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PARTEMENT DE SOCIOLOGIE
UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
SOL 1901 A Tony Orival
Introduction à la sociologie Hiver 2017
1.!OBJECTIFS DU COURS
Ce cours est conçu comme un voyage. Un voyage pour découvrir ce qu’est la sociologie.
L’objectif de celui-ci est de vous faire entrer dans la discipline en vous proposant d’emprunter
différents chemins pour vous familiariser progressivement au regard sociologique. Ceci n’a
rien de simple : développer un tel regard nécessitera d’opérer un écart par rapport à vous-
mêmes, vos représentations, points de vue et certitudes. Ceci pour les questionner, les soumettre
à critique…
Mais qu’est-ce donc que la sociologie ? En quoi consiste le métier de sociologue ? Quelles-
sont les questions qu’un artisan en sociologie se pose lorsqu’il œuvre dans cette discipline ?
Peut-on distinguer la connaissance sociologique d’autres formes de connaissance ? Y a-t-il des
problèmes clés qui traversent la discipline depuis son avènement ? Quels sont les fondements
et principaux concepts développés sous son égide ? Ou encore, le sociologue peut-il
intervenir pour « transformer » le social ?
Voilà quelques-unes des questions que nous serons amenés à nous poser. Néanmoins ce
cours ne prétend pas apporter de réponses définitives. Et pour cause : il n’y a pas de définition
unanime – et encore moins unanimement admise – de ce qu’est l’objet de la discipline. Il n’y a
donc pas une seule pratique ou production sociologique. C’est pourquoi, au cours de cette
invitation à la sociologie, différentes formes de raisonnements et méthodes utilisées dans la
discipline seront présentées.
En tentant de délimiter dans un périmètre de sens ce qu’est la sociologie, et en prenant
connaissance des travaux de ses fondateurs, c’est finalement à une entreprise de déconstruction
et reconstruction des représentations qui circulent à son égard que nous nous livrerons. Il s’agira
donc aussi bien de savoir ce qu’est la sociologie que ce que qu’elle n’est pas. Les principes
attachés à la pratique sociologique seront expliqués.
Face à la fin des grandes théories du monde social, à la division du travail scientifique ou
aux phénomènes de professionnalisation et de spécialisation qui touchent la discipline (la
séparation en sociologie du travail, de l’éducation, de la culture, etc.), et à un moment les
individus sont parfois considérés comme étant détachés de toute détermination sociale, nous
verrons que les sociologues – aidés des apports d’autres disciplines – peuvent répondre à deux
questions majeures : comment devient-on ce que l’on est ? Et pourquoi fait-on ce que l’on fait ?
Sans prendre parti pour telle ou telle perspective théorique (les étudiants et étudiantes se
feront leur propre idée de la pratique sociologique vers laquelle ils se destineront), l’enjeu sera
d’exposer et de mettre en débat les connaissances sociologiques sur l’individualisme avec celles
qui, dans la lignée de Pierre Bourdieu et Bernard Lahire, œuvrent pour fonder, développer et
renouveler la tradition dispositionnaliste en sociologie. Cet exposé sera alimenté par les appuis
scientifiques qui expliquent et étayent le processus de socialisation.
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Après avoir dévoilé en quoi les individus semblent porter l’empreinte des relations qu’ils
nouent avec leur environnement social, la question du langage fera l’objet d’une attention
particulière. Si nous évoquerons rapidement les entreprises du structuralisme et de la
linguistique à ce chapitre, c’est principalement l’étude du langagier dans son contexte social
qui nous occupera.
Sur cette lancée, nous affronterons un autre problème redoutable qui s’enracine et prolonge
les notions vues lors des séances précédentes : ce qu’est la culture d’une part, ce que peut
produire un mélange des cultures fondé sur des expériences socialisatrices différentes et
dissonantes d’autre part. De ce point de vue, comment notre rapport aux cultures a évolué ?
Comment se combinent les influences socialisatrices contradictoires ?
Dans la suite du programme, nous verrons que l’on ne peut pas comprendre pourquoi les
individus sont ce qu’ils sont et font ce qu’ils font sans saisir sociologiquement les modalités du
contrôle social. Ainsi, comment celui-ci s’institue-t-il et pousse-t-il les individus à agir de telle
ou telle manière suivant les circonstances ? En quoi aussi Michel Foucault, Erving Goffman et
Howard Becker, parmi d’autres, peuvent nous aider à appréhender les règles, normes et
déviances ?
Au fond, puisque ce cours d’introduction à la sociologie est une opportunité de se
questionner sur la place des institutions dans les rouages du fonctionnement du social, deux
leçons seront spécifiquement dédiées à l’école. Dans la première, il s’agira de rendre compte
des récentes transformations de cette institution et de s’interroger sur son emprise dans la
formation, l’assignation et la hiérarchisation des positions sociales. Dans la seconde, les
inégalités de scolarisation seront plus particulièrement examinées.
Point névralgique de la sociologie, nous poursuivrons cette initiation à la sociologie sur le
thème des inégalités sociales, en se focalisant notamment sur celles qui touchent à l’emploi. En
quoi le fait d’être petit plutôt que grand, noir plutôt que blanc, vieux plutôt que jeune, femme
plutôt qu’homme, gay plutôt qu’hétéro, immigré plutôt que natif, impacte-t-il le destin social ?
Enfin, cette invitation à la sociologie se conclura par deux leçons au travers desquelles un
dernier tour d’horizon des thèmes, concepts et méthodes abordés au cours des leçons
précédentes sera proposé. L’une portera sur le sport. L’autre sera un exposé d’expériences de
recherche afin de montrer comment différentes perspectives théoriques peuvent être mises au
travail.
Un dernier mot. Si la participation des étudiants et étudiantes est d’emblée requise pour
nourrir ce cours et en faire un lieu de pensées et de débats, des conférences publiques seront
organisées pour rendre plus stimulant encore ce parcours sur les chemins de l’investigation
sociologique.
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2.!METHODES D’ENSEIGNEMENT ET PRE-REQUIS
Le cours s’organise en deux parties. La leçon magistrale d’une part, la période de laboratoire
d’autre part. L’enseignement magistral sert à présenter les questions, méthodes, concepts et
résultats sur un sujet donné. Des indications de lectures complémentaires, parfois de romans et
de films, pourront être proposés. Lors de certaines leçons, des vidéos seront projetés afin
d’alimenter le cours et diversifier les manières d’acquérir des connaissances.
En revanche, le temps de laboratoire aura plusieurs buts. Il sera tantôt l’occasion de discuter
et de débattre des textes au programme, tantôt l’opportunité de présenter un texte scientifique
de votre choix (sur un sujet à valider avec l’enseignant). À deux reprises, la période de
laboratoire sera aussi mise à profit pour effectuer une séance de bonification, c’est-à-dire un
temps de relecture et de mutualisation des notes prises durant les leçons magistrales.
Finalement, pour ce cours, vous aurez obligatoirement besoin :
!!De votre recueil de texte
!!De l’ouvrage L’esquisse pour une autoanalyse de Pierre Bourdieu
Voici désormais un survol des travaux à réaliser tout au long de cette session :
L’hebdo
À chaque fin de séance, quatre questions vous seront posées sur les textes que vous devrez
lire obligatoirement pour la séance suivante. Vous serez alors invités à répondre aux questions
posées en deux pages maximum. La remise de votre rapport se fait chaque semaine.
Ma présentation en 180 secondes
Après avoir choisi un texte en lien avec le cours valider avec l’enseignant), vous
réaliserez une présentation pour exposer celui-ci devant vos pairs étudiants et étudiantes. Les
supports de présentations (écrits ou ppt) seront remis trois jours avant le jour de votre passage.
Les dates auxquelles se tiendront ces exposés seront précisées lors de la première séance.
Ma recension d’ouvrage
Parmi une liste (voir ci-dessous), vous choisirez un ouvrage pour lequel vous souhaitez
rédiger une recension. Celle-ci comportera cinq pages maximum et sera remise la 13e séance.
Examen mi-trimestre
!!vingt questions dites objectives
!!deux questions ouvertes (au choix parmi une liste) à rédiger en quatre pages maximum.
Examen final
!!vingt questions dites objectives (cinq questions porteront sur l’ouvrage L’esquisse pour
une autoanalyse)
!!deux questions (au choix parmi une liste) à rédiger en quatre pages maximum.
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3.!CALENDRIER ET EVALUATION DES TRAVAUX
Le calendrier et la répartition des points s’organisent comme suit :
Date
Note %
L’hebdo
10
Ma présentation en 180 secondes
–*
20
Ma recension d’ouvrage
07.04.2017
20
Examen mi-trimestre
24.02.2017
20
Examen final
21.04.2017
30
* À partir du 3 février 2017, 2 à 3 étudiants feront chaque semaine leur exposé sur le temps de laboratoire.
L’ensemble de ces éléments sera toutefois soumis à discussion lors de la première séance.
NB : Les travaux sont à remettre imprimés le jour prévu, soit en cours, soit dans la boîte de
remise des travaux (pavillon Lionel-Groulx, Département de sociologie, 5e étage, boîte placée
à côté de la porte du bureau C-5124) en prenant soin de signer le cahier pour signaler votre
dépôt. Aucun travail envoyé par courriel ou placé dans le casier du chargé de cours ne sera
accepté. Tout retard entraînera une pénalité de 10 % par jour (fin de semaine incluse).
4.!PLAN DES SÉANCES
!!Les diapositives projetées durant les séances seront en partie disponible sur la
plateforme Studium, au terme de chaque séance.
!!Si les vidéos seront projetées durant les leçons, les podcasts recommandés seront
accessibles dès la fin de la 1re séance sur Studium.
1RE SEANCE : QU’EST-CE QUE LA SOCIOLOGIE ?
La première séance est d’abord une prise de contact entre l’enseignant et les étudiants. Elle est
ensuite un exposé sur les objectifs du cours, les modalités pédagogiques, le plan des séances,
les travaux demandés, les exigences en matière d’évaluation. Elle est enfin « le coup d’envoi »
du cours d’introduction à la sociologie en apportant des premiers éléments de réponse sur ce
qu’est la sociologie et ce qu’elle n’est pas ; sur les questions que se posent les sociologues et
sur les manières dont ils les posent ; sur les principes qui guident les pratiques sociologiques.
2e SÉANCE : QUELS APPORTS DE SES FONDATEURS ?
VIDEO : Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Introduction à la sociologie. I. Sociologie
et sociologie spontanée, Réalisé par Daniel Martin et produit par l'IPN, 1966
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Même si la sociologie ne cesse de se renouveler, les figures majeures du développement de la
sociologie de Max Weber à Emile Durkheim, en passant par Auguste Comte, Karl Marx et
Gabriel Tarde influencent encore aujourd’hui les sociologues dans leurs démarches. Une
partie de ces illustres auteurs ont notamment œuvré pour fonder et hisser cette discipline au
rang de science. Une science qui ne consiste pas à juger mais à décrire, analyser et expliquer la
réalité. Par ailleurs, à quels problèmes ces prédécesseurs se sont-ils frottés ? Dans quelles
conditions socio-historiques ? Et quels héritages laissent-ils aux apprentis-sociologues ?
o!Peter Berger, Invitation à la sociologie [1963], Paris, La Découverte, 2014, p. 37-60.
o!Bernard Lahire, « Rompre avec les fausses évidences : la sociologie au travail » dans
Pour la sociologie. Et pour en finir avec une prétendue culture de l’excuse, Paris, La
Découverte, 2016, p. 85-116
o!Frédéric Lebaron et Jean-Numa Ducange, « Marxisme et sociologie : quelle rencontre
? », Actuel Marx, 2, 60, 2016, p. 168-176.
o!Guy Rocher, « L’action sociale » dans Introduction à la sociologie générale, Paris,
HMH, 1968, p. 13-39.
+!Philippe Corcuff, « De quelques oppositions classiques en sciences sociales » dans Les
nouvelles sociologies, Paris, Nathan, 1995, p. 8-20.
+!Emile Durkheim, « Qu’est-ce qu’un fait social » dans Les règles de la méthode
sociologique, Paris, Flammarion, p. 99-113.
+!Laurent Mucchielli, « Tardomania ? Réflexions sur les usages contemporains de Tarde
», Revue d’Histoire des Sciences Humaines, 2000, p. 161-184.
+!Catherine Halpern, « Entretien avec Jean-Paul Willaime : faut-il encore lire Max Weber
? », Sciences humaines, 2006, p. 13.
3e SÉANCE : COMMENT DEVIENT-ON CE QUE L’ON EST ?
Les avancées scientifiques les plus récentes en anthropologie, psychologie ou neuroscience,
notamment mais pas seulement, mettent chaque jour en évidence l’impact des relations sociales
sur les façons d’être et de faire des individus. Comment se réalise ce processus par lequel ces
derniers portent progressivement l’empreinte de leur environnement social ? Que nous
apprennent les recherches récentes sur les intelligences du corps ? En clair, que révèlent les
mécanismes de l’apprentissage et de la connaissance par corps sur le devenir des individus ?
o!Martine Court, Christine Mennesson, Emilie Salaméro, Emmanuelle Zolesio, «
Habiller, nourrir son enfant : la fabrication de corps de classes », Recherches familiales,
11, 2014, p. 43-52.
o!Sylvia Faure, « Apprendre par corps, devenir des individus » dans Benoït Huet et
Nathalie Gal-PetitFaux, L’expérience corporelle, Éditions EP&S, 2010, p. 46-59.
+!Pierre Karly, « Interactions sociales et économie affective » dans Le besoin de l’autre.
Une approche interdisciplinaire de la relation à l’autre, Paris, Odile Jacob, p. 23-43.
+!Peter Berger et Thomas Luckmann, « La société comme réalité subjective » dans La
construction sociale de la réalité, Paris, Armand Colin, 2012, p. 213-236.
+!Jaisson Marie, « Temps et espace chez Maurice Halbwachs (1925-1945) », Revue
d’histoire des sciences humaines, 1, 1999, p. 163-178.
+!Alain Berthoz, « La manipulation mentale des points de vue, un des fondements de la
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