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Synthèse
Auteurs
Pierre Lorent (ORM PACA)
Samira Mahlaoui (Céreq).
Le secteur du social est pionnier en matière d’alternance formative, en particulier
lorsqu’il s’agit des formations diplômantes des futurs cadres.
Depuis peu, on assiste dans ce secteur à l’introduction du concept de « site
qualifiant ». Promu par l’État, ce concept révolutionne le champ de l’alternance :
les entreprises dites « sites qualifiants », qui accueillent des stagiaires préparant
un diplôme social, sont désormais entièrement parties prenantes du processus de
certification et s’engagent à « transférer des compétences » spécifiques au formé, en
respectant le référentiel de compétences du diplôme. Cette démarche, qui émerge
dans un contexte d’évolution des concepts de la formation vers la recherche d’une
alternance pédagogique plus affirmée, peut profiter à l’ensemble des acteurs des
formations sociales. Mais elle bouleverse également les habitudes, à la fois des
organismes de formation et des entreprises.
Dans le cadre d’une recherche-intervention, un groupe de travail composé de
responsables de structures et chefs de service du secteur social ayant des activités
tutorales (région Provence-Alpes-Côte d’Azur), a été mis en place pour aborder
la thématique de l’accueil et de l’accompagnement de stagiaires futurs cadres
engagés dans la préparation de deux diplômes : le certificat d’aptitude aux fonctions
d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale (CAFERUIS) ; le
diplôme d’État d’ingénierie sociale (DEIS).
Parmi les résultats saillants, il ressort que les connaissances relatives à la notion
de site qualifiant sont plutôt limitées. L’intégration de cette notion semble encore
réduite dans les structures représentées et les managers s’engagent avec réserve dans
la démarche.
Les expériences d’accueil sont très hétérogènes et développées de façon empirique.
C’est principalement en situation de travail que les acteurs professionnalisent leur
pratique tutorale.
L’analyse montre aussi que les savoirs identifiés par les participants diffèrent
sensiblement de la façon dont ils sont formulés au sein des référentiels de compétences
officiels. L’exercice de la transmission de savoirs issus de la pratique s’avère complexe
et doit prendre en compte des paramètres variés (caractéristiques de la formation,
du stagiaire et de l’établissement d’accueil). Les tuteurs privilégient une démarche
maïeutique où leur rôle est d’accompagner le questionnement du stagiaire sur
son positionnement de futur cadre, ce qui n’apparaît pas en tant que tel dans les
référentiels des diplômes.