H. CHATAIGNER, M. ONIMUS
cette chirurgie se fait dans différentes directions et plusieurs
techniques sont proposées à l'heure actuelle. On peut les
classer en techniques trans et extrapéritonéales, et d'autre
part en techniques vidéo-assistées et endoscopiques pures.
L'abord antérieur transpéritonéal
Obenchain (]o) a été le premier à décrire l'abord laparosco-
pique du disque L5-S 1, suivi par Beurier (]l. Cet abord
nécessite une instrumentation spécifique et la présence d'un
chirurgien connaissant la coeliochirurgie, tout au moins lors
de l'apprentissage. La durée opératoire est variable: pour
Cloyd et Coll (2), elle est similaire à celle des voies rétropé-
ritonéales, soit 2 h en moyenne, mais les auteurs ne réali-
sent qu'une simple discectomie sans greffe. Pour Mac Afee
et Coll (6) elle est de 4 h 17 mn en moyenne, avec mise en
place de cages intersomatiques. Le saignement moyen est
modéré (194 cc dans la série de Mac Afee (6».
L'installation du patient se fâit simplement en décubitus
dorsal en léger Trendelenbourg. Lors d'un abord transpéri-
tonéal, 4 incisions de 1 cm sont en général nécessaires pour
réaliser l'intervention (2,12,]5). Leur inconvénient est le risque
de hernie ou de brides péritonéales secondaires. Cet abord
transpéritonéal a l'avantage de donner un accès direct sur la
face antérieure du disque, permettant de positionner les
greffons ou les cages dans un plan sagittal en situation
favorable pour la consolidation, mais il ne permet que
l'abord du disque L5-S 1 (]O,]2,]3,]5). Les autres étages sont
beaucoup plus difficilement accessibles en raison de la pré-
sence des gros vaisseaux. Cependant Cloyd et Coll ont pré-
senté une série de 15 patients abordés par laparoscopie
trans-péritonéale avec dans 8 cas un abord de l'étage L4-
L5. Il s'agissait d'une discectomie simple sans greffe, dont
la durée opératoire moyenne a été de 2 h 20 mn.
L'existence d'antécédents de chirurgie abdominale consti-
tue une contre-indication à cette technique (2,]2,]3) en raison
des adhérences qui gênent l'abord du rachis. Néanmoins, il
faut noter qu'actuellement la coelioscopie est une alternative
thérapeutique proposée dans le traitement des brides périto-
néales, mais la durée opératoire sera allongée et les suites
opératoires moins simples (4).
Par ailleurs, l'abord transpéritonéal comporte des risques
liés à l'insufflation. Ceux-ci sont d'une part les risques de
blessure du grêle ou de plaie vasculaire lors de la mise en
place du trocart, en particulier si l'on ne réalise pas une
"open laparoscopy" (laparotomie d'environ 1,5 cm facili-
tant la mise en place du premier trocart), et d'autre part les
risques liés au C02 (risque d'embolie ou d'hypercapnie).
De plus, l'insufflation avec hyper-pression intra-abdomina-
le nécessite de n'utiliser que modérément l'aspiration (qui
va provoquer une diminution de la pression d'insufflation
par fuite du C02).
L'abord latéral extrapéritonéal vidéoscopique :
Il est habituellement réalisé par voie latérale avec ou sans
insufflation, par endoscopie pure ou avec vidéo-assistance.
8
De nombreuses techniques relativement voisines ont été
proposées (De Peretti (3), Le Huec (5), Mangione (7». L'abord
se fait préférentiellement par la gauche. Le décollement du
péritoine est commencé au doigt puis complété par un bal-
lonnet gonflable. Le Huec (5) et Mangione (7) maintiennent
béante la cavité ainsi créée par insufflation de C02.
L'hyper-pression permet de conserver une cavité assez
volumineuse, facilitant le travail sur le rachis. L'hyperpres-
sion diminue par ailleurs l'hémorragie des petits vaisseaux.
La chirurgie est alors une chirurgie endoscopique vraie, peu
invasive, à travers des trocarts étanches. Cependant, l'insuf-
flation extra-péritonéale comporte des inconvénients:
risques de pneumopéritoine en cas de brèche péritonéale,
risques de lésion du mésocolon si la dissection ne passe pas
dans le bon plan, et enfin risque vasculaire (le risque
d'embolie gazeuse est classiquement plus important en cas
d'insufflation extrapéritonéale). Par ailleurs, l'insufflation
oblige àtravailler àtravers des trocarts étanches ; la mise
en place de matériel d'ostéosynthèse peut nécessiter d'élar-
gir l'incision, faisant alors fuir le C02 et provoquant un
collapsus de la cavité.
L'intervention peut également être réalisée à ciel ouvert par
une mini-incision, sous contrôle vidéo-assisté. Mayer et
Coll (8) réalisent un abord latéral sans insufflation et sous
vision directe du rachis, par une incision cutanée oblique de
4 cm, située latéralement en dehors du muscle grand droit.
Les muscles de la paroi sont ensuite dissociés dans le sens
des fibres. La dissection du plan rétropéritonéal se fait au
doigt jusqu'au rachis. Un écarteur est fixé sur les vertèbres
sus et sousjacentes et permet de réaliser la discectomie et la
mise en place du greffon par vision directe sur la face laté-
rale du rachis. Cette intervention n'est en fait pas une tech-
nique endoscopique, mais, du fait de son caractère mini-
invasif, elle trouve sa place parmi les voies d'abord à mini-
ma et les voies endoscopiques actuelles. La durée moyenne
de l'intervention sur une serie de 25 patients est de 1 h 54
mn. Le saignement moyen est de 70 cc.
L'inconvenient essentiel de l'abord lateral est l'impossibilité
de positionner les greffons ou les cages dans un plan parfai-
tement sagittal. A l'inverse cependant, un abord latéral per-
met de corriger un tassement vertébral asymétrique, et il
permet mieux qu'un abord antérieur de réaliser une ostéo-
synthèse stable fixée sur la face latérale des corps verté-
braux. Par ailleurs, si l'abord des disques lombaires supé-
rieurs est facile par voie latérale, l'abord du disque L4-L5
est rendu difficile par la présence de l'artère ilio-lombaire
et de la veine lombaire ascendante qu'il faut sectionner
pour mobiliser les vaisseaux iliaques; enfin l'abord du
disque L5-S 1 est pratiquement impossible.
L'abord antérieur extrapéritonéal :
L'abord antérieur extrapéritonéal décrit ci-dessus a l'avan-
tage d'éviter toute complication pariétale ou péritonéale, et
d'être réalisable quels que soient les antécédents chirurgi-
caux abdominaux du patient. Il ne comporte aucun risque
de lésion des branches d'innervation du muscle grand droit.