Catéchèse sur le thème : `Témoins du Christ dans le monde`

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Catéchèse sur le thème : 'Témoins du Christ dans le monde'
Mgr Léonard – JMJ Madrid, 19/08/2011
Mes chers amis,
Je vous le dis d’emblée: votre présence ici ce matin est dangereuse. Elle n’est pas dangereuse ’abord
pour l’environnement champêtre et bucolique qui nous accueille, elle n’est pas dangereuse non plus
pour mes confrères évêques ici présent, mais elle est dangereuse pour VOUS. Parce que la catéchèse
de ce matin est une occasion pour Jésus de vous appeler. Et quand on donne à Jésus le petit bout du
doigt, il vous prend aussitôt par la main, ce qui est très sympathique. Si vous Lui donnez la main, Il
vous prend par le bras, ce qui est encore plus sympathique, mais cela signifie que tout va y passer! Le
Seigneur a un appel radical sur notre vie.
Témoins du Christ dans le monde. Il y a un livre dans le Nouveau Testament qui est consacré à cela.
Ce sont les Actes des Apôtres. Il ne s’agit pas seulement d’un livre d’histoire sur la première
communauté chrétienne; il s’agit de la vie de l’Eglise à travers tous les temps, jusqu’à la fin du
monde. Qu’est-ce qui domine dans les Actes des Apôtres, qui sont le lieu du témoignage pour le
Christ? Ce qui domine – c’est un mot grec que je traduis aussitôt – c’est la ‘parrhèsia’, l’audace, avec
laquelle les apôtres annoncent Jésus. Et, d’où leur vient cette audace? Elle leur vient de ce qu’ils ont
rencontré le Christ ressuscité, vivant, qui leur est apparu. Leur audace ne leur vient pas de leur
caractère, ils étaient poltrons à souhait. Elle ne vient pas de leur intelligence, ils avaient souvent
l’esprit bouché. Elle leur vient de ce que le Ressuscité les a rencontrés. Et leur énergie, leur audace,
leur ‘parrhèsia’ leur vient de ce qu’ils se savent désormais habités par l’Esprit qui a ressuscité Jésus
d’entre les morts. La toute première fois qu’on a parlé publiquement au nom de Jésus, c’était
probablement – selon notre calendrier d’aujourd’hui – le 28 mai de l’an 30, le jour de la Pentecôte,
qu’ont dit les apôtres? Ils ont dit essentiellement ceci: vous connaissez bien Jésus de Nazareth, ce
prophète qui a annoncé que le Royaume de Dieu est imminent et qui parlait de Dieu comme de ‘son
Père’; il l’appelait même ‘papa’, et Il se mettait ainsi au rang même de Dieu, et Dieu lui donnait
raison: Il l’accréditait à travers les miracles, les signes, et les prodiges qu’Il accomplissait par Lui.
Qu’en avez-vous fait? demande Pierre, spécialement à ses compatriotes, à ses coreligionnaires
présents le jour de la Pentecôte. Qu’en avez-vous fait? Vous l’avez condamné à mort pour
blasphème : « Toi qui es un homme, tu te fais Dieu » et vous l’avez fait crucifié grâce au pouvoir
romain de Ponce Pilate. Voilà ce que vous avez fait.
Et qu’est-ce que Dieu, Lui, a fait en réponse? Eh bien, Dieu a glorifié celui que vous avez humilié. Il a
donné raison à celui à qui vous avez donné tort. Il l’a ressuscité d’entre les morts par la puissance de
l’Esprit Saint. Et maintenant, Jésus ressuscité, loin de se venger, répand sur vous son Esprit Saint, un
Esprit de miséricorde et de pardon, pour que vous soyez ses témoins dans le monde entier. Tout a
commencé comme cela. Et si les apôtres, peureux, lâches, pas très intelligents, pas très futés, sont
devenus des témoins ardents de l’Evangile et de Jésus, c’est parce qu’ils l’ont rencontré vivant,
comme une personne vivante.
Saint Paul, persécuteur de l’Eglise a été retourné comme une crêpe, parce que sur le chemin de
Damas, Jésus ressuscité l’a rencontré et dans la foulée de cette rencontre il sera un apôtre intrépide
que rien ne peut décourager. On pourra le trahir, on pourra le flageller, on pourra l’emprisonner, rien
ne l’arrêtera. On peut emprisonner Paul, mais on n’emprisonne pas la Parole de Dieu, on
n’emprisonne pas Jésus ressuscité. C’est de là que vient son audace, pas seulement de son
tempérament. Paul avait ses fragilités lui aussi, mais dans tous les Actes des Apôtres, et dans ses
lettres, on le voit courageux, inébranlable, ferme dans la foi, grâce au Ressuscité, et constamment, lui
qui avait un si grand esprit d’entreprise, constamment obéissant à l’Esprit Saint, qui lui ouvre une
porte et parfois en ferme une, dans sa mission. Eh bien, vous les jeunes qui êtes aujourd’hui en
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charge de la nouvelle évangélisation, spécialement des anciens pays de chrétienté, qui maintenant
sont blasés, usés, qui renient souvent le Christ, qui vivent une apostasie bruyante ou silencieuse
selon les cas, vous qui êtes en charge de la nouvelle évangélisation notamment de l’Europe, ne
comptez pas d’abord sur vos ressources humaines, bien qu’elles soient importantes, et dans le
nouveau conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, je vous le garantis, on réfléchit à tous les
moyens disponibles, spécialement les nouveaux moyens de communication, pour que le témoignage
du Christ retentisse partout à travers la culture, la musique, internet, tous les moyens disponibles.
Mais tout cela ne sera possible que si vous êtes branchés sur la puissance du Christ ressuscité,
enracinés en Lui, et si vous êtes branchés sur l’Esprit Saint, qui habite vos cœurs et qui habite l’Eglise.
Vous êtes à l’âge, pour la plupart, des grandes décisions dans la vie, notamment le choix de votre
profession. L’évangélisation va passer par votre profession, par votre engagement dans le monde,
par votre sens du devoir, par votre sens de la vérité, oui de la vérité. Jean Paul II a dit combien de fois
que ce qui a fait crouler ces empires du mensonge qu’ étaient les régimes totalitaires communistes
de l’Europe de l’Est, c’est le témoignage rendu à la Vérité. Et dans nos pays on a besoin également, et
vous aurez à donner le témoignage de la Vérité. Votre engagement, également par votre profession,
dans une économie de communion et pas seulement de compétitivité, aussi de communion – et c’est
possible – votre engagement politique. Il est capital que des jeunes s’engagent dans la vie politique,
la charité passe aussi par l’engagement politique, mais un engagement politique mis au service du
bien commun et pas seulement au service d’intérêts partisans, personnels, une politique de justice.
Et pour cela, pour vivre cela dans tous les domaines de vos engagements, vous pouvez compter sur la
grâce de votre baptême et de votre confirmation.
Par votre baptême vous avez été incorporés au Christ, vous faites partie de Lui et Il fait partie de vous
et vous avez Son énergie en vous, à votre disposition. Et par votre confirmation vous avez été
affermis dans l’Esprit Saint, et vous pouvez à tout moment vous dire que l’Esprit Saint est avec vous,
si vous le voulez bien, pour vous inspirer. En tout cas, pour ma petite part comme chrétien, comme
prêtre, comme évêque, c’est là que je puise confiance, courage, puisque le Ressuscité nous garantit
sa présence et que l’Esprit Saint de Jésus et du Père nous habite.
Pour la plupart ici vous êtes appelés – et c’est peut-être déjà fait – vous êtes appelés à fonder une
famille, et donc vous est confiée – votre présence ici est dangereuse, je vous ai avertis – vous est
confiée l’évangélisation du corps et de la sexualité humaine. Nous avons le bonheur de vivre une
religion du corps. Il n’y a aucune philosophie et aucune religion qui a une si haute estime du corps
humain que la foi chrétienne. Nous sommes une religion du corps. Il y a une Personne divine, Jésus,
qui a pour toujours un corps humain semblable au nôtre. Il y a en ce sens un corps qui est le corps de
Dieu. Aucune religion, aucune philosophie n’a osé penser merveille pareille.
Il y a une femme qui a engendré Dieu en ce monde, il y a une femme Marie, qui est la Mère de Dieu !
Extraordinaire ! Et le corps de Jésus est un corps ressuscité et nous sommes, nous-mêmes, promis à
la Résurrection bienheureuse. Nos carcasses ne vont pas seulement finir en terre pour y pourrir ou
être dispersées en cendre sur une pelouse, nos corps sont promis à la vie éternelle. Y croyez-vous ?
[Oui] C’est un oui encore un peu mitigé. Nous sommes créés pour la gloire, pour la vie, et de notre
être entier d’homme et de femme, âme et corps. Croyez-vous à votre résurrection bienheureuse ?
[Oui !!!] C’est mieux !
Et au cœur de la foi chrétienne, au cœur de la foi catholique, il y a ce que nous allons vivre dans
quelques instants, il y a l’Eucharistie, célébrée, mais aussi adorée. Il y a l’Eucharistie qui est le Corps
de Jésus, présent parmi nous. Nous sommes une religion du corps et vous portez la responsabilité de
l’évangélisation du corps et de la sexualité. Aucune religion n’a parlé et ne parle aussi positivement
de la sexualité humaine. Dès les premiers versets de la Bible: à Son image, Il les créa, homme et
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femme, Il les créa. Donc, la sexualité, la différence sexuelle, homme-femme, est reliée à notre êtrecréé à l’image de Dieu. La différence sexuelle, la complémentarité sexuelle de l’homme et de la
femme, n’est pas seulement une réalité physiologique, biologique, psychique, spirituelle – elle est
tout cela – elle a aussi une portée théologique. Il y a tout un livre dans l’Ancien Testament qui est un
poème d’amour entre un homme et une femme, avec un bon érotisme présent dans ce livre, un
érotisme de bonne qualité, le Cantique des Cantiques. Et toute la Bible est traversée par une alliance,
la Première Alliance et puis la Nouvelle Alliance, qui est une Alliance d’amour, où Dieu déclare son
amour à l’humanité et où Jésus aime son Eglise, comme un homme aime une femme. Il y a une
évangélisation de la sexualité qui vous appartient et qui est votre responsabilité. Alors je voudrais
vous parler sur ce point très clairement.
La sexualité comme le corps est un langage. Le corps parle, et la sexualité parle. Jean Paul II a
beaucoup parlé du langage du corps et du langage sexuel. Mais comme dans le langage parlé, le
langage du corps peut servir à dire la vérité mais il peut servir aussi à mentir. Et le Seigneur vous
invite à avoir un langage corporel et un langage sexuel vrai. Si donc vous avez eu dans le passé, ou
avez dans le présent, des relations sexuelles qui ne sont pas justes et dont vous savez à l’intérieur de
vous-mêmes qu’elles sont fausses, reconnaissez le et confiez cela à la miséricorde de Dieu, qui est
toujours plus grande que toutes nos misères. Et si vous n’avez pas encore eu des aventures, ou
simplement des rencontres sexuelles, je voudrais vous inviter de la part du Seigneur, si possible – il y
aura peut-être des dérapages – à faire le choix de ne vous donner entièrement, âme et corps, l’un à
l’autre, un homme, une femme, que lorsque le Seigneur Lui-même vous aura donné l’un à l’autre
dans le sacrement du mariage. Les jeunes – il y en a – qui font ce choix de ne se donner, âme et corps
tout entier, que dans les liens du mariage, que quand on fait un ménage à trois, un homme, une
femme et le Seigneur, et avec une ouverture au don de la vie, ceux qui font ce choix – et il y en a –
font un choix exigeant et un choix fécond, avec peut-être, parce qu’on n’est pas fait de bois, on est
fait de chair et de sang, avec des dérapages. Mais merci aux jeunes qui cherchent à vivre cela. Mais je
le répète, si vous ne l’avez pas vécu, le Seigneur est capable par Sa miséricorde, de vous rendre
l’intégrité, l’innocence de votre cœur, de votre corps et de votre sexualité. Il est capable de nous
ressusciter quand nous avons mal usé de notre cœur ou de notre corps.
Je dis aussi un mot à l’intention de ceux ou celles parmi vous qui ont une tendance spontanée vers
l’homosexualité. Vous savez que le Seigneur n’encourage pas à vivre l’homosexualité, mais le
Seigneur aime tous ses enfants, quelle que soit leur orientation sexuelle spontanée, et si vous
comptez sur Lui – je n’entre pas dans le détail ici – mais si vous comptez sur Lui, Il vous apprendra la
manière juste d’assumer vos tendances, d’assumer ce que vous êtes, mais sans vous engager dans
une pratique homosexuelle. Il y a toujours, pour tout être humain, quel que soit son passé, quelles
que soient ses tendances spontanées, il y a toujours un chemin de salut et de sainteté qui est
possible, pour tous sans aucune exception.
Je me résume. Mes chers amis, Jésus vous demande de témoigner par votre engagement personnel
de la beauté, de la splendeur de l’amour humain, du corps humain, de la sexualité humaine et de la
famille. Soyez-en les témoins.
Votre présence ici ce matin est dangereuse, parce que le Seigneur désire aussi donner des prêtres à
son Eglise. C’est aussi une manière – ce n’est pas la seule – mais une manière importante, de
témoigner du Christ dans le monde. Le Seigneur ne cherche pas des fonctionnaires du sacré. Il ne
cherche pas des managers de paroisses. Il cherche, pour en faire des prêtres, des amoureux de Dieu
et des amoureux des hommes et des femmes de ce temps.
Un prêtre a mission de rendre présent, pas d’abord par sa petite personne, mais par son ministère,
par le ministère que Jésus lui confie, le Christ qui est l’Epoux de l’Eglise. C’est d’ailleurs la seule raison
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pour laquelle vos prêtres sont des hommes, parce qu’ils ont à rendre présent à l’Eglise le Christ qui
est l’Epoux de l’Eglise. Et c’est dans ce contexte-là que le Seigneur appelle les prêtres et les futurs
prêtres ici présents, ceux qu’on connaît déjà, mais tous ceux que le Seigneur va encore appeler. C’est
pourquoi le Seigneur nous demande de nous engager librement et de tout notre cœur dans le
célibat, dans un célibat d’amour. Ne tirez pas des plans sur la comète. Je ne vous encourage pas à
penser qu’ un jour viendra où l’Eglise Latine appellera aussi des hommes mariés à devenir prêtres.
C’est possible, et si l’Esprit Saint le veut vraiment, Il le fera savoir, Il le fera savoir au Pape et aux
évêques du monde entier. Mais le choix que nous faisons maintenant, délibérément, dans l’Eglise
Latine, c’est de tenir ce merveilleux engagement d’amour qu’est le célibat pour le Seigneur.
Si dans nos pays, dans nos pays d’ancienne chrétienté, il n’y avait plus de garçons, de jeunes et
parfois aussi d’un peu moins jeunes, qui sont prêts à s’engager dans le célibat, pour les beaux yeux
du Seigneur, par amour pour Lui et par disponibilité à Son peuple, si on ne pouvait plus trouver des
jeunes, prêts à faire ce choix, ce serait le signe que la flamme s’est éteinte, et qu’il y a une ardeur,
une énergie qui n’est plus présente dans l’Eglise. Gardons la confiance.
J’aime beaucoup la définition que le Saint Curé d’Ars, le patron de tous les curés du monde, de tous
les prêtres du monde, la définition qu’il donnait du sacerdoce: le sacerdoce c’est l’amour du cœur de
Jésus. Ça dit tout, ça peut se comprendre de deux manières: le sacerdoce est l’amour que le cœur de
Jésus a pour nous. Un prêtre a comme mission de rendre possible que le cœur de Jésus rejoigne les
hommes et les femmes de ce temps à travers sa prédication, à travers les sacrements, à travers son
action pastorale. Le sacerdoce est l’amour du cœur de Jésus qui nous rejoint. Mais c’est aussi l’amour
que le prêtre a pour le cœur de Jésus. Et en vous demandant, à vous, les futurs prêtres ici présents,
de faire librement, librement, librement, le choix du célibat en devenant prêtre, le Seigneur ne vous
invite pas à devenir pour autant des frigos consacrés à Dieu, qui n’ont aucune affectivité, aucune
sensibilité. Au contraire, quand le célibat est bien vécu, il dilate le cœur, il ouvre le cœur, il laisse
déborder une tendresse paternelle au service de laquelle le prêtre doit mettre son être d’homme,
son être masculin, en ayant une tendresse paternelle à l’égard de tous les hommes et de toutes les
femmes, avec beaucoup de cœur. Le Seigneur cherche des prêtres pour Son Eglise.
Enfin – et je vous garantis qu’Il va en trouver – si les nouveaux prêtres qui vont se présenter, mettent
vraiment tout leur amour dans le cœur de Jésus, cela les rendra heureux, à travers des épreuves,
mais heureux, profondément heureux.
Dans le témoignage à rendre au Christ dans le monde, les femmes, comme d’ailleurs souvent dans
les ménages, les femmes auront le dernier mot, les femmes en général d’ailleurs, les femmes
épouses et mères, qui résument face à Dieu l’humanité. Qui résume tout le mystère de l’Eglise? C’est
une femme. Et les femmes, toutes les femmes, célibataires, mariées ou consacrées ont une
complicité, une connivence, une affinité particulière avec le mystère de l’Eglise et avec le Christ
époux de l’Eglise.
Alors je sais bien que dans la vie consacrée, il y a aussi bien sûr des hommes, il y a des religieux, mais
la vie consacrée des femmes est particulièrement significative, parce qu’elles se tiennent
spontanément, naturellement dans le rôle de l’Eglise, l’Epouse. C’est d’ailleurs typique que la
consécration des vierges ne se vit que pour les femmes, on ne pratique pas la consécration des
vierges pour les hommes, seulement pour les femmes. Et si une femme n’est plus vierge – c’est assez
fréquent dans la culture d’aujourd’hui – si une femme n’est plus vierge, elle peut cependant toujours
encore s’engager dans la vie consacrée. Le Seigneur – votre présence ici ce matin est dangereuse – le
Seigneur désire trouver des filles, des femmes, qui vont s’engager dans la vie consacrée parce
qu’elles jugeront – non sans raison – que c’est Lui le plus beau. Et elles vont avec toute la grâce de
leur féminité, elles vont se donner à Jésus, cœur et corps, pour la vie, dans ce qu’on appelle la vie
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consacrée. Dans ses différentes formes – il y a la vie consacrée apostolique, il y a aussi la vie
consacrée contemplative, des vies apparemment perdues. Elles travaillent, elles travaillent
beaucoup, mais elles n’ont pas d’engagement visible dans le monde, mais leur présence est
indispensable pour signifier que Dieu est Dieu, que Dieu mérite d’être aimé rien que pour Lui-même.
Un peu comme la prière, c’est du temps perdu, perdu mais gagné, c’est du temps perdu pour dire à
Dieu: Tu vaux la peine, rien que pour Toi-même, rien que pour Tes beaux yeux. Oh, le temps perdu
de la vie consacrée, spécialement dans sa forme contemplative. C’est une vie perdue, gaspillée en un
sens, mais infiniment précieuse, pour signifier que Dieu est Dieu et que le Christ est beau et qu’Il
mérite d’être aimé par-dessus tout. On peut vivre la vie consacrée dans les communautés anciennes,
qui ont des siècles d’existence, on peut la vivre aussi dans toutes ces communautés nouvelles, dans
ces bienheureuses communautés nouvelles, qui ouvrent de nouvelles voies pour la vie consacrée. Là
aussi le Seigneur attend certaines et certains d’entre vous à ce rendez-vous d’amour. Et toutes ces
vocations, le célibat qu’on n’a pas choisi – on se retrouve seul dans la vie – le mariage, le sacerdoce,
la vie consacrée, ce ne sont pas des vocations concurrentes, ce sont des vocations convergentes,
complémentaires. Et quand l’une se porte bien, les autres se portent mieux également. L’Eglise a
besoin comme de pain de jeunes qui s’engagent dans un vrai mariage chrétien dans le Seigneur et Il a
besoin en même temps de prêtres, de diacres, de futurs prêtres et d’hommes et de femmes
consacrés. Il faut tout cela pour que l’Eglise soit belle.
Et enfin, je conclus par un avertissement. Je reprends l’avertissement qui a été donné hier par Benoît
XVI: dans la foulée de l’Evangile qu’on a lu sur la maison édifiée, soit sur le roc, soit sur le sable.
Ce que nous vivons au cours de ces JMJ est une pure merveille. Vous allez rentrer chez vous, si je
peux dire, crevés comme il n’est pas permis, mais vous aurez vécu une expérience de feu, vous aurez
vécu une ardeur, une chaleur, pas seulement climatique, mais une chaleur intérieure. Mais nous
devons veiller à ce que ce feu de foi, d’espérance et d’amour ne soit pas un feu de paille. Jésus a
besoin de témoins dans le monde, mais de témoins dans la durée. Il s’agira d’être fidèle et c’est
pourquoi – pour construire votre engagement chrétien sur le roc et non pas sur le sable – il faut tout
d’abord que personnellement, personnellement – chacun est un être unique – vous employiez des
moyens pour cela, à savoir: la prière quotidienne, jamais une journée sans avoir perdu, c'est-à-dire
gagné du temps avec le Seigneur. Il faut vous nourrir fréquemment de l’Eucharistie, prier avec l’Esprit
Saint, vous nourrir de Jésus de l’Eucharistie, quand c’est possible aussi adorer Jésus dans l’Eucharistie
(capital !) et régulièrement confier votre vie aves ses hauts et ses bas, ses lumières et ses ombres, les
fidélités et les infidélités, confier cela à la miséricorde de Dieu.
Et ensuite, dans vos communautés, dans vos paroisses, dans vos diocèses, on vous offrira des
occasions de poursuivre le chemin, on vous proposera des piqûres de rappels pour que les JMJ
retentissent dans la durée du temps. C’est indispensable pour que votre témoignage chrétien dans le
monde soit solide, durable. Le Seigneur a besoin de votre fidélité. Amen, Alleluia.
Je vais faire comme notre Pape Benoît XVI. Quand Benoît XVI est extrêmement enthousiaste et que
les jeunes l’acclament, il étend les mains comme ceci, et puis quand il est vraiment très exalté,
stimulé par les encouragements des jeunes, il se souvient qu’il est un excellent pianiste, et alors il
agite un peu les doigts comme ceci, et alors je fais cela moi aussi.
Questions :
Pourquoi les femmes ne peuvent-elles pas devenir prêtre ?
Questions les plus nombreuses concernant l’homosexualité. Les homosexuels croyants, est-ce
qu’ils sont respectés par l’Eglise ou bien sont-ils condamnés?
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Alors, pour ce qui est du premier point, j’ai dit l’essentiel tout à l’heure. Un prêtre n’est pas
seulement un fonctionnaire qui a un diplôme, qui a fait les études nécessaires. C’est quelqu’un qui
doit rendre présent par son ministère le Christ, l’Epoux de l’Eglise. Et si l’Eglise catholique, comme
l’Eglise orthodoxe, n’ordonne pas de femmes, ce n’est certainement pas parce que les femmes
seraient moins compétentes, moins généreuse, moins données, au contraire. S’il s’agissait d’une
question de compétence de cœur, de disponibilité, on ordonnerait peut-être plus de femmes que
d’hommes. Mais, dans le rôle du Christ Epoux, que voulez-vous, symboliquement une femme peut
difficilement se tenir dans le rôle du Christ Epoux. Et donc, rassurez-vous, – je dis cela spécialement à
l’intention des filles – le sacerdoce, qui est une belle chose, le sacerdoce un jour passera. Dans la vie
éternelle on n’aura plus besoin du ministère, du pape, des évêques, des prêtres et des diacres, mais
la féminité de l’Eglise, l’Eglise Epouse, la Fiancée qui descend du ciel, toute parée pour son époux,
elle aura le dernier mot, elle a la promesse de l’éternité. Donc, que jamais une femme ne se sente
sous-estimée parce qu’on ne l’ordonne pas prêtre. Je l’ai dit tout à l’heure avec humour, mais je le
pense vraiment: la féminité de l’Eglise, et en ce sens la femme, aura le dernier mot dans l’histoire de
l’Eglise et du monde.
La question de l’homosexualité demanderait beaucoup de temps pour être traitée de manière
respectueuse. J’ai traité de cette question comme de toutes les autres questions concernant cette
dimension de la vie, la sexualité, dans un petit livre que je me permets de vous recommander – mais
je ne touche pas les droits d’auteur – un livre qui s’appelle: ‘Ton corps pour aimer’, édité à Paris aux
éditions Mame-Edifa.
Mais pour dire un mot quand même rapidement, la tendance homosexuelle est une tendance qui –
je pense que c’est assez clair – ne correspond pas à la logique de la sexualité, qui est la logique de la
complémentarité du masculin et du féminin. Donc il n’est jamais bon de s’installer dans une pratique
homosexuelle. Ceci dit – jamais, jamais on ne peut se permettre un jugement, on n’a jamais à
condamner les personnes homosexuelles et pour ma part, je pense que la mission de l’Eglise est
d’inviter les personnes qui sont habitées par cette tendance, à l’assumer avec la grâce de Dieu et le
soutien de l’Eglise, à l’assumer dans la chasteté. C’est une des raisons pour lesquelles un homme ou
une femme peut être invité à vivre dans la chasteté, et je dirais donc le célibat. C’est une des raisons,
mais cela me demanderait beaucoup de temps pour le dire avec justesse, avec nuance et avec un
infini respect.
[Je vais vous poser maintenant quelques questions en lien avec l’évangélisation.] Que dire pour
évangéliser, particulièrement en milieu professionnel ou en s’engageant dans un chemin de sainteté
en politique?
Je vais donc répondre comme à la télévision, sur les questions essentielles en quelques secondes. Le
plus important, où que vous soyez, n’est pas de dire mais d’être. C’est de vivre profondément du
Christ ressuscité et de Son Esprit. En vivre, et cela transpirera à travers votre manière d’être. Cela
pose des questions et si l’occasion se présente – mais on peut parfois un peu les susciter – rendre
témoignage aussi par la parole, mais d’abord par l’être profond.
Témoigner non seulement en parole mais aussi en actes. Comment expliquer les erreurs que l’Eglise a
pu faire dans le passé et comment l’aider aujourd’hui à avoir une position évangélique?
J’évite toujours de parler des « erreurs de l’Eglise ». Je préfère parler des erreurs des membres de
l’Eglise, parce que l’Eglise en elle-même, parce que l’Eglise, telle que nous y adhérons dans la foi,
l’Eglise est l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique. Elle est sainte par Jésus, par l’Esprit Saint,
par l’Ecriture sainte, par le saint sacrement de l’Eucharistie et par Marie qui la résume.
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Si nous voulons aider les fils et les filles de l’Eglise à tous les niveaux à être davantage fidèles, il faut
surtout changer – je cite Mère Teresa – il faut surtout changer vous et moi. Il ne faut pas d’abord
penser aux autres. Il faut d’abord nous convertir nous-mêmes, vous et moi, pour que l’Eglise soit
toujours plus belle.
Dans notre société qui a changé, ne pensez-vous pas que les positions de l’Eglise et peut être plus
particulièrement en ce qui concerne les questions de morale, peuvent choquer certains croyants, et
même des non-croyants, et empêcher certains de se tourner vers la foi chrétienne, de se tourner vers
Dieu?
Les vrais positions de l’Eglise en toutes matières sont toujours pertinentes et visent l’authentique
bonheur de l’homme. Mais le plus souvent, les gens ne connaissent des convictions de l’Eglise que
des slogans, des slogans réducteurs – l’Eglise condamnerait les divorcés ou les divorcés remariés, elle
condamnerait les homosexuels, elle condamnerait les femmes qui ont vécu l’avortement, etc. – mais
ce sont des slogans qui ne sont pas la pensée vraie de l’Eglise. Si vous connaissez vraiment la pensée
de l’Eglise en toutes ces matières vous jugerez sans doute, comme moi-même, que ces positions sont
toutes, toutes, toutes, prophétiques et porteuses de l’avenir.
En quoi la femme a-t-elle le dernier mot?
Elle a déjà le dernier mot dès les premières pages de la Bible. Dans le récit de la création, on
commence par ce qui est le plus élémentaire, la création de la lumière et puis on arrive aux astres, et
puis on arrive à la vie végétale et puis à la vie animale et puis on arrive à la création de l’homme et au
sommet de l’échelle de la création, il y a la création de la femme. Donc… Si vous allez à l’autre bout
de la Bible, à l’Apocalypse, qu’est-ce que nous voyons à l’Apocalypse? On voit descendre du ciel
comme étant l’éternelle demeure de Dieu avec les hommes la Cité Sainte qui descend du ciel sous
des traits féminins. Je vis la Cité Sainte qui descendait du ciel d’auprès de Dieu comme une fiancée
parée pour son époux.
La femme a aussi le dernier mot à la fin de la Bible et dans l’entre d’eux. Je vous le garantis. C’est le
cœur féminin qui est, sans exclure bien sûr le cœur masculin, le plus souvent le plus perméable à la
grâce, le plus disponible, le plus généreusement doué et, pour le dire franchement et platement:
sans les femmes dans l’Eglise, on peut demain fermer boutique. Je le dis sans aucun mépris bien sûr
pour l’engagement précieux de tant d’hommes, mais il y a une grâce chez la femme qui est de
résumer en elle le mystère de l’Eglise et quand le Seigneur veut secouer l’Eglise, veut lui rappeler sa
vocation fondamentale: qui apparaît alors à Fatima, qui apparaît à Lourdes, qui apparaît à Beauraing,
qui apparaît à Banneux et dans d’autres lieux encore? Ce n’est pas l’apôtre Jacques, ce n’est pas
l’apôtre Pierre, ce n’est pas l’apôtre Paul, mais c’est une femme qui vient rappeler à l’Eglise son
mystère profond, c’est Marie. Et Marie, Elle aussi, aura le dernier mot.
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