Kimberley. Alors qu’il plongeait, le sous-marin fut touché par un obus du Falmouth à la poupe,
dans le local des tubes lance-torpilles. Le second maître-torpilleur Pietro Venuti se sacrifia pour
fermer la porte étanche du local et donner au bâtiment une chance de survie (acte qui lui vaudra
la médaille d’or de la valeur militaire à titre posthume). Malgré ce sacrifice, le sous-marin ne put
être stabilisé en plongée et le commandant dut se résoudre à faire chasser partout, pour revenir
affronter l’ennemi en surface. Mais le canon et les mitrailleuses étaient inutilisables et le
commandant donna l’ordre d’abandonner le bateau, qui coula rapidement, par la poupe, avant que
tout l’équipage ait pu évacuer. Le Falmouth récupéra 31 hommes (sur 56).
– La mise hors service du Ferraris entraîna son remplacement par le Torricelli, qui quitta
Massaouah le 14 juin et arriva devant Djibouti au matin du 19. Le soir même, l’état-major
ordonna par radio au sous-marin de se déplacer vers un secteur plus au sud. Parvenu à destination
le 21 juin, il fut repéré et pourchassé par des destroyers anglais qui lui infligèrent des dommages
tels que le commandant Pelosi dut se résoudre à rentrer à Massaoua. Aux premières heures du 23
juin, alors qu’il traversait en surface le détroit de Bab-el-Mandeb, le Torricelli fut repéré par
l’aviso Shoreham. Ayant plongé, il fut pourchassé quelque temps puis l’aviso sembla se diriger
vers Perim. Le commandant Pelosi voulut tenter à nouveau de passer en surface et se retrouva
alors face non seulement à l’aviso, mais aussi aux trois destroyers Kandahar, Kingston et
Khartoum. Le Torricelli, incapable de plonger, endommagea le Shoreham au canon avant de
succomber après un combat épique, tandis que le Khartoum était détruit par l’explosion d’une de
ses propres torpilles (on a longtemps pensé, par erreur, que l’explosion était due à une torpille
italienne). Contrairement au Galvani, le Torricelli n’était pas recensé sur les documents
découverts à bord du Galilei. Aussi les Italiens pensèrent-ils que les Anglais avaient une source
efficace à Massaoua et n’envisagèrent pas que le nouvel ordre reçu le 19 juin ait pu être
intercepté et décrypté par l’ennemi.
………
Il restait à Massaoua trois sous-marins, dont deux sortirent à leur tour en mission de guerre le 19
juin, les Archimede et Perla, toujours en fonction du plan d’action offensif de septembre 1939.
– L’Archimede (LV Signorini), envoyé patrouiller au sud-ouest d’Aden, ne put poursuivre sa
mission au-delà du 26 juin. Ce jour-là, il dut rentrer non pas à Massaoua, mais à Assab, à cause
des ravages causés par les émanations de chlorure de méthyle : une trentaine de marins avaient
été atteints, dont quatre moururent avant l’arrivée à Assab et deux après. Le sous-marin ne fut en
état de reprendre la mer que le 31 août, après remise en état de l’installation de climatisation, où
l’on remplaça le chlorure de méthyle par du fréon.
– Le Perla (LV Mario Pouchain) fut envoyé dans le golfe de Tadjoura. L’installation de
conditionnement d’air ne fonctionnant pas, l’équipage commença à souffrir de coups de chaleur.
Le commandant Pouchain ordonna la révision de l’installation, ce qui fit tomber le bateau de
Charybde en Scylla, car l’opération s’accompagna de forts dégagements de chlorure de méthyle.
Quand le sous-marin atteignit le golfe de Tadjoura au matin du 22 juin, nombre d’hommes étaient
déjà malades et la situation ne fit qu’empirer dans la journée. Il n’en rejoignit pas moins sa zone
d’aguets le 23, avant… d’être rappelé par l’état-major (Marisupao). Le Perla retraversa donc le
détroit de Bab-el-Mandeb.
Le 26 juin, ayant dû émerger avant la nuit pour se repérer et renouveler l’air, il fut repéré et
pourchassé par l’aviso Shoreham, auquel il n’échappa que pour aller s’échouer 12 nautiques au
sud du phare de Sciab Sciach. Le lendemain 27, une expédition de secours partie de Massaoua
(contre-torpilleurs Leone et Pantera et torpilleur Giovanni Acerbi) fut rappelée, en raison de la
présence d’une escadre britannique (CL HMNZS Leander, DD HMS Kandahar et Kingston). Le
destroyer Kingston essaya en vain d’achever le sous-marin, que sauva finalement l’intervention