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Par ailleurs, la Chine adopte une approche bottom-up en
ce qui concerne l’innovation technologique en acquérant
les technologies étrangères pour les réutiliser en les
améliorant. Ainsi, l’Etat a mis en place une forte incitation
aux transferts technologiques (obligation de constitution
de JV, obligation de fabrication locale lors des appels
d’offre, incitation au dépôt de brevet par les entreprises
chinoises…).
2. Etat régulateur
Dans ce pilier de la politique industriel, l’Etat chinois adopte
une attitude plus conventionnelle en recourant à 3 types
d’intervention:
1. L’Etat conduit la politique relative aux
investissements
L’Etat qui a publié en 2011 un catalogue des investissements
étrangers (NDRC), recherche un équilibre entre attractivité
et protection du marché intérieur. Par ailleurs, l’Etat met en
place des dispositions juridiques permettant la protection
des droits de propriété intellectuelle tout en mettant la
priorité sur le rattrapage technologique.
2. L’Etat dénit des orientations sectorielles
L’Etat recherche la consolidation sectorielle de façon
à permettre aux entreprises de dégager de plus gros
bénéces an de mieux investir dans la recherche &
développement. Il y a en ce moment une importante
réexion sur la constitution des monopoles et ententes
notamment dans le secteur téléphonique où une
réglementation anti-monopolistique a permis de briser
une entité illégale entre China Telecom et China Unicom.
L’Etat tente aussi de mettre en place des mesures visant
à l’amélioration de l’efcacité environnementales des
entreprises.
3. L’Etat met en place des incitations pour accroître
l’attractivité des territoires
L’Etat recourt aux subventions pour orienter le
développement à l’étranger des entreprises chinoises
(grands contrats, banque dédiées à l’expansion des
entreprises chinoises à l’exportation), à une scalité
attractive pour orienter les investissements à l’intérieur
(ZES, Go West) et à des subventions de soutien à la
consommation pour favoriser la consommation des
ménages chinois (le plan de relance de l’économie
chinoise en 2008 a mis en place un système de bons
d’achat à destination des ménages ruraux pour favoriser
l’achat d’équipements produits en Chine).
3. L’Etat acteur direct de l’économie
L’Etat est un acteur direct de l’économie chinoise par
l’importance de sa commande publique (notamment pour
le développement des infrastructures) dont les montants
sont extrêmement élevés : 1000 Md USD par an. Ceci
démontre un patriotisme économique actif malgré les
risques de tensions commerciales avec ses partenaires
économiques. En effet, la Chine qui répond aux appels
d’offres publiques à l’étranger n’a jusqu’à présent pas
signé l’accord OMC sur l’accès au marché public.
Le cœur du modèle chinois est ainsi formé par les
entreprises publiques qui se sont assainies dans
les années 1990. Celles-ci mènent véritablement le
développement industriel du pays notamment dans les
secteurs stratégiques.
4. Constat de résultat et limites
On assiste à un rattrapage industriel de la Chine très rapide.
Dans de nombreux secteurs, les entreprises chinoises sont
aujourd’hui capables de produire là où elles ne pouvaient
pas le faire avant. Les chinois ont mis en place une
politique d’attractivité en ouvrant le marché chinois sous
condition de production en Chine en en protant ensuite
pour récupérer les technologies étrangères et produire
nationalement. Aujourd’hui, 80% du marché chinois est
produit par la Chine. Un exemple qui illustre bien cette
nationalisation du savoir-faire est le secteur de l’éolien où
les chinois ont remonté toute la chaîne de production et
peuvent se placer sur des marchés étrangers.
Cependant, il convient d’apporter quelques nuances à
cette réussite industrielle chinoise:
• L’atomisation des secteurs empêche l’émergence
de champions nationaux multisectoriels qui
mobiliseraient des fonds importants pour la
recherche et développement. Une consolidation
multisectorielle doit être envisagée ;
• La Chine reste encore fortement dépendante
de la connaissance étrangère : les technologies
de cœur restent essentiellement étrangères.
Plus surprenant, le rattrapage industriel ne s’est
pas effectué dans les technologies de base : les
entreprises chinoises se heurtent à des cycles de vie
très courts et des barrières à l’entrée (par le montant
d’investissement requis) ou à des cycles de vie très
longs (dans l’industrie pneumatique où s’ajoute à
cela un secret industriel jusqu’ici non pénétré). Le
rattrapage industriel a «échoué» particulièrement
dans 2 secteurs : l’automobile (60% du marché
chinois reste de marque étrangère) et la fonderie
électronique. Cet échec dans ce dernier secteur
peut s’expliquer par l’imperméabilité de Taïwan
qui bloque l’acquisition de technologie mais plus