Infections : les bactéries résistent par nature 20.03.2014

publicité
JEUDI 20 MARS 2014 LE NOUVELLISTE
18
sp - jh
LE MAG SANTÉ
INFECTIONS Elles s’arment très vite contre les antibiotiques, alors que ceux-ci peinent
à se diversifier. Exemple dans la médecine humaine.
Les bactéries résistent
par nature
on bannit l’utilisation de certains
antibiotiques, les bactéries y redeviennent sensibles», explique la
pharmacienne.
CHRISTELLE MAGAROTTO
Si l’on réduit les 4,6 milliards
d’années de l’Histoire du monde à 24 heures, les bactéries
sont nées entre 5 h 30 et 7 h 30,
alors que l’homme apparaît à
23 h 59. Depuis des temps immémoriaux donc, ces organismes colonisent les sols, l’eau,
l’air, les animaux, notre peau et
jusqu’à nos entrailles. Si bien
qu’«il y a dix fois plus de cellules
bactériennes que de cellules humaines dans notre corps», note
le professeur Nicolas Troillet,
médecin-chef du service des
maladies infectieuses de l’Hôpital du Valais.
La plupart sont inoffensives.
Certaines sont bénéfiques. «Nichées dans la flore intestinale, elles
aident par exemple à la digestion», observe le médecin. D’autres, au contraire, sont à l’origine
de maladies infectieuses qui
font peur comme la peste, la syphilis, le choléra, ou l’anthrax.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle,
40% des décès étaient dus à une
infection bactérienne.
Sur une affiche publicitaire datant de la Seconde Guerre mondiale, un soldat, grâce à la pénicilline, peut rentrer du front.
Sans elle, il aurait probablement
péri. «La découverte des antibiotiques correspondait à un réel miracle», commente le professeur
Troillet. Dans les années 60, les
autorités de santé publique aux
Etats-Unis pensaient pouvoir
fermer «le grand livre des maladies infectieuses». «Les premières résistances sont toutefois observées à la même époque», expose
le médecin.
Evolution oblige
EN BREF
Depuis quatre milliards d’années, les bactéries s’adaptent
pour survivre. Leurs générations
se succèdent toutes les 20 minutes en moyenne. Elles évoluent
ainsi rapidement et les descendantes qui disposeraient d’un
Mesures d’hygiène
PHOTOS DR, INFO NF
avantage pour survivre dans un
environnement hostile vont
supplanter celles, plus faibles,
qui n’y sont pas adaptées. «Un
antibiotique est ainsi capable de
sélectionner parmi les milliards de
bactéries qui nous habitent les rares spécimens qui y sont naturellement résistants. Ceux-ci peuvent
ensuite causer une infection contre
laquelle le traitement devient inefficace», explique le Dr Troillet.
Si ces bactéries résistantes se
répandent il faut alors recourir à
de nouvelles substances, mais
les médecins sont parfois à cours
de solutions. Il faudrait alors
synthétiser de nouvelles molécules. «Ceci est toutefois très coûteux pour une faible rentabilité»,
commente le médecin. «Cela est
également extrêmement complexe», continue le Dr Vera
Jordan-von Gunten, pharmacienne-cheffe-adjointe à l’Institut central. «L’objectif est de préserver le plus longtemps possible le
panel d’antibiotiques existant.»
CIBLER L’UTILISATION DES ANTIBIOTIQUES
Un objectif essentiel de santé publique vise donc une utilisation ciblée des antibiotiques, afin de prévenir l’apparition de résistances qui pourraient ensuite se
répandre dans la population. Cet objectif concerne les hôpitaux, mais aussi la médecine ambulatoire, sans parler de l’utilisation des antibiotiques chez les animaux
d’élevage. «Dans le cas d’une cystite,», témoigne le Dr Georges Perraudin, médecin de famille à Martigny, «on prescrit des antibiotiques de la classe de la pénicilline, par exemple. Dans le cas d’une pharyngite virale, on ne prescrira pas
d’antibiotiques du tout.» Plusieurs études démontrent que la plupart des molécules prescrites inutilement viennent de la pression du patient. Le médecin confirme. Certains confondent virus et bactéries, et insistent pour obtenir des antibiotiques lors d’un refroidissement. Pour Vera Jordan-von Gunten, «tout
traitement médicamenteux doit être analysé en termes de balance bénéfices et
risques. Dès lors, l’utilisation d’antibiotiques pour une infection virale n’engendre clairement que des risques, ces substances étant inefficaces contre les virus». «Ceci d’autant plus que la majorité des infections bénignes rencontrées en
médecine ambulatoire sont dues à des virus», précise Nicolas Troillet. Pour ce faire, les hôpitaux s’organisent. Ils surveillent l’utilisation des antibiotiques et l’appari-
tion de bactéries résistantes et
promeuvent une utilisation rationnelle de ces médicaments
Utiliser
«
un antibiotique
contre un virus
est inutile. Il y
a alors plus
de risques que
de bénéfices.»
DR VERA JORDAN-VON GUNTERN
PHARMACIENNE À L’INSTITUT CENTRAL
capables de sauver des vies, mais
parfois utilisés à mauvais escient. Il est en effet prouvé que
plus un antibiotique est utilisé,
plus il y aura de bactéries qui y
sont résistantes. «A l’inverse, si
Prévenir l’apparition de
résistances en utilisant
les antibiotiques à bon
escient est essentiel. Empêcher la propagation de
bactéries résistantes constitue le deuxième pilier de cette
lutte. Christel Brière Aymon, infirmière en hygiène au service
des maladies infectieuses, entourée de ses collègues, veille à la sécurité infectieuse des différents
établissements de l’Hôpital du
Valais. Elle se soucie de la mise
en place de mesures aptes à barrer la route à la transmission de
bactéries résistantes, que cela
survienne via l’environnement
inerte ou le personnel médicosoignant.
«Nous formons le personnel à la
désinfection des mains, à l’emploi
de matériel jetable, au port de
gants, de masque, notamment»,
décrit-elle. Elle reçoit un bulletin quotidien du laboratoire faisant état des différents microorganismes mis en évidence
chez les patients hospitalisés.
«Face à une bactérie résistante,
nous pouvons décider et définir un
isolement en chambre, par exemple», explique-t-elle encore.
Aujourd’hui, une partie importante des bactéries résistantes
se transmettent hors des hôpitaux, par exemple à partir de la
viande et de la volaille non cuites. «Dans la communauté, pour
éviter leur propagation, les gens
doivent se laver les mains en sortant des toilettes, avant de toucher
des aliments ou de passer à table,
ou encore, éviter le contact physique en cas de refroidissement»,
conclut l’infirmière. Des gestes
basiques en somme, pour affronter des organismes qui pourtant ont bien des chances, à
terme, de survivre à l’homme. LUTTE CONTRE L’OBÉSITÉ
PERSONNES SOUFFRANT DE DÉMENCE
Thérapie remboursée pour les enfants et les adolescents
Formation pour mieux les encadrer
Près de 20% des enfants et adolescents
souffrent de surpoids ou d’obésité en
Suisse. La thérapie individuelle ou de
groupe est désormais remboursée par
l’assurance obligatoire des soins aux enfants et adolescents obèses, ou à ceux
souffrant d’un trouble secondaire, (diabète de type II ou de l’hypertension). La
thérapie de groupe était déjà rembour-
Le Réseau entraide Valais
(REVs)organisele4avrilàhôpital
de Malévoz (salle bleue) à
Monthey un cours intitulé «L’attitude vis-à-vis des personnes souffrants de démence». Il est destiné
en priorité au personnel soignant
dans le secteur de la psychiatrie et
psychothérapie de la personne
PARTENARIAT
sée depuis six ans dans la cadre d’un projet pilote. L’évaluation a montré que sur
deux ans, la thérapie apportait des effets
positifs au niveau du poids, mais aussi de
la santé physique et psychique du patient. Sa qualité de vie en est ainsi améliorée. Elle a aussi montré que la famille
et les proches bénéficient également de
cette approche multidisciplinaire ré-
DSSC Service cantonal
de la santé publique
www.vs.ch/sante
unissant pédiatre, diététicien, psychologue, etc., l’enfant étant installé dans un
système favorisant des comportements
sains. En Valais, une consultation pédiatrique a été mise en place dans le cadre
du programme Contrepoids de l’Hôpital
du Valais. Des consultations individuelles et un programme de groupe sont proposés. WWW.HOPITALVS.CH/CONTREPOIDS
Promotion
Santé Valais
www.promotionsantevalais.ch
www.addiction-valais.ch
âgée. Il est aussi ouvert aux membresduREVs.Lecoursseradonné
par la Dresse Isabella Justiniano,
médecin-cheffe de psychiatrie et
psychothérapie de la personne
âgée pour le Valais romand. Participation: Fr. 200,
inscription: www.revs.chcpoir.ch
Les pages santé déjà parues peuvent
être consultées sur notre site:
http://www.lenouvelliste.ch/fr/
dossiers/detail/pages/
articles-1431-206563
Téléchargement