Ambassade de Suisse en Algérie Rapport économique 2015 édition 2016
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Rapport économique
ALGERIE (Année 2015)
1. La situation économique
L’évolution conjoncturelle en 2015
La situation sécuritaire au sein des pays limitrophes de l’Algérie représente actuellement une
grande source de préoccupation pour le gouvernement. Sur le plan économique la chute des prix
des hydrocarbures sur le marché international a affecté considérablement la situation financière du
pays. Pour rappel, les exportations d’hydrocarbures représentent plus de 93% du total des
exportations algériennes.
Sous l’effet du choc externe et du niveau élevé des importations, le solde de la balance
commerciale a enregistré pour la première fois depuis 18 ans, un déficit record de l’ordre de USD
18.08 mds en 2015 contre USD 4.3 mds de bénéfice en 2014 selon le rapport de la Banque d’
Algérie.
D’après la même source le niveau des exportations d’hydrocarbures passe de USD 58.46 mds en
2014 à USD 33.08 mds en 2015, soit une contraction de plus de 45%. Les exportations hors
hydrocarbures ont quant à elles connu un léger recul passant de USD 1.67 mds en 2014 à USD
1.48 mds en 2015. Elles demeurent très en deçà du potentiel réel du pays.
Le solde de la balance des paiements de l’année 2015 publié par la Banque d’Algérie, affiche un
déficit de USD 27.54 mds alors qu’en 2014 elle s’était soldée avec un déficit de USD 4.56 mds.
La croissance a été maintenue en 2015, avec une très légère progression s’établissant à 3,9 %
contre 3,8 % en 2014. L’inflation a quant à elle dépassé les prévisions du gouvernement algérien,
principalement à cause de la dépréciation du dinar, une conséquence directe du choc externe
pétrolier. Le taux de chômage a également enregistré une hausse passant de 10,6 % en
septembre 2014 à 11,2 % en septembre 2015. Il demeure sensiblement plus élevé chez les
jeunes (29,9 %) et chez les femmes (16,6 %).
Par ailleurs, les rapports de la Banque Mondiale et du FMI ont fait état de la situation économique
préoccupante de l’Algérie et préconisent tous deux la réforme progressive de ses subventions
qu’ils qualifient de trop coûteuses. Celles-ci touchent au prix du carburant, du gaz et de
l’électricité, ainsi que les coûts des produits de large consommation tel que le pain et le lait. Il
existe également des subventions pour le logement. En effet, en 2015 près de USD 30 mds, soit le
quart du PIB algérien, sont affectés au soutien des prix des services et des biens de
consommation, additionné à USD 20 mds qui sont affectés, dans le cadre des transferts sociaux,
au soutien des prestations de santé, de l’éducation, de l’enseignement et de la formation.
Pour rappel, ces subventions sont distribuées sans distinction d’une manière généralisée entre les
ménages démunis et ceux aisés, sans distinction aussi entre les consommateurs, les industriels et
les transformateurs (pour ce qui est notamment des subventions dédiées à l’eau, l’électricité, le
gaz, les céréales et la poudre de lait).
La lutte contre l’informel représente également pour ce pays un défi de taille et affecte divers
aspects de l’économie algérienne. En effet, la spéculation au sein du marché immobilier, le
marché parallèle des devises, le travail au noir, la vente de détail non déclarée etc. engendre un
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manque à gagner important pour l’Algérie, souvent estimé par les experts à plus de 40% du PIB
actuel.
Le gouvernement algérien est conscient de l’ampleur de ce phénomène et tente de mettre en
place des mesures, sans grand succès tant le marcinformel est profondément ancré dans son
économie.
Enfin, il faut tenir compte également de la croissance démographique en Algérie. En 2015 le
nombre de naissances a atteint 1,040 million, alors que pour la mortalité générale, le nombre de
décès a été de 183.000. Ainsi, la population totale algérienne en 2015 s’est élevée à 39.5 millions
d’habitants.
Secteurs à fort potentiel en Algérie
L’Algérie présente un potentiel de développement important dans de nombreux secteurs
d'activités. En effet, malgré une conjoncture financière difficile le pays est arrivé à maintenir un
taux de croissance en 2015 de 3.9%, contrairement aux prévisions du FMI qui tablait sur un taux
de 3%.
Des secteurs économiques qualifiés de prioritaires pour le gouvernement algérien représentent
aujourd’hui des domaines d’investissements prometteurs. En premier lieu, l’industrie
agroalimentaire ou la production locale est loin de satisfaire la forte demande de la population.
Ainsi, durant plusieurs années l’Algérie a occupé la place de premier importateur de produits
agroalimentaires en Afrique et reste en 2015 fortement tributaire des importations avec une
facture établie à plus de USD 9,3 mds. Le fort potentiel de ce marché est indéniable. Par ailleurs il
convient de mentionner que l’alimentation représente 45% des dépenses des ménages algériens.
Les autorités algériennes sont conscientes de l’enjeu majeur que représente ce secteur tant au
niveau économique que politique. De ce fait et au vu de la situation financière difficile le pouvoir
veut diminuer ses importations et drainer des investissements locaux et étrangers. Selon le
Centre national de l'information et des statistiques des douanes (Cnis), en 2015 les quantités de
céréales importées ont augmenté de 11,2% s’établissant à USD 3,43 mds. Ces importations sont
principalement en provenance des pays européens notamment la France et l’Espagne. La facture
du lait en poudre est quant à elle estimé à plus de USD 1 mds, importé en grande partie (42% des
importations) de la Nouvelle-Zélande.
Il est important de signaler que le secteur des transports continue lui aussi de subir
d’importantes mutations et s’est vu attribuer une enveloppe prévisionnelle équivalente à environ
USD 8 mds dans le cadre du programme quinquennal 2015-2019. Selon le Ministre des transports
ce budget devrait financer de nouveaux projets ainsi que des extensions et des modifications de
projets en cours. Le quinquennat prochain prévoit le dédoublement des voies ferrées sur
l'ensemble de la nouvelle autoroute nord, l'électrification progressive du réseau, la réalisation de
nouvelles gares et du port commercial de la région centre, ainsi que la réalisation d'extensions et
de nouvelles lignes de métro.
L’industrie pharmaceutique n’est pas en reste. Le gouvernement algérien poursuit sa politique
de réduction des importations de médicaments. Pour rappel, l’ambition de l’Algérie était de
produire localement 70% de ses besoins en médicaments grâce à des investissements des
laboratoires étrangers d’ici la fin 2015 et devenir ainsi une plateforme de production de
génériques, avec pour objectif sur le long terme l’exportation vers les pays de la région. L’objectif
n’est pas encore atteint mais est en bonne voie. En effet, les importations de produits
pharmaceutiques ont chuté de 24,7% au cours des neuf premiers mois de l’année 2015, pour
s’établir à USD 1,37 mds de dollars, selon l’Office National des Statistiques algérien. Deuxième
marché pharmaceutique sur le continent africain après l’Afrique du Sud, avec des ventes
annuelles totalisant USD 3 mds de dollars, l’Algérie est particulièrement attrayante dans ce
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domaine. D’après le rapport du cabinet Oxford Business Group la consommation de produits
pharmaceutiques est stimulée par le système de santé algérien, qui offre une large couverture et
la gratuité des soins. Le gouvernement a également mis en place une carte à puce individuelle
qui permet de bénéficier du tiers payant dans un vaste réseau de pharmacies affiliées.
L’Algérie est l’un des plus importants pays producteurs de gaz et de pétrole au monde. Les
recettes pétrolières et gazières pour l’année 2014 sont de USD 60,3 mds. Subissant la crise des
prix des hydrocarbures, l’Algérie n’a pu en exporter qu’à hauteur de USD 35,72 mds en 2015. Le
gouvernement continue d’investir dans ce secteur notamment par le biais de la société nationale
de production de pétrole et de gaz Sonatrach. En effet, le groupe pétrolier prévoit d’investir sur la
période 2015-2019 plus de USD 90,6 mds dont 71% dédiés au segment amont, 20% au segment
aval et 8% pour l’activité de transport par canalisations. Le groupe Sonatrach poursuivra dans les
prochaines années l’intensification de l’activité de recherche, et de développement des
gisements.
En termes d’énergies renouvelables le gouvernement continue à suivre son programme
national. Celui-ci vise à installer une capacité de 22000 mégawatts ainsi que l’économie de 9%
d’énergie à l’horizon 2030. Bien que les objectifs fixés par le gouvernement soient ambitieux, ils
semblent atteignables dans des délais plus élargies compte tenu des efforts consentis par
l’Algérie dans ce domaine et dans le cas où ils perdurent.
Effectivement, durant l’année 2015 l’Etat a accéléré les réalisations des centrales photovoltaïques
par l’entreprise SKTM, la filiale du groupe national Sonelgaz, sur les hauts plateaux et dans le sud
du pays. Par ailleurs, l’industrie des énergies renouvelables a enregistré cette année l’entrée en
production de l’unité de fabrication d’énergies de l’entreprise Nationale de l’industrie électronique
(ENIE) d’une capacité annuelle de 25 mégawatts.
Dans le rapport de 2015 du "Climate Change Performance Index", l’Algérie a encore amélioré son
classement en gagnant 10 places par rapport à l’année 2014 et se classe à la 39ème place grâce
à son programme d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique. Le gouvernement est
conscient de l’enjeu majeur que représente les énergies renouvelable. Connaissant une
importante croissance de consommation interne d’énergie, dans un contexte d’effondrement des
prix des hydrocarbures, l’Algérie à tout intérêt à redynamiser son secteur des énergies
renouvelables qui présente un potentiel indéniable. Ainsi la consommation croissante d’énergie
interne n’impactera pas les volumes des exportations d’hydrocarbures.
Enfin, il est à souligner la coopération grandissante entre l’Algérie et l’UE concernant le gaz. À
l'issue d'une discussion, le Ministre de l’énergie et des mines et le Commissaire européen en
charge du climat et de l’énergie ont convenu des modalités opérationnelles de mise en œuvre du
Partenariat énergétique. Dans ce cadre ils ont signé un accord administratif portant sur la mise en
place de groupes d'experts sur le gaz naturel d'une part, et sur l'électricité, les énergies
renouvelables et l'efficacité énergétique. Le Ministre et le Commissaire ont convenu de se réunir
en 2016 à Bruxelles afin d'évaluer les progrès achevés.
Prévision à moyen terme
Sous l’effet de la forte chute des prix des hydrocarbures les revenues de l’Algérie ont diminués de
près de 50% en 2015 par rapport à l’année précédente. Les indicateurs économiques du pays,
sont tous négatifs.
En effet, les réserves de devises (or non compris) dans lesquelles puise le gouvernement algérien
ont subi une forte contraction passant de USD 179 mds en 20014 à USD 144 mds fin 2015. Selon
la Banque d’Algérie le niveau de réserve des devises devrait pouvoir couvrir encore 27 mois
d’importations de biens et services.
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Le Fond de Reserve et de Régulation (FRR), un fond spécial qui a été créé en 2000, dont le but
est de gérer les excédents budgétaires liés aux exportations d'hydrocarbures, à lui aussi subit
d’importants prélèvements durant l’année 2015 et ce afin de couvrir le déficit budgétaire de l’Etat.
D’après plusieurs experts économiques algériens à ce rythme de creusement le fond devrait
s’épuiser totalement d’ici la fin de l’année 2016.
Aujourd’hui, les faibles niveaux d’endettement, à savoir 0.72 % du PIB, permettraient à l’Algérie de
recourir aux emprunts extérieurs. Cependant, l’endettement devrait servir au financement de
projets de développement et non à la couverture des dépenses budgétaires et des déficits
financiers du pays. Parmi les projets les plus importants qui nécessiteraient un recours aux
financements étrangers, nous comptons le projet de réalisation du plus grand port d’Algérie, une
dépense d’importante envergure évalué à USD 2 mds qui sera lancé en 2016.
Sous l’effet du choc externe, avec des finances très fortement tributaires de la rente pétrolière
l’endettement extérieur semble devenir inévitable. Cependant, le gouvernement et la société font
preuve de réticence à ce sujet en raison de la très mauvaise expérience vécue par l’Algérie à la fin
des années 1980. partir de 1986-87, avec un prix du baril à 15-16$, l’endettement devenaient
très important. En 1990, la dette atteint USD 28,6 mds, soit 227% des exportations en plus du
service de la dette estimé à USD 9 mds, se situant à environ 80% du total des exportations).
Afin de pallier à la mauvaise situation financière du pays et dans le but de maitriser la sortie des
devises, le gouvernement prévoit de mettre en place des réformes sectorielles à l’image de
l’instauration du système de licences d’importation. L’Algérie affiche clairement une volonté de
diminuer la facture des importations. Cependant, le défi le plus important auquel doit faire face le
pays et qui devrait représenter la priorité demeure la diversification de son tissu économique dans
le but de sortir de sa dépendance aux hydrocarbures. La mise en place de réformes efficaces et
équitables du système social largement dévelopserait également prioritaire mais très difficile à
réaliser car les résistances sociales seraient majeures.
2. Accords économiques internationaux et régionaux
2.1 Politique, priorités du pays
2.1.1 Accord d’association avec l’Union Européenne
Le gouvernement algérien a progressé dans le dialogue établi entre son pays et l’Union
Européenne. En pit de toutes les critiques et des scepticismes exprimés en Algérie depuis
l’entrée en vigueur de l’Accord d’association en 2005, celui-ci est important car c’est avec les pays
de l’UE que l’Algérie enregistre la majeure partie de son commerce extérieur.
En 2015, l’Algérie a exprimé le souhait de renégocier les volets économique et commercial de
l’accord d’association avec l’Union Européenne. Dans ce cadre, un premier round formel de
réévaluation a eu lieu en mars 2015. L’argumentaire algérien a fait part de l’absence de résultats
escomptés par rapport à la promotion des exportations hors hydrocarbures et à la relance des
investissements directs. En effet de 2005 à 2015, les pays de l'UE ont exporté vers l'Algérie plus de
USD 220 mds alors que les exportations algériennes hors hydrocarbures n'ont pas atteint les USD
14 mds. En 2014, le niveau des importations en provenance de l'UE est quant à lui passé à près de
USD 30 mds contre un niveau moyen annuel de USD 9 mds de dollars avant l'entrée en vigueur de
cet accord. (Voir annexe 7)
2.1.2 Zone arabe de libre échange
L’adhésion de l’Algérie à la zone arabe de libre échange (ZALE) est également remise en question.
Il est à noter que l’Algérie dans le contexte de la ZALE avait déjà instauré une liste noire de 1.260
produits interdits d’importation à partir de la zone arabe.
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2.1.3 Négociation avec l’OMC
La dernière réunion de travail dédiée à l’accession de l’Algérie à l’OMC date de mars 2014. Il est
difficile de se prononcer sur une possible accession de l’Algérie à l’OMC car la question demeure
très controversée au sein du pouvoir et les mesures au niveau de la politique économique du pays
ne sont pas adaptées aux standards de l’OMC. Pour rappel, l’Algérie et la Suisse ont achevé les
négociations bilatérales dans le cadre de l’adhésion de l’Algérie à cette organisation mondiale.
2.1.4 Accord préférentiel avec la Tunisie
En vertu de cet accord, une liste de produits bénéficie d’une exonération de droits de douane lors
de leur entrée dans les deux pays et d’autres produits bénéficient d’un abattement.
Une première évaluation de l’accord préférentiel entre l’Algérie et la Tunisie, entré en vigueur en
2014, indique une balance commerciale excédentaire en faveur de l’Algérie néanmoins un net
déficit pour ses échanges hors-hydrocarbures a été enregistré pour l’année 2014.
Les échanges commerciaux entre les deux pays se sont établis à USD 2,1 mds en 2014.
2.1.5 Collaboration avec la Chine
Actuellement, la Chine est le premier partenaire économique de l’Algérie. Il convient de mentionner
qu’à partir de l’an 2000 la plupart des grands projets d’infrastructure tels que l’autoroute Est-Ouest,
la grande Mosquée d’Alger, l’extension de l’aéroport d’Alger ont été confiés à la Chine. Une forte
volonté de coopération entre les deux pays est à constater.
De plus depuis 2013, la Chine occupe la place de premier fournisseur de l’Algérie avec USD 8.223
mds d’importations.
2.1.6 Relation Franco-Algérienne :
Devancée depuis peu par la Chine, la France demeure un partenaire économique majeur pour
l’Algérie. En effet, la France est le deuxième fournisseur et l’un des plus importants investisseurs
étrangers dans ce pays. Des rencontres et des visites à différents niveaux (autorités politiques/
hommes d’affaires) ont fréquemment lieu permettant ainsi de pérenniser la coopération économique
et politique qui lie les deux pays.
2.2 Perspectives pour la Suisse
Dans le projet de loi de finance de 2016 le gouvernement algérien fait état d’un constat relatif aux
accords de libre-échange notamment celui de l’association avec l’UE et la zone arabe ZALE. Ainsi
selon les autorités locales, des répercussions négatives particulièrement en termes de concurrence
déloyale en raison des droits de douanes ont été observées. De ce fait, l’Algérie est plus
précautionneuse quant à son adhésion à de nouveaux accords multilatéraux à l’image de l’AELE.
Cependant, l’Algérie demeure ouverte aux coopérations bilatérales.
3. Le commerce extérieur
3.1 Evolution et perspectives générales :
Les résultats globaux divulgués par les douanes algériennes concernant les échanges extérieurs de
l’Algérie pour l’année 2015 font ressortir un déficit de la balance commerciale de USD 18,8 mds
contre un excédent de USD 4,31 mds enregistré durant l’année 2014. Cette tendance s’explique par
les répercussions de la chute des prix des hydrocarbures sur le marché mondial.
Dans ce contexte global, il est utile de préciser que le volume total des exportations algériennes est
encore très largement dominé par les hydrocarbures (env. 94,5%), seul ressource de l’économie de
ce pays qui peine encore à créer un outil compétitif et diversifié de production industrielle et agricole.
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