Une révolution dans les économies occidentales
Le Danemark et le Zimbabwe
Le bien-être et la Qualité de Vie d'une population, tous deux liés à des facteurs tels que le niveau de vie, le bonheur,
la liberté et la santé environnementale, sont essentiels à l'économie et aux sciences politiques. La base de données
mondiales sur le bonheur (World database on Happiness) est un registre de recherches scientifiques sur le plaisir
subjectif de vivre. Une étude menée auprès d'une cinquantaine de pays entre 1981 et 2006 parue, en juillet, dans la
revue Perspectives of Psychological Science affirme que le bonheur fait des progrès dans le monde. Le Danemark
est au sommet de la pyramide de la perception du bonheur alors que le Zimbabwe est lanterne rouge. (..) Au sein
des sociétés riches, une augmentation supplémentaire des revenus est à peine liée à un plus grand sentiment de
bien-être. Les résultats montrent bien que les sociétés les plus heureuses sont celles qui donnent aux gens la liberté
de choisir leur type de vie, soulignant que les sociétés démocratiques et tolérantes comme celles du Danemark, de
Suisse, des Pays-Bas et du Canada font partie de la liste des 10 pays les plus heureux.(3)
Erik Rydberg s'inscrit en faux contre la perception des pays industrialisés qui veut que croissance et bonheur,ça
marche ensemble : « Que l'Ocde, gendarme autoproclamé de l'orthodoxie néolibérale, juge plaisant et opportun
aujourd'hui, de sponsoriser des « happenings » académiques sur la décroissance, achève de fermer la boucle.
Décroissance ? (...) Vue dans une perspective mondiale, la décroissance est une préoccupation de riches, une petite
minorité - dans sa très grande candeur, elle s'inquiète parfois de voir tous les Chinois posséder une automobile-
sans aller jusqu'au bout de sa pensée : on maintient le reste du monde en sous-développement pour sauver la «
planète » ? Il s'agirait, entend-on, de proclamer avec force que l'argent ne fait pas le bonheur, qu'il y a autre chose
dans la vie que l'accumulation de biens matériels. (..) C'est naturellement faire abstraction des couches sociales qui,
de plus en plus larges, peinent à joindre les deux bouts, qui n'ont d'autre choix que mal manger, mal se vêtir et mal
se loger. (...) Nous ne vivons pas, jusqu'à nouvel ordre, dans une société où les intérêts des uns correspondent à
ceux des autres. Encore faut-il s'entendre sur ce qu'il conviendrait de faire décroître et, détrônant le sacro-saint
objectif de croissance, ce par quoi on se propose de le remplacer.(...)(4)
Les travaux de la Commission Stiglitz/Sen, installée en 2008 par le président français, ont abouti à un rapport remis
le 14 septembre 2009. C'est un catalogue à la Prévert, de 12 mesures.Pour la Commission « Le PIB n'est pas (...)
erroné en soi, mais utilisé de façon erronée », notamment quand il est présenté comme « une mesure du bien-être
économique », ajoute le rapport. Ces nouveaux instruments devraient, notamment permettre de prendre en compte
les activités non-marchandes (travaux domestiques, bénévolat), les conditions de vie matérielles (revenu par
catégorie sociale), la santé ou l'insécurité, tout en reflétant davantage les inégalités sociales, générationnelles,
sexuelles et celles tenant à l'origine culturelle. La Commission plaide également pour des indicateurs prenant en
compte l'environnement. Cette étude médiatisée à outrance, nous laisse sur la faim mise à part l'allusion sans plus à
l'environnement avec une vision étriquée du développement durable, il semble être une tentative de laisser les
choses en l'état à la seule satisfaction des plus nantis qui verront perdurer un système économique et financier qui a
montré ses limites.
Toute l'argumentation de remise en cause des vertus de la croissance, mesurée sur la base de l'évolution du produit
intérieur brut (PIB), n'a de sens que dans les pays du capitalisme avancé, où existe dans certaines classes sociales
assez d'aisance matérielle pour rêver d'autres paradis. Pierre Bourdieu proposait de concevoir le libéralisme comme
un programme de « destruction des structures collectives » et de promotion d'un nouvel ordre fondé sur le culte de «
l'individu seul mais libre », « le néolibéralisme vise à la ruine des instances collectives construites de longue date,
par exemple, les syndicats, les formes politiques, mais aussi et surtout la culture en ce qu'elle a de plus structurant et
de ce que nous pensions être pérennes ».(...) Avec raison en 1997, Pierre Bourdieu avec sa lucidité coutumière avait
lancé un appel pour qu'on procède à un vaste travail d'enquête en vue de fournir des « descriptions circonstanciées
des souffrances engendrées par les politiques néolibérales » susceptibles de déboucher sur des indices ad hoc qui
permettent de poser la question « des coûts sociaux de la violence économique et tenter de jeter les bases d'une
véritable économie du bonheur ».(5)
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