Compte-rendu

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DIM ASTREA
Journée des doctorants & des post-doctorants
IIIème édition
Compte-rendu
@Maître/INRA
Vendredi 30 mars 2012
Centre de Conférences Edouard VII - PARIS
Sommaire
SOMMAIRE
2
INTRODUCTION
2
PRESENTATIONS DES DOCTORANTS
3
Effet du réchauffement climatique sur les risques d’invasions de fourmis en Ile-deFrance
3
Effets anti-inflammatoires de Lactobacillus delbrueckii
5
Réhabilitation de sols pollués par les métaux lourds par phytoremédiation
6
Compréhension et modélisation des phénomènes de transport dans les membranes
denses d’osmose inverse et de nanofiltration
8
Pascale BOURRAT-HOUSNI
Directrice de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur au Conseil régional d’Ile-de-France
Catherine BONAZZI
Co-coordinatrice du DIM ASTREA
Cléo BERTELSMEIER
Thèse 2010 dirigée par Franck COURCHAMP
UMR Ecologie, Systématique & Evolution - Université Paris-Sud 11
Hela EL KAFSI
Thèse 2010 dirigée par Maarten VAN DE GUCHTE
Institut Micalis – INRA
Mathieu POTTIER
Thèse 2010 dirigée par Sébastien THOMINE
Institut des Sciences du Végétal – CNRS
Thomas VERROUST
Thèse 2010 dirigée par Marie-Laure LAMELOISE et Claire FARGUES
UMR GENIAL – AgroParisTech
PRESENTATIONS DES POST-DOCTORANTS
10
Quels accès les agriculteurs biologiques ont-ils au foncier agricole francilien ?
10
Culture d'un potager urbain et pratiques quotidiennes durables
11
Benoît LEROUX
Post-doctorat 2010 encadré par Fabrice RIPOLL
LAB'URBA- Université Paris-Est Créteil Val de Marne
Géraldine FARGES
Post-doctorat 2011 encadré par Séverine GOJARD
UR ALISS – INRA
CONFERENCES
13
La consommation alimentaire en Ile-de-France : nouvelles tendances et attentes
des consommateurs. Quels enjeux pour la production agro-alimentaire et la
recherche scientifique franciliennes ?
13
Qualité de l’eau et agriculture : quels enjeux ?
16
CLOTURE
19
Pascale HEBEL
Directrice du Département Consommation du CREDOC
Fabienne BARATAUD
UR ASTER Agro-Systèmes Territoires Ressources - INRA - Mirecourt
Christine AUBRY
Co-coordinatrice du DIM ASTREA
Paris, le 30 mars 2012
DIM ASTREA
Introduction
Pascale BOURRAT-HOUSNI
Directrice de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur au Conseil
régional d’Ile-de-France
La Région a souhaité instaurer à partir de 2005 une politique visant à favoriser la fédération
des acteurs de la recherche sur son territoire. Dans ce contexte, le soutien à un certain
nombre de Domaines d’Intérêt Majeur a émergé. Ainsi, le DIM ASTREA Agrosciences,
Ecologie des Territoires, Alimentation a été soutenu par la Région dès 2008.
La Région a mis en place en 2011 un conseil scientifique régional composé par des
personnalités issues de différents domaines de la science. Ce conseil a labellisé ou
relabellisé seize Domaines d’Intérêt Majeur, dont le DIM ASTREA. Ce dernier a été
légèrement modifié car le conseil scientifique régional a souhaité qu’il s’oriente davantage
vers des problématiques relatives à la biodiversité ou encore à l’alimentation. Cette dernière
intéresse d’ailleurs tout particulièrement une région comme l’Ile-de-France dans le cadre de
l’accès à une alimentation saine.
Enfin, il importe de signaler que le DIM ASTREA a été soutenu par la Région à hauteur de
cinq millions d’euros lors de la dernière période. Le budget 2012 est en légère diminution.
Catherine BONAZZI
Co-coordinatrice du DIM ASTREA
La journée permettra de faire un point sur les travaux réalisés par les doctorants et les postdoctorants du DIM ASTREA.
Il convient de préciser que le DIM 2008-2011 s’est articulé autour de trois axes :
environnement, territoires et agriculture ;
agriculture biologique ;
alimentation et santé.
Enfin, le DIM ASTREA ayant été relabellisé récemment pour la période 2012-2015, les
axes thématiques du nouveau DIM seront présentés dans l’après-midi.
Journée des Doctorants & des Post-doctorants
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Paris, le 30 mars 2012
DIM ASTREA
Présentations des doctorants
Effet du réchauffement climatique sur les risques d’invasions de
fourmis en Ile-de-France
Cléo BERTELSMEIER
Thèse 2010 dirigée par Franck COURCHAMP
UMR Ecologie, Systématique & Evolution - Université Paris-Sud 11
Une espèce invasive se définit notamment comme étant une espèce exotique ayant subi
une explosion démographique et qui est devenue nuisible pour la biodiversité. Le nombre
d’espèces introduites a connu une hausse de 76 % en Europe ces 30 dernières années. Par
ailleurs, il convient de souligner la crainte que le changement climatique favorise les
espèces invasives en leur permettant de s’établir à des latitudes plus élevées.
Le présent travail de thèse s’intéresse aux fourmis, dont le nombre d’espèces s’établit entre
20 000 et 30 000. De plus, 19 espèces posent réellement problème, de nombreux groupes
taxomiques sont affectés par les fourmis. A ce jour, la plupart de ces espèces sont limitées à
des zones tropicales et subtropicales. Les fourmis étant des organismes à sang froid, il est
possible de penser que de légères variations de températures pourraient augmenter le
risque d’invasion à des latitudes plus élevées.
L’objectif de la thèse consiste alors à évaluer les risques d’invasion de fourmis en Ile-deFrance à ce jour et à travers différents scénarios de changement climatique. Cinq
approches différentes et complémentaires ont été utilisées.
1) Revues de la littérature
Une revue portant sur l’impact du changement climatique sur la biodiversité a été réalisée
et une seconde revue est en préparation sur les fourmis invasives.
2) Base de données
L’idée consiste à s’interroger à propos de la manière d’identifier de nouvelles espèces
potentiellement invasives. Il semble que certains traits écologiques pourraient aider une
espèce à devenir invasive (régime alimentaire ou encore préférences d’habitat).
Le projet consiste à analyser de nouvelles espèces potentiellement envahissantes parmi
toutes les espèces grâce aux caractéristiques des fourmis déjà envahissantes. A partir d’une
base de données de caractéristiques de fourmis en général, il s’agira de comparer la
fréquence des traits des fourmis envahissantes à celles des non envahissantes puis au final
de développer un modèle statistique pour prédire la probabilité d’une invasion. Cette base
de données est en ligne et contient plus de 800 espèces.
Journée des Doctorants & des Post-doctorants
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DIM ASTREA
3) Modélisation de la niche climatique
Il convient de prendre en compte la distribution actuelle et de chercher une association
entre des variables climatiques et la distribution. Ce travail a été effectué pour les espèces
de fourmis les plus problématiques. Par ailleurs, un tableau relatif au risque d’invasion pour
quinze espèces de fourmis a été réalisé s’agissant de l’Ile-de-France.
Un certain nombre de résultats de ces modélisations peuvent être avancés. Ainsi, il n’y a
pas de tendance unique (six espèces augmentent, six diminuent et trois sont stables). En
outre et selon les modèles, les espèces invasives ne vont pas bénéficier du changement
climatique. Les modèles soulignent également que les pires espèces d’aujourd’hui
pourraient ne pas être celles de demain.
4) Expériences de terrain
Des expériences préliminaires ont été conduites avec la fourmi d’Argentine. Les modèles
suggèrent qu’elle n’est pas en mesure d’envahir le Nord de la France. De surcroît, un
système expérimental a été mis en place afin de voir si cette fourmi pouvait envahir l’Ilede-France. Il s’agit de nids artificiels composés d’un grillage fin qui permet aux ouvrières de
passer tandis que les reines sont confinées à l’intérieur. Ainsi, 144 nids expérimentaux ont
été plantés sur deux sites, en France et en Espagne. Les fourmis ont bien survécu en
Espagne et il n’y a pas eu de survie en Ile-de-France.
5) Expériences de laboratoire
Des projections ont montré que plusieurs espèces sont susceptibles d’envahir les mêmes
endroits dans le futur. Néanmoins, elles ne coexisteront pas car elles sont très agressives.
Par ailleurs, les modèles ne prennent pas en compte les interactions entre espèces. Donc, il
semble nécessaire de compléter l’évaluation des risques avec une approche expérimentale.
De surcroît, il importe de souligner que les modèles climatiques ne prennent pas en
considération les microclimats. En effet, certaines espèces ont une grande capacité à s’y
adapter. L’objectif de la thèse consistera à connaître la température préférée et la flexibilité
des espèces.
Echange avec la salle :
Emmanuel JOLIVET s’enquiert des critères permettant de déterminer les espèces
problématiques.
Cléo BERTELSMEIER mentionne par exemple la taille de la colonie ou encore les
préférences alimentaires.
Une participante souhaite savoir si la variabilité génétique a été prise en compte afin de
déterminer des espèces de fourmis plus invasives.
Cleo BERTELSMEIER répond par la négative. Elle s’est avant tout intéressée aux
aspects climatiques.
Un participant indique qu’un travail relatif à la variabilité génétique implique de bien
connaître génétiquement toute une population d’une espèce coloniale, ce qui est complexe.
Enfin, Cléo BERTELSMEIER souligne l’importance des efforts de prévention et de
surveillance des espèces.
Journée des Doctorants & des Post-doctorants
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DIM ASTREA
Effets anti-inflammatoires de Lactobacillus delbrueckii
Hela EL KAFSI
Thèse 2010 dirigée par Maarten VAN DE GUCHTE
Institut Micalis – INRA
Le Lactobacillus delbrueckii est une bactérie lactique utilisée pour la fabrication du fromage et
du yaourt. Cette bactérie en transit est apportée par l’alimentation et possède des effets
bénéfiques dans un modèle de colite induite par le DSS chez la souris. Dans le cadre de
cette thèse, il convient de s’intéresser à l’effet anti-inflammatoire de cette bactérie qui a été
décrite in vitro sur les cellules épithéliales du tractus digestif humain.
Un modèle a été choisi afin de pouvoir suivre l’effet anti-inflammatoire de cette bactérie. Il
consiste à analyser l’activité du facteur NF-kB, en l’absence ou en présence de la bactérie
sur la cellule épithéliale.
L’étude de l’effet anti-inflammatoire s’est basée sur l’analyse de 55 souches. Ainsi, il
apparait que Lactobacillus delbrueckii a un effet anti-inflammatoire. Toutefois, cet effet
demeure « souche dépendant ». Certaines souches sont hautement anti-inflammatoires,
moyennement anti-inflammatoires et faiblement anti-inflammatoires. Ensuite, un certain
nombre de souches ont été sélectionnées.
L’objectif du projet de thèse consiste à identifier le ou les gênes responsables de la
propriété anti-inflammatoire de Lactobacillus delbrueckii ainsi que de connaître le ou les
mécanismes d’action à l’origine de cet effet. Pour mener à bien ce projet, huit souches de
Lactobacillus delbrueckii ont été séquencées.
Le premier axe de ce travail se rapporte à la comparaison globale du contenu génétique des
souches de Lactobacillus delbrueckii sélectionnées. Dans ce cadre il importera de comparer la
structure des huit génomes et de voir une éventuelle différence entre souches ayant un
effet anti-inflammatoire et les autres ayant un effet moindre. Un alignement multiple des
génomes de Lactobacillus delbrueckii a donc été réalisé.
S’il apparaît que l’effet anti-inflammatoire diffère entre les souches, la structure globale des
génomes reste semblable. Par ailleurs, les quatre sous-espèces bulgaricus auraient un génome
de 1,8 mégabases. Ce génome est donc plus petit que celui des lactis.
Le second axe de ce travail renvoie à l’étude de MLST des souches de Lactobacillus
delbrueckii. Il s’est basé sur une étude publiée en 2010 et portant sur la classification de
42 souches de delbrueckii suivant quatre gènes de ménage. Les huit souches évoquées
précédemment ainsi que six autres souches ont été ajoutée. En termes d’observation, il
semble que les quatre souches de la sous-espèce lactis sont rapprochées sur l’arbre, de
même que les quatre couches de la sous-espèce bulgaricus. Il convient ensuite de voir s’il y a
une corrélation entre rapprochement sur l’arbre MLST et effet anti-inflammatoire. A priori,
il n’y aurait pas de corrélation entre degré d’effet anti-inflammatoire et rapprochement
génétique.
La dernière partie du travail renvoie aux stratégies de génomique comparative pour
l’identification des protéines candidates à l’effet anti-inflammatoire. Une première
approche consiste à considérer que l’effet anti-inflammatoire serait dû à un ou plusieurs
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Paris, le 30 mars 2012
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gènes partagés entre les deux souches les plus anti-inflammatoires et absentes dans le reste
des souches. L’autre stratégie consiste à se dire que l’effet anti-inflammatoire est dû à des
gènes qui sont différents entre les souches les deux plus anti-inflammatoires.
En conclusion, il apparait que la structure est globalement colinéaire entre les génomes des
huit souches de Lactobacillus delbrueckii étudiées. En outre, il n’existe pas de corrélation entre
les rapprochements génétiques des souches sur l’arbre MLST et le degré de l’effet antiinflammatoire.
Echange avec la salle:
Un participant indique que ce travail porte sur les bénéfices que pourrait avoir une
alimentation basée sur des produits fermentés. Récemment, les autorités européennes ont
décidé de réglementer les arguments santé que peuvent utiliser les industriels.
Hela EL KAFSI répond que le travail qu’elle présente ne s’inscrit pas contre les
consommateurs. Si l’effet est confirmé, la conclusion serait que n’importe quel yaourt
aurait un effet anti-inflammatoire.
Une participante estime qu’il serait intéressant de mesurer les interactions entre les
bactéries déjà présentes dans l’organisme et celles évoquées dans le cadre de la thèse.
Hela EL KAFSI le reconnaît. Des études ont d’ailleurs été menées. Selon elle, il convient
de se placer dans le contexte d’un médicament.
Réhabilitation de
phytoremédiation
sols
pollués
par
les
métaux
lourds
par
Mathieu POTTIER
Thèse 2010 dirigée par Sébastien THOMINE
Institut des Sciences du Végétal – CNRS
Ce travail de thèse porte sur la gestion des métaux dans les feuilles de peuplier. En
préambule, il convient d’évoquer l’origine de la pollution du site expérimental de Pierrelaye,
sur lequel les expériences ont été réalisées. Celui-ci est localisé sur 5 500 hectares de sol
irrigué qui ont subi des pollutions aux eaux usées originaires de Paris au cours du 19ème
siècle. La création d’un émissaire général a ensuite permis l’acheminement de ces eaux
usées sur des sols au Nord-ouest de Paris et dédiés à la culture maraichère. Ces sols sont
donc essentiellement contaminés aux métaux lourds et à ce jour, des stratégies de
dépollution sont mises en place pour réhabiliter ces sols pollués, à l’instar de la
phytoextraction. Il s’agit d’une stratégie de phytoremédiation consistant à dépolluer les sols
par l’utilisation de plantes.
Pour se faire, différentes espèces végétales sont utilisées :
espèces accumulant fortement les métaux ou hyperaccumulatrices ;
espèces à forte biomasse et croissance rapide comme le peuplier.
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DIM ASTREA
La biomasse produite par le peuplier est valorisable dans les filières de bioénergie.
Néanmoins, les feuilles du peuplier sont non valorisables pour la production d’énergie. Le
fait qu’elles tombent à l’automne est problématique pour le sol dans le cas où elles sont
encore chargées en métaux.
Les premiers résultats issus d’un travail mené sur la parcelle de Pierrelaye entre 2007 et
2011 ont montré qu’il y avait une quantité importante de métaux accumulés dans les
feuilles dans diverses variétés de peupliers. Cette accumulation pourrait représenter une
limitation au processus de phytoextraction.
Les variations de contenu en métaux au cours du développement des feuilles ont été
observées à travers quatorze espèces de peuplier. En outre, les concentrations en
chlorophylle dans les feuilles ont été mesurées. Il est apparu que les concentrations en
métaux lourds comme le cadmium et le zinc dans les feuilles en fin de cycle sont variables
en fonction des variétés. Les différences en termes de concentration de métaux dans les
feuilles peuvent être liées à des différences d’accumulation ou à des processus de
remobilisation. En conséquence, des études ont été conduites afin d’identifier ces aspects.
En outre, les corrélations entre la présence de différents métaux ont été analysées afin de
voir si les métaux sont régulés de la même manière. Dans le cas du zinc et du manganèse, il
n’y a pas de corrélation. Une corrélation importante est observée entre le cadmium et le
manganèse.
Par ailleurs, une focalisation a été réalisée sur les protéines de transport impliquées dans
l’homéostasie cellulaire. Ainsi, il apparaît que chez Arabidopsis thaliana, les transporteurs
intéressants seraient NRAMP 1 ainsi que les transporteurs NRAMP 3 et NRAMP 4. Chez
le peuplier, sept NRAMP répartis sur quatre chromosomes sont observés. Le NRAMP 1.1
et le NRAMP 1.2 possèdent de fortes homologies de fréquences entre eux et avec le
NRAMP 1 de l’Arabidopsis thaliana.
De surcroît, un travail a été mené sur la caractérisation des transporteurs. Il est apparu que
NRAMP 3.1 est localisé dans des petites vésicules intracellulaires alors que NRAMP 3.1 est
localisé au niveau de la membrane de la vacuole.
Enfin, il convient de souligner les principales perspectives de ce travail :
mener une nouvelle étude sur sol pollué avec d’autres génotypes;
tester la capacité de transport du zinc et du cadmium de PtNRAMP 3.1 et
PtNRAMP 3.2 ;
Echange avec la salle :
Catherine BONAZZI indique qu’en cas de mobilisation des métaux dans les structures
du végétal, des sols risquent de se retrouver très concentrés en métaux. Il importe de bien
gérer l’accumulation des métaux.
Mathieu POTTIER le reconnait. Il précise que des métaux comme le zinc peuvent être
recyclés.
Un participant s’interroge à propos du choix du peuplier par rapport au miscanthus.
Mathieu POTTIER répond que le miscanthus est de plus en plus étudié. L’idée consistait
à choisir une variété qui produisait beaucoup de biomasse et pouvant accumuler
correctement les métaux toxiques.
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DIM ASTREA
Une participante souhaite savoir les choix de variété en fonction du type de pollution.
Mathieu POTTIER relève des variétés de peuplier intéressantes en termes de
phytoextraction. Celles-ci ont été testées sur le site de Métal Europe. Le travail de thèse
doit permettre d’identifier des génotypes qui permettent une meilleure remobilisation.
Compréhension et modélisation des phénomènes de transport dans les
membranes denses d’osmose inverse et de nanofiltration
Thomas VERROUST
Thèse 2010 dirigée par Marie-Laure LAMELOISE et Claire FARGUES
UMR GENIAL – AgroParisTech
L’osmose directe correspond à un phénomène spontané qui implique le passage du solvant
à travers une membrane sélective du côté non concentré au côté concentré. La principale
utilisation de l’osmose inverse renvoie au dessalement de l’eau de mer et des eaux
saumâtres. En outre, l’osmose inverse est utilisée pour les effluents industriels. Toutefois,
certaines petits solutés organiques sont moins bien retenus que les sels car très petits et
non chargés.
L’objectif de la thèse consistera à mieux comprendre la rétention des solutés organiques et
à la modéliser.
Concernant la modélisation de l’osmose inverse, il convient de rappeler l’existence du
modèle de Solubilisation-Diffusion de Lonsdale. Les limites de celui-ci sont les suivantes :
interactions membrane-soluté supposées linéaires ;
pas de prise en compte de la polarisation de concentration ;
modèle très global.
S’agissant de la polarisation de concentration, l’augmentation de la concentration au niveau
de la membrane s’explique par l’accumulation de particules retenues par la membrane.
Cette situation entraîne une influence sur la pression osmotique.
En termes de structure, il apparait que la membrane est tri-couche, constituée par trois
polymères :
couche de polyamide aromatique ;
couche de polysulfone ;
couche de polyester.
De surcroît, un modèle élaboré en 2008 dans le cadre d’une thèse développe des éléments
non pris en compte par Lonsdale, notamment l’évolution du débit volumique le long de la
membrane. Des points faibles sont tout de même observés, à l’instar de la non prise en
compte de la polarisation de concentration.
L’objectif de la thèse consiste à partir du modèle modifié par Camille Sagne puis de
travailler sur deux axes (quantification des interactions sur le polyamide aromatique et la
description de concentration dans le module) afin d’aboutir à un nouveau modèle de type
S-D modifié permettant de mieux prévoir le rejet.
Journée des Doctorants & des Post-doctorants
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Paris, le 30 mars 2012
DIM ASTREA
Un premier axe de travail porte sur la quantification des interactions. Pour se faire, les
membranes CPA2, CPA3 et ESPA2 ont été utilisées. En outre, un travail a été conduit sur
trois solutés différents, à savoir l’acide butyrique, le phényl-2-éthanol et le furfural. Il
apparait que les deux derniers vont créer des interactions avec le polyamide aromatique.
Afin de mesurer les interactions, il convient de prendre une surface de membrane connue
et de la mettre dans un certain volume de solution à une température régulée. Ensuite, sera
mesurée la concentration initiale, la concentration à l’équilibre afin de connaître la quantité
absorbée sur la membrane.
S’agissant des conclusions, il apparaît notamment que la membrane entière et les souscouches polyamide polysulfone ont des sorptions comparables. En outre, la sous-couche
polyester interagira moins.
Un second axe de travail est consacré à l’étude de l’hydrodynamique du système. Ainsi, un
module spiralé constitué d’une alternance de feuilles membranaires et d’espaceurs enroulés
autour d’un tube collecteur de perméat a été utilisé. Il s’agira alors de décrire finement les
écoulements dans le module.
En conclusion, la quantification des interactions sur les sous-couches laisse apparaître que
les sorptions sont sensiblement identiques sur la membrane entière et la couche PAA / Psu
puis que la sorption est faible sur la couche Polyester. Concernant la modélisation, les
équations permettant la représentation des flux sont posées. Enfin, les paramètres
nécessaires à la résolution de ces équations ont été acquis.
Echange avec la salle :
Une participante demande si ces recherches intéressent les entreprises.
Thomas VERROUST répond qu’un contact a été pris avec les entreprises qui fournissent
les membranes. Il relève une absence de contact s’agissant des industriels qui pourraient
utiliser le procédé.
Claire FARGUES précise que des contacts avaient été pris avec les distilleries pour tester
ce procédé à une plus grande échelle.
Journée des Doctorants & des Post-doctorants
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DIM ASTREA
Présentations des post-doctorants
Quels accès les agriculteurs biologiques ont-ils au foncier agricole
francilien ?
Benoît LEROUX
Post-doctorat 2010 encadré par Fabrice RIPOLL
LAB'URBA- Université Paris-Est Créteil Val de Marne
1) Le contexte et les enjeux du foncier en Ile-de-France
L’Ile-de-France représente un département essentiellement rural. Le milieu agricole se
compose essentiellement de « gros céréaliers ». En conséquence, il convient de souligner
une faiblesse des autres productions à l’instar de l’élevage ou de l’arboriculture.
L’agriculture biologique en Ile-de-France est peu développée mais s’avère être en
développement (progression de 43 % du nombre de producteurs entre 2009 et 2010).
D’ailleurs, des associations et des soutiens régionaux stimulent cette progression.
Les points forts de l’agriculture biologique renvoient notamment au soutien des pouvoirs
publics locaux ou encore du DIM ASTREA.
Les principales faiblesses de l’agriculture biologique sont les suivantes :
faible implantation professionnelle du milieu agrobiologique dans les instances
professionnelles agricoles ;
projets agro-alimentaire-biologiques atypiques ;
front urbain.
2) Une combinaison d’approches méthodologiques
Cette recherche a été conduite sur la base d’entretiens avec le monde agricole et associatif
ainsi qu’à partir d’observations.
Diverses hypothèses ont été retenues. Ainsi, les agriculteurs biologiques ont des difficultés
à s’implanter en Ile-de-France car l’organe principal qui se charge de pérenniser le foncier
agricole est composé d’agriculteurs du milieu conventionnel. Les comités SAFER qui
s’appuient sur des critères techniques et économiques considèrent que les projets
agrobiologiques ne sont pas suffisamment fiables en matière économique et technique.
Néanmoins, la SAFER modifie ses stratégies en raison de l’implication croissante des
collectives locales ou encore des paysans.
Une autre hypothèse renvoie au conflit d’usage croissant autour du foncier. Il apparait que
la demande du foncier augmente tandis que l’offre se raréfie. Cette situation engendre des
conflits et une augmentation des prix.
L’hypothèse suivante se rapporte aux intérêts économiques et politiques à court terme et
qui jouent contre le « temps long » du foncier. Le rapport de force tend à défavoriser le
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Paris, le 30 mars 2012
DIM ASTREA
développement durable au profit de l’installation d’infrastructures ou de projets de
développement économique de court terme.
Echange avec la salle :
Une participante souhaite savoir si les relations entre l’Agence des Espaces Verts et la
SAFER ont été étudiées.
Benoît LEROUX répond qu’il doit prochainement rencontrer l’Agence des Espaces
Verts. Il précise toutefois que les relations s’améliorent et que des collaborations peuvent
se nouer. Par exemple, l’AEV a acheté un certain nombre d’hectares qui sont loués à des
agriculteurs bio.
Culture d'un potager urbain et pratiques quotidiennes durables
Géraldine FARGES
Post-doctorat 2011 encadré par Séverine GOJARD
UR ALISS – INRA
Cette recherche qui ambitionne de comprendre les mécanismes d’adoption de modes de
vie durables est focalisée sur les pratiques domestiques liées à l’autoconsommation. Le
jardinage n’est pas forcément considéré comme une pratique écologique, en témoigne
l’utilisation de pesticides. Pour les jardiniers, cette utilisation n’est pas déconnectée de l’idée
relative au fait de « manger bio ».
La recherche porte sur le jardinage amateur dans le cadre des potagers urbains associatifs.
Les questions associées à cette recherche sont les suivantes :
dans quelle mesure les jardiniers adoptent des pratiques culturales écologiques
dans les jardins familiaux ?
dans quelle mesure ces pratiques peuvent-elles constituer le « déclencheur »
d’un mode de vie plus durable ?
Deux hypothèses ont été retenues :
les jardiniers se conforment aux injonctions qui leurs sont faites par crainte de
sanctions formelles ou sociales ;
les jardiniers contournent ces nouveaux règlements afin de satisfaire leurs
propres usages du jardin qui ne sont pas toujours compatibles avec des
objectifs de protection de l’environnement.
Le dispositif empirique mis en place renvoie à une monographie de lotissements, à des
entretiens avec les responsables associatifs et à des rencontres réitérées avec des jardiniers
et des jardinières dont les attributs sociaux sont contrastés.
Des premiers résultats ont été observés. S’agissant de la question « dans quelle mesure les
jardiniers adoptent des pratiques culturales écologiques dans les jardins familiaux », il apparaît que des
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DIM ASTREA
pratiques de cultures sont toujours associées au « bio » ou à « l’écologique » (se préoccuper
de la faune ou encore faire ses propres engrais).
Parallèlement, des pratiques non écologiques sont clairement identifiées et revendiquées à
l’instar de la mise en avant d’autres usages du jardin, incompatibles avec la protection de
l’environnement (utilisation d’intrants). Il est par exemple apparu au cours des entretiens
que le jardin permettait de réaliser des économies financières.
Concernant la question « dans quelle mesure ces pratiques peuvent-elles constituer le « déclencheur »
d’un mode de vie plus durable ? », il semble que les jardiniers adoptent de nouvelles pratiques,
incités par des règles de fonctionnement locales et implicites nécessaires en termes
d’intégration. En outre, les jardiniers adoptent de nouvelles pratiques incitées par l’envie
d’imiter, d’essayer ou de relever un défi technique. Par ailleurs, l’éducation à l’écocitoyenneté visée par les associations apparaît également éloignée du terrain, où d’autres
usages du jardin prennent le dessus.
En conclusion, la culture d’un potager biologique s’inscrit parmi d’autres usages du jardin
qui peuvent conduire à des situations contradictoires. En outre, les sociabilités locales
apparaissent comme un facteur clé dans l’adoption de nouvelles façons de faire. Toutefois,
l’adoption de pratiques écologiques peut être déconnectée d’une prise de conscience
correspondante, ce qui pose question quant à la convergence vers un mode vie plus
durable.
Echange avec la salle :
Emmanuel JOLIVET note que le poids du contrôle social et de l’émulation technique a
été observé sur d’autres objets comme le maintien d’un label.
Géraldine FARGES note que des travaux récents s’intéressent à la manière dont les
pratiques durables s’intègrent dans le quotidien des individus par l’imitation.
Un participant souhaite savoir si parmi les jardiniers figurent des jardiniers « hétérodoxes »
ayant des approches davantage chimiques. Il s’interroge également à propos du taux
d’autoconsommation.
Géraldine FARGES répond que certains jardiniers utilisent des intrants car ils estiment
que c’est la seule façon d’obtenir un beau jardin. De surcroît, elle ne dispose pas
d’indications précises concernant le taux d’autoconsommation.
Une participante note qu’il est complexe d’évaluer le taux d’autoconsommation. Par
ailleurs, l’émulation technique constitue un élément essentiel qui concourra à des
innovations.
A propos de l’autoconsommation, Géraldine FARGES explique que certains jardiniers
signalent que le jardin permet de réaliser une économie de 1 000 euros par an.
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DIM ASTREA
Conférences
La consommation alimentaire en Ile-de-France : nouvelles tendances et
attentes des consommateurs. Quels enjeux pour la production agroalimentaire et la recherche scientifique franciliennes ?
Pascale HEBEL
Directrice du Département Consommation du CREDOC
Cette présentation ambitionne notamment de souligner les enjeux sociétaux relatifs à
l’alimentation et de comparer les pratiques alimentaires des franciliens et des provinciaux.
En préambule, il convient de rappeler que des enquêtes portant sur la consommation sont
réalisées afin de comprendre les pratiques alimentaires de la population.
En terme de profil, il apparaît notamment que les franciliens sont en moyenne plus jeunes
et plus diplômés par rapport au reste de la population française.
S’agissant des manières de consommer, les franciliens consomment davantage de légumes,
de poisson et moins de charcuterie ou de plats composés. En outre, les enfants franciliens
consomment davantage de fruits et de légumes ainsi que de produits ultra frais laitiers.
Par ailleurs, une typologie a été construire. Une opposition apparaît entre les produits
« modernes » et les aliments plus « traditionnels ». Un autre axe oppose les produits
« riches » (fromage, viande, alcool) aux produits « faibles » énergétiquement (eau ou ultra
frais laitiers).
En observant la manière dont la population se structure, il convient de souligner que ce qui
discrimine le plus en termes de produit consommé ne renvoie pas aux classes sociales mais
à l’âge. Cette typologie permet d’observer qu’en Ile-de-France, les personnes ont conservé
les codes relatifs à la diversité alimentaire et intègrent les préceptes issus des messages
sanitaires sur la nutrition.
En reprenant des travaux menés par des sociologues américains, la population peut être
découpée selon les générations. Le nom de chaque génération se rapporte aux évènements
marquant au moment où la génération avait 20 ans (« rationnement », « réfrigérateur »,
« hypermarché », « aliments services », etc.). En termes sociologique, la rupture oppose, en
matière de valeurs, les générations nées avant et après la seconde guerre mondiale. Cette
rupture est très forte en matière de consommation. Les dernières générations sont appelées
« plateau repas » et « nomade ».
Concernant les dépenses alimentaires, il apparait que les plus jeunes consacrent 8 % de leur
budget à l’alimentation et les plus âgés 20 %. Cet effet n’est pas lié à l’âge mais est d’ordre
générationnel. Cette situation correspond à un choix mais s’explique également par le fait
que les plus jeunes disposent, au même âge, d’un revenu plus faible que les générations les
plus anciennes.
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Il convient désormais de souligner la problématique de l’obésité. Ainsi, les sociologues se
sont demandés si le fait que la France comprenait deux fois moins de personnes obèses par
rapport aux Etats-Unis n’était pas lié au modèle alimentaire français. En effet, des
différences portant sur l’enchaînement des mets, la durée des repas et la diversité des
aliments sont observées. En outre, le dîner est davantage concentré en France par rapport
aux Etats-Unis. Dans ce dernier pays, il n’y a pas de régularité au niveau de la prise des
repas.
Parmi les travaux qui seront prochainement publiés concernant la comparaison entre la
France et les Etats-Unis, il apparait qu’il n’y a pas de différence en apports énergétiques
totaux. La différence notable se rapporte au fait qu’une proportion plus forte est faite sous
forme liquide aux Etats-Unis. Les français n’ont pas forcément un meilleur régime
alimentaire que les américains. Les différences s’observent notamment sur l’association des
aliments. Enfin, il importe d’insister sur l’importance du contexte social de l’alimentation.
En effet, l’obésité est davantage concentrée parmi les classes défavorisées. La proportion
d’individus la plus sortie du modèle structuré et alimentaire est plus importante parmi les
individus les plus pauvres.
En synthèse, les principaux éléments qui demeurent stables par rapport au modèle
alimentaire sont les suivants :
fréquence des prises hors repas ;
horaires des repas synchronisés.
Les éléments qui évoluent peu sont :
durée des repas ;
prise de trois repas.
Les évolutions fortes sont les suivantes :
contenu des repas ;
davantage de repas simplifiés ;
diminution de la diversité alimentaire chez les enfants.
Il convient désormais d’étudier les attentes. Dans ce contexte, il apparait que les franciliens
mangent davantage de poisson. Cette situation s’explique par la forte présence de marchés.
Ensuite, il semble que les franciliens soient davantage adeptes de la cuisine. De surcroît, un
retour du modèle alimentaire vers le goût et le plaisir au détriment de la santé est récent et
résulte notamment de la crise économique.
Par ailleurs, la sensibilité des franciliens à la notion de santé est plus forte. Cette situation
s’explique par le fait que ces derniers ont globalement un capital culturel plus élevé que les
provinciaux. Les franciliens se font également davantage livrer que les provinciaux.
De surcroît, une attente des consommateurs en croissance se rapporte à la préoccupation
environnementale. Ainsi, le fait qu’un produit soit fabriqué en région apparait comme étant
un élément important. Dans ce cadre, la proximité est associée au maintien de l’emploi
dans la région et à une moindre pollution. De plus, il convient de souligner que la
consommation durable correspond notamment au souhait d’un moindre gaspillage et à la
consommation de produits plus respectueux de l’environnement.
En conclusion, il importe de noter qu’une attente importante renvoie à la notion de
proximité. Par ailleurs, les français ont une vision relative au développement durable plus
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large que celle des autres européens. En outre, il conviendra de savoir comment
approvisionner les populations urbaines dans une perspective de développement durable.
Un autre enjeu renvoie à l’obésité. Il importe de lancer des recherches action afin d’agir sur
cette problématique dont le lien avec la structure sociale de la population ainsi qu’avec l’âge
peut être établi.
Echange avec la salle :
Un participant évoque l’accroissement tendanciel de la consommation de protéines
animales et s’enquiert d’éléments qui différencieraient les générations.
Pascale HEBEL répond que la consommation de produits bruts (viande de boucherie)
diminue « générationnellement ». En revanche consommation de volaille et de charcuterie
augmente. En outre, la consommation de produit laitiers commence à stagner depuis 2007.
Elle ne relève pas d’augmentation structurelle sur la France des produits d’origine animale.
Un participant note que des pays européens ont des schémas de consommation différents
par rapport à celui de la France.
Pascale HEBEL explique que le choix des Etats-Unis a été opéré en raison de l’existence
de données publiques. Les données d’enquêtes relatives à l’Allemagne ou à l’Angleterre ne
sont pas encore disponibles. En outre, Claude FISCHLER avait noté que les écarts entre
les schémas de consommation européens n’étaient pas si importants.
Catherine BONAZZI indique que des études montrent qu’il existe des gradients Nord /
Sud importants en Europe sur la manière de consommer.
Une participante demande si l’enquête prend en considération le rapport hommes /
femmes ainsi que les modes d’habitat et de vie.
Pascale HEBEL relève une différence importante en termes de consommation entre les
hommes et les femmes. Cette distinction a été prise en compte. S’agissant des modes de
vie, il apparait qu’il ne s’agit pas d’un facteur très discriminant.
Une participante demande si des corrélations ont été réalisées avec les maladies
cardiovasculaires.
Pascale HEBEL répond par la positive s’agissant des Etats-Unis. Ce n’est pas le cas en
France.
Une participante demande si Pascale HEBEL s’est intéressée à l’e-commerce alimentaire
pour les générations pressées.
Pascale HEBEL répond que la bonne alimentation est liée au capital culturel. Par ailleurs,
il apparaît que le e-commerce ne s’est pas développé. Celui-ci a été remplacé par le drive.
Un participant demande s’il ne serait pas possible de croiser consommation alimentaire et
activité physique au sens large.
Pascale HEBEL répond que la France ne dispose pas vraiment de résultats satisfaisant en
matière d’activité physique. La mesure de l’activité physique au sein des enquêtes est
relativement limitée.
Catherine BONAZZI signale une diminution du nombre de composants par repas dans
les cantines scolaires.
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Pascale HEBEL indique qu’une loi prévoyant cinq composants obligatoires a été votée
l’été dernier. De plus, la diversité est plus importante dans les repas pris dans les cantines.
Un participant souhaite savoir si la qualité de la « consommation nomade » évolue.
Pascale HEBEL répond que l’image véhiculée n’est pas si négative. Il apparaît que la
durée du déjeuner s’est réduite et que les personnes mangent davantage de sandwichs.
Toutefois, elles prennent plusieurs composants comme des boissons et des desserts.
Catherine BONAZZI rappelle que la consommation de fruits et de légumes ne se
rapporte pas uniquement à la consommation de produits frais.
Qualité de l’eau et agriculture : quels enjeux ?
Fabienne BARATAUD
UR ASTER Agro-Systèmes Territoires Ressources - INRA - Mirecourt
La problématique de la qualité de l’eau semble constituer un enjeu politique, commercial et
environnemental. S’agissant de l’état des masses d’eau, l’ONEMA a souligné que la moitié
des masses d’eau de surface en France sont classées d’un état allant de médiocre à mauvais.
En outre, 34 % de l’état chimique des masses est indéterminé. Cette situation témoigne
d’un déficit de suivi des masses d’eau. De surcroît, moins de la moitié des masses d’eau
souterraines sont considérées comme étant en mauvais état chimique. Globalement, ces
constats posent questions.
1) Organisation des transferts d’eau
Lors que l’eau se répand sur le sol via les précipitations, une partie est évapo-transpirée,
une partie part en écoulement de surface et une partie s’infiltre dans une zone de sol non
saturée. Au-dessous de cette dernière se trouve une zone saturée appelée aquifère.
L’aquifère correspond à un mode de transfert en milieu poreux. Selon le type de milieu
poreux les vitesses de circulations sont différentes. Dans le cas où l’eau emporte des
nitrates et en fonction du type de milieu, l’arrivée de ceux-ci au niveau du captage pourra
prendre entre quelques heures et une année.
Par ailleurs, il convient de signaler qu’un bassin versant correspond à un domaine dans
lequel tous les écoulements convergent vers un même point.
En outre, l’aire d’alimentation de captage renvoie à la zone qui potentiellement peut venir
alimenter le captage dont il est question. Cette zone peut être étendue et ne pas
correspondre aux lignes de crête et aux limites topographiques.
Sur les territoires, il importe de prendre en compte la latence des milieux, c’est-à-dire du
temps pendant lequel les substances restent dans le sol sans être emportées dans une lame
drainante et sans se retrouver au niveau d’un captage.
L’exemple de l’atrazine, désherbant du maïs, peut être mobilisé. L’impact des pratiques
s’effectue à très long terme. Il apparaît que l’atrazine ne disparaît pas rapidement et qu’un
grand nombre de captages en France contiennent des doses d’atrazine importantes. Plus
largement, il est problématique de devoir gérer, en 2012, une implication datant de quinze
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ans et sur laquelle il est impossible d’agir. Cette présente d’atrazine signifie que le milieu est
vulnérable. De plus, ce qui s’est passé avec l’atrazine pourrait se produire avec d’autres
molécules. Dans le but d’orienter l’action publique des travaux de cartographie sont menés
afin de définir sur l’ensemble d’une aire d’alimentation de captage d’éventuelles zones plus
vulnérables que d’autres.
2) Les cadres de l’action en France
L’idée consiste à s’interroger à propos de l’organisation de l’eau en France. D’emblée, il
convient de mentionner la loi de 1964 dite « loi sur l’eau » qui visait à prévenir les
pollutions ponctuelles. Elle a instauré la notion de « périmètre de protection », devant être
fixé par une déclaration d’utilité publique. L’obligation d’une déclaration d’utilité publique a
été instaurée en 1991. D’autres étapes ont suivi :
1992 : seconde loi sur l’eau ;
2000 : directive cadre européenne sur l’eau ;
2006 : mise en conformité de la France à cette directive ;
2009 : loi Grenelle (obligation de résultats et échéances inscrites dans la loi).
S’agissant des acteurs de la gestion de l’eau en France, l’Etat qui a la responsabilité de la
réglementation intervient à différentes échelles (nationale, régionale, départementale, etc.).
Au niveau national, l’Etat agit au travers de la Direction de l’eau et de la biodiversité du
Ministère de l’Environnement ainsi que de l’ONEMA. L’Etat intervient également au
niveau des bassins grâce au rôle du Préfet coordonnateur de bassins. Au niveau des
bassins, il convient de signaler le rôle du comité de bassin et des agences de l’eau. A
l’échelle régionale ou départementale, l’Etat est présent à travers le Préfet de région ou les
services déconcentrés. La situation est identique au niveau du département. Enfin, le rôle
des collectivités territoriales, des agriculteurs ou des associations doit être souligné.
3) Les bassins d’alimentation de captage
Avant les BACs Grenelle, des listes de captages dégradées ou prioritaires existaient au
niveau des agences de l’eau (listes SDAGE).
Les captages Grenelle correspondent à une commande du Ministre de l’époque. Ainsi, il
convenait de créer une liste de 500 captages sur lesquels il importait de centrer l’action. En
outre, un captage pouvait être désigné « captage Grenelle » même s’il ne souffrait d’aucun
problème de pollution avéré. Par ailleurs, des captages qui ne posaient pas de problème
majeurs ont été retenus. Il convient également de mentionner la volonté de l’Etat d’un
traitement égalitaire sur l’ensemble du territoire français ainsi que l’absence des comptes
rendus de réunion ayant permis de désigner les captages.
La carte des Grenelle de France témoigne d’un lissage sur le territoire national en termes de
nombre de captages. Par ailleurs, il est important de noter que l’appellation « captage
Grenelle » recouvre une multitude de cas. Il apparait alors complexe de construire une
typologie de ces captages.
De surcroît, trois agences de l’eau Rhône-Méditerranée / Corse, Seine-Normandie et Loire
Bretagne ont décidé que les collectivités maître d’ouvrage devaient s’organiser pour mettre
en place la démarche Grenelle. Les agences de l’eau Adour-Garonne et Rhin-Meuse ont
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davantage cherché à accompagner les collectivités au démarrage avant qu’elles prennent en
main la démarche.
La démarche Grenelle a été très cadrée. Le protocole se décompose comme suit :
phase 1 : mise en place d’un Comité de pilotage (initiative de la collectivité) ;
phase 2 : délimitation de la zone AAC, étude de la vulnérabilité ;
phase 3 : diagnostic multi pression territorial ;
phase 4 : plan d’action.
D’après le calendrier qui avait été fixé, le plan d’action aurait dû être élaboré de 2011 à
2012. Il apparait que la moitié des plans d’action n’ont pas été démarrés. Il est intéressant
de noter qu’il n’y a pas vraiment de plan en cours. Plus précisément, soit ils sont effectués,
soit ils n’ont pas débuté.
Cette faible avancée s’explique notamment en raison du nombre élevé d’acteurs qui
composent le Comité de pilotage, chacun ayant son propre objectif. En outre, la démarche
Grenelle est très intégrée et pyramidale alors que les captages présentent une importante
diversité. Par ailleurs le nombre de personnes en charge du suivi des captages est variable.
De plus, la démarche est linéaire, issue des méthodes de conduite de projet dans les
domaines de l’architecture ou de l’industrie. En conséquence, il n’y a pas de retour en
arrière possible, ce qui bloque l’action. Enfin, les mesures d’accompagnement des
agriculteurs (MAE) ne sont pas toujours adaptées.
Enfin, les perspectives et travaux en cours sont les suivants :
confrontation avec des modes de gestion différents (en Allemagne) ;
suivi fin d’une situation historique et médiatisée : Lons-le-Saunier ;
travail de caractérisation des AAC Grenelle.
Echange avec la salle :
S’agissant des perspectives de recherche, une participante demande si le travail de
Fabienne BARRATAUD porte plutôt sur des situations qui fonctionnent ou sur des
situations bloquées.
Fabienne BARATAUD répond notamment que c’est l’opportunité liée à la situation de
Lons-le-Saunier qui a guidé le travail de terrain dans les Vosges et en Meurthe-et-Moselle.
Par ailleurs, elle s’intéresse à deux autres bassins définis en partenariat avec les Chambres
d’agriculture.
Une participante indique qu’il semblerait que les seuils permettant de définir la potabilité de
l’eau aient été relevés.
Fabienne BARATAUD signale qu’elle n’a pas connaissance de cette donnée.
Un participant précise qu’il ne s’agit pas de l’eau potable mais de la qualité de la ressource,
c’est à dire de l’eau naturelle avant qu’elle ne soit rendue potable. Les critères de potabilité
n’ont pas changé.
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DIM ASTREA
Clôture
Christine AUBRY
Co-coordinatrice du DIM ASTREA
Il convient désormais de présenter les éléments relatifs au nouveau DIM qui a été
relabellisé fin 2011 pour la période 2012-2015.
La question scientifique et opérationnelle renvoie à la place et aux fonctions du système
agricole et alimentaire dans le développement soutenable de mégapoles en croissance pour
gérer les interactions entre les espaces urbains, périurbains et l’agriculture. Une autre idée
se rapporte notamment au fait de favoriser l’évolution des pratiques agricoles et des
systèmes alimentaires vers de moindres impacts environnementaux.
Afin de mettre en œuvre ces objectifs, quatre axes ont été définis :
Axe 1 : quels rôles pour les agricultures dans l’aménagement soutenable d’une
mégapole ?
Axe 2 : quels services éco-systémiques et environnementaux des agricultures au
sein d’une mégapole ?
Axe 3 : quelles contributions à l’approvisionnement alimentaires d’une
mégapole ?
Axe 4 : quelles innovations pour développer compétitivité et durabilité du
secteur de l’alimentation ?
Derrière ces axes thématiques des sous-axes ont été déterminés, pour lesquels les
disciplines concernées ont été identifiées.
Enfin, près d’une soixantaine de laboratoires de recherche en Ile-de-France sont
potentiellement concernés par le DIM ASTREA. Ce nouveau DIM qui est en continuité
avec le précédent est davantage orienté vers le lien entre l’agriculture et la ville.
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