Trump a transformé le MoyenOrient en volcan Le célèbre journaliste et analyste arabe Abdelbari Atwan a consacré un article à la rencontre d’hier entre Benyamin Netanyahu et Donald Trump. Voici, en résumé, les propos du rédacteur en chef de Raï alYoum : « Hier, à regarder et à écouter les deux personnalités, on se rendait compte qu’ils partageaient parfaitement les mêmes points de vue mais que, de surcroît, ce n’était qu’une seule personne, Netanyahu, qui exprimait ses idées. L’un des points les plus remarquables de cette entente a bien sûr été l’idée de relancer l’axe arabe dit modéré, qui est censé contrer l’Iran et organiser des conférences internationales entre Israël et les pays de la Ligue arabe pour décider du sort des Palestiniens. Et concernant les Palestiniens, Netanyahu a obtenu hier bien plus que ce qu’il ne demandait. Trump lui a permis d’enterrer, et pour de bon, la solution à deux États, en lui donnant aussi le feu vert pour reprendre de plus belle sa conquête colonisatrice. Trump lui-même a fait la promesse de faire les pressions nécessaires sur la partie palestinienne pour qu’elle reconnaisse tout simplement Israël en tant qu’État juif. Cela signifie que Trump a reconnu officiellement, et en une seule rencontre, la privation des droits les plus essentiels de 1 500 000 Palestiniens. Cela signifie aussi bien sûr, la consécration du racisme, sous sa forme la plus primaire. Ce faisant, Trump n’a fait rien de moins que mettre la région au pied d’un volcan prêt à entrer en éruption du jour au lendemain. Le président américain pourrait ainsi être à l’origine d’une future montée l’extrémisme au Moyen-Orient. des violences et de Le mouvement Hamas, qui a compris à temps ce qui se profilait à l’horizon, a réagi de justesse et avec responsabilité et a nommé un homme ferme, Yahya Sinouar, à la tête de son bureau politique dans la bande de Gaza. Sinaouar fera probablement en sorte d’unir les branches politiques et militaires du Hamas. Et il est espéré que le mouvement Fatah en fasse de même et qu’il agira comme dans le passé, avec une grande détermination, et luttera contre la nouvelle politique américaine et son soutien à l’un des cabinets les plus racistes du régime d’occupation. » 5 à 10% de chance que l’éruption d’un volcan tue l’humanité avant la fin du siècle, selon les scientifiques (video) Selon les scientifiques de la Fondation Européenne de la Science, notre civilisation pourrait s’éteindre des suites d’une éruption volcanique massive. Un événement qui aurait entre 5 et 10% de chance de se produire d’ici la fin du siècle. http://cybercomnet.fr/wp-content/uploads/2015/04/Une-éruptionvolcanique-pourrait-causer-la-disparition-de-lHumanité-dicila-fin-du-siècle.mp4 Les volcans fascinent autant qu’ils préoccupent les scientifiques. Avec leur capacité éruptive, ils peuvent causer des dégâts considérables voire même des morts quand les éruptions surviennent par surprise. Toutefois, ils pourraient engendrer bien pire, selon une étude menée par la Fondation européenne de la Science : ils pourraient tout simplement faire disparaitre l’humanité. Ces travaux menés par des scientifiques se sont penchés sur les risques naturels menaçant le monde et ont conclu que l’avènement d’une éruption volcanique massive et capable de causer la destruction de l’Humanité avait 5 à 10% de chances de se produire d’ici la fin du siècle. D’après les spécialistes, cette éruption pourrait être d’une ampleur similaire à l’explosion, en 1815, du volcan Tambora en Indonésie. Cet évènement d’une ampleur de 7 sur l’indice d’explosivité volcanique (ou échelle VEI) avait fait environ 100.000 victimes. A titre de comparaison, l’éruption du Tambora avait été 20 fois plus puissante que celle du Vésuve qui raya Pompéi de la carte en l’an 79. Le problème est qu’aujourd’hui, la densité démographique démultiplie la dangerosité potentielle d’une éruption. Une population mondiale trop nombreuse « Durant l’Holocène, au moins sept éruptions de type VEI 7 se sont produites. Toutes exceptées une ont eu lieu alors que la population mondiale était bien en dessous du milliard d’habitants. Avec une population d’environ 7 milliards d’individus, s’acheminant vers les 12 milliards, la répétition d’éruptions de type VEI 7 pourrait avoir des conséquences gravissimes », explique l’étude reprise par le Daily Mail. Mais ce n’est pas seulement le nombre de décès qui inquiètent les scientifiques, c’est aussi les conséquences sur le climat et l’atmosphère. « Les éruptions peuvent avoir des impacts plus graves sur l’atmosphère et les changements climatiques et conduire à de sérieux problèmes au niveau de la nourriture et de la sécurité de l’eau, comme l’ont démontré la grande famine ainsi que les maladies apparues après les éruptions du Laki en 1783 et du Tambora en 1815 », poursuit le document. La cendre dégagée dans l’atmosphère suite à une éruption de ce type serait susceptible de s’envoler jusqu’à 40 kilomètres de haut dans l’atmosphère. Ce faisant, elle conduirait à des changements de températures extrêmes qui pourraient annihiler les ressources naturelles, causant ainsi des famines et des épidémies. Un scénario similaire à celui s’étant produit après l’éruption du Tambora. Pendant un an, les cendres présentes dans l’atmosphère suite à l’explosion étaient venues cacher la lumière du soleil, faisant chuter la température de 1,5°C partout dans le monde. Se préparer à une éventuelle catastrophe Les scientifiques pointent le fait que les efforts internationaux en matière de lutte contre les sinistres environnementaux ont été, dans le passé, largement déployés dans le cadre de la prévention de tsunamis ou de séisme, laissant de côté des phénomènes bien plus destructeurs, selon eux. « Bien que dans les dernières décennies les séismes aient été les causes principales des décès et des destructions, le principal danger est l’avènement d’énormes éruptions volcaniques qui sont moins fréquentes mais dont l’impact est beaucoup plus important que les plus grands des tremblements de terre », estime l’étude. D’après elle, nos sociétés ne seraient donc pas assez préparées à l’avènement d’un véritable Armageddon volcanique. Pour les experts, il faudrait se doter d’un réseau de surveillance volcanique adéquat qui nécessiterait quelque deux milliards de dollars par an. Un investissement réclamant une implication à l’échelle mondiale. « Une réponse d’ordre internationale et géopolitique est exigée, dans laquelle la science aurait un rôle unique et déterminant tant dans son élaboration que dans la riposte et la réduction des risques », conclut l’étude. http://www.maxisciences.com USA: Découverte d’un gigantesque réservoir de magma sous le super volcan de Yellowstone Un gigantesque réservoir de magma a été découvert sous la chambre magmatique du super-volcan de Yellowstone aux EtatsUnis, ont révélé jeudi des scientifiques ce qui selon eux permet de mieux évaluer les risques sismiques et volcaniques. Mais ces chercheurs soulignent que cette découverte ne modifie pas à priori le danger jugé faible d’une nouvelle éruption de cette caldéra géante de 70 km sur 30 km, dont la précédente, cataclysmique, remonte à il y a 640.000 ans. Ce réservoir, dont l’existence était soupçonnée, se situe à 45 km de profondeur. Il mesure 19 km de haut sur 64 km de long et 40 km de large. Il se trouve sous la chambre magmatique qui elle fait 10.400 km/cube. Les roches en partie fondues qu’il contient rempliraient 11,2 fois le Grand Canyon du Colorado, ont calculé ces vulcanologues dont la découverte est publiée dans le journal scientifique américain Science. Contrairement à ce l’on peut penser, les roches qui se trouvent dans la chambre sous le volcan et dans le réservoir ne sont pas complètement fondues mais se trouvent pour la plupart à l’état solide et spongieux. Elle sont très chaudes avec des poches liquides. Ces scientifiques ont calculé qu’en moyenne 9% du magma de la chambre est en fusion. Cette proportion est de 2% dans le réservoir se trouvant en-dessous. « Nous avons pour la première fois réalisé des images du système de plomberie volcanique sous Yellowstone », explique Hsin-Hua Huang, un chercheur dans le département de géologie et de géophysique de l’Université d’Utah, un des co-auteurs. « Cela comprend la chambre magmatique sous la croûte terrestre déjà connue, plus ce réservoir de magma jamais détecté jusqu’alors qui relie la chambre supérieure au manteau en fusion », à plus de 700 km de profondeur, ajoute-t-il. La découverte de ce réservoir permet désormais d’expliquer pourquoi le sol et les sources géo-thermales de Yellowstone émettent plus de dioxyde de carbone (CO2) que ne pouvait en produire la seule chambre connue jusque-là. Cette découverte « nous aide aussi à mieux comprendre le système magmatique de Yellowstone ce qui nous permet d’utiliser ces nouveaux modèles pour faire une meilleure estimation des risques sismiques et volcaniques potentiels », estime quant à lui Fan-Chi Lin, également un des coauteurs de cette étude. Yellowstone compte parmi les plus grands super-volcans du monde où se produisent fréquemment des secousses sismiques et où l’activité géo-thermale est la plus vigoureuse du continent. En fait, « les risques sont les mêmes mais nous avons désormais un compréhension nettement meilleure et complète du système magmatique », estime Robert Smith, un chercheur et professeur retraité de géologie et géophysique à l’Université d’Utah. Les trois dernières éruptions de Yellowstone qui s’étend sur trois Etats (Wyoming-Idaho-Montana), avaient recouvert de cendres la plus grande partie de l’Amérique du Nord et ont eu un impact sur le climat terrestre. Si une éruption devait se produire aujourd’hui elle serait aussi catastrophique, selon ce géologue qui estime ce risque à un sur 700.000 annuellement. Ce chiffre correspond à peu près à l’espacement entre les trois précédentes éruptions dont la dernière remonte à 640.000 ans. Les deux autres ont eu lieu il y a 1,2 million et deux millions d’années respectivement. Cette dernière recherche s’est appuyée sur des techniques d’imagerie sismique un peu équivalentes à un scanner médical mais qui utilise les ondes sismiques au lieu des rayons X pour détecter les roches de différentes densités. Source © AFP Décembre 2014: La Grèce sur un volcan « Rien n’est fini, tout commence ! » Alors que les médias européens n’en parlent pas du tout, n’hésitez pas à faire circuler, merci de votre soutien. Yannis Youlountas Résumé : Les manifestations, émeutes et occupations se multiplient chaque jour à Athènes et ailleurs en Grèce, depuis fin novembre. Notamment à cause de la tyrannie du pouvoir à l’égard de Nikos Romanos, jeune prisonnier de 21 ans en grève de la faim, privé de la possibilité d’étudier et particulièrement maltraité. Nikos est, de surcroît, l’ami d’enfance d’Alexis Grigoropoulos, tué le 6 décembre 2008, à l’âge de 15 ans, par un policier dans le quartier d’Exarcheia à Athènes, ce qui avait provoqué un mois d’émeutes retentissantes dans toute la Grèce. Nikos est naturellement devenu le nouveau symbole de toutes les violences actuellement subies par la population, mais aussi du profond désir de lutter, quelle que soit la forme, et de refuser la torpeur et la résignation. Photos envoyées par Yannis Youlountas depuis Athènes (Yannis est membre de l’assemblée de réoccupation de l’Ecole Polytechnique et tourne également, caméra au poing, au cœur des événements, avec l’appui des insurgés). http://nevivonspluscommedesesclaves.net/spip.php?article54 ATHÈNES SUR UN VOLCAN Six ans après le mois de décembre 2008, l’atmosphère est à nouveau insurrectionnelle à Athènes et ailleurs en Grèce. Tous les ingrédients sont réunis pour faire du mois de décembre 2014, peut-être, un grand moment historique. Jusqu’à quel point et à quelles conditions ? Depuis la fin du mois de novembre, les manifestations, émeutes, actions ciblées et occupations se multiplient un peu partout en Grèce (dans le silence total des medias européens, plus que jamais des merdias à boycotter ou à bloquer et occuper). La cause principale est la situation du jeune prisonnier anarchiste de 21 ans, Nikos Romanos, qui est devenu un symbole de toutes les violences actuellement subies par la population, mais aussi du profond désir de lutter, quelle que soit la forme, et de refuser la torpeur et la résignation. Nikos, l’ami d’Alexis Grigoropoulos, symbole des émeutes de 2008 Nikos est l’ami d’enfance d’Alexis Grigoropoulos, assassiné à l’âge de 15 ans par un policier dans le quartier d’Exarcheia à Athènes. Un quartier réputé pour ses révoltes historiques et ses nombreuses initiatives autogestionnaires et solidaires. Un quartier dans lequel la liberté, l’égalité et la fraternité ne sont pas des mots jetés à l’abandon au frontispice de monuments publics glacés de marbre. Nikos a vu son ami mourir dans ses bras le soir du 6 décembre 2008. Profondément révolté, il s’est par la suite engagé dans l’anarchisme révolutionnaire et a dévalisé une banque pour financer son groupe qualifié de terroriste par le pouvoir. Après avoir été torturé, notamment au visage, lors de son arrestation, il a finalement réussi à obtenir son bac en prison, mais se voit aujourd’hui refuser la possibilité de poursuivre ses études. C’est pourquoi, depuis le 10 novembre dernier, Nikos est en grève de la faim. Son état s’est progressivement dégradé, notamment au niveau cardiaque, malgré ses 21 ans, et il a été transféré sous haute surveillance à l’hôpital Gennimatas d’Athènes devant lequel manifestent régulièrement des milliers de personnes qui parviennent parfois à dialoguer avec lui à travers les grilles de sa fenêtre (voir la première photo de l’article connexe, dans la même rubrique). En solidarité avec Nikos, un autre prisonnier politique, Yannis Michailidis, s’est mis en grève de la faim le 17 novembre au Pirée, suivi par deux autres, Andreas Dimitris Bourzoukos et Dimitris Politis, depuis le 1er décembre. Le gouvernement grec vient de confirmer son refus de permettre à Nikos de poursuivre ses études et préfère le laisser mourir, non sans faire preuve d’ironie. Des petites phrases assassines et provocatrices qui ne font qu’augmenter la colère populaire et les nombreuses protestations des organisations anarchistes et antiautoritaires jusqu’à celles de SYRIZA, principal parti de la gauche critique, qui est annoncé vainqueur des prochains élections en Grèce. Bref, le contexte politique est particulièrement tendu, à tous points de vue. L’Ecole Polytechnique, symbole de la chute de la dictature des Colonels Dans cette ambiance de fin de règne, parmi d’autres initiatives solidaires, l’Ecole Polytechnique est à nouveau occupée depuis le premier décembre, 41 ans après avoir défié avec succès la Dictature des Colonels en novembre 1973, au cours d’une occupation similaire pour défendre une radio libre qui s’opposait au régime autoritaire. Les CRS suréquipés viennent d’échouer par deux fois dans leurs tentatives de nous déloger, notamment le 2 décembre au soir, à la fin d’une manifestation fleuve qui s’est terminé avec plusieurs banques dégradées ou brûlées. Parmi d’autres obstacles de circonstance, un bus a même été transformé en barricade incandescente sur l’avenue Stournari, à Exarcheia (voir les photos dans l’article connexe), et les affrontements ont duré une bonne partie de la nuit. Douze insurgés arrêtés ont été violemment frappés, au point que trois d’entre eux souffrent de fractures du crâne. L’occupation de l’Ecole Polytechnique n’a pas cédé, malgré le deversement de quantités énormes de gaz lacrymogène depuis l’extérieur, tel du napalm sur toute la zone devenue une zone à défendre. Une ZAD jumelée, ces dernières heures, avec d’autres ZAD dans le monde, notamment celles de NDDL et du Testet en France qui ont rapidement transmis leur soutien fraternel, ainsi que de nombreuses personnes et organisations de France et d’ailleurs (soutiens que j’ai tous affichés sur l’un de nos murs et annoncés en assemblée à tous les compagnons et camarades). Ce soir-là, alors que la distribution solidaire de sérum, de mallox et de citrons battait son plein, j’ai remarqué plus de filles que jamais parmi les insurgés (voir la photo de « l’autre statue de la liberté » dans l’article connexe) et une diversité à tous les niveaux qui augure d’une ampleur et d’une radicalité sans précédent. J’ai vu et ressenti une détermination et une fraternité rarement rencontrées jusqu’ici, dans mes voyages en Grèce et ailleurs, là où l’humanité ne se résoud pas à vivre à genoux et tente, diversement, de se lever. J’ai vu la vie s’organiser autrement dès le lendemain et la chaleur des barricades se transformer en chaleur des cœurs parmi les occupants de l’Ecole Polytechnique et d’ailleurs. Rien n’est fini, tout commence ! Car durant ces dernières heures, les lieux d’occupations se sont multipliés, rappelant le processus de décembre 2008 qui avait amené la Grèce à connaître les émeutes sans doute les plus puissantes en Europe depuis plusieurs dizaines d’années (sans toutefois parvenir à renverser un pouvoir qui s’était finalement maintenu de justesse, notamment en distillant la peur et la désinformation dans les médias). Des occupations de bâtiments publics et de groupes financiers, de chaînes de télévision et de radios, d’universités et de mairies, depuis Thessalonique jusqu’à Héraklion. Des occupations toujours plus nombreuses, ainsi commentées par Yannis Michailidis dans son dernier communiqué de gréviste de la faim, très relayé sur Internet : « c’est ce qui brise la solitude de ma cellule et me fait sourire, parce que la nuit de mardi [2 décembre], je n’étais pas prisonnier, j’étais parmi vous et je sentais la chaleur des barricades brûlantes ». Avant de conclure avec une phrase rappelant le titre du dernier livre de Raoul Vaneigem : « Rien n’est fini, tout commence ! » Une émotion immense Parmi les événements qui m’ont également marqué ces jours-ci, certaines assemblées de collectifs ont montré à quel point la tension est à son comble. Notamment celle de l’occupation de l’Ecole Polytechnique dans la soirée puis toute la nuit du 3 au 4 décembre. Une assemblée qui a duré plus de 9 heures, jusqu’à 5h30 du matin. Certes, quelques divergences ont justifié cette durée jusqu’au consensus finalement trouvé au petit matin et je ne rentrerai évidemment pas dans les détails de ce qui s’est dit, notamment pour ce qui est des projets en cours. Mais je peux témoigner d’une atmosphère électrique ponctuée de longs silences qui en disent long. Je peux vous dire également que le grand amphi de l’Ecole Polytechnique était, une fois de plus, plein à craquer, avec des compagnons et des camarades debout et assis un peu partout, devant des murs fraichement repeints de graffitis. Je peux vous dire que la présence du papa de Nikos Romanos, assis au milieu de la salle, avec sa chevelure longue et grise et son regard profond et digne, ne pouvait que contribuer à une émotion déjà immense, alors que son fils se rapproche chaque jour d’une mort certaine. « Agir comme si notre propre vie était en jeu… » Le stress et la nervosité, la gravité du moment, l’importance des enjeux, faisaient fumer presque tout le monde beaucoup plus qu’à l’habitude, au point que j’en étais presque à regretter l’irritation causée par les gazs lacrymogènes dans les rues alentours. Parmi les paroles qui ont résoné : « ce n’est plus l’heure de mettre la pression, mais de rentrer en insurrection » ou encore des appels à « agir comme si notre propre vie était en jeu, car en vérité, c’est bien le cas pour nous tous qui vivons comme damnés, comme des esclaves, comme des lâches » ; « il faut retrouver pleinement confiance en nous-mêmes pour parvenir à redonner partout confiance aux gens et, en particulier, pour rassembler les laissés pour compte qui devraient être les premiers à descendre dans la rue, au lieu d’attendre que la libération vienne du ciel ». J’ai aussi parfois entendu des paroles jusqu’au boutistes que je ne préciserai pas ici, mais qui témoignent bien du ras-le-bol immense qui traverse une grande partie de la population et la conduit à tout envisager pour se libérer des tyrans du XXIème siècle. Des tags à la mémoire de Rémi Fraisse J’ai vu un ancien de 1973 avoir les larmes aux yeux et songer que nous vivons peut-être un autre moment historique. J’ai lu d’innombrables tags en soutien à la grève de la faim de Nikos Romanos, mais aussi à la mémoire de Rémi Fraisse, tué par le bras armé du pouvoir sur la ZAD du Testet. Cette nuit encore, à la veille du 6 décembre très attendu, avec une grande inquiétude par les uns et avec un profond désir par les autres, le quartier d’Exarcheia est encerclé par les camions de CRS (MAT) et les voltigeurs (Delta, Dias). Plusieurs rues sont barrées. On ne peut entrer et sortir d’Exarcheia que par certaines avenues, plutôt larges et très surveillées. La situation prend des allures de guerre civile et rappelle certaines régions du monde. A l’intérieur du quartier, comme dans beaucoup d’autres coins d’Athènes, la musique résonne dans le soir qui tombe : du rock, du punk, du rap, du reggae, des vieux chants de lutte. Dans l’Ecole Polytechnique, on a même installé deux immenses enceintes du côté de l’avenue Patission et on balance ces musiques pour le plus grand bonheur des passants qui nous soutiennent et lèvent parfois le poing ou le V de la victoire tant désirée. D’autres baissent la tête et ne veulent pas y croire, ne veulent pas voir, ne veulent pas savoir, murés dans la prison d’une existence absurde et pauvre à mourir d’ennui, si ce n’est de faim. Le spectacle d’un monde à réinventer Ici, ça dépave, ça débat, ça écrit sur les murs et sur les corps, ça chante, ça s’organise. La fête a déjà commencé ! Certes, elle est encore modeste et incertaine, mais une nouvelle page de l’histoire des luttes est peut-être en train de s’écrire à Athènes et au-delà. Une nouvelle page qui ne pourra s’écrire qu’en sortant de chez soi, par-delà les écrans, les « j’aime » des réseaux sociaux et le spectacle d’un monde tout entier à réinventer. Une nouvelle page qui ne pourra s’écrire qu’ensemble, en se débarrassant de la peur, du pessimisme et de la résignation. Rester assis, c’est se mettre à genoux. Yannis Youlountas membre de l’assemblée d’occupation de l’Ecole Polytechnique à Athènes