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Pierre Bélanger : Père Thierry, parlez-
nous un peu de vous et de ce qui vous
a conduit à la vie religieuse dans la
Compagnie de Jésus.
Thierry Maynard : Je suis né dans le
sud de la France, à Bordeaux, dans
une famille de trois enfants. Mes
parents étaient commerçants : ils
avaient une pâtisserie. Déjà, tout petit,
j’ai appris à apprécier les bonnes
choses… les chocolats par exemple!
Pour moi, c’était important ce
milieu familial : nous étions tous très
liés les uns aux autres, même si nos
parents étaient très occupés au
commerce. Plus personnellement,
j’avais un fort goût pour les études. Je
m’intéressais à beaucoup de choses,
en particulier peut-être à la géogra -
phie car, tout jeune encore, je
regardais les atlas du monde. J’ai eu
la chance que mes parents m’envoient
dans un collège jésuite. De sorte que
quand, en 1991, je suis entré au
noviciat, j’avais l’impression d’avoir
connu la Compagnie de Jésus depuis
longtemps, car j’avais fait toutes mes
études, depuis le primaire, chez les
jésuites. Après mon bac, j’ai choisi
d’aller à l’école d’ingénieurs de Lille
parce qu’elle avait un lien avec la
Compagnie de Jésus.
C’était une bonne école parce
qu’en plus des sciences, on y
acquérait une formation humaine liée
à la tradition jésuite, une formation
qui incluait de la philosophie.
PB : Vous n’aviez pas en tête de
devenir jésuite quand vous êtes parti
pour cette école d’ingénieurs ?
TM : Non, mais durant mes études
d’ingénierie, la question s’est posée
rapidement. Ma foi et ma pratique de
la religion étaient enracinées dans
mon expérience familiale, mais la
question de la foi
personnelle
est
venue à ce moment-là. Je suis passé
par une crise assez sérieuse du point
de vue religieux, et j’ai fait une
retraite de cinq jours. J’ai alors senti
l’appel de Dieu pour devenir prêtre.
Jésuite ? Mes parents se sont oppo -
sés, et j’ai vu plus tard que ça avait
été préférable de continuer mes
études pour obtenir mon diplôme
d’ingénieur. Je suis alors allé à Hong
Kong dans le cadre de ce qu’on
appelait un « volontaire au service
national en entreprise ». C’était une
manière de remplacer le service
militaire par un service dans une
entreprise française à l’étranger.
PB : Ça n’avait rien de spécifiquement
missionnaire, ce voyage à Hong Kong.
Était-ce un hasard que vous vous êtes
retrouvé en milieu chinois ?
Pour compléter cette série sur la Chine,
entreprise en début d’année 2012, voici deux
entretiens avec des jésuites qui ont su faire
leur place en Chine, même si la Compagnie de
Jésus comme telle n’y a pas de reconnais-
sance légale. Les PP. Maynard et Curry,
respectivement originaires de France et des
États-Unis, témoignent du sens du service qui
les anime et qui a caractérisé l’ensemble de
leur cheminement vocationnel, l’ensemble de
leur vie jésuite.
Le P. Thierry Maynard en Chine
Professeur et bien plus
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TM : Oui, mais il est vrai que je m’in-
téressais à l’Asie. J’étais déjà allé au
Japon et j’avais donc pensé à aller
là-bas, mais l’entreprise qui m’a
accepté avait besoin de quelqu’un à
Hong Kong. Je ne l’ai pas du tout
regretté car ça m’a ouvert à la Chine
et je me suis trouvé très heureux dans
la culture chinoise. Elle correspond
plus à mon caractère sans doute que
la culture japonaise, une culture plus
stricte, plus formelle.
PB : Durant ces deux ans de service
en entreprise, avez-vous continué à
cultiver un intérêt pour la vocation
religieuse ?
TM : J’étais à Hong Kong dans un
milieu très dynamique du point de vue
économique; j’aimais la fébrilité du
milieu des affaires. La Chine, tout à
côté, s’éveillait. Je m’intéressais aussi
à l’histoire, à la culture. Je me suis
aperçu que le travail ne me satisfai-
sait pas pleinement et qu’au niveau
humain, je devais chercher plus loin.
J’ai donc choisi d’aller sur le conti -
nent chinois et de rencontrer l’Église
chinoise, à Canton. J’ai visité des
communautés catholiques chinoises
dans les villages. Ça m’a frappé,
touché, de voir la simplicité de la vie
des gens, leur vie communautaire,
chrétienne, d’une grande richesse.
J’ai senti chez ces Chinois une
présence au mystère de Dieu et j’ai
été touché par le formidable accueil
qu’ils me faisaient chaque fois.
C’était au moment où les églises
ouvraient à nouveau. Lors d’un voyage
touristique, j’ai rencontré un sémina -
riste qui m’a invité dans son village et
c’est comme ça que j’ai connu ces
communautés. J’ai alors entendu
parler de la présence des jésuites en
Chine à une autre époque. Pour moi,
les jésuites et la Chine étaient liés.
J’ai senti que ma propre vocation
pourrait être une vocation spécifique,
celle de « jésuite en Chine ».
PB : Quand vous êtes entré chez les
jésuites, avez-vous dit : « Je veux
être jésuite, mais à condition qu’on
m’envoie en Chine ? »
TM : Non, je n’en faisais pas un
absolu. On m’a encouragé à quitter
Hong Kong pour faire mon noviciat en
France et c’est alors seulement que
j’ai compris la répartition de la
Compagnie en « Provinces ». Il n’est
pas si facile d’être envoyé dans une
autre Province que la sienne... Mais
j’ai été heureux de ce que j’ai fait
comme formation en France. Au
Centre Sèvres, par exemple, les
études étaient très nourrissantes
intellectuellement. Régulièrement ce -
pen dant, je me demandais : « Alors, la
Chine, est-ce que ça va venir ? » Je
devais être patient… Après six ans
donc, on m’a envoyé à Taïwan pour
faire du chinois.
Il y avait d’ailleurs une tradition
chez les jésuites de France : plu -
sieurs, au cours des siècles, étaient
allés en Chine, envoyés même par le
roi Louis XIV à une époque ! De plus,
la mission des jésuites français à
Shanghai était très vivante dans la
mémoire des jésuites avec lesquels
je vivais.
J’ai donc fait un an de chinois à
temps plein. J’ai pu connaître la
Province chinoise et les jésuites qui
vivaient en exil. J’ai développé des
contacts dans le monde académique
et, en 1998, j’ai eu la chance de
participer au programme de connais-
sance de la Chine pour des étudiants
jésuites.
PB : Rencontrer les missionnaires qui
avaient été expulsés, qui avaient été
blessés d’une certaine façon, quelle
influence cela pouvait-il avoir sur
vous ?
TM : J’ai rencontré, de fait, ces
jésuites pour qui l’expulsion avait été
très dure ; certains ne s’en sont
jamais remis et cela a affecté leur
zèle ou leur créativité. Moi, je me
trouvais dans une autre perspective :
j’avais pu connaître un peu une autre
Chine et j’ai repéré des jésuites qui
avaient connu les misères mais qui
avaient réussi à se dynamiser à
nouveau. Le père Jean Lefeuvre,
sinologue, a été d’un apport important
pour moi. Il m’a donné de nombreux
conseils et m’a fait entrer dans l’intel-
ligence de la Chine. Il m’a aidé à
comprendre comment être mission-
naire en Chine en étant présent, ami
avec des Chinois pour travailler avec
eux, d’égal à égal. J’ai beaucoup ap pris
de lui.
PB : Quel chemin vous a conduit en
Chine continentale ?
TM : J’ai fait une deuxième année de
langue à Pékin et ce qui m’intéressait,
c’était de rentrer plus en profondeur
La cathédrale catholique de Canton
(Guangzhou).
Promenade sur le campus de l’université,
avec le Provincial Louis Gendron.
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dans la culture chinoise. J’en profitais
pour aller à l’Université de Pékin et
j’ai suivi des cours de philosophie; j’ai
même passé un concours, avec l’aide
d’amis et pas mal d’ascèse, car il
fallait mémoriser l’histoire de la
philosophie chinoise, bien des cita -
tions… et écrire l’examen en chinois!
Cela m’a ouvert les portes du milieu
académique chinois où j’œuvre
depuis une dizaine d’années. Mon
enseignement se fait en chinois.
J’écris en chinois et j’ai des amis qui
m’aident à corriger pour le style. Le
chinois que je parle et écris n’est pas
parfait ou littéraire, mais c’est suffi -
sant pour communiquer et m’engager
dans des échanges.
PB : Outre le P. Lefeuvre, y a-t-il
d’autres jésuites qui vous aient
marqué ? Le P. Teilhard de Chardin,
par exemple ?
TM : Je connaissais son histoire
grâce au père Lefeuvre qui m’en
parlait souvent. Teilhard était venu en
Chine et avait fait des recherches en
paléontologie. Je sentais que la
mission de Teilhard et la mienne
étaient liées puisque, comme lui,
j’étais jésuite, Français, vivant en
Chine, à Pékin. Ensuite, après mon
doctorat à l’Université de Pékin, j’ai
été envoyé à l’Université Fordham,
à New York. C’est là que Teilhard a
travaillé et est mort en 1955. J’étais à
Fordham en 2004-2005, alors qu’on
commémorait le 50eanniversaire de
sa mort. Pour cet évènement, on avait
même organisé une journée aux
Nations Unies et une célébration là où
il est inhumé.
Il y avait ces liens « géographi -
ques » entre lui et moi, mais plus
encore le fait que j’appréciais ses
idées, son grand optimisme en l’être
humain et sa vision très large de
l’humanité, de la terre, une vision
globale des choses et du monde. Ce
qui m’a attiré aussi, c’est sa manière
de se situer dans son travail avec les
Chinois. Alors qu’un de ses prédéces -
seurs avait fondé son propre institut
de paléontologie, dans un cadre assez
colonial, le P. Teilhard de Chardin a
voulu se joindre à des équipes de
recherche chinoises et internationa -
les. Il a travaillé à des projets menés
par le gouvernement chinois. Il a
choisi de travailler en collaboration
avec les Chinois.
PB : Vous travaillez donc en milieu
chinois, dans une université d’État de
la Chine. Le fait de ne pas être
reconnu comme prêtre ou comme
jésuite, cela vous contrarie-t-il ?
TM : C’est vrai, je travaille dans une
université d’État, mais ici tous les pro-
fesseurs savent que je suis prêtre,
jésuite, et ça ne leur cause pas de
problèmes. Il faut dire que j’ai la
chance d’être à Canton, dans le sud
de la Chine, un milieu ouvert. On jouit
ici d’une plus grande liberté que dans
d’autres parties de la Chine.
PB : Comment cela se vérifie-t-il ?
Nous, à l’étranger, on n’a pas con -
science de ces différences.
TM : Dès que je suis arrivé ici, on m’a
donné un poste à temps complet ; je
suis reconnu par les autorités chinoi -
ses car tous les postes universitaires
sont gérés par le gouvernement. C’est
rare qu’un étranger peut si rapide -
ment obtenir un poste permanent. On
me donne aussi la responsabilité de
diriger des étudiants de maîtrise et de
doctorat : c’est quelque chose qui a
été possible à Canton mais qui, dans
le reste de la Chine, aurait été problé-
matique.
Soyons clairs : je suis venu ici
comme professeur ; mon travail n’est
pas de faire du prosélytisme. Comme
jésuite, nous croyons qu’une mission
d’éducation est aussi, en soi, mission-
naire. En faisant mon travail d’en-
seignant, j’ai le sentiment de vivre
complètement ma vie de prêtre et de
missionnaire.
PB : C’est très intéressant de vous
entendre : vous vous mettez au service
du gouvernement chinois sans oublier
l’essentiel de votre vocation.
TM : Non, je ne l’oublie pas du tout; ce
qui est important à l’université, c’est
d’avoir une liberté académique, une
liberté de penser; dans ma recherche,
je veux maintenir cela. Bien sûr, en
Chine, il y a parfois des limitations
dont je dois tenir compte, mais, dans
ma manière d’enseigner, je fais place
à une pensée critique, je pose des
questions, j’encourage à ne pas tom -
ber dans l’idéologie.
PB : En quoi votre manière de faire se
rapproche-t-elle de celle qu’a utilisée
Matteo Ricci ?
TM : Je suis en train de traduire son
livre majeur,
La vraie doctrine du
Seigneur du ciel
. Matteo Ricci avait
été formé en Europe et il avait pu
repérer où étaient les points de
Thierry Maynard en dialogue : avec
le représentant du Parti communiste
au département de philo et avec un
de ses étudiants
10
tension dans la culture chinoise qui
permettent l’entrée en dialogue. Je
me sens bien petit devant ce géant de
la mission, mais aussi dans la même
lignée que lui, cherchant le dialogue
avec la culture chinoise. C’est quel que
chose qui est toujours à reprendre, à
approfondir.
Au département de philosophie,
j’enseigne des matières qui n’ont rien
à voir comme tel avec la foi catho lique.
Ce matin, je donnais un sémi naire sur
le contrat social, sur la philosophie
politique, sur la nature du pouvoir, du
droit. Je donne également des cours
de latin, de philosophie classique
grecque. Mais je puis aussi introduire
des enseignements sur le catholicisme
puisque je présente Matteo Ricci.
Beaucoup de gens s’intéressent à ce
dialogue entre l’Occi dent et la Chine.
Le rôle des jésuites depuis Ricci s’est
joué dans les deux sens, de l’ouest
vers l’est, comme de l’est vers l’ouest.
D’une part, ils ont traduit bien des
écrits occidentaux en chinois; d’autre
part, ils ont analysé les textes fonda-
mentaux de la culture chinoise,
comme les
Analectes
de Confucius, la
doctrine du milieu et d’autres pour les
rendre accessibles en Europe. J’ai
retravaillé sur des traductions faites
par Matteo Ricci et publiées à Paris
en 1687 ; cet ouvrage présentait
pour la première fois la philosophie
chinoise, taoïste, et confucianiste de
manière synthétique.
PB : Une de vos publications s’intitule
Dans l’attente de la résurrection
. De
quoi s’agit-il ?
TM : Je parle de Ricci qui, quand il
est mort, avait l’espoir que puisse se
continuer une œuvre d’évangélisation
en Chine. Je rappelle que là où il est
enterré, à Pékin, sa tombe a subi
l’outrage plus d’une fois; le cimetière
a par exemple été saccagé par les
gardes rouges durant la révolution
culturelle. Ceux-ci avaient renversé la
stèle de Ricci parce qu’elle avait été
offerte par l’empereur. J’ai voulu,
dans mon livre, souligner que le
dialogue entre la Chine et l’Occident
devait se considérer dans une pers -
pec tive historique : il y a eu pas mal de
brisures, d’échecs, mais l’objectif est
toujours présent. Et on attend encore
les fruits de cette rencontre. C’est
quelque chose qui est vivant, qui nous
invite à nous engager.
PB : Je reviens à votre rôle d’en-
seignant. Vous connaissez un certain
nombre de Chinois, en particulier des
étudiants, qui sont dans la vingtaine.
Parlez-nous de ces jeunes Chinois.
TM : Ceux qui étudient dans les
départements de philosophie ne sont
probablement pas représentatifs de
l’ensemble des étudiants. Ils veulent
se démarquer d’un courant de société
qui va vers le matérialisme, le consumé-
risme. Les étudiants en philosophie
vivent une certaine recherche spiri -
tuelle ou tout au moins intellectuelle.
Au premier cycle, de fait, ça n’est pas
toujours clair car ils sont pris en
tenaille par pas mal de choses ; ils
sont souvent obnubilés par leur
propre réussite personnelle, sociale,
familiale. Mais la plupart de ceux que
je rencontre ici sont hyper motivés.
Pour avoir enseigné aux États-Unis et
ailleurs, je vois ici une ardeur aux
études qui est très différente. Les
Américains ont en général une plus
grande capacité de réflexion person-
nelle, une indépendance de pensée.
Ici, en Chine, la motivation pour
apprendre est forte.
Pendant la Révolution culturelle,
tout a été arrêté. Il y a une ou deux
générations qui ont pratiquement été
gaspillées du point de vue universi-
taire. Les gens n’ont pas pu
s’épanouir au niveau personnel parce
que les conditions politiques étaient
ce qu’elles étaient. Dans les années
90, il y a eu une sorte de frénésie pour
la possession de biens matériels.
Aujourd’hui, ce qui est d’abord recher-
ché, c’est de posséder un logement ;
ce qui peut être légitime. Mais vient
ensuite la voiture, pour le prestige
social. Le goût de la consommation de
ce qui est nouveau est très fort.
PB : Reste-t-il de la place pour la
réflexion spirituelle dans ce cadre ?
TM : Ce n’est pas facile et c’est certain
qu’il n’y a pas beaucoup de signes
religieux dans le paysage. Ces signes
ont disparu. Beaucoup de gens sont
désemparés aujourd’hui et se tour -
nent vers de nouvelles formes de reli-
giosité où ils vont pouvoir pratiquer
ensemble, par exemple, des arts
martiaux, des exercices respiratoires,
ou des formes protestantes de chris-
tianisme dans des formules collec-
Une partie du travail du P. Maynard :
la publication.
11
tives assez intenses de solidarité, de
foi. Le fait que beaucoup de gens, en
ville – et c’est le cas de nombreux
étudiants – vivent loin de leur famille
est assez déshumanisant. Ces divers
groupes offrent une forme de
cohésion, un équilibre.
PB : Est-ce qu’il y a une place pour le
catholicisme ?
TM : C’est certain que l’Église catho -
lique a moins de dynamisme que les
groupes protestants qui sont plus
légers et beaucoup plus nombreux.
L’Église catholique a la chance d’être
bien structurée, mais cette structure
peut paraître assez lourde et pas bien
adaptée aux Chinois. Ici, à la cathé -
drale de Canton, il y a plusieurs
messes le dimanche, en mandarin et
en anglais. Mais l’Église n’a pas
encore beaucoup à offrir en dehors
des liturgies; il y a peu de groupes ou
de mouvements dont les fidèles
peuvent être membres. Ce serait cer-
tainement à développer.
PB : Est-ce que la Compagnie de Jésus
peut faire quelque chose?
TM : Les jésuites de la Province de
Chine sont impliqués depuis pas mal
de temps à former des gens aux
Exercices spirituels
; c’est une piste,
mais qui rejoint surtout des religieux
et religieuses. Si un jour on pouvait
mettre sur pied des groupes chinois
de type CVX (Communauté de vie
chrétienne), ce serait attirant mais ça
demanderait une présence au niveau
pastoral et pour le moment cela n’est
pas possible.
PB : En terminant, père Thierry,
qu’est-ce que vous aimeriez que les
lecteurs du Brigand retiennent
surtout de votre « témoignage » de
missionnaire en Chine au 21esiècle ?
TM : J’aimerais qu’ils aient saisi
qu’être en Chine, à ce moment-ci de
l’histoire, c’est formidable. Le pays vit
une crise de croissance. Le corps
grandit vite et la Chine va prendre de
plus en plus de place dans le monde
aux niveaux économique, politique,
militaire. Comment donc contribuer à
préparer cet avenir avec la Chine. J’ai
choisi une attitude et je la propose
aux autres : il faut avoir une position
décrispée, laisser de côté les fantas -
mes de peur, les craintes que la Chine
domine toute la terre. Il faut essayer
d’entrer avec la Chine dans un
dialogue sérieux. Il ne s’agit pas de
tout céder devant les demandes du
gouvernement chinois; par exemple, il
faut tenir bon sur la question des
droits humains. Mais je pense, à partir
de mon expérience de professeur, de
jésuite, de chrétien, qu’on peut
s’engager dans un dialogue construc-
tif, une avenue de collaboration, et
que le monde entier y gagnera
quelque chose.
Enseignement dans le cadre d’un séminaire de philosophie.
Quelque temps après nous avoir donné cette entrevue, le P. Thierry
Maynard a été nommé directeur d’un centre d’études chinoises, The Beijing
Center. « J’ai vu TBC devenir au long des années un lieu unique d’enseigne-
ment et de recherche sur la Chine », dit le Père Maynard. « TBC a offert une
connaissance en profondeur de la langue, de la culture et de la société
chinoises à des centaines d’étudiants étrangers, et ses anciens élèves sont
maintenant actifs en Chine de multiples façons. Nous allons continuer notre
mission de former nos stagiaires de façon rigoureuse à la compréhension de
la Chine et de favoriser les échanges universitaires entre la Chine et le
monde ». Le Beijing Center fut fondé en 1988 par le Père Ron Anton, S.J.. Il
met ses ressources à la disposition d’étudiants venant à Pékin, d’universi-
taires désireux d’explorer l’histoire et la culture de la Chine dans leurs
relations avec d’autres cultures.
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