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INTRODUCTION
Une partie de la population présente des difficultés à communiquer, à s'affirmer, à gérer ses
émotions et souffre parfois de rejet et/ou d'isolement. Les résultats présentés dans le rapport de
recherche de Galand, Hospel et Baudoin (2014) montrent clairement que le harcèlement est un
phénomène très largement répandu en Fédération Wallonie Bruxelles, touchant un élève sur trois
dans l'année où l'étude a été réalisée. En effet, selon l’enquête du Comité des élèves francophones,
CEF (2015), 95% des 500 élèves interrogés déclarent avoir été témoins de moqueries envers un autre
élève, 88% d’entre eux de l’isolement d’un élève, 61% de vols d’objets appartenant à un autre élève
et plus d’un sur deux, (56%) déclare avoir assisté à des violences physiques sur un autre élève. Ces
faits ont lieu, dans 97% des cas, à l’intérieur de l’école, bien souvent en classe, en présence d’un ou
de plusieurs adultes.
Concernant les habiletés sociales des enfants présentant un haut potentiel, un TDAH, ou un
syndrome d’Asperger, population qui est également étudiée dans ce colloque, il semble que les
études soient peu nombreuses. Nous tenterons toutefois de vous faire part de nos recherches à ce
sujet.
Tout d’abord, une première réalité est qu’étant donné l’absence de « dépistage » systématique du
haut potentiel, aucun résultat n’est généralisable à l’ensemble de cette population. De plus, les
études de cas concernent souvent des enfants consultant pour des difficultés scolaires et/ou
psychologiques. Or, tous les enfants HP identifiés ne présentent pas de troubles psychologiques
(Liratni & Pry, 2011). Toutefois, on retrouve dans la littérature, deux positions. Certains travaux
avancent l’idée d’inadaptation et d’immaturité sociale. D’autres, par contre, déclarent que les
compétences sociales semblent être « normales » voire très performantes chez ces enfants. (Liratni
& Pry, 2011). Selon Hollingworth (1942), l’inadaptation sociale se manifesterait principalement par
de l’isolement (inhibition, anxiété, dépression) et/ou de l’hétéro agressivité (troubles du
comportement, oppositions, provocations). Selon Barthélémy (2005), les enfants HP éprouveraient
des difficultés, non pas à encoder ou interpréter les informations sociales afférentes, mais plutôt à
choisir la bonne réponse comportementale dans une situation sociale. Il parle de la notion de
dysajustement. En effet, leur haut niveau cognitif permet un encodage correct, mais la difficulté
serait davantage liée au choix de réponse en fonction des partenaires sociaux qui peuvent varier
selon l’âge (enfants, adultes) et le statut social (leader, dominant, amis, parents, professeurs…). Il
émet l’hypothèse que certains enfants HP auraient plutôt tendance à répondre de manière très
élaborée (comme un adulte) et avec moins d’inhibition en considérant l’adulte comme un pair ; ce
qui peut perturber les conventions sociales et remettre en cause le respect de l’autorité. Cette
tendance aurait donc des conséquences importantes en termes de socialisation et de
compréhension mutuelle avec les pairs étant donné que leurs réponses sont davantage plus
élaborées que celles des enfants du même âge.
Terrassier (1979) parle de phénomène de « dyssynchronie » qui stipule l’existence d’un décalage
développemental important entre l’aspect intellectuel (très en avance) et l’aspect social (dans la
norme ou retardé). Selon Terrassier (2006), ce décalage pourrait provoquer des difficultés
d’intégration dans un groupe de pairs du même âge.
A contrario, les rares études citées dans Liratni & Pry, 2011, suivant une méthodologie expérimentale
et décrivant le développement social des enfants HP, ne permettent pas de mettre en évidence un
retard ou une immaturité sur ce plan. Dans une étude de Field et al. (1998), où 162 adolescents HP
(QI > 132) ont rempli un auto-questionnaire concernant la vie sociale, les résultats montrent des
scores dans la norme, voire au-dessus, en termes de degré d’intimité acquis en amitié. D’autres
études (Luftig & Nichols, 1990) s’intéressent au statut social des enfants HP, et montrent qu’ils sont
bien souvent populaires, particulièrement les garçons, et que la proportion d’enfants « rejetés » est
plus grande dans les groupes témoins que dans les groupes HP.
Enfin, au niveau des cognitions sociales, de nombreuses études se rejoignent sur le fait que l’enfant
HP présente des performances normales, supérieures, voire très supérieures aux enfants du même