t « Antibiotiques en danger : agissons pour la santé » Bulletin CClin

Ouest
« Anbioques en danger : agissons pour la santé »
Marne Aupée
CClin Ouest
Informations
du réseau national de prévention des infections associées aux soins
Bulletin CClin-Arlin
Bullen CClin-Arlin n° 5 - décembre 2016 Bullen CClin-Arlin n° 5 - décembre 2016
Dans un contexte la réducon des consommaons
des anbioques et la prévenon de l’émergence de
bactéries hautement résistantes émergentes est une
priorité mondiale, on constate malheureusement les
piètres résultats des deux derniers plans anbioques
français. Il faut espérer que le Propias dont l’axe 2 est
consacré à la prévenon et à la maîtrise de l’anbiorésis-
tance sera suivi d’eets plus probants.
Dans la région Bretagne, la commission d’anobiologie,
animée par l’Omédit coordonne les acons de préven-
on, surveillance et formaons autour du thème du bon
usage des anbioques.
Pour la 3ème année consécuve, le CClin Ouest et l’Omé-
dit Bretagne ont organisé, à Rennes, le 15 novembre
dernier, avec le concours de l’Arlin Bretagne, des infec-
ologues des CHU de Brest et Rennes, l’URPS des Méde-
cins libéraux et l’Ordre des Vétérinaires, la journée régio-
nale sur les anbioques. Cee journée parrainée par
l’ARS Bretagne a réuni 108 parcipants, majoritairement
pharmaciens et médecins (65 % des parcipants). Glo-
balement les intervenons ont été appréciées et 98 %
des parcipants se disaient prêts à recommander cee
journée.
Le dynamisme régional en maère de bon usage des
anbioques été souligné au cours de cee journée. Le
déploiement du projet « ABRI » (Astreinte Bretonne des
férents en Infecologie) est l’aboussement d’une -
marche entreprise en 2015 qui repose sur les services
de maladies infeceuses des 2 CHU de Brest et Rennes.
LARS a nancé, pour 2 ans, les postes de deux infecolo-
gues qui assurent des permanences téléphoniques et se
déplacent éventuellement au lit du paent.
Une cartographie des référents « Anbioques » bre-
tons est en cours d’élaboraon. Une journée des ré-
férents organisée au cours du 1er trimestre 2017 per-
mera de les réunir. Diérents types de formaon sont
proposées aux acteurs des établissements : présenelles
pour les Ehpad, mais aussi à distance grâce à des mo-
dules d’e-learning :
• prise en charge des infecons urinaires chez le sujet
âgé (2015)
• infecons respiratoires, en cours de réalisaon (mise
en ligne prévue n décembre 2016)
• à venir : durée de prescripon dès la paruon des
recommandaons de la SPILF.
Les consommaons d’anbioques et l’évoluon des -
sistances bactériennes sont suivies de près, un accom-
pagnement des établissements les plus consommateurs
est envisagé par l’Omédit.
Dans le domaine de l’évaluaon des praques, une EPP
régionale pourra être mise en place et proposée aux éta-
blissements.
Suite à la diusion d’une plaquee de bon usage des an-
bioques (cf. bullen n°3), une enquête d’impact sera pro-
posée aux établissements, en décembre, pour savoir si les
messages ont été diusés et sous quelle forme (G. Piriou).
Les intervenons qui se sont succédées ont mis en avant
plusieurs points essenels.
De nouvelles recommandaons, s’appuyant sur des tra-
vaux récents, visent à réduire la durée de prescripon
des anbioques pour un certain nombre d’infecons :
marne.aupee@chu-rennes.fr
Bullen CClin-Arlin n° 5 - décembre 2016
spondylodiscite, pneumonie, dermohypodermite, péri-
tonite, pyélonéphrite, etc. (M. Baldeyrou).
Les prélèvements microbiologiques doivent être réalisés
avec parcimonie et à bon escient parce que lorsqu’on
cherche, on trouve, et on traite… des infecons qui n’en
sont pas (D. Tandé).
Lêtre humain qui se prend modestement pour l’abous-
sement de la créaon commence à réaliser qu’il est lui-
même un monde habité par des milliards d’êtres vivants
(bactéries, virus, fongi) avec lesquels il a tout intérêt à
vivre en bon intelligence. Préserver les écosystèmes et
leur équilibre est un enjeu fondamental pour l’être hu-
main comme pour l’environnement (G. Héry-Arnaud).
La médecine vétérinaire est, elle aussi, grosse consom-
matrice d’anbioques. Le Ministère de l’Agriculture a
publié récemment des textes sur les "anbioques cri-
ques" (18 et 25 mars 2016) modiant l'arsenal théra-
peuque des vétérinaires. Depuis le 1er avril 2016, plus
de 50 substances anbioques sont interdites ou leur
ulisaon restreinte. Le traitement métaphylacque est
également très encadré, le vétérinaire ne pouvant pres-
crire un médicament contenant une ou plusieurs de ces
substances que s'il suspecte une maladie présentant un
taux élevé de mortalité ou de morbidité pour laquelle,
en l'absence de traitement précoce, une propagaon ra-
pide à l'ensemble des animaux est inévitable. Le vétéri-
naire doit juser ce traitement par un examen clinique
ou nécropsique, et le traitement prescrit ne peut pas ex-
céder un mois. Lexemple praque présenté est celui de
la lière bovine et plus parculièrement des mammites
des vaches laières. Ces mesures ont eu un eet immé-
diat sur les ventes d’anbioques. Le plan EcoAnbio
donne des résultats probants avec une diminuon des
consommaons d’anbioques de 20 % en 4 ans (O. For-
neau).
La consommaon des anbioques en Ehpad, reste glo-
balement stable entre 2014 et 2015. Dans le détail ce-
pendant, on observe une augmentaon des consomma-
ons d’amoxicilline, macrolides, sulfamides et surtout
de lévooxacine qui aeint presque 67 %. Sur la même
période, on constate une augmentaon des résistances
bactériennes : plus de 34 % pour les E. coli résistants au
céfotaxime et une augmentaon de la fréquence des
E. coli producteurs de bêtalactamase à spectre étendu
(ßLSE) de 18 % entre 2012 et 2014, dans la populaon
générale. Le Ministère de la Santé a mis à disposion
un kit pédagogique (lms, poster, dépliant, diaporama
de formaon…) sur les situaons courantes de prise en
charge des paents infectés. Enn, des formaons or-
ganisées par l’Omédit connuent à être proposées aux
Ehapd de la région Bretagne (A. Marquet).
On assiste à une progression exponenelle des bacté-
ries mulrésistantes depuis une quinzaine d’années et
plus récemment des bactéries hautement résistantes
émergentes. Un lien étroit existe entre l’émergence des
entérobactéries résistantes aux anbioques et l’uli-
saon de certains anbioques. Les voyages à l’étran-
ger, notamment en zone subtropicale sont une occasion
de se trouver exposé à ces micro-organismes qui vont
coloniser le tube digesf des voyageurs. L’ulisaon
concomitante d’anbioques est un facteur facilitant
l’installaon de souches mulrésistantes. Le microbiote
intesnal joue un rôle fondamental dans l’acquision
des résistances bactériennes. En eet, les anbioques
altèrent l’eet barrière de la ore locale et augmentent
les densités intesnales des bactéries résistantes. Cest
également dans la ore intesnale que peuvent se faire
les transferts de gènes de résistance (JC. Lucet).
Prévenir la diusion des BMR et BHRe suppose la maî-
trise des précauons "standard", la mise en place et le
respect par tous les professionnels impliqués dans la
prise en charge du paent, de précauons complémen-
taires, souvent de type "contact" ou "gouelees". Dans
le cas des BHRe, le HCSP préconise des mesures spéci-
ques de prise en charge du paent lui-même et de ses
contacts potenels. Ces mesures doivent être mises en
place sans délai et la possibilité de disposer de person-
nel dédié réduit de façon signicave le nombre de cas
secondaires. La réacvité des équipes est un facteur fon-
damental dans la prise en charge des paents porteurs
de BMR et BHRe (JM Germain).
La prise en charge de paents porteurs de BHRe soulève
un certain nombre de quesons en Ehpad. Lorsqu’un
établissement est confronté à cee situaon, appliquer
les recommandaons du HCSP n’est pas forcément l’op-
on retenue, parculièrement en ce qui concerne le
dépistage et la durée des précauons complémentaires
dans une structure qui demeure malgré tout un lieu de
vie (JB. Euzen).
Pour nir, la dernière intervenon concernait l’anbio-
thérapie chez l’enfant, vue par le médecin généraliste
et le pédiatre. Au travers de 3 cas cliniques, une bron-
chiolite non compliquée, une bronchiolite compliquée
d’ote et une gastroentérite, les bonnes praques d’an-
Bullen CClin-Arlin n° 5 - décembre 2016
biothérapie sont rappelées. Il n’est pas recommandé
de prescrire des anbioques pour la bronchiolite et la
gastroentérite, alors qu’ils peuvent l’être pour la bron-
chiolite compliquée d’ote (T. Labarthe et E. van Melk-
ebeke).
Nous espérons vous retrouver l’année prochaine pour la
4ème édion de cee journée.
Les présentaons de cee journée du 15 novembre
2016 sont disponibles sur le site du CClin Ouest.
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