INVENTAIRE DES SAVOIRS ET CONNAISSANCES DES PEKUAKAMIULNUATSH SUR LES PLANTES MEDICINALES RAPPORT FINAL 2011 - 2012 Numéro de Date projet 212-2222 29 mars 2012 Chargé de projet Géraldine Laurendeau Promoteur de projet Association du Parc Sacré Chargé de suivi Paul Vézina 1 Les renseignements contenus dans le présent document ont été obtenus en partie grâce au financement fourni par Ressources naturelles Canada dans le cadre du Programme des collectivités forestières du Service canadien des forêts. 3 Résumé Faire lʼinventaire des savoirs et connaissances des Pekuakamiulnuatsh permet de découvrir la valeur des espèces végétales de notre forêt et leurs utilisations par les populations autochtones, mais aussi dʼélaborer des principes directeurs pour lʼutilisation, la protection des savoirs tout en considérant une exploitation des ressources forestières non ligneuses dans une perspective de gestion durable et intégrée des ressources, et en vue de favoriser le développement des communautés autochtones dans le respect de leurs traditions. LʼAssociation du Parc Sacré, en activité depuis 10 ans, travaille à rassembler et à transmettre les savoirs et connaissances traditionnels sur les plantes médicinales détenus par les membres de la communauté ilnue de Mashteuiatsh par lʼentremise dʼactivités éducatives de transmission du savoir et de la formation. Lʼassociation documente ces savoirs à lʼaide dʼentrevues et de sorties dʼidentification en forêt quʼelle réalise grâce à la participation des porteurs de traditions et aînés de la communauté. Une documentation systématique a débuté en 2008, alors que Géraldine Laurendeau a collaboré avec lʼAssociation du Parc sacré afin de réaliser et analyser des entrevues faites auprès dʼaînés et porteurs de tradition pour rassembler les savoirs et connaissances des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales dans une base de données prévue à cet effet. Ce travail se poursuit depuis lʼété 2010 dans le cadre de lʼInventaire des savoirs et connaissances des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales (ISCPPM), projet de recherche réalisé par lʼAssociation du Parc sacré et financé par la Forêt modèle du Lac-Saint-Jean. Dans sa deuxième phase, lʼAssociation du Parc sacré sʼest aussi adjoint les services de M. Paul Vézina, ingénieur forestier qui, pour sa part, a le mandat de réaliser un portrait de végétation des espèces ciblées présentes sur le Nitassinan. Les informations colligées dans une base de données virtuelle disponible pour consultation à la communauté et aux gens qui en font la demande, pourra aussi servir de fondement et dʼappui à la politique dʼaffirmation culturelle ainsi quʼà la protection et à la conservation du patrimoine naturel, de la biodiversité et du patrimoine culturel immatériel, soient les connaissances traditionnelles autochtones. Équipe de projet Association du Parc Sacré - Kanatakuliuetsh uapikun, Promoteur du projet Géraldine Laurendeau, Chargée de projet, volet ethnologique Paul Vézina, Chargé de suivi, volet écologique Mendy Bossum, Assistante de recherche, été 2011 Bibiane Courtois, Assistante à la réalisation des entrevues, hiver 2012 Ressources externes Vincent Girardin, PhD Écologie végétale, Consultant Alain Cuerrier, PhD Biologie végétale, Chercheur à lʼIRBV, Université de Montréal Giancarlo Marino, Professionnel de recherche, Reproduction et aménagement des espèces Institutions partenaires Musée amérindien de Mashteuiatsh Société dʼhistoire et dʼarchéologie de Mashteuiatsh Conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean 4 Table des matières . . . . . . . . . 5 I. INTRODUCTION . . . . . . . . . 7 . Présentation générale Mission de lʼAssociation du Parc sacré et expertise But et objectifs du projet en lien avec le plan stratégique de FMLSJ Protocole dʼentente avec FMLSJ et modification de lʼarticle 11 - propriété intellectuelle II. RÉALISATIONS DES ACTIVITÉS DE LA PHASE II . . . . . 11 A. Volet ethnographique . . . . . Collecte des données Analyse et intégration des données Assistantes de recherche Modification de la base de données FileMaker B. Volet écologique - Portrait et inventaire de la végétation . Structuration des données Portrait dʼespèces échantillons Validation terrain des espèces échantillons Portrait de la végétation et inventaire écologique Considérations méthodologiques C. Volet commun . . . . . . Recherche et activités de financement Activités de diffusion Éthique de la recherche et propriété intellectuelle Réalisation des revues de littérature Horticulture et aménagement des espèces Pharmacologie et phytochimie D. Difficultés rencontrées . . . . . E. Activités ne pouvant être réalisées au 31 mars 2012 . . . . . 11 . . . . 15 . . . . 19 . . . . . . . . 24 26 III. POURSUITE DU PROJET PHASE III ET CONCLUSION . . . . 27 VI. ANNEXES . . . . . . . . . . Annexe 1 – Article 11 : Propriété intellectuelle Annexe 2 – Regroupement des plantes médicinales par importance Annexe 3 – Planification de la Phase II Annexe 4 - Distance parcourue en lien avec les activités du projet Annexe 5 - Portrait des espèces échantillons (cas du Cerisier de Pennsylvanie) Annexe 6 – Exemple de fiche – Base de données Annexe 7 – Lettre dʼappui du Conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean Annexe 8 – Liste des plantes sélectionnées Annexe 9 – Exemple de fiche tirée de la revue de littérature – Horticulture Annexe 10 – Exemple de fiche tirée de la revue de littérature - Phytochimie . 30 . 5 Adapté de : Project management for small projects, 2007, Management Concept inc. Sandra R, Rowe. 6 I. INTRODUCTION PRÉSENTATION GÉNÉRALE Lʼinventaire des savoirs et connaissances des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales a débuté à lʼété 2010. Il est à la fois la suite dʼun projet de recherche entamé en 2008 lors dʼune maitrise en Ethnologie à lʼUniversité Laval, mais surtout la consolidation des efforts soutenus entre autres par lʼAssociation du Parc Sacré – Kanatakuliuetsh uapikun depuis 10 ans pour transmettre les connaissances liées aux plantes médicinales dans la communauté ilnu de Mashteuiatsh et de sensibiliser la population aux méthodes de guérison traditionnelles. MISSION DE LʼASSOCIATION DU PARC SACRÉ ET EXPERTISE L'Association du Parc Sacré - Kanatukuliuetsh uapikun (APS-KU) veille à la protection des connaissances millénaires des Pekuakamiulnuatsh. En recueillant et en partageant les savoirs et connaissances traditionnels sur les plantes médicinales, l'association s'assure que la transmission intergénérationnelle se poursuive dans le respect des porteurs de tradition. Elle joue, en quelque sorte, le rôle de gardien de ce savoir collectif. L'association vise ainsi la réappropriation d'un mode de vie sain, le maintien de la culture vivante des Pekuakamiulnuatsh par la transmission des connaissances et des traditions qui favorisent la santé des populations autochtones, leur autonomie et leur autodétermination. Ses objectifs sont aussi de sensibiliser à la médecine traditionnelle autochtone, au respect de l'environnement et de la biodiversité. Finalement, l'association participe au développement de la communauté en formant des jeunes et en créant des possibilités d'emploi en territoire. LʼAssociation du Parc Sacré – Kanatakuliuetsh uapikun, en activité depuis 10 ans, travaille à rassembler et à transmettre les savoirs et connaissances traditionnels sur les plantes médicinales des membres de la communauté ilnu de Mashteuiatsh par lʼentremise dʼactivités éducatives de transmission du savoir et de la formation. 7 Lʼassociation documente ces savoirs à lʼaide dʼentrevues et de sorties dʼidentification en forêt quʼelle réalise grâce à la participation des porteurs de traditions et aînés de la communauté. Ses activités sont destinées aux jeunes et aux adultes qui cherchent à se réapproprier la culture traditionnelle innue et qui veulent apprendre à identifier, à cueillir, à transformer et à utiliser les plantes médicinales faisant partie de la pharmacopée ilnu et présentes sur le territoire ancestral, le Nitassinan. Une documentation systématique a débuté en 2008, alors que Géraldine Laurendeau, étudiante à la maîtrise en ethnologie à lʼUniversité Laval, a collaboré avec lʼAssociation du Parc Sacré – Kanatakuliuetsh uapikun afin de réaliser des entrevues auprès des aînés et porteurs de tradition pour rassembler les savoirs et connaissances des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales. Ce travail se poursuit depuis lʼété 2010 dans le cadre de lʼInventaire des savoirs et connaissances des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales, projet de recherche réalisé par lʼAssociation du Parc Sacré – Kanatakuliuetsh uapikun et financé par la Forêt modèle du Lac-Saint-Jean. Lʼinformation recueillie est placée dans une base de données qui est rendue accessible à la communauté par lʼentremise de la Société dʼhistoire et dʼarchéologie de Mashteuiatsh, située dans les locaux du Musée amérindien de Mashteuiatsh. Dans sa deuxième phase, lʼAssociation du Parc Sacré – Kanatakuliuetsh uapikun sʼest aussi adjoint les services de M. Paul Vézina, ingénieur forestier, qui pour sa part, a le mandat de réaliser un portrait de végétation des espèces ciblées, présentes sur le Nitassinan. BUT ET OBJECTIFS DU PROJET EN LIEN AVEC LE PLAN STRATÉGIQUE DE LA FMLSJ Faire lʼinventaire des savoirs et connaissances des Pekuakamiulnuatsh permet de découvrir la valeur des espèces végétales de notre forêt et leurs utilisations par les populations autochtones, mais aussi dʼélaborer des principes directeurs pour lʼutilisation, la protection des savoirs tout en considérant une exploitation des ressources forestières non ligneuses dans une perspective de gestion durable et intégrée des ressources, et en vue de favoriser le développement des communautés autochtones dans le respect 8 de leurs traditions. La base de données qui résulte de ce travail de recherche est inestimable puisquʼelle concède les savoirs collectifs sur les plantes médicinales appartenant à la tradition orale, mais vise aussi à colliger les documents écrits existants pour rassembler lʼinformation disponible jusquʼà ce jour. Ce projet répond à un besoin urgent de documenter la langue, les pratiques et les connaissances traditionnelles qui ont toujours été transmises oralement chez les Pekuakamiulnuatsh et qui sont par conséquent appelées à disparaître avec le départ des aînés. La base de données favorise ainsi lʼaccès et la transmission du savoir traditionnel des Premières Nations. Elle permettra, à plus long terme, de développer des outils qui favoriseront le contrôle des éléments nécessaires à la préservation de la culture innue, en particulier le territoire et les pratiques ancestrales, par la reconnaissance, la mise en valeur de ces savoirs pour mieux contrôler, protéger et développer leur patrimoine culturel, leur savoir traditionnel et les expressions de la langue en lien avec ceux-ci, y compris leurs ressources humaines et naturelles, entre autres, leur pharmacopée, leurs connaissances des caractéristiques fauniques et floristiques, tous issus de la tradition orale. PROTOCOLE DʼENTENTE AVEC FMLSJ ET MODIFICATION DE LʼARTICLE 11 - PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE En juin 2011, suite à lʼacceptation de financement de la deuxième phase du projet par la Forêt modèle du Lac-Saint-Jean (FMLSJ), un protocole dʼentente était rédigé par les deux parties afin de consolider les objectifs, livrables et attentes du projet pour lʼannée financière 2011 – 2012. Cʼest dans ce cadre là que lʼArticle 11 sur la propriété intellectuelle, inséré dans le protocole, fut modifié afin de satisfaire les conditions et exigences relatives au partage des droits. Non seulement la FMLSJ et lʼAssociation du Parc Sacré – Kanatakuliuetsh uapikun travaillèrent de pair pour redéfinir le droit de propriété intellectuelle se rapportant aux savoirs et connaissances traditionnelles sur les 9 plantes médicinales, mais ils formulèrent ensemble, dʼun commun accord, que ces droits seraient partagés également entre les parties, en ce qui concerne les résultats du projet. Dans cet article1, il est aussi mentionné que les droits de propriété intellectuelle sur ces connaissances traditionnelles sont de nature collective, quʼils ne peuvent donc faire lʼobjet dʼune propriété intellectuelle individuelle, en étant consentis à un seul individu. Cela signifie que les travaux réalisés au cours de cette deuxième phase devront faire lʼobjet dʼun consensus chaque fois quʼil y aura utilisation ou diffusion. Cette nouvelle démarche, inspirée dʼententes signées précédemment dans le cadre dʼautres projets faisant intervenir des communautés autochtones, est un premier pas vers la protection de la propriété intellectuelle collective des Premières Nations en ce qui a trait aux savoirs et connaissances traditionnels. 1 Voir article 11 – Propriété intellectuelle à lʼannexe 1. 10 II. RÉALISATIONS DES ACTIVITÉS DE LA PHASE II A. VOLET ETHNOGRAPHIQUE Collecte des données Les activités liées au volet ethnographique qui se sont déroulées au cours de la Phase II du projet sont la continuité de ce qui a été mené lors de la première année. En ce qui concerne le travail de terrain, nous avons poursuivi la collecte de données ethnographiques lors dʼactivités en territoire, de visites au musée (jardin Nuhtshimitsh) et dʼentrevues réalisées auprès dʼaîné(e)s de la communauté. Ces entrevues portaient à la fois sur lʼutilisation des plantes médicinales et sur lʼoccurrence de celles-ci sur leur territoire de chasse, informations en lien avec le volet écologique. Profitant de la grande connaissance des aînés interviewés pour le territoire quʼils utilisent à des fins de chasse et de cueillette, nous avons pu recueillir des informations écologiques pertinentes pour faire avancer ou valider la méthodologie de travail de lʼinventaire des ressources forestières identifiées. Bien que cette manière de fonctionner soit plus laborieuse, elle permet de combiner les connaissances et de réduire les déplacements et le temps qui serait accordé pour réaliser des entrevues distinctes. Ces entrevues nous ont aussi permis de valider les utilisations médicinales et le nom des espèces en nelueun. Nous avons aussi profité de la visite de Madame Hélène Éboto, initiatrice du projet Varnast2 au Cameroun, pour réaliser une visite terrain chez Gordon Moar et effectuer lʼidentification des sites de tourbières où pousse généralement la Sarracénie pourpre (alitshetash). Nous avons aussi pu observer, entre autres, une différence morphologique entre deux variantes du Sapin baumier, souligné par M. Moar. Bien que les aînés de la communauté ilnu de Mashteuiatsh nʼaient pas tous été interviewés, nous pouvons valider certaines utilisations médicinales récurrentes à la majorité des porteurs de savoir. Ces informations colligées jusquʼà présent nous donnent un aperçu de ce quʼétaient les savoirs et connaissances traditionnelles des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales, bien que certaines espèces végétales nʼaient pas encore été décrites de manière exhaustive. Nous souhaitons poursuivre la 2 Valorisation des Ressources naturelles et des Savoirs traditionnels. 11 collecte de données ethnographiques sur un moyen terme et possiblement, selon les moyens financiers disponibles, enquêter auprès dʼautres utilisateurs innus et algonquiens provenant dʼautres communautés au Québec, en particulier sur la CôteNord. Ceci pourrait se faire dans la poursuite du volet ethnographique dʼune phase III du projet dʼinventaire. Analyse et intégration des données ethnographiques et documentaires Au cours de la phase II, les fiches dʼinventaire réalisées en Phase I ont été analysées et intégrées à la base de données et celle-ci a été installée sur un poste dans les locaux de lʼAPS-KU, ainsi que mise à jour sur le poste disponible au Musée amérindien de Mashteuiatsh. La documentation écrite analysée dans la première phase fut aussi intégrée à lʼensemble, une deuxième série de documents fut relevée et mise en bibliographie. Certains documents ont fait lʼobjet dʼune analyse plus systématique. Cʼest le cas du Fonds dʼarchives de Jacques Rousseau des Archives de Folklore et dʼEthnologie de lʼUniversité Laval (AFEUL) et des Relations des Jésuites dont lʼanalyse a été entamée cette année. Lʼintégration des données documentaires à la base de données FileMaker déjà en place nous a aussi permis de constater les limites de la version existante, ses écueils quant à lʼorganisation et à la structuration dʼun tel outil pour la conservation et la consultation. Nous y reviendrons un peu plus loin. Enfin, en ce qui concerne le volet ethnographique, des plantes ont été cueillies, identifiées, séchées et mise en planche pour rejoindre lʼHerbier des Pekuakamiulnuatsh, déposé aux archives de la Société dʼhistoire et dʼarchéologie de Mashteuiatsh (SHAM), situées dans les locaux du Musée amérindien de Mashteuiatsh (MAM). Lʼensemble des documents provenant de cette recherche fut classé et archivé dans un Fonds prévu à cet effet, identifié par le numéro de Fonds P40 – Association du Parc Sacré. Assistantes de recherche Au printemps 2011, une demande de financement pour un emploi étudiant a été faite au Conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean afin de bénéficier dʼun soutien pour 12 embaucher une étudiante à titre dʼassistante de recherche. Mendy Bossum, ayant déjà fait partie du conseil dʼadministration de lʼAssociation du Parc Sacré – Kanatakuliuetsh uapikun (APS-KU), a postulé pour cet emploi dʼune durée de 6 semaines et a obtenu le poste. Ce projet étudiant visait à former et à faire participer un jeune membre de la communauté à lʼInventaire des savoirs et connaissances des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales. Les fonctions reliées à cet emploi étaient, entre autres, de coréaliser les entrevues avec les aînés et de participer à lʼintégration des données ethnographiques et documentaires dans la base de données, de prendre part aux activités de transmission de lʼAPS-KU et de faire de la prise de vue et de son lors des entrevues et des activités en territoire. Pour la période hivernale, Madame Bibiane Courtois, ancienne présidente de lʼAssociation, a repris le flambeau et a assumé le rôle dʼassistante de recherche à la suite de Mendy Bossum. Ces expériences furent autant enrichissantes quʼutiles dans lʼavancement de notre projet. Nous retenterons lʼexpérience lʼan prochain, autant pour ce qui est du volet ethnographique que du volet écologique, car la formation et lʼexpérience de travail offerte aux Pekuakamiulnuatsh permettent à ceux-ci de prendre part activement à la recherche afin de poursuivre ses démarches et aux membres de la communauté de sʼapproprier le projet à plus long terme. Avec la participation de nos assistantes de recherche, une liste de personnes dans chaque famille ayant possiblement des connaissances sur les plantes médicinales a été dressée afin de faire le tour des porteurs de savoir de la communauté. Bien que les entrevues se poursuivent depuis le début de la Phase I, il y aurait encore une vingtaine de personnes de la communauté qui seraient susceptibles de valider ou amener de nouvelles données à notre inventaire. Jusquʼici, une trentaine dʼentrevues ont été réalisées, en plus des analyses faites des entrevues réalisées dans le cadre de la grande recherche du CAM3. Ces données ont été colligées pour être intégrées à la base de données existante, parallèlement aux données documentaires puisées dans les ouvrages scientifiques. 3 Brassard (1983) Occupation et utilisation du territoire par les Montagnais de Pointe-Bleue, Village-des- Hurons, Conseil AttikamekMontagnais (CAM). 13 Comme nous lʼavions spécifié lors du premier rapport final de la Phase I, il est préférable de mener ces entrevues sur le terrain, où les plantes sont présentes et dans des conditions qui se rapprochent du mode de transmission traditionnel. Puisque la saison est terminée, nous poursuivrons le travail dʼenquête, mais sous forme dʼentrevue en face à face. Il sera possible dʼorganiser de nouvelles sorties dʼidentification et de validation lʼété prochain, lorsque les plantes seront de nouveau apparentes. Modification de la base de données FileMaker Des questionnements nous sont apparus lors de lʼentrée de données dans la base de données FileMaker, plus tôt cette année. Nous avons dû, à certains endroits dans les fiches dʼinventaire, ajouter des champs pour pouvoir entrer toute la documentation sélectionnée. Aussi, lors des consultations de cette même base de données par des étudiants en science de lʼécole Kassinu Mamu, une autre problématique a été identifiée, soit la difficulté de chercher dans plusieurs champs simultanément. Deuxièmement, considérant que les données écologiques devaient être intégrées aux fiches existantes, dont la structure nʼa pas été conçue de prime abord à cet effet, il a été indispensable dʼimplémenter notre système de classification pour le rendre plus complet tout en restant facile à utiliser. Cette situation a été corrigée par la création dʼune nouvelle base de données FileMaker4, qui tient compte des écueils précédents mais qui fait aussi une place prépondérante aux données morphologiques et environnementales recueillies dans le cadre du volet écologique et du portrait de la végétation réalisé par Paul Vézina. 4 Voir exemple de fiche à lʼannexe 6. 14 B. VOLET ÉCOLOGIQUE ET PORTRAIT ET INVENTAIRE DE LA VÉGÉTATION Les textes qui vont suivre résument les activités qui ont été réalisées sur le plan écologique. Des ajustements dans la démarche proposée initialement ont été apportés tout en maintenant l'atteinte des objectifs de départ, soit d'évaluer la fréquence et l'abondance des espèces médicinales traditionnelles sur le Nitassinan. Base de données Echo2000 La base de données contient les points d'observation écologique qui ont été observés lors de l'élaboration du cadre écologique forestier du MRNF. La présence et le recouvrement des espèces y sont structurés par strates (arbres, arbustes, éricacées, latifoliées, fougères, mousses et lichens). Un ensemble de caractéristiques écologiques stables (dépôt, drainage, texture, pH, etc.) des sites ont également été relevées lors des observations5. Nous avons fait l'acquisition de 4 041 points d'observation écologique, soit ceux qui couvrent tout le Nitassinan de Mashteuiatsh. Structuration des données Les données contenues dans la base ont nécessité un travail de structuration afin de permettre la création d'un fichier, pour chaque espèce, indiquant où leur présence est observée dans l'une ou l'autre des strates disponibles. Toutes les plantes identifiées jusqu'à présent (cf. annexe 2) lors des activités d'échange avec les aînés sont disponibles pour analyse. Quinze espèces parmi celles qui sont classées "prioritaires" ont fait l'objet d'un portrait complet dans le cadre du projet. Portrait d'espèces échantillons Initialement, le projet prévoyait de dresser un portrait des espèces par type écologique pour évaluer leur variabilité sur le site et procéder à un inventaire qui permettrait d'augmenter la précision des données observées. Suite à une réunion 5 MRN. 1994 Le point d'observation écologique. Normes techniques. Ministère des Ressources naturelles, direction de la gestion des stocks forestiers, service des inventaires forestiers. 116 p. 15 technique avec les responsables du projet incluant le consultant expert en écologie, il a été convenu qu'il était préférable de procéder à un portrait complet de 5 espèces prioritaires afin de s'assurer que la démarche convient et qu'elle peut s'appliquer à l'ensemble. Les 5 espèces retenues à cet effet sont: • le Cerisier de Pennsylvanie (Prunus pensylvanica - apueiminanatuiku); • le Sorbier d'Amérique (Sorbus americana - mashkuminan); • la Coptide du Groendland (Coptis groenlandica – uishaushkemiku); • le Mélèze laricin (Larix laricina – uatshinakan); • le Bouleau blanc (Betula papyrifera – ushkuaiatiku). L'exemple du portrait du Cerisier de Pennsylvanie est résumé à l'annexe 6. Il est constitué d'informations documentées regroupées dans un tableau ainsi que de compilations des composantes écologiques qui expliquent le mieux la présence de l'espèce sur le site. Des cartes d'abondance relative sont disponibles pour chaque unité de surface disponible (bassin versant, aires de trappe, district écologique, peuplements écoforestiers, etc.). Validation terrain des espèces échantillons Les données compilées permettent d'identifier les caractéristiques écologiques dominantes où l'occurrence des espèces est la plus souvent observée. La plupart des informations étant présentes sur les cartes écoforestières du MRNF, il est possible de localiser les sites où la probabilité d'observer les espèces est la plus forte. En 2011, trois validations terrain ont été réalisées pour le Cerisier de Pennsylvanie, le Sorbier d'Amérique et la Coptide du Groenland, espèces qui n'apparaissent pas sur la carte du MRNF. Au cours des validations, les éléments suivants ont été observés : • pour le Cerisier de Pennsylvanie, les sites ciblés (bien drainés avec végétation jeune à dominance feuillue) confirmaient l'abondance relative de l'espèce. En outre, le Cerisier a été observé en abondance en bordure des chemins, ce 16 qu'a corroboré Gordon Moar, aîné avec qui nous avons eu des échanges à ce sujet. Plusieurs sites ciblés pour le Cerisier sont susceptibles d'être reboisés et l'espèce y est donc appelée à diminuer en importance; • il a également été possible d'observer le Sorbier d'Amérique sur les sites qui ont été ciblés pour validation (drainage bon à mauvais avec végétation à dominance feuillue et perturbation partielle – ouvertures). L'espèce y a cependant été trouvée plus sporadiquement, situation qu'a confirmée Gordon Moar. Ce dernier nous a d'ailleurs indiqué qu'il en trouvait de temps à autres dans des peuplements de Pin gris (Pinus divarcata – ussishku). James Moar, qui a également un camp sur le site, nous a indiqué que des peuplements jeunes de Tremble (Populus tremuloides – mitesh) abritaient souvent du Sorbier, ce qui a été corroboré par la suite sur de tels sites; • pour la Coptide du Groenland (savoyane), elle a été retrouvée dans les milieux tourbeux et humides comme anticipé, mais elle semblait associée à des plantes indicatrices de sites plus riches comme le Quatre-temps (Cornouiller du Canada, Cornus canadensis - shashakuminan). En outre, Gordon Moar nous a indiqué des endroits où on la retrouvait sur des sites plus frais (mieux drainés), étant alors confinée aux environs immédiats de souches enfouies dans la mousse. La méthodologie développée pour caractériser les espèces et leur abondance relative sur le territoire s'est révélée appropriée. L'absence de validation terrain à ce stade-ci du projet a été compensée par une utilisation optimale des données écologiques, incluant les associations végétales liées à chacune des espèces, c'est-àdire les groupes d'espèces qui se retrouvent le plus souvent dans les mêmes conditions recherchées. Dans le cas où une espèce médicinale ne se trouve que sporadiquement dans son milieu, une telle approche s'avère d'autant plus importante. 17 Portrait de la végétation et inventaire écologique Quinze espèces parmi celles qui ont été jugées prioritaires (cf. annexe 2) ont été analysées, incluant lʼAirelle canneberge (Vaccinium Oxycoccos – massekuminan) qui est une espèce sauvage que l'on retrouve essentiellement dans les tourbières, bien qu'à l'occasion dans les forêts mal drainées. Le portrait complet des espèces inclut les produits suivants : • portrait documenté suivant les connaissances disponibles pour les espèces prioritaires (cf. tableau de l'annexe 5); • tableaux synthèse d'analyse des composantes biophysiques liées à la présence des espèces. La méthodologie met en relation les principales caractéristiques écologiques stables comme le dépôt de surface, la texture, les conditions de drainage, l'humus, etc. Ces composantes constituent la base des requêtes cartographiques permettant d'identifier les peuplements à forte probabilité d'occurrence. Les informations sur les associations végétales ont également été compilées et utilisées comme composantes d'occurence; • cartographie de l'abondance relative des espèces prioritaires sur le territoire du Nitassinan pour les grandes unités de surface (aires de trappe, bassins versants, etc.). La cartographie des peuplements écoforestiers à forte probabilité d'occurrence est également fournie, incluant les requêtes cartographiques recherchées et applicables sur l'ensemble du territoire; Une des principales difficultés du volet écologique est le manque de validation terrain nécessaire pour confirmer les évaluations d'abondance relative des espèces. Cette situation est due en grande partie en raison du budget accordé qui s'est avéré plus restreint que prévu initialement. À lʼautomne 2011, des demandes de financement ont été transmises dans divers programmes et les réponses sont toujours attendues. Dans l'affirmative, il sera possible de planifier une validation terrain en 2012 pour les espèces 18 "prioritaires" et "importantes" (cf. annexe 2). En outre, il sera possible de prospecter davantage les sites particuliers comme les tourbières. Considérations méthodologiques Comme évoqué précédemment, l'absence de validation terrain constituait une lacune qui a été comblée en bonne partie par une analyse approfondie des données disponibles incluant les associations d'espèces les plus fréquemment observées pour une plante médicinale donnée. Les espèces prioritaires évaluées font essentiellement partie du milieu forestier où les points d'observation (base de données Echo 2000) ont été localisés, mis à part la canneberge sauvage (Airelle canneberge) qui est une espèce caractéristique des tourbières, bien qu'elle se trouve également en forêt sur sites mal drainés. C. VOLET COMMUN Recherche et activités de financement supplémentaires Bien que la FMLSJ contribue généreusement à cette deuxième phase du projet dʼinventaire, il y a un reste à gagner au budget pour pouvoir soutenir et compléter toutes les activités présentées au départ lors de la planification de la deuxième phase6. Pour cette raison, nous avons concentré nos efforts à faire de la recherche de financement pour tenter dʼobtenir la partie manquante à notre budget et pouvoir aller de lʼavant dans une troisième phase de recherche, à partir du mois dʼavril 2012. À cet effet, nous avons déposé des demandes de subvention au programme des Nations Unies provenant des Fonds fiduciaires pour la deuxième décennie des peuples autochtones du monde et au programme pour le développement durable et lʼenvironnement du Fonds Rio Tinto Alcan Canada. De plus, une approche a été faite auprès de la chargée de projet par la coordinatrice de lʼ« ARUC-INNU Habiter le Nitassinan », recherche universitécommunauté dont Mashteuiatsh fait partie, afin de collaborer à lʼélaboration dʼun projet 6 Voir document de planification de la Phase II à lʼannexe 3. 19 de serres en milieu boréal innu. Ce projet pourrait participer à la présente recherche en permettant dʼévaluer la faisabilité de cultiver certaines plantes, utilisées traditionnellement ou non, par les Innus. Un projet devra être déposé en avril 2012 pour évaluation auprès du comité de lʼARUC-INNU. Enfin, plusieurs rencontres ont eu lieu avec le chercheur et ethnobotaniste Alain Cuerrier (IRBV, UdeM) afin de discuter de la possibilité de mettre sur pied un projet en partenariat avec son équipe de recherche pour la suite de lʼinventaire. Bien que cela nʼait pas encore eu de retombée concrète pour notre projet, nous aimerions souligner quʼen avril 2011, la Présidente du conseil dʼadministration et la chargée de projet ont participé au Forum économique organisé par le Conseil des Montagnais, afin dʼy présenter lʼassociation et son programme, incluant son projet de recherche. Cette rencontre a permis de soulever les enjeux et difficultés rencontrées par les organismes à but non lucratif, de rencontrer des acteurs du développement économique de la communauté, de se mettre en réseau et dʼentrevoir des collaborations avec celles-ci, notamment les entreprises forestières, le Secteur éducation, maindʼœuvre du Conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean (CMLSJ) et la Société de développement économique ilnue (SDEI). Suite à cet événement, une rencontre a été planifiée avec le conseil Culture et Nelueun du CMLSJ afin de leur demander leur appui. Une lettre officielle7 a été envoyée aux élus et le rapport final de la Phase I a été déposé auprès de Mme Janine Tremblay. Activités de diffusion Au cours de cette phase II, plusieurs présentations, activités de diffusion et consultations ont été tenues pour faire connaître le projet et aller chercher lʼappui de partenaires. Nous avons déjà mentionné la présentation consultative faite auprès du conseil Culture et Nelueun du CMLSJ. Suite à quoi nous avons aussi présenté le projet dʼinventaire au secteur Patrimoine, culture et territoire, dont lʼexpertise pourrait constituer un apport bénéfique à notre projet. 7 Voir lettre dʼappui à lʼannexe 7. 20 Au printemps 2011, entre le 24 mars et le 6 mai, nous avons présenté lʼexposition temporaire Nuhtshimiu nituhkulin – Les plantes médicinales du Nitassinan, au Musée amérindien de Mashteuiatsh. Cette exposition visait à faire connaître les résultats partiels de la Phase I de lʼinventaire en partageant les connaissances qui nous ont été transmises par les aînés et porteurs de savoirs de la communauté. Au mois dʼavril, une conférence sur le projet de recherche a été présentée à Québec par la chargée de projet dans le cadre du colloque Patrimoine vivant, organisé par le Conseil québécois du patrimoine vivant (CQPV) et lʼUNESCO. Suite à cette conférence, un article a été produit et figurera prochainement dans les Actes du colloque. De plus, un autre article fut proposé à Common Ground Publisher pour sa revue Arts in Society, suivant une conférence à Berlin. Cet article, rédigé en anglais, porte sur lʼimportance de la transmission des savoirs traditionnels, entre autres par lʼutilisation de moyens artistiques et muséographiques. LʼInventaire des savoirs et connaissances des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales y est brièvement présenté. Une conférence au Carrefour Forêt Innovation a été présentée de pair avec le directeur de la FMLSJ, Serge Harvey, qui présentait les objectifs, la mission et les grandes lignes du projet dʼinventaire, ainsi que quelques projets réalisés au sein de FMLSJ. Cette conférence nous a amenés à participer, par la suite, aux Chantiers PFNL8 du MAPAQ dans le cadre des consultations du Plan Nord, expérience enrichissante qui a permis de se réseauter avec des acteurs du milieu. Enfin, dʼautres activités de diffusion telles que la production et la mise en vente dʼune affiche identifiant les plantes médicinales, des visites organisées pour lʼexposition et dans le cadre dʼun échange avec la Forêt modèle du Cameroun furent organisées. À ce sujet, une mission exploratoire a été effectuées en mars 2012 dans la Forêt Modèle de Campo Maʼan au Cameroun. Quatre représentants de lʼAssociation du Parc Sacré et du projet dʼInventaire se sont rendus sur place pour y rencontrer les acteurs du Réseau Africain des Forêts Modèles et de la Forêt Modèle de Campo Maʼan, entre autres. La déléguation jeannoise a pu visiter des communautés rurales et autochtones, et observer le travail de producteurs locaux. Au retour, la déléguation a évalué lʼapport potentiel de 8 Produits forestiers non-ligneux 21 lʼAPS-KU et de la FMLSJ, ainsi que la possibilité de poursuivre ce partage dʼexpertise dans un partenariat à plus long terme. Au centre de cette rencontre figuraient les initiateurs du projet Varnast, Madame Hélène Éboto et Sa Majesté Mvondo Bruno, chef traditionnel camerounais. Cet échange a été rendu possible grâce à Ressources Naturelles Canada et au Réseau International des Forêt Modèles. Finalement, la chargée de projet participera à un atelier scientifique lors du Congrès de la Société Internationale dʼEthnobiologie, qui se déroulera en mai 2012 à Montpellier. Cet atelier est une occasion dʼéchange et de formation sur les méthodes utilisées pour la recherche en ethnobiologie. Cʼest aussi une opportunité de faire connaître le travail réalisé au Canada dans ce domaine et de créer des liens avec des experts, chercheurs et professionnels du milieu à lʼinternational. Éthique de la recherche et propriété intellectuelle Au cours de cette deuxième phase de recherche, nous avons entamé une discussion en ce qui concerne les droits de propriété intellectuelle touchants à lʼutilisation des savoirs et connaissances traditionnels autochtones sur les plantes médicinales. Dʼabord par la modification de lʼarticle 11 du protocole dʼentente, deuxièmement par la recherche dans la documentation existante à ce sujet. Nous lʼavons vu, il nʼexiste pas de législation canadienne pour protéger ces connaissances millénaires et nous souhaitons faire avancer les choses à ce sujet. À force de nous documenter sur ce qui se fait dans dʼautres pays comme le Cameroun ou lʼInde, nous avons réalisé à quel point il sʼagit dʼun enjeu global pour la plupart des communautés autochtones, mais aussi à quel point il est difficile, voire même impossible de travailler seul pour résoudre ce problème. Nous croyons que pour que des mesures soient prises à cet égard, il nous faudra nous regrouper, multiplier les appuis dʼautres communautés et travailler de pair avec les organismes existants. Nous avons demandé des subventions afin de réaliser un colloque qui permettrait de regrouper des communautés concernées et de discuter de ces problématiques. Il faudrait aussi allouer plus de temps pour passer au travers de la documentation existante, faire appel à des spécialistes et comprendre comment certains pays sont 22 arrivés à règlementer lʼusage des plantes traditionnelles et surtout, à faire respecter cette législation. Un premier approche, qui nous a été inspiré par des projets de recherche réalisés dans des communautés autochtones comme celui de la Forêt modèle de NouvelleÉcosse avec les Miʼkmaq, ou dʼautres comme lʼexemple de collaboration universitéscommunautés développé entre lʼéquipe dʼAlain Cuerrier et le Grand Conseil des Cris, est celui de mettre sur pied une entente sur lʼéthique de la recherche qui sera signée par les différents acteurs et qui détermine la portion de droits et de responsabilités assignés à chacun des partenaires. À une plus grande échelle, il faudra nous allier à des organismes autochtones provinciaux ou nationaux qui pourraient nous soutenir dans notre démarche, et valider celle-ci auprès des autres communautés autochtones. De plus, il sera nécessaire, à plus long terme, de développer un réseau de partenaires à lʼinternational, avec des organismes qui sʼintéressent à ces questions. Bien que nos réflexions issues des lectures et de la documentation soient assez avancées, la démarche de protection comme telle ne pourra être conclue à lʼintérieur de cette phase de recherche, mais devra être poursuivie à plus long terme, afin quʼune réelle action soit posée. Nous considérons aussi que pour atteindre ce but, il faudra, à un moment de notre démarche, faire appel à un spécialiste de ces questions légales. Bien que les obstacles soient nombreux, nous croyons que cette démarche est nécessaire et doit être poursuivie afin dʼavancer vers un système plus équitable de rétribution des droits et bénéfices liés à lʼutilisation et à la protection des connaissances traditionnelles sur les espèces végétales. Revues de littérature - Horticulture et aménagement des espèces Au cours de cette phase II de lʼISCPPM, nous avons entamé un travail de recherche documentaire sur lʼhorticulture et lʼaménagement des espèces ciblées en milieu naturel. À cet effet, nous travaillons avec un professionnel de la recherche en foresterie et biologiste Giancarlo Marino, qui réalisa une revue de littérature sur la possibilité de reproduire les espèces végétales qui nous intéressent. 23 Il sʼagissait donc de faire ressortir ce qui a été fait pour chaque espèce en terme de recherche empirique, que ce soit en serre ou en milieu naturel, pour voir de quelle manière nous pourrions cultiver les plantes médicinales ou favoriser leur propagation dans leur milieu naturel. Préalablement à ce travail, une sélection de 45 espèces provenant de la base de données existante a été faite. À partir de cette liste9, M. Marino a réalisé une fiche pour chacune dʼentre elles, indiquant les travaux réalisés jusquʼici ainsi que leurs résultats, quʼils soient favorables ou non10. Revues de littérature - Pharmacologie et phytochimie Le même travail de revue de littérature a été réalisé par Alain Cuerrier et ses étudiants à lʼInstitut de recherche en biologie végétale de lʼUniversité de Montréal afin de faire ressortir les travaux réalisés en pharmacologie et en phytochimie11, basé sur la liste dʼespèces végétales soulignée précédemment. D. DIFFICULTÉS RENCONTRÉES Bien que lʼensemble du projet se soit déroulé de manière satisfaisante depuis ses débuts, nous aimerions souligner ici quelques difficultés rencontrées au cours de la réalisation de sa deuxième phase. Dʼabord, au niveau des données sur les plantes médicinales, il semble que nous assistions à une saturation partielle des données, cʼestà-dire que peu de nouveaux éléments sont rapportés par les personnes interviewées depuis nos dernières entrevues. Ceci est probablement dû au fait que nous avons rencontré des personnes appartenant à des mêmes familles. De nouvelles familles devraient donc être incitées à participer aux prochaines entrevues, afin de représenter les différents savoirs de la communauté, ainsi que leurs territoires respectifs. Nous savons aussi que la réalisation dʼentrevues en territoire, à différents moments de la belle 9 Voir la liste en annexe 8. 10 Voir lʼexemple de fiche en annexe 9. 11 Voir lʼexemple de fiche en annexe 10. 24 saison, et dans différents secteurs écologiques, pourrait apporter de nouvelles données et même permettre dʼajouter des espèces à la liste existante. Du point de vue ethnologique et méthodologique, la récurrence des données prouve soit que nous avons fait le tour de la question, soit que le réseau dans lequel nous avons puisé nos informateurs a été épuisé. Nous optons plutôt pour la deuxième théorie, sachant bien que tous les savoirs nʼont pas encore été répertoriés, mais que nous devons chercher nos informateurs ailleurs, au sein de familles qui nʼont pas encore été interrogées. Ce point nous amène à discuter dʼune deuxième difficulté que nous avons rencontrée lors de la planification des entrevues. Il est difficile dʼobtenir des rendez-vous avec des personnes qui ne connaissent pas, soit lʼAPS-KU ou son personnel. Tout comme il est difficile pour les chargés de projets qui ne sont pas membres de la communauté de gagner la confiance des individus, vu les enjeux de propriété intellectuelle liés à ce projet. Dans la Phase I du projet, les entrevues étaient réalisées avec lʼaide de Kenneth Moar, employé du Conseil des Montagnais. Cet été, nous avons travaillé avec Mendy Bossum et Bibiane Courtois, toutes deux membres de la communauté et de lʼAPS-KU. Ces deux personnes nous ont permis de rejoindre différentes familles, selon leurs allégeances. Nous pensons que ce travail ethnographique gagnera en qualité et en quantité en faisant participer différents membres de la communauté. Ce qui nous amène à discuter le prochain point, concernant les ressources humaines manquantes et la difficulté de travailler avec une équipe restreinte. Principalement, le manque de ressources humaines est dû à des restrictions budgétaires auxquelles lʼAPS-KU tente activement de remédier. Une approche au Conseil des Montagnais et à la SDEI a été faite dernièrement concernant cette situation. Dans le futur, lʼassociation déposera de nouvelles demandes de financement pour un projet incluant des jeunes travailleurs et des étudiants. Bien que cela ne soit pas directement lié à notre projet, qui cherche lui-même son financement, le fait que lʼAPSKU nʼait pas dʼemployé en permanence a des répercussions indirectes sur le projet dʼinventaire. Une partie du temps de recherche doit être utilisé à dʼautres fins : de 25 gestion, de comptabilité, de communication, de négociation, etc. Ce qui nʼest pas un problème en soi, mais qui ralentit le processus de recherche comme tel, cʼest-à-dire le temps de lecture, de réalisation, de transcription et dʼanalyse dʼentrevues, dʼintégration de données, et ainsi de suite. Lʼembauche dʼune assistante de recherche a montré lʼefficacité engendrée par lʼajout dʼune deuxième personne assignée à des tâches précises. Dans cette perspective, lʼAPS-KU souhaite trouver du support pour embaucher une ressource à lʼannée pour coordonner les activités de lʼassociation, sʼajoutant à cela les emplois temporaires et les emplois étudiants au cours de lʼété. Enfin, notre dernier point en ce qui concerne le facteur humain soulève lʼimportance des prises de décisions qui sont faites à lʼintérieur dʼun projet de recherche ou qui ont une influence sur celui-ci. Il est parfois nécessaire de prendre le temps de réfléchir et dʼévaluer lʼensemble des éléments touchant à une question. Par contre, ce processus, puisquʼil ne découle pas nécessairement des tâches et fonctions des chargés de projet, qui jouent plutôt le rôle de consultant, a parfois tendance à ralentir lʼactivité de recherche, qui dépend de ces solutions pour la suite et les actions à prendre pour arriver à des résultats. Une diversification des sources de financement pour lʼAPSKU constitue certes une avenue pour solutionner cette problématique. E. ACTIVITÉS NE POUVANT ÊTRE RÉALISÉES AU 31 MARS 2012 Comme nous lʼavons mentionné précédemment, nous ne pourrons organiser le colloque sur les savoirs traditionnels et la propriété intellectuelle à lʼintérieur des limites temporelles de cette Phase II. En ce qui concerne la publication dʼun ouvrage sur les utilisations des plantes médicinales, nous aimerions prendre le temps de valider les connaissances et de consulter la communauté avant de publier quoi que ce soit. Dans cette perspective, nous estimons que la publication dʼun tel travail ne sera pas possible dʼici la fin mars 2012. Nous aimerions pouvoir développer les principes directeurs pour lʼutilisation des savoirs et avoir lʼappui de la communauté et des membres de lʼAPS-KU avant de mettre en branle le processus dʼédition, pour quʼainsi les contenus puissent être validés par le comité consultatif. 26 Concernant le volet écologique, les vérifications terrain ont été réduites en 2011 à trois sorties au cours desquelles des observations qualitatives ont été notées. À ce stade, les caractéristiques écologiques du milieu avaient été utilisées pour identifier les peuplements écoforestiers susceptibles de supporter de façon importante les 5 espèces échantillon ciblées. De plus, les limites budgétaires ne permettaient pas de considérer les espèces de catégorie "importantes" en plus des espèces "prioritaires". À ce stade, les évaluations d'impact de la cueillette ainsi que les techniques de propagation ne pourront être couvert de façon détaillée, mais ces aspects sont abordés dans le portrait documenté et la revue de littérature sur la propagation et la culture des plantes dans la mesure des informations disponibles. Comme les sites à forte probabilité d'occurrence sont localisés, ils constituent par conséquent une donnée importante utilisable lors d'études d'impact des projets de nature industrielle sur la cueillette et la mise en valeur des espèces médicinales. III. POURSUITE DU PROJET PHASE III ET CONCLUSION Bien que la Phase II du projet se termine officiellement le 31 mars 2012, nous souhaitons que le projet dʼInventaire des savoirs et connaissances des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales puisse se poursuivre au-delà de cette date. Tel que mentionné plus tôt dans ce document, nous avons déposé plusieurs demandes de financement pour des activités qui se poursuivront en 2012 et dans les années à venir. Dʼabord pour tenter dʼobtenir des connaissances additionnelles chez les aînés de différentes familles et pour faire le portrait de la végétation de toutes les espèces présentes dans lʼinventaire. Aussi, cette prolongation permettrait de poursuivre la recherche en ce qui concerne les principes dʼéthique de la recherche, la protection des savoirs, de mieux connaître lʼimpact de la cueillette sur ces plantes et de réaliser un colloque sur le sujet, pour permettre dʼéchanger les connaissances et de discuter des enjeux reliés à leur diffusion et leur utilisation. Pour ce faire, nous souhaiterions inclure dʼautres communautés intéressées à participer à ce colloque, mais aussi à lʼinventaire comme tel. Nous savons que les connaissances traditionnelles sur les plantes 27 médicinales se sont partagées entre les groupes vivant dans des secteurs adjacents et ayant à leur disposition des espèces similaires. Nous sommes convaincus que lʼinventaire serait bonifié par lʼapport de connaissances provenant de membres dʼautres communautés, et quʼen retour, ces communautés pourraient bénéficier du travail réalisé dans le cadre de cet inventaire. Outre son implication dans les activités de sensibilisation, dʼéducation et de formation auprès des membres de la communauté afin dʼassurer un transfert intergénérationnel des savoirs et connaissances sur les plantes médicinales, lʼAssociation du Parc Sacré de Mashteuiatsh envisage de sʼinvestir à court terme dans la mise en marché de produits utilisés traditionnellement et contribuant au bien-être de la collectivité, conformément à sa mission. Cette activité permettra dʼaméliorer lʼaccessibilité des produits médicinaux traditionnels pour la population et les praticiens autochtones, de créer des emplois directement liés à la pratique dʼInnu aitun12 et de favoriser lʼentreprenariat et la création de projets dʼéconomie sociale auprès des membres. À cet égard, il apparaît profitable de cibler les produits les plus abondamment utilisés traditionnellement, ceux qui traitent les problèmes de santé les plus fréquents chez les Innus, de même que ceux offrant une valeur ajoutée supérieure et par conséquent les meilleures opportunités de rentabilité. Ces perspectives sont dʼailleurs à la base des besoins identifiés en termes de revue de littérature accordées au cours de la phase II sur les propriétés phytochimiques des plantes ainsi que sur la propagation des espèces et leurs techniques de culture. Il est important de mentionner que les activités à caractère socio-économique nécessitent la confection de plans dʼaffaire complets intégrant les aspects de la quantité et la qualité de lʼapprovisionnement, la production et transformation des produits ainsi que des études de marché. Ces aspects seront ciblés au cours des phases subséquentes du projet. 12 Désigne toutes les activités, dans leur manifestation traditionnelle ou contemporaine, rattachées à la culture, aux valeurs fondamentales et au mode de vie traditionnel des Innus associé à l'occupation et à l'utilisation du Nitassinan et au lien spécial qu'ils possèdent avec la Terre. Sont incluses notamment toutes les pratiques, coutumes et traditions dont les activités de chasse, de pêche, de piégeage et de cueillette à des fins de subsistance, rituelles ou sociales 28 Enfin, plusieurs pistes de recherche restent encore inexplorées et la poursuite du travail dʼinventaire pourrait mener à de nouvelles étapes de recherche et développement. L'utilisation traditionnelle des plantes médicinales offre un potentiel de développement important pour les communautés autochtones. Il importe donc de poursuivre les efforts de développement notamment sur les plans des techniques d'aménagement et de propagation des espèces, incluant les perspectives de culture en milieu naturel ou contrôlé et lʼanalyse biochimique des composantes et molécules présentes dans certaines plantes médicinales inventoriées. 29 ANNEXE 1 – ARTICLE 11 : PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ARTICLE 11 : PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE Kanatukuliuetsh uapikun, l’Association du Parc Sacré, étant un organisme reconnu et respecté, nous devons obligatoirement veiller à la protection des connaissances millénaires des Pekuakamiulnuatsh. Les aînés nous ont témoigné leur confiance en partageant leurs savoirs et connaissances traditionnelles sur les plantes médicinales, nous avons donc le devoir et la responsabilité de s’assurer que la transmission intergénérationnelle se poursuive dans le respect des porteurs de tradition. L’Association du Parc Sacré est donc un acteur incontournable dans la protection de la propriété intellectuelle et joue le rôle de gardien de ce savoir collectif. Dans le cadre du présent protocole, la définition du « Droits de propriété intellectuelle » signifie tous les droits de propriété intellectuelle, enregistrés ou non, y compris les droits relatifs aux brevets, droits d’auteur, dessins industriels, topographies de circuits intégrés, obtentions végétales, inventions (brevetables ou non), découvertes, secrets de commerce, savoir-faire, noms de domaine, marques de commerce, noms commerciaux et autres droits reconnus par la loi statutaire ou le droit commun dans ce qui précède, incluant toute demande de protection. Par le présent protocole, les parties conviennent que tous droits de propriété intellectuelle liés au présent projet de recherche et résultant de la collaboration entre les parties sont et demeurent la propriété commune de l’Agence et du Promoteur, sous réserve des termes prescrits dans l'accord intervenu entre l'AGENCE et le Ministre des Ressources naturelles Canada. Il est entendu, d’un commun accord entre les parties, que la propriété intellectuelle commune de l’Agence et du Promoteur consiste en la propriété des résultats de projets et donc du document d’inventaire sur les savoirs et connaissances traditionnelles sur les plantes médicinales. Les savoirs et connaissances traditionnelles des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales, étant un patrimoine collectif de nature immatérielle, partag és tant par les Pekuakamiulnuatsh que par d’autres Premières Nations, il est donc entendu, par le présent protocole, que ces savoirs et connaissances ne peuvent faire l’objet d’un droit de propriété intellectuelle. ARTICLE 11A : DIFFUSION DES RÉSULTATS Les parties s’entendent qu’avant de diffuser des résultats touchant à la propriété intellectuelle commune de l’Agence et du Promoteur, elles devront convenir d’un commun accord des contenus à diffuser et de la manière de les rendre publics. 30 ANNEXE 2 – REGROUPEMENT DES PLANTES MÉDICINALES PAR IMPORTANCE INVENTAIRE DES SAVOIRS ET CONNAISSSANCES TRADITIONNELLES DES PEKUAKAMIULNUATSH SUR LES PLANTES MÉDICINALES PHASE II Regroupement des plantes médicinales par importance. Document préparé par Géraldine Laurendeau Chargée de projet Association du Parc sacré Mashteuiatsh, le 21 juin 2011 31 I. REGROUPEMENTS A. Prioritaires B. Importantes C. Utiles D. Peu utilisées A. PRIORITAIRES 1. Sapin baumier 2. Cerisier de Pennsylvanie 3. Cerisier de Virginie 4. Aulne rugueux 5. Bleuet sauvage 6. Canneberge sauvage 7. Framboisier sauvage 8. If du Canada 9. Cornouiller stonolifère 10. Épinette blanche 11. Sorbier d’Amérique A. PRIORITAIRES (SUITE) 12. Peuplier faux-tremble 13. Viorne trilobée 14. Épinette noire 15. Polypode de Virginie 16. Saule 17. Mélèze laricin 32 18. Coptide du Groenland 19. Bouleau blanc B. IMPORTANTES 20. Thuya occidental 21. Dièreville chèvrefeuille 22. Gaulthérie couchée 23. Lédon du Groenland 24. Gaulthérie hispide 25. Salsepareille 26. Sarracénie pourpre 27. Cornouiller du Canada 28. Kalmia à feuilles étroites 29. Pin divarqué C. UTILES 30. Achillée millefeuille 31. Clintonie boréale 32. Génévrier 33. Lichen à caribou (Cladina) 34. Myrique baumier 35. Rosier sauvage 36. Sphaignes 37. Bouleau jaune 38. Peuplier baumier 39. Vinaigrier 40. Airelle vigne d’Ida 41. Fraisier des bois 42. Ronce pubescente 43. Comptonie voyageuse 44. Frêne 33 45. Actée rouge 46. Noisetier 47. Busserole 48. Usnée 49. Molène vulgaire 50. Plantain 51. Verge d’or 52. Nénuphar jaune 53. Amélanchier 54. Aubépine 55. Gadellier glanduleux 56. Fougère-à-l’autruche 57. Anaphale marguerite 58. Linnée boréale 59. Spirée du Canada 60. Maïenthème du Canada 61. Sauge 62. Lycopode 61. Sanguinaire du Canada 64. Pin blanc D. PEU UTILISÉES 65. Typha (quenouilles) 66. Pissenlit 67. Chiendent 68. Barbarée vulgaire 69. Bardane 70. Sabot de la Vierge 71. Épilobe 72. Glécome lierre 73. Orge vulgaire 34 74. Pin rouge 75. Pigamon pubescent 76. Prêle 77. Uvulaire grandiflore 78. Vesse de loup 79. Streptope rose 35 ANNEXE 3 – PLANIFICATION DES TÂCHES, PHASE II INVENTAIRE DES SAVOIRS ET CONNAISSSANCES TRADITIONNELLES DES PEKUAKAMIULNUATSH SUR LES PLANTES MÉDICINALES PHASE II PLANIFICATION DES TÂCHES Document préparé par Géraldine Laurendeau Chargée de projet Association du Parc Sacré Mashteuiatsh, le 13 juin 2011 36 I. BUTS DU PROJET • Répertorier, rassembler et documenter les savoirs traditionnels sur les plantes médicinales détenues par le Pekuakamiulnuatsh. • Reconnaître, valoriser et protéger les savoirs et connaissances traditionnelles. • Faire le portrait du potentiel des plantes médicinales sur l’ensemble du Nitassinan. II. DESCRIPTION DU PROJET • Répertorier, recueillir et documenter les savoirs traditionnels des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales en intégrant les informations documentaires disponibles et par contact direct avec les aînés. • Reconnaître, valoriser, transmettre et protéger les savoirs traditionnels à l’aide de consultations avec la communauté, d’activités de transmission, de transfert de compétences et de processus assurant la propriété intellectuelle et la conservation des ressources du territoire. • Protéger les ressources suivant les principes de développement durable. À cet effet, il est prévu de consulter les études d’impact existantes sur les espèces concernées et de procéder à l’évaluation du potentiel de cueillette et des impacts sur la présence des espèces sur ces sites. • Inventorier et dresser un portrait du potentiel de mise en valeur des plantes médicinales sur le Nitassinan des Pekuakamiulnuatsh en vue de développer un projet d’économie sociale. 37 III. PLANIFICATION DU TRAVAIL POUR LA PHASE II (3 VOLETS) ACTIVITÉS À RÉALISER 1. VOLET A - INVENTAIRE DES SAVOIRS ET CONNAISSANCES 1a. Intégration et analyse de la documentation écrite • Piekuakamiulnuatsh. Histoire et culture. (2003) • Ethnobotanique des Innus de Mingan (Clément, 1990) • Ouvrage d’Erichsen-Brown (1979) contenant des données historiques • Malec et coll. 1982. Nutshimiu – Natukuna. • Innu Kaishitshissenitak Mishta-shipu (Labrador) Peter Armitage 2007 • Écrits de Jacques Rousseau, Speck (1917), Tantaguideon (1932) • Ethnobotanique d’autres nations à titre comparatif (Cuerrier, Leighton, Black) • Mathieu, Lilian (?) MA- Ulaval, Inkpen, Tracey (1999) MA-UManitoba • Écrits viatiques, Relation des Jésuites, etc. 1b. Activités ethnographiques • Poursuite des entrevues sur le terrain (audiovisuel) • Poursuivre la constitution de l’Herbier des Pekuakamiulnuatsh • Activités d’identification en forêt (enregistrement et dépouillement) • Intégration des données provenant des entrevues du CAM (nehlueun) • Intégration des fiches-synthèse dans la base de données 2. VOLET B - PORTRAIT DE LA VÉGÉTATION 2a. Recherche et analyse • Analyse des cartes écoforestières et des points d’observation écologiques par espèce identifiée • Évaluation de la fréquence et de l’abondance des espèces répertoriées 38 III. PLANIFICATION DU TRAVAIL POUR LA PHASE II (SUITE) ACTIVITÉS À RÉALISER (SUITE) • Classification des espèces par composante biophysique (sous-domaine bioclimatique, type écologique, etc.) • Consultation des études d’impact de la cueillette et des techniques culturales des différentes espèces 2b. Terrain • Identification des besoins en sondage terrain en fonction de la précision des données disponibles • Sondage et validation terrain • Analyse et évaluation du potentiel de cueillette 3. VOLET COMMUN - INTERPRÉTATION ET COMMUNICATION DES RÉSULTATS • Colloque et présentation des résultats à la communauté • Processus de consultation publique en vue d’une publication • Évaluation de la valeur marchande des plantes 3. VOLET COMMUN - INTERPRÉTATION ET COMMUNICATION DES RÉSULTATS (SUITE) • Développement d’un code d’éthique encadrant la cueillette des végétaux • Études d’opportunité suite à l’interprétation des résultats • Analyse des impacts de l’exploitation des ressources forestières sur la mise en valeur des plantes médicinales 39 IV. OUTILS EXISTANTS • Entrevues et rapport du CAM (Brassard 1983) • Activités du Parc Sacré avec les aînés ilnuatsh (audiovisuel) • Bases de données ethnobotaniques Access (ancienne) et Filemaker (Phase I) • Dossiers et herbiers (Société d’histoire et d’archéologie) • Entrevues et activités réalisées entre 2008 et 2011 (G. Laurendeau) • Ouvrages et articles publiés contenant des données sur les plantes médicinales • Généralités autécologiques et synécologiques des espèces médicinales • Études d’impacts de la cueillette • Carte écoforestière à jour du MRNF • Base Echo2000 des points d’observation écologique du MRNF • Base de données de l’inventaire écoforestier du projet de Forêt habitée de La Doré V. MÉTHODE DE CLASSIFICATION DES DONNÉES BASE DE DONNÉES Une base Filemaker de données ethnobotaniques a été créée au cours de la phase I du projet. Elle est composée de fiches documentaires. Une fiche existe pour chaque espèce (81). Chaque fiche contient: 1. Spécimen d’herbier, photos et numéro d’enregistrement 2. Identification de l’espèce (noms, famille, milieu, location, association) 3. Données documentaires et historiques (citation, source bibliographique) 4. Données ethnographiques (préparation, parties utilisée, contre-indication) 5. Données écologiques, localisation et fichiers correspondant (cartes) 40 ANNEXE 4 – DISTANCE PARCOURUE Environ 1000km ont été parcourus dans la première partie de la Phase II de lʼInventaires des savoirs et connaissances des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes médicinales, lors de 3 sorties terrain réalisées dans le cadre de la validation terrain pour le volet écologique. Un peu plus de 200km ont été parcourus afin de réaliser des entrevues ethnologiques. Trois voyages aller-retour à Québec ont été soutenus par le projet afin de présenter le projet lors du Colloque Patrimoine vivant, du Carrefour Forêt Innovation et lors de la participation aux Chantiers Plan Nord du MAPAQ. Ces deux voyages totalisent 1620 km parcourus pour les activités de diffusion. En tout, un peu plus de 2 800 km ont été parcourus en lien avec ce projet. 41 ANNEXE 5 PORTRAIT DES ESPÈCES ÉCHANTILLON (CAS DU CERISIER DE PENNSYLVANIE) 42 43 44 PROPORTION (%) DES POINTS D'OBSERVATION ÉCOLOGIQUE OÙ L'ON RETROUVE LE CERISIER DE PENNSYLVANIE SUR L'ENSEMBLE DU NITASSINAN MIXTES MIXTES (FEUILLUS) (RÉSINEUX) 49,5 41,5 28,4 10,2 BRÛLIS COUPE ÉPIDÉMIE FRICHE CHABLIS PLANTATION AUCUNE 35,1 49,3 20,2 47,1 10,2 77,3 22,7 80%-100% 60%-80% 40%-60% 25%-40% RÉGÉN. AUCUNE 31,9 31,7 23,4 18,6 38,7 39,5 > 22M 17M-22M 12M-17M 7M-12M 4M-7M 2M-4M AUCUNE 13,9 19,0 23,0 25,5 37,2 38,7 39,5 10 ANS 30 ANS 50 ANS 70 ANS 90 ANS 120 ANS AUCUNE FEUILLUS COUVERT RÉSINEUX TOTAL ORIGINE DENSITÉ HAUTEUR 26,0 ÂGE 45,7 GLACIAIRES DÉPÔTS 45,4 FLUVIOGLACIAIRES 28,3 16,6 7,8 FLUVIATILES LACUSTRES MARINS 25,3 36,3 43,8 12,2 36,8 LITTORAUX ORGANIQUES ALTÉRATION ÉOLIEN ROC 12,9 6,5 16,7 73,1 34,4 RAPIDE BON MODÉRÉ IMPARFAIT MAUVAIS 35,0 33,7 24,8 19,2 13,0 DRAINAGE 2,3 39,7 TRÈS MAUVAIS 5,9 45 ABONDANCE RELATIVE DU CERISIER DE PENNSYLVANIE SUR LE NITASSINAN 46 ANNEXE 6 – EXEMPLE DE FICHE – BASE DE DONNÉES 47 ANNEXE 7 – LETTRE DʼAPPUI DU CONSEIL DES MONTAGNAIS DU LAC-SAINT-JEAN 48 49 ANNEXE 8 – LISTE DES PLANTES SÉLECTIONNÉES 1. Abies balsamea - Sapin baumier 2. Achillea millefolium - Achillée millefeuille 3. Alnus incana, viridis – Aulne rugueux, crispé 4. Anaphalis margaritacea - Anaphale marguerite 5. Aralia nudicaulis, hispidula - Aralie à tige nue, hispide 6. Arctostaphylos uva-ursi – Arctostaphyle raisin d’ours 7. Betula papyrifera - Bouleau blanc 8. Cladina Spp. - Lichen à caribou 9. Clintonia borealis – Clintonie boréale 10. Comptonia peregrina - Comptonie voyageuse 11. Coptis trifolia - Coptide trifoliée 12. Cornus canadensis - Cornouiller du Canada 13. Cornus stolonifera - Cornouiller stonolifère 14. Corylus cornuta - Noisetier à long bec 15. Diervilla lonicera - Dièreville chèvrefeuille 16. Fragaria americana - Fraisier américain 17. Gaultheria hispidula – Gaultherie hispide 18. Gaultheria procumbens - Gaulthérie couchée 19. Kalmia augustifolia – Kalmia à feuille étroite 20. Larix laricina - Mélèze laricin 21. Nuphar microphylla, variegata – Nénuphar jaune 22. Picea glauca - Épicéa glauque 23. Picea mariana – Épicea mariane 24. Pinus banksiana – Pin divarqué 25. Polypodium virginianum - Polypode de Virginie 26. Populus balsamifera - Peuplier baumier 27. Populus tremuloides – Peuplier faux-tremble 28. Prunus pensylvanica- Cerisier de Pennsylvanie 29. Prunus virginiana – Cerisier de Virginie 30. Rhododendron groenlandicum - Rhododendron Groenland 31. Ribes glandulosum – Gadellier glanduleux 50 32. Rubus idaeus - Ronce du mont Ida 33. Rubus pubescens - Ronce pubescente 34. Salix discolore – Saule discolore 35. Sarracenia purpurea - Sarracénie pourpre 36. Solidago canadensis - Verge d’or du Canada 37. Sorbus americana - Sorbier d’Amérique 38. Spireae latifolia – Spirée à large feuille 39. Taxus canadensis – If du Canada 40. Thuja occidentalis - Thuya occidental 41. Usnea barbata – Usnée barbue 42. Vaccinium augustifolium - Airelle à feuille étroite 43. Vaccinium oxycoccos – Airelle canneberge 44. Vaccinium vitis-idaea – Airelle vigne-d’Ida 45. Viburnum trilobum - Viorne trilobée 51 ANNEXE 9 – EXEMPLE DE FICHE TIRÉE DE LA REVUE DE LITTÉRATURE - HORTICULTURE 52 ANNEXE 10 – EXEMPLE DE FICHE TIRÉE DE LA REVUE DE LITTÉRATURE – PHYTOCHIMIE 53