Enjeux législatifs des recherches en SHS-E-SP Registres du Cancer : Enjeux du recueil des données Marc Colonna, Registre des cancers de l’Isère Workshop – Lyon 10 octobre 2013 Qu’est-ce qu’un registre du cancer ? Objectif : répertorier tous les nouveaux cas de cancer diagnostiqués parmi les habitants d’une zone géographique donnée pendant une période donnée quelle que soit leur lieu de prise en charge médicale Base géographique Information Origine «administrative» des sources d’informations • Secteur public • Secteur privé Nature des sources d’information 01 69 73 38 26 • Base administrative (ALD) • Base médico-administrative (PMSI) • Base clinique : dossier médical • Base anatomie-pathologie Recueil des données • Passif (réception de l’information) • Actif (déplacement du personnel) Les registres des cancers en FRANCE 1980 2012 6% de la population française Initiatives locales 20% de la population française Intégration dans un système de surveillance Objectif majeurs . Produire des indicateurs à l’échelle de la population : incidence, prévalence, survie . Observer les pratiques de soins et leur évolution au cours du temps . Mener des travaux de recherche épidémiologique en cancérologie : - analyse spatiale (UIOM et cancer) - études de cohortes (chimie, agriculture) - cas-témoins (thyroïde, poumon, VADS) Evaluation des politiques de prévention (dépistage organisé) Les registre du cancer, des structures reconnues Plan cancer 2009-2013 Axe observation, Mesure 7 ⇒ Optimiser et développer le système de surveillance : Renforcer et rationaliser le dispositif des registres existants Faciliter l’accès aux sources de données, le cas échéant par voie législative (ALD 30, DCC, fiches RCP, CRS, etc.) et systématiser leur transmission aux registres. Recommandations pour le troisième Plan Cancer (Rapport Vernant) Demander aux registres de produire des indicateurs (incidence, mortalité, survie) prenant en compte le niveau de disparité estimé sur la base de l’adresse des patients (géolocalisation). Les registres du cancer sont des acteurs « reconnus » dans la surveillance de la pathologie cancéreuse en France MALGRE CE CONTEXTE => DES DIFFICULTES Les données d’un registre Flux d’entrée Base de données Registre Flux de sortie - Interne (production des registres) - Externe = partenaires Cadre légal => contraintes Cadre légal : - Autorisation CNIL - Qualification par le Comité National des Registres (CNR*) * Le CNR va être remplacé par le Comité d’Evaluation des registres à vocation scientifique et par le Comité de « pilotage » (financeurs) Les contraintes techniques : flux d’entrée et stockage Système informatique : ̏ Dédoublé˝ Locaux : Accès au seul personnel du registre Accès sécurisé Personnel : Clause de confidentialité Echange de données : Cryptage obligatoire (GPG) Exploitation données Liaison extérieur (internet) Base de données nominale ¢¢ ¢¢ ¢¢ ¢ ¢ ¢ serveur ¬ internet Rappel : la plupart des registres sont des structures de petite taille ¢ ¬ Liaison pour télémaintenance avec adresse IP variable Le recueil des données par un registre des cancers Caisse d’assurance maladie (mise en ALD) (2) Laboratoire d'Anatomo-Cyto-Pathologie Services médico-administratifs (PMSI) Services hospitaliers médicaux Patient (1) Médecin traitant Information du patient (1 : directe, 2 : indirecte) droit d’opposition, de consultation et de retrait Base de données Registre Information du patient (directe) Rappel : Un registre n’est jamais en lien avec le patient (sauf étude particulière), mais le registre doit s’assurer que cette information est faite. Le patient doit être informé de l’enregistrement systématique de sa pathologie. Selon les recommandations de la CNIL, seul le médecin prenant en charge un patient atteint de cancer est à même de réaliser cette information. Elle doit être délivrée de façon individuelle, adaptée, personnalisée et au moment le plus opportun. Cette information sur la transmission des données nominatives à un registre peut être également affichée dans les salles d’attente. Exemple de texte pour les salles d’attente : Pour améliorer la prévention des maladies et la qualité des soins, il est nécessaire de connaître l’épidémiologie des affections cancéreuses c’est à dire connaître leur fréquence, leur évolution dans le temps et leur répartition géographique. Les études épidémiologiques permettent aussi de rechercher les causes des maladies. Différents organismes scientifiques participent à ces travaux comme par exemple les registres. Les sources essentielles d’information sont les services hospitaliers, les laboratoires d’anatomopathologie et les cabinets médicaux. Pour cette mission d’intérêt général et de santé publique, votre médecin est susceptible de transmettre au Registre du Cancer de l’Isère des informations vous concernant. La transmission des informations aux registres s’effectue dans des conditions de stricte confidentialité et après autorisation de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés. Conformément à l’article 40-5 de la loi du 6 janvier 1978, chapitre V bis, vous disposez de la possibilité de vous opposer à cette transmission. Vous disposez d’un droit d’accès au fichier et de rectification des informations. Ces droits peuvent être exercé par l’intermédiaire du médecin qui vous suit. Information du patient (indirecte) Par les caisses d’assurance maladie au moment de la mise en ALD Information du patient : bilan Le contrôle par les registres de l’information du patient est impossible Tous les acteurs ne sont pas en lien direct avec le patient ⇒ Des difficultés pour l’accès aux sources de données malgré les objectifs fixés par le plan Cancer 2009-2013 ‐ Refus de certains Dim pour l’accès des registres aux données nominatives du PMSI : oppositions liées à l’ambiguïté de la loi « informatique et libertés » (notamment) ‐ Refus de certains ELSM (Echelon Local du Service Médical) et de certaines caisses pour l’accès des registres aux ALD cancers ‐ Accès des registres aux dossiers informatisés des patients : difficulté Rapport Vernant : Un accès aux données encore aléatoire La transmission des données à visée épidémiologique n’est pas obligatoire et est soumise à la bonne volonté des acteurs, parfois réticents à communiquer leurs données ou à donner accès aux dossiers médicaux => Plan Cancer 3, 2014-2018 ? Les données d’un registre : Diffusion et transmission des données Flux d’entrée Base de données Registre Flux de sortie - Interne (production des registres) - Externe : partenaires Les données d’un registre : Diffusion et transmission des données Base de données Registre Flux de sortie (1) Données totalement anonymes (2) Données avec identifiant (nom, etc.) (3) Données indirectement identifiantes D’un point de vue technique : pour (2) et (3) : Sécurité des échanges et du stockage indispensables Les données d’un registre : Diffusion et transmission des données Base de données Registre Flux de sortie (2) Données avec identifiant (nom, etc.) Type d’études concerné Etude cas-témoins - ex : jeunes adultes et cancer de la thyroïde, etc. Etude qualitative : ex: Hémopathies malignes (voir présentation suivante) Les données d’un registre : Diffusion et transmission des données Etudes nécessitant l’interrogatoire d’un patient (études cas-témoins, qualitatives), que cette étude soit réalisée par le registre ou un partenaire externe (i.e : unité inserm) Etape 1 : autorisation CNIL Etape 2 : protocole de contact avec le patient Partenaire (5) acceptation Registre (4) Patient : acceptation/refus (3) : contact avec le patient (1) : contact (2) : médecin traitant : acceptation/opposition Les données d’un registre : Diffusion et transmission des données Base de données Registre Flux de sortie (2) Données indirectement identifiantes Données indirectement identifiantes : données sans les identifiants de type nom, prénom, nom de jeune fille mais suffisamment précise pour pouvoir identifier la personne (le cas échéant car ce n’est pas le but de ce type d’étude) => Autorisation CNIL obligatoire Type d’études concerné : Epidémiologie descriptive - Analyse de données de survie (ex : base de données des registres implantée aux HCL - Analyse environnement et cancer (ex : données géocodées, ex UIOM et cancer) Exemples de quantification du degré d’identification en l’absence du nom, du prénom et du nom patronymique Date de décès (jj/mm/aaaa) Date de naissance (jj/mm/aaaa) Sexe Date de décès (jj/mm/aaaa) Date de naissance (jj/mm/aaaa) Sexe Département de décès ⇒ Identification de manière unique (avec probabilité de 95 %) ⇒ Identification de manière unique (avec probabilité de 99,8 %) Probabilité calculée sur 8 années de décès en France entre 2003 et 2010, soit 5 miilion de décès Exemples de levée d’anonymat en épidémiologie spatiale Incidence du cancer du poumon sur une période de 10 ans (2001-2010) dans l’Isère Nombre de cas Nombre de 2001-2010 (Isère) communes (H) 0 85 1 95 2 74 3 46 4 45 5 25 >5 163 Total 533 15.9% 17.8% 13.9% 8.6% 8.4% 4.7% 30.6% 100.0% Nombre de communes (F) 230 130 60 31 24 12 46 533 43.2% 24.4% 11.3% 5.8% 4.5% 2.3% 8.6% 100.0% Nombre de communes (H+F) 65 85 60 45 48 34 196 533 12.2% 15.9% 11.3% 8.4% 9.0% 6.4% 36.8% 100.0% Nombre de communes de l’Isère ayant moins de 1000 habitants en 2010 < 1000 habitants > 1000 habitants Nombre de communes 280 253 % 52.5 47.5 Les données des registres sont dans la même logique que : - Le CépiDc pour la diffusion de données de mortalité à un échelon géographique fin ; - Le PMSI (base anonyme) : les codes postaux PMSI utilisés, dits "codes géographiques", sont soit les codes postaux eux-mêmes soit des regroupements lorsque la population concernée n’atteint pas un seuil de 2000 habitants. Croisement avec les données d’un registre : Autre cas de transmission des données Base de données Registre Intermédiaire Fichier de données spécifiques Ex : Participantes dépistage Salariés d’une entreprise Objectif : trouver les personnes du fichier de données spécifiques appartenant aussi à la base de données d’un registre = étude de type cohorte -> Nécessité autorisation CNIL -> Nécessité accord de la personne (qui n’est pas atteinte de cancer la plupart du temps) Par l’intermédiaire responsable du fichier : coordinateur gestion dépistage via convocation, médecin du travail, caisse d’assurance maladie d’affiliation) Eléments de discussion Les registres ayant des données ̏ sensibles˝, il est logique que cet enregistrement soit soumis à des règles et des contraintes strictes La difficulté provient du caractère non ̏ contrôlable˝ de l’information du patient Une évolution envisagée (passage de l’information au consentement) peut mettre en danger l’épidémiologie en population générale L’enjeu : Protection de la vie privée Information et connaissance collective Ce contexte a un impact sur les modalités et les contraintes d’obtention de données des registres à des fins d’études et de recherche