CROIX DES PBÊCHES Khuyten ?

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Conférence
sur
de deux petits ouvrages : l'Heureuse nouvelle et
le Pari. Peu de temps après, il produisait au
théâtre Favart, son premier opéra en trois ac
tes : Zoraïme et Zulnare, où Elleviou tint un
rôle. Cet ouvrage obtint un suecèa d'enthousiasme et classa son.auteur au premier rang
défi jeunes compositeurs, i l avait à peine vingt-,
deux ans !
ISoïeldteu
Lue hier au Grand-Théâtre par M. r*. Simon
Mesdames, Messieurs,
Il y a aujourd'hui cent ans, naissait àHûuenun enfant qui devait ôtre l'un des musiciens
les plus glorieux da ce siècle; j'ai nomméÔoïeldieu.
,
i
La vieille cité normande, qui a i e culte de ses
gloires, a déjà fêté, au mois de juin dernier.de
la façon la plus brillante, l'anniversaire séculaire de la naissance de Boïeldieu. Elle a devancé l'époque réelle du centenaire, parce que
les fêtes publiques ont besoin de lumière et de
soleil; mais aujourd'hui même, le Théâtre-désA r t » , de Rouen, consacre une fête purement
théâtrale à l'immortel auteur de la Damt blan»
che, et l'Opéra Comique, qui lui doit ses plus
beaux succès, donnera, le l i , une représentation extraordinaire en son honneur.
Des hommes comme Boïeldieu appartiennent à tous. Aussi a-t-on cru devoir le fêter
ici, comme on le fête à Rouen, comme on va le
fêter à Paris.
On a écrit des volumes sur la vie et sur les
œuvres de l'illustre compositeur. Dès ses plus
jeunes années, il montra pour la musique un
invincible penchant, qui, loin d'être contrarié
par ses parents, fut, au contraire, encouragé.
Ils lui donnèrent pour maître un musicien de
premier ordre, du nom de Broche, et le placèrent à demeure chez lui. Malheureusement,
Broche était au moins aussi grand buveur que
grand musicien; i l avait, en outre,un caractère
brutal et violentqui le poussait parfois à corriger
son élève, plus souvent pour une peccadille
que pour une faute véritable. Cemaîlre étrange
avait parfois une singulière façon d'enseigner.
U n jour, après boire, il jetait violemment son
élève dans l'escalier et lui faisait monter cinq
marches sur les mains, sous prétexte de lui faire
comprendre l'intervalle de la quinte. Une
autre fois, il lui frappait violemment les doigts
d'un coup d'archet pour lui rendre plus sensible la différence entre la blanche et la noire;
voulait-il lui démontrer ce que c'était qu'une
pause? il lui chargeait les épaules d'un lourd
pupitre.
Boïeldieu, le petitfisïeJ, comme on l'appelait
alors, ne subissait pas de pareilles leçons sans
quelques soupirs, mais elles se gravaient en
traits ineffaçables dans sa mémoire.
Mrître Broche était organiste de la cathédrale. Or, un jour de grande fête, la messe allait commencer, et Broche, qui avait probablement un peu trop fêté Bacchus, n'était pas à
son poste. Le petit Boiel prit, non sans hésiter,
sa place, et, sa laissant aller à son inspiration,
il tira de l'instrument des accords si mélodieux,
qu'on alla répéter dans toute la ville que maître
Broehe s'était surpassé.
L e petit Bdid avait quatorze ans. Il commençaità supporter difficilement le joug de son maître. Un jour, il fait une énorme tache d'encre
sur le clavecin qui servait à ses études. La seul
moyen d'éviter la tempêta qui le menaçait,
c'était de fuir. Et puis, il voulait voir Paris.
L'enfant se mit bravement en route, emportant dans sa poche une petie somme de dixhuit francs, qu'il avait économisée sou par
sou.
« Je suis sûr que je serai quelque chose
ici, » se dit-il en entrant dans la capitale. Quelques jours après, sa bourse était vide, on l'avait mis à la porte du petit hôtel où il était
descendu et il se dirjgaait résolument vers la
Seine pour s'y préclciter, mais le hasard voulut
que le vieux serviteur do son père, envoyé en
toute hâte sur ses traces, arrivât juste à temps
pour le sauver. DelyïT, c'est le nom de ce
brave homme, lui apportait de l'argent et une
lettre d'un allié de la famille Boïeldieu qui
recommandait le jeune artiste à la sollicitude
de sa femme.
Après deux ans de séjour à Paris, largement
mis à profit, est-il besoin de le dire? Boïeldieu
retourna chez son père, qui
voulut bien
écrire lui-même deux livrets d'opéra comique
pour les premiers essais dujeune compositeur.
L'une de ces pièces avait pour titre : La fille
coupable, l'a tre, Rosalie et Myrza. Elles lurent
représentées avec
sur le théâtre de
Rouen, la première en 1793, la seconde en 1795.
Boïeldieu, retourna'à Paris en 1796, et dès
le commencement de l'année suivante, il
donna au théâtre Feydeau, un charmant petit
acte : La Famille suisse, qu'il fit bientôt suivre
Buccèa
.jjCojnme tous les hozimes d'inspiration, cpm>e \
,ou8
les vrais artistes, BJJl. Idieu avait le
On de la fécondité. À p i è j ce premier succès,
il donna successivement la Dot de Suzetle, les
Méprises espagnoles, Emma ou la prisonnière (m.
collaboration avec Cherubini), «t enfin, un ouvrage d'un style profondément dramatique,
Beniowski, opéra en trois actes, dont le succès
fut éclatant. Trois mois api ès, le 16 septembre
1800, il donnait à la salle Favart. ce. bijou mé
lodique qui a nom le Calife de Bagdad. Le Calife enthousiasma tout Paris. Le compositeur
avait mis dans cet ouvrage tant de giâce, de
verve, de jeunesse et d'inspiration véritable que
sa vogue se soutint plus de quarante ans.
Ï
Je n'ai pas encore parlé des sonates, de» fantaisies, des variations, des romances de Boïeldieu qui acquirent, surtout sous la Directoire,
la plus grande popularité. Dans les boudoirs
et les salonB des déesses du jours les Merveilleux
ne pariaient que des omances du petit Boïeldieu.
Le c r o i r a t on? AprèJ le triomphe extraordinaire du Calife de Badgad, Boïeldieu voulut
refaire son éducation musicale; il alla demander des conseils et des leçons à Cherubini, et,
pendant deux ans.il fit sous sa direction un vé
ritable travail d'écolier; il eût même le courage de renoncer pendant tout ce temps au
théâtre et aux sucrés qui l'y attendaient. Il se
représenta à la scène, après doux ans et demi
de silence, avec sa charmante partition de Ma
tante Aurore. Ont put coustater, dès ce jour là,
que son talent était entré dans une phase nouvelle, que son style était devenu plus varié,
plus souple, plus ferme, plus châtié.
La gloire était venue ; le nom du jeune rouennais avait fait le tour de l'Europe. C'est alors
qu'un malheur domestique atilnt cet homme
au cœur aimant et plus sensible encore que
celui de ses héros. Croyant fuir sa douleur, il
partit pour la Russie. C'était en 1803. En route,
il apprit sa nomination de maître de chapelle
de l'empereur Alexandre. Les Russes n'épargnèrent rien pour faire oublier à l'illustre artiste la patrie absente. Ce. exil volontaire dura
huit années, pendant le quelles Boïeldieu ôcri
vit pour i e t h é â r e de la cour neuf opéras, dont
trois seulement furent connus plus tard à Paris : Aline, Télémaque, Les Voitures, versées La
jeune femme colère, Bien de trop, Amour elmystère,
Un tour desoubrelte, Abder Khan et la Dame insensible. Il écrivit au.isi des chœurs nouveaux
pour l'Athalie de Racine.
Toutes les attentions qu'avait pour lui la société russe ne purent le retenir à S.tinl Pétersbourg ; au commencement de 1811 il était de
retour à P a n s .
Le public français s'aperçut bientôt que le
style du maître, toujours fiais et d'une suprême
élégance, avait acquis plus de noblesse, plus
d'élévation, qu'il était enfin arrivé .à la perfection. Dins l'espace de dix ans, outre trois des
ouvrages qu'il avait écrits en Russie et quelques pièces de circonstance, il donna ces jolis
chefs-d'œuvre que connaissent si bien tous les
amis de la musique f i a ' ç u s e : Jean de Par\s. le
Nouveau Seigneur du village, la tite du village
voisin, lo Petit Chaperon rouge.
L'autorité et l'influence de Boï^dieu gran
dissaient à chaque piècu nouvelle. Bientôt il
devint le chef incontesté du mouvement musical en Franco, et, apiès avoir vaincu Nicolo, le
seul qui osât lutter avec lui, tendu ia main à
lleroid, qu'on devait appeler plus tard le poète
de la musique française, il recueillit la succession do Môhul à l'Institut. C'était en 1819 L e
Chaperon rouge, comme l'a spmtueiieaiant dit
Julea Janin, fut ton discours de réception.
A propos de cet ouvrage, on r^coiiteque Boïeldieu, peu rassuré sur l'effet do la belle romance, le Noble éclat du diadème, qui ouvrait la
pièce, voula.t la supprimer. Le jour de la première représentation, l'ouverture venait de
finit', el l'iilusire compositeur retenait par le
bras Mal-tin, chargé du rôie du comte Roger.
Hôrold élan là, et il suppliait vainement t-on
maître de renoncer a son projet; Martin profita
du colloque et put entrer en scène. A peine la
romance eut elle été chautôo, que les applaudissements éclatèrent de tout part.
Républicain de la. Loire
« A sept heures du soir nous étions à table
avec E.-tber.
t T e dire, Ambroise, que cette fille charmante était aussi coquette que Ja veilla, ce serait te tromper on m e tromper moi-même.
LA
« Elle l'était davantage, mais d'une autre manier-.
« Plus belle d'abord, car elle avait eu le
temps d « sa piéparer et ne s'ôta;tpas laissé sur(rendre comme la veille. D s pendants d'oreiles ornés de diamants, un magnifique collier
RÉCITS U U VIEILLE
VUMÏ
de perles da Golconde, des bracelets d'un prix
inestimable ornant les plus beaux bras du
monde, des épaules blanches et rondes, une
(Suite)
taille svolta aujourd'hui et mince comme un
tronc de peuplier, mais qui sera majestueuse
« Van Khuyten a répondu :
un jour, des yeux riants, pleins de joie, d'amit — Quand mas amis les deux frères de W i t t
tio, da grâces, de sourire*, une beauté que je
furent massacrés par la populace et quo celui
n'avais pas assez vue d'abord, mais qui trou
q<ù h s faisait massacrer (celui là même que
b'arait l'âme d'un saint; ^oilà Esther van
vous venez do voir) fut nommé stathouder et
Khuyten telle que je l'ai vue hier soir pendant
général en chef des troupes hollandaises con
qu'elle sounait avec «on père et moi.
" a Louis X I V , ja l'ai maudit, lui, mais j ' a i
<'ounô dai-x millions aux Etats Généraux pour
« Le vieux van Khuyten, ébloui lui même,
soutenir la g u e r r e . . .
n'a pas pu s'empêchar d'en faire la remar« — La patrie avant tout, n'est-ce pas, van
que.
« — Gomme tu es belle, ce soir, a-t il dit.
« — Oui, la patrie avant tout !
« — C'est pour tairo honneur à notre hôte.
« — E'à bien, van Khuyten, croyez vous que
« Et, ma f o i ! je crois qu'elle disait vrai, la
j • n« connaisse pas mon devoir? Groy< z vous
coquette, et qu'elle avait tuvie de ma tourner
qu". R chard G'èvecœur ne sache pas ca qu'il
la tête...
• ioi» ?\ i-on pays ?
« N e crois pas pourtant que j'aie un seul
« Van Khuyten, le bon Hollandais, m'a serré
instant oublié ma chère Antoinetta... Mais enbuis sa» bras :
fin, Ambroise, tu le sais ou tu l'as entendu
« — Gièvecœur, ce que vous dites là, je l'adire, on n'est pas maître de ses impressions,
et la beauté a ses droits dans tout l'univ<m pmioé d'abord; mais ja vois tant de « e n vers.
?i'."hommes protestants da votre paya dansl'andu prince d'Orange que j'ai c r u . . .
« Après quelques instants la conversation est
î' >r lonnez moi. Ja ne vous en parlerai plus
devenue générale, et Van Khuyten a raconté
moi seulement une heure, no're entrevue avec le prince d'Orance. Esther
-l • veux voir la prince et conclure l'emprunt.
l'écoutait avec h plus profonda attention, tout
a soir, nous souperons à Rotterdam avec ma
en ma souriant de manière à charmer l'âme la
fi 'a, Vous, pendant ce temps, promenez vous
pius dura.
- ns la villa.
« — Enfin, a t-elle dit, M. Richard Crèvecœur
« Deux heures plus lard l'emprunt était
refuse d'entrer au service da Hollande ?
cunc-u et nous étions sur ia route de Rottert J'ai répondu gravement :
dam.
t — Je refuse ! Je garderai un éternel souFEUILLETON D U
~
139
-
CROIX DES PBÊCHES
Î
Khuyten ?
ti-'hambra
; niais... Attendez
Boïeldieu devait encore se surpasser. Le 12
décembre 1825, la Dame blanche, qui durera
aussi longtemps qu'il y aura un théâtre au
monde, fit son apparition. Son auteur ne voulait pas s'en dessaisir. On parla d'elle longtemps
avant de la connaître, comme on devait parler
plus tard &e l'Africaine. Dix mois avant la première représentation, Boïeldieu, écrivait à
Guilbert de Pixérêcourt, alors directeur de
rÛoéra-Comique, une. lettre dans laquelle j e
remarque ce passage : « Scribe me tourmente
autant que vous et jure que jamais poème n'a
dormi quatre ans pour lui ; il appelle le nôtre
Epimènide, et m'en demande plus de nouvelles
que je n'en puis donner. Pourtant rassurezvous, l'an prochain, la Dame d'Avenel marchera
mystérieusement sur vos planches. Puisse-ton
trouver qu'on ne l'a pas trop attendue !... »
Cette Dame d'Avenel, qui devait s'appeler la
Dame blanche, provoqua dans le public un en' thousiasme impossible à décrire. — La représentation de la Dame blanche, a dit M. Arthur
Pougin, fut, à la lettre, un grand événement
et prit les proportions d'un grand fait national.
Boïeldieu le constatait lui même, avec bonhommie, dans une lettre à un de ses amis de
Rouen : ... En voyant pleuvoir sur moi cette
grêle d'applaudissements, je me disais : Us vont
Mte bien contents à Rouen. I l est de fait que j e
n'ai
vu, pour moi ni pour personne,
dépuis que j e suis dans cette carrière, un succès qui fasse autant de froufrou. Je ne sais à
quoi cela tient — charmante naïveté — mais il
est au-delà de toutes m e s espérances. Grands
personnages, artistes de toutes les écoles, bourgeois, tout concourt à me faire manger des confitures... Flnfln, vous le dirai j e ? mon succès
paraît être un succès national, qui fera, à ce
que tout le monde me dit, époque dans l'hisfoire de la musique. Il est da fait que la musique étrangère avait tput envahi, et que le
public était persuadé que l'on ne pouvait que
se traîner à la remorque de Rossini. La tâche
n'était pas facile de la faire revenir de ce préjugé, que la musique qu'on faisait depuis quel
ques années ne faisait qu'accroître... J'ai Ja
gloire de l'avoir vaincu, et les artistes français
m'adressent continuellement des remercie
mentB ; mais, j e crains que le zèle mal exprimé
ou exprimé avec passion, ne vienne troubler
l'harmonie. Les rossinistes paraissent furieux ..
Ce qu'il y a de drôle dans tout ceci, c'est que,
pendant qu'on se querelle pour bous, nous
sommes a merveille ensemble, Rossini et moi.
Nous logeons dans la même maison, et il est
venu, avant hier, m'embrasser avec effusion,
rien que sur ce qu'on lui a dit de ma Dame
blanche. »
A Paris, la Dame blanche obtint près de trois
cents représentation* consécutives. Le 16 décambre 1862, — quatre-vingt-septième anniversaire de la naissance du g r a n d artiste, — l'Opéra Comique donna, avec un éclat inusité, la
millième représentation du chef d'oeuvre, fait
sans e x e m p l e dans les annales da l'art français.
A l'heure actuelle, la Dame blanche a été jouée
à peu près quatorze cents fois sur le théâtre où
elle a vu le jour.
Les Rouennais, au moment où Boïaldieu se
rendit dans sa ville natale pour y diriger luimême l'exécution de son chef d'oeuvre, ouvrirent une souscription pour faire frapper une
médaille en son honneur.
L e dernier ouvrage de Boïeldieu, les Deux
nuits, date de 1829. Il a des qualités supérieures, mais la médiocrité du livret l'a fait accueillir avec froideur du public. Boïeldieu, a
dit un d e ses biographes les plus consciencieux, M . A r t h u r Pougin, était demeuré digne
da lui même, et les Deux nuits, malgré leur
insuccès relatif, resteront l'une des plu» belles
manifestations, et des plus brillantes, de son
génie souple et élégant. Il Je sentait si bien
qu'il dédia sa partition â sa ville natale.
Roïeldiau aurait probablement donné quelq u e autre chef-d'œuvre à la France, mais une
maladie du larinx, devenue chronique, mit
bientôt ses jours en danger, et, malgré les e f
de la science, malgré un séjour prolongé
dans le Midi, il succombait, le 8 octobre 1834,
dans sa cinquante huitième année.
Banquiers, négociants,
Fabricants,
Flntreprenburs de transports,
Hôteliers, restaurateurs, cabaretiors,
A'imentation (boulangers, bouchers,
etc., etc.),
Habillement (tailleurs, bottiers, etc.),
Autres marchands et boutiquier,
Construction (charpentiers, serruriers),
lu'! rimeurs, graveurs, relieurs,
A'..u;s profassions,
Les opéras de Boïeldi«n ont été représentas
sur tontes les scènes de l'Europe, et sa musique militair- , dont je n'ai rien dit, a obtenu,
surtout on Russie, le p!us grand succès.
Dans la domaine d e l'opéra comique, Boïeldieu restera un maître incontesté. On peut
dire qu'il a renouv-lé le langage musical
et qu'il l'a porté à son plus haut point de per-
Total des faillites,
5.508
Tribunaux de paix — L e nombre des billets
d'avertissement délivrés par les juges de paix
pour appeler les parties en conciliation at dehors da l'audience, a continué à décroître.
A-rà? avoir é>è de 2,765 670 en 1871 an de
1,363,247 en 1872, ii n'a plus été, en 1873, que
d 2,251,317.
a
j'maiB
:
fo'ls
1
fection. On fera peut être aussi bien, on ne fera
pas mieux que lui. On peut le considérer
comme le véritable chef de l'école française,
non-seulement parce qu'il a renouvelé et perfectionné le langage musical, mais encore
parce qu'il l'a varié et assoupli à l'aide d'un
orchestre élégant, fourni, fleuri, enfin, parce
que, en B'emparant des richesses instrumentales importées par Rossini, il a donné plus de
solidité à lalangueque d'autres parlaient avant
lui.
Boïeldieu a laissé un fils qui est lui-même
un compositeur plein de distinction et d'originalité.
Je finis. L'illustre auteur de la Dame blanche
est un de ces nobles esprits qui font rayonner
au loin le nom toujours respecté de la France
et lui assurent une suprématie intellectuelle
qu'aucune nation na peut lui disputer; la
France ne doit pas l'oublier, et ne l'oubliera
pas.
Cette lecture, fort bien faite par M. Simon, a
été accueillie par des applaudissements.
CHRONIQUE LOCALE E T HÉGIQKALI
Scrutin sur la proposition de M. Paris et
plusieurs de ses collègues, tendant à 1 annulation du vote du 15 décembre sur l'élection des
sénateurs :
Votant»,
655
Pour,
321
Contre,
334
Ont voté pour : M M . Boullier, Callet, Jullien, de Meaux, da Montgolfier, de Sugny,
Ont voté contre : MM. Arbel, Chavassieu,
Cherpin, Cunit, Reymond.
Tous le3 députés de la Haute Loire, sauf l e
général de Chabron qui a voté contre, ont voté
pour l'amendement Paris.
Voici la suite du rapport do M. le garde de»
sceaux sur l'administration de la justice, dont
nous avons commencé l'analyse dans notre
numéro d'hier :
Juridiction commerciale. — La dimisution qui
a été signalée plus haut dans le nombre des
procès
s'est manifestée d'une manière
encore plus notable dans celui des affaires
commerciale». I l en a été inscrit, aux rôles des
tribunaux consulaires et des tribunaux civils
jugeant commercialement, près de 10,000 da
moins en 1873 qu'en 1872 (224,542 au lieu de
234,523). Le département de la Seine entre pour
lesdeux cinquièmes dans cette réduction.
Aux 224.542 causes nouvelles sont venues
se joindre 18,178 affaires léguées par l'année
1872 et 5.960 q m ont été réinscrites en 1873.
De cas 248 680 procès dont les tribunaux ont
eu à connaîtra, 232,040 ont été terminés. I l
n'en est resté à juger que 16,640; c'est à peine
6 sur 100.
Les mêmes tribunaux ont, en outre, prononcé 23.475 jugements sur requêtes ou sur
rapport, dont les trois quarts (17,393) en matière de faillite.
Sociétés commerciales. — I l a été déposé en
1873, aux greffes des tribunaux, 4,077 actes da
constitution do sociétés commerciales, dont
3,422 en nom collectif, 374 en commandita, 220
anonymes et 61 à capital variable. En 1872, Je
nombre total des sociétés constituées avait été
de 4,572.
Qaant aux dissolutions, il y en a eu 2,243 en
1872 et 2 381 en 1873.
Faillites. — Pendant l'année 1873, il a été o u vert 5,508 faillites, ou 202 da plus qu'en 1872.
Pour la première fois la statistique a relevé le
genre de commerce exercé par le débiteur d é claré en faillite, et voici le résultat de ses indications :
civilB
634
598
59
1.098
852
748
669
365
88
388
venir des marques d'amitié que vous m ' a v n
des amis sont des amis. Richard, ja veux pardonnées, mademoiselle, vous et votre père,
tir avec v o u s . . .
mais...
;
• — Vous savez quel danger...
t — Vous refusez? a t e l l e répété en frappant
« — Richard, nous sommes en paix avec la
du pied avec impatience.
I France. J e puis donc voyager en toute sûreté
« J'ai fait signe que je refusais. Je tremblais
dans votre pays. Qui fait si je n'aurai pas l'ocde l'offenser ; mais j'ai été bien étonné quand
casion de vous rendre service ?
«
elle m'a tendu la main, que j'ai baisée respeci — Mais allez-vous laisser ici votre fille?
tueusement, et s'ent ecnéa :
« — Oh ! moi ! a dit Esther, je suivrai partout
« — Mon père, Richard a raison. Un homme
mon père.
tel que lui, lossqu'il a quitté sa patrie, ne doit
« Aprèa avoir vainement essayé de les en
entrer au service de personne. Vous avez bien
détourner, j'ai accepté leur off a.
fait de proposer ; il a bien fait de refuser. Je
« Voilà pourquoi, mon cher Ambroise, nous
l ' e n . . . estime davantage.
irons te rejoindre tous les trois vers le c o m « Sur ma parole, j'ai cru entendre un autre
mencement de la semaine prochains, rue
mot q u e : « estime... • Ja serais un fat si j ' o Saint Honoré, à Paris, à l'auberge du Fauconsais dire quel est ce mot. Mais il était dans ses
Blanc.
yeux, sinon sur ses lèvres.
j
« C'est là que nous verrons ce qu'on peut
« Vau Khuyten se taisait et paraissait réflé - ; faire pour délivrer Marianne et Antoinette. »
chir.
|
t Après un court silence il a dit :
j
XXVII
« — R i c h a r d a fait .-on devoir. Je le crois. I
La lettre qu'on vient da lire explique ce qui
T u le dis. Mais, maintenant, que va t i l deves'était passé du côté de Richard Crèvecœur, à
nir ?
Genève et à Rotterdam. Mon histoire à moi,
t — Il va rester avec nous, a répondu Ficher
pendant le même temps, na fut pas moins agiavec impétuosité. Noire maison n'est elle pas
tée, et je n'eus pas comme lui le bonheur de
la sienne? N ê.es vous pas son ami ?
trouver une maison hospitalière.
« J'allais me lever et répondre. Van K h u y Après avoir passé ui e dizaine de jours à
ten m'a prévenu.
courir avec Picorneau et Garoubet au fond du
« — Cartes, a t il dit, Richard est ici chez
Bourbonnais, en taisant toutes les nuits avec
lui; mais s'il a refusé las offres du prince
l'aide du tambour, de la trompette et des
d'Orance, c'est parce qu'il a d'autres procoups de pistolet, un affreux tapaga dans tout
jets...
la pay», ce qui fit croire et dira que plusieurs
« — Demain, ai j e dit, j e retournerai en
centaines de huguenots mensçvant Moulins,
France.
brûlaient les environs et m a s s a c r a n t tous les
« Esther s'est écriés :
prêtres catholiques et tous les officiers du roi,
• — Vous l'aimez donc bien ?
— nous arrivâmes uti soir dans un village ap« —• Ma sœur Marianne I . . .
pelé Saint Germain des Fossé», à une liane de
t — Oui, elle, et M"* Antoinette, votre fianla rivière d'A'lier, si recrus at si ùtigués que
cée?
nous paraissions prêts à rendre lama.
« — Je donnerais cent fois ma vie pour
Moi surtout, ear mes compagnons avaiant
elle*.
été doués par la divine providence da manière
« Esther a poussé un profond soupir, dont
à pouvoir braver les plus terribles et les plus
j e m « suis senti plus ému que j e ne voulais le
longues épreuves.
paraître...
ALFBKD ASSOLLAN».
« — Eh bien, a dit Yan Khuyten, les amis
IA NITRTI
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