
Mini-revue
thérapie ; en revanche, la toxicité est plus importante. La
monochimiothérapie est donc actuellement le standard
des rechutes précoces «platine-résistante »des cancers de
l’ovaire. Plus récemment, l’étude de phase III OVA-301 a
comparé l’association trabectédine-DLP à la DLP seule
chez 672 patientes dont 35 % étaient en rechute platine-
résistante. Chez ces dernières, l’association n’apporte
aucun gain de survie comme toutes les autres associations
de cytotoxiques dans cette situation [18].
Chimiothérapie des rechutes tardives
(plus de six mois)
Les rechutes tardives sont les rechutes dites «platine-
sensible », mais il est classique de distinguer les rechutes
«platine partiellement sensibles »(6 à 12 mois) où la sur-
vie est habituellement de 12 mois (donc guère meilleure
que celle des «platine-résistantes »qui est de l’ordre
de 9 mois), des rechutes «platine-sensibles »(plus de
12 mois) dont la médiane de survie globale est de trois
ans. En effet, les patientes présentant une rechute au-delà
de 12 mois ont de grandes chances de répondre à nou-
veau à un traitement à base de platine avec des taux de
réponse objective de l’ordre de 50 à 70 %.
Deux essais de phase III ont démontré la supério-
rité en termes de survie d’une combinaison de platine
versus un sel de platine en monothérapie. Le premier
essai ICON4-OVAR2.2 a comparé de fac¸on randomisée
chez 804 patientes sensibles au platine un traitement
conventionnel à base d’un sel de platine (71 % ont
rec¸u du carboplatine monothérapie et 17 % une associa-
tion cisplatine-adriamycine-cyclophosphamide [CAP]) à
un traitement associant sel de platine et paclitaxel (le sel de
platine utilisé a été dans 80 % du carboplatine et 10 % du
cisplatine) [19]. Les résultats sont en faveur de l’association
paclitaxel-carboplatine avec un HR de 0,76 pour la SSP
(p= 0,0004 ; IC 95 % = [0,66-0,89]) et de 0,82 pour la
survie globale (p= 0,02 ; IC 95 % = [0,69-0,97]), ce qui
correspond à une augmentation de la médiane de survie
globale de 5 mois (29 mois versus 24 mois). Il n’y a pas,
en revanche, de données sur la population des patientes
dites en rechute «partiellement platine-sensible »(6 à
12 mois). Le gain de survie se fait au prix d’une neuro-
toxicité supérieure (20 % versus 1 %) et d’une alopécie
plus importante (86 % versus 25 %) pour les patientes
traitées par cette association. Afin d’éviter ces toxicités,
d’autres molécules ont été testées dans cette indication
incluant la gemcitabine et la DLP. Le second essai mené
par le GCIG a comparé le carboplatine seul à une asso-
ciation carboplatine-gemcitabine sur 356 patientes dites
sensibles au platine (plus de six mois) [20]. Les résultats
ont été là aussi en faveur de la polychimiothérapie avec un
HR de 0,72 pour la SSP (p<0,01 ; IC 95 % = [0,58-0,90]),
avec une neurotoxicité et une alopécie faibles dans les
deux bras mais une toxicité hématologique (thrombopé-
nie, anémie et neutropénie) significativement plus élevée
dans le bras carboplatine-gemcitabine. Le gain d’efficacité
a été aussi constaté dans la population des rechutes par-
tiellement sensibles. En revanche, il n’y a pas eu de gain de
cette association en termes de survie globale, toutefois les
effectifs n’ont pas été calculés pour détecter un bénéfice
de survie globale.
Récemment, de nouvelles associations sans paclitaxel
peuvent prétendre aujourd’hui au statut de réelles alter-
natives au standard paclitaxel carboplatine. La DLP a
également été évaluée dans le cadre d’une association [22]
à un platine chez les patientes platine-sensibles. Après
un essai randomisé où elle s’est montrée supérieure en
monothérapie au topotécan dans cette population [21],
l’étude PACA a validé en phase II l’intérêt de cette molé-
cule en association au carboplatine en termes de tolérance
et d’efficacité [22]. Cet essai a été basé sur l’efficacité de la
DLP et son relatif bon profil de tolérance (pas d’alopécie,
ni de neuropathie) pour évaluer l’efficacité et la tolérance
de l’association DLP-carboplatine en situation de rechute
platine-sensible. Les résultats favorables en termes de
tolérance et d’efficacité ont justifié de comparer cette asso-
ciation en phase III au standard carboplatine-paclitaxel.
L’étude CALYPSO présentée lors de l’ASCO 2009 a été
publiée en 2010 [23]. Cette étude internationale de
phase III a été menée chez 976 patientes en deuxième ou
troisième ligne de traitement pour un cancer de l’ovaire
et ayant préalablement rec¸u un taxane. Cette étude a
comparé le standard carboplatine AUC 5 et paclitaxel
175 mg/m2administrés au jour 1 sur un cycle de trois
semaines à un traitement à base de carboplatine AUC 5 et
DLP 30 mg/m2à J1, toutes les quatre semaines, pendant six
cycles ou jusqu’à progression de la maladie. Cette étude
a apporté la preuve de la faisabilité de ce schéma thé-
rapeutique avec une dose-intensité relative de 99 % et
une tolérance hématologique acceptable dominée par une
thrombopénie de grade 3/4 plus fréquente dans le bras à
base de DLP avec 16 % versus 6 % d’événements dans le
bras paclitaxel. La tolérance extra-hématologique a révélé
un avantage net pour l’association DLP-carboplatine en
ce qui concerne la survenue d’une alopécie (7 % versus
84%;p<0,001) et la toxicité neurologique de3à5
(1 % versus 4%;p<0,01). Enfin, un fait notable, les cas
d’hypersensibilité au carboplatine ont été moindres avec
la chimiothérapie à base d’anthracycline (effet immuno-
suppresseur ?). En termes d’efficacité, l’objectif principal
a été atteint avec une médiane de SSP de 11,3 et de
9,4 mois, et un avantage en faveur de la chimiothérapie
DLP-carboplatine avec une réduction de 18 % du risque
de récidive, HR : 0,82 ; p<0,000 1 (non-infériorité) et
p= 0,005 (supériorité) (figure 1). L’analyse multivariée à
la recherche de facteurs prédictifs de survie sans rechute
a retrouvé les facteurs classiques tels que l’intervalle libre
54 mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 14, suppl´
ement 1, septembre 2012
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