rapport

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Caroline Blanc
Sophie Guillot
Marie-Eva Laurencet
Maeva Pellet
Immersion en communauté :
Collaboration avec un service d’urgence
et un service d’obstétrique dans un
hôpital public au Nicaragua.
Mai-Juin 2010
1
Table des matières
Introduction............................................................................................................................................................ 3
Situation géographique et historique du Nicaragua .......................................................................................... 5
Le système de santé au Nicaragua ...................................................................................................................... 6
Les soins gratuits et accessibles à tous .............................................................................................................. 6
Les prestations dispensées par l’assurance maladie .......................................................................................... 7
Formation des médecins ..................................................................................................................................... 9
Hôpital Amistad Japon-Nicaragua ..................................................................................................................... 10
Introduction ....................................................................................................................................................... 10
Organisation de l’hôpital .................................................................................................................................... 11
L’accès à l’hôpital .............................................................................................................................................. 11
Les médecins .................................................................................................................................................... 13
Le service d’urgences ....................................................................................................................................... 14
Notre travail dans le service d’urgences ................................................................................................................... 14
Organisation du service d’urgence ............................................................................................................................ 15
Prise en charge des patients aux urgences ............................................................................................................. 19
Problèmes posés par le manque de place, de matériel et de personnel ............................................................. 20
La relation médecin-malade ....................................................................................................................................... 21
Le service d’obstétrique .................................................................................................................................... 22
Notre travail dans le service d’obstétrique ............................................................................................................... 22
Organisation des salles d’accouchement ................................................................................................................. 22
Suivi d’une femme enceinte ....................................................................................................................................... 29
Contrôle de la natalité au Nicaragua ......................................................................................................................... 29
Le manque d’hygiène ........................................................................................................................................ 31
Recherche de matériel pour l’hôpital ................................................................................................................. 32
Nos impressions sur le manque de matériel à l’hôpital Amistad Japon-Nicaragua ........................................... 33
Conclusion ........................................................................................................................................................... 35
Nos impressions sur ce voyage ......................................................................................................................... 36
Caroline ............................................................................................................................................................. 36
Maeva ............................................................................................................................................................... 38
Marie-Eva .......................................................................................................................................................... 39
Sophie ............................................................................................................................................................... 40
Remerciements .................................................................................................................................................... 43
Annexes................................................................................................................................................................ 44
2
Introduction
Nous sommes parties au Nicaragua avec l’association « Los Andes solidarité », qui
est une association basée à Genève qui aide de façon ponctuelle des structures de
solidarité en Amérique latine. Cette association a, par exemple, installé des
machines permettant d’avoir de l’eau potable dans un foyer au Guatemala. Elle
travaille également avec un foyer accueillant des enfants atteints du VIH en
Colombie pour lequel elle recherche du matériel dont ils ont besoin, comme par
exemple une machine à laver et une camionnette.
Le projet de l’association Los Andes au Nicaragua est de récolter du matériel pour
l’hôpital Amistad Japon-Nicaragua à Granada et de faire un travail de sensibilisation
à l’hygiène dans les populations rurales, afin de diminuer les maladies qui sévissent
dans ces régions et qui pourraient être évitées par l’apprentissage de quelques
gestes simples, tels que le fait de bouillir l’eau pour la décontaminer ou de se laver
correctement les mains. La correspondante de l’association au Nicaragua, Mme
Michaca, a pour rôle principal sur place de tenir informée l’association des besoins
des populations afin de les soutenir et de mettre en place des projets de
développement durable avec eux.
Nous avons choisi de travailler avec cette association sur leur projet au Nicaragua,
car il nous offrait la possibilité de voir deux aspects différents, d’une part comment se
passent les soins dans un hôpital qui dispose de peu de moyens puisque nous
avions la possibilité de travailler à l’hôpital Amistad Japon-Nicargua, et d’autre part
de nous mêler à la population en allant sensibiliser les gens à l’hygiène directement
dans les régions rurales. Notre projet comprenait donc un aspect médical, mais aussi
une dimension communautaire importante. Nous pensions qu’avec ce projet nous
pourrions vraiment être utiles et apporter quelque chose, tant à l’hôpital que dans les
régions plus reculées. Afin d’aider l’hôpital, nous avons également recherché et
envoyé du matériel médical avant notre départ.
Cependant, une fois sur place notre projet a changé et n’a plus correspondu à nos
attentes. En effet, quand nous avons demandé à la correspondante sur place à quel
moment nous irions dans la région d’Ostional comme il était prévu, elle nous a tout
de suite clairement dit que nous n’irions pas, car cette région est trop éloignée pour
que nous puissions y aller. Nous avons rapidement compris que nous pourrions
toujours travailler à l’hôpital mais que la partie de notre projet sur la sensibilisation à
l’hygiène dans les régions reculées était en péril. Nous avons donc cherché un autre
moyen de faire cette sensibilisation en demandant s’il était possible d’aller la faire
dans les écoles. Cela n’a pas abouti, les contacts que nous avons essayé de faire
sur place et avec lesquels nous avons essayé de mettre en place ce projet n’ont pas
donné suite à notre proposition. Nous avons également essayé de prendre contact
avec Casa Alianza au Nicaragua, suite à une proposition d’une personne travaillant à
3
Casa Alianza à Genève. Avec cette association, nous aurions pu voir comment se
faisait la prise en charges d’enfants vivant dans la rue, mais nous n’avons reçu
aucune réponse malgré les nombreux e-mails envoyés.
Notre immersion en communauté a donc finalement consisté en un stage dans
l’hôpital Amistad Japon-Nicaragua de Granada. Le fait que tout ce que nous avions
prévu n’ait pas abouti nous a beaucoup déçues, cependant notre travail durant cinq
semaines à l’hôpital a été très enrichissant et nous a beaucoup apporté. Cet hôpital
étant un hôpital public et accessible à tous, même aux personnes les plus pauvres,
nous avons eu contact avec des personnes faisant partie des populations les plus
démunies. Notre travail dans cet hôpital a donc comporté un aspect communautaire
important, cette expérience nous a beaucoup enrichies sur le plan social et humain.
Un des critères qui nous a également encouragées à choisir le Nicaragua pour
effectuer notre immersion en communauté a été la langue, l’espagnol, car certaines
d’entre nous ont quelques notions dans cette langue et nous avons pensé que la
communication avec les personnes sur place serait donc facilitée. Cependant, durant
notre stage, nous avons pu remarquer que la barrière de la langue était quand même
importante et posait de nombreuses difficultés à certaines d’entre nous.
Notre exposé sur notre immersion en communauté est composé de trois parties
principales : après une brève introduction sur la situation historique et géographique
du Nicaragua, nous détaillerons le fonctionnement du système de santé dans ce
pays, nous parlerons ensuite de l’hôpital Amistad Japon-Nicaragua où nous avons
effectué notre stage et enfin nous expliquerons quelles ont été nos démarches pour
trouver du matériel pour l’hôpital et quels ont été les aboutissements de ce projet.
4
Situation géographique et historique du Nicaragua
Le Nicaragua est un pays d’Amérique centrale. Il est bordé par le Salvador et le
Honduras au nord et par le Costa Rica au sud. Le Nicaragua, cette terre entre deux
eaux, est situé entre la mer des Caraïbes et l’océan pacifique. D’une superficie de
130'000 kilomètres carrés, ce pays est le plus grand pays d’Amérique centrale.
Le Nicaragua regroupe 5,5 millions d’habitants, dont seulement 3,3% sont âgés de
plus de 65 ans, ces chiffres peuvent probablement être expliqués par le fait que
l’espérance de vie atteint seulement 70 ans contre environ 82 ans en Suisse et que
la natalité est très élevée, un des médecins nous a parlé de six enfants en moyenne
par femme. Ce pays est aussi, malheureusement, le deuxième pays le plus pauvre
d’Amérique centrale.
Sa richesse naturelle attire les curieux. En effet le Nicaragua est situé à la frontière
de cinq plaques lithosphériques, ce qui a crée une chaine volcanique active, qui fait
partie de ce que l’on appelle « la ceinture de feu du Pacifique », un alignement de
volcans qui borde presque tout le pourtour de cet océan. Cette situation est
responsable de nombreux séismes dans le pays. D’autre part, deux grands lacs
offrent un attrait touristique important au Nicaragua, le lac de Managua et le lac
Nicaragua. Ce dernier est l’un des plus grands d’Amérique Centrale. Le Lac
Nicaragua, appelé parfois « mer d’eau douce » du fait de sa superficie très
importante, possède une faune exceptionnelle, parmi laquelle on compte encore
aujourd’hui quelques rares requins d’eau douce. Sur ce lac, des centaines de petites
îles sont nées à la suite d’éruptions volcaniques.
La Capitale du Nicaragua est Managua, ville bordée par le lac du même nom. Etant
située sur une faille sismique, cette ville est régulièrement dévastée par des
tremblements de terre, dont le dernier date du 23 décembre 1972. Ce fut d’ailleurs
une catastrophe, car il a complètement détruit le centre de la ville, faisant des milliers
de morts et donnant lieu à de nombreux pillages.
L’Etat est une république présidée par Daniel Ortega, mais la situation politique est
parfois instable, des manifestations contre le gouvernement ont souvent lieu. La
langue majoritairement parlée est l’espagnol. En effet, le Nicaragua a été colonisé
par les espagnols pendant près de 300 ans. Il est devenu indépendant le 15
septembre 1821. Sur la côte atlantique, les habitants parlent plutôt le créole que
l’espagnol.
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Le système de santé au Nicaragua
Le système de santé au Nicaragua est composé de deux parties bien distinctes, une
partie du système est subventionnée par l’état et de ce fait la majorité des soins de
base sont donc gratuits et accessibles à tous et une autre partie du système est
financée par les assurances maladie, certains soins et certaines prestations sont
donc réservés aux personnes ayant contracté une assurance.
Dans l’hôpital public de Granada où nous travaillions, les soins sont gratuits comme
dans tous les hôpitaux publics au Nicaragua. Mais il y a également des chambres
réservées aux patients ayant une assurance.
Avant de détailler de manière plus approfondie le fonctionnement du système de
santé, nous avons pensé qu’il serait intéressant de citer quelques chiffres : il y a
2045 médecins au Nicaragua, ce qui fait quatre médecins pour 10'000 habitants (à
titre de comparaison, en Suisse, nous avons quatre médecins pour 1000 habitants)
et 7,8% du PIB sont consacrés aux dépenses de santé.
Les soins gratuits et accessibles à tous
Chaque hôpital public reçoit une somme fixe régulièrement de la part de l’Etat. Le fait
de recevoir toujours la même somme pose beaucoup de problèmes, car cette
subvention ne tient pas compte de l’évolution des besoins et ne permet donc pas à
l’hôpital d’acquérir du nouveau matériel ou d’améliorer ses conditions.
Le gouvernement a décidé de faire du grand hôpital public de Managua un centre
hospitalier moderne et doté de technologies plus avancées que dans les autres
hôpitaux du pays. Une majorité de l’argent est donc consacrée à cet hôpital et les
hôpitaux publics du reste du pays, eux, disposent de peu de moyens. La différence
de moyens entre cet hôpital de la capitale et les autres hôpitaux est vraiment
marquée. L’hôpital Amistad Japon-Nicaragua où nous étions ne dispose, par
exemple, d’aucune technique d’imagerie en dehors de la radiographie à rayons X.
Les gens qui arrivent dans cet hôpital et qui ont besoin d’une IRM doivent donc être
directement envoyés à Managua, mais cela est rarement possible, car ces
personnes n’ont pas toujours les moyens d’y aller ou ne sont pas toujours
transportables.
En ce qui concerne les médicaments, il y a une liste de médicament de base qui sont
gratuits, mais d’après les médecins que nous avons rencontrés, la plupart des
médicaments de cette liste sont obsolètes et ne permettent pas de soigner
correctement les patients. Le Salbutamol, par exemple, destiné à traiter certains
problèmes respiratoires, provoque des effets indésirables sur le cœur, il entraîne une
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tachycardie ce qui peut s’avérer très grave chez des personnes souffrant de
problèmes cardiaque. Malheureusement, les médecins ne savent pas quoi faire pour
les patients ayant ce problème, car les autres traitements, qui seraient plus
appropriés, ne font pas partie de la liste de médicaments gratuits, ils coûtent cher et
les patients ne peuvent pas les payer.
Les antibiotiques présents sur cette liste sont eux aussi considérés par les médecins
comme obsolètes et inutiles pour traiter une infection. Les antibiotiques efficaces se
trouvent malheureusement en dehors de la liste et par conséquent les patients
doivent les payer eux-mêmes, mais beaucoup ne peuvent pas.
De plus, les médecins nous ont expliqué, qu’à l’hôpital, ils ne disposent pas de tous
les médicaments présents sur cette liste.
Au cours de notre stage, nous avons constaté que le fait de ne pas pouvoir soigner
les patients avec les médicaments appropriés engendre une frustration importante
chez les médecins et un sentiment d’impuissance. Certains aimeraient pouvoir aider
les patients à payer leurs médicaments, mais ils savent qu’ils ne peuvent pas et que
ce n’est pas à eux de faire cela. Ils se sentent frustrés de ne pas pouvoir aider les
patients à cause de ce manque de moyens. Nous avons rencontré un interne,
Eduardo, qui nous a beaucoup parlé de ce sentiment d’impuissance. Selon lui, les
médecins doivent s’endurcir pour « résister » à cette frustration, à cette pression à
laquelle ils ne peuvent de toute façon rien faire.
Les prestations dispensées par l’assurance maladie
Cette assurance coûte entre 20 et 30 dollars par mois, peu de gens s’assurent d’euxmêmes car pour les salaires du Nicaragua ce prix est très élevé. 6,3% de la
population est assurée. La plupart des gens assurés sont des personnes travaillant
dans des grandes entreprises, car dans ce cas c’est l’entreprise qui paye une
assurance pour ses employés. Nous avons d’ailleurs eu l’exemple d’une dame
travaillant chez Claro, une compagnie téléphonique, qui était assurée grâce à son
employeur. Les employés de l’Etat sont également assurés et, dans ce cas, le prix de
l’assurance est déduit de leur salaire. Pour les enfants, l’assurance des parents les
couvre jusqu’à 12 ans seulement.
Les assurés, lorsqu’ils contractent leur assurance, ne seront assurés que dans un
endroit, par exemple, une personne étant assurée dans la ville de Granada, ne
pourra aller à l’hôpital en tant qu’assuré que dans cette ville, dans une autre ville, elle
ne sera pas considérée comme assurée. Dans les hôpitaux publics, une petite partie
de l’hôpital est réservée aux assurés.
En parlant avec certains assurés, nous nous sommes rendu compte que l’assurance
n’offre pas beaucoup de prestations. Les personnes assurées sont censées être
prises en charge plus vite, mais ce n’est généralement pas le cas. Les chambres
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dont elles disposent à l’hôpital public sont un peu plus propres et sont pour trois
personnes au lieu de six, elles peuvent recevoir des visites plus souvent et se
sentent plus pris en considération par les médecins que les personnes qui ne sont
pas assurées. L’assurance offre quelques autres avantages, comme par exemple le
lait de substitution pour les mères qui ne veulent pas allaiter (l’allaitement est
d’ailleurs un problème, car beaucoup de femmes ne veulent pas allaiter).
Pour illustrer le dysfonctionnement de l’assurance et de ses prestations, nous allons
expliquer le cas d’une patiente assurée que nous avons rencontrée et qui a eu la
toxoplasmose pendant sa grossesse. Tout d’abord, il faut savoir que même si on est
assuré, on n'a pas la possibilité de choisir le médecin qui va nous traiter. Cette
patiente voulait se faire traiter par un docteur en particulier, elle a donc dû payer pour
se faire soigner par lui et a préféré ne pas utiliser son assurance. Lorsqu’il lui a
détecté sa toxoplasmose, il lui a conseillé d’aller faire ses échographies dans un
hôpital privé, car les appareils de l’hôpital public ne fonctionnent pas. Elle est donc
allée à Managua toutes les deux semaines, dans l’hôpital privé, afin de faire ses
échographies, chacune d’entre elles lui ont couté 50 dollars et bien évidemment ceci
n’était pas remboursé par l’assurance. Des médicaments pour traiter la
toxoplasmose se trouvent sur la liste des médicaments remboursés par l’assurance,
mais le gynécologue lui a conseillé de ne pas les utiliser, car ils ne sont pas assez
efficaces. Elle a donc choisi de payer 400 dollars pour avoir un meilleur traitement.
Cette patiente voulait que ce soit le médecin qui l’avait suivie pendant toute sa
grossesse qui lui fasse sa césarienne, car elle se sentait en confiance avec lui.
Malheureusement il n’était pas de garde le week-end où cela devait se faire, elle a
donc décidé de le payer pour qu’il pratique l’intervention sur son jour de congé. Si
elle s’était fait opérer par le médecin de garde ce jour-là, son intervention aurait été
gratuite. Sa grossesse ayant été difficile et l’ayant beaucoup inquiétée, elle a choisi
de payer pour avoir le médecin en qui elle avait confiance. Cette patiente avait la
chance d’avoir de la famille vivant aux Etats-Unis qui a pu l’aider à payer tous les
frais de sa grossesse compliquée, mais la majorité des femmes n’ont pas cette
chance. Beaucoup de problèmes arrivant au cours de la grossesse pourraient être
évités si les patientes avaient un suivi correct et des traitements adéquats, mais la
majorité n’en a pas les moyens et même l’assurance ne permet pas d’avoir ces
traitements. Cette patiente nous a également avoué que même si grâce au travail de
son mari son enfant est assuré et peut aller en tant que patient privé à l’hôpital public
de Granada, elle préfère payer un pédiatre privé tellement l’hygiène dans cet hôpital
est mauvaise. D’après cette patiente, il est préférable de ne pas payer d’assurance
mais de payer directement des soins dans des hôpitaux privés, elle considère que
l’assurance est vraiment inutile.
Le cas de cette patiente n’est pas isolé, puisqu’au Nicaragua 31% des consultations
sont faites par des médecins privés qui reçoivent leur argent directement des
patients.
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Formation des médecins
Etant donné que nous sommes étudiantes en médecine, le sujet de la formation des
médecins au Nicaragua nous a intéressées et nous en avons beaucoup discuté avec
les médecins de l’hôpital où nous avons travaillé. Nous avons donc décidé de
consacrer un chapitre de notre travail à ce sujet qui nous paraît être un aspect
intéressant du fonctionnement du système de santé.
La formation des médecins se fait à deux vitesses. Il y a les universités privées, la
meilleure étant l’université américaine. Ces universités donnent une très bonne
formation et disposent de beaucoup de moyens, mais elles sont bien évidemment
payantes. La formation dure six ans à l’université et ensuite les étudiants doivent
encore faire deux ans de service social. Il y a également des universités publiques,
mais la formation dure plus longtemps, car elle est souvent interrompue par des
grèves et des changements politiques. La qualité de l’enseignement dispensé est
donc moins bonne, mais le prix est beaucoup moins élevé, donc abordable pour un
plus grand nombre de personnes.
La formation des médecins au Nicaragua est donc relativement comparable à la
nôtre, puisque la durée des études est également de six ans. Ils commencent
seulement un peu plus tôt que nous à aller à l’hôpital, car ils font leurs premiers
gestes techniques directement sur les patients. En troisième année ils vont deux
heures par semaine à l’hôpital pour faire de la sémiologie. En quatrième année, ils
vont tous les matins à l’hôpital et l’après-midi ils suivent des cours théoriques. En
sixième année ils sont tout le temps à l’hôpital et peuvent commencer à faire les
mêmes horaires que les médecins.
Lorsque les médecins ont terminé leur formation, ils doivent faire deux ans de service
social dans des populations plus reculées. Cette obligation est valable pour les
médecins formés dans les universités publiques et privées. Les étudiantes infirmières
doivent également effectuer ce service social, mais seulement pendant un an. Ces
jeunes médecins et infirmiers se retrouvent, durant ce laps de temps, responsables
d’un centre de santé. Selon certains médecins que nous avons rencontré, ce service
social est inutile à leur formation, car ils travaillent dans des centres de santé où il n’y
a aucun moyen ni aucun matériel. Ils n’ont, par exemple, même pas la possibilité de
faire une suture, ils ne peuvent que mettre une compresse et rediriger les gens vers
l’hôpital.
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Hôpital Amistad Japon-Nicaragua
Introduction
L’hôpital a été construit en 1998 par les Japonais qui l’ont offert au Nicaragua. Ils ont
tout offert du début à la fin, les bâtiments et le matériel de base. Le Japon a une
association qui effectue diverses actions de développement au Nicaragua et un de
leur projet a été de créer cet hôpital, ils offrent également d’autres choses au
Nicaragua comme par exemple des véhicules de transport.
Cet hôpital est situé en périphérie de Granada, sur la route qui va vers Managua.
Sur cette photo, vous pouvez voir le bâtiment principal de l’hôpital.
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Organisation de l’hôpital
Dans cette partie, nous présentons brièvement les différents services de l’hôpital,
mais par la suite nous parlerons plus spécifiquement des services d’urgences et
d’obstétrique qui sont ceux dans lesquels nous avons travaillé.
L’hôpital est composé de nombreux services, tels que : les urgences, la radiologie, la
gynécologie-obstétrique, la maternité, la néonatalogie, la médecine de premier
recours, la médecine interne, la pédiatrie, la chirurgie, les soins intensifs.
Il y a des lieux spéciaux pour les mises en quarantaine, notamment pour les patients
tuberculeux et ceux atteints du VIH.
Il y a également une pharmacie, une chapelle et un laboratoire.
Le fonctionnement de la pharmacie est un peu particulier, nous trouvons donc
intéressant de vous l’expliquer ici en quelques mots. Lorsque le médecin fait une
ordonnance à un patient, celui-ci l’amène à un infirmier. L’infirmier donne le
médicament au patient, en général il l’administre par injection. L’infirmier garde
toutes les ordonnances et va ensuite les échanger à la pharmacie contre de
nouveaux médicaments, c’est ainsi qu’il refait son stock de médicaments.
L’accès à l’hôpital
Le Nicaragua est un pays encore très rural, un nombre très important de personnes
habitent loin des villes, dans des régions reculées et difficiles d’accès. La majorité
des routes du pays ne sont pas recouvertes de bitume, elles sont faites de terre et
sont parfois difficilement praticables. De plus, beaucoup de gens sont très pauvres et
de ce fait ne peuvent pas s’acheter de voiture, ils n’ont donc aucun moyen de venir
se faire soigner à l’hôpital. L’hôpital a donc mis en place des brigades mobiles qui
vont une fois par mois dans les régions rurales. Cela permet d’apporter des soins
aux personnes qui ne peuvent pas y venir.
L’hôpital dispose également d’une ambulance. Dans les cas graves, l’ambulance
peut aller chercher les personnes vivant dans des régions reculées, mais le problème
est que lors du transport seul le chauffeur est présent et il n’a aucune formation
médicale. Il arrive donc souvent que des personnes décèdent lors du transport alors
que cela pourrait être évité. Nous avons eu l’exemple d’un homme qui est parti vivant
de chez lui, il avait beaucoup bu la veille au soir et était presque en coma éthylique. Il
a vomi durant le transport et s’est étouffé, il est arrivé mort à l’hôpital, les médecins
ne pouvaient plus rien faire. Cette mort aurait pu être évitée si quelqu’un avait été là
pour le surveiller. Cette situation frustre énormément les médecins.
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Voici quelques photos de l’ambulance, vue de l’extérieur et vue de l’intérieur.
12
Les médecins
Les médecins travaillent environ 350 heures par mois dans l’hôpital. Ils touchent un
salaire fixe pour ce travail, peu importe le nombre de gestes qu’ils ont effectué ou le
nombre de patients qu’ils ont vu. Aux urgences, un médecin fait une garde de 32
heures tous les quatre jours et le reste du temps il travaille de 7h à 15h. Dans le
reste de l’hôpital, un médecin fait des gardes de 24 heures tous les quatre jours ou
32 heures tous les six jours.
Un médecin travaillant dans un hôpital public gagne en moyenne 350 dollars par
mois. A titre de comparaison, le salaire minimum d’un employé d’une grande
entreprise est de 150 dollars par mois.
Les médecins travaillent avec peu de matériel, ils ont peu d’outils diagnostics. Le
diagnostic est fait principalement à l’aide de l’examen physique et quelques tests de
laboratoire. En ce qui concerne l’imagerie, ils n’ont à disposition que la radiologie.
Nous avons constaté que les médecins sont souvent frustrés et énervés de cette
situation, car ils connaissent les technologies qui permettraient d’aider et de sauver
les patients, mais ils n’y ont pas accès. Une situation concrète nous a permis de
constater cette frustration : un jour un homme faisant un infarctus est arrivé aux
urgences. Il a été ventilé, mais il n’y avait pas les médicaments et les instruments
nécessaires pour le sauver. Cet homme est donc décédé. C’est l’une d’entre nous
qui a ventilé ce patient, sa mort a donc été difficile pour elle. Pour cette raison, le
médecin a essayé de légitimer ce qu’elle ressentait et de la réconforter en lui
expliquant que partout ailleurs la mortalité due à un infarctus est de 80%, mais qu’au
Nicaragua elle est de 99%. Il a écrit ceci sur un papier, car ce médecin avait de la
peine à montrer directement ses émotions (cf. annexe). La réaction du médecin et la
façon dont il a écrit ce mot nous a montré à quel point cette situation l’a touchée et
combien il se sentait démuni face à ce problème.
Nous avons eu l’impression que, pour certains médecins, cette frustration entraîne
chez eux une démoralisation importante et une démotivation à essayer de sauver les
patients, car ils savent qu’ils manquent de toute façon de moyens pour le faire.
Nous avons été témoins à plusieurs reprises de ce sentiment d’impuissance ressenti
par les médecins, nous l’avons nous-même vécu, notamment lors de la ventilation du
patient dont nous avons parlé juste avant. A cause de cela, l’ambiance dans laquelle
les médecins et les infirmiers travaillent est souvent pesante et pas très motivante.
Soigner des patients dans ces conditions n’est pas toujours facile.
Ceci, plus le fait que les salaires n’arrivent pas de façon régulière, amène certains
médecins à vouloir exercer dans un autre pays muni de plus de moyens et de plus
de technologies.
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Cependant, d’autres médecins, surtout des jeunes, ne se laissent pas abattre et se
montrent inventifs face à ce manque de matériel. Par exemple, nous avons vu à
plusieurs reprises qu’ils utilisaient les doigts des gants stériles pour faire des drains.
Le service d’urgences
Notre travail dans le service d’urgences
Le service d’urgences est le premier service où nous avons travaillé. Les deux
premières semaines nous avons travaillé uniquement dans ce service. Nous
travaillions du lundi au vendredi de 7h à 16h.
Le médecin qui nous a supervisées lors de notre travail dans ce service, le Dr.
Blandino est un interne de première année. Nous avons également sympathisé avec
les autres médecins du service et les infirmiers. Dans l’ensemble, ils nous ont tous
bien acceptés, tous nous ont laissé assister aux soins qu’ils faisaient et nous ont
laissé essayer de pratiquer certains gestes.
Nous n’avions pas vraiment de rôle précis dans le service, nous avons beaucoup
observé et nous avons aidé les médecins à effectuer des soins. En général c’est
nous qui prenions les signes vitaux des patients à leur arrivée aux urgences. Nous
avons aussi beaucoup aidé les infirmiers à poser les perfusions et à injecter les
médicaments aux patients.
Nos débuts dans le service ont été un peu difficiles, car il y avait un décalage entre
ce que le médecin qui nous supervisait attendait de nous et ce que nous nous
pensions pouvoir faire. Le Dr.Blandino pense que c’est en pratiquant et en essayant
qu’on apprend, il voulait donc tout de suite que nous fassions des sutures, des
pansements, des poses de sonde urinaire. Il voulait que nous nous lancions dans la
pratique de ses soins sans même un encadrement. Nous lui avons expliqué que
nous n’avions jamais pratiqué ces soins sur des patients et que donc il n’était pas
possible pour nous de se lancer de cette façon. Ethiquement, cela nous posait un
problème, nous n’avions pas envie d’utiliser ces patients comme des « cobayes »
pour notre apprentissage. Nous avons demandé à pouvoir observer les soins avant
de nous lancer à les pratiquer.
Nous avons donc finalement réussi à nous arranger avec le médecin, nous avons
commencé par observer les soins, il nous a donné quelques explications et par la
suite nous en avons pratiqué certains, notamment les sutures.
Parfois nous avions l’impression de ne pas être aussi utiles que nous l’espérions.
Nous avions la sensation d’être plus une charge pour les médecins et les infirmiers
14
qu’une aide. Cependant, vers la fin de notre stage, nous avons compris que ça
n’était pas le cas. A plusieurs reprises, les médecins nous ont dit que quand nous
n’étions pas là, il n’y avait personne pour prendre les signes vitaux et que notre aide
leur manquait.
Nous allons à présent parler plus spécifiquement du service, en détaillant son
organisation, la façon dont les patients y sont pris en charge et quels sont les
problèmes posés par le manque de matériel.
Organisation du service d’urgence
Il y a quatre médecins dans le service des urgences, deux qui s’occupent des cas les
plus graves et deux qui prennent en charge les cas moins graves. Les patients sont
triés à l’accueil des urgences, situé à l'extérieur.
La salle des urgences est divisée en quatre pièces qui communiquent entre elles.
Deux salles sont plutôt réservées aux consultations, il y a une pièce principale où
tous les soins sont prodigués (sutures, examens physiques, pose de sonde nasogastrique, pose de perfusions, pose de sondes urinaires, réanimation, etc.), cette
salle contient trois lits, une chaise et deux petits bureaux pour les médecins et
infirmiers. La dernière pièce est réservée aux urgences pédiatriques. Dans cette
pièce on s’occupe de soigner les enfants, sauf pour les sutures qui ne se font que
dans la pièce principale.
Il y a également une salle d’examen obstétrique qui est reliée aux urgences, car le
dernier examen avant l’accouchement des femmes enceintes est pratiqué aux
urgences par les médecins des urgences et non pas par un gynécologue.
Dans ce service, il y aussi des patients d’autres services de l’hôpital qui viennent
pour recevoir leur injection de médicaments.
Ci-dessous, nous vous mettons des photos du service d’urgences, afin que vous
ayez une idée plus précise de la disposition des lieux.
15
Vous pouvez voir sur cette photo l’accueil des urgences. C’est ici que les patients
sont répartis vers les différents médecins en fonction de la gravité de leur état.
16
Sur les trois photos ci-dessus se trouve la salle principale du service des urgences. Sur la
troisième photo, vous pouvez voir les étagères où le matériel est stocké.
17
Ici vous voyez le bureau des infirmières où une élève-infirmière est en train de travailler.
Sur cette photo se trouve une des salles de consultation qui est reliée à la salle principale
des urgences.
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Sur cette photo se trouve la salle des urgences pédiatriques.
Prise en charge des patients aux urgences
Les patients arrivent à l’accueil réservé aux urgences, là ils sont sélectionnés en
fonction de la gravité de leur problème. Les patients prioritaires sont ceux que la
personne responsable de l’accueil voit très mal en point, les enfants et les femmes
enceintes.
En arrivant aux urgences, la personne de l’accueil décide de l’ordre dans lequel les
patients vont passer et par quel médecin ils vont être examinés. Comme nous
l’avons cité plus haut, il y a toujours deux généralistes, qui s’occupent des cas les
moins graves. Ils soignent les patients, mais si un cas dépasse leurs compétences,
ils le redirigent dans un service plus spécialisé de l’hôpital. Il y a également deux
urgentistes, qui eux s’occupent des femmes enceintes, des traumatisés et des
personnes qui ont un problème grave.
Si un patient qui arrive aux urgences doit potentiellement être hospitalisé, il doit
d’abord passer vingt-quatre heures en observation. Après ce laps de temps, si les
médecins jugent qu’une hospitalisation est nécessaire, il est envoyé dans le service
spécialisé pour son problème. Si par contre le patient se sent mieux, il est renvoyé
chez lui.
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Une petite anecdote que nous avons trouvé intéressant de citer ici, c’est le fait que le
climat influence la venue des gens aux urgences. Au Nicaragua, lorsqu’il pleut, les
gens sortent peu de chez eux et donc, en général, lorsqu’il pleut, il n’y a presque
aucun patient aux urgences.
Problèmes posés par le manque de place, de matériel et de personnel
Comme nous l’avons dit auparavant, le service d’urgences ne possède que trois lits
et quelques chaises, ceci n’est pas du tout suffisant en comparaison au nombre de
patients qui viennent.
Ceci pose de nombreux problèmes, notamment celui du respect de l’intimité du
patient, qui ne peut absolument pas être respectée dans ces conditions. Par
exemple, pour la pose de sonde urinaire, il n’y a pas la possibilité de créer un coin à
l’abri des regards. En général, les médecins ferment quand même la porte des
urgences à clé pour qu’il n’y ait pas un va-et-vient de personnes, mais les sondes
sont quand même posées au milieu de la salle des urgences et de ce fait les autres
patients ainsi que leur famille sont présents lors de ce soin. Cela nous a
particulièrement étonnées, mais nous avons constaté que les patients eux n’avaient
pas l’air dérangés par cela. Nous pensons que cela vient surtout du fait qu’au
Nicaragua la relation entre le médecin et son patient est encore très paternaliste. Le
patient vient pour se faire soigner mais il n’a pas la possibilité d’exprimer son
dérangement face au manque d’intimité. Nous avons l’impression que souvent les
patients voient dans le médecin leur seule possibilité d’aller mieux et donc ils ne se
permettent pas de remettre en question ses actes ni de le déranger dans sa tâche.
Nous avons pris l’exemple de la sonde urinaire, mais ce manque d’intimité est
valable pour tous les autres soins, tels que la palpation d’une hernie inguinale, un
toucher vaginal, des examens abdominaux, des réfections de pansements et des
sutures. Il serait quand même mieux de pouvoir les faire dans un endroit plus intime
pour le respect du patient, mais cela est impossible à cause du manque de place
dans les locaux.
Le manque de place est un véritable problème, mais ce n’est pas le seul, le manque
de matériel en est aussi un. Nous l’avons constaté à diverses reprises et nous allons
illustrer ce problème en exposant divers cas que nous avons vu.
Premièrement, un des problèmes importants est posé par l’inhalateur, qui est
commun aux enfants et aux adultes. Dans la salle des urgences, un coin dans la
pièce des enfants est réservé aux inhalations. Il n’y a pas d’autres endroits dans
l’hôpital pour les faire et ceci pose problème, car non seulement les enfants et les
adultes utilisent le même matériel, ce qui engendre diverses infections, mais en plus
20
des adultes sont présents dans la pièce qui est normalement réservée aux enfants et
cela crée un engorgement des urgences pédiatriques.
Un autre cas, qui illustre parfaitement bien le manque de matériel, nous a beaucoup
marqué. Un vieux monsieur est venu aux urgences avec un cancer de l’estomac. Il
était impossible de le nourrir par la bouche, la tumeur prenait trop de place et la
nourriture ne passait pas. N’ayant pas de sonde spécifique pour pouvoir le nourrir,
les médecins ont dû lui poser une sonde urinaire qui abouchait directement dans
l’iléon depuis l’extérieur et ils faisaient entrer la nourriture par là. Cette sonde n’était
bien évidemment pas du tout adaptée à ce genre de situation et cela a engendré de
nombreux problèmes, notamment des infections.
En plus du manque de matériel, nous avons également pu constater un manque de
personnel. Cela nous a particulièrement frappées au niveau des ambulances où,
comme nous l’avons expliqué plus haut, il n’y a ni médecins, ni infirmiers, seuls les
chauffeurs sont présents.
La relation médecin-malade
Nous avons évoqué dans le chapitre précédent ce que nous avons ressenti de la
nature de la relation entre le médecin et son patient. Ce sujet nous paraît important
et pour cette raison nous avons décidé d’y consacrer un chapitre de notre travail.
Notre présence aux urgences nous a permis de constater de façon directe la relation
paternaliste entre le médecin et son patient, car pas une seule fois un médecin a
demandé l’accord de son patient pour que nous puissions assister aux soins.
D’ailleurs les médecins ne nous présentaient jamais à leurs patients, ils
n’expliquaient pas que nous étions des étudiantes ni pourquoi nous étions là. Nous
avons, par exemple, pu assister et faire des examens gynécologiques sans que la
patiente ait pu donner son accord. Pour les médecins c’était normal que nous
assistions à ce soin et la question de l’accord de la patiente ne se posait pas.
Nous avions l’impression que les patients ne se plaignaient jamais, alors que les
médecins, eux, trouvaient au contraire que les patients se plaignaient beaucoup, et
cela nous a beaucoup frappé. Les médecins nous ont clairement expliqué que pour
eux le patient n’a rien à dire, qu’ils n’ont pas à remettre leur façon de faire en
question, car eux ont les connaissances appropriés alors que les patients ne les ont
pas.
Cette vision de la relation médecin-malade nous a un peu surprises et nous a posé
quelques problèmes au début, mais nous nous y sommes faites car nous avons pris
conscience que nous n’étions pas là pour juger leur façon de faire ou changer les
choses.
21
Le service d’obstétrique
Notre travail dans le service d’obstétrique
Après avoir travaillé deux semaines au service des urgences, le Dr.Blandino nous a
présenté au Dr.Hernandez, un obstétricien. Nous lui avons fait part de notre désir de
voir des accouchements et il nous a tout de suite proposé de venir travailler dans son
service. Durant les trois semaines qui suivirent nous avons donc mis en place un
tournus : deux d’entre nous travaillaient aux urgences et les deux autres travaillaient
en salle d’accouchement, le lendemain nous inversions les rôles. Le Dr.Hernandez a
été très gentil avec nous et nous a appris beaucoup de choses. Les internes du
service et les infirmières nous ont également très bien accueillies.
En général, nous avions pour rôle de surveiller la fréquence et l’intensité des
contractions de la femme qui accouchait, nous surveillions aussi la fréquence
cardiaque du bébé. Nous faisions ensuite part de nos observations à l’interne, qui
remplissait alors une courbe permettant de suivre l’évolution du travail. Nous
prenions également régulièrement les signes vitaux de la patiente. Ensuite, nous
pouvions assister à l’accouchement.
Le Dr.Hernandez nous a également permis d’assister à plusieurs césariennes, nous
avons même pu y participer en assistant le médecin à quelques reprises.
Notre travail dans ce service nous a beaucoup plu.
De la même façon que nous l’avons fait pour le service d’urgences, nous allons à
présent présenter de façon plus détaillée l’organisation du service d’obstétrique et la
prise en charge des femmes qui accouchent.
Organisation des salles d’accouchement
Dans la salle d’accouchement, il y a quatre lits qui permettent donc d’accueillir quatre
femmes en travail. Il y a également un bureau pour les médecins et les infirmiers.
Dans cette salle, il y a un monitor fœtal mais il ne fonctionne plus très bien.
Dans la salle « d’expulsion » (terme utilisé au Nicaragua pour décrire la salle où les
femmes accouchent de leur bébé), il y a quatre chaises gynécologiques. Il y a deux
lits permettant d’accueillir le bébé à sa naissance et ces lits sont dotés d'une lumière
à infrarouge chauffante. Il y a du matériel de petite chirurgie, de réanimation et une
balance pour peser le bébé à sa naissance.
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Dans le service de maternité, nous avons une nouvelle fois constaté un manque
important de matériel. L’exemple le plus frappant est le doppler fœtal, il permet
d’entendre la fréquence des battements cardiaques du bébé, mais l’hôpital n’a pas
l’argent nécessaire pour acheter le papier qui permet d’enregistrer la fréquence
cardiaque du bébé en fonction des contractions.
Nous mettons ci-dessous quelques photos du service de maternité et des salles
d’accouchement.
Sur cette photo, on peut voir la petite salle où les femmes se font examiner avant
d’entrer dans la salle où elles resteront en attendant d’être à 10 cm de dilatation du
col de l’utérus.
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Sur les trois photos ci-dessus se trouve la salle de travail. Les femmes viennent dans
cette salle lorsqu’elles sont à 5 cm de dilatation, elles y restent jusqu’à être à 10 cm
de dilatation, puis ensuite elles passent en salle d’expulsion (photos ci-dessous).
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Sur les cinq photos ci-dessus, vous pouvez voir la salle « d’expulsion », c’est comme
cela que la salle d’accouchement est nommée au Nicaragua.
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Voici la salle d’opération où les obstétriciens font les césariennes.
Sur cette photo, vous pouvez voir les obstétriciens en train de sortir un bébé par
césarienne.
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Suivi d’une femme enceinte
Au Nicaragua, le nombre d’enfants par femme est élevé, car la contraception est peu
utilisée et l’avortement interdit. A l’hôpital nous avons donc pu voir un grand nombre
de femmes enceintes et pour cette raison nous consacrons un chapitre spécial à leur
suivi.
Une femme arrivant aux urgences et qui est diagnostiquée comme étant sur le point
d’accoucher est envoyée au service de maternité dans une section appelée « alto »
(ce qui signifie à haut risque d’accouchement), là elle y reste jusqu’à être à 5
centimètres de dilatation du col de l’utérus. Quand elle arrive à ce stade, elle passe
en salle d’accouchement où elle est surveillée et examinée à de nombreuses
reprises jusqu’à atteindre 10 cm de dilatation. Durant cette période en salle
d’accouchement, les médecins suivent l’évolution du travail au moyen d’une courbe
de Schwartz, qui leur permet de prédire l’heure de l’accouchement. Lors de l’attente
dans la salle d’accouchement, si un problème est détecté, la patiente passe
directement en salle d’opération pour une césarienne. Lorsque la patiente arrive à 10
cm de dilatation, elle passe en salle « d’expulsion ».
Après un accouchement par voie basse, la patiente, désormais maman, reste deux
heures sur un lit dans le couloir situé entre la salle d’accouchement et la salle
d’expulsion, là elle est surveillée. Après ces deux heures, elle retourne au service de
maternité où elle y reste une journée, journée durant laquelle on essaie de la
sensibiliser aux bienfaits de l’allaitement. Durant cette journée, la mère et son bébé
sont régulièrement surveillés.
Le problème de l’allaitement est important au Nicaragua, beaucoup de jeunes
mamans ne veulent pas allaiter. L’allaitement étant très insuffisant, le gouvernement
a mis en place plusieurs programmes de prévention visant à l’encourager. A l’hôpital,
ils incitent beaucoup les jeunes mamans à allaiter. Nous avons vu également
beaucoup de spots publicitaires à la télévision sur ce sujet, ainsi que de nombreuses
affiches dans les rues.
Contrôle de la natalité au Nicaragua
Le Nicaragua, comme tous les pays en développement, a un très fort taux de
natalité. En se référant aux barèmes construits par l’UNESCO, un médecin nous a
expliqué que le taux de natalité est proportionnel à la pauvreté, plus les gens sont
pauvres, plus ils ont d’enfants et plus les femmes ont leurs enfants jeunes.
Durant notre immersion, nous avons pu voir à de nombreuses reprises des jeunes
filles de 16 ans accoucher et des filles de notre âge ayant déjà cinq enfants et cela
nous a beaucoup touchées. Une fois nous avons même vu une jeune fille de 12 ans
arriver enceinte aux urgences, ceci nous a particulièrement choquées. Même si les
médecins ont l’habitude de voir ce genre de situation, cela les choque quand même.
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Nous avons longuement parlé de ce problème de surnatalité avec les médecins et
nous allons expliquer ici ce qu’il en est ressorti.
La contraception peut être obtenue gratuitement dans les centres de santé, mais les
jeunes filles l’utilisent peu. Selon certaines infirmières, ceci est dû au bas niveau
d’éducation et à la peur d’être jugées lorsqu’elles vont chercher la pilule dans ces
centres. Maintenant, des programmes commencent à être mis en place dans les
écoles pour sensibiliser les jeunes à la sexualité, mais jusqu’à très récemment
beaucoup de jeune filles ne savaient même pas ce que cela signifiait d’avoir ses
règles. Nous avons pu observer, à l’hôpital, que le sujet de la contraception est
abordé avec les jeunes filles une fois que celles-ci ont accouché de leur premier
bébé, juste après l’accouchement. La plupart semblaient s’intéresser à ce problème
et posaient des questions.
Durant notre séjour au Nicaragua, nous avons également parlé à de nombreuses
reprises de l’avortement avec différentes personnes car ce sujet nous paraissait
important et nous intéressait tout particulièrement. La majorité des gens à qui nous
avons parlé avaient le même avis, qui est le suivant : même s’ils trouvent que ce
n’est pas normal d’avoir des enfants si tôt, ils pensent qu’une fois que la fille est
tombée enceinte elle doit assumer son bébé. Ils sont donc contre l’avortement
volontaire. Certains pensent que le fait de légaliser l’avortement entraînerait une
augmentation des comportements à risque de la part des jeunes filles et
augmenterait encore le nombre de rapports non protégés. Ils ont peur que l’IVG
devienne une pratique trop courante et une solution de facilité. Cependant, les
médecins souhaiteraient que l’interruption thérapeutique de grossesse puisse être
pratiquée. Avant, elle était pratiquée, mais cela fait cinq ans que la loi a été changée
et maintenant ce n’est plus permis. Cependant, lorsque la vie de la mère est en jeu,
les médecins déclenchant parfois l’accouchement en sachant que le bébé ne va pas
survivre. Ils pratiquent donc en quelque sorte et de façon cachée l’avortement
thérapeutique.
Il y a cependant un marché d’avortements clandestins. Beaucoup de femmes se font
avorter malgré l’interdiction, mais les conditions dans lesquelles cela est pratiqué
sont exécrables. Les personnes qui pratiquent cela n’ont pas de formation médicale
et le font souvent avec un cintre. De plus, en cas de complications, les femmes
essaient d’éviter d’aller à l’hôpital, car alors elles doivent avouer qu’elles ont subi un
avortement et risquent la prison. Les médecins sont obligés de dénoncer les cas
d’avortement clandestins, car sinon ils risquent aussi la prison.
Une autre chose qui nous a particulièrement frappées est le fait que lors de
beaucoup de césariennes pratiquées sur de jeunes mères, les chirurgiens leur
proposent une ligature des trompes afin de les stériliser. Souvent ce sont des mères
entre 20 et 22 ans qui ont déjà trois à cinq enfants et en général elles acceptent.
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Le manque d’hygiène
Une des choses qui nous a particulièrement marqué à l’hôpital Amistad JaponNicaragua est le manque d’hygiène. Nous avons donc décidé de réfléchir à quelles
pourraient en être les causes et d’en parler dans notre travail.
En ce qui concerne l’hygiène, nous pensons que ce ne sont pas les moyens qui
manquent, mais que c’est surtout un problème de négligence ou de manque
d’éducation. Par exemple, les médecins ne se lavent les mains entre deux patients
que s’ils ont eu contact avec un liquide biologique. Aux urgences, les draps sont
changés très peu souvent entre deux patients, on a par exemple pu constater que
lorsqu’un patient meurt, les draps ne sont pas toujours changés pour le prochain
patient. Souvent les déchets tels que papiers d’emballage, gants et compresses sont
jetés par terre et y restent pendant des heures. Quand des liquides biologiques, tels
que le sang, salissent le sol ou les lits ce n’est souvent pas nettoyé pendant
plusieurs heures.
Nous avons également constaté qu’ils utilisent des gants stériles pour toutes les
sortes de soins, même ceux qui n’en nécessitent pas. Par contre, pour des soins qui
nécessitent de garder la stérilité, tels que des sutures ou la pose de sonde urinaire,
ils ne la respectent parfois pas et touchent des objets avec leurs gants sans s’en
rendre compte.
En salle d’opération, la stérilité était mieux respectée qu’aux urgences, mais
certaines choses nous ont quand même choquées, comme par exemple une
infirmière qui s’est lavée les mains au cours d’une opération et qui s’est servie du
champ stérile comme d’une serviette pour s’essuyer les mains. De nombreuses
personnes non-stériles frôlent souvent les champs stériles au cours de l’opération.
Un autre point nous a interpelées, c’est le fait que les familles soient responsables de
l’hygiène du patient. Quand les patients viennent à l’hôpital, les médecins et les
infirmières ne font que les soins médicaux, c’est à la famille de s’occuper de nettoyer
les excréments, de faire leur toilette et de changer les draps. C’est également
souvent la famille qui s’occupe de transférer la personne malade quand il faut la
mettre dans un autre lit ou dans une chaise roulante.
Nous restons relativement perplexes face au problème de l’hygiène, car nous avons
l’impression qu’en général les médecins connaissent la plupart des règles d’hygiène,
puisque certains nous parlaient des règles d’asepsie. Nous ne comprenons donc pas
vraiment pourquoi ils ne les respectent pas. La négligence nous semble être la raison
la plus probable.
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Recherche de matériel pour l’hôpital
Dans ce chapitre, nous allons présenter quelles ont été nos démarches pour trouver
du matériel pour aider l’hôpital et surtout quels problèmes nous avons rencontrés.
Lors que nous avons rencontré Paloma, responsable de l’association « Los Andes,
solidarité » à Genève, elle nous a tout de suite parlé du manque de matériel à
l’hôpital Amistad Japon-Nicaragua. Elle nous a ainsi proposé de rechercher du
matériel.
Nous avons commencé par contacter des responsables du matériel aux HUG pour
demander leur aide afin d’obtenir du matériel qui n'est plus utilisé. Cependant, ils
nous ont expliqué qu’ils ne pouvaient pas nous donner ce matériel, car nous ne
connaissions personne sur place qui pourrait en assurer son bon fonctionnement et
sa bonne utilisation. Par exemple, pour un tensiomètre il est important de le calibrer
assez souvent pour éviter de faire des erreurs diagnostics. Les HUG ne pouvaient
pas prendre la responsabilité de donner du matériel qui pourrait potentiellement avoir
des effets néfastes sur la santé des patients au Nicaragua. En effet, les HUG sont
responsable du matériel qu’ils ont, même s'ils ne l’ont plus en leur possession. Cette
réponse négative nous a un peu découragées sur le moment.
Nous avons donc du trouver une autre alternative. Nous avons envoyé un e-mail à
tous les médecins romands pour leur demander leur aide. Leurs nombreuses
réponses furent plus qu’encourageantes, beaucoup de docteurs nous ont écrit pour
nous féliciter de notre initiative et nous proposer du matériel comme par exemple des
ECG, des autoclaves, du matériel de laboratoire, du matériel de petite chirurgie, des
médicaments, etc. Nous avons ensuite fait le tour des cabinets de tous les médecins
qui nous avaient répondu afin de récolter ce matériel. Nous avons réussi à obtenir
près de 300 kg de matériel.
Il nous a ensuite fallu chercher un moyen de transporter ce matériel au Nicaragua.
Nous avons entrepris des recherches pour savoir par quel moyen cela était possible
et combien coûterait l’envoi. Nous avons contacté plusieurs organisations s’occupant
de transports internationaux et c’est finalement l’agence Panalpina que nous avons
choisie, car elle nous proposait des prix intéressants. Ce matériel étant un don, le
responsable de notre envoi nous avait précisé de ne pas noter ce que contenait les
cartons dans le but d’éviter les taxes de douane. Grâce à l’association et à la
générosité de certains médecins nous avons pu payer cet envoi, dont le prix était de
2000 francs.
Une fois le matériel arrivé sur place, les choses se sont compliquées. C’est la
responsable de l’association au Nicaragua et le médecin qui nous supervisait à
l’hôpital qui sont allés chercher le matériel, mais ils n’ont pas réussi à l’obtenir. Ils
nous ont expliqué que les employés de douane demandaient de l’argent pour
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dédouaner le matériel, alors qu’à Genève nous avions fait en sorte que tout soit payé
d’avance. Nous n’étions pas censées avoir de frais supplémentaires sur place. Nous
nous sommes donc retrouvées confrontées au problème de la corruption. La
responsable de l’association sur place étant formellement contre ces pratiques, elle a
refusé que nous payions quoi que ce soit en plus. Durant la durée de notre séjour làbas, elle a continué à essayer de récupérer ce matériel, on nous a dit qu’il était parti
au ministère de la santé qui allait l’analyser. On nous a également dit que les
médicaments allaient tous être détruits, mais nous n’avons pas bien compris
pourquoi. La responsable nous a ensuite dit que l’hôpital devait écrire une lettre au
ministère de la santé pour pouvoir récupérer ce matériel, mais que le directeur ne se
pressait pas pour l’écrire.
A ce jour, nous ne savons toujours pas où se trouve le matériel, il n’est en tout cas
apparemment toujours pas à l’hôpital. Nous avons toujours contact avec les
responsables de l’association, qui nous ont dit qu’ils essaient de faire avancer les
choses mais que cela dépend surtout de l’hôpital et que l’hôpital ne fait rien pour
obtenir le matériel. Nous sommes très déçues par cette histoire, nous avons vraiment
pensé pouvoir aider l’hôpital avec ce matériel. Nous sommes également très
embêtées par rapport aux médecins qui nous ont fait tous ces dons.
Sur le moment, cela nous a révolté que des gens essaient d’obtenir de l’argent alors
que ce matériel est destiné à aider leur pays. Nous avons par la suite compris que
cette mentalité vient du fait que les gens sont très pauvres, ils n’ont presque rien et
ils sont prêts à tout pour pouvoir s’en sortir mieux, mais cela nous a quand même
choqué.
Nos impressions sur le manque de matériel à l’hôpital Amistad
Japon-Nicaragua
La liste de matériel envoyée par le Dr. Blandino nous avait donné l’impression qu’ils
n’avaient presque rien et que la moindre chose que nous pourrions leur apporter leur
serait utile. Nous savions qu’il ne fallait pas trop essayer d’imaginer comment l’hôpital
pouvait être, néanmoins nous nous sommes quand même fait une image avant de
partir et notre image était celle d’un hôpital avec presque rien, manquant même de
matériel de base, comme des aiguilles, des compresses, des stéthoscopes, du
matériel de petite chirurgie ou autres.
Une fois sur place, nous avons pu constater qu’ils avaient plus de matériel que ce
que nous imaginions. Ce qui leur manque c’est en fait surtout du gros matériel,
comme des appareils de dialyse, du matériel d’imagerie, des moniteurs fœtaux, des
chaises gynécologies, des appareils à ultrasons, des doppler, des ECG.
Nous sommes passablement déçues de voir que l’hôpital n’essaie pas de récupérer
le matériel que nous leur avons envoyé. Le médecin nous avait écrit à plusieurs
33
reprises que du matériel leur serait indispensable et que sur place nous verrions à
quel point il serait utile. Nous ne comprenons donc pas pourquoi ils ne font
maintenant aucun effort pour l’obtenir.
34
Conclusion
Ce voyage a été une expérience très enrichissante sur le plan humain. Les bons
comme les mauvais moments nous ont appris quelque chose et nous ont fait
avancer.
Nous avons constaté qu’au début la communication et la rencontre avec une autre
culture n’est pas toujours facile. Entre nous et les Nicaraguayens il y avait une
culture différente, une façon de voir et de faire les choses différentes et certaines
choses sont parfois difficiles à comprendre au début, mais nous avons appris à nous
ouvrir et à apprécier cette nouvelle culture. Voir une autre manière de concevoir les
choses a été très enrichissant.
Même si nous n’avons pas toutes vécues ce voyage de la même façon, nous en
avons toutes retiré quelque chose et une chose est sûre, nous avons toutes appris à
nous ouvrir un peu plus aux autres et à accepter des façons de faire différentes.
Durant ces six semaines, nous avons toujours vécu les quatre ensembles et cet
aspect là du voyage nous a également beaucoup appris. Nous nous sommes
toujours soutenues dans les moments difficiles et nous avons passé beaucoup de
bons moments ensemble, cette expérience de solidarité a été très forte. Cet aspect
du voyage n’a pas été cité dans notre travail, mais il a néanmoins été très important.
Nous garderons toutes un souvenir très fort de ce voyage et nous espérons que les
futurs étudiants en médecine de 3ème année pourront continuer à faire leur immersion
en communauté à l’étranger, car nous pensons que c’est une expérience qui peut
apporter beaucoup et être très utile pour notre futur métier de médecin.
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Nos impressions sur ce voyage
Pour terminer notre travail, nous avons décidé d’écrire chacune nos impressions et
nos sentiments sur ce voyage. Nous avons pensé qu’il était important que nous
puissions exprimer chacune individuellement ce que nous avons appris de cette
expérience, ce que nous avons apprécié et ce qui nous a déçu, car nous n’avons pas
toutes ressenties le voyage de la même façon.
Caroline
Notre voyage commença le lundi 17 mai 2010. Nous étions toutes très excitées à
l'idée de faire ce voyage. Malgré quelques imprévus à cause du volcan Eyjafjöll en
Islande, nous avons pu voyager convenablement et nous sommes arrivées, après
une vingtaine d'heures de vol, à Managua, capitale du Nicaragua. Nous avons été
accueillies par Silvana notre correspondante, ainsi que les docteurs Blandino et
Melendez. Ils nous ont conduites à Granada, qui se trouve à une petite heure de
route de l'aéroport. Granada est la ville où se situe l'hôpital où nous allions effectuer,
normalement, une partie de notre stage. Nous avons eu le droit de nous reposer le
lendemain, mardi. Les docteurs nous avaient donné rendez-vous afin de parler du
stage. Ils nous ont expliqué leur rôle à l'hôpital, leurs horaires et durant cet entretien
ils nous ont informé que nous serions dans leur service, celui des urgences. Les
horaires que nous devions avoir étaient 7h-16h tous les jours et tous les quatre jours,
il fallait effectuer une garde de trente-deux heures. Avec les filles, nous étions un peu
étonnées de ce rythme, car on venait d’arriver. Cependant, nous avons quand même
essayé de faire une garde de nuit. Malheureusement, il n'y avait pas de salle de
repos pour nous et nous avons passé la nuit sur des bancs, car il n'y avait presque
pas de patients aux urgences. Comme les journées paraissaient plus animées, nous
avons demandé à faire uniquement des journées et pas de nuits. De plus, la nuit
tombe très tôt au Nicaragua, vers 17h-18h, et nous ne pouvions pas rentrer de nuit,
car les connaissances que nous avions là-bas nous ont prévenu qu'il est dangereux,
surtout pour nous, des européennes, de prendre des taxis la nuit.
Lors de notre premier jour à l'hôpital, les médecins nous avaient informées que le
bâtiment avait été construit grâce aux aides du Japon, il y a douze ans. J'ai été
frappée de voir l'état du bâtiment, car l'hôpital datant de 1998, paraissait beaucoup
plus vieux, car probablement pas assez entretenu, on pouvait voir des lavabos
d'extérieur rouillés par exemple. Lorsque nous sommes rentrées aux urgences, j'ai
d'abord été étonnée, car il s'agissait d'une simple pièce avec quelques lits pour
accueillir les patients. Les fenêtres étaient formées de battants, comme ceux qui
forment les persiennes que l'on peut ouvrir ou fermer. La température là-bas étant
rarement fraîche, les fenêtres étaient toujours ouvertes, ce qui représentait une
36
entrée pour tous les insectes locaux, lézard, papillons, mouches etc. et il est vrai que
de voir des lézards juste à côté des blessures ouvertes des patients m'a paru très
inattendu et peu hygiénique.
En venant au Nicaragua, j'avais imaginé un dispensaire, avec aucun moyen de
soigner les patients, ou ayant des réserves très limitées. J'ai pu remarquer qu'ils
étaient ravitaillés en nécessaire de base : des perfusions de sucre ou de solution
saline essentiellement, des kits de sutures, des gants normaux et stériles, des
bandages, etc.
Les patients venaient le plus souvent pour des traumatismes ou des insolations. Les
médecins des urgences effectuaient beaucoup de sutures, mais posaient aussi des
perfusions de sucre ou de solution saline. Lors des sutures, certains patients
saignaient abondamment et le sang tombait par terre. Quelques fois, la dame de
ménage ne passait pas et le sang pouvait rester coagulé par terre toute une journée
avant d’être nettoyé. Je trouvais ce comportement peu hygiénique et il fallait faire
attention où on mettait les mains, car certaines aiguilles de cathéter pouvait traîner à
certains endroits, comme sur le portatif des perfusions, où il y avait un petit étui
accroché, ce qui, je dois le dire, me faisait quand même peur.
Par ailleurs, ce qui m'a choqué était aussi le comportement familier des médecins
des urgences avec les patients. Comme nous l'avons décrit précédemment, les
médecins ont une attitude paternaliste envers le patient, ils n'écoutent pas leurs
requêtes et ne prennent que très rarement le patient en considération.
Lorsque nous sommes passées dans le service d'obstétrique, je me suis sentie plus
à l'aise, car j'aime déjà beaucoup cette spécialité. Nous avons pu avoir accès au bloc
opératoire pour assister à des césariennes. J'ai eu l'impression qu'ils faisaient plus
attention aux règles d'asepsie, car ils utilisaient des draps et du matériel stériles.
Ce qui m'a le plus marqué au cours de ce voyage est la langue. En effet, durant mon
parcours scolaire, j'ai eu la chance d'étudier l'espagnol, ce qui m’a permis de
comprendre quelques conversations au Nicaragua, où l'espagnol est la langue
principale. Cependant, n'ayant pas de vocabulaire, je n'arrivais pas à m'exprimer et
cela m'a beaucoup handicapée. J'avais aussi du mal à cerner les émotions, car ne
comprenant pas tout ce que les médecins ou patients disaient, je restais à l'écart. Ce
qui m’a permis de constater qu'entre le médecin et le patient, il n'y avait presque pas
de communication non-verbale, pas de gestes ni de regards complices.
Au fond je pense qu'ils ont une volonté de bien faire.
Je trouve que dans ce pays les gens sont très ouverts.
37
Maeva
En partant je ne savais pas à quoi m’attendre, mais j’imaginais le Nicaragua comme
ressemblant à la Colombie (pays dans lequel je suis née). Pour ce qui est de l’hôpital
je l’imaginais avec peu de moyens en voyant la liste de matériel que le docteur nous
avait demandé de trouver. Il me semblait qu’ils nous demandaient vraiment la base
pour un service d’urgence. Je me disais: s’ils n’ont pas de stéthoscopes, pas de
tensiomètres, pas de défibrillateurs, qu’est-ce qu’ils ont ? Avec le recul je me dis que
c’était un peu naïf de ma part de penser qu’ils comptaient que sur nous pour trouver
tout ça.
En arrivant, j’ai pu voir qu’ils avaient quand même ce qu’ils nous avaient demandé,
donc mes impressions étaient mitigées. D’un côté, je n’avais jamais été dans un
hôpital avec de pareilles conditions, je voyais qu’ils leur manquaient beaucoup de
matériel, mais je me disais qu’ils possédaient quand même la base et que ce n’était
pas si pauvre que je me l’imaginais. L’hôpital « fonctionnait » quand même, malgré
les conditions. Je ne comprenais pas pourquoi ils nous avaient demandé des sacs
de perfusions. Je trouvais bien que les soins soient gratuits, il me semblait que c’était
un bon système de santé. Mais les premiers jours j’avais quand même de la peine à
m’habituer à ce nouvel environnement.
C’est au fil du temps que j’ai compris pourquoi les docteurs nous avaient demandé
ce matériel. Ils avaient l’équipement, mais souvent il ne marchait plus bien. Ils
avaient des sacs de perfusions, mais pas en assez grand nombre. J’ai ressenti un
sentiment d’impuissance face à tout ça. Mais j’ai eu l’impression qu’ils étaient très
débrouillards et qu’ils faisaient beaucoup avec le peu de moyens qu’ils avaient.
J’ai commencé à me sentir à l’aise dans cet hôpital, à prendre des initiatives et à
oser pratiquer les gestes que les médecins nous demandaient de faire. Ce n’était
pas les mêmes règles d’asepsie que chez nous mais ils avaient aussi leurs règles à
eux, et je me suis bien adaptée à leurs habitudes. J’étais contente de pouvoir
apprendre et me mêler à ces nouvelles façons de faire. C’était très enrichissant de
pouvoir comprendre ce que ces gens vivaient et pensaient (autant le corps médical
que les patients) dans un monde totalement différent du mien.
Je me suis rendue compte, qu’en étant ouverte aux autres et à leur culture, ils étaient
eux aussi très ouverts et prêts à partager, puis à m’apprendre de nouvelles choses.
Beaucoup voulaient savoir comment c’était chez nous, mais ils aimaient aussi
m’expliquer comment se déroulaient les choses chez eux.
Il y a eu la mauvaise expérience que nous avons eu avec l’envoi du matériel, ça ne
s’est pas déroulé aussi facilement que nous l’aurions voulu. Nous voulions bien faire
mais au final nous ne savons pas si tout ce matériel va finir par arriver à destination.
J’ai été déçue de n’avoir pas pu aller faire de la prévention dans les populations
reculées. Surtout pour ce qui est de la prévention de la contraception, je me suis
rendue compte qu’elle aurait pu être vraiment utile. J’ai été déçue mais d’un autre
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côté je pense que si je n’avais pas fait autant de temps dans l’hôpital, je n’aurais pu
comprendre toute la complexité du système de santé et j’en serais restée à mes
premières impressions.
Les Nicaraguayens se rendent comptent des problèmes que leur pays rencontre
mais ils restent néanmoins très fier du Nicaragua et tout au long de notre séjour ils
ont fait beaucoup d’efforts pour qu’on apprécie leur pays à sa juste valeur, ce qui m’a
particulièrement touchée.
Je pense que le fait de parler l’espagnol et de déjà connaître la culture latine m’a
aidé tout au long du voyage pour accepter et comprendre les gens dans leur façon
de vivre différente de la notre.
Marie-Eva
Il est maintenant l’heure de faire un bilan de ce voyage. Pour moi il a été
extrêmement enrichissant autant d’un point de vue personnel, médical qu’humain. Ce
voyage a été une expérience inoubliable qui nous permet maintenant de voir les
choses autrement et qui nous ouvre les yeux sur des situations que nous savions
exister mais que nous n’avions jamais vues. Cela m’a également permis de créer des
liens encore plus forts avec mes camarades. En effet quand nous sommes toutes
dans le même bateau, il faut apprendre à se serrer les coudes et je trouve que cela
renforce beaucoup les amitiés.
Les différentes rencontres que nous avons faites furent très enrichissantes et m’ont
permises de connaître une autre culture. Cela m’a encore plus motivé à faire des
voyages pour continuer de rencontrer des gens d’horizons différentes mais qui nous
touchent de telle manière que nous en revenons changé. Au Nicaragua, les gens
nous ont très bien accueillies et nous ont fait partager leur mode de vie, cela nous a
permis de nous imprégner complètement d’une culture différente.
Le stage à l’hôpital fut intéressant et il m’a permis de me rendre compte qu’en Suisse
notre système de santé est développé. J’ai également pu me rendre compte combien
il était important de communiquer avec les patients. En effet, sur place, j’ai souvent
trouvé que les patients étaient peu respectés par certains médecins. Ce
comportement ne m’a pas plus et cela m’a permis de me rendre compte à quel point
les cours sur la communication donnés à la faculté sont importants.
Pour ce qui est des médecins, ils m’ont plutôt déçu en grande partie car ils n’ont pas
essayé de récupérer le matériel que nous leur avions amené. En effet, le médecin
principal semblait plus intéressé à ce qu’on lui fasse venir des lunettes de soleil de
Suisse qu’à nous aider à obtenir le matériel médical et cela me frustre
particulièrement.
39
Je garde néanmoins un souvenir inoubliable de ce voyage et je souhaite vraiment
que cette unité puisse continuer à se faire à l’étranger.
Sophie
Après être rentrée en Suisse, j’ai mis beaucoup de temps avant de réussir à prendre
du recul sur les sentiments que j’avais de ce voyage. C’est en réfléchissant à la
conclusion de ce travail que j’ai finalement réussi à définir ce qui avait été positif pour
moi dans ce voyage et ce qui avait été négatif, puis en réfléchissant bien j’ai constaté
que même le négatif m’avait appris quelque chose. En effet, chaque situation, qui a
été difficile ou qui m’a déçue, m’a permis de me poser certaines questions, de
réfléchir à certains sujets auxquels je n’avais jamais réfléchi avant. Ces situations
m’ont fait parfois me remettre en question et j’ai changé la vision que j’avais de
certaines choses. Je pense donc que les bonnes comme les mauvaises expériences
de ce voyage m’ont permis de grandir, ont fait évoluer ma pensée et m’ont aidé à
m’ouvrir à une culture différente de la mienne. J’ai l’impression que ce voyage m’a
encouragée dans l’ouverture aux autres, mais je crois qu’il m’a aussi permis de
comprendre que je faisais parfois preuve d’une certaine naïveté.
Ce qui m’a le plus déçu lors de ce voyage, c’est bien évidemment l’envoi de matériel
pour l’hôpital qui n’a pas abouti. J’ai toujours été attirée par les métiers de
l’humanitaire et j’avais trouvé dans ce projet une occasion d’enfin pouvoir apporter
de l’aide à d’autres. Je me suis lancée dans la recherche de ce matériel avec
beaucoup de bonne volonté, étant persuadée que tout le matériel qu’on pourrait
apporter à cet hôpital leur serait d’une grande utilité. Ce n’est qu’une fois sur place
que j’ai compris que j’avais fait preuve de naïveté. D’après la liste de matériel que le
Dr.Blandino nous avait envoyée, j’avais l’impression que l’hôpital manquait de tout,
même de matériel de base tels que des stéthoscopes ou du matériel de sutures. Une
fois sur place je me suis rendue compte que ça n’était pas vraiment le cas. L’hôpital
a surtout besoin de matériel tel que des appareils d’imagerie, des doppler, des ECG.
Le fait que nous n’ayons, à ce jour, toujours pas réussi à récupérer ce matériel et
qu’à mon sens nous avions mal ciblé les besoins de l’hôpital m’a fait prendre
conscience de plusieurs choses. La première est le fait que même avec de la bonne
volonté, on ne peut pas aider n’importe qui n’importe comment. Il faut organiser
correctement l’aide que l’on veut apporter, s’assurer de travailler avec des personnes
compétentes qui ont des connaissances dans ce domaine et il faut cibler de façon
précise les besoins. Une des choses que j’ai apprise et que je retiendrai toujours,
c’est le fait de ne pas faire confiance trop facilement. Il faut que les personnes que
nous aidons soient prêtes à recevoir cette aide et qu’ils fassent aussi un effort de leur
côté. Le fait que l’hôpital n’ait pas essayé de récupérer ce matériel à la douane, alors
qu’apparemment c’était la seule façon de l’avoir m’a énormément déçu mais j’ai au
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moins appris que la prochaine fois je ferai un peu plus attention au choix des
personnes avec lesquels je mets en place un projet.
Une réflexion que je me suis également faite en voyant l’hôpital et leurs besoins,
c’est qu’une aide ponctuelle est finalement peu utile. Le matériel que nous avons
envoyé pourrait leur être utile, mais, si cela était possible, je pense qu’il serait
infiniment plus important de mettre en place un projet d’aide durable et continu.
L’autre point qui m’a déçu lors de ce voyage, c’est le fait que la responsable de
l’association ne nous ait pas donné la possibilité de faire de la prévention dans les
régions reculées comme cela était prévu à la base. De cette expérience, je retire un
peu la même chose que pour le matériel, ce n’est pas parce que c’est une
association à but humanitaire que les gens sont sérieux et responsables. Je ferai
donc un peu plus attention la prochaine fois à ne pas me lancer dans un projet sans
être sure que les personnes avec qui je le fais sont sérieuses.
En dehors de ces deux déceptions, le reste du voyage a été pour moi une
expérience incroyable, qui m’a énormément apprise. Enormément de choses m’ont
semblé positives, je vais donc essayer d’être concise et de décrire les quelques
points qui m’ont semblé m’apporter le plus et qui m’ont laissé les meilleurs souvenirs.
La première chose que je retiens c’est le fait d’avoir découvert une autre culture et
une autre façon de voir les choses. La première semaine j’ai trouvé l’adaptation un
peu difficile. Au Nicaragua, les règles sont moins précises qu’en Suisse, notre travail
à l’hôpital était peu encadré. Cela est un peu perturbant au début, puis au fil du
temps je me suis faite à cette façon différente de vivre et j’y ai trouvé des avantages.
Le fait d’avoir appris à m’ouvrir à une autre culture a été très enrichissant pour moi.
Un autre point qui m’a énormément plu lors de ce voyage est le contact que j’ai pu
avoir avec certains patients, notamment avec une jeune femme qui était en train
d’accoucher. Un jour où je travaillais dans le service de maternité, une jeune femme
est venue pour accoucher. Son accouchement a duré beaucoup de temps et elle
souffrait beaucoup. Elle se plaignait de la douleur, mais au Nicaragua les médecins
considèrent en général que les femmes qui accouchent ne doivent pas crier ou
exprimer leur douleur, ils peuvent parfois être très durs avec les patientes qui crient.
Cela fait partie de la culture. Mais moi j’ai décidé de soutenir cette patiente qui
souffrait, je lui ai beaucoup parlé et je lui ai montré de l’attention. Au bout d’un certain
temps, j’avais l’impression que le fait que je sois là la rassurait. Une relation assez
forte s’est instaurée entre cette patiente et moi. Quelques jours plus tard, elle est
revenue à l’hôpital pour amener son bébé aux urgences, ce jour là je travaillais
justement dans ce service. Lorsqu’elle m’a vue elle avait l’air contente de me voir et
de parler un peu avec moi, cela m’a fait très plaisir. J’ai véritablement eu l’impression
d’avoir été utile et d’avoir apporté quelque chose à cette patiente, pas au niveau
médical, mais au niveau humain et c’est pour moi une grande satisfaction.
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Je garde aussi un très bon souvenir des rencontres que j’ai fait là-bas. Il serait faux
de dire que je me suis entendue avec tout le monde, il y a des personnes avec qui le
contact n’est pas passé. Mais j’ai également fait la connaissance de personnes très
ouvertes, très gentilles qui étaient contents de rencontrer des gens venant d’un autre
pays. Avec ces personnes, nous avons pu beaucoup échanger. Elles nous ont appris
beaucoup de choses sur le Nicaragua, elles nous ont amenées dans divers endroits
afin de nous faire découvrir les richesses de leur pays. Mais elles se sont également
intéressées à nous, à connaître notre culture et notre pays. Ces rencontres ont donc
été de véritables échanges et j’en garde un excellent souvenir.
Une autre chose qui m’a beaucoup marquée lors de ce voyage, c’est la solidarité et
l’amitié qui s’est développée entre nous quatre. Les trois filles avec qui je suis partie
sont des personnes avec qui je m’entendais bien mais que je connaissais assez peu.
Cependant, dès le début de notre voyage, c’était comme si nous avions été amies
depuis longtemps. Le fait de se retrouver ensemble, dans un pays aussi loin et aussi
inconnu, de vivre des situations parfois difficiles a fait que des liens forts se sont
tissés entre nous. Nous nous sommes beaucoup soutenues et entraidées et cette
expérience de vie ensemble a été très positive pour moi.
L’événement qui a été le plus marquant pour moi lors de ce voyage s’est déroulé
après un accouchement. Après qu’une jeune femme ait accouché, l’infirmière a pris
le bébé et s’en est occupé. Je l’ai regardée faire et j’ai contemplé ce bébé si petit et
si mignon. Quand elle a eu fini, elle m’a posé ce tout petit bébé dans mes bras pour
que je l’apporte à sa maman. J’ai ressenti à ce moment là une émotion très forte, j’ai
d’ailleurs toujours les larmes aux yeux lorsque je repense à ce souvenir. J’ai toujours
voulu travailler en néonatalogie, c’est pour cette raison que j’ai choisi de faire
médecine et au moment où j’ai apporté ce petit bébé à sa maman j’ai su que mon
choix était le bon.
J’aurais encore une multitude de souvenirs à raconter à propos de ce voyage, mais
cela deviendrait un peu long. Je crois avoir réussi à exprimer les moments qui ont été
les plus marquants pour moi et qui m’ont le plus appris et j’espère que cela vous
donnera un bon aperçu de ce que ce voyage a pu m’apporter.
Nous avons rédigé notre travail à l’aide du site de l’OMS, de guides touristiques pour la
partie « situation géographique et historique du Nicaragua », et en majorité grâce aux
conversations que nous avons eues avec les Nicaraguayens.
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Remerciements
Nous remercions l’association « Los Andes, Solidarité », qui nous a permis de partir
au Nicaragua.
Nous remercions Silvana Mastromatteo et le Dr.Blandino pour leur accueil.
Nous tenons également à remercier tout particulièrement le Dr.Hernandez, car il
nous a appris beaucoup de choses lors de notre travail en salle d’accouchement et
l’interne Eduardo Porraz, qui nous a à plusieurs reprises amenées dans le service de
médecine interne où il travaille et où il nous a expliquées comment soigner différents
patients.
Après les cinq semaines pendant lesquels nous avons travaillé à l’hôpital, nous
avons voyagé au Nicaragua quelques jours. C’est un pays qui est doté de paysages
époustouflants et pour vous en donner un petit aperçu, nous vous mettons une photo
d’un des volcans célèbre au Nicaragua, le Mombacho.
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Annexes
Ceci est la feuille que nous avons reçue à notre arrivée à l’hôpital, elle avait pour but
de définir notre rôle.
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Cette feuille était remplie par les médecins des urgences à chaque fois qu’ils
examinaient un patient. Une ligne correspond à un patient et contient toutes les
informations nécessaires sur sa pathologie.
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Cette feuille est utilisée pour le suivi et l’évolution de l’état des patients.
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Sur ce mot, il est écrit « Cardiogenic Shock mortality it’s around 85%, in Nicaragua
it’s about 99-100% ». C’est le mot qu’a écrit le Dr.Blandino lorsque le patient que
l’une d’entre nous ventilait est décédé. Ce médecin est très frustré par cette situation,
il aimerait disposer de plus de moyens pour soigner les patients au Nicaragua.
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Hola Paloma, te envio una lista preeliminar de las cosas que hacen falta en el servicio de emergencia
y Unidad de cuidados intensivos ya que estos son parte de la ruta critica me urge corregir el deficit de material en
estas dos areas, me permito solicitar una lista a ustedes en otras cosas que nos puedan suplir a manera de
sugerencia.
Tensiometros (esfigmomanometros).
Estetsocopios.
Bombas de infusion.
Monitor desfibrilador.
Electrocardiografo.
Equipo de succion.
En cuanto a medicamentos
Tromboliticos.
Adenosina.
Amiodarona intravenoso.
Nor-adrenalina.
Dobutamina.
Dopamina.
Analgesicos IV.
En cuanto a material medico
Cateteres centrales.
Equipo de puncion suprapubica.
Equipos de cirugia menor.
Equipos de curacion.
Me despido de usted no sin antes decirle que encuentro anuente a cualquier sugerencia o pedido que usted
tenga,
espero saber
pronto
de
las
estudiantes.
Atentemente Aaron Blandino.
Voilà la liste de matériel demandée par le Dr.Blandino.
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Material’s list for Nicaragua
Stethoscope
Tensiometers
Gluconates
1 device to measure children
1 thermometer electronic
2 thermometers
Tourniquets
Pen-light
Reflex hammer
2 meters
Devices to take capillary blood
Beans
Speculum
3 rooms of inhalation
1 inhaler electric
7 peak flow
1 analyzer of blood
1 anticoagulating
1 electrocardiogram
2 electrocoagulating
2 centrifuges
Otoscopes/ophtalmoscope
1 mirror
splints
2 autoclaves
1 device hematologic
Compress
bandages
shears, clips
drugs
baby-scale
gloves
material for infusion
1 scalpel electric
1 computer
Catheters
Material for biopsy
Aspiration’s catheter for children
Lancets
Needles
Voici la liste du matériel que nous avons récolté puis envoyé au Nicaragua. Il y avait
288kg de matériel.
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