Apprendre – lâcherprise – prier
Michel Bollag, 63 ans, a étudié la Torah à Jérusalem, la
pédagogie, la psychologie et la philosophie à Zurich; il est
expert en judaïsme et, depuis 2001, codirecteur de la
plateforme d’étude des religions (lehrhaus.ch) à Zurich. Michel
Bollag est aussi engagé dans le Commission de dialogue
judéo/catholique de Suisse, un organe commun de la
Fédération suisse des communautés israélites et la Conférence
des évêques suisses. Frères en Marche a abordé avec lui le
thème de la spiritualité dans le judaïsme et la cohabitation entre
entre juifs et chrétiens.
Beaucoup de gens parlent
aujourd’hui de la spiritualité.
En tant que capucin, je sais qu’il
existe des différences entre la
spiritualité franciscaine et
ignacienne. Est-ce que le terme
«spiritualité» revêt une
signification particulière dans
le judaïsme?
Un penseur juif du siècle dernier a
dit que la spiritualité n’est pas le
chemin mais peut sans autre
constituer un objectif. On peut de-
venir spirituel, mais la spiritualité
n’est pas un but pour le croyant. La
spiritualité n’est pas un impératif
pour un juif mais elle dit quelque
chose à ceux qui sont religieuse-
ment touchés par la musique.
Quel est le chemin pour un juif si
ce n’est pas la spiritualité en soi?
Le judaïsme parle de Dieu et des ac-
tions que la personne a à accomplir
pour rencontrer Dieu. En satisfai-
sant à ces normes, la relation avec
Dieu se construit et le croyant de-
vient par la même occasion un
homme bon.
Cela signifie que la spiritualité
et les normes d’action peuvent être
distinguées et donc peuvent
affecter différentes réalités?
Non, pas nécessairement. Dans
le judaïsme, il y a toujours des
groupes de dévots qui se disent
hassidim. Hassidim vient du mot
«Hessed», à savoir «l’amour». Ces
hassidim ont essayé de vivre avec
une acuité particulière la mystique
de Dieu.
En quoi consiste la vie quotidienne
des hassidim?
Les préceptes de la vie quotidienne
sont vécus avec une forte inten-
sité spirituelle. Cela nécessite une
grande concentration et une forte
prise de conscience de ce que
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frères en marche 4|2015