Communiqué de presse Bruxelles, le 24 mai 2016 Préserver la fertilité lors d’une chimiothérapie pour lymphome: l’efficacité des thérapies de type « pharmacoprotection » remise en doute Actuellement, le GnRHa est le seul médicament susceptible de préserver la fertilité de patientes soumises à une chimiothérapie. Cependant, une étude de l’ULB - Hôpital Erasme démontre que ce médicament n’aurait qu’un impact limité sur la préservation des fonctions ovariennes et de la fertilité chez les jeunes patientes traitées pour lymphome. Une approche pharmacologique visant à protéger les ovaires de la gonadotoxicité de la chimiothérapie et de prévenir une future infertilité chez les jeunes patientes atteintes de cancer est une option très attrayante. Actuellement, l’agoniste de la gonadolibérine (GnRHa) est le seul médicament étudié en clinique pour cette indication. Son efficacité pour prévenir l’altération de la fonction ovarienne est toutefois très controversée. Bien que les résultats des essais POEM et PROMISE rendent compte d’un effet protecteur du GnRHa sur l’ovaire lors de la chimiothérapie chez les patientes atteintes d’un cancer du sein, le débat fait toujours rage en raison de la durée limitée du follow-up, du nombre restreint de données relatives à la fertilité et de critères précis pour la définition de la fonction ovarienne, entraînant une hétérogénéité élevée dans les études randomisées. Cette étude multicentrique, randomisée et prospective vise à déterminer si le GnRHa peut prévenir une insuffisance ovarienne prématurée et préserver la fertilité chez les jeunes femmes atteintes d’un lymphome ayant un suivi de 5 ans en moyenne. Les chercheurs ont inclut 129 femmes traitées par chimiothérapie pour un lymphome et leur ont administré soit de la triptoréline GnRHa avec de la noréthistérone soit seulement de la noréthistérone. Un total de 67 patientes ont fait l’objet d’un suivi d’au moins deux ans et ont été reprises pour l’analyse. Six patientes sur 31 (19,4%) dans le groupe GnRHa ont présenté une insuffisance ovarienne prématurée, par rapport à 8 sur 32 (25%) dans le groupe contrôle. Les quatre patientes restantes ont présentés un grossesse et n’ont pas été considérée pour l’analyse. Aucune différence entre les groupes n’a été observée en ce qui concerne les taux de grossesse spontanée ou la réserve ovarienne. Il s’agit là de la première étude traitant de l’efficacité à long terme du GnRHa pour prévenir l’insuffisance ovarienne prématurée chez les jeunes femmes traitées pour un lymphome. Ce rapport souligne la nécessité de faire preuve de prudence dans la mise en œuvre des recommandations de préservation de la fertilité sur la base des études récentes réalisées sur une population traitée pour cancer du sein. Les recommandations doivent prendre en considération l’âge des patientes, le type de cancer et la gonadotoxicité du traitement. L’étude a été soutenue par le FNRS-Télévie et le groupe pharmaceutique IPSEN (grant inconditionnel). Pas de bénéfice de l’agoniste de la gonadolibérine (GnRH) pour prévenir la défaillance ovarienne et protéger la fertilité des jeunes patientes traitées par chimiothérapie pour lymphome : résultat final à long terme d’un essai prospectif et randomisé I. Demeestere 1, P. Brice 2, F.A. Peccatori3, A. Kentos 4, Dupuis J. 5, P. Zachee 6, O. Casasnovas 7, E. Van Den Neste 8, J. Dechene 1, V. De Maertelaer 9, D. Bron 10, Y. Englert 1,11 1Laboratoire de recherche sur la reproduction humaine, Faculté de Médecine, Campus Erasme, Université libre de Bruxelles (ULB), Bruxelles – Belgique ; 2Département d'hématologie, Hôpital St Louis, APHP, Paris – France ; 3Département d'hématologie, Institut Européen d'oncologie, Milan, Italie ; 4Département d'hématologie, Hôpital Erasme, Bruxelles – Belgique ; 5Département d'hématologie, Hôpital Henri Mondor, Paris – France ; 6Département d'hématologie, Algemeen Ziekenhuis Stuivenberg, Anvers, Belgique ; 7Département d'hématologie, CHU de Dijon, Dijon, France ; 8 Département d'hématologie, Cliniques universitaires UCL SaintLuc, Bruxelles – Belgique ; 9 Institut de Recherche Interdisciplinaire en Biologie humaine et moléculaire (IRIBHM) & Département d'informatique médicale et de biostatistique, ULB, Belgique ; 10Département d'hématologie, Institut J. Bordet, Bruxelles – Belgique ; 11Département de gynécologie et d'obstétrique, Hôpital Erasme, Bruxelles – Belgique Contact scientifique : Isabelle Demeestere, MD, PhD Laboratoire de recherche en reproduction humaine Clinique de la Fertilité Erasme-ULB Tel: + 32 2 555 63 58 - [email protected] DRE - Service Communication Recherche : Nancy Dath, T : +32 (0)2 650 92 03, +32 (0) 473 97 22 56, M : [email protected]