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COMPAGNIE DU SHABOTÉ
MARIVAUX
MISE EN SCENE : PAUL NGUYEN
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NOTE D’INTENTION P. 4
NOTE DE MISE EN SCÈNE P. 6
FICHE ARTISTIQUE P. 8
FICHE TECHNIQUE P. 20
MENTIONS P. 21
CONTACTS P. 24
SOMMAIRe
COMPAGNIE DU SHABOTÉ
MARIVAUX
MISE EN SCENE : PAUL NGUYEN
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Reste que ce texte revêt une puissance que l’on sent encore palpable. Principalement grâce à ces jeux de travestissements :
en empruntant l’habit d’un autre, les personnages touchent à une liberté qu’ils ne soupçonnaient pas auparavant, et se prennent
à explorer des terrains jusque-là inconnus. Ils se découvrent des forces et des faiblesses que leur rôle et les civilités d’un monde
cloisonné les avaient empêchés de voir.
Investissant ce nouveau terrain, ils n’hésitent pas à s’aventurer loin dans le jeu pour en chercher les limites : Ils peuvent à
loisir séduire, manipuler et pousser l’autre dans ses retranchements, quitte à le faire souffrir et à le tourmenter. Ce qui n’est
pas sans danger, car eux-mêmes se retrouvent plongés dans des dilemmes aux accents cornéliens.
A la lisière du jeu apparait ce doute terrible de l’individu en état de confusion totale, qui lutte à la fois contre les principes
dans lesquels il a été élevé et contre ses sentiments nouveaux qu’il perçoit immaitrisables. En regard du travestissement
et de la comédie qui se joue sous l’œil du spectateur, c’est le conditionnement des individus et la prédétermination de leur
état qui se profile: chaque personnage croit aimer un objet qui n’est pas fait pour lui, alors même que son «instinct» l’a guidé
ce vers quoi il était destiné.
Sous le costume de sa suivante, l’ingénieuse et déterminée Sylvia renverse la situation et devient maîtresse du jeu en faisant
plier Dorante à son amour. Son exceptionnelle vigueur en fait une figure moderne dont la cause résonne encore comme un
combat pour les générations ultérieures de femmes.
Du moins en apparence. Car la remise en cause n’est au final que symbolique : Les maîtres épouseront bien les maîtres et les
valets se marieront à leurs semblables. C’est tout le paradoxe du jeu qui consiste à se glisser dans la peau d’un personnage
pour mieux revenir au sien. Si l’amour apparaît comme triomphant, le temps du jeu laisse place à une réalité plus obscure,
où l’homme redevient le pion d’un jeu de construction qui lui échappe.
La bienséance est sauve, mais les protagonistes, eux, devront composer un avenir qui ne soit pas une prison dictée par des
normes sociales toutes puissantes. La stimulation du jeu les a affranchis, a modifié leurs perspectives et leurs attentes,
à eux de réinventer cette liberté qui se vit au quotidien.
Paul Nguyen
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« LE JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD
N’EST PAS UNE JOLIE PIÈCE. »
C’est la première réflexion qui m’est apparue en relisant le texte de Marivaux.
Certes, la beauté de la langue, la richesse des personnages, la diversité des situations, plus brillantes
les unes que les autres, tout est ciselé à la perfection et pensé méticuleusement. Ce n’est donc pas un
«hasard» si de nos jours, cette pièce est une des plus montées de Marivaux.
Ainsi, la tentation serait grande d’en faire une charmante comédie romantique, sorte de «screwball comedy»
à l’américaine, tout droit sorti du XVIIIè, avec des beaux costumes et des répliques qui rivalisent d’esprit.
Un peu comme d’une pièce de musée que l’on exposerait pour des passants curieux de coutumes anciennes.
Mais ce texte est avant tout d’une incroyable modernité.
Le principe est simple en apparence : pour mieux connaitre et mieux examiner l’homme qui lui est destiné,
une jeune femme décide de se faire passer pour sa suivante, et de mettre cette dernière à sa place.
Ce qu’elle ignore, c’est que de son côté, le jeune homme a la même idée qu’elle. Par un savant jeu de miroirs,
les «faux» valets» vont s’éprendre l’un de l’autre sous leurs habits d’emprunt, et les «faux» maîtres vont
faire de même. En résulte les situations que l’on imagine, où le doute et la remise en question se mêlent à
la drôlerie des circonstances.
Il est difficile à notre époque de rendre compte de cette notion de «classe sociale» si présente dans le
texte de Marivaux. La différence entre les individus se fonde aujourd’hui davantage sur des distinctions
financières que sur l’appartenance à une classe aristocratique ou populaire.
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Le théâtre de Marivaux est un théâtre dans lequel les apparences, au premier abord trompeuses,
se révèlent souvent vraies. Sous couvert de déguisements et de faux-semblants, les personnages
empruntent d’autres postures que les leurs, explorent des états qui leur sont étrangers, et
recherchent une vérité qui, en définitive, est inscrite en eux.
UNE SCÉNOGRAPHIE ÉPURÉE
Pour marquer cette ambivalence entre jeu et réalité, un dispositif scénique simple est utilisé.
Seul un banc sert d’appui de jeu pour les comédiens : Parce qu’une scénographie artificielle, si
grandiose fût elle, ne rivalisera pas avec la puissance évocatrice d’un décor naturel ; et parce
que les personnages, régis par des rapports très conventionnels au début de la pièce, vont petit
à petit étirer les limites de cet espace pour s’y exprimer pleinement et atteindre ainsi une folie
dans le jeu qu’ils s’inventent.
La possibilité de s’adapter à chaque espace de représentation est donc une des clés fondamentales
du travail que nous entreprenons.
COSTUMES, ACCESSOIRES ET MUSIQUE, ÉLÉMENTS DE JEU INDISPENSABLES
Il semble anecdotique de faire jouer cette pièce avec des vêtements modernes qui affaiblissent le propos, tout
comme avec des costumes du XVIIIè siècle qui ajoutent un filtre supplémentaire à la compréhension du texte. Nous
avons opté pour une base de costumes mettant en valeur l’intemporalité des situations, sans pour autant interdire
l’incursion d’éléments très contemporains ou très classiques comme parures des personnages dans les moments
de jeu.
Par ailleurs, des éléments évoquant l’univers du jeu ou de l’illusion sont employés, telle une balançoire ou des
accessoires de prestidigitation pour conférer à la pièce toute sa dimension ludique,
La musique a elle aussi un rôle important, en ce qu’elle lie les situations tout en mettant en lumière le ressenti des
personnages que le texte n’exprime pas de prime abord.
DU JEU DES PERSONNAGES AU JEU DES COMÉDIENS
Ce sont les comédiens qui doivent être au coeur de l’action. Comme les personnages, ils sont projetés dans un
espace où le jeu est source de renouvellements et d’inventions constants. Leur pouvoir évocateur, leur habileté à
incarner est un atout essentiel, leur permettant de s’amuser de ces travestissements et d’amener les personnages
hors des sentiers battus.
Pour que le jeu et la vérité se retrouvent sur un fil simple, ténu et tendu où tout devient possible.
Paul Nguyen
Paul Nguyen : Metteur en Scène
Formé à l’Ecole Claude Mathieu de 1999 à 2002. Il joue dans : Les Vilains, m.e.s Damien Coden et Cédric Miele
(Versailles, Avignon, 2002) ; La Mouette de Anton Tchékhov m.e.s par Jean Bellorini et Marie Ballet (La Cartoucherie,
Versailles, 2003) ; Le Bac à Sable m.e.s par Ken Higelin (théâtre d’Ivry, tournée, 2004-2005) ; Horace de Corneille m.e.s
par Naidra Ayadi (Théâtre de la Tempête, tournée France et Belgique, 2008-2009) ; P’tite Souillure de Koffi Kwahulé
m.e.s Damien Dutrait et Nelson-Rafaell Madel (Saint-Denis, Marly-Le-Roi, 2011) ; L’ours et la demande en mariage
de Tchekhov m.e.s par Virginie Bienaimé et Charlotte Dupuydenus (Chantilly, tournée, 2011) ; Andromaque m.e.s par
Néry (Clichy, tournée, 2012) ; Le Dragon de Evguéni Schwartz, m.e.s par Néry (Châtellerault, Paris, tournée, 2013).
Il travaille comme intervenant comédien : Destination Penjhambal (2006) ; Des enfants dans la nuit (2008). En 2012,
il a mis en scène Le jeu de l’amour et hasard de Marivaux. Il s’occupe également d’organiser et de produire des
spectacles avec son collectif : Nous Sommes Tous Claude François (2008), Lukou (2008), Lecture d’archives (2010),
Luce di Mario (2011), Sciences Peau (2012), Le Grand Bal Pop Hilare (2011-2012).
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Nelson-Rafaell Madel : Collaboration artistique et Mario
Il joue dans : Roméo et Juliette de Shakespeare, L’amant de Pinter et Chacun sa vérité de Pirandello, trois spectacles
m.e.s par Yoshvani Médina (Martinique 2005 – 2007) ; Falstafe de Novarina m.e.s par Claude Buchvald (Théâtre
National de Chaillot, tournée, 2008) ; Le ravissement d’Adèle de Rémi De Vos m.e.s par Pierre Guillois (Théâtre du
Peuple, 2008) ; Horace de Corneille m.e.s par Naidra Ayadi (Théâtre de La Tempête, tournée, 2009) ; Liliom de Ferenc
Molnar m.e.s par Marie Ballet (Théâtre de La Tempête, tournée, 2009) ; Nous étions assis sur le Rivage du Monde de
José Pliya, spectacle de la compagnie Théâtre des Deux Saisons, (Martinique, tournée, 2009) ; La Résistante de Pietro
Pizzuti, m.e.s par Sandrine Brunner (Perpignan, tournée, 2011) ; Erotokritos, texte de Vitzentzos Cornaros m.e.s par
Claude Buchvald, (La Chartreuse, Théâtre de Sète, tournée, 2011-2012) ; Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus
qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort, spectacle m.e.s par Néry (Théâtre Rutebeuf, tournée, 2012).
Metteur en scène : Minoé, texte d’Isabelle Richard-Taillant, (Lille, tournée, 2010) ; P’tite Souillure de Koffi Kwahulé, co-
m.e.s avec Damien Dutrait (en cours de création, 2012-2013). Chanteur : Lauréat du concours « Made in Music Style
Martinique » et sorti de son premier disque intitulé Je vis pour elle (Martinique, 2005). Second album en préparation.
Autres : Elève au studio Théâtre « Si » (Martinique, 2004-2006). Licencié en études théâtrales à l’université Paris VIII
(2006-2009). Il est co-fondateur avec Mike Fédée, de la Compagnie Théâtre des Deux Saisons.
Jacques Poix-Terrier : Monsieur Orgon
Ancien élève du cours Michel Granvale et de l’Ecole Claude Mathieu, puis pensionnaire de la Comédie Française
entre 1999 et 2002 où il joue dans AMPHITRYON (Molière) m.e.s Anatoli Vassiliev, RUY BLAS (V. Hugo) m.e.s B. Jaques-
Wajeman, LE MARIAGE (Gombrowicz) m.e.s Jacques Rosner, CINNA (P. Corneille) m.e.s Simon Eine, A. D’OTTENBURG
(J.C Grumberg) m.e.s Jean-Michel Ribes, L’ECOLE DES MARIS (Molière) m.e.s Thierry Hancisse, L’ECOLE DES FEMMES
(Molière) m.e.s Eric Vigner, FAUST (Goethe) m.e.s Alexander Lang, MERE COURAGE (Brecht) m.e.s Jorge Lavelli, LA
TEMPETE (W. Shakespeare) m.e.s D. Mesguish, LA VIE PARISIENNE (J. Offenbach) m.e.s D. Mesguish. En dehors de
la Comédie Française, il joue dans LES TROIS SŒURS (A. Tchekhov) m.e.s S. Purcarete, LA CANTATRICE CHAUVE (E.
Ionesco) m.e.s G. Tompa, PAS DE FLEUR POUR MAMAN m.e.s S. Bierry, L’OURS (A. Tchekhov) m.e.s V. Bienaimé.
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