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entre les différents acteurs semble difficile à mettre en place. D’où vient ce climat reflétant un
manque de confiance évident entre l’Etat, les entreprises et les citoyens ?
2- Le soupçon : conséquence d’un manque d’éthique,
Dans le contexte moderne, les dangers auxquels nous sommes confrontés ne
proviennent plus en premier lieu de l’univers naturel. Les menaces écologiques d’aujourd’hui
sont la conséquence d’un savoir socialement organisé, influant sur l’environnement par
l’intermédiaire de l’industrialisation.
En effet, la science devient de plus en plus nécessaire,
mais de moins en moins suffisante à l’élaboration d’une définition socialement établie de la
vérité. L’omniprésence du risque dans les sociétés modernes s’explique par le rôle des
sciences, qui sont, dans le même mouvement, pourvoyeuses de risques et sources de
solutions à ces mêmes risques.
Face à ce constat, l’incompréhension et la méfiance
citoyennes sont légitimes. Les entreprises apparaissent comme des organismes
déshumanisés, visant toujours plus de profits et générant sans cesse de nouveaux risques.
Quelle relation nouvelle faut-il donc établir entre entreprise et société ?
Le citoyen demande à l’Etat d’assurer sa protection contre des risques inhérents à la
vie en société. C’est une toute autre conception de l’organisation politique qu’impose
aujourd’hui le risque. Il suppose dans un premier temps un renforcement de la figure de
l’Etat et affirme dans un second temps la nécessité pour l’entreprise de retrouver la place
qui lui revient au sein de notre société : plus de transparence, de démocratie, de règles
établies, de responsabilités, de prise de conscience mais surtout, plus d’éthique. Ces
exigences du risque ne peuvent venir que d’une réflexion collective cherchant à définir un
« contrat social ». Un contrat comparable à celui de Jean-Jacques Rousseau : les citoyens
s’accordent sur un certain nombre d’avantages inhérents à la vie en société et paient en
même temps ces avantages de la vie en société. Payer, dans notre cas, les avantages et les
bénéfices qu’ils vont tirer de l’industrie en acceptant une contrepartie.
Ce « contrat social » exigerait donc des termes explicites, transparents, valables pour
tous, contestables et opposables à autrui devant les tribunaux. L’existence d’un tel contrat,
même tacite, pose cependant une question essentielle. L’acceptation tripartie (Etat,
entreprises, citoyens) annule elle toute responsabilité individuelle en ne prenant en compte
qu’une responsabilité collective ?
3- Risque et responsabilité.
Du latin responsus, de respondere, la responsabilité indique une réponse à donner.
Toute personne doit répondre de ses actes. La responsabilité met en jeu : un sujet,
détenteur de responsabilité, un destinataire, à l’égard de qui le sujet est responsable et une
tierce personne ou instance vis-à-vis de laquelle le sujet doit rendre des comptes. Dans
notre cas, l’entreprise serait le sujet, les citoyens le destinataire et l’Etat l’instance
régulatrice. C’est pour appliquer cette responsabilité au domaine des risques technologiques
que Hans Jonas
a fondé le principe de responsabilité : « une volonté d’ancrer le
développement scientifique dans une théorie de valeurs ». Ce principe nous propose une
éthique où chacun, à son niveau, devient garant de l’avenir de l’humanité sur Terre.
Lord Anthony Giddens, sociologue Britannique, professeur à l’université de Cambridge.
Ulrich Beck, sociologue Allemand auteur de « La Société du risque » (1986).
Hans Jonas, philosophe Allemand et historien du gnosticisme.