lles des
déportés de répression. Nous avons conscience qu'elles sont presque obligatoirement incomplètes, bien souvent on aimerait savoir beaucoup plus
de choses sur le parcours individuel avant l'arrestation, et bien qu'elles comportent peut-être des erreurs ou des approximations, elles sont en fait
le résultat d'un moment donné de la recherche.
Notice de Rémi Dauphinot (Recherche de Rémi Dauphinot et Sébastien Touffu)
II. LA DÉPORTATION DE RÉPRESSION : MOTIFS D’ARRESTATION ET SOCIOLOGIE
Résistance organisée et Résistance civile
Dans l'Aube, 383 personnes ont été déportées en Allemagne au titre de la répression. Si les motifs d'arrestation ne sont pas connus pour 32
personnes (8,3 % du total), une première catégorie de déportés se détache nettement, celle des résistants (323 personnes, soit 84,3 % du total). On
peut cependant distinguer à l'intérieur de cette " Résistance ", deux groupes différents.
Au sein de la " Résistance organisée " (celle des mouvements, des réseaux, des syndicats, des partis politiques), on a tout d'abord 253 déportés.
Deux mouvements ont été touchés à peu près avec la même dureté. Le mouvement Ceux de la libération, fortement implanté dans l'Aube, a subi
ainsi la déportation de 52 de ses membres. Le mouvement FTP, lui aussi très bien représenté dans le département, a connu 51 départs en
Allemagne. On trouve ensuite 27 arrestations et déportations de membres du Front National, 19 pour le BOA, 13 pour le parti communiste, 12
pour l'Armée secrète, 10 pour le mouvement Libération-Nord, trois pour les commandos M. On a donc un total de 187 déportés issus des
mouvements ou partis de la Résistance. Dans une moindre mesure, on a ensuite des membres de réseaux présents dans l'Aube, 14 personnes au
total, à savoir un membre du réseau Hector, un membre de Jade, un de Manipule, un de Jade et Manipule, le chef du SNI clandestin, un membre
de l'organisation Schmidt, un membre du réseau Buckmaster, un représentant du réseau Kléber-Nord (membre par ailleurs de l'OCM), un
membre du réseau Shelburn, un fondateur de corps francs (Arnoult), deux FFI, un FFC, un RIF. On peut ajouter 35 personnes qui sont déportées
pour appartenance " à la Résistance ", sans que nous sachions le nom de leur mouvement ou réseau, 16 déportés que l'on peut qualifier de
" politiques " et le cas particulier d'Albert Lecourt, résistant déporté après avoir trahi tous les membres de son maquis, condamné à mort à son
retour de déportation.
Toujours dans la " Résistance ", mais dans ce qu'on peut appeler la " Résistance civile ", caractérisée par des actes individuels très diversifiés, de
plus en plus réprimée par les Allemands au cours de la guerre, on recense 70 cas de déportation. Cette résistance civile est une réalité importante,
longtemps sous-estimée par les historiens. Beaucoup de personnes qui aident les résistants et qui manifestent une hostilité envers les Allemands
sont en effet déportées sans appartenir à un mouvement ou un groupe organisé. Les motifs d'arrestation sont alors très variés, avec par ordre
décroissant : 14 déportations pour une aide à la Résistance (sous la forme de renseignements, d'hébergement, de ravitaillement, de fourniture de
cartes d'identité, d'aide aux réfractaires ou de soins médicaux à des blessés), 14 déportations également pour détention d'armes, 10 pour aide aux
aviateurs alliés, neuf pour rébellion contre l'armée allemande, 9 pour sabotage (des signaux SNCF, du dépôt SNCF, du dépôt d'essence, de