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pression horizontaux de chaque côté de la ligne médiane.
L’endroit où une douleur est déclenchée lors de cette ma-
nœuvre indique l’étage vertébral responsable des symp-
tômes. Par la suite, on va rechercher le point articulaire
postérieur par la palpation longitudinale des massifs arti-
culaires. Pour ce faire, on appuie avec un doigt sur la région
para-épineuse à un centimètre de la ligne médiane tout en
faisant des mouvements de friction. Le déclenchement
d’une douleur signe également le niveau vertébral atteint.
Après l’examen des vertèbres, on recherche les manifes-
tations douloureuses au niveau des dermatomes des nerfs
rachidiens concernés. Le tableau 1 et la figure 1 montrent
les trois branches nerveuses issues de la charnière dorso-
lombaire, leur dermatome respectif siège de la douleur,
ainsi que les diagnostics différentiels correspondant à cha-
cun des territoires.
C’est la manœuvre du pincé-roulé de la peau (figure 3)
qui permet de différencier une douleur superficielle d’une
douleur profonde. Le déclenchement d’une douleur par le
pincé-roulé, normalement indolore, parle pour une atteinte
du nerf rachidien et de la branche nerveuse du territoire
examiné. La peau de cette zone peut être épaissie et mon-
trer un aspect de peau d’orange.
En présence de douleurs lombaires basses ou de la ré-
gion trochantérienne, on peut palper la crête iliaque laté-
ralement afin de mettre en évidence le «point de crête»5
(figure 1). Ce dernier se situe à l’endroit où la douleur est
déclenchée, et signe le croisement des rameaux nerveux
avec la crête iliaque. On le trouve à 7-8 cm de la ligne mé-
diane pour les douleurs lombaires basses et latéralement
au-dessus du trochanter pour les douleurs de la région tro-
chantérienne.
En cas d’incertitude, il est encore possible d’effectuer
comme test diagnostique, une infiltration de xylocaïne au
niveau du point articulaire postérieur à un centimètre de la
ligne médiane. L’anesthésiant doit permettre un amende-
ment des symptômes douloureux du patient, lors du pincé-
roulé de la peau du dermatome correspondant et à la pal-
pation du point de crête.
traitement 4,5,7
Le traitement du syndrome de la charnière dorso-lom-
baire, en plus du traitement antalgique, consiste principa-
lement à redonner une bonne mobilité segmentaire. Diffé-
rentes approches par différents thérapeutes sont possibles
(mobilisation, automobilisation, manipulation…). Si la ré-
ponse aux thérapies manuelles n’est pas suffisante ou con-
tre-indiquée, une éventuelle infiltration de l’articulation
vertébrale postérieure responsable des douleurs, par des
stéroïdes, peut être pratiquée. En dernier recours, dans les
rares cas où un syndrome canalaire de la branche posté-
rieure ou du rameau perforant latéral est suspecté, une
chirurgie libératrice peut être pratiquée.
conclusion
La localisation d’une douleur n’est pas toujours corrélée
avec l’organe atteint.
Ce cas clinique permet bien d’illustrer la présence de
douleurs référées pseudo-viscérales et l’importance d’un
examen clinique attentif. La manœuvre du pincé-roulé est
souvent méconnue par le praticien ; toutefois, en clinique,
elle est importante pour différencier une douleur d’origine
cutanée d’une douleur d’origine viscérale.
Pour notre patient, les douleurs scrotales ont récidivé
dès le retrait des antalgiques ; actuellement, elles répondent
bien à une antalgie simple combinée à la pratique de la
médecine manuelle.
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Figure 3. Manœuvre du pincé-roulé
Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêt en relation avec
cet article.
Implications pratiques
Les douleurs référées sont fréquemment sous-diagnostiquées,
elles peuvent occasionner des investigations superflues et
une baisse de la qualité de vie
C’est un diagnostic d’exclusion, pour lequel le médecin devra
d’abord écarter des causes urologiques, gynécologiques et
digestives
Cliniquement, le diagnostic de douleurs référées est basé
principalement sur l’examen minutieux du rachis et la manœu-
vre du pincé-roulé du dermatome atteint. Cette manœuvre
permet de différencier une douleur d’origine cutanée d’une
douleur d’origine viscérale. L’imagerie est peu contributive
Les antalgiques et les thérapies manuelles par le spécialiste
sont la clé du traitement
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