Les plantes médicinales ont-elles seulement un intérêt historique ? Pas du tout. Selon
l'Organisation mondiale de la santé, environ 80 % de la population de certains pays d'Asie ou
d'Afrique font confiance aux médicaments traditionnels pour les soins de santé primaire,
parmi lesquels dominent les plantes médicinales. Mais l'utilisation des plantes médicinales
n'est pas limitée aux pays en développement. Elles constituent les ingrédients les plus
courants de nos suppléments diététiques, qui pour beaucoup d'entre nous servent de
compléments alimentaires, voire même sont pris à la place de médicaments modernes.
Comme vous pouvez l'imaginer, de nouveaux médicaments apparaissent aujourd'hui à partir
de sources diverses et sont mis au point par des chercheurs d'horizons différents.
Désormais, la découverte des nouveaux médicaments ne se fait plus par hasard ou par
accident, comme ce fut le cas lorsque nos ancêtres découvrirent fortuitement une plante qui
corrigeait les problèmes de leur système digestif ou apaisait l'irritation de leur peau.
Jusqu'au XIXe siècle, la plupart des médicaments occidentaux étaient préparés à partir de
plantes. Au début des années 1800, de remarquables avancées dans les procédés
d'extraction permirent l'isolement à l'état pur des composés chimiques des plantes. Parmi
ces composés, citons la morphine, responsable des effets antalgiques de l'opium ; la quinine
qui recèle les propriétés antipaludiques du Cinchona ; et la colchicine qui régit l'effet
antigoutteux du safran des prés. Comme nous le verrons dans cet ouvrage, nombre de nos
médicaments actuels sont des produits ou des dérivés chimiques de plantes, qui possèdent
beaucoup, peu ou pas du tout de ressemblances avec la substance naturelle. A la fin du XIXe
siècle et surtout au XXe siècle, les scientifiques se tournèrent vers les animaux, utilisant leurs
hormones comme médicaments, et ensuite vers les microbes comme sources remarquables
de vaccins et d'antibiotiques.
La recherche médicamenteuse durant le siècle dernier a mis à profit les connaissances de
plus en plus étendues de la physiologie et de la biologie moléculaire du corps sain et du
corps atteint par la maladie. Ceci a conduit à une conception rationnelle et à un afflux de
nouvelles molécules chimiques qui ont permis de traiter avec succès des maladies qui
avaient échappé antérieurement aux meilleurs travaux scientifiques. Durant la dernière
décennie, s'est produit une explosion du nombre de médicaments biologiques, ou
biomédicaments, qui ciblent spécifiquement les mécanismes pathologiques au niveau de la
molécule où ils prennent naissance. Ces molécules hautement complexes sont naturellement
produites en très petites quantités dans le corps, et, grâce aux avancées de la biologie
moléculaire, peuvent être à présent massivement produites. (Bien que facilement disponibles,
les biomédicaments ne sont pas nécessairement financièrement rentables.)
L'évolution des médicaments s'est accompagnée de celle des laboratoires dans lesquels ils