Appendice
Les sous-marins du bout du monde
Amirauté britannique – Division des Opérations
Section de recherche – Sous-marins – 1946
Opérations lointaines de la Marine Impériale japonaise
L’opération Oni 2
Un des aspects les plus remarquables de la dernière guerre fut l’extraordinaire variété et
l’ambition démesurée de certaines opérations de la Sixième Flotte de la Marine Impériale
japonaise. Cette ambition peut sans doute être reliée à ce que l’amiral Komatsu, commandant
la Sixième Flotte, a décrit (après guerre) comme un début de guerre « décevant », contrastant
avec la réussite des sous-marins alliés, dont l’Amirauté japonaise ne manquait pas de se
plaindre amèrement.
Avant l’ouverture des hostilités, la Marine Impériale disposait d’une gamme de sous-marins
extrêmement étendue, qui se caractérisa jusqu’aux derniers jours par un sens certain de
l’exceptionnel. Ainsi, les Japonais produisirent quatre énormes sous-marins de 6 500 tonnes
(le type STO). Ces bâtiments impressionnants, plus grands que bien des croiseurs d’avant
1914, furent conçus à l’origine comme des porte-avions sous-marins (!), mais finalement
utilisés comme transports sous-marins vers des îles coupées de toute liaison de surface. La
Marine des Etats-Unis fait actuellement des essais avec deux d’entre eux et la Royal Navy
avec les deux autres. Notre objectif commun est d’en savoir davantage sur la façon de
manœuvrer de très grands sous-marins.
L’opération Oni 2, organisée avec le concours de la Kriegsmarine, utilisa des submersibles
plus petits mais néanmoins de taille respectable, ainsi que des sous-marins de poche, chargés
d’attaquer ce qui était, pour les Japonais, le bout du monde. L’opération fut conduite avec
beaucoup d’inventivité et une certaine réussite. La traduction du plan initial de l’opération
établi par la Sixième Flotte figure ci-après, le plan définitif n’ayant jamais été retrouvé.
Opération Oni 2 (7e Division de sous-marins)
« Les quatre croiseurs sous-marins de type Junsen 1 (J1) sont anciens (ils ont été construits
entre 1926 et 1929), mais disposent d’une autonomie de 24 000 milles. Les sous-marins de
poche de type A sont maintenant bien connus de l’ennemi depuis l’attaque sur Singapour, ce
qui diminue fortement leur valeur offensive.
Les trois bâtiments de la 7e Division de sous-marins (I-1, I-2 et I-3) et le I-4 (de la 8e
Division) vont être modifiés pour pouvoir transporter chacun un sous-marin de poche de type
A ou B sur leur pont, derrière leur canon de 140 mm arrière. Ils les emmèneront jusque sur la
côte Est des Etats-Unis, pour attaquer des ports ennemis. Le sous-marin de type B, ayant une
autonomie plus importante que ceux de type A, attaquera les installations (chantier naval,
arsenal) de Norfolk (Virginie), les trois unités de type A attaqueront le port de New-York.
Après avoir récupéré les équipages des sous-marins de poche et, si possible, les sous-marins
de poche eux-mêmes, les croiseurs sous-marins attaqueront le trafic marchand local à la
torpille et au canon, puis se rendront à Lorient (France) pour y être réapprovisionnés avec
des torpilles allemandes avant de retourner attaquer les navires marchands au large de la
côte Est des Etats-Unis, puis de rentrer au Japon.
L’opération Oni 2 est destinée à obtenir un effet de surprise maximal, en utilisant quatre
sous-marins de poche avant que ce type d’arme ne soit trop connu de l’ennemi. L’impact
psychologique de cette attaque, sur l’ennemi comme sur le peuple japonais, sera extrêmement