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LES MÉTHODOLOGIES D’ÉTUDES
Les microcosmes sont des micro-environnements constitués d'échantillons de terre ou d’eau
provenant d'habitats variés ; les échantillons de terre sont prélevés soit dans des sols, cultivés ou
non, soit dans la rhizosphère, soit dans des boues activées ; les échantillons d’eau, douce ou
salée, peuvent provenir de fleuves, lacs, mer mais aussi des égouts. Ces microcosmes sont
utilisés en laboratoire soit sous forme de milieux stérilisés, auxquels on inocule ensuite la ou les
souches de micro-organismes à étudier, soit tels quels, c’est-à-dire non stériles, pour l'étude de
leur population. Dans ce dernier cas, chaque cellule de l’inoculum participe à un réseau
complexe d’interactions avec le microbiote de l’échantillon, reproduisant, totalement ou
presque, les conditions originales. Les microcosmes sont certes plus complexes en composition
chimique et en structure que les milieux de culture utilisés en laboratoire. Mais ils ne
parviennent cependant pas à mimer totalement la complexité de l’environnement, en raison de
ses fluctuations, difficiles à reconstituer, et de l’action (synergique) des différents paramètres.
Ils sont toutefois utiles pour comprendre les facteurs naturels qui limitent ou favorisent les
échanges génétiques, et l’étendue de ces échanges. Contrairement aux systèmes naturels, ils
permettent de faire varier un seul paramètre, chimique ou physique, à la fois (température, pH,
oxygénation, lumière, facteurs nutritionnels ajoutés, etc.) pour en mesure l'impact.
Une condition plus proche des conditions naturelles est celle des systèmes dits in situ, qui
consistent à inoculer dans un microcosme artificiel établi en laboratoire les organismes à
étudier, puis à les réintroduire dans l’habitat de provenance. Pour ces études in situ, ont été
développés un certain nombre d’appareils (connus sous les appellations de Membrane-Filter
Chambers, Membrane Diffusion Chambers, Environmental Test Chambers). Il s’agit de
conteneurs stérilisables (les chambres) d’une dizaine de cm de longueur, dans lesquels on
introduit l’échantillon d'organismes (par exemple Bactéries donatrices et/ou réceptrices pour la
conjugaison ou la transformation) ou de cellules hôtes et de leurs phages (pour la transduction).
Les ouvertures de la chambre sont contrôlées par des filtres de porosité appropriée empêchant le
passage des micro-organismes tout en permettant les échanges chimiques entre l’intérieur et
l’extérieur. L'appareil est immergé dans le site à étudier (lac, fleuve, mer, etc.), où il est exposé
aux conditions physico-chimiques (luminosité, température, pH, composition chimique,
présence d’agents toxiques, etc.) de ce site, et à leurs fluctuations. Des prélèvements peuvent
être réalisés grâce à des dispositifs d’accès à l’intérieur de la chambre.
RECHERCHE DE PROCESSUS DE CONJUGAISON
Des processus de conjugaison ont été identifiés dans plusieurs conditions environnementales.
Leur efficacité dépend des caractéristiques propres à la machinerie de transfert d’ADN ainsi que
de l'état physiologique des cellules. Ces deux éléments peuvent être influencés par de nombreux
facteurs biotiques et abiotiques de l’environnement, qui interviennent aussi bien au niveau des
possibilités de contact des cellules conjugantes que sur leur physiologie.