Préface
Il y a maintenant 17 ans, le gouvernement du
Québec entreprenait une collecte systématique
et rigoureuse des données accumulées sur les
espèces jugées en situation précaire, certaines
remontant, si ce n’est aux premières explorations
de Pierre Boucher (1664), Michel Sarrazin (1704) et
Pehr Kalm (1749), tout au moins aux découvertes
des naturalistes des XIXe et XXe siècles comme
Léon Provancher et le frère Marie-Victorin.
La collecte, la dénomination et la description d’es-
pèces a longtemps été l’activité principale des na-
turalistes. Ils ont ainsi ouvert la voie aux sciences
et aux connaissances plus larges que sont la bio-
géographie, l’écologie et, très récemment, la biolo-
gie de la conservation.
La prise de conscience naissante du rôle de la di-
versité biologique dans le destin de la planète et,
par voie de conséquence, de notre espèce, a ame-
né les sociétés à s’intéresser particulièrement aux
espèces vulnérables ou menacées de disparition.
Les renseignements tirés des collections scien-
tifiques et issus des inventaires contemporains
prennent alors toute leur importance. Le Centre de
données sur le patrimoine naturel du Québec voué
à la tâche de suivre à la trace ces espèces – mais
aussi les associations d’espèces et les écosystè-
mes –, s’appuie sur ces données pour justifier les
actions préventives, les interventions en cas de
destruction irréversible et la protection de ce patri-
moine pour lequel nous sommes parfois les seuls
responsables du maintien, certains éléments étant
exclusifs à notre territoire.
Cette tâche d’information et de veille, le Centre
de données sur le patrimoine naturel du Québec
s’en acquitte avec beaucoup d’efficacité depuis sa
création en 1988. Mais encore faut-il qu’il soit con-
nu – et reconnu –, et que cette source imposante
de données soit traitée dans une perspective spa-
tiale d’aménagement du territoire pour qu’il puisse
pleinement jouer son rôle. Voilà qui est amorcé de
belle manière avec la parution de ce premier at-
las sur les espèces menacées ou vulnérables du
Québec. Très riche de données et de concepts, cet
atlas se veut démonstratif, éclairant et rigoureux.
C’est aussi une porte ouverte vers des outils plus
précis, plus près des décideurs et des acteurs ré-
gionaux. C’est d’ailleurs ce que nous entreprenons
à partir de maintenant : fournir aux directions ré-
gionales des ministères concernés et aux munici-
palités locales et régionales des recommandations
permettant de guider l’aménagiste, l’entrepreneur
de grands travaux publics, l’agence forestière ré-
gionale, et combien d’autres, vers des pratiques
compatibles avec le maintien de ce patrimoine na-
turel irremplaçable.
Léopold Gaudreau
Directeur, Direction du développement durable, du patrimoine écologique et des parcs
Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs
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