Les questions hospitalieres de la fin de l`Ancien Régime à nos jours

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BOOK REVIEWSICOMPTES RENDUS
Les questions hospitalieres de la fin de l'Ancien Régime
à
nos jours
Maurice Rochaix
Paris, Berger-Levrault, 1996,497 p., 430
FF
Curieux livre que cette thèse, d'abord publiée semble-t-il
en
1958, puis enrichie
d'une période contemporaine et livrée aux lecteurs sous sa forme actuelle! Il
s'agit bien d'histoire longue et totale,
«à
la Braudel», malgré certaines faiblesses
que nous avons pu relever. Nombreuses sont les monographies hospitalières,
souvent hagiographiques. Rares sont les études historiques de l'hôpital re-
plaçant ce dernier dans son environnement
:
le système socio-sanitaire. Ce livre
de Maurice Rochaix, ancien directeur des Hospices civils de Lyon (il sait de
quoi il parle!) et toujours président de la Société française d'histoire des hôpi-
taux, entre dans ce cadre. Il est bien structuré, ce qui en facilite la lecture.
Le
découpage chronologique de la période couverte (de l'Ancien régime français,
c'est-à-dire avant la Révolution de 1789,
à
nos jours) est logique, ponctué par les
grands tournants de la vie hospitalière ou de la société civile française.
Le
fil
conducteur du livre ce sont les questions hospitalières, d'une étonnante perma-
nence, avec des réponses qui varient (et oscillent peut-être) selon les époques.
Le
lecteur canadien d'aujourd'hui sera peut-être surpris d'apprendre que ces
questions sont toujours celles qui mobilisent nos nouveaux réformateurs du
système de santé canadien de fin de siècle
:
«la répartition meilleure, plus effi-
cace, plus équitable des services
[
.
.
.
]
l'harmonie nécessaire entre les conditions
d'hospitalisation
et
l'état d'avancement des techniques conjugués avec le degré
de l'évolution sociale, le dilemme entre le domicile et l'hôpital, la place
à
ac-
corder
à
l'initiative privée, et
à
la liberté face
à
la responsabilité de la collectivité,
le mouvement pendulaire entre la centralisation et la décentralisation, le do-
sage de la représentation des intérêts en présence au sein des organismes de
gestion.
.
(490).
Ce livre est divisé en six grandes parties chronologiques
:
1) fin de l'Ancien
régime;
2)
période révolutionnaire, de 1789
à
l'an
V;
3)
période réactionnaire, de
l'an
V
à
1848; 4) Second Empire et périodes républicaines, 1848-1940; 5) période
pré-contemporaine, 1940-1958; 6) période contemporaine, 1958-1995. Un bref
avant-propos et une courte (peut-être trop!) conclusion générale coiffent le tout.
Chaque période est l'objet d'une conclusion particuli&re, très didactique, qui
I
résume le chapitre.
On
ne sera pas surpris de l'épaisseur du dernier chapitre par rapport au pre-
mier. L'auteur est
un
professionel historien et non un historien professionnel,
plus
à
l'aise dans la période qu'il a vécue comme professionnel que dans le
passé lointain.
Le
tableau dressé de l'Ancien régime est un peu succinct, s'ap-
puyant principalement sur des sources dites «secondaires» dont l'auteur ne
nous précise ni la date de publication
ni
le lien, comme celle de Camille Bloch
intitulée l'assistance et l'État en France
à
la veille de la révolution. La période
révolutionnaire, elle aussi, est analysée
à
partir de la production théorique des
rapports du Comité de Mendicité sans bilan approfondi des réalisations. Pour
cette période, certains travaux d'historiens de la révolution française parus
depuis le bicentenaire ne sont pas utilisés, révélant aussi l'absence de mise
à
jour de la thèse pour ces périodes pré-contemporaines. En 50 pages (sur 500),
l'auteur décrit ce qu'il appelle l'aspect social et le fonctionnement des hôpitaux
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pour toute la France durant près d'un siècle (quatrième partie, Second Empire
et périodes républicaines, 1848-1940), ce qui est une gageure.
encore, étant
donné le débordement de cette analyse des questions hospitalières sur les poli-
tiques sociales du Second Empire et de la
IIP
république, on est
un
peu surpris
de ne pas trouver en référence des travaux comme ceux de Catherine Rollet-
Echalier sur la politique
à
l'égard de la petite enfance sous la
IF
république
(Paris,
INED,
1990).
La
conquième partie, qui va de 1940
à
1958, constituait probablement le der-
nier chapitre de la thèse publiée par l'auteur en 1958. Elle dresse
un
tableau très
bien d&rnenté des réformes entreprises lors de la libération de la France de
1945 mais aussi déjà pendant l'occupation, mettant l'accent sur la continuité des
objectifs mais aussi des résistances. L'intervention de la Sécurité sociale comme
partenaire,
à
c8té de l'État central et toujours de la municipalité, apparaft nette;.
ment. L'h8pital élargit définitivement sa vocation, ouvert
à
tous et plus seule-
ment aux indigents.
La
dernière partie nous plonge dans la réalité actuelle, faisant même réfé-
rence aux
RMO
(références médicales opposables) et
à
la mattrise médicalisée
des dépenses de santé.
encore les questions hospitalieres sont incluses dans
des problématiques qui dépassent 11h8pital et concernant l'ensemble du
système socio-sanitaire. Comme
dans
les parties précédentes, les aspects écono-
miques sont tds bien décrits et la complexité du système de santé français est
bien campée. Dommage qu'il ne soit jamais fait appel
à
la méthode comparative
pour éclairer les problématiques qui, encore une fois, sont celles du système de
santé et pas seulement de
l'h8pital.
Les
références aux systèmes de santé ou aux
Mpitaux étrangers sont exceptionnelles. Malgré ces réserves, malgré l'identifi-
cation insuffisante de références, il s'agit d'un livre bien documenté, qui
s'adresse aux historiens des syst&mes de santé comme aux gestionnaires et pro-
fessionnels de la santé intéressés par la France d'hier et d'aujourd'hui.
BENOR
GAUMER
France
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