Août 1942
4 La bataille de l’Atlantique (et d’autres mers)
Des U-boots sous les tropiques
1er au 8 août
9 août
Sous dix drapeaux
Atlantique sud, au large de l’île de Gough – À bord du Stier, le capitaine Gerlach est frustré
de n’avoir pu couler que trois cargos depuis le début de sa mission. Ses deux hydravions
Arado Ar 231, conçus à l’origine pour opérer à partir de sous-marins, se sont révélés trop
fragiles pour les mettre en œuvre dans les eaux agitées de l’Atlantique, même dans les
meilleures circonstances. Son premier officier, qui a servi sur le Pinguin, estime quant à lui
que l’équipage n’est pas assez formé et que le navire n’est pas adapté à la guerre de course.
La demande de Gerlach d’écumer l’Océan Indien ou la côte ouest de l’Amérique du Sud a été
rejetée par le SKL, qui lui a ordonné au contraire de déterminer si Gough, perdue dans
l’Atlantique Sud, pourrait servir de base pour les corsaires et les U-boots, ainsi que de camp
de prisonniers. Après avoir exploré les environs de l’île, Gerlach fait son rapport : l’endroit
paraît sûr. Il décide de rester sur place quelque temps pour remettre son navire en état.
10-11 août
12 août
Un arsenal américain pour la Marine Nationale
Fort-de-France Huit patrouilleurs neufs de 173 pieds de construction américaine
(Baïonnette, Couteau, Epieu, Estoc, Flamberge, Javeline II, Javelot, Lance) sont mis en
service par la Marine Nationale pour assurer l’escorte des convois dans les Caraïbes.
13 août
14 août
Mines
Golfe de Biscaye (ou de Gascogne) Le sous-marin MN Rubis (LV Rousselot) pose son
troisième (et dernier) champ de mines dans les parages d’Arcachon après ceux mouillés les
5 juin et 7 juillet. L’Amirauté britannique espère en effet que des champs de mines étroits
mais étendus semés entre la Gironde et la frontière espagnole pourront désorganiser le trafic
naval côtier entre l’Espagne et la France occupée. Il s’agit essentiellement de minerai de fer
espagnol destiné à l’industrie allemande. Le transport étant effectué par des bâtiments
espagnols, donc neutres, même des champs de mines étroits devraient les intimider.
Ces opérations n’auront pas le succès escompté : seuls deux caboteurs (671 GRT à eux deux)
seront victime des 96 mines posées. Toutefois celles-ci causeront la perte de cinq autres petits
bâtiments : trois dragueurs auxiliaires et un patrouilleur de la Kriegsmarine, ainsi qu’un
remorqueur français 1. Plus importante est la désorganisation du trafic de minerai, qui réduira
fortement les importations allemandes de minerai de fer espagnol jusqu’en octobre.
15-16 août
17 août
Chasse ASM sous les tropiques
Mer des Antilles Un PBY-5 français de la flottille E25, basé à Fort de France, surprend un
U-boot en surface au large du Venezuela et le coule. La victime est un Type-IX, l’U-508.
18 août
Chasse ASM sous les tropiques
Mer des Antilles Peu après minuit, un convoi allant de Colon (Panama) vers la côte est des
Etats-Unis est attaqué au sud-ouest de Kingston (Jamaïque) par deux sous-marins allemands.
Ceux-ci manquent de peu la canonnière USS Erie (qui commande l’escorte) et coulent deux
cargos. L’escorte contre-attaque et le destroyer USS Lansdowne, aidé par les patrouilleurs
français Coutelas et Javelot (des 173-ft), coule l’U-509 quelques minutes avant le lever du
soleil (c’est la deuxième victoire du Lansdowne en un mois).
A l’aube, deux Grumman JRF-5 Goose basés d’habitude à Fort de France, mais redéployés à
Kingston, entrent en jeu. Ils détectent un autre sous-marin allemand se dirigeant vers le
convoi et parviennent à l’endommager. Ce sous-marin, l’U-162, sera coulé dans l’après-midi
par les escorteurs à long rayon d’action (long range escorts) britanniques HMS Vanessa,
Vimy et Viscount, arrivant de Kingston.
19 août
Un Italien forceur de blocus
Berlin Le bulletin du haut commandement allemand rend compte, pour la nuit précédente,
du franchissement couronné de succès du Pas-de-Calais par un cargo italien dûment escorté !
Ce cargo est le Fidelitas, nolisé par l’Allemagne. Ayant débarqué à Bordeaux une partie de la
cargaison de minerai de fer qu’il avait apportée d’El Ferrol, il a repris la mer en juillet,
emportant le reste à destination de Rotterdam. Après une première escale à Brest, il a continué
son voyage par petites étapes, progressant la nuit et mouillant en lieu sûr le jour (notamment à
Cherbourg, au Havre et à Dieppe).
Dans la nuit du 18 au 19 août, le cargo a traversé sans dommage la portion de mer battue par
l’artillerie à longue portée anglaise. Son commandant, Aldo Martinero, n’oubliera cependant
ni les quarante longues minutes qu’il a fallu à son navire pour franchir la zone dangereuse, ni
les 23 secondes qui s’écoulaient avec régularité entre le départ des coups, bien visible dans
l’obscurité, et leur arrivée, qui soulevait de grandes gerbes.
Le Fidelitas va gagner Rotterdam après quelques autres émotions. Il y débarquera le solde de
sa cargaison et en repartira à destination de la Norvège, en empruntant le canal de Kiel (et la
Baltique) pour réduire le temps passé en Mer du Nord.
1 Dragueur M-4212 (Marie Frans, 125 GRT) le 12 juin 1942, remorqueur Quand Même (288 GRT) le 26 juin
1942 devant Vieux-Boucau, dragueur M-4401 (chalutier français réquisitionné Imbrin, 339 GRT) le 10 juillet
1942, patrouilleur (Vorpostenboot) V-406 (Hans Loh, chalutier de 464 GRT) le 18 août 1942 et dragueur M-4451
(Gauleiter Alfred Meyer, 652 GRT), le 10 juillet 1943 au large d’Arcachon.
20 août
21 août
Chasse ASM sous les tropiques
Atlantique Sud Le sous-marin Type-IX U-512, repéré par un JRF-5 de la flottille S27 de
Cayenne, est coulé par un PBY-5 de l’US Navy, lui aussi basé à Cayenne.
L’état-major naval français pour les Antilles signale à Alger et à ses correspondants de la
Royal Navy et de l’US Navy : « Un niveau très élevé d’activité sous-marine allemande est
observé dans les Caraïbes et les zones voisines. Une telle activité pourrait être interprétée
comme une tentative de l’ennemi pour couper les communications essentielles entre le nord et
le sud des Amériques. Des renforts d’unités ASM sont nécessaires en urgence. »
En fait, il s’agit du décalage vers le sud des zones de patrouille des sous-marins allemands,
dont les opérations sur la côte nord-est des Etats-Unis sont devenues moins fructueuses
qu’elles ne l’étaient au début de l’année.
22 août
23 août
Chasse ASM sous les tropiques
Atlantique Sud Le sous-marin U-507 attaque le convoi CCM-127 (Capetown-Casablanca)
au large de Dakar ; il coule un charbonnier de 3 560 GRT et touche le contre-torpilleur
Gerfaut, qui rentre tout juste de modernisation aux Etats-Unis. Contre-attaqué par le jumeau
du Gerfaut, l’Aigle, et par la corvette La Malouine (classe Flower), l’U-boot échappe à deux
heures de grenadage. Au coucher du soleil, alors qu’il émerge, épuisé mais se croyant tiré
d’affaire, il est surpris et détruit par un Consolidated 28-5MF (PBY-5) de la flottille E21,
venu de Dakar.
Le Gerfaut est pris en remorque par l’Aigle mais, la voie d’eau s’aggravant peu à peu, le
navire doit être abandonné à 15h50 et sombre peu après.
24 août
Chasse ASM sous les tropiques
Casablanca – La flottille E31 de l’Aéronavale reçoit ses trois premiers Lockheed-Vega Type-
37 (Ventura dans la RAF) pour remplacer ses vieux A.W. Whitley. A la différence des avions
qui équipent la E1, ces appareils ont été directement achetés par la France. L’un de ces
Ventura a même été offert par l’orchestre de jazz bien connu dirigé par Ray Ventura, qui a
non sans mal réussi à passer en Algérie en juillet ; l’avion porte sur son nez le nom : Les
Collégiens.
25 août
New York attaqué par les Japonais !
Côte Est des Etats-Unis Quatre croiseurs sous-marins japonais lâchent leurs sous-marins
de poche devant New York et Norfolk : c’est l’opération Oni 2 (voir appendice). Ce coup
d’éclat se traduit, pour l’essentiel, par la mise hors service pour un an d’un grand transport de
troupes transatlantique, le West Point, et par la mise hors de combat pour plusieurs mois d’un
cuirassé tout neuf, l’Alabama (classe South Dakota), qui ne rejoindra le Pacifique qu’en
février 1943.
Venant après l’attaque du canal de Panama (voir rubrique Pacifique, 23 août et appendice 4),
l’affaire est cependant un coup sévère pour le prestige américain. Le scandale est immense
aux Etats-Unis, bien que les responsables soulignent avec raison que le renforcement des
procédures de sécurité après l’affaire de Panama a permis d’intercepter deux des quatre sous-
marins de poche japonais avant qu’ils ne puissent atteindre une cible intéressante.
26 au 31 août
Appendice
Les sous-marins du bout du monde
Amirauté britannique – Division des Opérations
Section de recherche – Sous-marins – 1946
Opérations lointaines de la Marine Impériale japonaise
L’opération Oni 2
Un des aspects les plus remarquables de la dernière guerre fut l’extraordinaire variété et
l’ambition démesurée de certaines opérations de la Sixième Flotte de la Marine Impériale
japonaise. Cette ambition peut sans doute être reliée à ce que l’amiral Komatsu, commandant
la Sixième Flotte, a décrit (après guerre) comme un début de guerre « décevant », contrastant
avec la réussite des sous-marins alliés, dont l’Amirauté japonaise ne manquait pas de se
plaindre amèrement.
Avant l’ouverture des hostilités, la Marine Impériale disposait d’une gamme de sous-marins
extrêmement étendue, qui se caractérisa jusqu’aux derniers jours par un sens certain de
l’exceptionnel. Ainsi, les Japonais produisirent quatre énormes sous-marins de 6 500 tonnes
(le type STO). Ces bâtiments impressionnants, plus grands que bien des croiseurs d’avant
1914, furent conçus à l’origine comme des porte-avions sous-marins (!), mais finalement
utilisés comme transports sous-marins vers des îles coupées de toute liaison de surface. La
Marine des Etats-Unis fait actuellement des essais avec deux d’entre eux et la Royal Navy
avec les deux autres. Notre objectif commun est d’en savoir davantage sur la façon de
manœuvrer de très grands sous-marins.
L’opération Oni 2, organisée avec le concours de la Kriegsmarine, utilisa des submersibles
plus petits mais néanmoins de taille respectable, ainsi que des sous-marins de poche, chargés
d’attaquer ce qui était, pour les Japonais, le bout du monde. L’opération fut conduite avec
beaucoup d’inventivité et une certaine réussite. La traduction du plan initial de l’opération
établi par la Sixième Flotte figure ci-après, le plan définitif n’ayant jamais été retrouvé.
Opération Oni 2 (7e Division de sous-marins)
« Les quatre croiseurs sous-marins de type Junsen 1 (J1) sont anciens (ils ont été construits
entre 1926 et 1929), mais disposent d’une autonomie de 24 000 milles. Les sous-marins de
poche de type A sont maintenant bien connus de l’ennemi depuis l’attaque sur Singapour, ce
qui diminue fortement leur valeur offensive.
Les trois bâtiments de la 7e Division de sous-marins (I-1, I-2 et I-3) et le I-4 (de la 8e
Division) vont être modifiés pour pouvoir transporter chacun un sous-marin de poche de type
A ou B sur leur pont, derrière leur canon de 140 mm arrière. Ils les emmèneront jusque sur la
côte Est des Etats-Unis, pour attaquer des ports ennemis. Le sous-marin de type B, ayant une
autonomie plus importante que ceux de type A, attaquera les installations (chantier naval,
arsenal) de Norfolk (Virginie), les trois unités de type A attaqueront le port de New-York.
Après avoir récupéré les équipages des sous-marins de poche et, si possible, les sous-marins
de poche eux-mêmes, les croiseurs sous-marins attaqueront le trafic marchand local à la
torpille et au canon, puis se rendront à Lorient (France) pour y être réapprovisionnés avec
des torpilles allemandes avant de retourner attaquer les navires marchands au large de la
côte Est des Etats-Unis, puis de rentrer au Japon.
L’opération Oni 2 est destinée à obtenir un effet de surprise maximal, en utilisant quatre
sous-marins de poche avant que ce type d’arme ne soit trop connu de l’ennemi. L’impact
psychologique de cette attaque, sur l’ennemi comme sur le peuple japonais, sera extrêmement
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