Synthe`se - John Libbey Eurotext

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Synthèse
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Bioterrorisme par agents bactériens
et viraux : prévention du risque
pour l'homme par utilisation
d'animaux sentinelles
BRIGITTE ENRIQUEZ1
HÉLÈNE DROPSY2
1
École nationale
vétérinaire d'Alfort
UMR U 955
Équipe 03
Inserm
7, avenue du Général-deGaulle
94704 Maisons-Alfort
cedex
France
<[email protected]>
2
30, avenue du Généralde-Gaulle
77210 Avon
France
<[email protected]>
Tirés à part :
B. Enriquez
Résumé. Les maladies potentiellement utilisables à des fins bioterroristes sont le plus
souvent communes à l'homme et à l'animal. Certaines espèces apparaissent comme de
potentiels indicateurs d'exposition, d'autres comme des marqueurs d'effets, d'autres
encore comme des marqueurs de propagation de maladies humaines, en fonction des
agents pathogènes à risque lors d'attaque bioterroriste (bactéries, virus. . .). Il résulte de
notre étude des arguments en faveur de la prévention du bioterrorisme par le suivi en
particulier des ruminants, tels que les bovins – indicateurs d'exposition pour l'anthrax, la
brucellose, marqueurs d'effets pour l'anthrax, la fièvre de la vallée du Rift, indicateurs de
propagation pour la brucellose et la fièvre Q. Les chevaux apparaissent comme de
bonnes sentinelles dans certaines maladies virales récentes. Parfois, les animaux de
compagnie sont sources d'informations quand la maladie est transmise par des insectes
vecteurs. Il est de l'intér^
et des professionnels de santé de renforcer leurs connaissances
des différents agents pathogènes utilisables lors d'actes délibérés et des espèces
animales sentinelles correspondantes. L'objectif final est de créer des ponts entre
épidémiosurveillants de santé humaine et animale, avec des réseaux de surveillance
vétérinaire (de type « émergences ») reliés aux structures médicales de prévention du
bioterrorisme (plan Biotox) existant sur notre territoire. L'aide de professionnels
impliqués dans l'épidémiosurveillance et conscients des apports du monde animal à la
connaissance du risque sanitaire pour l'homme sera un atout de poids pour véhiculer
cette notion d'animal sentinelle.
Mots clés : animal ; bioterrorisme ; épidémiologie animale ; épidémiologie humaine ;
santé environnementale ; sentinelle.
Abstract
Virus- and bacteria-based bioterrorism: Human risk prevention by surveillance
of sentinel animals
riens et viraux : pre
vention du
Pour citer cet article : Enriquez B, Dropsy H. Bioterrorisme par agents bacte
risque pour l’homme par utilisation d’animaux sentinelles. Environ Risque Sante 2013 ; 12 : 490-500.
doi : 10.1684/ers.2013.0661
490
Environ Risque Sante – Vol. 12, n8 6, novembre-décembre 2013
doi: 10.1684/ers.2013.0661
Article reçu le 2 mai 2013,
accepté le 29 juillet 2013
Most of the diseases that could potentially be used in bioterrorism attacks are common to
humans and animals. In some cases, using animals as sentinels can help to identify a
bioterrorism-related threat to human public health. These animals could provide early
warning of an attack, could function as markers for the risk of ongoing exposure, or serve
as agents to propagate the outbreak. Therefore, we assessed the existence of sentinel
species for each category of microorganisms that might be used as bioterrorism agents
(bacteria, virus. . .). We showed that surveillance of potential sentinel animals could
prevent the consequences of bioterrorism. Ruminants have been widely mentioned in the
literature. Cattle can serve as exposure indicators for anthrax and brucellosis, as effect
markers for anthrax and Rift Valley fever, and as propagation indicators for brucellosis and
Q fever. Horses can be effective sentinels for recent viral infections, and pets can be
interesting species to monitor for diseases transmitted by insects. This study shows the
importance for health practitioners of improving their knowledge of the pathogens that
Bioterrorisme par agents bactériens et viraux : prévention du risque pour l'Homme par utilisation d'animaux sentinelles
can be used for bioterrorism and their corresponding animal sentinels. We intend to
create an integrated monitoring system including veterinary surveillance ("emergences'')
that works together with the human public health bioterrorism emergency program
(Biotox plan) in France. Epidemiologists of human diseases who are aware of the role of
animal data could clearly help to substantiate the value of animals as sentinels and
advance such surveillance, especially in the area of bioterrorism.
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Key words: animal epidemiology; animal species; bioterrorism; environmental health;
epidemiology; sentinel.
Introduction et définitions
Animaux sentinelles
Les animaux sentinelles [1-9] sont des animaux qui,
partageant l'environnement humain proche, sont exposés aux m^
emes dangers environnementaux que l'homme.
Par leur réceptivité ou/et sensibilité à ces dangers, ils
peuvent alerter l'homme avant qu'il n'y soit exposé ou
qu'il ne soit atteint par les effets délétères de ces dangers.
Leur première utilisation semble dater de 390 avant JésusChrist lorsque, selon la légende, les oies sacrées du
Capitole de Rome donnèrent l'alerte, sauvant ainsi la ville
d'une invasion gauloise.
Les espèces indicatrices d'exposition sont des organismes dont les caractéristiques sont utilisées pour mettre
en évidence la présence ou l'absence de certaines
conditions environnementales. Les animaux qui indiquent s'il y a, ou non, contamination sont donc des
indicateurs d'exposition. Les espèces indicatrices d'effets
sont des organismes pour lesquels les modifications
induites par une contamination environnementale peu^tre mesurées, ces conclusions pouvant e
^tre
vent e
extrapolées à d'autres espèces. Ainsi, lorsque l'animal
contaminé est atteint plus précocement que l'homme
d'une maladie similaire à celle qui est provoquée par le
polluant sur l'homme, il est qualifié de marqueur d'effet.
Ces espèces alertent de manière qualitative et quantitative du danger. Une « bonne » sentinelle doit donc
répondre à la plupart des critères suivants (tableau 1) :
– idéalement, il faudrait un animal omnivore en fin
de chaîne alimentaire. Ainsi, il y aurait accumulation
des contaminants auxquels l'organisme est directement
exposé (par l'environnement) et indirectement (par
l'ingestion d'aliments contaminés). Autrement, étudier
un animal habituellement consommé par l'homme est
envisageable ;
– l'espèce doit vivre sur un territoire incluant la
région étudiée (voire se superposant à la région
étudiée) ; cela implique également qu'elle effectue
peu ou pas de migrations ou que celles-ci soient aisément
traçables ;
^tre facilement
– les individus de l'espèce doivent e
quantifiables (ce qui implique une population suffisante
pour permettre son énumération) et capturables ;
^tre connues et similaires
– les voies d'exposition doivent e
à celle de l'homme : la comparaison possible avec
l'homme est en effet un point clé, qui apparaît dans la
définition m^
eme de l'espèce sentinelle ;
– les espèces sélectionnées ne doivent pas appartenir à
une espèce menacée, étant donné que des tissus de
^tre prélevés en vue d'analyse
l'animal étudié devront e
pré- et post-mortem, avec des sacrifices d'animaux parfois
nécessaires.
Si ces exigences sont remplies, il peut s'agir d'une
espèce vertébrée ou invertébrée, mammifère ou non,
terrestre ou aquatique : tous les groupes zoologiques ou
presque ont été étudiés. Les espèces utilisables vont des
animaux de compagnie aux animaux sauvages en passant
par les animaux de production [6-9].
Tableau 1. Caractères d'une espèce animale sentinelle idéale [1-4].
Table 1. Characteristics of an ideal animal sentinel species [1-4].
Caractéristique
Critère
Taille
Physiologie
Nécessité d'obtenir des échantillons tissulaires variés en grande quantité
Possibilité d'évaluer une réponse mesurable à l'agent étudié suffisamment proche de celle
de l'homme pour permettre de comparer les effets biologiques
et pathologiques entre l'animal et l'homme
Un animal plus sensible que l'homme à un danger
La plus courte possible (précocité de la détection de l'exposition de l'homme et/ou
de la contamination du milieu)
Sensibilité
Période de latence
Environ Risque Sante – Vol. 12, n8 6, novembre-décembre 2013
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B. Enriquez, H. Dropsy
Depuis l'affaire des lettres piégées à l'anthrax en
2001 aux États-Unis, le bioterrorisme est considéré comme
une menace réelle et la recherche de systèmes efficaces de
veille tant de maladies humaines qu'animales émergentes
ou ré-émergentes reste d'actualité en 2013 [10-16].
Encadré 1
Éléments de diagnostic
d'une action bioterroriste [17]
Les éléments de suspicion d'une action bioterroriste
sont les suivants :
– une répartition spatiale et/ou temporelle anormale de personnes ou d'animaux présentant des
signes cliniques suggérant une maladie infectieuse
émergente ;
– une répartition spatiale anormale de personnes ou
d'animaux présentant des signes cliniques suggérant
une maladie infectieuse habituellement non présente
dans la région impliquée ;
– une répartition temporelle anormale de personnes
ou d'animaux présentant des signes cliniques suggérant une maladie infectieuse habituellement non
présente lors de la saison impliquée ;
– une distribution anormale par âge pour des
maladies infectieuses courantes.
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Définition du bioterrorisme
La définition du bioterrorisme a suivi de près cet
épisode, reprise par de nombreux auteurs : « Le bioterrorisme est l'utilisation intentionnelle ou la menace
d'emploi d'un microorganisme, d'une toxine, ou d'un
produit dérivé d'un organisme vivant, utilisés à des fins
hostiles, dans le but d'entraîner la mort ou des maladies
chez l'homme, les animaux, ou les plantes » [10, 17].
L'étude des agents biologiques du bioterrorisme et
leur classification constitue un enjeu important dans le
domaine de la santé publique. Le bioterrorisme est
devenu une préoccupation politique majeure pour la
plupart des États [3, 6-8].
La majorité des maladies utilisées à des fins bioterroristes étant communes à l'homme et à l'animal avec des
possibilités thérapeutiques limitées [18], cela rend le suivi
sanitaire d'animaux sentinelles nécessaire dans le cadre
de la défense contre le bioterrorisme.
Cette synthèse bibliographique vise à rechercher les
perspectives qu'offre l'exploitation des animaux sentinelles dans le domaine de la prévention des effets du
bioterrorisme ainsi que ses limites.
Les liens : bioterrorisme
et animaux sentinelles
Reconnaître une action de bioterrorisme repose sur le
diagnostic rapide de toute pathologie inhabituelle ou
suspecte [17] comme indiqué dans l'encadré 1. On trouve
dans ces éléments de suspicion l'observation aussi bien
des humains que des animaux. On peut donc imaginer la
possibilité d'utiliser des animaux sentinelles commensaux de l'homme dans le cadre de la prévention d'actes
bioterroristes envers les populations humaines : les
animaux sont sensibles aux quatre principaux types
d'agents infectieux (agents d'affections vésiculeuses,
respiratoires, agents hémato- et neurotoxiques) [19].
En sus de ces deux fonctions « classiques » des
animaux sentinelles (indicateurs d'exposition, biomarqueurs d'effet) apparaît une troisième fonction : animaux
propagateurs d'agents du bioterrorisme pour les espèces
migratrices ou les insectes vecteurs (tableau 2).
Puisque le bioterrorisme correspond à une volonté de
nuisance, l'agent est souvent choisi pour sa grande
virulence (faible dose infectante), l'occurrence d'une
morbidité et d'une mortalité maximale avec une forte
contagiosité, sa facilité d'obtention et de production en
grande quantité, et enfin sa facilité de transport, de mise
Tableau 2. Les différents types d'espèces sentinelles [1-4].
Table 2. The different types of sentinel species.
Type de sentinelles
Espèces concernées
Caractéristiques
Espèce indicatrice
d'effet
Espèces sauvages ou domestiques
Espèce indicatrice
d'exposition
Espèces sauvages ou domestiques
Espèce indicatrice
de propagation
Espèces sauvages surtout (oiseaux sauvages,
animaux susceptibles d'^
etre transportés
pour des échanges commerciaux
Plus grande sensibilité à l'agent en cause
Période d'incubation plus courte
Exposition plus précoce ou plus intense
– Présente les symptômes d'une maladie avant l'homme
Surveillance des animaux (souvent par sérologies)
– Détecte la persistance d'un agent biologique
bioterroriste dans l'environnement
Surveillance des animaux (souvent par sérologies)
– Signale une éventuelle propagation en cours
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Environ Risque Sante – Vol. 12, n8 6, novembre-décembre 2013
Bioterrorisme par agents bactériens et viraux : prévention du risque pour l'Homme par utilisation d'animaux sentinelles
Tableau 3. Bactéries utilisables à des fins bioterroristes et espèces animales sentinelles correspondantes
[9, 19, 20, 22-32].
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Table 3. Bacteria usable for bioterrorism and corresponding animal sentinel species [9, 19, 20, 22-32].
Agent bioterroriste
Indicateur d'effet
Indicateur d'exposition
Indicateur de propagation
Charbon (Bacillus anthracis)
Oui : bovins, ovins
Possible ? : cobaye,
souris, singe
Non : chien, porc
Non
Non
Bétail, chien, chat
Non
Oui : bovins
Oui : moutons, jeunes porcs,
cheval, camélidés et chien
Oui : cheval
Oui : chat, chien,
nombreuses espèces
Non
Preuve insuffisante
Preuve insuffisante
Oui : bovins, chien, faune sauvage
Oui : moutons, chèvres, porc,
cheval, camélidés et chien
Oui : cheval
Oui : chat, chameau, chèvres,
chien de prairie
Non
Oui : tique, rongeur, chien de prairie
Preuve insuffisante
Brucellose (Brucella sp.)
Mélioïdose (Burkholderia
pseudomallei)
Morve (Burkholderia mallei)
Peste (Yersinia pestis)
Preuve insuffisante
Oui : chat
Variole (Variola major)
Tularémie (Francisella tularensis)
Risques alimentaires
(ex. : Salmonella sp.,
Escherichia coli, O157:H7,
Shigella)
Non
Preuve insuffisante
Non
en aérosol et sa survie dans des conditions environnementales variées [20].
Des critères de classification ont été édictés par
les Centers for Disease Control and Prevention [CDC]
américains et ont conduit à distinguer trois catégories
[18].
La méthode la plus efficace de propagation d'un agent
bioterroriste (microorganisme ou toxine) est l'aérosolisation d'agents biologiques diffusés soit à travers les
climatiseurs, soit par épandage par avion ou hélicoptère,
soit par dispersion suite à l'explosion d'une bombe
[21].
Les principaux agents infectieux – bactéries et virus –
incriminés dans les actes de bioterrorisme et les espèces
animales potentiellement sentinelles figurent respectivement dans les tableaux 3 et 4 [9, 19, 20, 22-46].
Ces tableaux intègrent les trois types d'intervention
des espèces sentinelles. Une espèce animale donnée (par
exemple les oiseaux) peut intervenir dans l'une ou l'autre
de ces trois situations en fonction de l'agent infectieux
(bactéries, virus) (tableau 5). Les éventuels symptômes
observables [17, 19, 28, 47, 48] peuvent se répartir en
quatre catégories (tableau 6).
Maladies infectieuses
et bioterrorisme
Infections bactériennes
Nous avons choisi de développer les maladies pour
lesquelles les animaux peuvent agir dans au minimum
deux types de rôles parmi les trois reconnus (bons
indicateurs, bons marqueurs d'effets, bons propagateurs)
comme le montre le tableau 7.
Tableau 4. Virus utilisables à des fins bioterroristes et espèces animales sentinelles correspondantes [33-46].
Table 4. Viruses usable for bioterrorism and corresponding animal sentinel species [33-46].
Alphavirus
Fièvre de la vallée
du Rift
Nipah
West-Nile
Ebola
Indicateur d'effet
Indicateurs d'exposition
Indicateur de propagation
Cheval
Bovins, ovins, caprins
Cheval
Ovin
Oiseaux
Moustiques et rongeurs
Nombreuses espèces
Moustiques, oiseaux sauvages
Preuve insuffisante
Porc
Oiseaux
Oui : faune sauvage
(primates et antilopes)
Oiseaux sauvages
Oui : faune sauvage
(primates et antilopes)
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B. Enriquez, H. Dropsy
Tableau 5. Les différents rôles d'une espèce animale donnée en matière d'aide au diagnostic de maladies
bactériennes ou virales d'origine bioterroriste (résumé personnel).
Table 5. Different roles of an animal species as a sentinel for the diagnosis of bacterial and viral diseases caused by
bioterrorism.
Espèces
Indicateur d'effet
Indicateurs d'exposition
Indicateur de propagation
Oiseaux
West-Nile
Bovins
Anthrax
Fièvre de la vallée du Rift
Anthrax
Fièvre de la vallée du Rift
West-Nile
Encéphalites virales
Anthrax
Brucellose
Anthrax
Fièvre de la vallée du Rift
Mélioïdose
Anthrax
Fièvre Q
West-Nile
Encéphalites virales
Brucellose
Fièvre Q
Fièvre Q
Mélioïdose
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Ovins
Caprins
Anthrax
Camélidés
Cheval
Mélioïdose
Encéphalites virales
Ricine ?
Morve
Mélioïdose
Mélioïdose
Peste
Anthrax
Peste
Anthrax
Peste
Mélioïdose
West-Nile
Porc
Chat
Chien
Moustiques
Rongeurs
Anthrax ? (souris, cobaye)
Chien de prairie
Faune sauvage
Tableau 6. Signes cliniques chez les animaux et agents
en cause possibles [1, 19, 22, 28, 29, 33, 44-48, 50, 51, 53,
57].
Table 6. Clinical signs in animals and potential causative
bioterrorism agents [1, 19, 22, 28, 29, 33, 44-48, 50, 51, 53,
57].
Signes respiratoires
Yersinia pestis, virus Nipah, virus Hendra, Burkholderia
mallei, Burkholderia pseudomallei
Mort subite
Bacillus anthracis, Yersinia pestis, toxine e de Clostridium
perfringens types B et C
Avortements
Brucella spp., Coxiella burnetii ; virus de la fièvre de la
vallée du Rift
Signes neurologiques
Toxine de Clostridium botulinum, toxine e de C. perfringens types B et C, virus West-Nile, alphavirus ; agents
spongiformes transmissibles
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Peste
Fièvre Q
Mélioïdose
Peste
Mélioïdose
Morve
Mélioïdose
Nipah
Mélioïdose
Fièvre Q
Peste
Brucellose
Mélioïdose
Fièvre de la vallée du Rift
Tularémie
Fièvre de la vallée du Rift
Hantavirus
Tularémie
Peste
Brucellose
Filovirus
L'anthrax
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime
que 50 kg de spores d'anthrax répandues sur une surface
de 2 km pourraient provoquer 10 000 contaminations et
9 500 morts, faisant de l'anthrax le plus grand danger en
matière de bioterrorisme [49].
Les bovins infectés peuvent exprimer quatre formes
différentes de fièvre charbonneuse : aiguë, suraiguë,
subaiguë et frustre [48, 50, 51].
Les symptômes associés à chacune de ces formes sont
détaillés dans le tableau 8 ci-après. Chez les petits
ruminants, la forme suraiguë est la plus fréquente, avec
des signes urinaires plus marqués et plus précoces. Cette
forme est dite « foudroyante ».
Le temps d'incubation de la fièvre charbonneuse chez
l'homme étant variable, il est difficile de le comparer à
celui d'animaux potentiellement sentinelles. Noah considère tout de m^
eme les ruminants comme de bonnes
sentinelles du risque pour l'homme en cas de libération
volontaire de spores d'anthrax [49].
Environ Risque Sante – Vol. 12, n8 6, novembre-décembre 2013
Bioterrorisme par agents bactériens et viraux : prévention du risque pour l'Homme par utilisation d'animaux sentinelles
Tableau 7. Exemples d'exploitation des animaux sentinelles (au minimum deux rôles par espèce).
Table 7. Examples of the use of sentinel species (at least two roles per species).
Maladie
Charbon
Peste
Mélioïdose
Sentinelles d'exposition
Bovins (BV)
Ovins (OV)
Carnivores
BV, OV
Chat (CT)
OV, etc.
Chien (CN), CT
CT, chameau, etc.
OV, caprins (CV)
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Marqueurs d'effets
Propagateurs
En effet, lors de la propagation du bacille par courrier
aux États-Unis en 2001, le temps d'incubation a été
inférieur ou égal à quatre jours alors qu'il a été de deux
jours dans la région de Sverdlovsk en 1979. À Sverdlovsk
[52], les cas humains se sont concentrés le long du trajet
du vent jusqu'à 4 km du laboratoire. Les décès parmi les
bovins et les ovins ont été rapportés au bout de
seulement trois jours dans six villages localisés sur le
trajet du nuage jusqu'à 50 km du laboratoire. Par exemple,
dans le village d'Abramovo, situé à 50 km au sud-est du
laboratoire militaire, sept moutons et une vache sont
décédés. À Abramovo, comme dans tous les autres
villages touchés, aucun cas humain n'a été déclaré. Une
étude a montré que les animaux malades avaient été
exposés à des doses supérieures à celles que les humains
atteints avaient reçues. Les bovins et les ovins sont donc
probablement plus réceptifs que l'homme à Bacillus
anthracis [53-55]. On peut se demander si le fait que les
animaux soient à l'extérieur des étables n'a pas augmenté
l'exposition au bacille.
En revanche, aucune forme respiratoire de l'anthrax
n'a été à ce jour décrite chez le porc et le chien. Ces deux
^tre des sentinelles d'une
espèces ne peuvent donc pas e
contamination humaine par de l'anthrax lors d'une
attaque bioterroriste.
Dans la mesure où les spores de bacille peuvent
persister plusieurs années dans le sol, les cas recensés
parmi le bétail peuvent donc indiquer une zone à risque.
Bien que les chats et les chiens soient moins réceptifs
à B. anthracis que les ruminants, leur proximité avec les
humains et le fait qu'ils sont en contact avec le sol pourrait
faire d'eux des sentinelles.
En 1991, aux États-Unis, un chien Labrador retriever
âgé de 6 ans a d'ailleurs développé une fièvre charbonneuse après avoir chassé dans un champ fraîchement
labouré [56].
La peste
La peste est la première maladie à avoir été utilisée à
^tre
des fins terroristes. Yersinia pestis peut également e
aérosolisée et est considérée comme un danger sérieux
dans le cadre d'attaques bioterroristes [57].
L'OMS a estimé que, sous certaines conditions, une
dispersion de 50 kg de Y. pestis près d'une ville de
5 millions d'habitants conduirait à 150 000 malades et
36 000 décès [58].
En mai 2000, un exercice virtuel afin d'estimer les
conséquences d'une dissémination d'aérosols de Y. pestis
a été réalisé dans un musée de Denver aux États-Unis.
L'étude a conclu à un nombre de pneumonies primaires
situé entre 3 700 et 4 000 et un nombre de décès variant
entre 950 et 2 000 [59].
Selon les m^
emes auteurs, on considère les cas
suivants comme actes bioterroristes dus à la pestes :
Tableau 8. Signes cliniques de la fièvre charbonneuse selon les formes rencontrées chez les bovins, ovins et caprins
[48, 50, 51].
Table 8. Clinical signs of anthrax in cattle, sheep, and goats.
Forme
Symptômes
Forme aiguë (charbon
septicémique)
Atteinte brusque de l'état général, hyperthermie importante, troubles respiratoires (dyspnée)
et circulatoires (tachycardie, congestion puis cyanose des muqueuses, ecchymoses), parfois
digestifs (colique et diarrhée sanguinolente), puis urinaire (« pissement de sang »). La mort
survient en 48 à 96 heures après l'apparition des symptômes
M^
eme symptômes que la forme aiguë mais sur 12 heures. Mort 2 heures après l'apparition
des symptômes
Charbon externe ou charbon à tumeur. Débute par un œdème important non crépitant,
localisé le plus souvent à l'entrée de la poitrine ou à la gorge, puis symptômes identiques à
la forme aiguë mort en 4 à 5 jours)
Hyperthermie transitoire
Forme suraiguë
Forme subaiguë
Forme frustre
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B. Enriquez, H. Dropsy
– un seul cas de peste en France doit faire l'objet d'une
suspicion d'acte bioterroriste surtout si ce patient présente une forme pulmonaire de peste ;
– tout cas observé chez un sujet revenant d'un pays
^tre considéré comme faisant suite à un
d'endémie doit e
acte de malveillance, jusqu'à preuve du contraire ;
– les cas confirmés de peste chez des patients n'ayant
pas quitté la France et n'ayant pas été en contact avec un
patient porteur d'une forme pulmonaire de la peste ou
^tre infectés ;
des animaux pouvant e
– au moins deux cas suspects de peste dans une zone
géographique donnée, en m^
eme temps, surtout si ces
patients présentent une forme pulmonaire de la maladie.
Les chats peuvent développer la peste, y compris la
forme pulmonaire, et peuvent directement infecter
l'homme par transmission d'aérosols. Les signes cliniques
courants sont : léthargie, anorexie, fièvre, dyspnée, toux,
jetage nasal et buccal, détresse respiratoire, septicémie,
CIVD et mort [29].
Une étude expérimentale d'inhalation de Y. pestis sur
des chats indique que la période moyenne d'incubation
de la peste est inférieure chez le chat (un à deux jours) à
celle de l'homme (un à six jours) [30]. Les chats pourraient
^tre considérés comme des animaux sentinelles de
donc e
la peste.
Dans la m^
eme étude, Rust et son équipe ont aussi
démontré que les chiens et les chats développent très
rapidement une réponse sérologique lors d'infection
expérimentale à Y. pestis. La présence d'anticorps dans
les sérologies de chiens et de chats peut donc révéler la
présence de la peste dans la zone étudiée. Le chien et le
chat sont donc des espèces indicatrices d'exposition de la
peste.
^tre
De l'avis des experts, certains animaux peuvent e
des indicateurs de propagation de la peste. Il s'agit du chat
[29, 30], du chameau et de la chèvre [31]. Il semblerait que
^tre utilisés à des
les chiens de prairie puissent eux aussi e
fins de sentinelles. En effet, lors d'épizootie de la peste
chez les chiens de prairie, les puces sont bien plus
abondantes sur les animaux. Le recensement de l'importance des infestations de puces pourrait donc nous
indiquer si une épizootie est en cours ou non et donc si la
maladie se propage ou non [32].
La mélioïdose [25, 27, 28, 48, 53, 60-64]
L'agent étiologique de la mélioïdose chez l'homme
comme chez l'animal est Burkholderia pseudomallei, ainsi
qu'une bactérie proche, Burkholderia mallei, qui sont
toutes deux reconnues comme armes biologiques
potentielles. De façon classique, les symptômes chez
les patients sont de type pneumonie (secondaire à un
sepsis) avec parfois des infections suppuratives de la peau
[48, 62, 64]. La mortalité chez l'homme est inférieure à
10 % sauf dans la mélioïdose septicémique aiguë où elle
peut monter jusqu'à 90 % [63].
Par conséquent, l'utilisation d'animaux indicateurs
d'exposition semble assez peu probable.
496
De par leur relative résistance à l'agent de la
^tre de bons
mélioïdose, les oiseaux ne semblent pas e
candidats. En revanche, les moutons, les jeunes porcs, les
chevaux, les camélidés et les chiens peuvent exprimer des
symptômes assez marqués. Ces animaux pourraient donc
^tre des animaux indicateurs d'effets de la mélioïdose
e
en cas de libération délibérée de B. pseudomallei.
On peut considérer qu'il existe un grand nombre
d'espèces animales susceptibles de jouer le rôle d'indicateurs de propagation : moutons, chèvres, porcs,
chevaux, camélidés, chiens. Cependant, aucune donnée
précise sur ce sujet n'a été trouvée en la matière.
Infections virales [33-44, 48, 65-67]
Alphaviroses
Les encéphalopathies provoquées par les virus des
encéphalites équines (virus vénézuélien de l'Est et de
l'Ouest) sont des maladies naturelles d'importance dans
l'espèce équine mais aussi des agents potentiels de
guerre bactériologique [66]. On ne maîtrise pas encore les
mécanismes impliqués dans la pathogénie des encéphalites à alphavirus. On distingue cependant trois phases
clés : une première phase extraneurale, le processus de
neuro-invasion lui-m^
eme, puis les interactions virus-hôte
générant la neurotoxicité.
Concernant les alphavirus, des foyers naturels sont
souvent apparus parmi la population animale avant leur
apparition dans la population humaine et en particulier
dans l'espèce équine (tableau 9) [33].
Par exemple, le virus de l'encéphalite équine de l'Est
apparaît le plus souvent chez les chevaux deux semaines
avant que les humains ne présentent des symptômes [67].
Rien n'affirme cependant que le schéma serait le m^
eme
lors d'une attaque bioterroriste utilisant des aérosols.
Le cheval peut donc intervenir comme sentinelle du
bioterrorisme dans ces infections virales ainsi que dans la
morve et la mélioïdose en tant qu'indicateur d'exposition
et de propagation.
Fièvre de la vallée du Rift
La période d'incubation chez les veaux et les agneaux
est de 12 heures, ce qui est bien inférieur à celle de
l'homme (plusieurs semaines) [34]. On peut donc
admettre ici que les bovins et les ovins puissent jouer
un rôle de sentinelles d'exposition des populations
humaines au virus de la fièvre de la vallée du Rift.
On observe chez certains animaux une sensibilité
importante (mouton, chèvre, veau). Ces animaux pour^tre sentinelles du risque (d'effets) pour
raient donc e
l'homme [35].
West-Nile [36-44]
^tre des indicateurs
Les oiseaux sauvages peuvent e
d'effets au virus West-Nile (tableau 10) [36, 42]. Ainsi
Environ Risque Sante – Vol. 12, n8 6, novembre-décembre 2013
Bioterrorisme par agents bactériens et viraux : prévention du risque pour l'Homme par utilisation d'animaux sentinelles
Tableau 9. Signes cliniques des alphaviroses chez le
cheval [33, 34, 67].
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Table 9. Clinical signs of alphaviroses in horses
[33, 34, 67].
Alphavirus
Signes cliniques
Encéphalite équine
occidentale
et orientale
Fièvre, anorexie, dépression
Puis dans les cas graves : encéphalite,
hypersensibilité, mouvements
involontaires, ptyalisme
Parfois prurit intense, diarrhée,
constipation, amaigrissement
Forme asymptomatique, subclinique
ou symptômes modérés
Dépression, tachycardie, dysorexie
puis signes neurologiques
Parfois colique, diarrhée ou mort
subite
Encéphalite équine
vénézuélienne
l'équipe américaine de Mostashari [36] a étudié durant
deux années consécutives (2000 et 2001) les foyers de
West-Nile recensés dans la ville de New York. Elle s'est
plus particulièrement intéressée à l'existence d'un lien
chronologique entre le moment de détection des foyers
aviaires, la date de ramassage d'oiseaux et de moustiques
positifs et le début des symptômes de West-Nile chez les
humains. Les résultats de cette étude démontrent que les
foyers d'oiseaux morts du virus West-Nile apparaissaient
jusqu'à 40 jours avant les premiers symptômes humains
et entre 12 et 45 jours (17 jours en moyenne) avant le
diagnostic sur l'homme. Dans la plupart des cas, les foyers
d'oiseaux morts précèdent le recueil de moustiques et
d'oiseaux positifs au virus West-Nile.
En répertoriant tous les cas de West-Nile (aussi bien
aviaire qu'humain) sur un plan de New York, les auteurs
ont remarqué que les cas humains ont été recensés dans
deux quartiers essentiellement : l'île de Staten Island en
2000 et le quartier de Brooklyn en 2001. Ces deux zones
sont celles où il y a le plus d'oiseaux morts et de
moustiques positifs répertoriés.
Tableau 10. Symptômes observés chez des oiseaux
contaminés par le virus West-Nile [42].
Table 10. Signs and symptoms in birds contaminated by
the West Nile virus.
^tre utilisés
Les oiseaux sauvages peuvent donc e
comme marqueurs d'exposition et d'effets au virus
West-Nile. On peut penser par conséquent que les
oiseaux feraient de bonnes sentinelles du risque sanitaire
pour l'homme en cas d'attaque bioterroriste utilisant des
aérosols du virus West-Nile.
Dans le cas du virus West-Nile, les moustiques et les
^tre de bons indicateurs
oiseaux sauvages semblent e
d'exposition. C'est en tout cas la conclusion faite par
Komar et son équipe suite à une étude du virus West-Nile
en République dominicaine [37]. La mise en évidence de
la présence du virus West-Nile au sein des populations
d'oiseaux et de moustiques indique un risque d'infection
par le virus chez l'homme et les chevaux. Les auteurs
suggèrent donc de placer le virus West-Nile dans le
diagnostic différentiel de tout homme présentant des
symptômes neurologiques en République dominicaine.
Une étude expérimentale a démontré que le virus
West-Nile pouvait facilement se répandre d'un oiseau à
un autre [38]. Cette étude a été réalisée à partir de
sérologies et d'écouvillons cloaquaux et oraux effectués
sur 25 espèces d'oiseaux différentes. Depuis 1999, plus de
150 espèces d'oiseaux morts suite à une infection par le
virus West-Nile ont été recensées au CDC grâce au
programme de surveillance ARBONET. Deux types
^tre de meilleurs indicateurs de
d'oiseaux semblent e
propagation que les autres. Il s'agit des Passériformes et
des Charadriiformes. Parmi les Passériformes, les espèces
les plus intéressantes en tant qu'indicateurs de propagation sont Cyanocitta cristata, Quiscalus quiscalus, Carpodacus mexicanus, Corvus brachyrhynchos (corbeau
américain) et Passer domesticus. Le corbeau américain
a d'ailleurs été suggéré comme oiseau de référence dans
le système d'épidémiosurveillance du West-Nile aux
États-Unis [17].
De nombreux articles scientifiques ont déjà été
consacrés à la circulation du virus West-Nile au sein
des populations d'oiseaux sauvages et à l'utilisation des
données d'épidémiosurveillance comme indicateurs de
propagation de la maladie [36-42].
^tre utilisés comme
Les oiseaux peuvent donc e
sentinelles du bioterrorisme à trois titres pour l'infection
à virus du West-Nile ainsi que comme indicateurs
d'exposition et de propagation pour les infections à
alphavirus. Enfin, une étude de 2008 a mis en évidence
une séroconversion sur de jeunes chiens six semaines
avant que des cas humains d'infection par le virus WestNile ne soient rapportés [43].
Expression clinique du West-Nile chez les oiseaux
Signes neurologiques
Signes généraux
Ataxie, une posture anormale
de la t^
ete, une tétraparésie,
une marche en cercle, un
nystagmus, une désorientation
Anorexie, un amaigrissement rapide,
une léthargie et une mort subite
Conclusion et perspectives
Les agents utilisables dans le cadre du bioterrorisme
infectent le plus souvent à la fois l'homme et les animaux.
^tre considérés comme
Certains de ces animaux peuvent e
des sentinelles du risque pour l'homme, qu'ils soient
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497
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B. Enriquez, H. Dropsy
indicateurs d'effets, d'exposition ou de propagation.
C'est, par exemple, le cas des oiseaux qui sont de bonnes
sentinelles des infections par les alphavirus et le virus
West-Nile ou encore le cas des ruminants intervenant
dans plusieurs situations à risques pour l'homme.
Le fait qu'un animal exprime des symptômes d'une
^tre dû à de multiples
m^
eme maladie avant l'homme peut e
facteurs comme, par exemple, la vie en extérieur. Le fait
de déceler leur exposition dépend des capacités des
laboratoires d'analyse, de la réactivité des services
vétérinaires. . .
L'existence d'animaux sentinelles conforte l'importance des vétérinaires dans la surveillance des événements bioterroristes [45, 68, 69]. Une étude réalisée aux
États-Unis a montré que, bien que les vétérinaires
possèdent des connaissances fondamentales sur les
agents bioterroristes, ils maîtrisent mal la diversité des
symptômes et des animaux atteints [70]. Il paraît donc
nécessaire d'informer les praticiens vétérinaires et en
amont les étudiants en formation sur les différents agents
utilisables dans le cadre du bioterrorisme, les animaux
^tre
sensibles et les symptômes auxquels ils peuvent e
confrontés. Dans le cas des praticiens vétérinaires
^tre dispensée dans le
français, cette formation pourrait e
cadre du mandat sanitaire.
^tre intéressant d'organiser un réseau de
Il peut e
surveillance vétérinaire. Ce réseau pourrait permettre de
rassembler un grand nombre d'informations sur des cas
suspects diagnostiqués par des vétérinaires de terrain.
L'intér^
et d'un tel réseau d'épidémiosurveillance vétérinaire réside dans sa connexion avec les structures de
santé publique comme l'Institut de veille sanitaire (InVS)
ou les CHU du plan Biotox. Le recensement de cas de
« maladie bioterroriste animale » par les vétérinaires
^tre rapidement transmis aux autorités et
pourrait alors e
ainsi permettre une prévention des cas humains et une
meilleure organisation des soins.
Une aide organisationnelle et politique apportée par
des épidémiologistes « humains » apporterait plus de
poids et de crédibilité à cette action. Il apparaît aussi que
m^
eme dans des pays ayant déjà subi des attaques de
bioterrorisme (en particulier l'État de Floride aux ÉtatsUnis), les médecins se sentent insuffisamment formés et
préparés [49], et que les leçons restent à tirer et la
formation à parfaire [14, 54, 55].
Les réactions consécutives à cet article pourraient
constituer une tribune pouvant déboucher sur des
projets précis et collaboratifs (site Web commun, réseau
commun ?) [71-74], et ce d'autant plus que la liste des
agents potentiels est évolutive [75]. Les éleveurs de
chevaux pourraient constituer la première base de futures
collaborations compte tenu de l'engouement des Français
pour ces élevages et les activités équestres [46].
&
Remerciements et autres mentions
^ ts : aucun.
Financement : aucun ; conflits d'intére
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