Le médecin de garde après minuit, c`est fini dans le Nord Pas de

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PUBLIC SOS Médecins France - Le médecin de garde après minuit, c'est fini dans le Nord Pas de Calais
Vendredi, 21 Septembre 2012 13:35
Seul SOS Médecins se déplacera
Sinon il faudra se contenter d'un médecin régulateur au téléphone ou aller à l'hôpital. Une
réforme dictée par des questions financières.
Vraie ou fausse bonne idée ?
FLORENCE TRAULLÉ - C'est fait : inutile d'espérer qu'un médecin de garde se déplace chez
vous après minuit et jusqu'à six heures du matin, sauf si vous habitez un secteur où SOS
Médecins est présent. Les négociations, pas faciles, ont duré des mois et la nouvelle
organisation est en place depuis ce lundi. Fini les gardes au-delà de minuit, il faudra se
contenter d'un médecin régulateur qui, par téléphone, devra évaluer si vous pouvez attendre le
lendemain pour vous rendre chez votre médecin traitant ou s'il faut vous envoyer à l'hôpital.
Entre les deux options, plus de visites à domicile mais cette réforme de la permanence des
soins libérale doit être jugée suffisamment insatisfaisante pour que l'Agence régionale de santé
prévoit de remettre en place ce qu'elle appelle des « médecins effecteurs », comprenez des
médecins de garde qui se déplacent à domicile, sur quelques secteurs de la région. Sauf qu'il
faudra attendre novembre, que d'ici là on se demande comment ça va se passer, et qu'il y aura
ensuite une évaluation au bout de six mois pour décider de la suite.
À l'origine de cette réforme décidée il y a plus d'un an par l'Agence régionale de santé et qui a
fait l'objet de négociations compliquées et parfois houleuses, des considérations financières. La
garde de nuit coûtait trop cher pour Daniel Lenoir, son directeur, contraint par l'enveloppe
allouée à la région pour organiser la permanence des soins libérale. En « nuit profonde »,
c'est-à-dire après minuit, il évaluait (Nord éclair du 16 janvier dernier) à une quinzaine le
nombre d'appels déclenchant l'intervention d'un médecin.
« Sauf qu'il ne tient pas compte de ceux qui arrivent directement chez nous après minuit »,
observe le Dr Cladet, de SOS Médecins Lille.
Pour assurer la garde, les généralistes touchaient dans l'ancien dispositif une astreinte (qu'ils
sortent ou pas) jusqu'à minuit puis une autre, plus élevée, jusqu'à 6 h du matin. Une
indemnisation évidemment complétée par la rémunération des visites effectuées chez les
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patients.
Trop cher ?
« Le dispositif actuel est hors de proportion avec l'enjeu », estimait Daniel Lenoir alors en pleine
négociation avec les différents acteurs de cette permanence des soins. À la table, les
généralistes qui posaient la question financière mais également la difficulté à « assurer des
gardes de nuit quand il faut, le lendemain matin, être dans son cabinet », insiste le Dr Charani,
responsable de l'organisation des gardes dans le Nord. Autour de la table, on trouvait
également, pour discuter de l'avenir, le secteur hospitalier, inquiet de voir arriver dans ses
services d'urgence des patients qu'il vaudrait nettement mieux soigner à domicile. C'est surtout
le cas pour les personnes très âgées pour lesquelles une hospitalisation en urgence est
déstabilisante, voire même dangereuse pour leur équilibre et leur santé. « Dans certaines
situations, il y a même un vrai risque d'amputer le capital vie qui leur reste », assure le docteur
Patrick Goldstein, patron du Samu du Nord et du pôle urgences du CHU de Lille. Il y a aussi
les nombreux appels pour des enfants en bas âge, vivant parfois avec des mères isolées dans
l'impossibilité de laisser les autres enfants à la maison pour se rendre aux urgences et pour
lesquels il faudra faire appel à des ambulances de nuit pour rejoindre l'hôpital.
« Il est difficile de "réguler" par téléphone un enfant qui fait de la fièvre. C'est très banal mais
c'est aussi très compliqué », observe le docteur Jean-Philippe Platel, de SOS Médecins
Roubaix-Tourcoing
.
Parmi les interventions après minuit qui peuvent très bien être traitées à domicile mais qui, sans
médecin de garde, déclencheront nécessairement une hospitalisation aux urgences, les
coliques néphrétiques par exemple. C'est atrocement douloureux et « nous savons soulager le
patient jusqu'à ce qu'il aille faire les examens qui s'imposent », explique le Dr Platel. En
revanche, impossible d'attendre en souffrant le martyre, jusqu'au lendemain. Ceux-là atterriront
aux urgences, forcément, alors qu'une hospitalisation en pleine nuit ne s'impose pas.
« C'est
absurde ! »
Outre le fait que les services d'urgences sont déjà notoirement saturés, ce qui impose des
délais d'attente pénibles pour les patients comme pour les personnels, les économies réalisées
d'un côté vont se retrouver en partie plombées par le coût, bien plus élevé, de l'autre. « Mais ce
n'est pas forcément les mêmes budgets alors, du coup, la question est évacuée. C'est absurde
! » raille un médecin inquiet pour la survie de la permanence des soins à la française longtemps
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vantée.
Et puis il y a ce qu'on voit moins. Quid des certificats de décès délivrés jusqu'à
maintenant en pleine nuit ? La question n'est pas abordée et pas anodine : « Les proches
devront attendre le matin pour appeler leur médecin qui, souvent, ne pourra pas passer
immédiatement. Et tant que le certificat de décès n'est pas signé, les pompes funèbres ne
peuvent pas emmener le corps. » Les visites aux gardés à vue dans les commissariats ? Hors
zones couvertes par SOS Médecins, c'est encore sur le système hospitalier que cela va
retomber.
« Et il n'en demande pas tant... » observe le Dr Platel. Quant aux interventions pour
des problèmes psychiatriques, souvent longues et complexes car elles peuvent déboucher sur
des hospitalisations contraintes, là encore, c'est l'hôpital qui devra tout assurer. Quand on y
regarde de plus près, les logiques prioritairement financières, en matière de santé, touchent vite
leurs limites.
Source : Nord Eclair
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