FÉVRIER 2012 • VOLUME 9 • NUMÉRO 2FROM THE FLOCK • FÉDÉRATION CANADIENNE DU MOUTON - 2 -
Maladie nouvelle et émergente en Europe
Des chercheurs européens ont signalé la découverte
d'un nouveau virus, appelé de manière informelle le «
virus de Schmallenberg », avec des cas conrmés en
Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Grande-
Bretagne, en France et plus récemment en Italie.
D'abord détecté chez les bovins laitiers en août 2011,
cet orthobunyavirus a depuis été décelé chez plus de
590 bovins, moutons et chèvres en Europe du Nord
(en date du 9 février 2012). L'orthobunyavirus est une
variante d’un virus répandu dans le monde entier qui se
transmet principalement par les moucherons et touche
surtout les ruminants, bien que certaines espèces nord-
américaines du virus puissent s'attaquer aux humains.
Le virus de Schmallenberg provoque la èvre, la
diarrhée et cause la perte d'animaux vivants ainsi
que des fœtus momiés, des morts-nés et des
malformations congénitales chez la progéniture des
femelles infectées. Le virus de Schmallenberg est
possiblement transmis par des insectes, principalement
les moucherons (Culicoides spp.). À ce jour, aucune
transmission d'un animal à un autre n'a été démontrée
à l'exception de la transmission transplacentaire de la
mère virémique au fœtus (Commission européenne,
2012). Les symptômes chez les animaux vivants ont
été observés principalement durant la longue saison
d'activité des moucherons (d'avril à novembre) et
disparaissent en quelques jours avec une très courte
période virale de 1 à 6 jours. L'infection fœtale durant
cette période joue un rôle beaucoup plus marquant
dans l'évolution de la maladie. Si une femelle enceinte
est infectée pendant une phase vulnérable de la
grossesse, soit entre 28 et 36 jours de gestation chez
les ovins et entre 75 et 110 jours chez les bovins (FLI,
2012), le virus pourrait infecter le fœtus, entraînant des
dommages sérieux. Les malformations congénitales
observées à ce jour comprennent l'arthrogrypose
sévère (raccourcissement du tendon de la cheville),
le torticolis (contraction des muscles de la colonne
cervicale) et l'hydrocéphalie (accumulation d'eau dans
le cerveau). En raison de la période s'écoulant entre
l'infection des femelles gestantes et la naissance de leur
progéniture, les chercheurs et les éleveurs se préparent
à de nombreux cas positifs à l'arrivée de la saison des
naissances d'agneaux, de chevreaux et de veaux.
Une évaluation des risques menée par le European
Centre for Disease Prevention and Control de
Stockholm en décembre 2011 souligne qu'il est « peu
probable que ce virus provoque une maladie chez
l'homme, mais cette possibilité ne peut pas être exclue
à ce stade ». (http://ecdc.europa.eu/en/publications/
Publications/Forms/ECDC_DispForm.aspx?ID=795).
L'évaluation des risques propose même que la santé
des vétérinaires et des éleveurs en contact avec des
animaux infectés soit étroitement surveillée.
Les chercheurs se bousculent pour mieux comprendre
le virus de Schmallenberg. Il reste à savoir si ce virus
exotique n'a été introduit que récemment dans la
région ou s'il était présent depuis un certain temps
chez les petits ruminants et qu'il vient seulement d'être
décelé. Si la maladie est nouvelle, les responsables de
la santé animale prévoient une propagation rapide de la
maladie et la naissance d’un grand nombre d'agneaux,
de chevreaux et de veaux sourant d'une malformation.
Le Friedrich-Löer-Institut (FLI) a élaboré une
méthode de détection du virus, le test RT-PCR, qui est
actuellement oert aux vétérinaires et aux instituts de
recherche en Europe. Les éleveurs et les vétérinaires
sont invités à signaler les cas suspects aux autorités
vétérinaires locales en invoquant la nécessité de
contenir et de contrôler la maladie, car elle représente
un risque considérable pour l'industrie. Aucun vaccin
n'est actuellement disponible pour combattre la
maladie.
Le virus de Schmallenberg et les orthobunyavirus
apparentés du sérogroupe Simbu ne sont pas inclus
dans la liste des maladies soumises à la notication
internationale ou aux normes sur le commerce
établies par l'OIE et la connaissance actuelle de
la maladie suggère qu'il n'est pas nécessaire de la
traiter diéremment des autres maladies causées
par les virus de ce genre. Toutefois, les membres
concernés de l'UE ont informé l'OIE de foyers de la
maladie conformément à la procédure de notication
relative aux maladies émergentes (Commission
européenne, 2012). L'UE n'impose pas actuellement de
restrictions commerciales en ce qui concerne le virus de
Schmallenberg.