le ministre de l’Intérieur accusé de « croisade islamophobe »
PARIS (AFP) - Les braises de la controverse sur la "croisade" à peine refroidies, le ministre de
l'Intérieur Claude Guéant a provoqué jeudi un nouveau tollé avec des propos sur la "préférence
religieuse" des usagers des services publics et il a accusé le PS de les avoir déformés.
Moins d'un mois après son arrivée place Beauvau, M. Guéant essuie jour après jour des
attaques redoublées, avec ses déclarations sur "l'immigration incontrôlée", puis sa présentation
des résultats des cantonales et l'emploi du mot "croisade" dans le dossier libyen.
Nouvel épisode jeudi: "Les agents des services publics évidemment ne doivent pas porter de
signes religieux, manifester une quelconque préférence religieuse, mais les usagers du service
public ne doivent pas non plus", a déclaré M. Guéant à i-Télé et Radio Classique. Peu après,
son entourage a précisé qu'il pensait spécifiquement à "certains services publics" comme
l'hôpital ou l'école.
Attaqué par le numéro 1 du PS, Martine Aubry, lui demandant de "faire son boulot au lieu de
diviser les Français" avec des thèses "proches du Front national", M. Guéant l'a accusée dans
une déclaration à l'AFP de "tronquer" et "déformer" ses propos.
Mercredi, l'ex-secrétaire général de l'Elysée s'était défendu en qualifiant de "manipulation" les
attaques sur l'emploi du mot "croisade" concernant la mobilisation internationale en vue de
l'intervention en Libye.
Mais les critiques ont fusé de toutes parts: pour Europe Ecologie-Les Verts, M. Guéant est "en
croisade islamophobe", le président du MoDem François Bayrou dénonçant "une obsession
anti-musulmane".
Le député UMP Jean-Pierre Grand (villepiniste) a appelé le ministre de l'Intérieur à "arrêter de
dire n'importe quoi" et de "ridiculiser la majorité". Et l'ancien président du FN Jean-Marie Le Pen
a estimé que l'UMP tentait de "réparer les pots cassés" entre les deux tours des cantonales.
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le ministre de l’Intérieur accusé de « croisade islamophobe »
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, s'est démarqué du ministre et a estimé
jeudi soir à Meaux qu'il n'était "pas question de remettre en cause" la possibilité pour les
usagers des services publics de porter des signes religieux.
Pour Dominique de Villepin "la tentation du côté de l'UMP, ce serait de redessiner en quelques
jours une France aux couleurs du FN, c'est évidemment absurde. (...) Il n'y a pas en France
d'obligation pour les usagers du services public, ce sont des citoyens libres", a dit à LCI l'ancien
Premier ministre de Jacques Chirac.
M. Guéant a réaffirmé à l'AFP que "devant des revendications communautaristes, ce n'est pas
au service public de s'adapter" et que "le principe de laïcité et de neutralité du service public
doit être réaffirmé". Il a cité la charte des services publics de 2007, selon laquelle les usagers
"ne peuvent récuser un agent public ou d'autres usagers ni exiger une adaptation du
fonctionnement du service public ou d'un équipement public".
"Ainsi, un patient à l'hôpital ne peut-il récuser un médecin", a souligné le ministre.
Il ciblait un phénomène qualifié de "marginal" mais "inquiétant" par Patrick Pelloux, président de
l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf).
D'ici la fin de la semaine prochaine, et avant le débat sur la laïcité, M. Guéant doit recevoir les
responsables des principales religions en France.
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