Rubrique coordonnée par Dominique Challine <[email protected]> brèves Échappement de l’EBV au système immunitaire : gp42 se lie aux molécules CMH de classe II Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Downloaded by a robot coming from 88.99.165.207 on 25/05/2017. Mots clés : virus d’Epstein-Barr, CMH de classe II, échappement, glycoprotéine d’enveloppe Le virus d’Epstein-Barr (EBV) infecte plus de 90 % des adultes et persiste à vie de façon asymptomatique dans les lymphocytes B des sujets infectés. Cet équilibre remarquable entre l’hôte et le virus est basé sur la vigilance permanente du système immunitaire du premier qui contrôle et maintient latent le génome du second. La défaillance du système immunitaire permet l’expression de nombreuses protéines virales qui vont induire la prolifération des lymphocytes B et le développement de syndromes lymphoprolifératifs. Une grande partie du génome de l’EBV est consacrée à l’expression de protéines et d’ARN destinés à contrecarrer la réponse immune de l’hôte. Les mécanismes d’échappement ciblent notamment la reconnaissance des lymphocytes B infectés par les lymphocytes T cytotoxiques. Ainsi, la protéine EBNA1, indispensable au maintien du génome viral sous forme d’épisome et exprimée dans l’ensemble des programmes de latence viraux, inhibe sa propre traduction et empêche ainsi sa présentation par le CMH de classe I [1]. La glycoprotéine gp42 (223 acides aminés, 25 kDa) codée par l’EBV, se lie aux molécules du CMH de classe II qui jouent le rôle de corécepteur lors de l’entrée du virus dans les lymphocytes B. Ressing ME et al. ont exprimé gp42 dans un modèle de lignée de mélanome transduite par un vecteur rétroviral et ont montré qu’elle se lie également aux molécules de classe II présentes dans la cellule et associées aux peptides à présenter au système immunitaire. Cette liaison empêche alors la reconnaissance des complexes CMH II-peptides exprimés à la surface des cellules par le récepteur des lymphocytes T [2]. Récemment, la même équipe montre que gp42 est clivée en une forme soluble (21 kDa) par des protéases endolysosomales [3]. Cette forme soluble, en se fixant aux molécules de classe II en cours de maturation dans le réticulum endoplasmique, inhibe la prolifération de lymphocytes T en réponse à une stimulation antigénique. Par ailleurs, les auteurs montrent que gp42 est exprimée sous forme native et sous forme soluble au cours du cycle lytique de l’EBV dans des cellules stimulées de la lignée Akata. Il semble donc que gp42 synthétisée au cours de la phase tardive du cycle réplicatif de l’EBV joue deux rôles majeurs dans l’infection : d’une part, elle participe en tant que glycoprotéine d’enveloppe à l’entrée du virus dans les lymphocytes B ; d’autre part, en interférant avec la maturation des complexes CMH II-peptides, elle empêche leur reconnaissance par les lymphocytes T. Cette dernière propriété vient renforcer les nombreux mécanismes déjà documentés d’échappement au système immunitaire développés par l’EBV. Références 1. Pallier C. Comment le virus d’Epstein-Barr parvient-il à échapper au système immunitaire de l’hôte ? Virologie 2003 ; 7 : 470. Sylvie Pillet Laboratoire de bactériologievirologie. Hôpital Nord, CHU, Saint-Etienne Virologie, Vol. 9, n° 1, janvier-février 2005 2. Ressing ME, van Leeuwen D, Verreck FAW, et al. Interference with T cell receptor-HLA-DR interactions by Epstein-Barr virus gp42 results in reduced T helper cell recognition. Proc Natl Acad Sci 2003 ; 100 : 11583-8. 3. Ressing ME, van Leeuwen D, Verreck FAW, et al. Epstein-Barr virus gp42 is posttranslationally modified to produce soluble gp42 that mediates HLA class II immune evasion. J Virol 2005 ; 79 : 841-852. 69