
328 | La Lettre du Neurologue • Vol. XII - n° 10 - décembre 2008
Maladie de Wilson : avancées récentes
MISE AU POINT
Le traitement pharmacologique
de la maladie de Wilson
Il est particulièrement effi cace, à condition d’être
administré à un stade précoce de la maladie et pour-
suivi toute la vie. Il s’agit des chélateurs du cuivre
(D-pénicillamine ou Trolovol
®
, et le triéthylène-
tétramine, TETA, ou trientine) et des sels de zinc
(Wilzin®). Aucune étude prospective n’a comparé
ces traitements entre eux. L’amélioration sous trai-
tement n’est pas immédiate et peut n’apparaître
qu’après 3 à 6 mois. Il existe, de plus, à l’instauration
du traitement, un risque d’aggravation de la maladie
hépatique et/ou neurologique. Celle-ci s’observe
avec les trois traitements, plus fréquemment sous
D-pénicillamine (13,8 %) que sous TETA (8 %) ou sels
de zinc (4,3 %) [10]. Une instauration progressive du
traitement permettrait d’éviter ces aggravations. Les
mécanismes en sont discutés : mobilisation rapide
du cuivre par le traitement, ou formes suraiguës et
action du traitement trop lente. Dans de rares cas,
cette aggravation n’est pas réversible, la maladie
continuant à évoluer sous traitement.
Aussi a-t-il été proposé un traitement par tétrathio-
molybdate. Comparé récemment au TETA dans un
essai prospectif portant sur 48 patients nouvelle-
ment diagnostiqués et ayant des symptômes neuro-
logiques, il éviterait les aggravations initiales. Il reste
un traitement expérimental et n’est pas actuellement
commercialisé en France [11].
Les autres traitements
Un régime pauvre en cuivre est recommandé en
début de traitement et la prise d’alcool est décon-
seillée du fait de son hépatotoxicité.
Des traitements non spécifi ques de la maladie sont
associés en cas d’hypertension portale, de décom-
pensation œdématoascitique, de tremblement ou de
dystonie invalidante (1). La prise en charge rééduca-
tive est importante dans les formes neurologiques
et associe kinésithérapeutes, orthophonistes et
neuropsychologues.
La transplantation hépatique
est-elle indiquée ?
La transplantation hépatique est le traitement des
formes hépatiques fulminantes ou des cirrhoses
décompensées. Le pronostic des greffes chez les
patients ayant des symptômes neuropsychiatriques
reste à préciser. L’expérience du Centre national de
la MW concerne six patients dont les symptômes
neurologiques s’aggravaient sous traitement médical
bien conduit : trois se sont très nettement améliorés
après la greffe et sont à nouveau autonomes, trois
sont décédés. La décision de greffe hépatique sur les
symptômes neurologiques doit donc être discutée
au cas par cas par les experts des centres de réfé-
rence.
Le suivi du patient wilsonien
doit être régulier
et pluridisciplinaire
Le suivi médical, indispensable pour s’assurer de
l’observance, de l’efficacité et de la tolérance du
traitement, doit associer généraliste, pédiatre,
hépatologue, neurologue, ophtalmologiste et
parfois psychiatre, rhumatologue… Le suivi
psychologique de ces patients, souvent dépres-
sifs et ayant fréquemment des difficultés dans la
compliance au traitement, est particulièrement
important (12). Les centres labellisés pour la prise
en charge de ces patients, composés d’une équipe
multidisciplinaire associant pédiatres, hépato-
logues et neurologues, aident au diagnostic, au
traitement, à la rééducation, à la réinsertion et
au suivi de ces patients (tableau II). Ils œuvrent,
avec l’association de patients Bernard Pépin, pour
la MW.
Tableau II. Le Centre national de référence de la maladie de Wilson.
Centre national de référence de la MW
Coordination : Dr F. Woimant (hôpital Lariboisière, Paris)
Sites de référence
Responsable Neurologues
Paris AP-HP Dr F. Woimant (Lariboisière) Dr P. Chaine, Dr P. Rémy,
Dr J.M. Trocello, Dr F. Woimant
Hospices civils de Lyon Dr A. Lachaux (pédiatre) Dr E. Broussolle, Dr J. Xie-Brustolin
Centres de compétences
Responsable Neurologues
CHU de Besançon Dr C. Vanlemmens (hépatologue) Dr E. Medeiros de Bustos
CHU de Bordeaux Dr W. Meissner (neurologue) Dr W. Meissner
CHU de Lille Dr F. Gottrand (pédiatre) Dr L. Defebvre, Dr A. Destée
CHU de Marseille
CH d’Aix-en-Provence
Dr J. Sarles (pédiatre) Dr J.P. Azulay (Marseille),
Dr T. Witjas (Marseille), Dr F. Viallet (Aix)
CHU de Rennes Dr M. Vérin (neurologue) Dr S. Drapier, Dr M. Vérin
CHU de Toulouse Dr P. Broue (pédiatre) Dr B. Carlander, Dr F. Ory-Magne