des cancers les registres Changements caractéristiques sociales des personnes à risque de cancer de l’œsophage Catherine HERBERT, Nelly DESOUBEAUX, Hassima LEFEVRE, Guy LAUNOY Véronique BOUVIER, Anne LE PRIEUR Le cancer de l'œsophage est la 15ème cause de cancers dans les pays occidentaux. L'incidence dans le département du Calvados est la plus élevée des pays européens. Dans les années 80, un sur-risque important avait été observé en milieu rural et chez les ouvriers. L'objectif de ce travail était d'étudier l'évolution de l'incidence de ce cancer parmi les différents groupes sociaux entre 1978 et 1995, grâce à l'analyse des données du Registre des Tumeurs Digestives du Calvados. résultats De 1978 à 1995, 1 382 cancers épidermoïdes de l'œsophage ont été diagnostiqués dans le Calvados. Parmi eux 1 289 (93,3%) concernaient des hommes et 93 (6,7%) des femmes. Le taux d'incidence annuel standardisé sur la population mondiale était de 20,98 pour 100 000 chez l'homme et de 1,09 pour 100 000 chez la femme. & matériel méthodes La population de cette étude était constituée de l'ensemble des cas incidents de cancers épidermoïdes de l'œsophage de sujets domiciliés dans le département du Calvados entre 1978 et 1995, répertoriés au Registre des Tumeurs Digestives du Calvados. Les données recueillies étaient l'âge, le sexe, la date du diagnostic, la zone d'habitat et la profession au moment du diagnostic ou la plus longtemps exercée pour les personnes à la retraite. Cinq groupes socio-professionnels (GSP) ont été constitués d'après la classification INSEE : • I : les agriculteurs exploitants • II : les artisans, commerçants et chefs d'entreprise • III : les cadres, les professions intellectuelles supérieures et les professions intermédiaires • IV : les employés et les ouvriers • V : les inactifs Deux zones d'habitat ont été définies, toujours selon le code INSEE : la zone rurale, la ZPIU (zone de population industrielle et urbaine). La population de référence utilisée était issue du recensement de l'INSEE de 1990. L'évolution de l'incidence annuelle ou par périodes de 6 ans a été calculée par la méthode de régression linéaire (intervalle de confiance de 95%). L'évolution de l'incidence au cours de la période d'étude est représentée sur le graphique 1 suivant : Du fait de la faible incidence observée chez la femme, les résultats suivants ne sont présentés que pour les hommes. Pour les hommes, la moyenne annuelle de variation était de –0,74 [-0,52;-0,95] (p<10-4). groupes socio-professionnels Pour 86,9% des hommes, la profession était connue. Pour les GSP I et IV, le pourcentage de variation annuelle décroît de façon significative, alors qu'il croît significativement chez les sujets inactifs (GSP V) et reste stable pour les GSP II et III (graphique 3). zone d'habitat AXE SANTÉ DE LA MRSH DE L’UNIVERSITÉ DE majeurs récents dans les CAEN Le taux d'incidence selon la zone d'habitat est représenté sur le graphique 2. Quelle que soit la zone d'habitat, les pourcentages de variation annuelle de l'incidence montraient une tendance à la baisse significative : -2,26 (p<10-4) pour la zone rurale et -0,48 (p=0,0004) pour la ZPIU. Les taux d’incidence les plus élevés se trouvent dans le bocage conclusion Des changements majeurs ont été observés dans l'épidémiologie du cancer de l'œsophage ces dernières années. L'incidence des groupes sociaux traditionnellement à haut risque (ouvrier et milieu rural) a considérablement diminué. Le facteur de risque majeur de ce cancer étant le tabac et l'alcool, il y a fort à parier que la modification de comportement alimentaire spécifique (calvados bu chaud) est en grande partie responsable du nivellement du risque des différents groupes sociaux. Ce type d'étude de population n'est possible que grâce à l'existence de Registres de cancers, permettant d'évaluer les variations d'incidence d'une pathologie parmi une population donnée, en fonction de variables médicales, sociales, professionnelles ou environnementales. Pour plus d'information : Major changes in social characteristics in oesophaeal cancer patients in france. Int. J. Cancer: 85, 85-897 (2000)