Epidémiologie des infections urinaires communautaires dans l’Aube en 2013
L’examen cytobactériologique des urines (ECBU) représente de loin le premier examen microbiologique prescrit. Près de 30%
des urocultures sont positives selon les critères du référentiel de microbiologie (REMIC) 2010 ce qui en fait un examen à fort
potentiel diagnostique.
Du 15 mai au 30 octobre 2013, nous avons isolé 3612 microorganismes des urines de patients ambulatoires c’est-à-dire non
hospitalisés dans un établissement de santé privé ou publique ou résidents dans un EHPAD.
La répartition observée des microorganismes est proche de celle retrouvée dans les études en France ou à l’étranger avec une
prévalence de 68% d’E.coli, de 14% des autres entérobactéries et de 3% de S. saprophyticus (fig.1). La prévalence urinaire du
Streptocoque B (3,5%) est proche des données de l’ONERBA (Observatoire national de l’épidémiologie de la résistance
bactérienne) (3). Cette répartition des microorganismes reste la même au fil des années au contraire de la résistance aux
antibiotiques qui évolue rapidement ces dernières années.
La dernière enquête Transville de 2012 organisée par l’ONERBA sur la résistance en ville de 16328 souches d’E. coli isolées des
urines (2) montre que la résistance d’E. coli dans l’Aube est comparable aux données nationales (fig. 2 et 3). Au niveau national,
près de 5% des souches d’E. coli sont résistantes aux céphalosporines de 3
ème
génération (3,6% dans l’Aube) et 3,8% des souches
d’E.coli isolées sont productrices de BLSE (2,7% dans l’Aube). Cette proportion est en constante augmentation depuis 2003 où
moins de 1% des souches d’E. coli étaient productrices de BLSE (1). Ces souches productrices de BLSE sont souvent résistantes
aux quinolones. Ainsi dans l'Aube, la résistance aux fluoroquinolones semble se stabiliser aux alentours de 10% mais reste
légèrement plus élevée que la moyenne de l’étude ONERBA. La sensibilité aux furanes et à la fosfomycine qui reste supérieure à
98% doit continuer d'interpeller les prescripteurs sur l'efficacité de ces deux molécules.
Tous germes confondus (entérobactéries, staphylocoques, entérocoques, streptocoques,...) isolés des urines, la résistance à la
fosfomycine est de 9,3%, aux furanes de 8,3%, au cotrimoxazole de 24,7% et à l’ofloxacine de 19,8%. La proportion de bactéries
multiréristantes retrouvées dans les urines est de 2,93% dont 93% d’entérobactéries productrices de BLSE, 6% de S. aureus
résistant à la méticilline (SARM) et 1% d’entérobactéries productrices de carbapénémase (EPC).
Selon l’ONERBA et la SPILF (société de pathologie infectieuse de langue française), les recommandations concernant le
traitement de première intention des infections urinaires ne sont aujourd’hui pas remises en question, mais seront à reconsidérer
en fonction de l’évolution du taux d’E. coli BLSE identifiés au sein des infections à E. coli observées dans la communauté.
Concernant les infections urinaires, il convient, autant que faire se peut, de privilégier le recours à des antibiothérapies
documentées et de limiter le recours aux antibiothérapies probabilistes ; ainsi, en ce qui concerne la prise en charge de cystites
compliquées, mais en l’absence de tout signe de gravité, il peut être envisagé de retarder la mise en route de l’antibiothérapie pour
pouvoir disposer préalablement d’un antibiogramme.
Concernant les pyélonéphrites et les prostatites, le traitement probabiliste de référence est aujourd’hui une C3G (parentérale) ou
une fluoroquinolone (per os ou parentérale uniquement chez l’adulte). Les recommandations prévoient l'ajout d'un aminoside pour
les formes les plus sévères d'infections urinaires communautaires (sepsis grave, pyélonéphrites sur obstacle, nouveau-nés et
nourrissons de moins de 3 mois…) ; cet ajout sécurise en partie le risque d'échec en cas d’E. coli BLSE, les souches françaises
restant sensibles aux aminosides dans environ 50 % des cas.
Références : (1) De Mouy D, Janvier F, Mérens A, Arzouni J-P, Bouilloux J-P, Dinnat-Courtiols N, Dubouix-Bourandy A, Fabre R, Gontier P, Grillet N, Noël C,
Payro G, Pfeffer J ,Thierry J. Sensibilité d'Escherichia coli aux quinolones et aux céphalosporines de troisième génération dans les infections urinaires
communautaires : étude AFORCOPI-BIO 2011, RICAI 2012 ; (2)
Caillon J, Gueudet T, Mérens A, enquête transville 2012, RICAI 2013 ; (3)Diagnostic et
antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires chez l’adulte ; AFSSAPS 2008
SOMMAIRE du DYNAPRESS hiver 2013 :
• Epidémiologie des infections urinaires dans l’Aube
• CMV et grossesse
• Quelle place pour les anticoagulants oraux non AVK
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