Défis en matière d’emploi que doivent surmonter les jeunes Canadiens dans une économie en évolution Document d’information Avant la récession, 43 % des 6,8 millions de jeunes au Canada étudiaient à temps plein, 44 % avaient réussi leur transition vers le marché du travail et 13,3 % ne travaillaient pas ou n’étudiaient pas (OCDE 2009). Lorsque la récession a frappé, certains étudiants qui étaient prêts à obtenir leur diplôme ont décidé de retarder leur transition vers le marché du travail, alors que d’autres ont dû quitter l’école, car ils ne pouvaient obtenir un salaire suffisant pour couvrir leurs frais de scolarité. Certains jeunes travailleurs se sont retrouvés sans emploi ou sont retournés sur les bancs d’école, et d’autres jeunes qui ne faisaient pas partie de la population active se sont détachés davantage du marché du travail. Lorsque de tels changements importants et involontaires bouleversent les trajectoires scolaires et professionnelles des jeunes, on peut s’attendre à de profondes répercussions sur d’autres aspects de la vie, entre autres une transition prolongée vers une vie autonome et une formation plus tardive d’une famille. Il faut jusqu’à dix années pour les individus salariés ayant accepté des postes de moindres qualités pour compenser les pertes de revenus (Oreopoulos 2006). Pour ceux dont la première expérience sur le marché du travail en est une d’incapacité à trouver du travail, les coûts de renoncement peuvent entraîner des conséquences à long terme pendant toute leur carrière, plus particulièrement pour ceux n’ayant pas de soutien familial ou communautaire pour les aider lors de longues périodes de chômage. Au Canada, comme dans bien d’autres pays, on fait appel aux gouvernements pour offrir un soutien et mobiliser d’autres intervenants sociaux, y compris les employeurs, afin de répondre aux défis auxquels les jeunes d’aujourd’hui doivent faire face, et pour les aider à effectuer une transition réussie vers le monde du travail. Le ralentissement économique et son incidence sur l’emploi chez les jeunes Au cours de la plus récente récession, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) rapportait que ses pays membres ont dans l’ensemble connu une contraction économique de 4,7 % entre le premier trimestre de 2008 et le deuxième trimestre de 2009 (OCDE 2010). À la fin de l’année 2007, le taux de chômage se situait à 5,8 % dans les pays de l’OCDE, le taux le plus bas en 28 ans. Il a par la suite grimpé à 8,7 % lors du premier trimestre de 2010, un niveau record depuis la guerre. Ce chiffre correspond à plus de 17 millions de chômeurs additionnels (OCDE 2010a). Pour les groupes plus vulnérables, le ralentissement économique a eu une incidence encore plus importante, et ce, aussi bien au Canada qu’à l’étranger. L’un de ces groupes est celui des jeunes âgés de 15 à 25 ans. En 2011, 74,8 millions de jeunes étaient au chômage, une augmentation de 4 millions depuis 2007. Le taux mondial de chômage chez les jeunes est de 12,7 %, soit un point de pourcentage plus élevé que le niveau d’avant-crise (ILO 2012). Le taux de chômage chez les jeunes a atteint un niveau record aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie. Si l’on compare les taux de chômage avant (2007) et après (2010) le ralentissement, on peut observer une augmentation considérable (voir le tableau 1). Même l’Australie, où une récession a été évitée, a connu une augmentation importante du taux de chômage chez les jeunes. Tableau 1 : Taux de chômage chez les jeunes (de 15 à 24 ans) avant et après le ralentissement Pays Canada É.-U. Royaume-Uni Australie Avant le ralentissement (2007) 11,2 % 10,5 % 14,4 % 9,4 % Après le ralentissement (2010) 14,8 % 18,4 % 19,1 % 11,5 % Source : OCDE, 31 août 2011 : http://www.oecd-ilibrary.org/fr/employment/taux-de-chomage-des-jeunes2011_unemp-yth-table-2011-1-fr Les jeunes sont affectés de manière disproportionnée par les cycles économiques, car ils manquent généralement d’expérience et d’ancienneté. Par conséquent, ils sont souvent les « derniers entrés, premiers sortis » (OCDE 2009). De même, les jeunes pourraient ne pas avoir les connaissances et les ressources financières nécessaires pour subvenir à leurs besoins tout au long du processus de recherche d’emploi (ILO 2010). Les perspectives d’emplois limitées contraignent plusieurs jeunes à accepter tout emploi offert. Parmi les jeunes qui n’arrivent pas à se trouver un emploi à temps plein, plusieurs se retrouvent coincés dans un poste précaire à temps partiel offrant une faible rémunération, ou ils occupent un poste qui ne correspond pas à leurs compétences. Au Canada, par exemple, plusieurs diplômés de niveau postsecondaire sont victimes de sous-emploi pendant une période pouvant aller jusqu’à cinq ans (Frenette 2003). Récemment, des craintes ont été exprimées quant à la possibilité que la crise nous lègue une « génération perdue » (ILO 2010). L’une des préoccupations concernant les jeunes qui subissent les incidences d’une récession est liée à la possibilité que le chômage puisse entraîner des effets « stigmatisants » en raison de premières expériences négatives sur le marché du travail, entre autres une difficulté à se trouver un emploi et un revenu inférieur à celui des collègues (OCDE 2011b). L’incapacité à se trouver un emploi peut également créer un sentiment d’inutilité et encourager l’oisiveté, ce qui peut mener à une augmentation de la criminalité, des problèmes de santé mentale, de la violence, des conflits et de la toxicomanie (ILO 2010). Même parmi les salariés, ceux qui entrent sur le marché du travail dans un contexte économique difficile pourraient être victimes de sous-emploi, et il est plus probable qu’ils occupent un poste ne correspondant pas à leurs compétences en raison de la petite sélection de postes offerte (Kahn 2009). La situation au Canada La participation au marché du travail et la productivité sont deux éléments nécessaires au maintien et à l’amélioration du niveau de vie au Canada. Il sera essentiel de favoriser l’emploi chez les jeunes pour aider à atténuer l’incidence d’un ralentissement de la croissance de la population active et à soutenir les taux globaux de participation, facteurs qui contribuent au maintien du niveau de vie. Les jeunes qui sont sous-employés, au chômage, inactifs ou qui occupent un poste ne correspondant pas à leurs compétences demeurent donc une priorité pour la politique d’emploi afin de s’assurer qu’ils sont en mesure de contribuer pleinement à la prospérité du Canada. Bien que le marché du travail canadien se soit remis plus rapidement que celui de plusieurs autres pays, le taux de chômage chez les jeunes demeure élevé. Par exemple, le taux de chômage chez les Canadiens âgés de 15 à 24 ans a atteint un sommet de 16,4 % en juillet 2009, et n’a diminué que de manière marginale pour descendre à 14,7 % en février 2012. Un thème commun s’est dégagé lorsque l’on a tenu compte des trois dernières récessions canadiennes : les jeunes connaissent toujours le taux de chômage le plus élevé par rapport aux autres groupes. Même si l’économie canadienne a affiché de meilleurs résultats à la suite de la récession que celle d’autres grands pays avancés sur le plan économique, une incertitude considérable demeure quant à l’intensité de la vigueur de la reprise économique et du degré d’amélioration du taux d’emploi chez les jeunes. Depuis août 2011, seulement 19 % des emplois pour jeunes perdus lors de la récession ont pu être récupérés. Deux sous-groupes de jeunes requièrent une attention spéciale en raison de leur expérience sur le marché du travail à la suite de la récession : les jeunes qui sont considérés comme de nouveaux entrants mal intégrés, c.-à-d., des jeunes qui sont incapables de se joindre de manière efficace et de participer de manière considérable au marché du travail, et les jeunes qui sont sans emploi, éducation ou formation (désignés par l’acronyme anglais : NEET). La présence de ces groupes suggère qu’une attention particulière doit leur être portée de la part des décideurs et des autres partenaires impliqués dans les questions d’emploi chez les jeunes. Jeunes Canadiens considérés comme de nouveaux entrants mal intégrés sur le marché du travail Un certain nombre de jeunes instruits et aptes au travail sont incapables d’intégrer avec succès le marché du travail; ils sont aux prises avec une forme de sous-emploi épisodique ou persistant. Ce sous-groupe de jeunes est désigné sous le nom de « nouveaux entrants mal intégrés ». Selon une analyse non publiée de Statistique Canada effectuée en 2012, environ 5,5 % des jeunes Canadiens qui ne sont plus à l’école sont « mal intégrés », ce qui signifie que plus de 450 000 jeunes Canadiens risquent d’avoir des « cicatrices » et de faire partie de la « génération perdue », pour reprendre une expression de l’ILO. Une reprise prolongée et une perte de contact accrue avec le marché du travail pourraient faire en sorte que ces jeunes soient négligés par les employeurs qui préfèreraient plutôt de nouveaux diplômés possédant des compétences à jour et désirant intégrer le marché du travail lorsque l’économie s’améliorera (OCED 2010b). Bien que les nouveaux entrants mal intégrés aient souvent terminé leurs études postsecondaires, la pénurie de postes au sein du marché du travail pousse ces jeunes surqualifiés à accepter un emploi dont les exigences professionnelles sont moins élevées. Dans certains cas, les jeunes considèrent que le marché du travail regorge de nouveaux entrants tout aussi compétents, et ne trouvent donc qu’un emploi quelconque plutôt qu’un emploi qui correspond à leur niveau de compétences. Les jeunes Canadiens qui ne sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation Bien que les taux récemment élevés de chômage chez les jeunes, dus au ralentissement de l’activité économique, constituent un problème important, la hausse du nombre de jeunes qui abandonnent l’école et le marché du travail représente un problème qui persiste d’année en année. L’OCDE identifie ces personnes en tant que « jeune laissé pour compte » (OCDE, 2010b). La taille de ce groupe peut être évaluée approximativement à partir du nombre de jeunes qui ne sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation (NEET). Selon une étude non publiée de Statistique Canada effectuée en 2012, 13 % des jeunes âgés de 15 à 29 ans (906 000) étaient NEET. Le taux de jeunes NEET est resté stable (entre 12 % et 14 %) au Canada au cours de la dernière décennie et est comparable à la moyenne européenne de 12,5 % (OCDE, 2010). Il existe deux principaux sous-groupes au sein des jeunes NEET : 1) les jeunes chômeurs qui sont disponibles pour travailler et qui cherchent activement un emploi, et 2) ceux qui ne figurent pas dans la population active parce qu’ils sont incapables de travailler, ne sont pas disponibles pour travailler ou ne cherchent pas de travail. Parmi les 13 % des jeunes Canadiens considérés comme NEET, 5,7 % sont au chômage (dont environ 1 % font face au chômage à long terme de plus de six mois). Les autres NEET (7,6 %), ne font pas partie de la population active, autrement dit, ils ne sont pas au chômage. De ce groupe, il y a ceux qui se sont placés volontairement dans cette situation (p. ex., pour s’occuper d’un enfant), et ceux pour qui la situation est involontaire. Pour les 36 % d’entre eux pour qui ce n’est pas un choix d’être sans emploi, plusieurs raisons sont invoquées, p. ex., ils voudraient un emploi, mais ils ont cessé de chercher, car ils croient qu’il n’y a pas de postes à pourvoir. En conséquence, lorsque nous additionnons le nombre de jeunes au chômage et le nombre de jeunes qui sont involontairement sans emploi, c’est 63 % des jeunes NEET (572 280) qui se trouvent dans une situation vulnérable par rapport au marché du travail et qui pourraient bénéficier de mesures d’aide grâce à des programmes d’emploi. Les jeunes Canadiens qui n’ont pas acquis les compétences essentielles et le niveau d’alphabétisation requis pour l’emploi Certains jeunes font face à des difficultés quand vient le temps de chercher un emploi intéressant parce qu’ils ne possèdent pas le niveau d’alphabétisation et les compétences essentielles nécessaires pour intégrer avec succès le marché du travail. L’Enquête internationale sur l’alphabétisation des adultes de 2003 a démontré que 37,8 % des jeunes Canadiens âgés de 16 à 25 ans ne possédaient pas l’alphabétisation et les compétences essentielles nécessaires pour bien fonctionner dans l’actuelle économie du savoir (Statistique Canada). Cette situation est problématique lorsque l’on considère que les compétences de base comme la lecture, l’écriture, l’utilisation de l’ordinateur et la communication orale font partie intégrante des stratégies efficaces de recherche d’emploi, telles que remplir une demande d’emploi (en personne ou en ligne) ou exceller lors d’une entrevue. En outre, les employeurs canadiens ont noté que les diplômés des écoles secondaires, des collèges et des universités possèdent souvent des compétences techniques exceptionnelles, mais ne possèdent pas les compétences non techniques nécessaires qui permettent d’obtenir un emploi dans l’actuelle économie de services en pleine expansion. Émergence de solutions efficaces et innovatrices Pour relever les nouveaux défis qui résultent d’une économie en mutation, de nombreux pays se tournent vers des stratégies d’intégration précoce pour ces jeunes qui sont susceptibles d’abandonner et de ne pas acquérir les compétences et les qualifications nécessaires pendant leurs études secondaires. Ces stratégies visent sur l’élargissement de la portée et de l’étendue de la formation scolaire avec des voies alternatives pour aider à soutenir une transition continue vers le marché du travail. Ces voies sont fortement axées sur l’orientation professionnelle et l’éducation au choix de carrière, aussi bien que sur la formation professionnelle, les programmes d’apprentissage et le secteur collégial. Pour les jeunes qui possèdent un niveau d’éducation postsecondaire, mais demeurent sous-employés ou sans emploi, de nouvelles politiques et de nouveaux programmes d’amélioration des compétences sont mis en place afin de favoriser la transition vers l’emploi (Miner, 2010). Compte tenu de leurs responsabilités pour assurer la prospérité économique et le bon fonctionnement du marché du travail, les gouvernements savent qu’ils doivent investir en faveur de leurs jeunes. Investir en faveur des jeunes c’est investir dans l’économie. Il s’agit de saisir la possibilité d’utiliser le dividende potentiellement élevé des cohortes de jeunes qui, à son tour, pourra se traduire par une forte croissance économique (ILO, 2010). Si cette ressource est mal exploitée, des conséquences potentiellement importantes peuvent en résulter, notamment en termes de chômage élevé, d’enracinement du chômage et par l’émergence d’une génération meurtrie. Pour faire une réelle différence, de nombreux gouvernements partout dans le monde font appel aux dirigeants des communautés locales, aux partenaires dans la prestation de services, aux employeurs ainsi qu’aux éducateurs afin de partager la responsabilité de préparer les jeunes pour les emplois de demain. Les employeurs, en particulier, peuvent jouer un rôle majeur en créant de nouveaux débouchés pour les jeunes peu qualifiés qui sont désengagés par rapport au travail et à l’école. Les employeurs peuvent aussi jouer un rôle dans la conception d’approches novatrices pour soutenir l’emploi des jeunes; ils peuvent conseiller les jeunes sur les choix scolaires et professionnels et fournir des possibilités de formations en milieu de travail pour s’assurer que tous les jeunes possèdent des compétences pertinentes. Questions de politique pour l’avenir Investir dans l’emploi des jeunes a des effets exponentiels dans l’ensemble de l’économie dans la mesure où cela stimule la consommation et augmente les recettes fiscales (ILO, 2005). De plus, la demande pour les services sociaux diminue lorsque les jeunes sont en emploi puisque leur temps est consacré à des activités productives qui augmentent l’estime de soi et diminuent la dépendance sociale. Les jeunes sont ainsi mieux en mesure de contribuer activement à la société (ILO, 2005). Les expériences de travail positives en début de carrière sont corrélées avec de bonnes perspectives de carrière. Cela vaut tant pour les jeunes peu qualifiés que pour ceux qui sont très qualifiés mais qui dépendent d’expériences pratiques pour intégrer efficacement le marché du travail. Alors que la situation des jeunes Canadiens aujourd’hui est relativement meilleure que dans plusieurs autres pays et par rapport aux récessions antérieures, il existe encore de très bonnes raisons de s’inquiéter au sujet des défis uniques rencontrés par cette génération de jeunes travailleurs. Plusieurs questions importantes pourraient guider les réflexions quant à la meilleure façon de fournir un soutien continu aux jeunes, en particulier aux nouveaux entrants mal intégrés et aux jeunes NEET : Quels sont les défis spécifiques auxquels font face les nouveaux entrants mal intégrés au Canada et les jeunes qui tentent de passer de l’état de NEET à l’emploi, l’éducation ou la formation? Quelles sont les stratégies les plus efficaces pour lutter contre l’inadéquation des compétences et pour favoriser la participation des jeunes au marché du travail? Quelles sont les approches correctives pour soutenir les nouveaux entrants mal intégrés une fois qu’ils ont terminé leurs études secondaires? Quels sont les intervenants les mieux placés pour réengager les jeunes NEET et quel rôle devraient-ils occuper? Lorsqu’on cherche des solutions aux enjeux auxquels font face les jeunes NEET et les nouveaux entrants mal intégrés, quel est le potentiel de stratégies axées sur la demande et quel rôle devraient occuper les employeurs? BIBLIOGRAPHIE Frenette, Marc (2004). “The Overqualified Canadian Graduate: The Role of the Academic Program in the Incidence, Persistence, and Economic Returns to Overqualification.” Economics of Education Review 23(1): 29-45. ILO (2005). Youth: Pathways to Decent Work. http://www.ilo.org/youthmakingithappen/PDF/rep-vi_en.pdf ILO (2010). Global Employment Trends for Youth: Special Issue on the Impact of the Global Economic Crisis on Youth. www.ilo.org/public/english/region/afpro/addisababa/pdf/getforyouth.pdf Kahn, L. (2009). The Long-Term Labor Market Consequences of Graduating from College in a Bad Economy. Yale School of Management. OECD (2009a). Promoting Pro-Poor Growth: Employment. www.oecd.org/dataoecd/27/4/43280339.pdf OECD (2009b): Tackling the Job Crisis – the Labour Market and Social Policy Response: Helping Youth to Get a Firm Foothold in the Labour Market, Paris. OECD (2010a). Employment Outlook: Moving Beyond the Jobs Crisis. www.oecd.org/dataoecd/27/40/45591607.pdf OECD (2010b). Off to a Good Start? Jobs for Youth, OECD Publishing. http://dx.doi.org/10.1787/9789264096127-en Oreopoulos, Philip, Till von Wachter and Andrew Heisz, 2006. "The Short- and Long-Term Career Effects of Graduating in a Recession: Hysteresis and Heterogeneity in the Market for College Graduates," NBER Working Papers 12159, National Bureau of Economic Research, Inc.