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Olivier Dyer, CEO
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« Eclairer l’actualité économique et financière pour mieux anticiper et maîtriser les risques »
L’éthique au service de la croissance
LETTRE MENSUELLE
MAI 2016
N°102
Le 12 mai dernier, une communication de Mr Rosengren,
président de la Réserve Fédérale de Boston, et colombe parmi
les partisans d’une politique monétaire accommodante, relançait
le débat d’un relèvement rapide des taux d’intérêts aux Etats
Unis, et provoquait au passage une hausse du billet vert qui
gagnait 3%. Deux semaines plus tard, les chiffres de l’emploi aux
Etats-Unis venaient contredire son analyse et reporter la hausse
des taux qu’il appelait pourtant de ses vœux. (cf. graphique).
Ces deux événements traduisent deux réalités que même
Madame Janet Yellen a du mal à réconcilier : la perception
générale que les vents économiques sont en train de tourner
outre-Atlantique avec l’accumulation potentielle de vents
contraires qui ont pour noms Europe, Chine, Pétrole et
productivité américaine ; et l’idée qu’il faudrait quand même
remonter les taux d’intérêt pour redonner de la valeur au temps, à
l’investissement, et favoriser le redressement des résultats des
banques fortement dépendants de la pente de la courbe des taux.
L’économie américaine va moins bien et, de façon paradoxale,
une raison importante en est que les taux d’intérêt sont sans
doute trop bas. C’est en tout cas bien l’intention de Janet Yellen
de les remonter un peu contre vents et marées.
La contrepartie des taux d’intérêt négatifs est en effet que le
cash devient roi. Or le cash est une denrée hautement
déflationniste car c’est une perte de réserve pour le système
bancaire.
C’est ce que démontre très bien Andy Haldane, économiste de la
banque d’Angleterre. Pour lui, les banques sont dans la majorité
des cas des accélérateurs de croissance et non l’inverse.
Pour Mr Haldane, les banques disposent de deux types de
capital: un capital physique et financier mesurable d’un côté, et
un capital social beaucoup plus difficile à évaluer de l’autre.
Au sommet du cycle, les 100 plus grandes banques au monde
disposaient d’une capitalisation boursière de $4.9 trillion, soit
autour de 8,5% du PNB. Au creux de la crise, ce capital était
tombé à $1.4 trillion. Aujourd’hui, la plupart des banques sont
évaluées en dessous de leur valeur comptable : elles détruisent
de la valeur pour les investisseurs. Mais le pire reste que
parallèlement à cela, la crise financière a généré un retard de
Production Nationale Brute globale de 32 trillion débouchant
sur une chute massive de productivité à l’origine de la grande
fragilité de la reprise depuis 8 ans.
Cependant, c’est dans le domaine social, mesuré à l’aune de la
confiance, que les banques ont perdu sans doute le plus de
capital. Andy Haldane cite une enquête de 2013 auprès des
professionnels de la finance qui, pour plus de la moitié d’entre
eux, considéraient que leurs compétiteurs étaient engagés dans
des affaires non éthiques et qui pour 24% d’entre eux
considéraient que leur propre institution était engagée elle-même
dans des affaires non éthiques.
Si l’on s’intéresse à l’opinion du public, le déficit de confiance est
encore plus grand. C’est ce que l’économiste de la banque
d’Angleterre appelle « la grande division » : «la confiance dans
les banques a été construite au fil des siècles grâce à leur
ancrage local dans leur communauté. Depuis la globalisation
(qui a commencé bien avant la crise), cet ancrage a disparu
et la baisse de confiance a débuté : l’anonymat a ouvert la
voie à l’ignominie ».
Nuage de mots de Forums Ouverts (source BOE)
I believe that financial markets are likely to become [ ] over time.
Pour Andy Haldane, la façon de répondre à ce challenge est de
« recréer du sens dans la banque ».
Et de citer la régulation, le débat académique ou le SMR (Senior
Management Regime qui expose pénalement les dirigeants des
sociétés financières aux Royaume Uni) comme autant d’initiatives
allant dans la bonne direction.
Mais il faudrait aussi explorer d’autres voies comme la
communication qui devrait être moins quantitative et plus
qualitative : les rapports annuels des banques sont passés de
100 à 600 pages en quelques années et le langage utilisé est très
peu accessible.
De même les banques pourraient-elle devenir des fleurons du
digital et bénéficier de la sorte de l’excellente image dont
disposent les sociétés de technologie dans l’opinion publique.
Enfin il faut rompre l’anonymat des grandes institutions,
qu’elles soient financières ou non d’ailleurs, à travers une
meilleure gouvernance, une meilleure responsabilisation et un
meilleur « ancrage local ».
De ces évolutions dépend la capacité des banques en particulier,
et de l’économie en général, à reconstruire du capital social
« brick by brick, bank by bank, policy by policy, word by
word » selon Haldane. La restauration de la confiance rendra aux
banques leur capacité à être des accélérateurs de croissance,
qualité qui fait cruellement défaut à l’équation économique
d’aujourd’hui.
Pour l’économiste de la banque d’Angleterre, la restauration de la confiance rendra aux banques leur capacité à être
des accélérateurs de croissance, qualité qui fait cruellement défaut à l’équation économique d’aujourd’hui.
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Création d'Emplois privés
ADP National Employment (Tot. Private)
BLS (Tot. Private)
Source : ECB - Agata Capital