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semble être la cause principale ou l’élément déclencheur de la migration : « diambu dia maza
ma kalunga mayizanga o kukula wa ntu » : à cause des eaux du kalunga qui dans leur furie empor-
taient les gens. Le mot-clé ici est Kalunga.
Kalunga vient d’un mot-valise fait du préfixe «ka», la première particule de négation et du
verbe «lunga», vaincre. En langue koongo, la négation est faite de deux particules qui se mettent
de part et d’autre d’un verbe : le «ka», équivaut au ne français et le «ko», correspondant au pas
.
L’expression complète d’où provient «kalunga» est «ka lunga ko», ne pas vaincre ou qu’on ne
peut pas vaincre, mieux invaincu ou invincible, c’est-à-dire quelque chose devant lequel
l’homme est impuissant. Les koongo utilisent ce terme pour désigner les eaux de l’océan ou des
mers face auxquelles ils se sentent impuissants. L’expression « maza ma kalunga » signifie donc
les eaux invincibes, les eaux de l’océan ou des mers.
À voir de près les deux indices, le texte ferait allusion soit à des pluies torrentielles ou à un
gigantesque raz de marée provoqué par un feu, c’est-à-dire une éruption volcanique, mieux un
Tsunami qui aurait marqué les esprits des générations entières d’une région de la terre. L’un de
ces événements est repris dans la Bible : le déluge. Mais compte tenu des difficultés liées à
l’historicité de l’évènement qui embarqua Noé et sa famille dans l’Arche, je préfère me tourner
vers son similaire qui a dévasté les côtes de la méditerranée : l’explosion volcanique de l’île de
Santorin.
Cet événement réunit plusieurs caractéristiques de l’île Atlantide dont parle PLATON
dans
Timée
et dans Critias
.
Mais le récit platonicien de l’Atlantide, n’est-ce pas une allégorie ou une fable morale pour
mettre en garde les concitoyens athéniens contre les conséquences désastreuses du pouvoir et
des richesses ? Toutefois, la richesse des détails donnés par le philosophe grec a conduit les spé-
cialistes à y voir la version imaginaire d’un événement historique. Car l’indice la plus significa-
tive est sa destruction par un cataclysme. Les scientifiques pensent avoir trouvé la preuve qu’un
tel événement s’était effectivement produit environ 1.200 ans avant PLATON.
Bien que l’existence et la localisation de l’Atlantide soient longtemps restées un mystère, de
nos jours, les scientifiques de premier plan pensent de plus en plus avoir retrouvés ses traces. En
effet, les archéologues ont découvert les vestiges d’une civilisation ancienne très évoluée qui
prospérait en méditerranée bien avant les Grecs ou les Romains. Une civilisation qui a connu la
catastrophe naturelle la plus dévastatrice de l’Antiquité, comme des récentes recherches géolo-
giques l’ont révélée.
En 2006, le volcanologue Haraldur SIGURDSSON
de l’Université de Rhode en Island diri-
geait une expédition dans les fonds marin autour de l’île grecque de Santorin, autrefois appelée
5 On peut ici se souvenir des paroles du sénateur AbdoulayeYERODIA NDOMBASI, alors ministre de l’extérieur de
MZEE Laurent Désiré KABILA, quand il invitait les Nekongo de la RD Congo de contrer l’action des agres-
seurs : «ka lugani maza ko», ka lugani dioko ko», ne leur donnez pas de l’eau, ne leur donner pas de manioc.
6 PLATON tenait l’histoire de l’Atlantide de son maître SOCRATE, SOCRATE de CRITIAS, CRITIAS de SOLON, qui
lui-même l’avait entendu d’un vieux prêtre égyptien qui la faisait remonter à l’époque d’IMHOTEP, l’architecte
de la première pyramide égyptien de Saqqarah (la pyramide à degrés), Vizir et Premier ministre du Pharaon
DJOSER de la 3ème dynastie. IMHOTEP signifie « l’homme sage qui entre dans la paix ». De par son nom, il est à
la fois le père de l’architecture, de la philosophie et de la médecine de l’histoire universelle. D’ailleurs le Ca-
ducée qui de nos jours est le symbole de la société médicale était la canne de son pouvoir.
7 Cf. PLATON, Timée, 20e-26e.
8 Cf. Ibid., Critias, 108b-120c.
9 Haraldur SIGURDSSON a été le premier à établir les causes de la destruction de Pompéi en 79 ap. J.C. Il a aussi
mis au jour un royaume oublié en Asie du Sud-Est.