Chapitre 1
I-4
Selon Aristote (~384 - ~322), la vie résulte de la rencontre entre un
principe passif, la matière, inerte et informe et un principe actif,
l'âme qui imprime à la matière son organisation complexe, son
mouvement, son énergie, sa vitalité.
Dans les siècles qui suivront, cette conception de la vie connaîtra
plusieurs variantes que l'on peut regrouper sous le nom de théorie
vitaliste (ou vitalisme). La théorie vitaliste se caractérise par la
croyance en une entité immatérielle (ou spirituelle), une force vi-
tale qui animerait les êtres vivants.
Les découvertes scientifiques qui se succéderont à partir du milieu
du XIXe siècle conduiront à l’abandon complet de cette théorie. Il
est maintenant clairement établi que les différents phénomènes as-
sociés à la vie obéissent aux mêmes lois et forces qui régissent le
reste de l'univers. Il n'est nullement nécessaire de faire appel à une
mystérieuse énergie vitale pour expliquer la vie, on peut très bien
l’expliquer en faisant uniquement appel aux lois de la chimie et la
physique.
La conception moderne de la biologie est totalement matérialiste,
elle ne fait appel à aucune force ou énergie immatérielle. Pour la
biologie moderne, un être vivant est un assemblage très complexe
de molécules interagissant entre elles selon les lois de la physique
et de la chimie qui s'appliquent à toute matière. On peut au-
jourd’hui expliquer le phénomène du vivant sans faire appel à au-
cune force mystérieuse. Vous ne verrez jamais, dans aucun manuel
de biologie, une explication faisant appel à l’énergie vitale ou à un
quelconque fluide vital.
Pourtant, encore aujourd'hui, de
nombreuses personnes ont une
conception vitaliste de la vie. Cette
idée est particulièrement répandue
dans le milieu des médecines dou-
ces. L'âme d'Aristote, devenue fluide
vital, énergie vitale, chi, mana,
orgone, prana ou kundalini selon la
religion thérapeutique qu’on adopte
serait l'agent responsable de la vie,
de la santé et de la maladie. La
santé s'expliquerait par une circula-
tion harmonieuse de l'énergie vitale
alors que la maladie serait due à
une mauvaise circulation ou à une
perte de cette énergie. Pourtant
cette notion d’énergie vitale est un
concept totalement dépourvu de
toute base scientifique. La confiance
en des pratiques médicales basées
sur cette théorie abandonnée depuis
longtemps par la science tient plus
de l'acte de foi que de la raison.
Aristote