Jeanne-Laure LE QUANG, « Le suprême intérêt de l’État ne permet pas d’attendre, et de ne
considérer comme criminels que ceux qui ont déjà agi ». De l’opposant politique au
« suspect », la question de la dangerosité dans les pratiques de surveillance de la haute
police impériale (1799-1815)
La surveillance mise en place par la haute police de Napoléon, sous le Consulat et le
Premier Empire, est loin de s’attacher aux seuls opposants politiques. Bien au contraire,
elle vise à entreprendre un contrôle social élargi de la société impériale, dont nous
nous attachons à délimiter les contours, à travers ses cibles (notamment les individus
soupçonnés d’être en lien avec l’étranger), et ses pratiques (à toutes les échelles). La
surveillance se fait en effet à la fois a priori, de manière préventive, et a posteriori (à la suite
d’une détention, ou du retour d’un émigré sur le territoire) : c’est la surveillance dite
« spéciale », créée sous le Consulat. Cette surveillance mobilise des acteurs tant officiels
qu’officieux, ce qui amène à interroger la participation de la société elle-même à ce
contrôle social. Enfin, se pose la question de la justification de ce contrôle social, la
surveillance policière semblant largement extralégale, et bien plus tournée vers la
sauvegarde du régime napoléonien lui-même et de son chef.
Anne KLUBER, La mémoire des rescapés de l’armée de Cannes : le contrôle social du métier
de citoyen-soldat dans la Rome républicaine
Vaincus à Cannes en 216 av. J.-C., les soldats de l’armée romaine qui n’avaient pas pu
suivre le consul Terentius Varron ni se réfugier à Venouse, et avaient échappé par leurs
propres moyens à la mort, avaient été accusés de lâcheté et sanctionnés. Transmis dans
la mémoire collective sous forme d’exemplum, l’épisode, devenu exemplaire, met en
évidence l’intériorisation des normes et des valeurs au sein de l’oligarchie romaine, et,
par là-même, l’importance du contrôle social informel s’exerçant sur les généraux et les
officiers supérieurs de l’armée romaine. Par ailleurs, le caractère inouï et la réitération
des sanctions disciplinaires infligées aux Cannenses pourraient marquer une tendance à
la professionnalisation de ces citoyens-soldats.
Jean-Pierre VALLE, L’assassinat politique du Roi Alexandre 1er de Yougoslavie à Marseille
le 9 octobre 1934 : le tournant de la mise en œuvre d’une censure a priori et a posteriori
des actualités cinématographiques sous la IIIe République
Conclusion de Xavier ROUSSEAU, Université catholique de Louvain (ULC)