers employeurs de Lorraine 23 % des emplois industriels régionaux 4,9 % de la population active occupée. La Moselle représente 62 % des emplois de la filière en Lorraine, la Meurthe et Moselle compte 22 %, les Vosges 13 % et la Meuse 3 % Elle vit depuis plusieurs années une mutation économique importante : Conjoncturelle, avec une sortie de crise qui n’a pas encore rétabli le volume d’affaires au niveau de 2007, et la fin de la prime à la casse Structurelle, baisse durable des commandes à terme pour l’ensemble des constructeurs européens autour de 14 million de véhicules /an (la consommation se fait dans les pays émergents) Technologique, évolutions importantes en particulier sur les matériaux qui impactent les sous-traitants Environnementale, réduction des rejets de CO2 (1/2) et évolution des réglementations Les enjeux et Objectifs régionaux ont été précisés Axe 1 Se positionner sur un nouvel axe d’actions, permettant de mobiliser, de piloter et de coordonner l’ensemble des services et des moyens de la région au service de la filière Axe 2 Aider les PME Lorraine (sous-traitants, rang 2, rang 3,…) à avoir une vision des mutations et les aider à les anticiper, en étant plus compétitives, en se regroupant Axe 3 Aider ces entreprises à s’adapter aux nouveaux métiers de l’automobile et à se diversifier vers d’autres métiers ou filières 54 Chimie La filière chimie correspond à une activité historique de notre région Avant 1914 : chimie minérale (liée au sel) 1945 : développement de la carbochimie, notamment à Carling 1960 : évolution vers la pétrochimie Les activités restent particulièrement importantes 6000 emplois (4% des emplois industriels de la région) 88 établissements Des emplois indirects estimés à 20 000 De très gros employeurs : TPF, Arkema, INEOS, Solvay et la compagnie des salins du midi et des salines de l’Est. Concentrés en Moselle Est et sur le bassin de Nancy/Lunéville. Tous sont présents dans la chimie de base 31 implantations sont des investissements de groupes étrangers qui représentent près de 2900 emplois La chimie de base (organique et minérale) correspond à 50% des effectifs. La R&D est marquée par la faiblesse de la recherche privée 150 ingénieurs et chercheurs en Lorraine Recherche privée très faible (1% des effectifs nationaux, 0,8% des dépenses), 16ème rang national Recherche publique dynamique (ENSIC), mais faible transfert de technologie en Lorraine Existence du projet européen « impulse », sur l’intensification des procédés : l’ENSIC est coordonnateur (suite en cours au niveau européen sur des applications industrielles) De nombreux projets de R&D : chimie thérapeutique, ECOLICEL, IEED, ECOREVIA… Cinq enjeux prioritaires doivent être traités Axe 1 La consolidation/mutation des activités existantes notamment en Moselle est Axe 2 La chimie du développement durable et assimilés, facteur de la compétitivité de la filière Axe 3 La diversification vers l’aval, développement de la chaine de valeur globale Axe 4 Le génie des procédés, lien ENSIC-entreprises Axe 5 Les liens avec l’appareil de formation et d’innovation et le développement d’activités à plus forte valeur ajoutée 55 Matériaux et mécanique La filière englobe de nombreux secteurs d’activités Métallurgie/Travail des métaux dont la Sidérurgie Plasturgie/Caoutchouc/Composites Matériaux minéraux non métalliques (verres, céramiques…) Textiles et Fibres Mécaniques, machines et équipements (y compris l’électronique, l’automatisme, l’optique) Elle est marquée par une évolution profonde Filière/secteurs stratégiques pour la Lorraine Un tissu industriel en nette perte d’emplois Des formations de très bons niveaux (mais un manque en personnels de niveaux Bac pro à BTS dans le secteur de la mécanique & plasturgie) Des capacités R&D et en innovation de très bons niveaux Une filière à structurer, Une visibilité à améliorer. Les travaux de la filière ont identifié cinq axes de travail Axe 1 : Développer les partenariats Accroître les partenariats PME et donneurs d’ordre Intégration avale de la recherche académique : Partenariats PME/recherche académique sur des thématiques de recherche ciblées (alliage, multi-matériaux, composites…) Renforcement des articulations entre acteurs de métiers complémentaires ou intervenant à différents stades de la chaîne de valorisation. Axe 2 : Renforcer la compétitivité des entreprises Accompagner les développements endogène et exogène des PME Diversification sur une offre de valeur à plus forte valeur ajoutée Accompagner l’investissement matériel et immatériel dans les PME Axe 3 : Faire aboutir les projets structurants garantissant le devenir de la filière Participer à l’industrialisation des projets structurants/d’avenir Favoriser le rapprochement de PME Soutenir la maturation des résultats de la recherche publique (processus d’incubation) Axe 4 : Créer des formations sur les technologies en devenir dont les technologies « vertes » Accompagner la mutation et le développement des PME par la mise en place de formations appropriées aux technologies et besoins nouveaux (alliages, procédés propres, recyclages…) Améliorer l’attractivité de la Lorraine pour contrebalancer la faiblesse de la démographie Axe 5 : Améliorer la gouvernance de la filière Structurer/articuler les différents outils/acteurs (UdL avec IJL et LEM3 par ex – ICEEL – CRT matériaux - pôles de compétitivité) avec les outils du Grand Emprunt et les outils en structuration (IRT, SATT, Plateformes…) Articuler l’innovation et la recherche, en se dotant d’un baromètre/tableau de bord décliné par filière 56 Energie, éco construction La filière se décompose en 2 sous-filières : L’énergie avec les activités relatives à la production, distribution, stockage, gestion, maintenance et démantèlement des énergies qu’elles soient d’origine fossiles ou renouvelables (sont également concernées les activités de conception, fabrication, maintenance et démantèlement liées à l’énergie) L’éco construction avec les activités relatives à la production, distribution des matériaux et à la conception, construction, gestion et déconstruction des bâtiments (sont également concernées les activités de fabrication, distribution de matériaux de construction) Elle concerne plus de 70 000 emplois : Energie : environ 150 entreprises (production, transport, stockage, distribution, conception, fabrication, maintenance, démantèlement) ; 7 000 salariés sur la production d’énergie électrique Eco construction : environ 64 000 salariés sur la production, distribution des matériaux et sur les métiers du bâtiment (dont 33 790 salariés et 11 378 entreprises dans le gros œuvre et le second œuvre du bâtiment) Elle est caractérisée par 3 enjeux majeurs Economique : diminuer la dépendance aux énergies fossiles. Positionner les entreprises lorraines sur les marchés potentiels des énergies renouvelables et de l’éco construction, correspondant à des emplois non délocalisables Social : faire monter en compétence les entreprises sur les marchés de l’énergie et de l’éco construction (GPEC à mettre en place). Redonner du pouvoir d’achat aux Lorrains et lutter contre la précarité énergétique Climatique : développer les Energies Renouvelables (EnR) conformément aux objectifs du Grenelle et maîtriser les consommations énergétiques des bâtiments pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre Les travaux de la filière ont identifié 4 axes de travail : Axe 1 : Promouvoir, mieux faire connaitre et mieux faire savoir sur la filière Axe 2 : Développer et adapter l’offre de formations existantes liées à l’énergie et a l’éco construction Axe 3 : Inciter et accompagner des opérations exemplaires Axe 4 : Innover, développer de nouveaux matériaux et techniques pour les transférer aux entreprises 57 Santé et bio technologies La Lorraine est la 4ème région française en termes d’activité de production de dispositifs. 80 % des entreprises lorraines du secteur biomédical sont des PME et TPE. Entreprises par secteurs d’activité : biotechnologies (10 %), parapharmacie (28 %), nutrition-santé (2 %), déchets (2 %), handicap dépendance et soin à domicile (21 %), imagerie médicale (2 %), industrie pharmaceutique (4 %), informatique et TIC (5 %), matériels et articles médico-chirurgicaux (13 %), fournitures et mobilier médicochirurgicaux (2%), sous-traitance (11 %). Deux domaines particulièrement représentés : fabrication de matériel orthopédique, fabrication de matériel médico-chirurgical. PME/PMI lorraines positionnées sur marché de niche et sous-traitance, répondant à des besoins spécifiques et réalisant des produits sur-mesure. De nombreuses PME ont investi dans la R&D grâce à la dynamique impulsée par les financements ANR (Agence Nationale de la Recherche). Besoins exprimés d’acquérir plus de compétences en termes de connaissance de la réglementation et de vision stratégique par rapport au marché. Trois axes d’intervention ont été identifiés : Axe 1 Favoriser filière la création, le développement et la montée en puissance des PME et start-up de la Développement des outils de financement adaptés aux spécificités de la filière S&B Accès facilité aux programmes de R&D de plus grande envergure (FUI, PCRD…) Encouragement à la mutualisation (outils de production, équipements spécifiques, services communs) en faveur du développement et de l’internationalisation Diversification des activités vers le secteur santé Emergence de l’innovation à l’interface des différentes compétences régionales Développement de l’ensemble des compétences de l’entreprise au sein des start-up Développement de la R&D dans les PME peu innovantes Rapprochement des entreprises de la recherche académique Développement des projets collaboratifs Créer des liens avec la SATT Professionnalisation, renforcement et valorisation de la recherche Axe 2 Accompagner l’émergence, l’organisation et la structuration de la filière S&B Adhésion des acteurs économiques Appropriation de la démarche par les acteurs économiques Valorisation des actions et renforcement de la visibilité de la filière Développement des axes santé des pôles de compétitivité Adaptation des formations à l’évolution des besoins de la filière Renforcement de la coordination des politiques publiques de soutien à la filière Axe 3 Accompagner l’évolution des services à la personne au regard des besoins nouveaux du XXIe siècle Mise en réseau des acteurs et entreprises de la filière autour de projets structurants sur les 4 thèmes prioritaires identifiés : vieillissement, télésanté, évolution métiers, mobilité des compétences Analyse et prospective pour anticiper les besoins de demain Identification des aspects susceptibles de devenir des vecteurs de développement économique Recherche de mutualisation entre tous les niveaux de collectivités pour appréhender les questions de façon globale Adaptation de l’offre de formation aux besoins de demain Construction d’une vision Grande Région 58 Tourisme et attractivité Le tourisme contribue au rayonnement international de notre région, constitue un levier de développement économique, un facteur d’intégration sociale, et un outil d’aménagement du territoire. Il concerne le sport, la culture, les transports, les loisirs, la construction et l’agroalimentaire. Le tourisme est par définition une filière transversale qui touche de nombreux secteurs. Pour renforcer son développement touristique, notre région bénéficie d’atouts incontestables : le massif vosgien bien sûr, mais aussi le tourisme de mémoire, le tourisme culturel, le tourisme urbain et rural, le thermalisme, la beauté de la nature et des paysages, le bien vivre et la chaleur de l’accueil qui nous caractérisent, ou encore le caractère unique de notre position géographique, ou encore l’attractivité de nos grands équipements. La politique proposée vise à atteindre des objectifs clairs, en prenant en compte toutes les dimensions d’une politique filière : passer de 4 500 000 à 4 790 000 nuitées en 2017, de 23 900 à 25 400 emplois. Cinq axes stratégiques permettront d’atteindre ces objectifs. Axe 1 Organiser le développement touristique autour de 13 filières thématiques et des principales « destinations phares » Axe 2 Mobiliser les principaux leviers du développement Réunir tous les acteurs autour d’une même politique de promotion E-transformer les politiques touristiques Favoriser l’évolution des Offices du Tourisme Renforcer la professionnalisation des acteurs publics et privés Développer une ingénierie de projet Faire évoluer les hébergements Intégrer une offre de transport durable aux politiques touristiques Animer une démarche qualité recentrée et dynamique Mettre en œuvre une nouvelle étape de l’observation touristique Axe 3 Développer un tourisme social et solidaire Permettre à tous de partir en vacances : Ouvrir le tourisme lorrain à tous ceux qui le souhaitent Consolider l’offre d’hébergements ouverts à toutes les clientèles Donner sa vraie place au tourisme social et solidaire dans les actions de formation Axe 4 Ancrer le développement touristique dans celui de la Grande Région et du Grand Est Conforter et développer la collaboration entre les opérateurs touristiques de la Grande Région et du Grand Est Inciter les prestataires lorrains à s’inscrire dans des dynamiques transfrontalières Intensifier la promotion touristique de la Grande Région Axe 5 Baser le développement sur des partenariats renforcés Poursuivre et renforcer la coopération entre acteurs institutionnels lorrains du tourisme Soutenir dans le cadre de contrats territoriaux le développement touristique des destinations phares Mettre en place une Conférence permanente du tourisme 59 Art, luxe et création La filière Art, Luxe et Création est particulièrement importante pour la Lorraine. Elle constitue tout à la fois une source d’emplois, un facteur de rayonnement, un atout touristique… Elle est forte d’un éventail complet de métiers et de fleurons ayant une renommée internationale. Et les métiers d’art représentent 46 entreprises et 1200 artisans d’art dans la région. Six axes marquent les orientations régionales. Axe 1 Culture La culture doit être valorisée dans la création et l’innovation avec Art, luxe et Création au travers des campus, des entreprises, des designers, des artisans d’art, du développement, de l’innovation sociale dans les entreprises de l’économie sociale et solidaire… Axe 2 Créativité Il faut investir dans la créativité en faisant appel aux designers dans nos écoles d’art (ARTEM avec l’école des beaux-arts de Nancy…) et en mettant en place la possibilité de croiser design et produits nouveaux d’avant-garde (y compris industriels comme au CIRTES par exemple) avec les formations en Lorraine. Aujourd’hui il y a peu d’initiatives en ce sens mais la structuration de la filière Art, Luxe et Création pourrait permettre la mise en place d’une structure (un centre de créativité) jouant ce rôle (sur le modèle des Régions Aquitaine ou Poitou-Charentes par exemple) ce qui susciterait le renouvellement de produits y compris en entreprises (prototypage, lien entre création et monde économique…). Ce centre de créativité est à l’étude au sein de la filière Art, Luxe et Création. il est essentiel de faciliter les liens entre Art, Création, Recherche, Universités, Prototypage, Industrie… Axe 3 Mise en réseau Il s’agit de favoriser les effets leviers, source de développement économique, entre lieux, événements culturels, touristiques et entreprises Axe 4 Commercialisation Il s’agit de favoriser le développement des chiffres d’affaires par des actions de commercialisation Axe 5 Formation Il s’agit d’optimiser le dispositif de formation, pour améliorer son attractivité, qu’il réponde mieux aux besoins des entreprises, qu’il offre des débouchés et qu’il conserve son statut d’excellence Axe 6 Reconnaissance Il s’agit d’améliorer la reconnaissance de la filière au profit de son développement économique 60 Les filières Forêt, bois ameublement, Agriculture et agroalimentaire, Economie solidaire, Filières émergentes, sont traitées dans les pages qui suivent. AXES OPERATIONNELS Identification des filières prioritaires Développement de chaque filière - Renforcement des liens donneurs d’ordre / sous-traitants Anticipation des mutations Transferts technologiques Mise en place de projets coopératifs de R&D Evolution des formations pour les adapter aux innovations et mutations Soutien à la diversification des entreprises Mise en place d’indicateurs Développement dans chaque filière de toutes les dimensions du développement durable Soutenir l’innovation et la recherche privée Pour devenir une région où s’invente le futur, nous devons construire, autour des atouts lorrains, une stratégie territoriale pour la recherche et l’innovation, capable d’affirmer encore plus la vocation technologique et de recherche de la Lorraine. C’est le complément indispensable de la politique de filière, celui qui permet d’exploiter les mines nouvelles dont dispose la région, celles de la matière grise. Elle peut s’appuyer sur de nombreux CRITT, sur l’institut Jean Lamour, sur le Campus Artem, sur l’institut Carnot… Part des emplois dédiés à la fonction conception-recherche dans l’emploi total Source : CESEL Nous mettrons pour cela tout spécialement l’accent sur le point faible de la région, la recherche privée, et préciserons le rôle de la Région : coordination des acteurs, mise en place d’outils de pilotage, intégration des entreprises dans un réseau. Le rôle de la Région est de faciliter l’accès des entreprises aux ressources de recherche, de technologie et d’innovation dont elles ont besoin. En partant de l’amont, les laboratoires et les centres techniques, pour mieux les faire connaître aux entreprises. En partant de l’aval, les entreprises pour que les centres de recherche et d’innovation puisse répondre à leurs attentes. 61 Nous continuerons à favoriser le recours aux conventions CIFRE et au Crédit Impôt Recherche, notamment pour les PME PMI. Mais il nous faudra compléter les effets de ce dernier par le soutien à la mise en réseau entre les entreprises, l’apport de technologies émergentes, le financement des recherches croisées public-entreprises. Nous concentrerons l’intervention publique dans la création de clusters. La création de clusters permettra en effet de regrouper autour d’un thème donné les compétences scientifiques, de recherche et de développement de la Lorraine, et pour les clusters transfrontaliers, de l’ensemble de la Grande Région. Elle sera le support du financement de recherches croisées public-entreprises, de la création d’équipes de recherche mixtes et de projets collaboratifs de R&D. Elle associera l’IRT, les PRST, les pôles de compétitivité, les CRITT… Nous renforcerons parallèlement l’action de la Région au sein des pôles de compétitivité, en nous attachant à y mobiliser d’avantage les grandes entreprises, pour obtenir plus de personnels détachés par les grands groupes, et à y attirer plus de PME et PMI. AXES OPERATIONNELS Renforcement du soutien financier de la recherche privée Développement des clusters - Financement des recherches croisées public-entreprises Mise en commun des informations et transfert de technologies émergentes, Association des IRT, PRST, Pôles de compétitivité Implication compétitivité plus forte de la Région dans les pôles de Développer l’économie tertiaire et augmenter le nombre d’emplois supérieurs Les fonctions tertiaires, en apportant de la valeur ajoutée aux produits, permettront à l’industrie lorraine de redevenir compétitive. Le développement de l’économie tertiaire est indissociable de l’économie industrielle. Une part importante de l’économie du futur se situe dans ce domaine, et la Lorraine ne manque pas d’atouts. Les services marchands représentent une part de plus en plus importante de l’économie : hébergement et restauration, information et communication (édition, télécommunications, informatique…), activités immobilières, financières, arts, spectacles et activités créatives… Les services sont fortement créateurs d’emplois et de chiffre d’affaire. Ainsi en 2010, le secteur des services a totalisé 65% des créations d’entreprises, la filière de la santé étant celle qui connaît la plus forte progression. Mais de 2000 à 2008, la montée en puissance des services en Lorraine est restée bien inférieure à celle observée en France. La région a pourtant su développer des compétences tertiaires en économie touristique, banque, finance, assurance, santé et sciences du vivant, économie numérique, secteurs supports en immobilier et construction. Les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) sont bien représentés et disposent d’atouts comme l’INRIA ou LURIA. Le développement de la logistique bénéficie de la situation géographique de la Lorraine. Le tourisme représente autant d’emploi que la filière automobile. 62 Emploi des cadres des fonctions métropolitaines en Lorraine en 2008 Source : CESEL Il faut à présent faire porter les efforts sur une politique volontariste de diffusion à l’échelle régionale et atteindre une taille critique, facteur de rentabilité et de reconnaissance extérieure, en favorisant l’émergence ou la consolidation de pôle lorrains dans la santé, les technologies de l’information et de la communication, l’image, la logistique… Il faudra sans doute aussi mener une politique spécifique de prospection pour implanter dans la région des sièges sociaux de grandes entreprises encore trop peu nombreux. AXES OPERATIONNELS Soutien à l’émergence de pôles régionaux dans le tertiaire marchand - Santé TIC Image Logistique Banque, finances, assurances, ingénierie Marketing Prospection de sièges sociaux 63 ENTREPRENDRE 4- Une région bénéficiant du dynamisme des PME, PMI et ETI Pourquoi attendre des autres ce que vous êtes capables de faire ? La première source de développement économique de la région repose sur ceux et celles qui ont le goût, la force et la possibilité d’entreprendre. Toutes vos propositions insistent sur le rôle central d’un accompagnement global et transversal des PME et PMI, pour renforcer les capacités d’entreprendre des Lorraines et des Lorrains Crédit photo : Pascal Bodez 64 65 Les grandes entreprises jouent un rôle essentiel dans l’économie lorraine. Mais leur développement est souvent lié à des décisions prises loin de la région. Ce n’est pas le cas des entreprises plus petites, et le potentiel de développement de ces dernières est encore plus important que celui des multinationales. Dès aujourd’hui, l’exemple de notre voisin allemand montre que des PMI peuvent rivaliser avec des productions industrielles lointaines. Dès aujourd’hui, les créations d’emplois en Lorraine par les PME, PMI, ETI ainsi que par l’artisanat constituent la majeure partie des créations d’emplois de la région. Nous disposons de plus d’un atout méconnu : la Lorraine forme le quart des ingénieurs nationaux, Les accompagner dans la création d’entreprises, c’est valoriser leurs capacités d’entreprendre. Mais nous souffrons aussi de handicaps : la Lorraine souffre comme le reste de la France, d’un tissu de TPE et de PME insuffisamment consolidées au niveau financier, insuffisamment exportatrices et pas assez regroupées. Source : INSEE Redéfinir les modalités d’intervention de la Région L’ensemble des réunions de travail de Lorraine 2020 vous a conduits à redéfinir le rôle de la Région. Vous estimez que le niveau régional est celui qui correspond à l’efficacité maximum de l’action publique, Vous attendez d’elle qu’elle joue un rôle d’animateur des réseaux de développement économique, sans se substituer systématiquement aux nombreux acteurs existants, mais en gardant un lien direct avec les entreprises. Ce rôle s’exercera dans le cadre du partenariat avec les organismes consulaires et intégrera les Départements. Nous proposons ainsi de consacrer l’action publique sur six thématiques de travail. L’anticipation et l’accompagnement des mutations industrielles. Le soutien à la création et à l’esprit d’entreprendre. La transmission. Le soutien de la croissance par l’accompagnement, l’innovation, la mise en réseau et le renforcement des liens avec les grandes entreprises. Le financement et le renforcement des hauts de bilan. L’export. 66 L’animation se fera par filières, mais aussi par territoires. Cette dernière donnera la priorité à la modification des pratiques plus qu’au changement des organisations. Il nous faut d’abord apprendre à travailler ensemble, en utilisant des outils comme extranet. L’animation des réseaux de conseil aux entreprises se fera enfin en veillant à éviter la superposition des interventions comme l’absence de dispositifs. AXES OPERATIONNELS Coordination régionale des réseaux d’animation par filière Coordination territoriale des réseaux d’animation Anticiper et accompagner les mutations industrielles Beaucoup de PME et PMI de la région sont dépendantes des commandes de grands groupes industriels. Et quand ces derniers se délocalisent ou cessent leurs activités, les conséquences vont bien au-delà des emplois qui disparaissent de manière dramatique. Ce sont aussi des centaines d’entreprises qui sont menacées. Pour anticiper les mutations à venir, les acteurs sociaux, le CESEL, la Région et l’Etat ont, dès 2009, uni leurs efforts et leurs compétences pour tenter de mieux comprendre les mutations, en connaître les effets et mieux les anticiper. Ils ont décidé de créer le CLAME (Comité de Liaison pour l’Anticipation des Mutations Economiques), regroupant l’Etat, la Région, le CESEL, les partenaires sociaux, en charge d’élaborer des propositions concrètes : En engageant une démarche d’évaluation et d’amélioration des dispositifs régionaux pour une meilleure lisibilité et efficacité : analyse préventive de l’ensemble des réseaux de sous-traitance… En développant l’approche filières dans ses différentes dimensions : économiques, sociales, innovation, et dans son rapport aux territoires : développement de liens donneurs d’ordre sous-traitants ne reposant pas que sur la recherche du prix le plus bas, mais sur de véritables partenariats… En expérimentant une gestion territoriale des emplois et des compétences. Les entreprises doivent en effet être accompagnées dans ces mutations : conseils dans leur réorganisation, soutien face aux banques, recherche de clients permettant de diversifier leurs activités et de mettre en valeur leurs savoir-faire. Cet accompagnement pourrait se traduire pour certaines filières par la création d’équipes dédiées, regroupant des personnels issus de l’ensemble des acteurs : collectivités, chambres consulaires, pôles de compétitivité, mais aussi donneurs d’ordre… AXES OPERATIONNELS Mise en œuvre des préconisations du CLAME - Evaluation des dispositifs Analyse préventive des réseaux de sous-traitance Création de nouveaux partenariats donneurs d’ordre / sous-traitants Territorialisation de la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) Mise en place de cellules dédiées à l’accompagnement des mutations industrielles 67 Soutenir la création et l’entreprenariat La Lorraine est en 18ème position des régions françaises pour le nombre d’entreprises créées par rapport au nombre d’habitants. Un résultat classique pour une région industrielle qui a longtemps privilégié le salariat à toute autre forme d’emplois. Ce n’est pas l’image que les Lorraines et les Lorrains se font de la Lorraine en 2020. Vous désirez une région qui stimule l’esprit d’entreprendre et qui accompagne les entrepreneurs dans la création et le développement de leur entreprise. Pour une raison simple : les emplois ainsi créés sont les moins sensibles à la mondialisation, les plus solides pour le développement des territoires. L’accès à l’entrepreneuriat pourra être soutenu par des actions conduites au cours des formations supérieures : contacts avec le monde économique, présentation de tuteurs d’entreprises… La détection et l’accompagnement des entreprises à potentiel notamment au cours des premières années de leur activité seront également décisifs. AXES OPERATIONNELS Développement du soutien à l’entreprenariat - Mise en place d’actions au sein des universités et des grandes écoles Accompagnement du créateur d’entreprise Détection des entreprises à potentiel Développement des compétences professionnelles Soutenir la transmission C’est un enjeu clef du développement du tissu des PME et PMI, compte tenu de l’âge moyen des chefs d’entreprise. L’expérience montre que les difficultés proviennent autant sinon plus de la réticence du cédant que du montage du plan de financement du rachat. L’effort doit être porté sur l’accompagnement personnel du cédant, principal frein à la transmission. AXES OPERATIONNELS Accompagnement personnalisé du cédant Soutenir la croissance par l’accompagnement, l’innovation, la mise en réseau et le renforcement des liens avec les grandes entreprises Vous mettez l’accent sur l’accompagnement des entreprises beaucoup plus que sur le versement de subventions, sur la mise en place d’un véritable coaching dans tous les domaines. Le soutien le plus efficace pour permettre aux entreprises de grandir reposera sur l’accompagnement de cadres ou d’anciens patrons expérimentés, couvrant l’ensemble de clefs du développement : ressources humaines, finances, marketing, production, clients… Parallèlement l’innovation apparait comme un des moteurs du développement et un domaine dans lequel les capacités lorraines sont insuffisamment exploitées. La clusterisation est le moyen le plus efficace pour contrer l’effet taille des TPE et des PME lorraines, leur donner accès aux ressources régionales en termes de recherche et de développement. Mais c’est aussi un moyen de renforcer les liens avec les grandes entreprises. 68 AXES OPERATIONNELS Développement des actions d’accompagnement personnalisé - Mobilisation de seniors expérimentés Mise en place de clusters pour soutenir l’innovation et le transfert de technologies - Incitation à la participation des PME aux clusters Renforcer les hauts et bas de bilan Les différentes crises économiques de ces dernières années ont montré l’insuffisance fréquente de fonds propres des TPE et PME lorraines, mettant ainsi en cause la pérennité de celles-ci. Le Conseil Régional de Lorraine s’est beaucoup investi dans la création et le renforcement d’outils de financement en haut de bilan, avec l’ILP et la SADEPAR. Les années à venir nous donne l’occasion d’aller plus loin. Il semble ainsi nécessaire de flécher plus de crédits publics sur ces outils et de travailler avec les grandes entreprises présentes en Lorraine pour qu’elles y participent. Elles rempliraient ainsi un rôle économique et de solidarité auprès de TPE et de PME souvent sous-traitantes de celles-ci. Dans ce cadre, il semble également nécessaire de revoir l’objet des conventions de revitalisation afin de les orienter vers des actions plus structurantes (comme l’abondement de fonds d’investissement) et surtout par la mutualisation des sommes allouées par les entreprises concernées. En ce qui concerne le bas de bilan, les entreprises sont confrontées également à des difficultés d’accès aux crédits. Malgré le succès de la médiation et le développement important du système de garantie mis en place par le Conseil Régional avec OSEO, il apparaît tout aussi nécessaire de donner encore plus d’ampleur à ce système de garantie, tant en termes d’entreprises concernées que de nature et de montant de prêts garantis. La redéfinition de l’action de la Région reposera ainsi sur la mise en place d’une plateforme d’ingénierie financière, plateforme de collaboration et d’échanges, permettant de conjuguer tous les moyens. Elle sera facilitée par une évolution des Aides à Finalité Régionale, donnant plus de latitude aux interventions de la Région, et s’inscrira pleinement dans les réformes prévues au plan national, notamment la création d’une Banque Publique d’Investissement et du Livret Epargne Industrie. AXES OPERATIONNELS Renforcement des fonds propres - Sensibilisation des chefs d’entreprise Renforcement des capacités d’accès aux crédits - Intermédiation avec les établissements bancaires Mobilisation d’OSEO Mobilisation de la future banque publique d’investissement Recours au micro crédit et aux crédits coopératifs 69 Soutenir l’export La Lorraine reste une région fortement exportatrice par rapport aux autres régions françaises, principalement grâce aux relations avec l’Allemagne. Mais cet atout se perd et il convient d’y remédier. A ce titre, la création d’une chambre de commerce et d’industrie allemande en Lorraine, en partenariat avec les chambres consulaires régionales marquerait la naissance d’un atout fort. Le renforcement de l’apprentissage de l’allemand, outre l’intérêt qu’il représente en termes d’employabilité, permettra aux entreprises lorraines de mieux prospecter. Typologie des PME lorraines exportatrices Source : CESEL Parallèlement, pourraient être développée des prospections auprès des pays à forte croissance : les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) mais aussi l’ensemble des pays à forte croissance notamment d’Asie et d’Amérique du Sud, en abondant les moyens financiers et humains autour des priorités définies cidessus. AXES OPERATIONNELS Renforcement de l’export Suppression des obstacles frontaliers en matière de soustraitance. Ne pas défavoriser les entreprises lorraines dans les marchés publics C’est la dernière proposition de Lorraine 2020 concernant les PME, PMI et ETI. L’introduction de critères purement financiers dans les appels d’offre des marchés publics conduit à privilégier les grandes entreprises nationales, au détriment des entreprises lorraines, alors que le code des marchés publics permet d’introduire des critères qualitatifs ou sociaux. AXES OPERATIONNELS Introduction dans les cahiers des charges des consultations de critères de valorisation de l’emploi lorrain en conformité avec le Code des Marchés Publics. 70 71 INNOVER 5- Une économie différente rendant les territoires plus robustes L’économie du futur ne se limitera pas aux seuls processus ou technologies. C’est aussi celle qui inventera une autre manière de produire, d’échanger, de consommer. Une économie moins dépendante des marchés donc plus robuste. Notre région est forte de ses traditions associatives et solidaires. Une force que vous revendiquez, celle que nous a donnée l’histoire pour bâtir une économie différente, plus indépendante des décisions prises dans les places boursières. Dans ce domaine aussi, nous allons innover Crédit photo : Pascal Bodez 72 73 L’économie de demain, c’est aussi l’économie qui inventera d’autres manières de produire, d’échanger, de consommer. En s’appuyant sur le dynamisme du secteur de l’économie sociale et solidaire, en ouvrant ses logiques aux acteurs de l’économie dite classique qui sont eux-aussi, bien souvent, à la recherche d’autres modèles plus respectueux des hommes et des territoires, la Lorraine peut relever ce défi d’un « savoir-produire » et d’un « savoir-consommer » différent. Soutenir les acteurs existants, accompagner les jeunes qui, nombreux, s’engagent dans ces logiques, créer des espaces coopératifs territoriaux permettant de mettre les acteurs et les ressources en lien : telles sont les pistes à développer. Les fédérations d’éducation populaire joueront un rôle essentiel, pour peu que l’on permette aux nouvelles générations de s’emparer de l’héritage de leurs ainés, en redynamisant le secteur par la formation, le tissage, le maillage. Le soutien à la vie associative permettra de retrouver le plaisir de créer ensemble, de dépasser le faire ensemble, de se redonner les moyens de penser ensemble. Développer l’économie ancrée dans les territoires L’économie présentielle présente une particularité : elle est liée au territoire. Et si les services de proximité ou le commerce ne peuvent exister sans économie productive, il n’en va, par exemple, pas de même de l’économie touristique ou culturelle, créatrice de richesses non délocalisables. Le développement de l’économie présentielle reposera d’abord sur le développement de l’économie touristique. Le nouveau Schéma de Développement Touristique organise le développement touristique pour que ce dernier concerne tous les territoires. Il propose pour cela une approche croisant des destinations phares, mise en avant dans le cadre de la promotion de la région, et treize thématiques. Parmi ces dernières plusieurs d’entre elles concernent l’ensemble des territoires de la région et sont une source de développement de l’emploi touristique. Le développement de l’économie présentielle mettra également en valeur le potentiel que représente l’artisanat lorrain. En centre bourg, c’est lui qui garantit le maintien d’une offre de base de produits et de services à la personne, permettant de limiter les déplacements de la population locale vers des lieux d’approvisionnement plus éloignés. En milieu rural diffus, c’est lui qui répond aux besoins vitaux des habitants du secteur, en assurant un minimum de services de proximité, en entretenant le lien social et en offrant encore des emplois « au pays ». Pour soutenir l’artisanat, nous soutiendrons le programme d’actions décidé par les Chambres des Métiers et de l’Artisanat, et notamment : Le renforcement de la création et de la transmission d’entreprises artisanales d’abord. Les artisans lorrains sont âgés (47 ans en moyenne), plus de 40 % d’entre eux ont dépassé la cinquantaine et 1 sur 6 est concerné dans des délais souvent très courts (moins de 2 ans) par un projet de départ en retraite et/ou de transmission d’entreprise. Le fonctionnement et le développement des entreprises existantes ensuite. Au cours de ces différentes situations, la mobilisation de toutes les ressources internes ou externes est souvent nécessaire pour tirer du mieux possible son épingle du jeu. Les chefs d’entreprise ont besoin d’informations, de conseils et peut-être même de soutiens plus personnalisés. Ils attendent des solutions de toutes natures, techniques ou technologiques, organisationnelles, financières, commerciales, humaines. La mise en place d’une GPEC de l’artisanat de Lorraine enfin : recueil, identification, classification, partage des données et diffusion aux partenaires en charge de l’emploi et de la formation en Lorraine. Le développement de l’économie présentielle reposera enfin sur la création d’activités nouvelles liées au vieillissement de la population comme sur la création de centres de décision économiques de proximité, et de pôles territoriaux de coopération économique. 74 AXES OPERATIONNELS Développement de l’artisanat Développement de l’économie touristique Organisation de circuits courts de production et de diffusion Création de centres de décision économiques de proximité Développement de l’économie nouvelle liée au vieillissement de la population Favoriser le développement des entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire L’économie sociale et solidaire constitue, par sa logique économique, un levier essentiel de l’économie présentielle. Elle représente 80 000 emplois en Lorraine. Elle n’est pas une filière mais une forme de développement présente dans toute la sphère économique. Elle est très fortement présente dans le secteur de l’économie présentielle par le biais des services à la personne, essentiellement portés par des associations. Mais l’Economie Sociale et Solidaire est trop souvent connue de seuls initiés. Pour remédier à cette situation, nous proposons de diffuser la culture de l’Economie Sociale et Solidaire. En imaginant des interactions entre ESS, les habitants, les entreprises, les jeunes, les étudiants, les retraités ... En conduisant des chantiers permettant de développer l'ESS en Lorraine. Il faudra parallèlement identifier les ressources de l’Economie Sociale et Solidaire les moins connues, que ce soit du côté des outils de financement alternatif (CIGALES, GUARRIGUE, NEF ...), que des ressources locales (éditeur spécialisé, chercheur, association intéressée...), des projets ... Mais il faudra aussi professionnaliser ce qui existe, notamment les associations. En Lorraine elles ne bénéficient pas de la plate-forme régionale de formation mise en place par la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire de Champagne-Ardenne. Enfin il est indispensable de créer une culture et des valeurs communes, en clarifiant quelques questions clefs : par exemple, est-ce qu'une association a une vocation commerciale ou pas ? Est-ce que les utilisateurs des services d'une association doivent être plus fortement incités à y participer d'une manière ou d'une autre ou est-ce qu'on accepte que certains soient seulement des "consommateurs de services" ? Est-ce qu'on accepte que les entreprises de l'ESS utilisent des contrats de travail précaires ? AXES OPERATIONNELS Organisation de l’accompagnement des entreprises de l’ESS lors des étapes charnières de leur évolution Développement des marchés publics ouverts aux entreprises de l’ESS et inscription de clauses sociales Accompagnement de la diffusion des bonnes pratiques : mutualisation, sous-traitance équitable Accompagnement des entreprises de l’ESS porteuses d’innovations techniques et industrielles 75 Création de pôles territoriaux d’entreprises de l’ESS Création d’un programme de formation continue des bénévoles et salariés de l’ESS Sensibilisation aux emplois, qualifications et métiers des entreprises de l’ESS Diffusion du statut de salarié-associé Développer l’économie non marchande Nous nous inscrivons dans une économie plurielle, où le marché a sa place, mais rien que sa place, où l’économie de marché s’accompagnera de l’économie publique comme de l’économie sociale et solidaire. L’action locale permet de lutter contre la montée des inégalités, en inventant des modèles économiques différents. Elle favorise une économie « avec » marché, et non une économie « de » marché. Une part importante des échanges locaux pourrait échapper à l’économie purement marchande en développant les Systèmes d’Echanges Locaux et les Monnaies Sociales. Ces dernières permettent la réappropriation démocratique de la monnaie et valorisent les circuits citoyens, écologiques, sociaux. Elles proposent des modes d’échanges alternatifs, soucieux du développement humain collectif et non de l’enrichissement spéculatif de quelques-uns. Elles sont anti-spéculatives. AXES OPERATIONNELS Encouragement des Systèmes d’Echanges Locaux Encouragement des Monnaies Sociales Sensibilisation à l’impact sur l’économie locale consommation de la 76 Soutien à la diffusion d’informations sur les produits et services des entreprises locales de l’ESS Accompagnement à la mise en réseau des consom-acteurs Soutenir la création d’activité auprès des femmes et des hommes : dynamiser l’entreprendre autrement et faire partager les valeurs de l’ESS à toutes les entreprises Nous soutiendrons les projets fondés sur la primauté de l’homme, l'égalité et le partage, la solidarité et l'autonomie. Ceux qui encouragent les initiatives des hommes et des femmes qui y adhèrent, l’engagement individuel, la responsabilité sociale et environnementale des acteurs. Pour parvenir à ce résultat, l’action en faveur de l’entrepreneuriat pourra être renforcée dans de nombreux domaines. D’abord en imaginant un autre accès au crédit, en soutenant les initiatives de crédits coopératifs et de microcrédits pour lutter contre l’inégalité des chances dans l’accès au crédit. Le danger de l’exclusion économique et sociale rend en effet nécessaire aujourd’hui la mobilisation de mécanismes inventés à l’origine dans les pays moins développés. Ensuite en accompagnant les collectivités locales voulant développer des sociétés coopératives. En soutenant l’essaimage et accompagnant les porteurs de projet voulant entreprendre autrement. AXES OPERATIONNELS Soutien aux plateformes d’initiative, aux crédits coopératifs et aux microcrédits Développement des sociétés coopératives : accompagnement des collectivités locales voulant développer des Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif Soutien à l’essaimage : - Accompagnement technique Aides financières Formation des salariés voulant essaimer Structuration de l’accompagnement du porteur de projet voulant entreprendre autrement Sensibilisation des opérateurs assurant l’accompagnement des porteurs de projets aux statuts, valeurs et outils de financement spécifique de l’ESS Renforcement des outils financiers d’aide à la création / reprise d’entreprise dans l’ESS et mobilisation de nouveaux leviers Investissement dans la créativité (innovation, expérimentation, …) 77 LE DEVELOPPEMENT SOCIAL Crédit photo : Pascal Bodez 78 « Dessiner les avenirs ensemble désirés dans la ruche posée sur une longue histoire… » 79 S’ENRICHIR 6- Des hommes et des femmes solidaires, vers d’avantage d’égalité et de mixité Les différences sont des forces et non des obstacles. Vous revendiquez notre héritage de terre de « brassage », et vous affirmez notre vocation à être un modèle d’égalité et de respect des différences. Le vivre ensemble est aujourd’hui terriblement malmené. Mais il est toujours là. La fraternité, cela se gagne, et vous voulez remporter ce combat. Une victoire qui permettra aux Lorraines et aux Lorrains de s’enrichir de leur diversité. Crédit photo : Pascal Bodez 80 81 Qui, plus que vous, peut dire combien la diversité née de la tradition d’accueil de la région, de son aptitude à brasser les cultures a été et demeure source de développement économique, de vitalité sociale, de fraternité ? Vivre ensemble, c’est prendre en main son avenir en tenant compte de la diversité des situations à la fois géographiques, culturelles, économiques et sociales ! Refuser les ghettos, la xénophobie et la dévalorisation des appartenances est l’autre versant de cet engagement, comme faire de notre espace régional la source d’un renouveau passant par les femmes et les hommes capables d’agir pour leur avenir. C’est une autre façon de présenter ce qui doit être un ESPACE COMMUN et se dire qu’il existe un possible pour construire ici, maintenant et demain son avenir en Lorraine, en s’enrichissant de nos différences. Pour que la Lorraine 2020 soit une région ou tous les Lorrains peuvent s’épanouir, quel que soit leur sexe, leur origine ou leur âge. Une région où les générations soient réellement solidaires, et qui redevienne attractive pour sa jeunesse comme pour les investisseurs : les choix d’implantation d’une entreprise reposent autant sur l’environnement humain, culturel, universitaire ou de santé que sur des critères purement économiques. C’est cela l’identité de la Région. Ce qui est en jeu, c’est la vitalité du contrat social sur lequel repose le Vivre Ensemble, source d’attractivité et de développement. La Lorraine sera une région ou Lorraines et Lorrains pourront se réapproprier l’esprit lorrain, la qualité de l’accueil, la capacité à rebondir, la qualité du vivre ensemble, et où de nouvelles personnes voudront venir vivre et travailler. Nous voulons faire de la Lorraine une véritable communauté humaine refusant toutes les exclusions. Nous voulons afficher l’image d’une région où la fraternité, l’engagement, la participation citoyenne permettent de résister à des transformations du monde que les mécanismes financiers ou internationaux n’arrivent pas à réguler. Nous voulons promouvoir l’échange, la coopération et la reconnaissance de l’Autre. Nous voulons promouvoir la mixité sociale, source d’équilibre, de convivialité et de vivre ensemble. Vivre ensemble ne se décrète pas, mais se nourrit de quotidien. En des temps plus individualisés que jamais, il ne coule pas de source. Pour le renforcer, « Egalité, Fraternité, Agissez » pourrait être la devise de Lorraine 2020. Renforcer la place des femmes dans la société Femmes et hommes sont encore loin d’être égaux en Lorraine. Le taux d’emploi des hommes y est supérieur de 12 points à celui des femmes, l’écart le plus creusé étant celui des 25-54 ans (environ 15 points). Ces chiffres démontrent bien la fragilité féminine face à la précarité, les femmes étant moins présentes dans l’activité économique. Plus de 80% des chefs de familles monoparentales sont des femmes, et lorsqu’elles travaillent, la sur-pauvreté est expliquée par de faibles salaires et un écart de salaire homme/femme persistant. En 2006 l’écart de salaire horaire entre un homme et une femme travaillant à temps complet dans les mêmes conditions était encore de 16%. A ceci s’ajoute encore des conditions de travail pas forcément adaptées (temps partiels non souhaités, horaires flexibles …) qui expliquent les bas salaires. Taux d’emploi et d’activité des femmes Source : CESEL 82 Les femmes sont surreprésentées dans le temps partiel. Les temps partiels subis concernent dans la plupart des cas les personnes seules, les familles monoparentales, ou les couples sans enfants, et sont en général d’un faible volume horaire. Emploi à temps partiel en Lorraine Source : CESEL La pauvreté touche enfin davantage les femmes que les hommes. Si l'isolement est un facteur de pauvreté, la monoparentalité en est un plus aigu encore. Plus d'une mère de famille monoparentale allocataire sur deux est en situation de pauvreté ; situation qui s'explique par la charge financière liée aux enfants et par les difficultés qu'elles rencontrent sur le marché du travail. Cette situation est inacceptable. L’égalité hommes/femmes n’implique pas que les hommes et les femmes deviennent identiques, mais qu’ils aient des possibilités et des chances égales dans l’existence. Y parvenir supposera d’abord une évolution en profondeur des mentalités. Elle sera favorisée par une analyse par le genre de tous les projets, de toutes les actions et de l’accès aux services, et la mise en place systématique de présentations statistiques sexuées. L’analyse par genre permet de déconstruire le féminin et le masculin. De préciser la manière dont les femmes ont accès à la parole, au pouvoir, aux ressources par rapport aux hommes. De préciser les conditions du changement social, et en particulier la manière de renforcer l’autonomie et l’auto estime des femmes, la façon de rompre les stéréotypes de genre, les conditions organisationnelles ou institutionnelles pour que les femmes soient renforcées. Lutter contre cette situation nécessitera le développement d’actions positives spécifiques, dans le domaine de la formation ou dans celui de l’emploi. Le premier enjeu est culturel, dans le champ de l’éducation, dès le plus jeune âge. Plus tard dans la vie vient la sensibilisation à poursuivre des études supérieures notamment dans le domaine scientifique. Puis une validation spécifique des acquis professionnels et une formation continue contribuant à une plus grande sécurisation des parcours de vie. Des objectifs qualitatifs pour le développement de l’emploi des femmes notamment pour les services à la personne. Et plus largement une nouvelle politique familiale basée sur des services mieux adaptés aux familles et sur l’amélioration de la gestion des temps de vie. La lorraine s’inscrira ainsi pleinement dans les dispositions prévues au plan national : sécurisation des parcours professionnels, dispositions législatives sanctionnant les entreprises ne respectant pas l’égalité de carrières et de rémunérations entre hommes et femmes. Lutter contre cette situation exigera enfin de donner à toutes les femmes un droit fondamental, celui de choisir si et quand elles veulent un enfant. 83 AXES OPERATIONNELS Approche par genre des projets, accès aux services Présentation statistique sexuée Signature et mise en place de la Charte de l’égalité des Femmes et des Hommes, Développement d’« Actions positives » spécifiques (formation…) Conciliation vie familiale-vie professionnelle (Label Egalité, Charte de la Parentalité en entreprise…) Mise en place du Pass contraception Valoriser les apports des populations d’origine étrangère Mieux vivre ensemble est une revendication de toutes les régions françaises. Elle présente pourtant en Lorraine une dimension toute particulière : la Lorraine a toujours été une terre où l’on acceptait son voisin sans souci de couleur de peau ou d’origine géographique, et au bout du compte, une région où les Lorrains ont toujours su se dépasser en se reconnaissant dans cette spécificité. Ce qui caractérise le mieux la Lorraine au sein de cet espace européen est la diversité de sa population. L’Euro-Méditerranée est présente de longue date avant même que cette entité naisse d’une volonté politique très inégalement partagée. Faut-il rappeler les différentes vagues d’immigrations qui ont permis à la Lorraine de se développer pendant tout le vingtième siècle ? Les langues et les dialectes de tous les suds se retrouvent dans cet espace singulier provenant des migrations les plus anciennes (polonaise, italienne, espagnole , portugaise…) aux plus récentes, venant d’Afrique et d’Asie. Ici, l’immigration n’est ni un concept, ni une utopie, encore moins une maladie honteuse, mais simplement une réalité. Or cette richesse culturelle est souvent ignorée dans les enjeux du renouveau régional. Souvent présentée comme un problème social, l’immigration a compensé nos propres émigrations et la baisse démographique constatée sur l’ensemble de l’espace de la Lorraine. N’est-ce pas là une occasion unique et originale de bâtir une véritable citoyenneté européenne ouverte et dynamique inventant un vivre ensemble qui ne soit plus seulement un discours de circonstance mais un vrai projet civique entraînant une nouvelle attractivité ? 84 La valorisation de la diversité des origines de Lorraines et des Lorains reposera d’abord sur la richesse culturelle qui se trouve dans la diversité et les différentes formes d’expression de ces cultures. Elle ne peut qu’enrichir notre territoire. La valorisation de la mixité des origines des Lorraines et des Lorrains reposera sur une analyse fine des échanges économiques et des coopérations qui peuvent exister à l’heure actuelle, pour mettre en valeur le potentiel de développement lié au multiculturalisme. Elle sera mise en avant comme un des atouts clefs pour renforcer l’attractivité de la région et y attirer de nouveaux immigrés. La valorisation des apports des populations d’origine étarngère reposera enfin sur leur implication accrue dans la vie de la cité, facilité par leur futur droit de voter lors des élections municipales, cantonales et régionales. AXES OPERATIONNELS Valorisation des cultures et des langues d’origine notamment sur le plan économique, - Traitement à partir de la « mémoire » des familles Recensement des échanges économiques et mise en valeur du potentiel de développement lié au multiculturalisme Intégration des populations d’origine étrangère et de leurs enfants - actions de soutien scolaire accès aux loisirs mise en valeur des exemples Promotion des capacités d’initiative solidaire, de créativité artistique, d’innovation économique… Développement de politiques de coopération décentralisée avec les pays du nord de l’Afrique en y consacrant 1% du budget régional Permettre l’inclusion sociale et lutter contre la ségrégation territoriale Lutter contre la ségrégation territoriale concerne tous les territoires. Si l’on veut que tous les habitants de la région aient le sentiment d’appartenir à la même communauté, donc que personne ne s’en sente exclu, si l’on veut pouvoir accueillir ceux qui le souhaitent au sein de cette communauté, on ne peut accepter l’écart qui sépare les habitants des quartiers aisés de ceux des grands ensembles ou de certains territoires périurbains ou ruraux. On ne peut accepter l’existence de ghettos physiques, urbains ou ruraux, qui font que tous les Lorrains n’ont pas les mêmes chances dans l’accès à l’éducation, à la culture ou à l’emploi. Dans le monde rural ou en périphérie des grandes villes, cela supposera de veiller à l’accessibilité aux services indispensables à la vie quotidienne, au haut-débit ou à des transports collectifs performants. En milieu urbain, la région tout entière pourrait être le préfigurateur d’une nouvelle conception de la solidarité urbaine qui s’inscrit dans la nouvelle génération d’opérations de renouvellement urbain. 85 Aujourd’hui les habitants des quartiers dits « sensibles » continuent à cumuler tous les problèmes de la précarité, de la délinquance et de la dépendance. La conception de la lutte contre la ségrégation territoriale pronée par Lorraine 2020 reposera d’abord sur une approche excluant des zonages trop restrictifs, et sortira de la logique de singularisation qui va trop souvent jusqu’à la stigmatisation des quartiers. L'objectif consistera à « recoudre » le tissu urbain et banaliser au sens positif les quartiers sensibles qui redeviendront des quartiers comme les autres, intégrés dans des espaces plus vastes incluant d’autres parties connexes de la ville. Cette nouvelle poltique mobilisera, encore plus que par le passé, moyens d’aménagement et approches sociale et économique. La suppression de la Révision Générale des Politiques Publiques et le renforcement des services publics dans les quartiers et territoires populaires s’impose dans de nombreux domaines : éducation, santé, police, justice … Une vraie relance des politiques publiques de l’emploi, d’éducation, de jeunesse, de santé, de prévention de la délinquance, de développement territorial et de l’économie sociale et solidaire, de développement culturel, de formation citoyenne et d’éducation populaire doit accompagner la lutte contre la ségrégation spatiale. Les habitants ont besoin d’être rassurés et accompagnés psychologiquement, et surtout d’adhérer aux programmes lancés. Cela n’est possible que si l’on traite simultanément l’ensemble des actes qui contribuent au bon fonctionnement d’un quartier. Les démarches concrètes d’implication des habitants restent très inégales d’une ville à l’autre. Les conventions urbaines de proximité sont trop souvent perçues comme de simples formalités. Chaque projet devra reposer sur une gouvernance transversale permettant à l’ensemble des parties prenantes de contribuer à son succès. Les habitants sont une ressource, une richesse et non une menace. C’est un gâchis de se priver de leur expertise. Pour toutes ces raisons, la Région s’impliquera dans la nouvelle génération des opérations de renouvellement urbain. AXES OPERATIONNELS Lutte contre la ségrégation territoriale en milieu rural comme en milieu urbain Développement de la mixité fonctionnelle des quartiers - Logements / activités Accession / locatif Locatif social / locatif intermédiaire Amélioration de l’équilibre fonctionnel du territoire Intégration de tous les projets dans une approche urbaine globale Coordination entre le traitement des quartiers nouveaux et des quartiers anciens d’une part, et des quartiers à différents types d’habitat d’autre part Renforcement de l’équilibre des fonctions urbaines avec notamment le développement d’activités et de commerces Participation de la Région aux contrats urbains de cohésion sociale - Citoyenneté : la région présente partout Efficacité : action au plus proche des territoires Légitimité : lycées, formation, emploi, insertion 86 Soutenir la solidarité inter générationnelle Nous devons tenir compte d’une réalité majeure : le vieillissement de la population. Comment favoriser la construction de parcours de vie adaptés aux besoins des individus ? Quelle place pour le grand âge dans nos sociétés ? Que leur propose-t-on pour que la seconde partie de leur vie soit non seulement décente, mais dynamique ? Pour que l’allongement de la vie soit une chance de plus pour être heureux et actif ? Que fait-on pour aider au rapprochement des générations ? Le vieillissement de la population en Lorraine Les premières actions concerne l’emploi des seniors. Par le passé, les sorties d’activité précoces liées à l’héritage industriel ont été massives surtout dans le nord de la région. Aujourd’hui, les seniors en emploi sont relativement concentrés dans des activités et des métiers s’étant développés durant les décennies passées, et moins présents dans les secteurs économiques les plus dynamiques. Les effectifs de seniors en emploi grossiront à l’horizon 2020. Pour y remédier, nous nous inscrirons pleinement dans la mise en place des contrats de génération et plus largement dans la réforme de la dépendance. Les réponses aux besoins en logement des personnes âgées devront leur permettre de rester « ancrés » dans leur territoire. L'impact du vieillissement et de ses conséquences sur le logement social fait déjà l'objet d'actions concrètes de la part des bailleurs sociaux, (95% des personnes de plus de 75 ans souhaitant rester à leur domicile). Ils auront à répondre à une demande sociale toujours plus vive et devront prendre en compte les besoins d'adaptation spécifique des logements. Dans un contexte de finances publiques contraint, comment en assurer le financement ? Nous souhaitons que l’Etat revoie pour cela les priorités géographiques d’attribution des aides au logement. Mais la problématique du logement ne se limite pas à l’adaptation de l’habitat. La mixité intergénérationnelle reposera sur le développement de solutions comme la création de structures mixtes crèches/maisons de retraites, de programmes d’habitat adaptés au vieillissement et aux handicaps, ou l’incitation pour des séniors à la colocation avec des étudiants. La prise en charge médico-sociale des personnes âgées devra être simplifiée, car elle est aujourd’hui particulièrement complexe. Émiettée entre les acteurs et les financeurs, elle souffre d’un manque de lisibilité, voire d’un chevauchement des compétences et d’une certaine disparité entre les territoires. Le maintien à domicile des personnes âgées ne sera pas possible sans un réseau suffisant, sur le territoire, de professionnels de santé du secteur libéral assurant les soins de proximité. Nous nous attacherons, par une meilleure coordination des acteurs, à simplifier les parcours de soins de prise en charge de la personne dépendante. Nous nous attacherons parallèlement à favoriser le développement de l’emploi et de la formation dans le secteur des services aux personnes âgées. Ces derniers sont appelés à voir croître leurs effectifs. Toutefois, le potentiel des emplois créés cache une réalité plus sombre, sur les conditions de travail des 87 salariés : émiettement du temps de travail et manque de reconnaissance des métiers de service. Lorraine 2020 s’attachera à rendre plus attractif le secteur de l’aide à domicile afin de pouvoir procéder aux recrutements nécessaires et soulager les aidants. La vie quotidienne constituera enfin une des bases de la mixité intergénérationnelle : partage d’expérience dans le cadre d’opérations de parrainages, création d’une carte Pass’Age, contrepartie pour les jeunes de services rendus aux seniors, soutien au « care », à l’entraide entre voisins, association des personnes âgées aux projets et mobilisation des jeunes retraités, développement d’activités culturelles intergénérationnelles, mise en place de transports spécifiques (taxis collectifs, transports à la demande) pour faciliter les déplacements. AXES OPERATIONNELS Mise en place des contrats de génération Adaptation des logements au maintien à domicile Développement des structures mixtes crèches/maisons de retraites de programmes d’habitat adaptés au vieillissement et aux handicaps Incitations pour des séniors à la colocation avec des étudiants Mise en place d’un réseau de soin au plus près des territoires Développement des activités et des emplois d’animation de la vie sociale et d’ingénierie territoriale adaptés aux évolutions sociétales et démographiques Renforcement des activités de formation en lien avec l’Etat, les centres de formation et les employeurs du secteur, Partage d’expérience dans le cadre d’opérations de parrainages Création d’une carte Pass’Age : contrepartie pour les jeunes de services rendus aux seniors Formation civique, sociale et culturelle Soutien au maintien à domicile, au « care », à l’entraide entre voisins Association des personnes âgées aux projets et mobilisation des jeunes retraités Développement d’activités culturelles intergénérationnelles Mise en place de transports spécifiques (taxis collectifs, transports à la demande) pour faciliter les déplacements 88 89 TRAVAILLER 7- Des hommes et des femmes accédant plus facilement à un emploi Economie traditionnelle, économie du futur, économie sociale et solidaire contribueront à créer les emplois souhaités par les Lorrains. Mais créer des emplois n’est pas suffisant : il faut que vous puissiez en bénéficier. Vous revendiquez pour cela des efforts spécifiques en matière d’accès à l’emploi, pour lutter contre le chômage, le vrai tueur de la solidarité. Pour vous permettre simplement de travailler. Crédit photo : Pascal Bodez 90 91 Faire de la Lorraine la région pionnière en matière d’innovation sociale et de formation La question de l’accès au travail est fondamentale. Elle sera toujours la condition permettant à des personnes, des familles de trouver non seulement leurs ressources mais aussi leur dignité. La Lorraine est une région rudement et constamment éprouvée par l’histoire, avec un H majuscule sur ses dimensions historiques, comme un H majuscule sur ses composantes économiques. Mais face à ces défis répétés et agressions permanentes, la Lorraine a toujours su se relever et rebondir : nous ne figurons pas parmi les régions « qui gagnent » au sens libéral du terme, avec toutes ses connotations de « performance » exclusivement analysées à travers des indicateurs dont la pertinence commence à être réinterrogée, mais nous sommes en réalité une des principales régions à l’origine de la plupart des innovations en matière de formation professionnelle en France. La région Lorraine peut légitimement redevenir la région en pointe en matière d’innovation sociale et formation professionnelle au niveau national et par rapport à la Grande-Région. Ce positionnement, qu’aucune région n’a encore investi, peut aussi avoir des effets directs comme levier de développement économique, endogène et exogène. Cette volonté de faire de la Lorraine une région à la pointe de l’innovation sociale et de la formation peut se décliner selon trois axes Engager un programme de fond sur le cœur de métier de la formation, en commençant par les innovations à conduire en matière de pédagogie pour relever les défis du XXIème siècle, à la fois en termes de connaissances à acquérir, comme de technologies à utiliser, et surtout face aux problématiques sociales des citoyens. Travailler à l’articulation entre ces enjeux formation et les enjeux des mutations économiques et sociales : l’innovation sociale et la formation ne sont pas que des possibilités de traiter les impacts de celles-ci, ils peuvent aussi constituer des leviers pour agir au niveau des territoires sur une stratégie de développement économique de proximité, en misant sur la capacité d’initiative et d’action des citoyens lorrains qui ont déjà prouvé leur capacité de résilience face aux restructurations passées. Elargir aux connexions avec les enjeux de société : faire de l’innovation sociale et de la formation deux facteurs de création de lien social, de renforcement de la cohésion sociale entre générations et entre les différentes catégories de citoyens lorrains, mais aussi une opportunité de travailler sur la prévention des exclusions, dans une logique d’engagement citoyen ou d’initiative socio-économique. Le droit du citoyen lorrain, le pouvoir d’évoluer dans la société actuelle La Lorraine terre d’innovation sociale et de formation pour sécuriser les parcours de vie des Lorrains. Le droit de se former, le pouvoir d’apprendre Le droit à l’emploi, le pouvoir de développer ses compétences et qualifications 92 Passer d’un droit existant dans le code du travail à une intégration dans la pratique quotidienne de tous les lorrains C’est aller au-delà du droit à la formation et : Réaliser des efforts et investissements dans la modernisation de l’accompagnement de l’acte d’apprendre pour permettre à chaque Lorrain, et notamment ceux qui sont les plus en difficulté face à l’acte d’apprendre, de se construire des compétences et acquérir des qualifications selon des modalités adaptées à leur contexte et à leurs besoins. Passer d’une formation pour l’emploi à une logique de développement des compétences et qualifications intégrée aux différentes étapes du parcours de vie professionnelle : en préparation à l’emploi, dans l’emploi et entre deux emplois, l’enjeu devient alors de rechercher la continuité, la cohérence, et la sécurité dans le vécu de ce parcours, dont les actions de formation sont une composante parmi d’autres. Permettre à chaque lorrain de surmonter les défis de la société actuelle et éviter les risques d’exclusion en recréant du lien et de la cohésion sociale par l’intégration de notre capacité d’innovation sociale et l’investissement dans de nouvelles approches de la formation comme un des axes forts structurant la contractualisation du développement entre la Région et ses territoires. Evolution du taux de chômage en France et en Lorraine Répondre à 5 enjeux prioritaires Nos orientations politiques ne seront plus définies selon les différents secteurs de l’offre de formation comme l’apprentissage, la formation continue, l’insertion ou la reconversion, mais plutôt formulées à partir des problématiques rencontrées par les personnes selon leur évolution personnelle et professionnelle, avec notamment pour objectif de : Permettre à chaque jeune lorrain de construire sa (ou ses) qualification(s) entre 16 et 26 ans, et prendre goût à la formation pour apprendre à gérer son parcours professionnel. Faciliter l’accès à l’emploi de personnes en difficulté sur le marché, les accompagner dans leur évolution professionnelle et renforcer leur autonomie. 93 Sécuriser les transitions vécues durant les différentes étapes d’une vie professionnelle en fonction des contextes rencontrés, et donner tous les atouts pour anticiper au mieux ces évolutions, voir concrétiser son projet professionnel. Garantir un accès et une évolution professionnelle au sein de secteurs économiques de proximité comme par exemple le BTP, le tourisme, le commerce, le sanitaire et social et le domaine « artistique et culturel », qui sont à priori porteurs de développement et « protégés » des délocalisations. Valoriser le patrimoine humain de l’ensemble des actifs de la région, qu’ils soient dans l’emploi ou demandeur d’emploi, et les inciter à intégrer la formation comme un élément à part entière de leur vie personnelle et professionnelle. AXES OPERATIONNELS Articuler l’évolution des différentes modalités de formation afin de tenir compte des caractéristiques des 16-26 ans Systématiser la mise en œuvre de parcours personnalisés alternant périodes d’activités et de formation Encourager les pratiques de formation dans l’emploi, notamment auprès des salariés fragilisés, Leur donner les moyens de se situer face aux évolutions du marché de l’emploi Les aider à se construire un parcours de développement professionnel en fonction de leurs projets. Accompagner l’évolution des secteurs économiques de proximité, de façon à conforter la qualité du contenu des emplois proposés et des pratiques professionnelles Pilotage de collaborations les plus étroites possibles avec l’ensemble des territoires de la région, et tous les acteurs publics et privés de l’emploi et de la formation, afin de donner à chaque lorrain les outils nécessaires pour valoriser leurs expériences acquises et formations suivies Engager avec chaque territoire des contrats de valorisation de leur patrimoine humain pour faire vivre des dispositifs formation de proximité « sur-mesure ». Traduire dans le Contrat de Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles les priorités de Lorraine 2020 Le Contrat de Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles (CPRDFP) est au cœur de ces enjeux : il développe des approches qui impulsent des logiques nouvelles dans le pilotage des politiques publiques en matière de formation. Des thèmes transversaux sont d’ores et déjà traités dans le cadre du CPRDFP : La construction des « pôles de compétences » adossés à chaque filière pour organiser et faciliter l’accès à la formation en fonction des enjeux de chacune de ces filières, selon une offre régionale mais aussi une offre déclinée sur les territoires en fonction de l’impact de ces filières sur chaque territoire, 94 La définition technico-opérationnelle d’un contenu pour l’activité « d’accompagnement du parcours formation » en fonction des typologies et spécificités du parcours comme de l’actif concerné, L’élaboration d’une démarche d’analyse des besoins et diagnostics territoriaux coconstruite avec les différents partenaires et intégrant les différentes sources d’informations existantes, Et enfin les différentes modalités d’évaluation de la formation à engager, toujours dans une logique « apprenante », tant pour les bénéficiaires de la formation que pour les opérateurs porteurs de l’offre régionale et territoriale. AXES OPERATIONNELS Construire des « pôles de compétences » adossés à chaque filière Définir le contenu de l’activité « d’accompagnement du parcours formation » Conduire une démarche d’analyse des besoins et diagnostics territoriaux Fixer les modalités d’évaluation de la formation Mettre à décentralisation contribution une nouvelle phase de la La perspective d’une nouvelle phase de décentralisation, tant sur le volet du développement économique que sur le champ emploi, formation, orientation et insertion, offrira l’opportunité d’intensifier le déploiement de cette stratégie selon deux axes : Elargir notre approche de l’innovation sociale en la plaçant non seulement sur le champ de la formation, mais surtout au carrefour des politiques de développement économique, emploi, formation, insertion et orientation, pour mobiliser toutes les énergies, compétences et initiatives afin de toujours agir sur la place de l’Homme dans la société et dans sa relation au travail, dans une logique de sécurisation de son parcours professionnel, dans sa globalité. Traiter cette dimension des compétences et qualifications comme un facteur stratégique de développement de l’économie régionale et d’anticipation des mutations socio-économiques des territoires en articulant cette démarche de mobilisation sur l’innovation sociale et la formation avec les politiques régionales engagées en matière d’appui au développement des territoires. La réussite de ce positionnement sur ces deux axes permettra alors à la Région de jouer pleinement sa mission et son rôle dans le cadre de nouvelles modalités de gouvernance décentralisée des enjeux emplois et formation comme sur le champ économique, qui seront décisifs pour la réussite du projet formation pour Lorraine 2020. Contribuer à l’innovation sociale La sécurisation des parcours de vie passera une redéfinition en profondeur des politiques de formation. Mais elle peut être renforcée par l’adhésion du plus grand nombre aux valeurs de l’économie sociale et solidaire. Ces dernières doivent être diffusées bien au-delà des seules entreprises associatives. C’est un des moyens les plus efficaces pour concevoir l’emploi autrement que sur une simple rationalité économique à court terme, et favoriser l’apport de toutes les compétences aux entreprises. 95 AXES OPERATIONNELS Encouragement à une meilleure gestion des parcours professionnels Soutien à la mutualisation des emplois entre plusieurs entreprises Diffusion dans les équipes dirigeantes des valeurs de l’ESS en réponse aux aspirations des salariés Valorisation des bonnes pratiques de dialogue social Reconnaissance de l’innovation sociale au même titre que l’innovation technologique : journées interrégionales, prix, appel à projet… Généraliser les clauses d’insertion dans les marchés publics Les collectivités locales peuvent aussi jouer un rôle direct dans le soutien à l’emploi en Lorraine. Elles pourraient toutes fixer un objectif de clauses d’insertion de 10 % des marchés publics, pour que les personnes les moins bien formées aient accès aux emplois créés par ces dernières. AXES OPERATIONNELS Clauses d’insertion intégrant des objectifs sociaux Clauses d’insertion intégrant des objectifs environnementaux Clauses d’insertion intégrant des objectifs liés à l’emploi Développer les opportunités liées à la Grande Région Dernière opportunité pour renforcer les possibilités offertes aux Lorraines et aux Lorrains d’accéder à un emploi : celle liée à la Grande Région. Cette dernière nous offre des opportunités dont ne disposent pas la plupart des régions françaises. Mais la mobilité grand régionale, qui offre une alternative à ceux qui ne trouvent pas d’emplois sur leur lieu de résidence, est freinée par l’absence de reconnaissance mutuelle des diplômes, comme par les freins administratifs, fiscaux, sociaux à l’emploi transfrontalier. Il n’existe pas encore de marché unique de l’emploi au sein de la Grande Région. Pour valoriser l’atout grand régional, nous proposons que les exécutifs de la Grande Région s’entendent pour mettre progressivement en place un marché unique de l’emploi à l’échelle de la Grande Région. Pour y parvenir, une reconnaissance des formations initiales, professionnelles et continues au niveau de la Grande Région facilitera la mobilité grand régionale et multipliera en conséquence les offres d’emploi accessibles. La mise en commun de l’ensemble des informations disponibles en matière d’offre d’emploi complétera ce dispositif de soutien à l’accès à l’emploi. Le développement d’emplois nouveaux s’appuiera enfin sur l’analyse des métiers en tension au sein de la Grande Région et la mise en place de formations adaptées. Nous souhaitons de même que soient levés progressivement l’ensemble des freins liés à la mobilité transfrontalière : une plus forte convergence des systèmes financiers, fiscaux et sociaux est impérative. Un nouveau cadre légal tenant compte des besoins des transfrontaliers s’impose, intégrant notamment un système de sécurité sociale transfrontalier. L’apprentissage généralisé de l’allemand est enfin une priorité tant sur le plan économique, social, culturel que démographique, d’autant que l’analyse de la situation actuelle montre une réelle 96 dégradation de la pratique de l’allemand. Quatre actions peuvent permettre de passer enfin du mythe à la réalité : Généraliser l’apprentissage de l’allemand dès le primaire en Lorraine, car l’apprentissage est d’autant plus efficace qu’il est précoce. Augmenter la formation des professeurs des écoles en langue. Sensibiliser les parents d’élèves sur les avantages liés à cet apprentissage. Concentrer les efforts dans les territoires où cela est tellement indispensable que la formation doit être grandement facilitée et optimisée. AXES OPERATIONNELS Création d’un marché unique de l’emploi au sein de la Grande Région - Rapprochement des réglementations sociales et fiscales Mise en commun des offres d’emploi Reconnaissance mutuelle des diplômes au sein de la Grande Région Réduction des freins à la mobilité transfrontalière Développement de l’apprentissage de l’allemand 97 L’EXIGENCE ENVIRONNEMENTALE Crédit photo : CRT Lorraine 98 « Dans les paysages apprivoisés, l’humaine cité de demain … » esquisser l’ordonnance de 99 PERMETTRE 8- Un développement anticipant le changement climatique, préservant les ressources naturelles et les paysages Nos ressources ne sont pas illimitées. Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous en sommes responsables devant nos enfants. Vous êtes prêts pour cela à consommer moins, à produire mieux, à anticiper le changement climatique et à mettre en valeur nos ressources naturelles. Crédit photo : Pascal Bodez 100 101 Placer l’homme au cœur du projet, c’est la définition même des politiques de développement durable. Dès maintenant, la région est au cœur d’un challenge essentiel : réduire sa consommation, diversifier les modes de production, anticiper le changement climatique, offrir aux habitants un nouvel espace, patrimoine de tous. La Lorraine sera un « laboratoire vivant du développement durable », une terre d’énergies renouvelables dont les émissions de CO² seront divisées par 4 d’ici 2050. La région puisera dans cette vocation un positionnement unique et des forces incontestables pour affronter la mondialisation. Sensibiliser et mobiliser les Lorraines et les Lorrains dans tous ces domaines Le comportement des Lorraines et des Lorrains est le levier essentiel du développement durable. L’ensemble des structures et des moyens de communication existants dans la région pourraient être mobilisés pour accentuer et optimiser la sensibilisation des populations : parcs naturels régionaux, centres permanents d’initiation à l’environnement, territoires d’expérimentation, maisons de l’environnement, services des collectivités territoriales pourront être mis à contribution et pourront bénéficier des retours d’expérience des uns et des autres, pour développer les actions d’éducation et de promotion du développement durable. C’est en effet dans les esprits que se construit d’abord le développement durable, en inculquant de nouveaux modes de consommation et de comportements permettant d’agir de la manière la plus efficace, à l’amont de toutes les politiques d’intervention publique. AXES OPERATIONNELS Education à l’environnement ; accompagnement associatif labellisé, outils pédagogiques Mobilisation dans les lycées Création d’un espace régional de concertation Développement d’espaces info énergie Consommer moins Consommer moins est devenu une obligation, et d’abord dans le domaine de l’énergie. Notre région est historiquement une terre d’énergies, du fait notamment de ses spécialisations industrielles. La consommation d’énergie par Lorrain, du fait de la consommation industrielle, est supérieure de 46 % à la moyenne nationale. De plus l’énergie produite en Lorraine est grande consommatrice de combustibles fossiles (63 %). Et si la consommation industrielle a baissé de plus de 30% en vingt ans, celle des particuliers ne cesse d’augmenter. La première des priorités en matière d’énergie est la réduction de la consommation énergétique. Elle aura pour objectif en 2020 une consommation d’énergie finale inférieure de 15% à sa valeur de 2009. Cette réduction passera par un mode de construction différent. Nous veillerons à ce que soient appliquées aux bâtiments publics des règles novatrices en matière d’environnement, en conditionnant les subventions au respect de ces règles : rénovation de niveau « facteur 4 » d’ici 2030. Cette réduction de la consommation énergétique reposera aussi sur la promotion d’un modèle de construction dépassant les objectifs du Grenelle (bâtiments BBC à minima), sur le développement d’expérimentations architecturales innovantes en matière environnementale (notamment en termes d’usage : domotique, performances environnementales…), sur l’encouragement à des comportements plus économes au plan énergétique. Elle passera également par un investissement pour une mutation et une sobriété énergétique exemplaires. Elle sera enfin le fruit d’une rénovation énergétique des 102 logements, elle-même source d’activités et d’emplois (le soutien à la rénovation de 200 000 logements représenterait près de 14 milliards d’euros d’investissement). Dans ce domaine, nous nous voulons développer des programmes qui seront mis en œuvre au niveau national : isolation thermique de 1 million de logements par an, et lutte contre la précarité énergétique. Elle reposera aussi sur un mode de production différent, mis en œuvre à la suite de la réalisation d’audits énergétiques systématiques dans les entreprises. Cette réduction de la consommation énergétique contribuera enfin à lutter contre une évolution particulièrement préoccupante : le renforcement de la précarité énergétique. Les programmes actuels sont insuffisants pour traiter le problème, et se heurtent à l’insolvabilité des occupants quand ils sont propriétaires, ou au fait qu’ils sont bien souvent locataires de leur logement. La hausse des prix de l’énergie frappe très souvent les habitants les plus sensibles d’une double peine : charges de chauffage de plus en plus grandes, coûts des déplacements de plus en plus élevés, ... Les ménages ainsi précarisés peuvent représenter jusqu’à 30% de la population d’un territoire. Les solutions ne reposeront pas sur une intervention unique, mais sur la multiplication des actions : mobilisation des personnels sociaux des départements, des CCAS et des conseillers énergie, développement d’opérations collectives, éco rénovation,… Consommer moins ne concerne pas que l’énergie. Cette volonté doit s’appliquer à l’ensemble de nos ressources naturelles, et d’abord aux granulats. La création de sablières et de carrières dans le lit majeur des rivières a un impact écologique particulièrement grave. Les limiter supposera le respect de règles particulièrement strictes, et le recyclage maximum des matériaux de démolition. Elle doit s’appliquer enfin à tous les actes de la vie quotidienne. La pédagogie menée auprès des Lorraines et des Lorrains pourrait s’appuyer sur la création d’un Office Régional de l’Eco-consommation. AXES OPERATIONNELS Réduction de la consommation d’énergie - Traduction dans une charte du caractère exemplaire des édifices publics Rénovation énergétique des logements : extension du dispositif ouvert aux bailleurs sociaux aux particuliers Encouragement à des comportements plus économes sur le plan énergétique Audit énergétique dans l’industrie et dans les entreprises Lutte contre la précarité énergétique - Mobilisation des réseaux sociaux Diffusion des pratiques d’éco-construction Préservation des ressources naturelles locale - Limitation des gravières Recyclage des matériaux de démolition Promotion de l’utilisation rationnelle des ressources Création d’un Office Régional de l’Eco-consommation - 103 Développer de nouvelles sources d’énergie Nous proposons que la Lorraine soit le moteur de la réduction de 75% à 50% de la part de l’énergie nucléaire dans notre production d’électricité. L’avenir de la centrale nucléaire de Cattenom ne sera pas décidé au niveau régional, mais la mise en place de solutions alternatives permettant d’augmenter la part d’électricité d’origine non nucléaire peut faciliter les choix futurs. La Lorraine pourrait être dans ce domaine, comme dans d’autres, exemplaire. Elle serait ainsi la première des régions françaises à s’inscrire résolument dans un avenir post-nucléaire, en se basant sur les efforts conduits dans le passé : la part des énergies renouvelables, qui s’élevait à 454 KTEP en 2009, ne cesse d’augmenter. Elle représente en 2010 près de 1 000 GWh. Production d’énergies renouvelables en Lorraine (GWh) Source : CESEL Le développement de nouvelles sources d’énergie reposera sur le soutien aux équipes de recherche développement et aux industriels dans le cadre des politiques de filières. La question du stockage de l’énergie pour le développement du photovoltaïque sera ainsi considérée comme un enjeu essentiel, tout comme le développement des filières hydrogène, silicium, éolien vertical et piles à combustible. Le soutien aux investissements, dans les bâtiments publics, les entreprises ou chez les particuliers regroupés en association, favorisera le recours au solaire thermique et à la géothermie, multipliant les sources de production, tournant le dos au modèle énergétique centralisé français. Cette volonté d’anticiper la fermeture de la centrale de Cattenom aura enfin des conséquences dans le domaine nucléaire : développement d’une filière recherche-développement liée à la réduction et à la sécurité des déchets radioactifs (dont la durée de vie durera plusieurs milliers d’années de plus que la centrale), traitement sur place des déchets, conversion (le moment venu) des emplois du nucléaire vers le démantèlement de la centrale. AXES OPERATIONNELS Développement des filières hydrogène, silicium, éolien vertical, piles à combustible Développement des technologies autour du stockage d’énergie Soutien aux actions collectives OCRE : solaire thermique, géothermie ; collectivités, entreprises, associations, particuliers dans une action collective Soutien bois énergie logements communaux 104 Soutien à la production d’énergie par les particuliers, multipliant les sources de production. Développement de l’autonomie des espaces publics sur le plan énergétique Apprendre à s’adapter au changement climatique et lutter contre les émissions de gaz à effet de serre Nombre de jours dont la température sera supérieure à 25 ° dans le Nord-est de la France Les enjeux liés au défi du changement climatique sont nombreux dans notre région. Pour mettre en œuvre un scénario « volontariste », il faudra combiner de manière cohérente et transversale de multiples efforts : La prise de conscience collective des enjeux. Le changement climatique est vécu comme une évolution lointaine et incertaine, alors que les derniers rapports du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), ou, plus près de nous, du Secrétaire Général aux Affaires Régionales (SGAR) de Franche-Comté, montrent qu’il constitue déjà une réalité. La mise en œuvre des plans climat territoriaux et du Schéma Régional Climat Air Energie. L’analyse des conséquences, notamment sur la filière bois, les cultures, les espèces, le tourisme, mais aussi des opportunités que peut apporter le changement climatique. La lutte contre la précarité énergétique, croisement économique, social et environnemental de la lutte contre le changement climatique. La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, où la Région sera le moteur d’une politique exemplaire contribuant directement à l’effort international de division par quatre des émissions de gaz à effet de serre et anticipant le renchérissement des énergies fossiles. La Lorraine figure en effet parmi les régions françaises les plus émettrices des principaux gaz à effet de serre, troisième rang pour le CH4, cinquième rang pour le CO2. La politique régionale intégrera des projets comme ULCOS, première mondiale dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre par la production d’acier. 105 Emission de gaz à effet de serre par habitant AXES OPERATIONNELS Préconisation de climatique - mesures d’adaptation au changement Mise en œuvre des plans climats territoriaux et du Schéma Régional Climat Air Energie Anticipation sur les espèces à développer notamment dans la sylviculture Développement d’échanges internationaux d’expérience Modèle d’urbanisme, et de construction sobre en émissions de dioxyde de carbone Offre de transport diversifiée, faiblement polluante et peu consommatrice en énergie Technologies de captage du carbone et de stockage en sous-sol - Projet ULCOS Préserver les ressources naturelles, la biodiversité et les paysages Notre région est une des plus riches régions françaises en termes de biodiversité. Elle compte 3 parcs naturels régionaux, 7 réserves naturelles nationales, 6 réserves naturelles régionales, 11 réserves naturelles volontaires, 22 arrêtés de protection de biotope, 26 réserves biologiques ou forestières, 87 sites en réseau Natura 2000. Le Conservatoire d’Espaces Naturels de Lorraine mène une politique de maîtrise foncière ou d’usage qui garantit la protection des espaces. Le Conseil Régional est le seul à piloter un projet européen LIFE. Dans les années qui viennent, nous nous attacherons à être le moteur et l’acteur principal d’une politique basée sur une approche globale de la qualité des paysages et de la biodiversité. Nous proposons ainsi de renouer avec la politique paysage conduite par le passé par le Conseil Régional, pour de nouveau améliorer la connaissance de nos paysages, de ce qui les compose et de la façon dont ils se sont crées, comprendre la manière dont nous percevons le paysage, afin de ne plus subir un paysage conçu au hasard mais de créer le paysage qui convient au plus grand nombre. Dépassant la seule dimension esthétique, cette politique montrera l’importance de la réflexion et de l’action sur le paysage pour redessiner le cadre de vie des lorrains et valoriser les territoires. Elle s’adressera en priorité aux structures intercommunales dont le territoire est bien souvent à l’échelle du paysage. Le projet de paysage permettra de préciser le diagnostic des projets de territoire et de créer des connexions entre les différentes interventions sectorielles liées au tourisme, à l’économie, à l’environnement, à la gestion agricole et forestière, au développement urbain, à la culture et à l’aspect social. Elle reposera sur un ensemble d’actions : plan de paysage, contrat de paysage, « animateurs paysage », ingénierie régionale, information… 106 Nous proposons également de soutenir la création de nouveaux Parc Naturel Régionaux à partir des projets à l’étude. Dans le domaine de la biodiversité, nous nous attacherons à la restauration et à la protection des espaces naturels et de l’écosystème régional (poursuite des acquisitions foncières), à la promulgation de nouveaux Arrêtés de Protection du Biotope et à un fonctionnement réel des sites Natura 2000. Parallèlement, la Région approuvera et mettra en œuvre le Schéma Régional de Cohérence Ecologique, mettra en œuvre la trame verte et bleue, favorisera une sylviculture favorable à la biodiversité… 107 La mise en valeur de la biodiversité et des paysages s’appuiera dans ce cadre sur le renforcement de la place des structures de conseils à tous les échelons des territoires : CAUE, et PNR, véritables outils de conseil et d’expérimentation… Cette volonté de valoriser ressources naturelles et biodiversité supposera enfin de conduire la plupart des stratégies correspondantes à l’échelle de la Grande Région, prenant notamment en compte la totalité des bassins hydrographiques de l’amont à l’aval. AXES OPERATIONNELS Création d’un nouveau Parc Naturel Régional Extension à 15 du nombre de Réserves Naturelles Régionales Promulgation de nouveaux APB Relance de la politique paysage Mise en œuvre de la trame verte et bleue Elaboration du schéma régional de cohérence écologique Priorité donnée à la protection et la gestion des habitats Poursuite de la politique foncière Développement d’une sylviculture favorable à la biodiversité Utilisation de l’ingénierie des parcs naturels régionaux Prise en compte de l’écosystème à l’échelle du Grand Est et de la Grande Région La mise en valeur de ce potentiel exceptionnel suppose aussi de nouvelles mesures dans le domaine de l’eau. Les risques liés à la surexploitation de cette ressource ont été réduits par l’arrêt des eaux d’exhaure. Mais les problèmes liés à la qualité des eaux de surface et souterraines restent préoccupants. Les collectivités de la région poursuivront donc leurs efforts dans ce domaine, en les liant aux travaux de recherche et développement conduits notamment dans le cadre du pôle HYDREOS, pôle de compétitivité de l’eau en Alsace Lorraine, levier fort du développement régional par l’émergence des filières de l’économie verte, en soutenant le fonds interrégional de recherche Lorraine-Luxembourg, et en prenant comme écosystème de référence un système grand-régional voire européen. Dans le domaine de la qualité de l’air, les collectivités s’attacheront aux deux enjeux principaux mis en lumière par le diagnostic de l’Observatoire Air Lorraine. La pollution régionale de fonds est marquée par une problématique persistante des particules fines et de l’ozone. La collecte des déchets lorrains est à la hausse, avec une grande proportion de déchets industriels, mais un meilleur taux de valorisation qu’au plan national. Lorraine 2020 propose de traiter les enjeux liés à ces derniers dans un cadre englobant fabrication, réduction et valorisation, en cherchant à limiter l’impact environnemental des déchets : prise en compte des modes de consommation, de l’extraction des matières premières, de l’élimination ou de la réutilisation des produits. Lorraine 2020 propose surtout de créer une filière spécifique autour du recyclage, une filière porteuse d’avenir et de lien entre l’économie classique et l’économie verte. AXES OPERATIONNELS Gestion exemplaire de l’eau Soutien du fonds interrégional de Luxembourg dans le domaine de l’eau recherche Lorraine- 108 Développement des mesures en faveur de la réduction de la production d’oxyde d’azote et de particules fines Prévention de la production de déchets et développement de leur valorisation Création d’une filière recyclage Fonctionnement plus sobre des réseaux urbains (eau, électricité, transports, chauffage) Prévenir et traiter les risques naturels et industriels, les pollutions, les nuisances sonores La Lorraine est au 4ème rang des régions pour les sites pollués. La base de pollution des sols du ministère du développement durable répertorie ainsi 385 sites pollués en Lorraine, ce qui représente 8,61% des sites au niveau national. Cette forte concentration est bien évidemment liée au passé industriel de la région. Au total, ce sont près de 6 000 hectares de friches industrielles qui ont peu à peu été abandonnés avec la fin des activités traditionnelles telles que les activités charbonnières, sidérurgiques, le textile. Le potentiel des compétences lorraines en matière de traitement des sols est très important. Il pourrait faire l’objet d’un réel pôle de compétences et donner une lisibilité de la région dans ce domaine : Le laboratoire des sols et environnement de l’INPL (Sols anthropisés, phytoremédiation, biodisponibilité, pédogenèse). L’institut Carnot ICEEL. L’IUT de Thionville (compétences en phytoremédiation, …). L’IUT de Saint-Avold (compétences dans le domaine de la chimie). AXES OPERATIONNELS Création d’un pôle de compétence traitement des sols Raisonner la nature en ville en termes de trame verte et bleue Les territoires urbains contiennent peu d'espaces naturels reconnus comme remarquables et donc protégés : la réglementation en matière d'espaces naturels porte en effet uniquement sur la nature "extraordinaire", les grands espaces abritant des espèces rares et menacées. Mais celles-ci ne peuvent être protégées que s'il existe suffisamment de nature "ordinaire" jouant le rôle de corridors écologiques. C’est le concept même de trame verte et bleue. Le territoire national s’urbanisant de plus en plus rapidement, garder des espaces de nature en ville devient aujourd’hui crucial pour stopper la perte de biodiversité, des espaces ouverts qui constituent une nature "ordinaire", des espaces qu’il convient de prendre en compte dans une optique de maillage écologique, pour connecter les réservoirs de biodiversité entre eux. Le premier objectif de Lorraine 2020 est de poursuivre la logique de déclinaison territoriale de la trame verte et bleue et du futur Schéma Régional de Cohérence Ecologique afin de délimiter les connexions à établir et à préserver au sein et autour des agglomérations. Le deuxième objectif sera de retrouver la nature en ville grâce aux friches urbaines. Relativement présentes en espace urbain et périurbain, les friches sont des espaces de nature spontanée remarquables. Malgré leur connotation généralement négative, ces friches sont souvent des "réservoirs 109 de biodiversité". Le maintien et la mise en valeur de certains de ces espaces par reconnaissance de leur rôle dans la trame verte et bleue permettra de garantir la fonctionnalité des liaisons écologiques. Troisième objectif, ancrer les parcs et jardins dans le réseau écologique. Déjà partiellement mis en œuvre par le biais de la gestion différenciée des espaces verts, la prise en compte de la nature ordinaire des parcs et jardins peut permettre rapidement d’accroitre le potentiel d’accueil de la biodiversité de ces lieux (plantation d’espèces locales, fauches tardives, arrêt des pesticides, création de mares…). La dimension sociale des jardins familiaux accroit l’intérêt de cette thématique. Quatrième objectif, faire émerger une mise en place massive de toits végétalisés. Sur les terrasses extensivement végétalisées, la faune et la flore peuvent se développer et constituer des îlots de survie. La généralisation de cette pratique permettrait la reconstitution d’un véritable maillage écologique et de corridors, qui autorisent au sein de la ville la circulation des espèces animales et végétales, les flux de gènes indispensables à la survie des espèces et à leur adaptation au milieu. Dernier objectif, redonner vie aux cours d’eau urbains. Souvent malmenés en ville, les cours d’eau sont de véritables corridors écologiques s’ils conservent une certaine naturalité (végétation de rives et berges non bétonnées). La renaturation des rivières comme la continuité du réseau hydrographique peuvent fortement contribuer au maillage écologique en ville tout en améliorant la qualité paysagère. AXES OPERATIONNELS Poursuite de la logique de déclinaison territoriale de la trame verte et bleue Renforcement de la nature en ville grâce aux friches urbaines Intégration des parcs et jardins dans le réseau écologique Mise en place massive de toits végétalisés Restauration de la vie des cours d’eau urbains 110 111 BOUGER 9- Une optimodalité exemplaire Vous condamnez la priorité de fait donnée à l’usage presque exclusif de la voiture particulière, vous dénoncez l’importance des coûts collectifs qu’elle induit comme le poids croissant des charges que vous supportez en tant que conducteurs. Vous permettre de vous déplacer mieux et à moindre coût, c’est imaginer un modèle différent basé sur l’optimodal, une autre façon de bouger. Crédit photo : Pascal Bodez 112 113 Les infrastructures de transport tissent des liens étroits avec l’économie des territoires et peuvent contribuer à leur développement, à condition d’associer performance des réseaux et qualité des services d’organisation du transport de voyageurs et de marchandises. Les transports sont ainsi une des clefs pour lutter contre la fracture territoriale qui exclut une partie des habitants de l’accès aux emplois et aux services publics. Par ailleurs, la prise en compte des problématiques du développement durable a considérablement modifié l’approche des politiques publiques sur la façon de construire, de bouger, de vivre et d’aménager les territoires. Dans ce contexte, une des clés de l’avenir de la Lorraine réside dans sa capacité à tirer profit de ses atouts en créant de véritables chaînes « optimodales » de transports des personnes et des marchandises. Ce concept d’optimodalité consiste à offrir la meilleure combinaison entre tous les modes de transports en misant sur leur complémentarité et en organisant leur articulation. Anticiper les évolutions futures Aujourd’hui, la population active a prioritairement recours à l’usage de la voiture individuelle. Elle est encore majoritaire dans les déplacements domicile-travail : 2 points de plus que la moyenne française hors Ile-de-France. Avec 69 % d’actifs travaillant hors de leur commune de résidence en 2006, la Lorraine dépasse la moyenne nationale (hors IDF) de 10 points. Le poids de l’emploi frontalier y est pour beaucoup. La pollution générée s’accompagne d’une augmentation très sensible de la consommation et de la dépendance énergétique. De plus, l’impact économique des déplacements n’est pas neutre pour les familles. Pendant ce temps, la durée des trajets, l’obligation de prendre successivement plusieurs types de transports, la dégradation des services ferroviaires, les embouteillages, empoisonnent la vie quotidienne des habitants de la région. Déplacements domicile travail en Lorraine Sources : CESEL/DREAL Pour avancer dans une logique d’éco mobilité, les nouveaux défis des territoires consistent en leur capacité à organiser autrement les trafics actuels et à anticiper leur progression, comme les conséquences de l’augmentation des couts de l’énergie. Un des moyens pour y parvenir consiste à agir à la source, c’est-à-dire sur les « pôles générateurs » de flux de personnes et de marchandises. Le développement des « éco quartiers » et « éco cités » atteste d’une prise de conscience de la nécessité de lier politiques de développement économique, de l’urbanisme et des mobilités dès lors que l’on se positionne dans une vision durable des territoires lorrains. Cette prise de conscience débouche sur une meilleure maîtrise des extensions urbaines. Elle intègre aussi une évolution de la localisation des services, des emplois ou de leur nature, notamment dans le cadre du développement du télétravail, limitant les besoins en déplacement. Elle suppose enfin d’interconnecter les stratégies et les dynamiques aux niveaux métropolitain et régional en matière de mobilité et d’urbanisme. 114 L’ensemble des réflexions pourrait être rassemblé dans un cadre au caractère planificateur qui définisse les objectifs et priorités des réseaux et services de transports. Les schémas existants ne répondent en effet que partiellement aux besoins. AXES OPERATIONNELS Maitrise du développement périurbain Intensification des centralités pour limiter les déplacements Politique d’aménagement et d’urbanisme renforçant le bien être en réduisant les besoins de déplacements quotidiens : disparition des 3 heures quotidiennes perdues dans les transports Politique de télétravail Concertation entre AOT et autorités maitrisant l’urbanisme Interconnexion des dynamiques métropolitaines et régionales en matière de mobilité et d’urbanisme Mise en place d’un nouveau cadre planificateur de développement de la mobilité Mettre voyageurs en place une gouvernance de l’intermodalité Le renforcement de l’intermodalité reposera sur une meilleure coordination des Autorités Organisatrices des Transports (AOT). Il n’est pour cela pas nécessaire d’attendre la mise en place d’une AOT unique. Il semble par contre important, dans un souci d’efficacité de distinguer deux enjeux essentiels, assumés chacun par une structure différente L’harmonisation des services existants d’abord : lignes, horaires, billeterie et tarification. Elle pourrait être assurée par le Syndicat Mixte Intermodal Régional des Transports (SMIRT) qui vise à regrouper toutes les Autorisés Organisatrices des Transports du périmètre régional. Pour exercer ses missions, le SMIRT sera amené à développer les outils suivant : Un système d’information multimodale : itinéraires, prix et horaires de tous les réseaux. Une Billettique et une tarification intégrée : le support billettique commun est déjà en vigueur ou en projet selon les territoires, mais pas la tarification intégrée, qui suppose un accord sur un système équitable de répartition des dépenses et des recettes. La planification concertée de l’offre des réseaux pour une meilleure articulation et complémentarité des dessertes et des horaires. Cet axe pourrait profiter de l’horizon de la création de la gare de Vandières et de certains projets de transports en commun ou de renouvellement de délégation de service public, pour être mis en place. La recherche d’innovations et d’anticipation ensuite : elle serait confiée à une organisation associant AOT, opérateurs de transport, usagers, chercheurs, universitaires… Dans ce contexte, la Région assumerait un double rôle : autorité organisatrice des transports ferroviaires d’une part, coordination de l’offre de transport à l’échelle régionale de l’autre. AXES OPERATIONNELS Création du SMIRT Mise en place d’une instance d’innovation et de réflexion sur les problématiques de mobilité 115 Concentrer les nouveaux investissements sur certaines lignes ferroviaires La traduction la plus éclatante de la conception optimodale des transports sera sans nul doute la réalisation de la gare de Vandières. Ce projet est tout d’abord le garant de mobilités plus durables à l’échelle régionale, interrégionale et européenne, grâce à une liaison fer-fer entre les villes. Il est aussi le vecteur d’une image de modernité pour la Région, et s’inscrit dans une stratégie plus large de mise en réseau des acteurs et des équipements. En matière d’infrastructures, les nouveaux chantiers seront limités en nombre et centrés sur le ferroviaire et le fluvial. L’extension des réseaux routiers relève davantage de l’optimisation de l’existant. Dans le domaine ferroviaire, le réseau régional TER a connu une nette amélioration depuis les années 2000. Il atteint cependant ses limites du fait de la saturation des gares de Metz et Nancy ou encore du manque de dessertes en Lorraine rurale (Meuse notamment). La situation particulièrement dégradée de certaines voies ferrées a aussi été soulignée par beaucoup d’entre vous. La liaison avec le Luxembourg nécessite aussi des améliorations sur le réseau ferré et sur la gare de Luxembourg ville. Si l’ouverture complète de la LGV vers l’Europe de l’Est et la gare d’interconnexion TGV/TER de Vandières devraient améliorer l’accessibilité externe de la Lorraine à partir des autres régions françaises et européennes, une nouvelle politique est nécessaire pour qu’il en aille de même en termes de mobilité interne. Au niveau infrarégional, l’enjeu est de pouvoir augmenter les capacités sur l’axe Nord Sud, ce qui nécessite de trouver des solutions au problème de saturation. Il s’agit aussi de mieux desservir certaines zones urbanisées (Val de Fensch notamment), d’améliorer le cadencement de certaines dessertes (Bar-le-Duc, Verdun ou Neufchâteau par exemple). Enfin la situation de la région dépendra largement dans les 5 à 10 prochaines années des réponses qui seront apportées à un double défi : l’entretien et la rénovation du réseau pour maintenir l’offre de desserte sur l’ensemble du territoire. L’issue de ce défi est liée à la capacité qu’auront RFF, l’État et la 116 Collectivité Régionale à déterminer la contribution financière de chacun la plus équitable et la plus juste. En attendant, l’avenir de trois lignes dites « malades » est particulièrement en danger : NancyMerey, Sarreguemines-Bitche et Conflans-Verdun. En fonction des résultats des discussions, il faudra analyser sans tabous les solutions techniques possibles quand le coût d’une desserte ferroviaire ou les travaux nécessaires à la remise en état des voies sont sans commune mesure avec la fréquentation de la ligne ou de la gare. Cette analyse, intégrant les enjeux qui relèvent du service, des infrastructures et du développement durable, pourra conduire à transformer en lignes de bus certaines lignes ferroviaires (Bitche – Sarreguemines qui demanderait 50 M€ d’investissement) ou encore à en optimiser certaines par fermeture de certaines gares (comme sur la ligne Nancy – Merey par exemple). Evolution de la fréquentation et de l’offre TER (base 100 en 2002) Source : CESEL AXES OPERATIONNELS Réalisation de la gare de Vandières Amélioration du réseau de transports collectifs à l’échelle de la Grande Région reliant les agglomérations des réseaux métropolitains, et les réseaux métropolitains entre eux Amélioration des liaisons en transports en commun entre villes centre et territoires environnants Développement de l’intermodalité par l’aménagement de pôles d’échanges multimodaux Aménagement autour des gares pour en faire de véritables nœuds d’interconnexion Développement de capacités de stationnement autour des gares Réalisation des investissements nécessaires sur le réseau ferré Adaptation de l’offre de services à la demande Suppression des goulets d’étranglement dans les infrastructures routières essentielles Développer les mobilités douces En synergie avec les actions conduites sur les routes ou en faveur des transports en commun, nous proposons de replacer cette politique dans le cadre d’une politique de mobilité différente, basée sur une offre de transport diversifiée, faiblement polluante et peu consommatrice en énergie. C’est aussi une des composantes de l’optimodalité. 117 AXES OPERATIONNELS Développement des infrastructures pour véhicules électriques Développement d’une nouvelle offre de transport étendue : auto partage, transport à la demande, libre-service, taxis collectifs… Simplification de la réglementation sur le covoiturage et l’auto partage Mise en place d’un nouveau partage de la voirie, accordant une priorité aux transports en commun et aux liaisons douces Formations à l’éco conduite Soutien régional au développement de véhicules plus performants et moins polluants Aménagement pistes cyclables et réseau véloroutes voies vertes Création d'abris vélos et d'infrastructures de rechargement des véhicules électriques Renforcer la performance des réseaux et la qualité des équipements multimodaux pour structurer la filière logistique La mise en place de l’optimodalité nécessite d’agir à la fois sur les infrastructures et sur les services associés. Le concept de chaîne « optimodale » de transport de marchandises constitue à ce titre une des clés de la structuration de la filière logistique. Le caractère complet de la filière dépend d’une vision véritablement intégrée des fonctions logistique, marketing, production, formation ou encore recherche et développement, reposant sur des projets prioritaires : La reconversion de la gare de Louvigny : l’activité fret express pourrait y être développée en lien avec le redéploiement du fret avionné et en envisageant également une activité fret ferroviaire indépendante de l’avionné. La mise en place d’un opérateur ferroviaire de proximité (OFP). Cette démarche impliquera nécessairement des relations avec les plateformes ferroviaires actuelles (Woippy, Lérouville, Hagondange, Blainville…) et les projets de réactivation (Champigneulles). L’organisation des synergies possibles entre l’OFP et les « plates-formes fluviales le long de la Moselle ». L’aménagement des sections à 2*2 en 2*3 voies de L’autoroute A31 (avec gestion prioritaire au covoiturage et aux Transport en Commun en Site Propre) et le traitement hyper qualitatif des deux barreaux neufs de contournement. 118 AXES OPERATIONNELS Création de chaines optimodales de transport en offrant la meilleure combinaison des modes de transport en misant sur leur complémentarité et en organisant leur articulation Reconversion de la gare de Louvigny en gare fret Mise en place d’un opérateur ferroviaire de proximité (OFP) Organisation des synergies possibles entre l’OFP et les « platesformes fluviales le long de la Moselle » Aménagement des sections à 2x2 en 2x3 voies de L’autoroute A31 119 INVENTER 10- Un nouveau modèle d’urbanisation Vous avez de plus en plus de mal à vous loger près de votre lieu de travail, et vous souhaitez disposer de logements moins éloignés des services de la vie de tous les jours. Vous dénoncez parallèlement l’impact négatif de l’urbanisation sur les espaces naturels. Vous dessinez une région à l’urbanisation maitrisée, preuve de notre capacité à inventer un urbanisme différent. Crédit photo : Pascal Bodez 120 121 Malgré la stabilité démographique, l’étalement de la population se poursuit, lié à la difficulté de trouver un logement au plus près des zones d’emplois. C’est l’une des principales caractéristiques de l’évolution de la population française : l’essor des espaces périurbains. Les enjeux économiques, sociaux et environnementaux liés à ce phénomène sont majeurs. Les offres de transports publics, la fréquentation des infrastructures, la facture énergétique des navetteurs, la qualité de vie, les émissions de CO2, sont autant de conséquences à intégrer dans les politiques publiques. Des conséquences dont l’impact sera démultiplié par le vieillissement global de la population. De plus, l’artificialisation des sols qu’implique un tel étalement est une conséquence environnementale qui doit être intégrée dans les schémas d’aménagement du territoire de la Lorraine. La Lorraine a cependant la chance de disposer de villes à taille humaine et de cités plus modestes qui représentent autant de pôles auxquels peuvent se rattacher des lieux de vie périphériques. Le modèle de réseau urbain de la Lorraine est atypique. Il n’est pas de type hiérarchique avec une organisation territoriale française centralisée autour du chef-lieu de département. Il forme un archipel à l’échelle régionale, sans frontières, qui permet d’inventer une nouvelle conception de l’espace. C’est en termes d’aménagement, d’équipements et de services, à l’échelle d’un territoire nécessairement relié aux autres espaces, dans une dimension régionale, que doit aujourd’hui se concevoir un aménagement concerté de ce nouvel espace. Artificialisation des sols de 2000 à 2006 Sources : INSEE/DREAL Mais la question de l’aménagement de l’espace pour travailler, se former, vivre au quotidien dépasse largement la seule rationalité économique. Il suffit pour s’en convaincre de lire et d’entendre les élus locaux dans le cadre de la réorganisation territoriale qui prévoit de nouveaux regroupements communaux. L’intérêt général se calcule le plus souvent par l’addition des intérêts particuliers faute de trouver un projet pouvant rassembler et développer des services et des activités. Vivre ensemble est plus que vivre entre soi ! A la place d’ériger des murs ou de nouvelles frontières il faut construire des ponts et des passerelles. C’est tout l’enjeu du renouveau lorrain. Des élus, les membres des conseils de développement deviennent de véritables « entrepreneurs de l’action territoriale » en faisant de l’intérêt général et de la participation des habitants aux décisions d’aménagement et de création de services le moteur de leurs démarches pour aller au-delà des seuls intérêts particuliers, dans un cadre partagé au niveau régional, mettant en cohérence l’ensemble des politiques de développement. Ce cadre doit permettre de développer une politique volontariste pour limiter la périurbanisation qui consomme des espaces naturels et agricoles. Renforcer les pôles urbains implique de changer de politique foncière, proposer un habitat plus dense et une organisation de l’espace pouvant limiter les déplacements domicile-travail. 122 Limiter l’urbanisation des terrains agricoles et naturels, la périurbanisation et le développement pavillonnaire Alors que l’artificialisation des sols avait progressé deux fois moins vite en Lorraine qu’en France entre 1990 et 2000, son rythme s’est accéléré sur la période 2000 2006 pour rejoindre la tendance nationale. L’étalement urbain illustre parfaitement les contradictions entre court terme et long terme dont sont victimes les choix publics. A court terme, la création d’un nouveau lotissement apparaît comme une source de développement pour la commune à l’initiative de l’opération d’aménagement. Mais à moyen terme les conséquences globales peuvent se révéler couteuses pour la collectivité, en termes d’investissements et de fonctionnement, liés aux équipements à construire, aux services, notamment de transport, à mettre en place, et à l’ensemble des réseaux : eau, énergie, déchets, haut-débit… Maitriser l’étalement urbain apparaît donc comme une nécessité d’utilité publique, qui ne signifie pas pour autant concentrer la population dans les seules grandes villes. L’augmentation de la population n’est ni un but ni une solution en soi. Maîtriser l’étalement urbain, c’est favoriser les opérations de renaissance des centres bourgs, en construisant dans les « dents creuses », en réhabilitant l’habitat ancien. C’est organiser la vie collective autour des centralités, qu’elles soient urbaines ou rurales. C’est aussi mettre en cohérence les différents documents d’urbanisme dans une approche régionale permettant de vérifier l’adéquation entre terrains ouverts à l’urbanisation et besoins à moyen terme. C’est donner un cadre régional aux différents SCoT, et accompagner les collectivités dans le respect des orientations régionales. Le travail d’animation et de pédagogie est important et doit être encouragé à l’échelle des SCoT mais aussi des PLU et des cartes communales qui prennent peu en compte la maîtrise de l’urbanisation. C’est proposer que toute opération d’artificialisation des sols soit précédée d’une étude d’impact à court et moyen terme sur les coûts induits pour la puissance publique. Ce pourrait être proposer un moratoire sur 10 ans concernant la consommation d’espaces agricoles. Enfin, la question de la répartition des compétences entre les acteurs de l’habitat constitue un levier sur lequel il semble nécessaire d’agir pour intervenir plus efficacement. La compétence « logement » et la compétence « urbanisme » s’exercent encore trop souvent à des niveaux différents de responsabilité, celui du bassin intercommunal d’habitat pour la première, de la commune pour la seconde. Les Plans Locaux d’Urbanisme devraient être établis au même niveau de responsabilité que les Programmes Locaux d’Habitat, à savoir au niveau intercommunal. Il semble par conséquent nécessaire d’encourager les collectivités membres d’un EPCI à procéder aux transferts de compétences correspondants. Nous atteindrons ainsi notre objectif, faire mieux que la référence Grenelle, diviser par plus de deux l’artificialisation des sols. 123 AXES OPERATIONNELS Mise en place d’étude d’impact sur les coûts publics induits par toute nouvelle opération d’extension urbaine Travail d’animation et de pédagogie autour des SCoT Travail spécifique dans les petites communes qui ne disposent pas de services d’urbanisme, pour agir au plus près des territoires Développement de PLU intercommunaux Reconquête des centres, dents creuses et friches, urbaines comme rurales Reconquête des centralités (lieux de vie et d’animation) en milieu urbain comme en milieu rural Adoption par l’ensemble des acteurs d’un moratoire régional de 10 ans sur la consommation d’espaces agricoles Maitriser le foncier La rareté du foncier, et par voie de conséquence son prix élevé, constituent des obstacles majeurs à la réalisation de programmes de nouveaux logements ainsi qu’à leur diversification. Même si la Lorraine, grâce notamment à la politique de réserve foncière mise en œuvre par l’EPFL et les collectivités territoriales, et à la faiblesse de la pression démographique, connaît un prix du foncier assez faible et relativement stable, on assiste à des phénomènes de forte hausse du prix des terrains à bâtir, y compris en périphérie des villes. De plus, certains territoires, proches des frontières allemandes et luxembourgeoises, ont subi ces dernières années des hausses importantes des prix des logements en raison de la pression forte des demandes qui, combinée à une raréfaction du foncier sur ces secteurs, entraîne des difficultés peu maîtrisables pour les collectivités locales. Le prix du foncier peut devenir un réel obstacle à la diversité de l’habitat et à la mixité des fonctions. En effet, le logement est en concurrence avec d’autres usages du sol, producteurs d’une richesse immédiate, à l’instar des activités économiques, peu économes en matière de consommation d’espace. La production de logements, et notamment de logements sociaux, est quant à elle source de coûts supplémentaires en équipements et services collectifs. On assiste ainsi à une compétition effrénée pour l’occupation de l’espace qui engendre mécaniquement un renchérissement des terrains qui exclue de fait les opérations les plus difficiles à équilibrer, et notamment celles liées au logement social. Pour maîtriser l’ensemble de ces évolutions et disposer des terrains nécessaires à une offre de logements au plus près des centres de vie, nous proposons d’accompagner la mise à disposition gratuite des terrains de l’Etat auprès des collectivités en redéfinissant les missions et les moyens de l’EPFL pour conduire une véritable politique foncière régionale dépassant les seules friches industrielles et s’inscrivant dans le moyen terme. AXES OPERATIONNELS Renforcement des politiques foncières à l’échelle régionale Mise en place d’une plateforme régionale d’observation et d’échanges 124 Créer un nouveau modèle d’habitat collectif durable pour concilier les objectifs de densification, de mixité sociale et de qualité de vie Pour que nos villes soient considérées comme « durables », il est nécessaire qu’elles soient plus denses. Cela suppose de changer d’échelle et d’adopter un développement raisonné de l’étalement urbain, mais surtout de mettre un terme à une « urbanisation sans architecte », anarchique. Dans un contexte de nécessaire densification des villes, la question d’un nouveau modèle d’habitat collectif se pose : un habitat qui permet de densifier les villes tout en ayant les qualités de l’habitat individuel (avec jardins ou terrasses privatives), qui tienne compte des aspirations des ménages en matière de lieux et de qualité de vie, et qui favorise autant que possible la mixité sociale. Dans ce cadre, l’autopromotion peut constituer une nouvelle voie vers l’habitat collectif durable en Lorraine. Elle consiste en un regroupement de particuliers afin de concevoir, de financer et de réaliser ensemble un projet immobilier, conçu pour répondre aux besoins d’espace, aux attentes sociales ainsi qu’aux possibilités de financement de chacun. Les futurs habitants se trouvent être à la fois architectes, urbanistes et investisseurs. Les avantages de l’autopromotion sont nombreux : Des citoyens acteurs et non plus uniquement consommateurs : implication des habitants lesquels définissent collectivement leur projet d’habitat. Les habitants conçoivent et réalisent des habitats qui correspondent avec précision à leurs besoins et attentes. Mutualisation des espaces (buanderie, salle commune, chambres d’amis, atelier de bricolage, lieux de stockage, …) : les espaces et services en commun facilitent la convivialité et entraînent des économies pour chaque ménage. Un « voisinage choisi » plutôt qu’un « voisinage subi » dans la mesure où les habitants qui se regroupent vont partager ensemble « l’histoire de la réalisation du projet ». Une plus grande mixité sociale : l’autopromotion permet de faire cohabiter des personnes provenant de milieux sociaux divers et aux revenus disparates. L’autopromotion permet enfin une économie réelle par rapport à un logement du marché privé à qualité égale compte tenu de l’absence de certains frais. Elle ouvre ainsi un accès à des logements de grande qualité à des foyers avec des moyens modestes. De nombreuses initiatives de ce type émergent aujourd’hui en France, qu’il semble nécessaire d’encourager. L’autopromotion ne peut, à elle seule, résoudre la totalité des problématiques auxquelles nous sommes confrontés. Il faut favoriser l’émergence de tout type d’actions innovantes dans ce domaine (revisiter le droit de bail pour lui donner plus de souplesse, encourager le développement des résidences hôtelières, développer les solutions d’intermédiation locative pour des publics spécifiques (les jeunes en particulier), envisager des solutions de logements accompagnés de services spécifiques pour les personnes âgées ou dépendantes, explorer la mise en œuvre d’écocités, d’éco-quartiers dans la logique du développement durable. AXES OPERATIONNELS Construction de logements sociaux dans les centralités Soutien des projets d’auto promotion 125 L’ENGAGEMENT CITOYEN Crédit photo : Pascal Bodez 126 « Dire ce que l’on veut et choisir le chemin, debout au cœur du quotidien que demain façonnera l’enfant … » 127 S’EPANOUIR 11- Des hommes développement et des femmes « forces » de Vous revendiquez le droit d’évoluer, de vous adapter, de créer. Pour que vous soyez force de développement, la formation, tout au long de votre vie, jouera un rôle essentiel pour vous permettre de vous épanouir. Crédit photo : Pascal Bodez 128 129 Le problème majeur de la construction du nouvel espace de vie d’où sortira grandie notre Région Lorraine réside en partie de la difficulté de penser son développement autrement qu’en fonction des critères classiques de l’économie telle qu’elle fonctionne, en tant que système de production et de répartition des richesses. Tous les discours politiquement corrects font pourtant de « l’homme » la finalité d’une action économique, sociale et politique. Mais ces belles intentions « humanistes » sont le plus souvent contredites par l’impitoyable compétitivité qui ne s’exerce pas seulement sur les marchés en termes de rentabilité mais aussi dans la vie quotidienne par des déclassements et des exclusions créant une société anxiogène où l’individu dans sa solitude serait seul responsable de sa situation. On veut nous faire croire que le chômage, le déficit de qualifications, la pauvreté matérielle et culturelle proviendraient uniquement d’une sorte d’inadaptation des personnes aux changements inévitables à toutes évolutions de la vie. Ce darwinisme social sert encore de référence pour masquer une forme d’impuissance politique à répondre aux principes qui fondent une vie en société dont les valeurs sont pourtant inscrites sur les frontons des monuments publics et dans les chartes qui scellent les accords de coopérations entre les pays. Le développement économique a été le moteur de notre démographie dans ce quart Nord Est de la France. Aujourd’hui les enjeux sont différents. La Lorraine qui fut pour les livres d’histoire et de géographie la terre des mines et de la sidérurgie doit devenir celle de la matière et des matériaux intégrés dans une écologie de la vie économique et sociale. Niveau d’éducation de la population selon la commune Source : INSEE Un enjeu de cette taille n’est pas seulement une affaire d’investisseurs, d’experts et de créations d’emplois dans des automatismes qui n’ont existé qu’en raison des capacités des populations à répondre aux exigences des processus de production des biens et des services et aux attentes nouvelles nées de modes de vie en constante transformation. Il y a en permanence une sorte d’interaction démontrant que la vie en société n’est pas une mécanique plus ou moins bien huilée. Si le travail rémunéré ou gratuit est fondamental pour tout simplement exister, il est possible de penser un renouveau lorrain dans son espace européen autre : en faisant de la qualité de la vie sociale et culturelle, de la formation tout au long de la vie, des loisirs et du sport les facteurs concordant, avec le travail, de son attractivité. La Lorraine, comme ses partenaires de la Grande Région a pour principal atout sa population. Dans de nombreux villages plus ou moins proches des villes et du travail, de nouveaux habitants apportent un renouveau à un espace qui pouvait dépérir et, si l’on regarde de près, on constatera que parmi ces « nouveaux » quelques-uns sont en fait des enfants qui « reviennent au pays ». Les plus 130 anciens ne sont pas en reste pour enrichir une vie locale qui permet aux journaux de présenter chaque jour dans leurs éditions locales les multiples activités des associations. Ce qui est possible dans la vie locale peut l’être aussi dans l’entreprise, l’université, les services aux personnes, la santé… La qualité de la vie se gagnera par une élévation permanente des capacités à agir et à s’impliquer dans les projets à la fois personnels et collectifs, professionnels et résidentiels. Concevoir autrement la formation tout au long de la vie L’appareil de formation lorrain souffre aujourd’hui d’une relative surdimension, d’une mauvaise répartition territoriale, d’un manque d’attractivité, mais aussi du manque de mobilité de beaucoup de jeunes (lycées de proximité d’où les jeunes ne veulent pas bouger, établissements de quelques dizaines d’élèves devenant pléthoriques) voire d’un manque d’ambition de beaucoup de jeunes pour la formation. Les risques pour l’avenir sont réels : baisse de la performance de l’appareil de formation (taux de réussite en baisse alarmante depuis quelques années), départ encore plus précoce des jeunes, perte de savoir-faire y compris dans la transmission et la formation, déclin de la formation en Lorraine au profit de Strasbourg, Reims, voire Dijon et Luxembourg. Le principal enjeu se trouve dans la construction d’un grand projet de formation continue incluant la formation initiale, la formation professionnelle, les formations supérieures et l’éducation permanente dont l’objet vise à la fois l’émergence des potentialités personnelles et collectives, tous les apprentissages, l’entretien et le développement des connaissances permettant d’apprendre et de cultiver le « vivre ensemble ». Le discours traditionnel concernant la formation professionnelle comme nécessité de concilier l’économique et le social est certes incontournable, mais insuffisant. Une focalisation excessive sur cette nécessité de concilier l’économique et le social peut en effet conduire à considérer la formation comme une voie médiane entre deux approches « extrêmes » : Un processus d’ajustement à des exigences économiques que personne ne maîtrise plus vraiment (et surtout pas ceux « envoyés » en formation…). Un dispositif de prestations considérées comme des « compensations sociales » (et préservant ainsi une certaine forme de régulation sociale) destinées à des consommateurs passifs. Or, adopter une conception de la formation professionnelle structurée autour de la recherche de cette voie médiane présente des risques majeurs : Considérer l’être humain comme un objet de formation, réduire cette formation à un transfert de connaissances entre ceux qui détiennent le savoir (et donc une forme de pouvoir) et ceux qui en manquent (et sont donc dépendants), Etablir ainsi une coupure entre le monde de la formation d’une part, avec ses règles, codes et normes, et la réalité de la vie quotidienne des formés d’autre part, avec leurs valeurs, identité et culture… Engager ainsi un cercle vicieux où ce décalage persistant entre les deux incite le système formation vers toujours plus de sophistication, et donc de complexification, afin de trouver des réponses formation pour le compte des formés, qui deviennent ainsi toujours plus objet de formation, creusant encore un peu plus la coupure, etc… D’où un « taylorisme » accru du système formation, qui peut générer des mécanismes de dépendance et d’assistanat, priver l’individu de sa capacité à être sujet de son développement personnel et professionnel en le considérant comme un consommateur plutôt qu’un acteur de sa formation, et éventuellement l’engager dans une spirale d’échecs qui aboutit à une perte d’estime de soi et de confiance en soi, mais aussi de rejet de la formation. 131 Cette « quadrature du cercle » est de plus en plus inacceptable pour tous : notre objectif est de donner à chaque lorrain la chance de trouver sa place dans notre société de la connaissance et de l’innovation. Pour concrétiser cet objectif, il nous faut procéder à un changement de « paradigme » structuré autour de trois principes majeurs : Considérer que la valorisation de notre patrimoine humain constitue une des finalités de notre société de la connaissance et de l’innovation : elle doit être considérée comme une priorité stratégique dont la concrétisation conditionnera un développement économique et social durable, et non plus comme une variable d’ajustement pour adapter la dimension humaine aux enjeux économiques et sociaux. Faire vivre une « charte des droits et devoirs des lorrains » par rapport à la formation professionnelle afin d’apporter à chaque lorrain, selon sa situation et ses besoins, les moyens de valoriser pleinement son patrimoine humain : le système formation doit contribuer à cette prise de conscience individuelle et collective de ce besoin nouveau, en donnant à chacun les moyens de devenir sujet et acteur de son parcours formation en vue de son développement personnel et professionnel. Traduire ces évolutions dans la construction d’un système de pilotage des politiques publiques centré sur la valorisation de ce patrimoine humain : il s’agira de mobiliser les multiples acteurs de la formation, de l’orientation et de l’insertion sur une refondation organisationnelle, technique et financière du système, afin de déployer des dispositifs qui prennent en compte les caractéristiques de chacun dans l’acte d’apprendre, qui construisent ensemble des solutions personnalisées et stimulent ainsi le goût et l’envie de se former. Cette nouvelle dynamique peut paraître très ambitieuse, mais elle est nécessaire pour donner toute sa place à la formation qui doit être désormais considérée comme un effet levier à actionner au cœur de trois enjeux sociétaux concomitants : développement culturel : stimuler l’accès de chaque lorrain à la formation et parvenir à intégrer celle-ci à la vie quotidienne de chacun, notamment ceux qui socialement y ont le moins accès, en tant que droit et devoir du citoyen, comme c’est devenu aujourd’hui par exemple le cas en ce qui concerne le fait de s’occuper de sa santé. La formation comme levier de l’accès à l’autonomie de chacun, et comme opportunité de développement tant personnel que professionnel pour favoriser la mixité sociale et culturelle. développement social : rechercher l’accès à la qualification de chacun en relançant fortement l’innovation en matière de formation de façon à replacer la relation entre la personne et la situation de travail au centre des investissements formation, et encourager ainsi la construction de parcours de formation adapté tant aux caractéristiques de chaque actif qu’à celles de la réalité du marché de l’emploi. La formation comme vecteur de promotion sociale et comme facteur de lien social. développement économique et territorial : valoriser la nature et le niveau des compétences des actifs vivant sur nos territoires (aussi bien parmi les salariés en poste que pour les personnes en recherche d’emploi), et encourager leurs potentialités d’évolution en investissant sur des dispositifs innovants visant à anticiper et accompagner les mutations socio-économiques. La valorisation du patrimoine humain devient ainsi un atout en amont du développement économique et de l’attractivité territoriale, et plus seulement un souci d’adaptation ou de reclassement de la main d’œuvre. Mais c’est aussi un facteur de qualité de vie sur les territoires, dans la mesure où la formation constitue aussi un vecteur de lien et de cohésion sociale, et les lieux de formation un atout pour la dynamique de développement des territoires. Cette « grille de lecture » des enjeux formation renverse la logique habituelle centrée sur la gestion des dispositifs et le traitement de l’offre : elle oblige à poser ces enjeux en termes de traitement du 132 développement conjoint des personnes, de leurs compétences et qualification, des activités économiques et du développement des territoires. Une telle ambition peut se concrétiser par la mise en œuvre concrète d’une Agence de Développement de la Formation Permanente. C’est à l’Université Lorraine, de prendre le pilotage d’un tel projet. En coopération avec les autres Universités de la Grande Région elle deviendra aussi l’Université des Lorrains poursuivant avec leurs voisins la création d’une identité citoyenne et plurielle ! Un investissement d’avenir doit se concevoir en premier lieu par la confiance envers la jeunesse. Il est aussi le gage pour chacun de ne pas rester au bord du chemin puisque il sera toujours possible de trouver une solution par la formation, dans ou hors l’emploi, pour faire valoir ses capacités, entreprendre et augmenter tous les savoirs utiles à l’exercice de ses activités, sociales et professionnelles. Cette Agence de Développement de la Formation Permanente devra garantir l’égalité hommes femmes dans la formation tout au long de la vie. Les inégalités et les stéréotypes persistent dans une situation paradoxale. Si sur le plan scolaire les filles réussissent en moyenne mieux que les garçons, au moment des choix d’orientation, elles s’engagent dans des filières moins valorisées professionnellement et socialement. Dans le même temps, les femmes souffrent d’une deuxième discrimination. En effet, l’accès des femmes à la formation tout au long de la vie est un élément déterminant pour leur assurer une égalité de traitement dans le déroulement de leurs carrières et dans l’évolution de leurs qualifications. Encore faut-il lever les freins liés aux difficultés de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle qui s’aggravent lors des périodes de formation. AXES OPERATIONNELS Création d’une Agence de Développement de la Formation Permanente Mise en place d’une politique d’éducation permanente Développement de la formation pour tous Réappropriation de l’histoire, et de la multi culturalité Mise en place de mesures facilitant la promotion sociale Soutien à l’évolution globale des niveaux et de la capacité de faire et d’apprendre Faire évoluer les formations initiales et veiller à la mixité Le premier enjeu sera d’éradiquer l’illettrisme. S’engager dans une société moderne et innovante n’a de sens que si l’on s’attaque d’abord aux inégalités les plus profondes. A ce titre, l’illettrisme est un mal lourdement pénalisant, tant pour ceux qui le subissent que pour la société dans son ensemble. Aussi, il convient dès à présent, que les acteurs de la formation et les acteurs économiques, associés aux pouvoirs publics, s’organisent dans le repérage et la prise en charge et s’engagent fortement en amont dans des actions de prévention. Le deuxième enjeu sera de diviser par deux le nombre de jeunes sortants du système scolaire sans qualification de niveau CAP. La difficulté d’accès à l’emploi des jeunes qui sortent du système scolaire sans qualification s’est fortement aggravée. lls sont actuellement 20 000 en lorraine, ils représentent 49% des jeunes accueillis par les Missions Locales. Cette situation est intolérable et source d’une précarisation importante face aux évolutions et aux mutations du monde économique. Faire baisser par deux ce nombre doit être une priorité régionale. Pour ce faire, il convient de s’appuyer en amont sur : Une organisation optimisée des rythmes scolaires qui tienne compte des rythmes d’acquisition des jeunes. 133 Un accompagnement renforcé des élèves en vue de traiter dès leur apparition les difficultés scolaires. La valorisation des acquis des élèves, en collaboration avec les familles et les animateurs d’activités extrascolaires. La gestion des transitions avec l’introduction de plus de souplesse et de passerelles dans les parcours de formation, notamment en facilitant l’inscription en licence pour des étudiants venant de la filière BTS ou IUT. Cette action s’inscrira pleinement dans la future réforme des premiers cycles, décloisonnant les filières pour éviter une spécialisation trop précoce. Les ambitions de Lorraine 2020 se traduiront en objectifs concrets et contractualisés avec l’Etat (Education nationale, agriculture, enseignement professionnel) visant à faire diminuer d’année en année le nombre de jeunes qui sortent de l’enseignement sans diplôme ou sans formation. Taux de scolarisation dans la population totale (2006) Source : CESEL Faire de l’alternance un atout réellement partagé sera au cœur de l’évolution des formations. Comme le montre le diagnostic de la SITECO, le chômage des jeunes atteint un niveau inquiétant (24 652 jeunes de moins de 25 ans inscrits de catégorie A B C dont 17 816 en catégorie A en septembre 2011). Or, il s’avère que l’alternance sous statut de travail est l’une des voies les plus efficaces d’insertion dans l’emploi. Le Contrat d’Objectifs et de Moyens pour l’Apprentissage en Lorraine, signé cette année, a fixé des objectifs ambitieux (+ 6 000 apprentis à l’horizon 2015) pour justement répondre à ce problème de l’emploi des jeunes. Les signataires (Etat, Région et Rectorat), les entreprises et les acteurs socioéconomiques doivent veiller à la pleine réalisation des objectifs de ce contrat. Le contrat pourra être complété par la mise en place d’une aide en faveur de l’apprentissage permettant la prise en charge, à hauteur de 50 %, des frais de scolarité des jeunes apprentis lorrains. AXES OPERATIONNELS Renforcement des moyens consacrés à l’information Revalorisation de l’image des métiers professionnels Développement des filières qualifiantes Réorganisation des conditions de l’apprentissage en Lorraine dans une logique contractuelle Amélioration des conditions d’alternance Simplification de l’accès aux stages Sécurisation des parcours de formation pour diminuer d’année en année le nombre de jeunes qui sortent de l’enseignement sans diplôme ou sans formation Révision de la carte des établissements de formation professionnelle en liant les implantations à l’environnement économique dans le cadre d’une véritable stratégie territoriale 134 Elever le niveau de formation C’est une exigence impérieuse pour les Lorraines et les Lorrains face aux évolutions de la nature des emplois. Les filières innovantes, la création récente de l’Université de Lorraine sont autant d’atouts qui vont dans ce sens. Cependant, rendre l’enseignement supérieur plus attractif suppose aussi de mieux orienter les jeunes Lorrains dans les différentes voies de l’enseignement supérieur, de sécuriser les parcours et d’améliorer les conditions de vie étudiante au quotidien. Il faut également que la 1ère année universitaire soit une année de réussite pour tous, avec la consolidation de l’orientation, des passerelles de réorientation et la valorisation de chaque parcours afin que cette élévation du nombre de diplômés vers l’enseignement supérieur rime avec insertion professionnelle. Poids dans la population active de plus de 25 ans en fonction du plus haut niveau de diplôme (2006) Source : CESEL Cette action s’inscrit en cohérence avec les efforts engagés en termes de renforcement des structures d’enseignement supérieur tant dans les sciences de l’ingénieur : ENIM, ENSIC, création du Laboratoire d’Etude des Microstructures et de Mécaniques des Matériaux (LEM3), Institut Supérieur Européen de l’Entreprise et des Techniques (ISEETECH), que dans les autres matières : ARTEM (art, technologie et management). AXES OPERATIONNELS Meilleure orientation des étudiants et multiplication passerelles de réorientation Amélioration des conditions de vie étudiante des Renforcer les capacités d’épanouissement des Lorraines et des Lorrains Le revenu n’est pas le seul déterminant du bien-être de la population ; d’autres facteurs interviennent, comme l’insertion sur le marché du travail, la qualité du logement, la présence ou l’éloignement des équipements urbains,… facteurs qui influent sur la qualité de vie. La prise en compte de ces différents facteurs dans la mesure du bien-être de la population nécessite l’évaluation de leur apport respectif à ce bien-être. L’approche par les « capabilités » s’inscrit dans ce courant de pensée ; elle fait dépendre le bien-être des individus de leurs possibilités d’utiliser leurs caractéristiques personnelles (leur être et leur avoir, dont les ressources monétaires font partie) dans le milieu socioculturel où ils vivent, dans le but d’atteindre au bien-être. Selon cette conception, les ressources dont dispose l’individu sont des moyens de réaliser la vie que celui-ci désire mener. Dans cette approche multidimensionnelle, le bien-être dépend, non seulement des ressources de l’individu, mais aussi du milieu social dans lequel il vit, ainsi que de ses caractéristiques personnelles, tant physiques (état de santé, handicap…) qu’intellectuelles (éducation, formation, culture personnelle…). Cette approche met l’accent sur la liberté dont dispose l’individu pour atteindre le bien-être, liberté qui, toutefois, s’exerce sous contraintes (socio- économiques notamment). Le terme 135 « capabilité » désigne donc à la fois la capacité de l’individu à atteindre au bien-être ou à l’accroître, et la possibilité qu’a l’individu de remplir cet objectif. Capabilités Réalisations effectives (capacités apparentes d’agir) Facteurs individuels Facteurs locaux Percevoir un revenu décent (RE1) Pouvoir accéder immédiatement aux commodités urbaines (RE4) Habiter un logement décent (RE2) Être bien inséré sur le marché du travail (RE3) Liberté d’opportunité (capacités latentes d’agir) Liberté procédurale (possibilités d’agir) Habiter à proximité des emplois (RE5) Être suffisamment éduqué (LO1) Entretenir des relations avec un milieu social favorable et diversifié (LO2) Avoir les moyens de l’accessibilité : posséder une voiture (LP1) Avoir les moyens de l’accessibilité : bénéficier de transports collectifs (LP2) Être intégré à la vie sociale et politique (LP3) Source INSEE Pour renforcer les « capabilités » des Lorraines et des Lorrains, les dépenses publiques seront abordées sous l’angle de dépenses d’investissement humain, c’est-à-dire de dépenses primordiales pour l’avenir de chacun, auquel sont reconnus ses droits et auquel sont apportées les conditions de son épanouissement personnel et de son engagement citoyen tout autant que pour l’avenir d’une société confiante et fraternelle. Pour cela, il nous paraît indispensable d’analyser les apports des politiques régionales : Au Bien Vivre : répondre aux besoins primaires de tous les Lorrains. Au Faire Société : vivre ensemble, développer l’autonomie et la responsabilité de chacun et chacune. A la Proximité. AXES OPERATIONNELS Développement du Bien Vivre - Se nourrir : qualité et proximité Habiter : un toit pour tous, sain et sobre énergétiquement Etre en sécurité : emploi, santé Développement du Faire Société - Soutenir les conditions de l’expression des cultures Développer l’Education Populaire Mettre en place les moyens pour l’éducation à la coopération et à la résolution des conflits par la non-violence Contribuer à l’éducation à l’environnement Développer une culture de la participation citoyenne directe - Développement de la Proximité - Mettre tout ce qui est nécessaire au Bien Vivre et au Faire Société à ½ heure d’accessibilité en transport en commun pour tous les Lorrains et les Lorraines Quadriller le territoire par le développement de villes moyennes ayant toutes les fonctionnalités Promouvoir la solidarité des territoires, la coopération et la complémentarité des capitales - 136 Mettre en place de nouveaux indicateurs du développement humain Le souci de traduire réellement les ambitions humanistes de Lorraine 2020 au cœur des politiques publiques suppose de passer ces dernières au crible d’indicateurs nouveaux. L’évaluation des politiques publiques ne sera pas faite seulement en termes de Produit Intérieur Brut, mais par un audit des autres richesses de la région, prenant en compte le mieux vivre ensemble dans toutes ses dimensions, ce que d’autres ont appelé l’indice du bonheur brut, avec un changement de regard sur ceux qu’on considère parfois comme des problèmes, en prenant en compte l’investissement humain. La mise en place d’indicateurs nouveaux nous permettra de changer de paradigme de société, de mesurer la croissance en Source : ARF qualité et pas seulement en quantité. Ces indicateurs s’appuieront sur les 3 indicateurs alternatifs (empreinte écologique, développement humain et santé sociale) et les 22 indicateurs de contexte de développement durable de l’Association des Régions de France. Ils seront intégrés par tous les organismes de statistiques de Lorraine. Dans le cadre de la mise en place de ces nouveaux indicateurs, l’évaluation des politiques publiques pourrait enfin être confiée à des jurys citoyens. AXES OPERATIONNELS Mise en place d’un audit des autres richesses Déclinaison régionale du Programme des Nations Unies pour le Développement : Santé, Education, Emploi, Revenu, Croissance verte, Recherche, Empreinte écologique, Parité pour définir de nouveau indicateurs… Valorisation des entreprises qui répondent à ces indicateurs Création d’un jury citoyen pour évaluer les politiques publiques 137 AGIR 12- Des hommes et des femmes engagées Vous êtes la première richesse de la Lorraine. Ce sera vous les créateurs de la Lorraine de demain. Il faut pour cela libérer votre énergie. L’engagement citoyen vous permettra de vous réaliser autrement, pleinement, d’agir sur tout ce qui compte pour vous. Crédit photo : Pascal Bodez 138 139 On place « l’homme » au cœur de l’économie, et les « droits de l’homme » ont toujours leurs places dans les discours, sans pour autant parvenir à faire de la participation effective des citoyens le moteur d’une démocratie active et dynamique pouvant agir dans et sur son environnement, économique, social, culturel et écologique. On peut toujours faire référence à l’Arlésienne de Bizet pour ironiser sur l’anticipation en matière économique quand on voit dans quelle situation se trouve notre région en matière d’emplois et de croissance industrielle et commerciale. En faisant face à ce qui est plus qu’une « crise » nous devons résolument engager un processus de transformation des rapports sociaux et économiques impliquant tous les acteurs qui font « société » dans l’espace régional transfrontalier. Faire Société ! C’est évidemment une conception de la démocratie qui ne se limite pas au seul bulletin de vote. Certains peuvent imaginer une vie sociale sans syndicats ou représentants des salariés dans les entreprises ; des entrepreneurs sans organisations professionnelles et consulaires, des écoles sans associations de parents d’élèves et une vie locale sans associations culturelles, de loisirs et sans clubs sportifs. Pour d’autres, ces organisations devraient être assujetties aux pouvoirs politiques et économiques pour satisfaire une clientèle et des consommateurs dociles. Ces points de vue figent toutes représentations d’un monde en devenir. La citoyenneté sociale représente la capacité d’intégrer aux fonctions économiques, sociales, culturelles et environnementales la parole et l’action de ceux qui produisent, consomment, se déplacent, résident, apprennent et vivent ensemble, pour qu’ils soient les auteurs de leur destin. Imaginer cet engagement à l’échelle d’un territoire ne relève pas de l’utopie, c’est à la fois un point de départ et une finalité dans la conception des projets qui peut devenir la « marque de fabrique » de l’espace régional à construire. Mettre en place une démocratie d’engagement permettant à chaque Lorraine et à chaque Lorrain de concourir au projet de développement Le renouveau de la démocratie passe par le développement du pouvoir d’agir des citoyens : la possibilité pour les personnes de peser sur les choix qui les concernent (habitat, cadre de vie, travail, santé, etc.) et de maîtriser ce qui est important pour elles, dans leur vie et leur environnement. Le pouvoir d’agir doit être au cœur des politiques publiques et de l’intervention de ceux qui agissent dans les territoires populaires, ruraux et urbains. Cela nécessite une évolution de notre culture politique et un renouvellement des pratiques et postures professionnelles, politiques, militantes. Il s’agit de reconnaître et de soutenir les dynamiques collectives existant dans les quartiers comme dans les villes et villages, de solliciter leur expertise et d’encourager les actions allant vers les personnes les plus éloignées du droit et de la prise de parole. En un mot, développer l’engagement local du citoyen, le pouvoir de proposer comme le pouvoir de faire. Faire des Lorraines et des Lorrains des citoyen(ne)s entreprenant(e)s, engagé(e)s, invité(e)s à agir au service de l’intérêt général parce que la démocratie peut être enrichie par la contribution quotidienne des citoyens à la chose publique mais aussi parce que l’action publique est plus efficace quand les usagers sont associés aux politiques qui les concernent. Cet engagement citoyen ne s’oppose pas à celui des collectivités territoriales, de l’Etat, des institutions intermédiaires, bien au contraire. Faire des Lorraines et des Lorrains les auteurs et les acteurs de Lorraine 2020, c’est multiplier les forces du changement, c’est renforcer nos chances de réussite. AXES OPERATIONNELS Soutien des actions collectives et plus particulièrement des associations œuvrant dans les domaines de l’éducation populaire, de la culture, des sports, de l’animation, de la solidarité, de l’insertion et de l’environnement 140 Incitation des associations à travailler en interfédéralité Multiplication des lieux de vie, de parole, d’échanges et d’émergences d’idées, des fabriques Mise en réseau des acteurs issus de milieux divers (esprit de l’Ecole de Nancy) Création de nouveaux conseils de développement auprès des collectivités locales Mobiliser de manière spécifique les acteurs de demain : la jeunesse d’aujourd’hui Chaque année, plusieurs milliers de jeunes de moins de 25 ans quittent la région. Ce n’est pas la Lorraine que les Lorrains veulent pour 2020. Celle que dessine leur démarche est une Lorraine où voudront rester les jeunes lorrains, une Lorraine où viendront apprendre et étudier de nombreux jeunes de toute la France, de la Grande Région et de l’Europe, et où ils resteront après leurs études. Une Lorraine où ils exprimeront toute leur créativité L’enjeu n’est pas de freiner la mobilité des jeunes lorrains, une mobilité qui leur sera indispensable dans leur vie professionnelle. C’est de permettre aux jeunes lorrains d’y développer leurs projets, et d’attirer des jeunes du monde entier. C’est leur donner les moyens de s’adapter. C’est assurer dans les meilleures conditions possibles le passage de l’enfance à l’âge adulte, dans tous les domaines concrétisant leur autonomie. Permettre à la jeunesse de se mobiliser au service de la Lorraine, c’est soutenir leur créativité : aides à la création d’entreprise pour les jeunes, aides financières versées dans le cadre de projets individuels ou collectifs. Ce soutien à la jeunesse doit s’inscrire dans un véritable droit à l’erreur mis en œuvre dans le cadre d’un fonds d’aide à l’expérimentation jeunesse, de fonds d’initiative ou de toute autre formule d’incitation. C’est ainsi que l’on pourra soutenir et valoriser les initiatives des jeunes, étudiants, apprentis, lycéens en partenariat avec les différentes collectivités. Donner aux jeunes la possibilité d’être des créateurs, dans les domaines économiques, associatifs, sociaux ou artistiques, c’est leur donner les moyens de leurs ambitions, et la possibilité de s’engager dans une région qui a su leur donner leur chance. Permettre à la jeunesse de se mobiliser au service la Lorraine, c’est faciliter leur vie quotidienne. C’est donner aux jeunes lorrains un accès plus facile à un logement pendant leurs études, mais aussi au début de leur vie professionnelle. Ce pourrait être le développement d’une offre culturelle dont les jeunes seraient autant acteurs que consommateurs. C’est faciliter leurs déplacements par une tarification spécifique des transports et une offre adaptée notamment en dehors des heures ouvrables. Permettre à la jeunesse de se mobiliser au service de la Lorraine, c’est encourager leur engagement citoyen. Construire pour, par et avec les jeunes, c’est poser un pari positif et confiant dans notre avenir collectif. Nous voulons construire une action publique bâtie sur la confiance, donnant du crédit à la parole et aux propositions des jeunes, leur faisant une place plus grande dans la vie publique et encourageant leurs capacités de responsabilité, d’initiative et d’engagement au service du bien commun. Plus largement, l’incitation à l’engagement peut contribuer à renforcer l’ancrage territorial. L’expérience de la Région montre que la jeunesse ne demande qu’à s’engager au service du territoire où elle vit, pourvu que cet engagement porte sur des objectifs concrets. Pour répondre à cette attente, Nous proposons d’encourager partenariats et transversalité, comme l’engagement dans les projets de coopération transfrontalière, un des moyens d’aider à la mobilité internationale. Le service civique représente un dispositif qui pourra être particulièrement mobilisé pour mettre en œuvre cette ambition. 141 AXES OPERATIONNELS Accompagnement financier et logistique des initiatives Valorisation de l’engagement des jeunes - Valorisation des actions collectives Festival des musiques lycéennes Création d’un guichet unique pour l’autonomie des jeunes - Cible principale : les « invisibles » Partenariat avec les départements Soutien aux dynamiques territoriales en milieu urbain et rural Accompagnement des partenariats associatifs locaux Mise en réseau des plateformes logement Aides à l’accompagnement individuel - Bourses liées à l’envie d’agir Initiatives professionnalisantes ou non Rénovation de la politique des différents services pour intégrer pleinement la préoccupation jeunesse Soutien à l’entreprenariat des jeunes - Rencontres étudiants entrepreneurs Expérimentation « de l’idée au projet » Accompagnement collectif Développement du volontariat transfrontalier au sein de la Grande Région - Création d’un cadre adéquat Soutien mobilité Mobilisation des jeunes comme ambassadeurs - Travail sur l’image portée par les jeunes pour les jeunes Réseau d’ambassadeurs Implication dans Lorraine 2020 et organisation de débats sur Lorraine 2020 dans les lycées et les universités Création d’une instance de participation de la jeunesse - Campagnes locales de contact, démarches de proximité au plus près des lieux de vie Animation permanente par des rencontres et actions territorialisées et thématiques Utilisation de LOR’Jeune et création d’un réseau social dédié pour contributions permanentes (profil facebook) Formalisation et suivi des propositions Autocréation de l’instance de participation de la jeunesse 142 143 LA DYNAMIQUE TERRITORIALE Crédit photo : Pascal Bodez 144 « Mettre au creuset du territoire intelligence et forces, pour muter en richesses la récolte féconde que nous offre la terre … » 145 VIVRE 13- Des territoires facteurs du développement social, culturel, sportif, humain Les territoires constituent en eux même un facteur d’épanouissement. Pour qu’ils remplissent ce rôle, vous voulez lutter contre les fractures territoriales qui caractérisent trop souvent la localisation des services publics, et permettre le mieux-vivre de tous. Crédit photo : Pascal Bodez 146 147 Vous avez comparé notre région à un arbre, dont tronc, racines et branches sont solidaires, mais pas nécessairement dans le même état. Un tout qui constitue un bien commun et naturel : le territoire de la région, un territoire intégrant espaces ruraux, urbains et périurbains. Les « périphéries » pavillonnaires accrochées artificiellement aux anciens villages agricoles deviennent de nouvelles zones résidentielles avec pour leurs populations des déplacements importants entre le travail et l’habitat. Un tout où vous faites le pari de rendre la ville durablement habitable et les campagnes durablement habitées, pour que Lorraines et Lorrains puissent s’épanouir dans notre région, quel que soit leur lieu de résidence. Les attentes comme les comportements des populations dans les nouveaux lotissements sont les mêmes que ceux de la ville. La séparation entre « rural et urbain » est une question de qualité de vie et de relations sociales, mais aussi de prix à payer pour acquérir un terrain et une maison. Elle est aussi quelquefois synonyme de ghettos isolant les populations les unes des autres sur des critères économiques, sociaux et culturels. Vous avez affiché votre volonté de refuser toute opposition entre rural et urbain. Un pari qui suppose une politique de services publics différente, basée sur la cohérence des choix publics dans une logique d’accessibilité. Lorraine 2020 est un projet pour tous les citoyens et tous les territoires de la région. C’est en termes d’aménagement, d’équipements et de services, à l’échelle d’un territoire nécessairement relié aux autres espaces, dans une dimension régionale, que doit aujourd’hui se concevoir une organisation de l’accès aux services indispensables à la qualité de la vie quotidienne. Garantir l’accès aux équipements de la vie quotidienne L’accès aux équipements de la vie de tous les jours reposera d’abord sur la mobilisation des réseaux associatifs : ces derniers jouent un rôle clef dans les domaines culturel, sportif, d’éducation populaire, grâce au bénévolat, mais aussi grâce à des professionnels qui savent animer, développer, accompagner la structuration d’un territoire, à l’image des scènes conventionnées dans le domaine de la culture ou des animateurs des fédérations d’éducation populaire. Elle reposera aussi sur l’élaboration d’un ensemble de schémas de services publics organisant la cohérence de l’évolution de l’implantation des équipements publics et dans certains cas leur caractère pluridisciplinaire. Ces schémas seront définis à l’échelle de la région dans les principaux domaines de la vie quotidienne : L’accès à l’éducation : réussir c’est apporter des réponses adaptées à la situation de chacun, au plus proche des besoins de chaque enfant et de chaque adolescent. Réussir c’est maintenir un réseau de classes primaires dans le monde rural et veiller à la cohérence du réseau des collèges et des lycées. L’accès aux sports et aux loisirs : l’organisation des schémas permettra de promouvoir toutes les pratiques sportives, notamment associatives, indispensables à l’équilibre de chacun. En complément, la Région soutiendra reconnaissance des compétences du bénévolat sportif et la mise en place de formations professionnalisant le parcours des bénévoles. L’accès à la culture : un schéma spécifique permettra d’apporter aux Lorraines et aux Lorrains une offre culturelle diversifiée. La vie des Lorrains ruraux est en effet autant marquée par la culture, le vivre ensemble, les relations intergénérationnelles que par les seuls relations professionnelles. Ce schéma sera la base d’un soutien aux initiatives locales comme la mutualisation des équipements, les festivals ou autres manifestations culturelles qui contribuent à la qualité de vie et donnent une image dynamique et vivante des territoires ruraux. Les schémas seront organisés autour de trois niveaux de pôles urbains et ruraux : les pôles de proximité, les pôles relais, les pôles régionaux. Cette organisation renforcera la complémentarité entre territoires et réseaux, sans privilégier l’émergence d’un centre unique, mais en garantissant que les 148 développements métropolitains se conjuguent avec ceux de l’ensemble des territoires, en construisant des réseaux de villes qui permettent à tous les habitants et à tous les territoires d’accéder aux services d’une métropole européenne. Elle développera la mise en réseau des territoires pour favoriser leur rayonnement et pour mieux porter et supporter de grands projets, en recherchant en partenariat avec tous leurs acteurs les meilleures solutions d’organisation de la mobilité au sein de chaque territoire et entre les territoires, de renforcement de l’accessibilité aux centres ruraux. Pour les territoires concernés, les schémas dépasseront les limites de la région et seront conçus dans une logique transfrontalière ou transrégionale, traduisant ainsi la réalité de la vie quotidienne des Lorraines et des Lorrains qui pour beaucoup ignorent les limites régionales, mutualisant les équipements et rendant ainsi plus efficaces les contributions publiques. Les niveaux de service dans les communes Source : INSEE 149 Sur la base de ces schémas, la Région Lorraine accompagnera les territoires dans la création de leurs propres schémas de services, au niveau des départements comme au niveau des pays ou des communautés de communes. Elle contribuera à leur mise en œuvre, dans le cadre de ses propres politiques comme dans le cadre des contrats territoriaux. Ces contrats pourront intégrer le soutien au maintien ou à la création d’équipements commerciaux intermédiaires dans les pôles d’emplois ruraux, sans prétendre retrouver dans tous les bourgs-relais tous les types de commerces. AXES OPERATIONNELS Soutien au fonctionnement des structures associatives Organisation coordonnée des équipements autour de 3 niveaux de pôles : pôles locaux de développement, centres moyens et réseaux urbains Traduction dans des schémas de services au niveau régional Renforcement de l’accessibilité aux centres ruraux et centres urbains Aider l’ensemble des habitants à être en bonne santé Parmi l’ensemble des schémas portant sur les équipements indispensables à la vie quotidienne des habitants, celui de la santé présente des caractéristiques bien à part. Il est encore plus indispensable que tous les autres notamment dans le cadre du vieillissement de la population comme des caractéristiques spécifiques de la région : l’état de santé des Lorraines et des Lorrains reste moins bon que dans certaines régions françaises, et les inégalités sociales se cumulent souvent à des inégalités territoriales. L’offre de soin est concentrée sur l’axe Thionville-Metz-Nancy. Elle nécessite d’être adaptée à des besoins mal couverts : enfants avec troubles du comportement, autistes, cérébrolésés, handicap psychique, vieillissement des personnes handicapées… Dans ce cadre, il est nécessaire : De répondre aux inconvénients de l’exercice isolé de la médecine, tant en milieu rural qu’en milieu urbain. De réfléchir à une régulation de la répartition géographique des professionnels de santé. De soutenir le travail en réseau : dans l’objectif d’une recomposition de l’offre de soins, les réseaux permettent d’introduire une plus grande coordination entre les acteurs, et principalement entre les professionnels de santé. De soutenir la coopération entre professionnels de santé médicaux et paramédicaux. De développer des alternatives à l’hospitalisation complète encore peu développées en Lorraine. De renforcer coopération et mutualisation entre structures. La santé est pour une large part de la compétence de l’Etat, même si la Région Lorraine a souhaité se doter d’une compétence volontaire axée sur le maintien d’un accès à la santé pour tous les Lorrains dans le cadre d’une politique territoriale régionale équilibrée et attractive. Dans ce cadre, le Plan Stratégique Régional de Santé (PSRS) constitue le socle commun à tous les domaines d’intervention de l’Agence Régionale de Santé à partir duquel sont déclinés les trois schémas d’organisation des soins, de la prévention et du secteur médico-social. Quatre priorités d’intervention ont été identifiées dans le cadre du Plan Régional Stratégique de Santé : Agir sur les principales causes de mortalité prématurée en Lorraine. Réduire les inégalités d’accès à la santé en lien avec les partenaires de l’ARS. 150 Maintenir et développer l’autonomie des personnes âgées et en situation de handicap. Promouvoir une organisation régionale de santé de qualité et efficiente. Le PRS lui-même propose : Une évaluation des besoins de santé et leur évolution. Une analyse de l’offre et son évolution prévisible dans les domaines de la prévention, du soin …. Une définition des objectifs et des priorités en matière de prévention, d’amélioration de l’accès aux soins et aux services de santé, de réduction des inégalités sociales et territoriales de santé, …. Des mesures de coordination avec les autres politiques de santé (domaines de la PMI, santé au travail, santé des personnes précaires … Source : Carte ADELI, données INSEE Intégrés au PRS, les trois schémas d’organisation permettent de décliner de façon opérationnelle les priorités identifiées dans le cadre du PSRS. Le Schéma Régional de Prévention (SRP). Le Schéma Régional d’Organisation Médico-social (SROMS) : ce schéma développe l’articulation entre les structures médico-sociales et les structures sanitaires d’une part, et la prévention, d’autre part. Les champs couverts par ce schéma sont les personnes âgées, les personnes handicapées et l’addictologie. Le Schéma Régional d’Organisation des Soins (SROS) : 151 o Le volet Ambulatoire a une valeur incitative. Il organise la stratégie régionale d’organisation des soins ambulatoires de premier, voire de second recours. Il doit également préciser les zones de mise en œuvre des mesures destinées à favoriser la meilleure répartition des professionnels de santé, des Maisons de Santé Pluridisciplinaires, des centres de santé … Dans ce cadre, un zonage (nouvelles zones fragiles et à surveiller en Lorraine) a été établi, et il constitue la partie opposable de ce volet ambulatoire. o Le volet hospitalier est opposable sur le plan juridique. Les travaux ont été conduits à travers 25 thématiques réparties en quatre catégories (activités de soins et équipements matériels lourds, thématiques transversales, missions de service public, thématiques structurantes). Ce volet concerne l’ensemble des établissements de santé. Le PRS propose également quatre programmes spécifiques en lien avec les schémas et les priorités d’intervention, dans le domaine de la gestion du risque (PRGDR), de l’accès à la prévention et aux soins pour les plus démunis (PRAPS), du handicap et de la perte d’autonomie (PRIAC), de la télémédecine (PRT). Sur la base de ce PRS, nous insistons sur la nécessité de : Préciser les partenariats entre l’Etat et les collectivités territoriales : nature des collectivités, liens avec l’ARS, moyens déployés. Mener un travail complémentaire pour appréhender les spécificités propres aux territoires infrarégionaux, mais aussi transfrontaliers, et les problématiques de santé propres à certaines populations spécifiques (telles que les jeunes par exemple). Décloisonner les différents domaines de chacun des schémas du PRS (organisation des soins, prévention, médico-social…) pour une meilleure prise en compte des besoins des populations et une approche cohérente et concertée de la politique régionale de santé. Mettre en réseau les acteurs de santé pour élaborer des politiques communes. Dépasser les seuls critères budgétaires pour prendre en compte des besoins réels des populations dans les territoires. AXES OPERATIONNELS Schéma Régional de Prévention - - Privilégier les actions de prévention et d’éducation à la santé dans un souci de porter une politique globale de santé et de diminuer le recours aux soins Développer des actions de prévention primaire, en partenariat avec l’Education Nationale Renforcer le partenariat avec la médecine du travail Prendre en compte les problématiques de santé mentale : mal-être, en particulier pour les jeunes en situation d’insertion sociale et professionnelle, stress au travail … Maintenir les financements dédiés à la prévention ou aux centres de planification familiale Renforcer l’approche populationnelle ou territoriale Soutenir les associations relais et assurer ainsi un meilleur maillage du territoire, tout en assurant une meilleure coordination des actions menées sur le terrain Garantir un véritable continuum permettant à chacun de bénéficier tout au long de sa vie de mesures de prévention adéquates Mieux prendre en compte dans la prévention les actions qui visent à changer les comportements individuels, par une prise de conscience de chacun de l’importance de son capital santé Schéma Régional Médico-social 152 - Evaluation quantitative et qualitative des réseaux de santé existants Conduite d’une réflexion sur le 5ème risque (autonomie, vieillissement, dépendance …) Prise en compte dans les objectifs retenus en matière de formation initiale et professionnelle des professionnels paramédicaux et du travail médico-social des problématiques de formation et des liens emploi/formation Schéma Régional d’Organisation Sanitaire, volet ambulatoire - Rôle de la Région en tant que partenaire sur les actions qu’elle promeut : Maisons de Santé Pluridisciplinaires, pôles de santé, indemnités de déplacement et/ou d’hébergement et indemnités de formation Prise en compte particulière des populations précaires dans le cadre du cahier des charges régional et du fonctionnement des MSP Nouvelle analyse des zones déficitaires en tenant compte de l’ensemble des besoins de santé des territoires Accompagnement des projets hors zones prédéfinies, compte tenu de sa politique d’accès à la santé Prise en compte des cabinets médicaux, des Centres de médecine spécialisée et des maisons de santé, gérés par le régime minier - Schéma régional d’organisation Sanitaire, volet hospitalier - Conduite des évolutions liées à la carte hospitalière dans le respect de l’égal accès aux soins pour tous les territoires et celui des personnels Programme de télémédecine - Intérêt pour la télémédecine et la télésanté Détermination des conditions d’un déploiement régional au service des Lorraines et des Lorrains, notamment par la recherche d’une portabilité entre les systèmes existants et futurs Programmes territoriaux de santé - Rassembler dans le cadre des Contrats Locaux de Santé (CLS) tous les acteurs publics, professionnels et associatifs dans une même réflexion, au service de tous les citoyens, dans tous les territoires, en conformité avec la politique régionale mise en œuvre dans le cadre des CADT Réaliser un diagnostic sur les forces et les faiblesses des territoires afin de mettre en œuvre des programmes d’actions cohérents au regard des besoins des populations - Garantir à chacun l’accès à internet à Haut Débit Le développement du très haut-débit, on l’a vu précédemment est une des clefs du développement économique des territoires et de l’attractivité de la région. Mais c’est aussi un facteur de développement humain. Le déploiement de la fibre optique favorisera le développement des usages des technologies de l’information et de la communication pour toutes les classes d’âge : des très jeunes publics jusqu’aux personnes âgées. On assiste à l’explosion de la diffusion des services à une population même âgée - à domicile ou en établissement – à l’accès à la culture, aux loisirs, à tout type d’informations, aux services publics et privés dématérialisés, à la télémédecine, à l’e-éducation, quel que soit le lieu de résidence, d’activité ou d’apprentissage. Mais le passage progressif à la fibre optique à partir de la seule initiative des opérateurs privés risque d’accentuer la fracture numérique entre territoires, entre populations fragiles et catégories socioprofessionnelles supérieures. Certains secteurs et certaines technologies trouvent leurs limites en 153 efficacité comme en rentabilité, et la Lorraine est inégalement équipée selon les départements, ce qui maintient une certaine fracture dans l’accès au numérique. Nous proposons de renforcer les jonctions permettant de desservir les principaux villages. AXES OPERATIONNELS Accentuation dans le cadre des futurs contrats Etat Région de la collaboration entre les collectivités publiques lorraines de façon à renforcer l’interconnexion des réseaux et favoriser la diffusion en secteurs excentrés Déploiement de la fibre optique à l’habitant vers tous types de population, notamment résidant en logements sociaux Mobiliser Lycées et collèges au service des territoires Les établissements d’enseignement secondaire jouent un rôle essentiel dans la vie quotidienne des territoires ruraux. Ils sont un des gages de l’égalité des chances dans l’accès à l’emploi ou à des formations supérieures. Mais ils structurent aussi le territoire et participent directement à son économie par les emplois directs comme par les emplois induits. Ils constituent des outils essentiels de l’aménagement des territoires, tout comme les pôles de compétences. Toutefois, la Lorraine a perdu 30 000 lycéens en 10 ans, elle en perdra entre 1 500 et 2 000 chaque année à venir, soit l’équivalent d’un lycée tous les ans. Aux réalités démographiques s’ajoutent des contraintes budgétaires. La fermeture d’un établissement est cependant difficile à accepter à tous les niveaux : élus, familles, établissements aux cultures prononcées… Dans ce contexte, quelle stratégie mettre en œuvre pour accompagner la décroissance à venir de la population de la région ? Nous proposons pour cela de définir une stratégie territorialisée des équipements secondaires Intégrant les spécificités économiques des territoires. Prenant en compte leurs caractéristiques professionnelles. Intégrant les lycées à la vie quotidienne. Proposant des solutions de réutilisation des locaux. Accompagnant les évolutions. Faire de la trame des lycées et des collèges lorrains la trame de l’avenir de la Lorraine est un des objectifs de Lorraine 2020 qui suppose d’entrer dans une toute autre conception des lycées de la Région dans le redéveloppement régional en les ouvrant très largement sur leur environnement pour que toutes les Lorraines et tous les Lorrains puissent accéder non seulement à une formation privilégiée, mais aussi à la culture, à l’évènement, à l’ouverture au monde, à la fête… Il s’agit non seulement de mutualiser les locaux, mais de favoriser des projets éducatifs partagés entre les établissements et leur environnement. 154 AXES OPERATIONNELS Mise en place d’une stratégie territorialisée d’implantation des équipements Ouverture sur le territoire dans le cadre de projets éducatifs partagés Mutualisation des locaux - Utilisation cantine Utilisation informatique Utilisation locaux de réunions Utilisation sport Lieux de débats ouverts au public 155 MOBILISER 14Des territoires économique creusets du développement Pour vous, l’emploi ne doit pas se cantonner dans les grandes villes. Pour vous, les territoires constituent en eux-mêmes une force de développement. Vous souhaitez que vos projets puissent être soutenus, pour mobiliser tous les territoires. Crédit photo : Pascal Bodez 156 157 Au moment où chacun affirme la nécessité d’un modèle de développement plus raisonné, plus cohérent, plus respectueux de l’environnement et de la qualité du vivre ensemble, il faut soutenir l’idée d’une Lorraine dont l’influence en Europe ne résiderait pas dans la concentration de population, mais dans la complémentarité entre des fonctions exigeant la solidité urbaine (grands centres de décisions, gros équipements culturels, centres universitaires, grands équipements de santé…) et des espaces à forte valeur environnementale et de qualité de vie, à potentiel économique significatif. Le territoire régional est riche de territoires diversifiés qui comptent, chacun à leur niveau, dans la construction et l’équilibre de la Région Lorraine. Ces derniers permettront l’accueil et le développement d’activités qui n’exigent pas la concentration urbaine mais plutôt la circulation des informations par le biais du Très Haut Débit, la valorisation des initiatives associatives culturelles, sportives et d’éducation populaire, l’organisation de services publics maillant le territoire, le renforcement des réseaux et des coopérations. Le dynamisme économique de la région sera ainsi renforcé par le dynamisme des territoires lorrains, conçus comme de véritables creusets du développement. Chacun d’entre eux conduit des projets d’aménagement et de développement au service de la vie quotidienne des Lorrains qui participent au développement régional. La Région aidera à la cohérence et à la coopération en assurant un accompagnement adapté et en favorisant les coopérations. Elle réalisera ainsi son objectif de solidarité dans la proximité et participera à la concrétisation de très nombreuses initiatives au service de toute la Lorraine. Permettre la mise en œuvre de projets locaux d’intérêt régional Les territoires de la région sont porteurs de projets multiples. Leur montage, puis leur mise en œuvre, peuvent être facilités par une bonne connaissance des partenaires régionaux, nationaux ou européens susceptibles de concourir à leur réalisation. Pour concrétiser leurs projets, les territoires doivent pouvoir s’appuyer sur une ingénierie territoriale dédiée et soutenue par la Région maîtrisant les processus administratifs, réglementaires ou opérationnels encadrant leur réalisation. Les projets locaux sont trop souvent étudiés en méconnaissance de leur environnement et d’autres initiatives qui peuvent être aussi bien concurrentes que complémentaires. Trop souvent, l’argent public est consacré à des investissements qui font doublon avec des équipements existants : pépinières d’entreprises, zones d’activités, équipements publics… Le rôle de la Région sera dans ce domaine essentiel : information sur l’ensemble des initiatives, mise en cohérence des projets, mise en réseau des initiatives. Il pourra aussi reposer sur la réalisation de projets d’aménagement structurants d’intérêt régional (Pôle aéronautique et économique de Chambley Planet’air, ZAC de Lesmesnils/Bouxières-sous-Froidmont, Pôle tourisme de Madine, OIN Alzette-Belval en partenariat avec les territoires locaux. AXES OPERATIONNELS Développement d’une stratégie territoriale mettant en réseau les projets et limitant les doublons ou les investissements concurrents Soutien aux projets structurants des territoires dans le cadre des contrats territoriaux Réalisation de projets régionaux Renforcement des équipes d’ingénierie du développement territorial 158 Valoriser les ressources naturelles locales Tous les territoires ont des atouts et un rôle à jouer dans le projet de développement de la région. En Meuse, la faible densité de population, souvent considéré comme un handicap, peut aussi être synonyme de grandes disponibilités foncières et permettre le développement de projets qui peuvent apporter leur part à la dynamique régionale. Les Vosges ont aussi leur rôle à jouer dans cette dynamique, avec de grands espaces libres pour accueillir des activités. Elles concentrent 50 % de l’activité touristique en Lorraine. Taux de boisement par commune Le développement de la filière bois constituera également une des clefs de la mise en valeur de l’espace rural. Cette filière constitue une activité majeure du paysage économique et naturel lorrain avec 25 000 emplois et près de 4 000 entreprises implantées en milieu rural. La filière bois est un réservoir d’emplois aussi bien en papeterie, en mobilier, en construction qu’en énergie, et la Lorraine dispose de nombreux atouts : Une grande région forestière. Avec ses 840 000 hectares de forêts représentant 36% du territoire et sa récolte de 3 millions de m3 de bois, la Région Lorraine est l’une des premières régions de France dans ce domaine. Un ensemble industriel complet. En partant des exploitations forestières, en passant par les entreprises de première et deuxième transformation, en allant jusqu’aux entreprises de bois construction, de papier, de panneaux de particules et aux cuisinistes, la filière bois en Lorraine concerne aussi bien l’agriculture que l’industrie, les très petites entreprises et les industries lourdes mais elle constitue aussi un élément de l’aménagement du territoire dans sa composante rurale. Un réseau de compétence reconnu. 30% du potentiel de recherche sur le bois se fait en Lorraine, région qui se classe au premier rang en production forestière et en techniques des industries du bois et de l’ameublement, selon le nombre de diplômes. Mais la région souffre aussi de faiblesses bien réelles : Une valeur ajoutée insuffisante pour la première transformation : des grumes récoltées directement exportées sans transformation, le bois transformé importé des régions limitrophes ou d’autres pays. Le développement du bois énergie et l’augmentation de la production des industries lourdes crée une tension sur la ressource qui incite les acteurs de la filière à se diviser plutôt que de se regrouper. On assiste aujourd’hui à une véritable concurrence sur l’utilisation de la ressource entre papetiers, panneautiers, et producteurs d’énergie. Si un équilibre n’est pas trouvé, un enchérissement des prix pourrait menacer certaines activités économiques actuelles. 159 Pour mettre en valeur ces atouts et atténuer nos faiblesses, plusieurs objectifs ont été identifiés : Harmoniser la récolte du bois avec les autres fonctions de la forêt (stockage du CO2, production d'oxygène et épuration de l’air, protection de la ressource et de la qualité de l’eau, réservoir de biodiversité et refuge pour la faune et la flore, contribution à l'équilibre d'un territoire et à son identité paysagère et au bien-être des populations, …). Permettre de mieux gérer la ressource sans dégrader le capital bois. Rendre la filière plus compétitive, plus moderne et plus responsable. Rapatrier sur la Lorraine la valeur ajoutée. Des premiers axes opérationnels permettront d’atteindre ces objectifs : Développer les sous secteurs en les rapprochant. Mobiliser la ressource, orienter vers le séchage et la transformation locale, orienter le secteur de l’ameublement et de la cuisine vers plus de tendances et plus de valeur ajoutée. Mettre en place les conditions pour améliorer la cohésion de la filière. Travail à l’export pour du bois à plus grande valeur ajoutée ; mise en place d’un outil de communication Internet ; incitation à la mise en place de société de codéveloppement. Renforcer et développer la recherche et la formation. Mobiliser les universitaires et les industriels autour des projets de recherche, Développer les projets de recherche au sein des entreprises lorraines Maintenir et développer un outil de formation au service des entreprises. AXES OPERATIONNELS Développement de Bure comme site de recherche de solutions environnementales d’avenir en matière scientifique et industrielle Valorisation des ressources en eau Développement de la géothermie Développement parc éolien Soutien économie sylvicole et filière bois - - Développer les sous secteurs en les rapprochant Mobiliser la ressource, orienter vers le séchage et la transformation locale, orienter le secteur de l’ameublement et de la cuisine vers plus de tendances et plus de valeur ajoutée mettre en place les conditions pour améliorer la cohésion de la filière Mettre en place un outil de communication Internet Incitation à la mise en place de société de co-développement pour travailler à l’export. Renforcer et développer la recherche et la formation Mobiliser les universitaires et les industriels autour des projets de recherche. 160 Produire en préservant l’environnement L’agriculture est trop souvent considérée à part, puisqu’elle connaît des dynamiques différentes aux autres branches de l’économie dont elle constitue pourtant un secteur majeur. La filière agricole et agroalimentaire représente près de 50 000 empois directs, soit près de 6% de l’emploi lorrain : 26 500 actifs permanents dans les 12 650 exploitations agricoles, 15 600 salariés dans les 485 établissements agro-alimentaires. L’agriculture est pour la Lorraine un des leviers essentiels du développement rural, avec sa fonction économique, sa fonction d’aménagement du territoire et sa fonction sociale. Au-delà des emplois directs, elle induit de nombreuses activités et permet de valoriser 50% du territoire lorrain. Orientation technico économique agricole de la commune Pour maintenir le modèle de polyculture/élevage dans le système mondial actuel, le plus important sera d’assurer le renouvellement des générations, en mettant en place des actions qui accompagneront au mieux les porteurs de projets d’installation et de cession des entreprises agricoles et agro-alimentaires pour : Juguler la baisse régulière du nombre d’installations. Accompagner la mutation agricole en cours (agrandissement des exploitations, création d’ateliers communs, développement du salariat mais aussi maintien 161 d’exploitations familiales à dimension moyenne, diversification). Faire face aux difficultés de transmission des entreprises. installations d’ateliers de Il nous faut aussi encourager la mutualisation des moyens et des processus et encourager les entreprises de taille intermédiaire. Face à un tissu agro-alimentaire lorrain constitué essentiellement d’entreprises de très petite taille, il s’agit de mettre en place des actions qui permettent de : Renforcer la mutualisation des moyens (dans la logistique, la recherche et développement, l’achat de consommables, d’énergie...), des processus pour diminuer les coûts de production et de transformation de ces petites entreprises. Faire émerger des entreprises de taille intermédiaire (chiffres d’affaires < 1,5 milliard d’€, entre 250 et 4999 salariés) pour conquérir de nouveaux marchés (locaux, à l’export), améliorer le pouvoir de négociation vis-à-vis des clients et fournisseurs en rapprochant des entreprises existantes. D’accompagner la structuration de certaines filières pour faire face aux nouveaux enjeux agricoles et alimentaires (exemple de la filière laitière avec la suppression des quotas laitiers à l’horizon 2015) par le regroupement de l’offre, la mise en place d’une stratégie d’alliance entre les entreprises existantes… Il nous faut enfin encourager la production, la transformation et la consommation de produits de proximité. Il s’agit de mettre en place des actions permettant d’encourager la production, la transformation et la consommation de produits de proximité afin : De satisfaire la demande croissante de ces produits (biologiques et conventionnels) par les consommateurs (« locavores »). D’encourager les activités de diversification des exploitations agricoles (vente à la ferme, marchés,…). De maintenir des outils de transformation en Lorraine. De rapprocher la production agricole de la transformation agro-alimentaire. De développer certaines filières peu présentes en Lorraine mais ayant un potentiel de développement très important (exemple : la filière porcine dont la production lorraine est égale à 14 % de ce qui est consommé). Plusieurs actions transverses permettront d’assurer le succès de ces trois objectifs fondamentaux. La formation tout d’abord. La filière est confrontée à plusieurs évolutions structurelles : Une amélioration nécessaire des conditions d’emploi et de travail, afin de renforcer notamment l’attractivité du secteur. Une amélioration indispensable des niveaux de qualification afin de faire face aux évolutions des besoins des entreprises (automatisation des process, pré requis hygiène et sécurité, …). Une anticipation du remplacement de nombreux chefs d’entreprises et de salariés dont le départ en retraite interviendra à brève échéance. L’intensification de l’offre de formation est nécessaire notamment dans les domaines fondamentaux de la technique, de l’économie et du management, pour anticiper au mieux ces évolutions de la filière agricole et agro-alimentaire. L’innovation et le transfert de technologie vers les entreprises ensuite. Le maillage entre recherche fondamentale, appliquée et développement agricole doit permettre l’introduction permanente de nouvelles techniques agricoles (exemple : agriculture de précision, robot de traite…) qui influencent fortement la performance technique, sociale et environnementale. Dans le domaine agro-alimentaire, il faut favoriser l’émergence et le renouvellement régulier de différenciation des produits, travailler sur la valeur d’estime des produits (saveur, aspects, etc.…), leurs usages et leurs valeurs techniques (sécurité alimentaire, qualité de conservation, qualités nutritionnelles). 162 La communication et la promotion enfin. Il est essentiel de communiquer à l’échelle régionale et au niveau de la Grande Région : Sur l’image du métier d’agriculteur, de chefs d’entreprises auprès du grand public (production de qualité, différentes offres développées : agro-tourisme, entretien du paysage) afin de participer à l’attractivité des métiers. Sur les produits et savoirs faire lorrains, les démarches régionales (exemple : La Lorraine Notre Signature), les démarches de qualité auprès des consommateurs, des acteurs de la distribution (GMS, restauration collective, internet)… afin de valoriser ces productions agricoles et agro-alimentaires, convaincre les consommateurs de la qualité et de la diversité de ces productions locales. L’agriculture Lorraine s’impliquera fortement dans le développement durable. La protection de l’environnement est une quête de plus en plus partagée par les agriculteurs, qu’il s’agisse de réduction des dépenses énergétiques et à la réduction des consommations en eau. Mais il faut généraliser les initiatives lancées sur la gestion des déchets, la protection des ressources en eau et la protection des sols. Il faut également favoriser les transferts de recherche avec l’INRA et les autres centres de ressources technologiques notamment dans le domaine de la protection de la ressource en eau. Dans le domaine de la production d’énergie, la Lorraine peut devenir une région modèle dans la production de biomasse et dans la méthanisation des déchets. Sur le premier point, les acteurs publics doivent se mobiliser pour que le projet Syndiese de Bure devienne une réalité. Sur la méthanisation des déchets, la Lorraine peut également devenir une région pilote dans ce process qui s’inscrit parfaitement dans la démarche Développement Durable : démarche collective, traitement des lisiers, utilisation de la chaleur et production d’électricité d’origine renouvelable et diminution des émissions de CO². La valorisation de la production en circuits courts, qui répond à une demande de garantie d’origine chez le consommateur est inséparable du développement durable. Cette production concerne actuellement 13% des exploitations lorraines. La valorisation dans le bâtiment ne doit enfin pas être ignorée. Avec ses capacités de production en sous- produits du bois, en chanvre, en paille et en miscanthus, l’agriculture lorraine peut offrir des réponses pertinentes aux questions de la construction durable. Il convient sur ce point de favoriser des unités de transformation, à l’image du projet de construction d’une unité de défibrage à Creutzwald. AXES OPERATIONNELS Assurer le renouvellement des générations - Favoriser la transmission Encourager les installations de polyculture élevage et hors cadre familial Renforcer l’attractivité du métier d’agriculteur Encourager la mutualisation des moyens - Favoriser la mutualisation des moyens matériels et humains, des processus, du foncier Encourager les regroupements des opérateurs au niveau national - Encourager la production, la transformation et la consommation de produits de proximité - Promouvoir les produits et les savoir-faire lorrains Renforcer l’introduction de produits de proximité dans les circuits de distribution Encourager la transformation en Lorraine Encourager la production de filières peu présentes dans la région - 163 Ancrer territorialement les politiques économiques régionales Le soutien au développement économique de l’ensemble des territoires reposera bien évidemment sur les actions opérationnelles proposées précédemment : renforcement de l’attractivité de la région, anticipation des évolutions économiques et mise en œuvre de politiques d’innovation, soutien de l’action des PME et PMI, renforcement de l’importance d’une économie nouvelle basée notamment sur les valeurs de l’économie sociale et solidaire. Mais notre ambition ne s’arrête pas là. Nous proposons de territorialiser certaines actions pour mieux utiliser les ressources des territoires : l’agroalimentaire dans la Meuse, le bois dans les Vosges, les matériaux en Moselle, l’énergie et l’environnement en Meurthe et Moselle… La stratégie de développement économique de la Lorraine s’appuiera ainsi sur la création de nouveaux clusters correspondant à la politique des filières. Un territoire pourrait accueillir un pôle régional labélisé correspondant à une filière de pointe pour laquelle il disposerait d’atouts spécifiques. Par convention avec la Région, il porterait alors le développement de ce pôle au nom de l’ensemble de la région Lorraine. Il deviendrait ainsi le centre de gravité d’un cluster associant grappes d’entreprises, formations supérieures, recherche, services aux entreprises et transfert de technologies. Les clusters prendront en compte la création de véritables campus de la création d’entreprises, mixant services d’accompagnement, incubateurs, pépinières, aides aux start-up. Un chercheur n’est pas forcément un créateur. A l’image de ce qui se fait dans beaucoup de régions voisines, la création des start-up s’appuiera sur des couples : couple public-privé, couple chercheur-développeur, couple étudiant-senior… Un moyen supplémentaire de permettre à des jeunes de développer leurs projets dans la région. La création des clusters s’appuiera enfin sur l’expérience de l’Université de Lorraine dans le développement territorial. Elle est en avance sur beaucoup d’autres universités françaises dans ce domaine, notamment grâce à un important maillage territorial préexistant. Ce maillage peut être une force à condition de fonder les implantations universitaires en mariant caractéristiques économiques des territoires, enseignements et recherche spécifiques et de ne pas chercher de transplantation artificielle. Les laboratoires et leurs chercheurs ont besoin d’un environnement pour travailler, qu’il est plus facile de trouver à Nancy ou à Metz eu égard à une large palette d’offres de formations. La mobilité étudiante est préférable à la dispersion des moyens, sauf opportunité de développement d’un triptyque enseignement supérieur / laboratoire de recherche / entreprise.. La cohérence de la territorialisation des politiques filières, enseignement supérieur et recherche se traduira dans des schémas régionaux correspondant à chaque filière. AXES OPERATIONNELS Territorialisation des filières économiques pour que les territoires infrarégionaux puissent être les porteurs du développement des filières stratégiques Elaboration d’un schéma régional de développement des filières Développement de clusters mariant grappes d’entreprises, enseignement supérieur, R&D 164 165 ATTIRER 15- Des territoires renforçant leurs fonctions internationales grâce à la constitution d’un « archipel métropolitain » Vous estimez que le développement des fonctions internationales de notre région est essentiel pour votre vie quotidienne comme pour renforcer l’attractivité régionale. Les fonctions métropolitaines doivent être pour cela soutenues au niveau de la Grande Région, dans une perspective de développement de l’ensemble des territoires, pour attirer habitants et entreprises. Crédit photo : Pascal Bodez 166 167 Les Lorraines et les Lorrains perçoivent difficilement leur appartenance à une identité régionale commune à la différence des voisins Alsaciens, des Bretons ou des Corses dont les identités sont inscrites dans le marbre du roman de l’histoire. Pourtant les symboles sont forts, de Jeanne d’Arc à la croix de Lorraine de la résistance ; les écoliers de toute la France croient connaître cette « province » qui dans sa configuration présente n’a jamais existée avant la création des régions actuelles. Les choses sont ainsi et il n’est pas dans l’objet de Lorraine 2020 de revenir sur une histoire qui laisse des traces dans la géographie et les consciences. Constatons au contraire que les mentalités évoluent dans le bon sens. Les antagonismes d’hier deviennent des coopérations, les frontières matérielles entre pays s’atténuent ; les villes, hier concurrentes construisent un nouvel espace. La géographie politique a fait naître un nouveau concept, le Sillon Lorrain : un axe Nord-Sud urbain d’Epinal à Thionville. La mise en réseau des villes, la Grande Région, le TGV-Est, la création de l’Université Lorraine et ses liens avec les Universités voisines, les investissements régionaux en matière de transports collectifs ont permis un rapprochement des populations des différents bassins. Sur l’ensemble du territoire transrégional les collectivités locales, départements et communes développent de multiples coopérations. L’histoire économique et la construction européenne font apparaître de nouveaux pôles urbains transfrontaliers autour de Sarrebruck, Sarreguemines et Forbach, et le pôle de Longwy, Esch-sur-Alzette et Belval est prometteur d’un renouveau. Mais Luxembourg malgré sa fonction de capitale d’un Etat, Sarrebruck capitale régionale, Metz, Nancy, tout comme Trêves ou Coblence, pas plus que Liège ou Namur ne pèsent vraiment en face des grandes métropoles nationales et européennes. Simplement parce que nos villes en Lorraine comme dans la Grande Région sont « moyennes », proches les unes des autres tout en étant suffisamment éloignées pour avoir leur autonomie et leur spécificité. Les fonctions métropolitaines existent, mais dispersées et avec peu d’effets de synergie. Elles constituent des « éléments complémentaires d’un environnement complexe », dont l’ensemble fournit les potentiels d’une capacité d’action économique et politique au sens d’une région métropolitaine. Il en va ainsi des universités, à Nancy, Metz, Luxembourg, Sarrebruck, Kaiserslautern, Trêves, Liège, qui commencent, avec l’Université de la Grande Région, à se rencontrer et à échanger leurs programmes de recherche et leurs étudiants. Les capacités de recherche de la Grande Région formeraient, si elles étaient réunies, l’équivalent des meilleures universités du continent et figureraient en bon rang dans les classements internationaux. Cette situation constitue pour nous une opportunité exceptionnelle. L’absence de grandes métropoles de taille européenne rend possible l’association des villes centre et de leurs territoires d’implantation au sein d’un réseau capable de porter des politiques ambitieuses de développement, dans un environnement européen. L’émergence d’une Région Métropolitaine Polycentrique Transfrontalière (RMPT) correspond à une réalité, une démarche et une perspective qui prend sens avec la notion « d’archipel métropolitain transfrontalier ». Un archipel capable de bâtir des ponts entre les îles et îlots permettant aux habitants de se (re)connaître comme les bâtisseurs d’un nouvel espace « métropolitain ». L’archipel métropolitain permet de dessiner la nouvelle configuration d’un espace à la fois régional et transrégional à l’échelle d’une Europe en quête de sa propre identité politique. Pour la Lorraine les enjeux sont clairs, elle ne peut se renouveler et se reconstruire que dans un espace comprenant non seulement toute la région, mais aussi toute la Grande Région, pour renforcer l’attractivité et l’interactivité des villes et des espaces ruraux. Renforcer le processus de métropolisation composantes de l’archipel métropolitain entre les Cet archipel métropolitain bénéficiera du dynamisme et de l’attractivité des réseaux de villes, en précisant pour cela les fonctionnalités des différents réseaux, et leurs apports au développement régional : le dynamisme financier, le rayonnement universitaire, le savoir-faire industriel, la vocation économique des territoires. Il reposera sur une mutualisation des fonctions notamment urbaines pour les 168 mettre en résonnance. Sur une dynamique de métropolisation définie comme une répartition équilibrée des fonctions métropolitaines entre les différents espaces qui composent la région, ruraux comme urbains. Les espaces intermédiaires, dont le Cœur Metz-Nancy-Lorraine, joueront un rôle majeur pour construire une Lorraine d’influence plus que de masse, une Lorraine carrefour européen ancré dans le grand Est et dans la Grande Région européenne, moteur de la Région Métropolitaine Polycentrique Transfrontalière (RMPT). Les villes de l’archipel métropolitain mettront au service de tout l’espace lorrain leurs ressources de centralité. C’est d’inter territorialité plutôt que de compétition entre les territoires qu’il s’agit, c’est de stratégie territoriale concertée plus que de simples équipements d’aménagement et de développement durables du territoire lorrain dont il est question. La mise en œuvre de l’archipel métropolitain aboutira à une nouvelle gouvernance des territoires en Lorraine, adaptée aux problématiques que connaît notre région. D’abord la nécessité de mettre nos villes en réseau entre elles et avec les métropoles de la Grande Région, de répondre à un risque de perte de cohésion du territoire au profit des zones les plus dynamiques mais qui paradoxalement, ne le sont pas assez au niveau national. Ensuite de ne pas séparer les dynamiques de l’archipel métropolitain de celles de l’ensemble des pôles moyens et pôles ruraux de la Lorraine, toujours par la multiplication de « ponts » et de « passerelles. » Elle permettra aux Lorraines et aux Lorrains d’être citoyens du monde, donc d’ouvrir leur horizon de vie au monde entier, en les faisant bénéficier de services et de fonctions internationales, en facilitant leurs déplacements avec l’ensemble de l’Europe comme l’ensemble de la planète, en attirant dans la Grande Région des citoyens du monde entier. Elle permettra à la Lorraine de renforcer ses chances dans la compétition avec les métropoles et les régions européennes. Elle permettra de conjuguer trois ambitions : contribuer à la construction d’une région métropolitaine à l’échelle européenne, participer au développement équilibré de la Lorraine, et gérer la proximité à l’échelle humaine. Fonctions métropolitaines et facteurs d’attractivité internationale Les principales fonctions métropolitaines retenues au niveau des classements internationaux comme au sein de l’Union Européenne sont les suivantes : Le rayonnement des centres universitaires. Le rayonnement culturel et touristique. Le dynamisme scientifique, de la recherche et de l’innovation. L’existence de grands centres de décision publics. L’existence de quartiers généraux de grandes entreprises. La présence d’Emplois Métropolitains Supérieurs. La qualité et le niveau de formation de la main d’œuvre. La qualité de l’environnement et de la vie quotidienne. Le niveau des services sportifs, de santé… L’accessibilité internationale. L’archipel métropolitain des territoires de Lorraine 2020 s’appuiera en Lorraine sur le Cœur Metz-NancyLorraine, le Pôle Métropolitain du Sillon Lorrain, l’Eurodistrict SaarMoselle et tous les réseaux de villes en Lorraine ou transfrontaliers, en définissant la place de chaque espace : accueil d’équipements ou de projets structurants, rôle dans le développement économique de la région, et en garantissant le développement du sud de la région. La Lorraine sera forte de réseaux polycentriques entre toutes les villes et agglomérations ayant des fonctions de centralité. Leur mise en œuvre demandera du temps, mais elle redessinera en profondeur la Lorraine. Elle lui permettra d’améliorer capacités d’innovation et compétitivité, de devenir un centre international de transmission de la culture et de la connaissance. 169 AXES OPERATIONNELS Organisation de l’espace lorrain autour de 3 catégories de pôles qui exercent chacune des fonctions de centralité - Pôles de proximité Pôles relais Pôles régionaux Inscrire l’archipel métropolitain dans la région et la Grande Région Au sein de l’archipel métropolitain, dont les composantes dépassent celles de la Lorraine, le développement doit s’inscrire dans trois niveaux différents : 1. D’abord au sein même de chacune des aires fonctionnelles urbaines, en soutenant les projets renforçant l’unité et la qualité de la vie quotidienne des habitants : équipements publics, organisation des transports, et projets transfrontaliers pour l’Eurodistrict Sarrebruck-Moselle Est et l’aire fonctionnelle urbaine de Luxembourg. Ce premier niveau permet de structurer des espaces de construction de projets au sein des briques élémentaires que sont les AUF. A titre d’exemples l’AUF de Luxembourg doit organiser ses coopérations de proximité avec Arlon en Belgique et Longwy en France de la même manière que doivent le faire au sein de l’AUF de Sarrebruck les secteurs de Sarrelouis et de Sarreguemines, ou au sein de l’AUF de Metz les secteurs de Briey et de l’Aéroport régional. 2. Ensuite entre l’ensemble des agglomérations du Pôle Métropolitain, de l’Eurodistrict, des aires fonctionnelles de Luxembourg, Trèves et Kaiserlautern et du Cœur Metz-Nancy-Lorraine Ce deuxième niveau, constitué autour du noyau central de la Grande Région est constitué de 6 entités de base : l’AUF de Luxembourg (comprenant Arlon et Longwy), l’AUF de Sarrebruck (comprenant Sarrelouis et la partie française), l’AUF de Kaiserlautern, l’AUF de Trèves, le Cœur Metz-Nancy-Lorraine et le Pôle Métropolitain du Sillon Lorrain constitué des 4 AUFs de Thionville, Metz, Nancy et Epinal. Le niveau 2 traitera prioritairement des principales questions métropolitaines transfrontalières : santé, université, mobilité… 3. Enfin à l’échelle de la Lorraine et de la Grande Région toute entière. Ce troisième niveau est le niveau de mise en cohérence stratégique au sein de la Lorraine et de la Grande Région, du Réseau Métropolitain Polycentrique Transfrontalier avec l’ensemble des territoires et des politiques de développement de la Lorraine et de la Grande Région, et notamment avec les centres moyens. AXES OPERATIONNELS Développement de l’inter territorialité au sein des Aires Fonctionnelles Urbaines Développement de l’inter territorialité au sein du Réseau Métropolitain Polycentrique Transfrontalier Développement de l’inter territorialité au sein de la Lorraine et de la Grande Région 170 Développer des accords de coopération Ces accords permettront à la Région de soutenir les projets bénéficiant à l’ensemble du territoire régional et renforçant l’unité et les synergies des fonctions internationales essentielles : université, recherche, culture, fonctions de commandement, accessibilité… Ils pourront notamment porter sur cinq domaines clefs. La mise en place d’une offre de formation coordonnée au sein des partenaires du réseau La recherche d’une excellence renforcée pour les établissements sanitaires La mise en valeur d’une offre culturelle et touristique partagée par les villes et les territoires de la Grande Région Une promotion du territoire et un marketing économique commun Des projets concertés en matière de transport et d’accessibilité AXES OPERATIONNELS Mise en place d’accords de coopération - Formation, développement universitaire et de la recherche Création de clusters et de pôles de compétitivité Développement culturel Développement touristique Equipements de santé Promotion des territoires et implantation de centres de décision publics et privés Renforcement de la mobilité interne Renforcement de l’accessibilité internationale Autocréation de l’instance de participation 171 La clef de la réussite : l’engagement de tous Nous avons parlé de la cohérence des politiques publiques, de la cohérence du développement des territoires. Cela passe aussi par la cohérence des interventions de l’ensemble des acteurs… Crédit photo : Pascal Bodez 172 … indispensable à l’engagement d’une méthode adaptée qui guidera la mise en œuvre de Lorraine 2020. Cette méthode reposera d’abord sur une conception différente de la place de la Lorraine , basée sur de nouvelles relations entre la Région et l’Etat. Pour qu’il reconnaisse que c’est un enjeu national de faire en sorte que dans le Grand Est, une Grande Région transfrontalière puisse permettre de construire une vie en Europe sur la base de régions de projets dynamiques. Pour que le nouvel acte de la décentralisation libère les capacités d’intiative et d’actions des collectivités locales, en leur transférant de nouvelles compétences, en renforcant leur autonomie financière, en s’engageant dans un contrat de confiance entre Etat et collectivités. Cette méthode reposera sur votre engagement, l’engagement de toutes les Lorraines et de tous les Lorrains. Les partis-pris qui guideront la mise en œuvre de Lorraine 2020 sont les mêmes que ceux qui ont présidé à son élaboration : une démarche ascendante, où vous serez tout à la fois auteurs de propositions et acteurs de leur mise en œuvre. Elle s’inscrira de manière volontariste dans la Grande Région : en mettant en place des programmes européens grand régionaux; en favorisant la vie transfontalière, en renforçant une identité partagée, en amplifiant les coopérations entre institutions et organsismes, en se dotant d’un comité exécutif grand régional. La mise en œuvre de Lorraine 2020 reposera sur des objectifs affichés, des résultats attendus, des indicateurs précisés, cohérents avec les critères constitutifs du développement durable. La création d’une Conférence des acteurs régionaux permettra enfin de partager toutes les dynamiques de développement : dynamiques des collectivités, dynamique des corps intermédiaires, dynamiques des citoyens. Le développement de la région reposera ainsi sur quatre piliers : l’engagement de l’Etat, celui de l’ensemble des citoyens, la mobilisation des collectivités territoriales, l’intégration renforcée à la Grande Région. 173 1- Une conception différente du rôle de la Lorraine Nous voulons de nouvelles relations entre la Région et l’Etat Nous nous adressons en premier lieu à l’Etat. Non pas pour nous tourner vers lui au nom de l’histoire laborieuse, parfois guerrière et en tout cas ouvrière de notre région, qui a tant amené au développement national et qui devrait mériter le retour de la solidarité nationale. Ce discours-là est dépassé. Nous nous tournons vers l’Etat en lui demandant d’affirmer partout, par les actes comme par les paroles, que c’est un enjeu national de faire en sorte que dans le Grand Est, une Grande Région transfrontalière puisse permettre de construire une vie en Europe sur la base de régions de projets dynamiques. Cet Etat républicain est pour nous le garant des fonctions régaliennes centrales. Mais il doit également mesurer l’importance stratégique que revêt pour la Nation toute entière le développement de la Lorraine au cœur de la Grande Région européenne transfrontalière que Lorraine 2020 veut contribuer à bâtir. L‘Etat, dans un nouvel élan de décentralisation, doit permettre les régions de jouer un rôle accru dans la construction européenne, non pas celle des techniciens, mais celle d’une Europe de la vie quotidienne, source d’espoir et de futur pour ses citoyens. Pour cela, nous souhaitons faire de la Région le représentant de l’Europe sur le territoire lorrain. Le Conseil Régional assumera le rôle joué aujourd’hui par l’Etat pour la mise en œuvre des programmes européens. Nous voulons que les collectivités locales soient les moteurs du renouveau Nous nous adressons à l’ensemble des collectivités territoriales de Lorraine. Toutes vos contributions nous confortent dans l’idée, évoquée à plusieurs reprises, qu’elles ont, dans la proximité, la capacité de construire institutionnellement des réponses aux problèmes qui sont posés, si tant est qu’elles articulent leurs actions entre elles. Si elles n’ont pas à fusionner, elles ont à se mettre d’accord sur un processus de conférence régionale et de convention entre les acteurs basée sur une feuille de route commune. La redéfinition régulière de la part que prend chacun permettra des financements nécessairement croisés dans certains domaines. Le rôle des collectivités est fondamental dans ce domaine. Les collectivités locales sont pour nous le fer de lance de l’action publique dans les territoires. Elles sont respectées dans leurs responsabilités, encouragées dans leur créativité au service de l’aménagement du territoire, du développement économique, de la formation professionnelle et de la solidarité entre les personnes et entre les territoires. Elles sont renforcées dans leur capacité à coordonner leurs actions entre elles pour faire vivre durablement des politiques publiques imaginatives et efficaces. L’Etat doit nous donner les moyens d’agir, en profitant d’une refondation de la décentralisation pour nous donner des compétences nouvelles, notamment au niveau régional. La région est par essence la mieux placée pour conduire développement économique et aménagement du territoire. Nous revendiquons plus de responsabilités en matière d’emploi, comme des ressources fiscales dont nous maitriserons les taux. Les citoyens doivent en effet pouvoir mesurer l’efficacité des actions conduite à l’aune des contributions qui leur sont demandées. Les collectivités locales totalisent 75% des investissements publics, pour 10% de l’endettement national. La relance de notre pays ne sera possible qu’en les mobilisant. 174 2- Des citoyens acteurs de Lorraine 2020 Nous nous adressons à vous, vous les Lorraines et les Lorrains. Vous qui êtes à la fois la principale richesse de la région et le premier moteur du changement. Vous que nous invitons à agir au service de l’intérêt général parce que la démocratie peut être enrichie par la contribution quotidienne des citoyens à la chose publique mais aussi parce que l’action publique est plus efficace quand les usagers sont associés aux politiques qui les concernent. Vous nous avez dit que pour faire projet ensemble, il nous fallait ouvrir de nouveaux espaces, des espaces d’organisation, d’imagination et de créativité, dans une logique de participation passant audelà du référendum, au-delà de la discussion théorique, mais dans l’action. La participation des Lorraines et des Lorrains dans leur représentation en réseau des forces socioéconomiques, mais également à titre individuel ou collectif dans une période de crise politique et de crise de responsabilité est un signe très fort. C’est pourquoi la décentralisation doit correspondre à un espace de souffle construit par le bas plutôt qu’un « Xième » texte de loi imposé sans concertation. L’opérationnalité revêt un caractère d’urgence qui n’exclut pas la co-construction des textes. Chaque acteur, chaque institution doit pouvoir concourir au projet de développement, en apportant sa voix au concert lorrain, de la définition des ambitions de la région pour Lorraine 2020 à la mise en œuvre du projet. Cette dernière reposera donc sur votre engagement, conçu comme un outil du développement des territoires. Nous proposons pour cela de soutenir et de favoriser la vie associative, et plus particulièrement les associations œuvrant dans les domaines de l’éducation populaire, de la culture, des sports, de l’animation, de la solidarité, de l’insertion et de l’environnement. Nous proposons de multiplier les lieux de parole, d’échanges et d’émergences d’idées, les expériences d’université populaire, les fabriques pour améliorer la qualité de l’emploi, le cadre de vie et le bien-être des Lorraines et des Lorrains. Nous proposons de mettre en réseau des acteurs issus de milieux divers et variés, en faisant renaître l’esprit de l’Ecole de Nancy qui a vu les artisans, les artistes, les médecins ou les intellectuels échanger et travailler de concert pour développer une nouvelle approche de leurs métiers et de leurs techniques. Nous demandons à l’Etat, dans le nouvel acte de la décentralisation, de prendre en compte une démocratie locale qui ne se limite pas à des consultations ou à des référendums mais qui, à tous les niveaux de collectivité, crée les conditions du pouvoir agir. La mise en œuvre de notre projet reposera sur l’engagement citoyen. Les Lorraines et les Lorrains qui le souhaitent doivent pouvoir participer directement au développement de leur région : au niveau de l’élaboration des projets, au niveau des choix, mais aussi dans la mise en œuvre des actions. Pour que chaque acteur puisse contribuer au projet Lorraine 2020, nous voulons aller beaucoup plus loin que les seuls référendums d’initiative locale et mobiliser les actions des associations au service des territoires en leur donnant le pouvoir de proposer comme le pouvoir de faire. Ce renforcement de l’engagement citoyen répondra à la nécessité d'établir des convergences entre les responsabilités des élus, assumant pleinement leur envie de porter la responsabilité que leur donne le suffrage universel et celles des forces citoyennes, associatives et syndicales qui demandent à ne pas être considérées par le politique comme des courroies de transmission mais comme des acteurs majeurs pour construire une partie du développement et inventer les nouvelles capacités d’agir que la situation actuelle impose. 175 3- Une inscription volontariste dans la Grande Région Considérée dans son ensemble, la Grande Région présente des aspects contradictoires, où le pessimisme et l’optimisme trouvent également matière à s’affirmer. Un passé prestigieux, où les Romains, les Carolingiens, la Renaissance, les Lumières et la révolution industrielle ont brillé et laissé des traces très fortes pendant deux millénaires, explique une densité de population parmi les plus élevées d’Europe. La Grande Région doit sa réussite à son histoire comme à sa situation, au cœur de l’Europe occidentale, qui en a fait jusqu’au XVIII ème siècle l’axe de passage obligé entre les ports de la mer du Nord et les villes du pourtour méditerranéen. Elle le doit à son sous-sol, riche en charbon et en minerai de fer, sur lequel a grandi le principal pôle métallurgique continental jusqu’au dernier tiers du XX ème siècle. Cette réussite lui a valu, de tous temps, d’attirer des populations venues d’ailleurs qu’elle a réussi à intégrer malgré une histoire agitée et de multiples conflits. Les évènements passés ont laissé des traces encore très vivantes dans les esprits, dans l’architecture comme dans l’économie, les institutions ou la vie culturelle. Mais ce qui nous a séparé crée aujourd’hui une proximité réelle entre les citoyens de la Grande Région. Dans cette Europe « Lotharingienne », les femmes et les hommes sentent leur communauté de destin. Les frontières ne sont plus ressenties ni physiquement, ni mentalement comme des obstacles : ce n’est pas un hasard si la Grande Région connait le plus fort taux de travailleurs transfrontaliers d’Europe. Les grands vents industriels et militaires sont aujourd’hui apaisés. Les mines ont fermé, la métallurgie se spécialise et la Grande Région a besoin de retrouver un second souffle. Si rien n’est fait, si les exécutifs de la Grande Région se contentent de « laisser-faire », l’ancien statut de région frontalière qui a disparu avec l’ouverture des frontières européennes sera rétabli avec des effets négatifs certains sur la prospérité de la Grande Région à moyen terme. Un développement économique durable de la Grande Région ne sera possible que si les exécutifs unissent leurs actions pour que tous les territoires soient des creusets du développement. Il ne sera possible que si les exécutifs recherchent, par la mise en synergie des fonctions internationales et métropolitaines, la capacité à jouer un rôle dans la croissance de l’Europe et la cohésion sociale. Il ne sera possible que par une intégration renforcée des transports, de l’enseignement supérieur, de l’innovation, de la culture. Il ne sera possible qu’avec un cadre stratégique commun, base de l’investissement par chacun des programmes opérationnels. Nous voulons contribuer directement à la mise en place de programmes européens au sein de la Grande Région Nous ne nous inscrirons pas dans une démarche individuelle ou purement nationale. La mise en œuvre de Lorraine 2020 passe par l’inscription de nombreux programmes opérationnels dans les programmes RMPT. Plutôt que de défendre des propositions face aux administrations d’Etat, la région défendra une position commune avec l’ensemble des moteurs de la Grande Région : le Luxembourg, la Sarre, la Rhénanie-Palatinat, la Wallonie et la Communauté Germanophone de Belgique. Dans un souci d’efficacité, la mise en œuvre de Lorraine 2020 reposera sur une nouvelle compétence régionale, donnée à la Région à titre expérimental : celle de conduire la mise en œuvre des programmes européens. 176 Nous voulons favoriser la vie transfrontalière Nous nous attacherons pour cela à l’harmonisation des législations fiscales et sociales, comme à l’organisation transfrontalière des services de la vie quotidienne. Nous voulons réussir le pari d’une identité partagée Pour ouvrir la Lorraine à l’Europe, il faut faire vivre une culture partagée, celle qui a forgé la culture commune de l’Europe, avec la volonté de donner la fierté d’appartenir à une Eurorégion préfigurant ce que peut être l’Europe de demain. Créer les conditions d’une conscience partagée des solidarités naturelles entre les habitants de la Grande Région repose ainsi sur le développement du bilinguisme et l’enseignement systématique du français et de l’allemand dès la maternelle, sur le développement du tourisme intérieur, sur les échanges d’apprentis et d’étudiants, sur les coopérations entre chercheurs et entre entreprises… Cela repose aussi sur la création de cursus de formations amenant élèves et étudiants à apprendre dans des pays différents, sur la mutualisation des savoir-faire et des expériences, sur le renforcement de la mobilité au-delà des frontières des quatre pays ou sur la mise en valeur des projets menés en commun. Cette citoyenneté grande régionale passe également par une activité culturelle partagée, avec outre le bilinguisme, une programmation coordonnée de l’offre musicale et théâtrale, un accès facilité à nos richesses touristiques favorisant le brassage et l’échange. Les premières actions conduites dans ce sens sont déjà prometteuses. Lorraine 2020 est enfin l’occasion, à partir des initiatives déjà engagées, de développer les rencontres sportives entre clubs et scolaires de la Grande Région, avec un calendrier interfédéral. Nous voulons amplifier les coopérations au sein de la Grande Région Ces coopérations nouvelles pourront être communes à l’ensemble du territoire de la Grande Région : mutualisation de recherche de marchés à l’export, politique commune d’attractivité d’investissements étrangers, création de clusters transfrontaliers. Mais elles seront aussi bilatérales : mise en place d’une gouvernance et d’une maîtrise d’ouvrage commune avec le Luxembourg pour la programmation et la gestion de l’espace d’intérêt transfrontalier et européen, rompant avec une approche différenciée du développement du secteur d’Esch-sur-Alzette d’un côté de la frontière et de Alzette/Belval de l’autre ; inscription dans l’agenda Franco-allemand 2020. Nous voulons faire évoluer outils et institutions Le projet de la Grande Région pourra renforcer l’Université de la Grande Région. Il pourra intégrer la création de pôles de compétitivité transfrontaliers associant des entreprises et des centres de recherche de nos différentes régions : l’eau, la filière bois, l’agriculture durable ou l’industrie automobile par exemple. Il pourra s’accompagner de la création d’une chambre de commerce et d’industrie de la Grande Région, d’un Office du Tourisme de la Grande Région ou encore d’une marque de la Grande Région. Cette marque reste à inventer à la fois pour valoriser l’image extérieure et pour favoriser les échanges et le tourisme intérieur. Les fondations de la Grande Région sont en place. Elles sont solides. Mais aujourd’hui, la Grande Région a besoin d’un cadre institutionnel nouveau pour garantir ses capacités d’action et mener à bien les projets décidés. Le Sommet des exécutifs de la Grande Région sera doté d’un secrétariat permanent renforcé qui, sous l’autorité du Sommet, gérera un futur programme européen, dans l’esprit de la 177 déclaration de Berlin, un programme d’actions commun à tous les membres de la Grande Région. Nous proposerons que le sommet des Exécutifs soit transformé en Comité Exécutif Interrégional. La gouvernance de la Grande Région s’appuierait ainsi sur trois institutions : Le Conseil Parlementaire Interrégional Le Conseil Economique et Social de la Grande Région Le Comité Exécutif Interrégional La Grande Région sera ainsi reconnue comme un partenaire européen pleinement opérationnel, préfigurant un nouveau mode de gouvernance de l’Europe. 4- Des modes d’intervention publique revisités Nous voulons développer des contrats de coopération Le concert lorrain se jouera dans le cadre de contrats de coopération précisant les rôles et les contributions de chacun au projet de développement. La mise en œuvre des Contrats d’Appui au Développement Territorial (CADT), renforce la contractualisation entre la Région et les territoires, précise les rôles de chacun et leur articulation. Elle fait de la contractualisation avec et entre les différents niveaux d’organisation territoriale une opportunité de mutualisation des objectifs et des moyens. La première étape de cette démarche a été engagée. Elle a permis de partager le diagnostic des atouts et des spécificités de chaque territoire. La promotion du dialogue territorial, le soutien des initiatives qui renforcent le vivre et le faire ensemble permettront d’atteindre les objectifs de Lorraine 2020 : renforcer le rôle des territoires et leur apport aux dynamiques régionales et à la Grande Région, dans le cadre d’un contrat intégré de développement. Nous voulons redéfinir le cadre de chaque action S’il faut fixer des objectifs ambitieux pour l’avenir de la Lorraine, il faut aussi mettre en œuvre des actions opérationnelles et préciser les indicateurs d’évaluation. En un mot, il faut être en mesure d’évaluer la mise en œuvre de Lorraine 2020. Nous proposons pour cela de professionnaliser et de fédérer l’observation, de renforcer l’évaluation des politiques publiques, de définir et suivre des indicateurs. Il nous faut par conséquent préciser pour chaque action les enjeux, les objectifs, les résultats attendus, les indicateurs humains, économiques et environnementaux. La mise en place d’un véritable Système d’Information Géographique, en lien avec celui créé au sein de la Grande Région est un passage obligé. Nous voulons revisiter les interventions de la Région en cohérence avec les critères constitutifs de l’Aménagement et du Développement Durables des Territoires L’ensemble des politiques publiques, et d’abord celles du Conseil Régional, devront s’inscrire dans la dynamique de Lorraine 2020. Elles seront redéfinies pour être cohérentes avec la Lorraine que les Lorraines et les Lorrains ont dessinée. Elles permettront de préciser la participation de chacun au projet de développement. 178 Il nous faudra pour cela redéfinir une batterie d’indicateurs permettant de mesurer la contribution régionale à la richesse humaine de la Lorraine, des indicateurs complémentaires au Produit Intérieur Brut, en partant notamment des travaux conduits par l’Association des Régions de France L’empreinte écologique vise à mesurer la pression qu’exerce l’homme sur la nature. Elle est un outil qui cherche à quantifier la soutenabilité de nos modes de vie et part du principe que la plupart des consommations peuvent être évaluées sous la forme d’une surface (de terre ou de mer) biologiquement productive qu’il convient de mobiliser pour produire ce bien ou ce service. L’Indicateur de Développement Humain (IDH-2) reprend les trois grandes dimensions du développement humain définies par le Programme des Nations Unies pour le Développement : la santé, lʼ éducation et le niveau de vie, à savoir la capacité à bénéficier d’une vie longue et saine, la capacité d’accès à l’éducation et aux connaissances et enfin la possibilité dʼ accéder aux ressources matérielles indispensables pour atteindre un niveau de vie décent. L’Indicateur de Santé Sociale (ISS) est un indicateur composite reprenant huit grandes dimensions qui résument les grands enjeux sociaux contemporains et la santé sociale d’un territoire : l’éducation, la justice, le logement, la santé, les revenus, le travail et l’emploi, le lien social et le lien interindividuel. 5- Une conférence associant tous les acteurs Lorraine 2020 ne saurait constituer un document figé dans le temps. Le monde change de plus en plus vite, et chacun doit en permanence adapter ses actions, sans rien renier de ses ambitions. Nous proposons pour cela de créer une conférence chargée de suivre et d’adapter Lorraine 2020. Cette dernière associera et fédèrera l’ensemble des parties prenantes, pour leur permettre de tisser des partenariats. Le conseil régional, chef d’orchestre du développement régional, impulsera, coordonnera, pilotera et assurera l’interface avec la Grande Région et l’Europe. La conférence permettra à la parole de circuler, aux idées de s’exprimer, au débat de s’animer. Elle permettra aux collectivités, associations et citoyens de se parler et de s’écouter plus et mieux qu’hier, pour faire converger, non pas dans la complicité, mais sur la base d’un projet partagé l’action et les responsabilités des élus au suffrage universel avec celles des citoyens et des responsables associatifs et syndicaux. Elle permettra à chaque acteur de concourir à la mutation de la région, elle renforcera l’unité de l’action régionale et les partenariats entre acteurs lorrains. Pour atteindre cet objectif ambitieux, vous avez clairement fixé les missions de la future conférence: Poursuivre le dialogue amorcé à l’occasion de la préparation de Lorraine 2020. Analyser les résultats obtenus dans la mise en œuvre de Lorraine 2020. Enrichir les débats par les contributions des membres, l’invitation régulière de représentants de l’Etat, de l’Europe ou d’experts. Proposer une évolution des orientations. Vous en avez aussi fixé la taille, variable selon les sujets, mais avec un noyau central d’une centaine de personnes : Les collectivités territoriales ou leurs associations : Conseil Régional, Conseils Généraux, pôle métropolitain du Sillon Lorrain, Eurodistrict SaarMoselle, Carrefour des Pays Lorrains. Les acteurs socio économiques : CESEL, Université, syndicats salariaux et patronaux, organismes consulaires, Pôles de compétitivité, Parcs Naturels Régionaux. Les acteurs de la sphère associative, de l’Economie sociale et solidaire et de l’Education populaire. Les partenaires de la Grande Région : communauté germanophone de Belgique, Luxembourg, Rhénanie-Palatinat, Sarre, Wallonie. 179 Nous remercions … … toutes les personnes qui ont participé aux ateliers, séminaire et divers temps de travail qui ont rythmé la démarche Lorraine 2020 ainsi que tous les contributeurs, et plus particulièrement … Patrick ABATE, Paul ARKER, Christian ARIES, Claude BARLIER, Raymond BAYER, Daniel BEGUIN, Christian BISTON, Pascal BODEZ, Serge BRETTAR, Olivier CAYLA, Roger CAYZELLE, Gérard CHAMILLARD, Jacques CHEREQUE, Cécile DE BLIC, Thierry DEFAIX, Martial DELIGNON, Jacques DESBROSSES, Jean-Marie DUBOIS, Jean-René DUBOIS, Yves DURUFLE, Agnès-Marie FAGOT, Dominique FARCI, Didier FERRAINA, Pascal FEVOTTE, Jean-Pierre FINANCE, Dominique FLON, Jacques FLORENTIN, Michel FOURNIER, Didier FRANCFORT, Philippe FRANCOIS-STEININGER, GASTALDELLO, Alain Raymond GATTI, Karl FRENOT, GEDDA, Claude Maurice FRISONI, GRUNWALD, Lucien Bernard GUERRIER DE DUMAST, Jacques GUYARD, Patrice HALTEBOURG, Henri HASSER, Denis HASSLER, Patrick HATZIG, Mathieu HEBERT, Gerhard HEINZMANN, Ted HENNEQUIN, Jean-Louis HIPPERT, Jean-François HUSSON, Luc JOHANN, Laurent KALINOWSKI, Pascal KNEUSS, Gilbert KRAUSENER, Olivier JACQUIN, Laurent LAJOYE, Salvatore LA ROCA, François LAURENT, Pierre-René LEMAS, Noël LENANCKER, Christine L’HEUREUX, Alain LUX, Alain MAILFERT, Marie-Hélène MAITRE, Alexandre MAJERCSIK, François MARZORATI, Marie-Madeleine MAUCOURT, Marguerite MESSENET, Jacques MIANO, Maurice MICHELET, JeanPierre MOINAUX, OSMONT, Françoise Abdallah MOREAU-LALANNE, OUGAZZADEN, Michel Michel PAQUET, OBIEGALA, Pierre-Henri Valérie PAILLET, François PELISSIER, Sylvie PETIOT Dominique POTIER, Louis-Claude POREL, Gérard RENOUARD, Josiane ROBERT, Gérard RONGEOT, Alain ROUSSEL, Patrice SANGLIER, Michel STERNBERG, Sophie SCHWARTZ-KOEHLER, Philippe TARILLON, Jean-Claude THOMAS, Charles TORDJMAN, Julien VAILLANT, Brigitte VAISSE, Martin VANIER, Thibaut VILLEMIN, Vincent WAHL, Mickaël WEBER, Isabelle WENDLING, Paola ZANETTI. L’Agence Régionale de Santé, les organisations syndicales (patronat et salariat), les chambres consulaires de Lorraine, l’Association Lorraine Véloroutes Voies Vertes, le Conseil de Développement Durable du Grand Nancy, les Conseils Généraux de Lorraine, le Carrefour des Pays Lorrains, le Comité des 12, Georgia Tech, la Maison de l’emploi de la Déodatie, le Pays de Verdun, l’Université de Lorraine, les services de l’Etat en région et les partenaires de la Grande Région. Sans oublier les groupes politiques, cadres de direction et agents du conseil régional de Lorraine, le cabinet AbCapesla et toute l’équipe Lorraine 2020. Lorraine 2020 Cahier 2 Michel Dinet Conseiller régional de Lorraine Délégué à la Stratégie Direction des travaux : Claude Grivel, assisté de Kévin Crotté-Brault Cartographie : Isabelle Arts, Sylvie Schutz, Anthony Koenig Crédit photos : Pascal Bodez, Anthony Koenig, CRT de Lorraine Cabinet conseil : Ab Capesla Contact : 03 87 61 68 94 [email protected]